Champion toutes catégories en matière de modélisation d'amplis ou d'instruments, Line 6 entend bien bousculer avec le Spider Jam le petit marché des 'amplis de travail'.
Champion toutes catégories en matière de modélisation d’amplis ou d’instruments, Line 6 entend bien bousculer avec le Spider Jam le petit marché des 'amplis de travail’.
Petit dernier dans la famille déjà bien complète des Spider, le Spider Jam est une sorte d’évolution du Spider III 75 dont il reprend pas mal de caractéristiques techniques. On retrouve donc dans ce combo toutes les recettes qui ont fait le succès de la gamme Spider, à savoir un ampli tout transistors avec des vrais morceaux de POD dedans (POD 2 semble-t-il…), histoire de pouvoir aborder tout style de musique et tout type de son pour un encombrement et un prix plutôt agressif.
Spider III 75 + ?
Tout comme le Spider III 75, le Spider Jam propose ainsi 12 modélisations basées sur des amplis célèbres, organisées en 6 catégories ayant pour nom Clean, Twang, Blues, Crunch, Metal & Insane. Chaque catégorie propose ensuite deux positions (repérable à la couleur d’une LED témoin, verte ou rouge), pour un total de 12 positions : le compte est bon… Dans le détail, on dispose ainsi sur le clean 'rouge’ d’un son extra clair qui devrait intéresser les jazzeux, et sur le clean 'vert’ d’un Hiwatt Custom 100. Le twang combine pour sa part des amplis Fender Twin/Deluxe/Bassman et même un Gibson, pour un son clair avec plus de grain. So british, la section Blues se base sur une combinaison d’un Marshall JTM-45/Fender Bassman/Fender Vibroverb/Supro en position 'rouge’. tandis que le mode 'vert’ donne accès à un Vox AC-30 modifié. Crunch propose en vert et rouge deux versions de Marshall Plexi. Metal et Insane offrent enfin sans trop de surprises des modélisations de Mesa/Boogie Dual Rectifier et deux algos maisons pour obtenir des sons allant de distordus à ultradistordus… Évidemment, la plupart de ces modélisations ont été réalisées sur des amplis Vintage et si d’aucun pourront regretter que Line 6 ait préféré nous fournir des combinaisons de modélisations plutôt que des modèles uniques, force est de constater qu’avec ses 12 algos et son EQ 3 bandes, le Spider Jam propose à peu de choses près tous les sons typiques qu’un guitariste est en droit d’exiger. Cela est d’autant plus vrai qu’à la douzaine d’amplis s’ajoutent 7 effets Smart FX, 3 étant utilisables simultanément : Chorus/Flanger, Phaser, Trémolo, Délai (avec fonction Tap Tempo), Écho à bande (avec fonction Tap Tempo), Écho à balayage (avec fonction Tap Tempo) et Réverbération. Smart FX signifie qu’un seul paramètre est proposé pour chaque effet : n’espérez donc pas régler les premières réflexions de la réverbe par exemple. Ici, Line 6 est resté dans le basique… Du coup, on pourra trouver cette section un peu chiche en regard des wagons de modélisations offertes par un POD XT ou un Vetta (pas de pédale de disto/fuzz/overdrive et pas de wah, par exemple) et de leurs multiples réglages, mais à bien y regarder, on ne se sent pas si limité que cela étant donné que les sons distordus sont proposés dans les modélisations d’ampli elles-mêmes et qu’à l’écoute des 200 presets Artistes (signés 311, Slipknot, Albert Lee ou encore John 5) et des 150 presets Morceaux, on se rend compte que la palette sonore du Spider Jam est plutôt large, et que les 36 presets Utilisateur ne seront pas de trop. Et puis, rien n’empêche évidemment de coller devant la bête deux ou trois pédales en complément…
Finissons sur ce point en évoquant les qualités sonores de la bête. Rien à redire sur ce point tant qu’on ne demande pas l’impossible à Line 6. On retrouve donc des sons typés POD, c’est-à-dire très convainquant à l’oreille et fidèles dans l’esprit aux matériels que le Spider émule. Quant à savoir si un ampli à transistor de quelques centaines d’euros offre les mêmes sensations de jeu qu’un 3 corps tout lampe 5 à 10 fois plus cher, disons-le tout de go : ce n’est pas pour rien que Line 6 s’est récemment associé à Bogner pour faire à son tour de l’ampli à lampes, et ce n’est pas pour rien non plus qu’en dépit de la qualité des produits Line 6 et de leurs simulations, il se vend toujours autant de Marshall JCM, Fender Twin, Vox AC-30 ou Mesa/Boogie Rectifier. On jugera donc les prestations du Spider Jam à l’aune de sa polyvalence et de son prix, en sachant qu’en dépit de ce que peuvent en dire les puristes et pour peu qu’on se détache du petit jeu des comparaisons, cet ampli sonne bien et couvre un remarquable éventail sonore… De toute façon, l’important est ailleurs avec le Spider Jam car, comme l’auront remarqué les plus perspicaces d’entre vous, dans Spider Jam, il y a…
Jam !
Dans Spider Jam, il y a Spider donc, mais il y a surtout Jam et c’est là la vraie nouveauté de cet ampli car, pour les anglophobes qui ne le sauraient pas, Jam veut plus ou moins dire 'bœuf’ : pas au son bovin du terme, non, 'bœuf’ au sens 'répet’ du terme… Le Spider Jam n’est en effet ni plus ni moins qu’un Spider III 75 doté de fonctions supplémentaires pour travailler l’instrument. Cela passe d’abord par une connectique plus fournie : en plus de l’entrée guitare, de l’entrée minijack CD/MP3 et de la sortie casque/direct (un simulateur de HP permet d’utiliser cette dernière pour entrer directement dans une console) qui étaient déjà présentes sur le Spider III, on dispose désormais d’une entrée auxiliaire au format Jack 6,35 pour connecter un clavier ou une basse en plus de la guitare, et même d’une prise micro XLR disposant de son propre réglage de niveau. On n’ira pas jusqu’à dire du Spider Jam qu’il est une sono mobile, mais tout de même, on appréciera le fait de pouvoir jouer à plusieurs sur le même ampli, ou de pouvoir répéter la mise en place chant/guitare sans avoir à s’encombrer d’une console supplémentaire.
Mais au-delà de cette polyvalence intéressante, le vrai gros avantage du Spider Jam sur la concurrence réside dans son module de playback aux petits oignons! Accessible sur le dessus de l’ampli, ce dernier permet en mode Drums de jouer sur une centaine de vraies pistes batterie, et en mode Song sur une autre centaine playbacks enregistrés, excusez du peu, par la crème des musiciens de studio : on retrouve ainsi, entre autres requins, Tony Franklin à la basse (The Firm, David Gilmour, Kate Bush…), Carmin Appice (Vanilla Fudge, Cactus, Jeff Beck, Rod Stewart, Ozzy Osbourne, Ted Nugent, Pink Floyd…) ou Gregg Bissonnette (Joe Satriani, Steve Vai, David Lee Roth, Toto…) à la batterie ou encore Steve Turner à la gratte (Mudhoney). Inutile de dire qu’avec de tels musiciens, la qualité des playbacks est nickel sur le plan artistique et que, quel que soit le style abordé (rock, country, jazz, funk, métal, etc.), ça joue carré ou groovy, avec juste ce qu’il faut d’à propos pour vous fournir un accompagnement de qualité sans éclipser vos performances à vous.
Bref, les sidemen rêvés pour une expérience autrement plus agréable que de jouer sur des vieux Midifiles pourris… Petit regret toutefois, si Line 6 a pris la peine d’enregistrer tout ce beau monde dans de beaux studios (dont celui de Steve Vai pour la petite histoire), on regrettera que les fichiers audio soit mono : ça ne gêne en rien lors de l’écoute sur l’ampli (un tweeter vient d’ailleurs épauler le Celestion 12" du Spider III d’origine pour l’occasion) mais quand on utilise la sortie casque de l’appareil ou la sortie RCA (pourtant stéréo) héritée du POD qui se trouve au dos de l’ampli, c’est moins folichon…
Line 6 n’a toutefois pas fait l’économie du principal, puisque le Spider Jam permet de ralentir ou d’accélérer les morceaux : point de Time Stretching ici, l’appareil se contente juste de lire plus ou moins lentement le fichier audio, mais il a le bon goût d’afficher le tempo BPM et la gamme (note + majeur ou mineur) dans laquelle s’opère la transposition (transposition de plus ou moins 12 demi-tons). Bon plan donc pour bosser ses gammes dans toutes les tonalités et à vitesse progressive…
And record…
Pastèque sur la pièce montée, on peut enfin enregistrer toutes les entrées de l’ampli jusqu’à une durée de 24 minutes, avec possibilité d’overdub! C’est-à-dire que vous pouvez lancer un playback et enregistrer un lead guitare, puis ajouter une première voix, une seconde, etc., etc. Comme les choses sont bien faites, les entrées Micro/Aux disposent de leur propre section d’effet en plus d’un EQ, d’un compresseur et d’un module Reverb/Delay.
Du coup, le Spider Jam sera idéal pour travailler, bien sûr, et voir après coup ses défauts, mais aussi idéal pour composer ou mettre en place vite fait un morceau seul ou avec des potes : chant, basse, guitare, la batterie étant fournie par l’appareil. Précisons-le tout de même, on est en présence d’un looper évolué et non d’un véritable enregistreur multipiste : les différents enregistrements s’empilent les uns sur les autres sans qu’il soit réellement possible de les éditer après coup. Si vous pouvez définir avant enregistrement le niveau de chaque source (Micro, Aux, Playback et CD) et pouvez encore intervenir sur les volumes Micro/Aux, Guitar & Master après enregistrement, n’espérez pas pouvoir effectuer de véritable traitement a posteriori : pas d’application ou de changement d’effet, ni d’égalisation et surtout, pas de panoramique puisqu’une fois encore, le Spider Jam bosse en mono… Encore qu’en mutant les pistes et en récupérant ces dernières via la sortie RCA dans un séquenceur, rien ne vous empêche de rebosser un peu tout ça…
Précisons pour finir qu’en dépit du grand nombre de fonctions qu’il concentre, le Spider Jam est des plus facile à prendre en main : inutile de garder le manuel sur les genoux et c’est tant mieux, car on reste dans la philosophie globale du produit. L’important c’est de jouer et de se faire plaisir le plus vite possible, car c’est en se faisant plaisir qu’on progresse le plus efficacement.
Conclusion
Il faut bien l’admettre : au vu du prix auquel il est proposé, ce Spider Jam frise le sans-faute dans les objectifs qu’il s’est fixés. D’un côté, il s’agit d’un ampli polyvalent et suffisamment puissant pour répéter ou jouer sur de petites scènes. De l’autre, c’est aussi un formidable outil pour travailler seul ou à plusieurs, et même pour composer…
Pour la petite histoire, depuis les quelques semaines qu’il est à la rédaction d’AudioFanzine, le Spider Jam a à peu près séduit tout le monde pour son côté ultra fun et parce que, chose plus importante que tout, il procure un vrai plaisir de jeu. De fait, Line 6 a sans doute accouché là de l’ampli idéal pour un débutant, qui pourra faire ses armes dessus à la maison comme à la scène. On en rêvait, Line 6 l’a fait…
[+] Rapport qualité/fonctionnalités/prix.
[+] Un bon outil pour progresser
[+] La qualité des playbacks
[+] Prise en main relativement aisée malgré le nombre de fonctions
[+] Les fonctionnalités d’enregistrement
[+] Suffisamment puissant pour une répet ou une scène
[+] Le fun ! Ça donne envie de jouer…
[-] Pas de vraie gestion de la stéréo au niveau des playbacks ou des overdubs en dépit d’une sortie RCA
[-] On voudrait toujours plus de playbacks et d’effets
[-] On aurait préféré un pitch shifter/time stretcher permettant de jouer indépendamment sur le tempo et la hauteur tonale des playbacks