Il y a plus de 8 ans déjà, Yamaha sortait deux amplis à modélisation « de salon », ou « de table basse », qui connurent un énorme succès, totalement mérité. Une déclinaison et une mise à jour plus tard, le constructeur japonais annonce les véritables versions « II » de leur ampli beige. Sans-fil, Bluetooth, Appli mobile, batterie rechargeable, les nouveautés sont nombreuses pour un THR qui tente de s’inscrire encore un peu plus dans son époque.
En huit années, il s’en est passé des choses dans le monde de l’audio grand public et de la Hi-Tech, les câbles se raréfiant et les batteries se multipliant quel que soit le domaine d’application. Et Yamaha le sait, le guitariste est aussi une personne normale (si si), qui lui arrive d’écouter de la musique, comme tout le monde. La première nouveauté de cette version « II » arrive à point nommé. En effet, le THRII, profite de l’intégration d’une puce Bluetooth permettant de modifier ses paramètres via son smartphone, et devient par la même occasion une enceinte Bluetooth, prête à être appairée avec le premier iBidule venu. Comme ce genre d’ampli à modélisation utilise un système de diffusion dit « FRFR », pour Full-Range/Flat-Response, donc prêt à retranscrire de manière uniforme toutes les fréquences audibles du spectre, il devrait pouvoir diffuser de manière relativement transparente n’importe quelle source audio, et devenir par la même occasion une enceinte Bluetooth. C’est donc tout naturellement que ce THR vous permettra d’écouter votre musique préférée, et ce, n’importe où. Car oui, l’ampli intègre aussi une batterie proposant 5 heures d’autonomie, soit exactement le temps pour un Paris — Ile-de-Ré en Renault 18 beige. Beige comme la couleur de l’ampli qui reprend le format de l’ancien modèle et le design « général ». Les petits « Y » (pour Yamaha ?), laissent passer la lumière rouge des LED placées à l’intérieur. Il faut avouer que dans une pièce plongée dans la pénombre, l’effet visuel est sympa. Le reste demeure une affaire de goût, mais nous apprécions ce mélange de vintage et de modernité. Et puis c’est toujours moins moche qu’une boîte gris foncé sans âme.
Un ampli décablé, mais connecté
Une appli pour smartphone est donc désormais disponible et permettra à l’utilisateur de modifier tous les paramètres, y compris certains non disponibles en façade. On peut voir ça comme un verre à moitié plein ou à moitié vide. Certains seront heureux d’apprendre que l’ampli dispose d’un compresseur, d’un gate, et de paramètres supplémentaires pour les effets de modulation (chorus, flanger, phaser et tremolo), l’écho et la réverbe (spring, room, plate et hall) accessibles via l’appli (iOS et Android), d’autres trouveront ça regrettable de devoir dégainer son smartphone pour régler tout ça. Soyez prévenus en tout cas : si vous voulez tirer le plein potentiel de votre ampli, il faudra passer le tactile, quitte à le faire qu’une seule fois, sauver ses 5 presets préférés et ne plus jamais relancer l’application.
Autre nouveauté, le côté « wireless ready » du THR. Qu’est-ce que cela veut dire ? Que l’ampli intègre un récepteur Line 6 Relay et qu’il suffira à l’utilisateur d’acheter un émetteur Relay (celui qui se branche sur la sortie Jack de votre pelle) pour profiter des joies du sans-fil total. Pas de câble d’alimentation pour l’ampli grâce à la batterie, pas de câble entre votre smartphone et le THR grâce au Bluetooth, et pas de câble entre votre six cordes et la boiboite beige grâce au système Relay. C’est la liberté totale ! Sans être forcément être allergique aux câbles, il faut avouer que c’est bien pratique. Pour la mise en place du système, c’est très simple : on branche l’émetteur Relay à l’entrée de l’ampli, le tout s’appaire et se recharge, on le débranche de l’ampli, on le rebranche sur la guitare et c’est parti. Il ne manque plus qu’à lancer une « backing track » disponible sur YouTube sur son smartphone via le Bluetooth, et on jam avec assez de puissance pour se fâcher avec ses voisins les plus dociles. C’est beau 2020, quand même.
Plusieurs THR dans un THR
Heureusement, les nouveautés ne concernent pas que ce qu’il y a « autour » de l’ampli, mais aussi l’ampli en lui-même, et plus précisément ses modélisations. Avant, Yamaha proposait trois THR différents, grosso modo un standard, un vintage et un moderne. Mais ça, c’était en 2019. Car ce nouveau THR a la bonne idée d’inclure directement les trois modes modern, boutique et classic, sachant que pour chaque mode, on dispose de 8 modélisations d’amplis. On a donc désormais 3×8=24 modélisations d’amplis différentes, chose très importante et qui ne se voit pas forcément au premier coup d’œil. Par exemple, si on sélectionne le mode clean, on aura un ampli typé américain à base de 6L6 en mode classic, un ampli équipé de EL34 à tendance bluesy en mode boutique et un ampli équipé de EL84 en mode modern. Ajoutez à cela un gain, un master et un égaliseur trois bandes et vous obtiendrez énormément de possibilités ! Et c’est sans compter les simulations d’enceintes, au nombre de 16 et totalement indépendantes de l’ampli utilisé. On va arrêter de faire des calculs, mais vous aurez compris qu’il est quasiment impossible de ne pas trouver son bonheur et la modélisation qui correspondra à votre style et votre guitare. Yamaha a même pensé aux autres musiciens, avec une modélisation « Bass », une « ACO » pour guitare acoustique et une FLAT pour n’importe quel autre instrument (synthé, BAR…), sachant que chaque modélisation profite d’un son différent suivant le mode enclenché (classic, modern et boutique)…
Sans trop de surprise, la qualité du son qui sort de la boîte beige est globalement assez impressionnante, même si la version précédente avait déjà convaincu bon nombre de guitaristes. Nous avons cependant deux idées pour la prochaine version : une simulation de pièce sur la sortie casque, à l’instar de ce que l’on retrouve sur la dernière pédale de Strymon, l’Iridium. C’est souvent le problème avec les simulateurs d’amplis au casque, le son est très sec et il manque clairement une pièce virtuelle afin de se rapprocher de la sensation que l’on a quand on joue sur un véritable ampli physique. On a rarement l’oreille collée au haut-parleur… Une autre idée pour la route : un petit looper intégré programmable (x mesures, x BPM) ou déclenchable via une pédale (Bluetooth, par exemple ?). C’est d’autant plus dommage que c’est l’outil indispensable du guitariste de salon solitaire. Pour en finir avec les reproches, le THRII, comme beaucoup de ses concurrents, propose de choisir et régler ses effets avec un seul et unique potard par type d’effet, ce qui rend le tout assez imprécis. Pour faire des réglages dignes de ce nom, il faudra donc sortir le smartphone.
Enfin, pour les grognons n’ayant que faire du sans-fil et de la batterie, Yamaha a quand même pensé à vous en proposant une version moins onéreuse et amputée de ces fonctionnalités. Il faudra cependant vous tourner impérativement vers la version plus compacte et moins puissante (20 Watts, 320 €), qui existe aussi avec le module Relay sans-fil et la batterie (420 €). Avec la version ultime que nous avons entre les mains (480 €), le tout forme une gamme qui reste quand même plus chère que la version précédente. On pourra noter que le modèle le plus compact de la version précédente (THR5) reste au catalogue de certains revendeurs au prix de 200 €.
Voici quelques extraits audio enregistrés avec les sorties lignes situées derrière l’ampli, la configuration de type “FRFR” des haut-parleurs intégrés n’étant pas vraiment faite pour être repiquée avec un micro comme nous le faisons traditionnellement. Nous avons vraiment apprécié le fait de retrouver le son de l’ampli avec ces nouvelles sorties lignes, c’est très pratique ! Merci à notre Hushman national et son esprit rock’n roll sur les trois derniers exemples.
- Exemple 101:11
- Exemple 201:12
- Exemple 3 JB00:31
- Exemple 4 JB00:24
- Exemple 5 JB00:21
Conclusion
Le THR était déjà un must dans sa catégorie et cette nouvelle version enfonce le clou avec des ajouts à tous les niveaux : du sans-fil, une batterie et encore plus de modélisations. Même si on en voudrait toujours plus (looper, simulateur de pièce), on retrouve tout ce qui nous plaisait et plus encore. Tout cela tend à rendre ce petit ampli fort sympathique, et il rentre directement dans la catégorie de matériel qu’on a envie d’emporter chez soi, tout simplement.