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Sujet Editorial du 29 juin 2024 : commentaires

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Sujet de la discussion Editorial du 29 juin 2024 : commentaires

Dans une ambiance à couper au couteau, il semble bien que chacun veuille sauver la France à sa manière à la fin de cette semaine : la sauver d’un bord pour les premiers, du bord opposé pour les seconds, ou de toute bordure pour les derniers. Et sans présager le moins du monde de ce qu’il va advenir de ces sauvetages contradictoires, on souhaitera surtout à la France dans son ensemble d’avoir un électorat suffisamment concerné par son devenir pour prendre vingt minutes du dimanche afin de se rendre aux urnes.


D’abord parce que des millions de personnes ont, au fil des siècles, donné leur vie pour que nous héritions de ce droit et que c’est le moindre des respects à leur témoigner que de faire son devoir civique. Ensuite parce que, suivant les petites lignes qu’on trouve sur les différents programmes en regard des slogans simplistes et tapageurs, bien des choses peuvent changer et que ce n’est pas une fois que l’aléa s’en sera allé jacter à l’est que les remords ou les regrets seront d’une quelconque utilité…


Quel que soit le lapin qui sorte du chapeau à fente, il est toutefois évident que la musique aura toujours son mot à dire pour amener calme et réflexion autour de tout cela. Gageons que certains d’entre vous sauront ainsi quoi faire du très sympathique synthé Mantis de PWM, de la non moins sympathique interface Oria d’Audient, ou du légendaire Auto-Tune


Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.


Los TeignosFrom Ze AudioTeam



Message de modération :



Afin d’éviter tout débordement, la modération vous rappelle amicalement


- que la bonne ambiance, le respect entre membres est une valeur cardinale de ce forum.


- de respecter la loi dans vos réactions : sont ainsi des délits tout appel à la haine en raison de l’orientation sexuelle, religieuse, ou des origines d’une personne par exemple.


- que quand bien même cet édito a pour sujet l’actualité politique française, nous vous demandons d’éviter tout prosélytisme pour un quelconque parti politique.


- de même, nous vous demandons de ne pas taper à bras raccourcis sur les manifestations d’opinions politiques différentes des vôtres. Cf règles de la charte.


Nous vous souhaitons à tous bon vote demain.


La modération.



 


__________________________________________________________________________________
Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

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111
Citation de Los Teignos :
Tout à fait !

Citation :
Et ne pas voter peut être un choix.

Ne pas voter et voter blanc sont pour moi deux choses très différentes, quand bien même le système actuel ramène cela à une même comptabilité, sans doute par crainte que le vote blanc paralyse les élections. Il y a dans le vote blanc une contestation du choix proposé, ce qui est un positionnement en soi, quand l'abstention de vote est un refus de choix, une façon de dire : votez les lois que vous voulez, je m'en fous. Et j'imagine bien que cette ligne est plus compréhensible lorsqu'on est dans la marginalité complète, mais pour peu que l'on interagisse un tant soit peu avec la société, qu'on y contribue comme on bénéfice de ses bienfaits (l'accès aux services publiques notamment), ça me semble parfaitement déraisonnable. Pour le dire en d'autres termes, la seule chose qui puisse justifier pour moi l'abstentionnisme, c'est la complète autonomie, soit la capacité à se nourrir, se soigner, s'éduquer, se déplacer, se protéger, produire son énergie, tout seul comme un grand sans avoir à recourir aux services publiques. Et je ne pense pas qu'il existe beaucoup de se genre de zébres. :clin:


Pas d'accord. C'est même assez insultant pour ceux pour qui ne pas voter est un vrai choix.

De même que ceci
Citation :
D’abord parce que des millions de personnes ont, au fil des siècles, donné leur vie pour que nous héritions de ce droit et que c’est le moindre des respects à leur témoigner que de faire son devoir civique.


Tout ceci résume l'idée de démocratie au fait de voter. Je ne suis d'ailleurs pas sûr que ça soit marquer du respect à ce "millions de gens" que de résumer leur lutte à l'obtention du vote, comme si celui-ci était une fin en soi et non un moyen parmi d'autres (et pas le plus significatif) de faire démocratie.

Pour ma part, après avoir longtemps voté, je ne vote plus et c'est un choix clair, réfléchit (construit sur des dizaines d'années de militantisme, de réflexion et de lectures sur la politique et notre système politique et une participation à une élection comme candidat) et argumenté. Tous les votants ne peuvent pas en dire autant.

J'ai d'ailleurs répondu ça récemment à quelqu'un qui, ne connaissant pas ma position en la matière, traitait devant moi de "mauvais citoyens" celles et ceux qui ne vont pas voter :
Pour ma part, je suis membre actif de diverse associations et dans le CA de plusieurs. Ces associations sont plus ou moins militantes. Je me tiens informé des grandes tendances politique, y compris en politique internationale et géopolitique. Je participe activement à de nombreuses actions militantes et à diverses luttes et j'ai même - parce qu'on n'est jamais à un paradoxe près - aidé à plusieurs campagnes électorales et participé à des nombreux dépouillements et carrément fait assesseur, y compris depuis que je ne vote plus.
Je ne m'estime pas moins bon citoyen que les gens qui se contentent d'aller mettre un bulletin dans l'urne une fois de temps en temps quand on veut leur donner l'impression qu'ils ont la parole.

Et pour la faire courte sur mes raisons de ne plus voter : je refuse de participer à un jeu dont les dés sont pipés. Pourquoi un système qui se prétend une démocratie représentative a t-il une classe politique aussi peu représentative de la population ?
Voter, c'est accepter, soutenir et légitimer ce système.

Pour ceux qui voudraient réfléchir un peu sur l'importance réelle du vote dans un processus démocratique, je vous invite à écouter la première partie de ce podcast :
https://podcast.ausha.co/comprendre-le-monde/france-afrique-les-raisons-d-une-crise-avec-niagale-bagayoko-entretiens-geopo
112
Citation :
Voter, c'est accepter, soutenir et légitimer ce système.

Merci Will, je me sentais un peu seul :bravo:

Du coup j'ai relu l'édito et ça me fait toujours le même effet.
Je trouve ça quand même assez dingue de dire que parce que des gens sont morts pour ma liberté, je dois y renoncer pour faire ce qui serait un devoir, donc une obligation.
Pour moi, leur rendre hommage c'est au contraire user de cette liberté au maximum et la défendre, certainement pas y renoncer.

[ Dernière édition du message le 02/08/2024 à 13:25:15 ]

113
Effectivement. très bien vu. :bravo2:

C'est d'ailleurs marrant qu'il faille user d'injonctions morales (certains parlent même d'introduire une obligation légale) pour pousser à faire un truc que tout le monde serait sensé être enthousiaste de faire.

Je connais aussi des gens qui ne votent pas sans que ça ait fait l'objet de la sorte de réflexion et de longue maturation que j'ai eue. Tout simplement, ils estiment (à raison à mon avis) que les politiques s'en foutent d'eux.
Les tenants du vote s'étranglent contre ça : mais si ces gens allaient voter, ils auraient au pouvoir des gens qui ne s'en foutent pas.
C'est ce que j'ai longtemps pensé. Je n'y crois plus. C'est une fable.

Je fais partie du camp politique qui défend les gens modestes. Qui sont les candidats sensés représenter ces gens ? Des cadres, des profs, des professions libérales... Parfois quelques employés ou ouvriers (ces derniers représentant quand même 27 % de la population), mais ceux-ci ne sont jamais élus.

L'assemblée nationale sensée représenter la population française, c'est 90 % de CSP+ (qui représentent dans les 12-15% de la population) et entre 2 et 5% d'ouvriers selon les législatures.

On peut toujours se dire qu'il n'y a pas besoin d'être soi-même modeste pour être concerné par les gens modestes et leurs problèmes. Sauf que quand on ne les vit pas, qu'on ne les a pas vécus, ben on passe à côté.
Et quand on est élu avec 6000 balles d'indemnités, c'est vite facile d'oublier ce qu'est de vivre avec un SMIC.

Lorsque j'étais candidat, il y avait sans arrêt des femmes qui venaient me dire "tu devrais parler de ça et de ça à la prochaine réunion.
- pourquoi vous ne ne faites pas vous même ? Et d'ailleurs, pourquoi vous êtes en queue de liste et pas dans les têtes de liste
- Oh, non. On ne sait pas faire et puis il n'y a pas besoin : on t'a, toi, pour ça
- oui, mais moi je ne suis pas une femme, je n'ai jamais été ouvrière d'usine, je n'ai jamais été marié avec un gendarme qui me battait, je n'ai pas porté ni élevé d'enfant, je suis issu d'un milieu de culture bourgeoise. Je ne peux pas vous représenter. D'ailleurs, vous devez venir me parler de certains sujets pour que je les aborde sinon je n'y pense même pas.

Le candidat de gauche - écologiste de mon coin qui est quelqu'un de très bien a posté un truc sur Facebook l'été dernier. Il expliquait qu'il se mettait en pause des réseaux quelques semaines parce que c'était l'heure des vacances. Jusque là, rien d'anormal.
Ensuite, il expliquait qu'il partait randonner à Madagascar avec ses enfants et que oui, c'était pas bien de prendre l'avion, mais qu'il souhaitait confronter ses enfants à l'altérité et les ouvrir au monde.
J'ai trouvé ça absolument scandaleux. D'une, être candidat écolo et se vanter de partir en vacances en avion... Il a beau rouler en vélo toute l'année (ce qu'à rappelé une de ses soutien, elle aussi pourtant quelqu'un de très bien), ça ne change rien au problème.
Ensuite, c'est un crachat à la gueule du bon tiers (ou même la moitié) de français qui ne partent pas en vacances. Ces gens qu'il est sensé représenter.
Enfin, pour ce qui est d'ouvrir ses enfants, ben il n'a qu'à les foutre dans un camp de vacances organisé par une des maisons de quartier de la ville. Il y en a justement une importante dans un quartier avec 28 nationalités. Et au moins, au lieu d'aller découvrir la misère de carte postale à l'autre bout du monde, ils seront confrontés à celle qui est au pied de chez eux.

Et pourtant, je redis que c'est de ce que j'en connais quelqu'un de bien, de sincère dans ses engagements, de très horizontal dans sa pratique, etc. Sans doute parmi ce qu'on peut faire de moins pire dans le paysage politique local. Juste il est déconnecté de la réalité d'une bonne partie des gens qu'il est sensé défendre parce qu'il n'en est pas représentatif.

[ Dernière édition du message le 02/08/2024 à 15:53:43 ]

114
Bref, en ce qui me concerne, le combat démocratique n'est pas dans le vote.
Il est dans d'autres actions de terrain : sortir les gens de leur résignation, leur montrer qu'ils peuvent faire beaucoup eux-même, les accompagner (et il n'y a souvent pas besoin de grand chose : juste servir de catalyseur parce que les gens se mobilisent très bien dès que l'opportunité se présente), montrer qu'on peut créer d'autres modes de gouvernance autrement plus efficaces que se choisir un ou une chef et en changer de temps en temps, montrer qu'il existe des gens qui vivent, travaillent, s'organisent différemment que ce qu'enjoint la société, que ça marche et que ça rend ces gens (autrement plus) heureux...

Le vote, c'est juste un outil ponctuel parmi tant d'autres et qui n'a de vraie valeur démocratique s'il s'inscrit dans un fonctionnement global réellement démocratique, et pas un système qui dit "vous m'avez élu, maintenant je fais ce que je veux et vous emmerde".

[ Dernière édition du message le 02/08/2024 à 15:58:50 ]

115
Mouai, moaui, pas vraiment convaincus.

Déjà que nos dirigeants semblent se foutre de l'avis des votants, je n'ose imaginer ce qu'ils pensent des abstentionnistes !
En fait, je pense qu'ils sont très content, il ne leur suffit plus que de convaincre une minorité pour garder le pouvoir.
Et c'est surtout la porte ouverte à la suite : Vu que vous ne voulez pas voter, on va supprimer le droit de vote, ça ne vous gênera pas non ?

C'est bien beau d'avoir des associations qui changent le monde à l'échelle locale sauf que ce n'est pas à ce niveau que se prennent les décisions vraiment impactantes pour tout le monde !

Abstenez vous, abstenez vous, quelqu'un en profitera un jour ou l'autre.

Il y a deux façons d'enculer les mouches : Avec ou sans leur consentement -- Boris Vian

116
Je ne suis pas convaincu non plus par les arguments de Will Zegal, mais bon il n'est pas interdit de ne pas voter et cela manifeste un sentiment de ne pas être représenté qui est (à tort ou à raison) largement partagé chez nos concitoyens.

Cela dit, il existe des raisons simples et objectives à la sur-représentation des CSP+ chez nos représentants : être représentant politique est quoi qu'on en dise un véritable métier, et les compétences associées sont précisément celles de CSP+, pas celles d'ouvriers ou de travailleurs manuels. Je ne fais aucun jugement de valeur, c'est un simple constat : les CSP+ manipulent des textes et mettent en oeuvre des connaissances "sociales", les ouvrier ou travailleurs manuels manipulent des choses et transforment la matière.
Même au simple niveau de maire d'un village, l'exercice du mandat est assez technique : il faut savoir remplir des dossiers de subvention, gérer des projets immobiliers, parler en public et défendre une position dans une assemblée etc. etc.
Il existe évidemment beaucoup de représentants politiques qui sont complètement demeurés et incapables de gérer quoi que ce soit (CSP+ ou non), et ne sont parvenus où ils le sont que par d'habiles manoeuvres et un certain bagoût. Il existe aussi des représentants venant de la classe ouvrière qui ont développé "spontanément" (câd ailleurs que dans leur domaine professionnel) ces compétences, mais en vérité il faut des compétences spécifiques pour être un bon représentant politique.

Et de toutes façons, dès qu'un ouvrier du bâtiment devient représentant syndical ou ministre, il quitte son monde d'ouvrier du bâtiment et entre dans un nouveau monde qui l'apparente aux CSP+ déjà mentionnés. Il peut garder des préoccupations liées à son univers sociologique d'origine, mais ça ne fait pas nécessairement de lui un représentant fidèle et un défenseur de cet univers particulier : il est dorénavant devenu un homme politique, avec ses propres contraintes et possibilités, son propre mode de fonctionnement.

Enfin, j'observe tous les jours que les classes populaires votent massivement contre leurs intérêts. C'est aussi vrai des CSP+, mais c'est beaucoup plus flagrant chez les ouvriers et employés, qui votent aujourd'hui majoritairement à droite pour diverses raisons (câd contre l'augmentation de leurs salaires, contre leur sécurité sociale, contre leurs services publics, etc. etc.) Le problème n'est donc pas de trouver des représentants identiques à ces gens là (qui semblent servir plus spontanément les intérêts de quelques milliardaires), mais plutôt de garantir un certain niveau d'éducation politique globale, de diversité et de sérieux dans les médias (qui créent le débat public) pour permettre à celui-ci d'être le plus élevé possible.
Dans la réalité, les gens votent le plus souvent sur la gueule du ou de la candidate, et sur son comportement en plateau télé ou les petites phrases qu'il ou elle a pu prononcer à propos de tel ou tel sujet... Pratiquement personne ne lit les programme et ne vote sur des questions de fiscalité ou de planification écologique, encore moins les classes populaires que les CSP+, alors que ce sont précisément les problèmes vitaux qui nous concernent tous avec le plus d'urgence... Là encore, les compétences associées à la manipulation intellectuelle de textes (lois, projet économique, etc. etc.) sont plus importantes que celles associées à la virtuosité technique du geste (qu'il s'agisse d'ouvriers ou de musiciens d'ailleurs).
117
1. perso je ne cherche à convaincre personne
2. non ça ne me fera pas rien si on veut supprimer le droit de vote, j'ai d'ailleurs écrit explicitement qu'il fallait défendre nos libertés

Citation :
C'est bien beau d'avoir des associations qui changent le monde à l'échelle locale sauf que ce n'est pas à ce niveau que se prennent les décisions vraiment impactantes pour tout le monde !

vue les dernières décennies, je suis pas persuadé que ça se joue au niveau politique non plus, dans un monde ou 1 seul individu peut avoir plus de richesse et de pouvoir qu'un état.

Je sais plus si c'est dans ce fil ou celui du second tour que j'avais posté le préambule de la déclaration universelle des droits de l'homme:
Citation :
Préambule
Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde.

Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l'homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l'humanité et que l'avènement d'un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l'homme.

Considérant qu'il est essentiel que les droits de l'homme soient protégés par un régime de droit pour que l'homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l'oppression.

Considérant qu'il est essentiel d'encourager le développement de relations amicales entre nations.

Considérant que dans la Charte les peuples des Nations Unies ont proclamé à nouveau leur foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité des droits des hommes et des femmes, et qu'ils se sont déclarés résolus à favoriser le progrès social et à instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande.

Considérant que les Etats Membres se sont engagés à assurer, en coopération avec l'Organisation des Nations Unies, le respect universel et effectif des droits de l'homme et des libertés fondamentales.

Considérant qu'une conception commune de ces droits et libertés est de la plus haute importance pour remplir pleinement cet engagement.

L'Assemblée générale proclame la présente Déclaration universelle des droits de l'homme comme l'idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l'esprit, s'efforcent, par l'enseignement et l'éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d'en assurer, par des mesures progressives d'ordre national et international, la reconnaissance et l'application universelles et effectives, tant parmi les populations des Etats Membres eux-mêmes que parmi celles des territoires placés sous leur juridiction.


rien que ce préambule me semble d'une part extrêmement fort mais constitue aussi une base qui engage tous les états qui l'ont signés à faire en sorte que toutes les décisions soient prises dans cette objectif de dignité et d'égalité pour tous, et en France encore plus qu'ailleurs.

Je pense qu'on en est très loin, je pense que les gens qui décident sont quelques milliers ou dizaines de milliers à tout casser quand les humains sont plus de 8 milliards.
Alors on peu continuer à attendre l'homme (ou la femme) providentiel.le qui sauvera le monde, mais perso, et encore une fois ça n'engage que moi, je pense qu'on peut attendre longtemps et que le système tel qu'il fonctionne aujourd'hui (c'est à dire quand même essentiellement sur des objectifs de croissance de la richesse des plus riches) est voué à disparaitre, de grés ou de force.
Et je ne suis pas marginal pour autant, j'ai travaillé et fait tout ce que je peux pour reprendre, je crois en notre modèle social de redistribution (bien mis à mal ces dernières années) et j'y participe avec plaisir mais simplement je ne vois aucune vision qui aille plus loin qu'un quinquennat dans les propositions des différents groupes politiques.
Et je ne peux pas le dire mieux que Will l'a déjà fait, pour moi voter c'est adhérer et soutenir, pas choisir le moins pire.
Ca fait 40 ans que le seul programme qu'on nous vend c'est de pas laisser passer l'ED, à un moment je suis désolé, mais ça fait un peu maigre comme programme et on a tous pu constater que ça ne nous a pas menés bien loin.

[ Dernière édition du message le 02/08/2024 à 17:16:20 ]

118
Calogan : est-ce que tu es conscient d'à quel point ton post respire à plein nez le mépris de classe ?

Ceci dit, tu n'as pas tort sur certains points. Notamment sur certaines exigences de l'exercice d'une fonction politique qui ne sont pas l'apanage de la classe ouvrière. Mais elles ne le sont pas tellement plus des CSP+. C'est juste que ces derniers sont un peu plus confiants pour y aller et apprendre.

En tous cas, tu confirmes par tes propos que toi même estime qu'on ne peut pas être dans une démocratie représentative.
Donc, cette prétention à en être une est bien une escroquerie.

Ta pensée est très classique de la pensée française bonapartiste : il y aurait quelques Élus (avec un grand E) qui seuls seraient capables de gouverner tandis que le bas peuple n'est qu'un troupeau sans compétences ni hauteur de vues.

J'ai d'ailleurs eu quasi ce discours par un de mes oncles grand bourgeois qui m'expliquait d'un ton hautain et méprisant que le gouvernement par le peuple (qui est pourtant le sens de "démocratie") était impossible parce que les gens en général n'avaient pas les compétences. Le même m'expliquait que 80% de la population française était dans la population active :mdr:

En ce qui me concerne, j'estime en tous cas que ces fameuses "compétences" (nécessaires pour être elu et réélu, pas forcément pour bien gouverner) ne devraient pas être nécessaires.

C'est bien parce qu'on a institué un système basé sur des chefs qui décident de tout (et c'est aussi le cas au niveau local où, bien qu'on vote pour une liste, c'est le maire qui, s'il le veut, decide de tout), qu'on a collé dans les mains de quelques personnes des responsabilités qui les dépassent complètement et qui dépasseraient n'importe qui qu'on se retrouve avec des systèmes tordus.
C'est bien avec cette personnalisation du pouvoir que ça oblige à faire du marketing et donc a être beau parleur pour convaincre. On se retrouve ainsi avec des politiciens qui ne sont souvent rien d'autre que des vendeurs de foire.

A part ça, c'est pas parce qu'une structure est une association qu'elle n'agit qu'au niveau local.

Mon espoir pour le monde est que tout le monde y compris toi se rende compte qu'on n'a pas besoin de chef, que chaque citoyen est assez grand pour avoir un pouvoir de décision infiniment supérieur à celui de choisir entre Untel et Machin qui décidera pour lui et que oui, une voix vaut une voix et pas simplement pour voter, mais pour exprimer.

De plus, je constate que c'est justement cette absence de décision collective qui fragmente la société. Comme les gens qui ont des intérêts contradictoires n'échangent plus ensemble, mais délèguent à des gens qui souvent ne les representent pas, les gens de différentes classes ignorent les conditions des autres et ne se comprennent plus.
Phénomène empiré par l'éloignement physique entre les possédants et les exploités.

Je t'assure pour l'avoir largement expérimenté que les gens de toute classe sociale sont tout à fait capables de s'emparer des décisions et de faire intelligence collective pour peu qu'on les convainque de leur légitimité à le faire et qu'on leur donne le temps de discuter et réfléchir ensemble.

On l'a d'ailleurs très bien vu avec la conférence citoyenne sur le climat, pour une fois assez représentative puisque tirée au sort.

[ Dernière édition du message le 03/08/2024 à 00:57:51 ]

119
Je précise que j'estime justement que c'est parce que notre système est organisé pour mettre toujours les CSP+ au pouvoir que les dés sont pipés et que je ne veux donc pas participer.

C'est d'ailleurs historique : la révolution française a vu s'affronter deux tenants différents de la "démocratie".
Un bord voulait une vraie démocratie c'est a dire une gouvernance par le peuple. L'autre n'en voulait pas et ne voulait qu'une gouvernance par une élite "éclairée"..D'une parce qu'ils estimaient que le peuple était trop con, d'autre parce que faire autrement aurait quand même sacrément risqué de nuire à leur intérêts de classe. Après tout, ils ne s'étaient pas débarrassés du joug de la monarchie pour de retrouver sous celui du peuple.

Et c'est ce bord là qui a gagné. On vit toujours sous ce système.

C'est pour ça que pendant très longtemps, on eu le suffrage censitaire qui exigeait un minimum de fortune pour pouvoir voter.
Le suffrage universel est arrivé très très tardivement. Encore plus si on considère le temps qu'il a fallu pour y inclure la moitié de la population adulte à savoir les femmes.

Mais bon, on pouvait laisser bien plus de gens voter puisque de toutes façons, tout était en place pour réserver le pouvoir à une classe.

[ Dernière édition du message le 03/08/2024 à 01:07:03 ]

120
Will, je comprends que mon post puisse te mettre en colère, mais je ne crois pas faire preuve de mépris de classe. Il me semble que tu te méprends sur mon propos : notre société est précisément une démocratie "représentative" parce qu'on élit des représentants plutôt que d'exercer le pouvoir et de décider directement nous-mêmes (et alors il s'agirait d'une démocratie directe, qui est plutôt le projet anarchiste, tout à fait honorable et pertinent par ailleurs).

Tout ce que je voulais dire, c'est que l'administration de sociétés étatiques aussi complexes et vastes que les notres nécessite des individus spécialisés. Et que c'est selon moi une évidence que les compétences nécessitées par l'exercice du pouvoir aujourd'hui sont celles qui caractérisent précisément la catégorie des CSP+ (dont la catégorie "cadre" est dominante et exprime parfaitement une situation de pouvoir et d'administration).
Je ne dis pas que c'est génial et fabuleux, je dis que c'est un fait objectif. Si tu compares les systèmes sociaux en Amazonie et dans l'Egypte antique par exemple, on trouve une corrélation immédiate entre la complexité d'une société et le type de régime politique : les petites sociétés de chasseurs cueilleurs vivent concrètement selon les preceptes de l'anarchisme, l'Egypte antique a une immense caste de scribes et de fonctionnaires qui collectent les impôts, administrent l'État et prennent les décisions, et qui appuient un pouvoir très centralisé. Et là encore je ne fais pas de jugement de valeur en utilisant le terme de complexité : j'ai personnellement beaucoup plus d'intérêt et d'admiration pour les sociétés amazoniennes et leurs réalisations culturelles que pour des sociétés étatiques rigides comme l'Egypte antique, la Chine impériale ou la monarchie absolue française, mais c'est un fait que les unes présentent une moindre diversité de fonctions sociales et une organisation moins complexe (notamment d'un point de vue technique) que les autres. Elles n'en restent pas moins tout aussi riches à d'autres niveaux (qu'il s'agisse des règles de la parenté, de la spiritualité, des rituels, des systèmes d'insertion dans l'écosystème... etc.)

Le principe de la démocratie représentative, c'est donc de déléguer l'administration de la société à des "spécialistes", même si historiquement les candidats et candidates sortent fréquemment du secteur privé et pas uniquement de l'ENA. Personnellement je ne crois pas, exactement comme toi, qu'on trouve chez ces gens-là des personnes représentatives du peuple : c'est la raison pour laquelle toutes les institutions intermédiaires et non étatiques (associatives par exemple) sont déterminantes. Mais contrairement aux conclusions que tu en tires, c'est aussi la raison pour laquelle je pense que le vote est déterminant, puisque c'est l'unique manière de faire d'eux des serviteurs de l'État (comme le sont les haut fonctionnaires par exemple) plutôt que des maîtres, en les contraignant à répondre à des demandes sociales et en les sanctionnant si ils ne le font pas.
La démocratie ne se limite donc pas au vote (je crois que c'est d'ailleurs ce que tu disais) et le pouvoir de nos représentants n'est pas absolu (ça n'est pas parce qu'un parti a gagné avec 51% des votes qu'il a le droit de faire ce qu'il veut). Mais selon moi, le vote est quand même la façon la plus simple d'orienter l'administration de l'État, et si déjà le peuple ne parvient pas à élire des représentants compétents (puisque la situation que l'on a aujourd'hui en France, c'est que l'administration de l'État a été assez régulièrement confiée à des abrutis qui ont détruit à peu près tout ce qui marchait encore un peu pour enrichir une minorité), si donc le peuple ne parvient pas à voter pour son propre intérêt et pour l'intérêt commun, comment imaginer qu'il parviendra à administrer lui-même ses destinées en gouvernant directement ?

Enfin, l'exemple de la convention citoyenne sur le climat est excellent et va dans ton sens, je te l'accorde : il est clair qu'il montre que des gens tirés au sort (donc appartenant à toutes les classes de la société) font des choix très éclairés et cohérents quand ils sont placés dans la situation de décider, même à propos de choses très techniques (le changement climatique par exemple). Cela montre, à mon sens, que la façon dont les institutions sont structurées et conçues a un rôle déterminant.
Cependant, je pense personnellement que cela montre aussi à quel point ce que les gens de droite appellent "l'État profond" est déterminant dans nos sociétés : car cette convention sur le climat n'aurait jamais donné les résultats qu'elle a donné sans le recours à des experts de toutes sortes, à la fois hauts fonctionnaires, juristes, scientifiques, activistes associatifs etc. etc. Et sans la confiance que les individus tirés au sort ont pu accorder à ces experts. Là encore, la présence de spécialistes et techniciens est déterminante, avec les biais potentiels que peuvent susciter le recours à des techniciens spécialistes de tel ou tel sujet. On a par exemple souvent critiqué l'ENA comme produisant des gens hors sol, et c'est sans doute vrai (même si on constate aussi que le populisme bonapartiste de notre actuel président est encore plus hors sol et clairement moins efficace).
Quoi qu'il en soit, cela montre une certaine manière de gouverner qui pourrait être explorée, en imaginant par exemple une 3e chambre (après l'Assemblée et le Sénat) composée de gens tirés au sort et qui contrôlerait plus étroitement l'activité des 2 autres chambres, constituées de "professionnels".
Mais cela n'enlève rien au fait que la politique est l'affaire de spécialistes, qu'ils soient contrôlés plus étroitement ou non : on le voit avec les élus RN, mal préparés et incapables de sortir de leur expérience personnelle pour parler d'un programme concret concernant les services publics ou la transition écologique.

Enfin, il me semble qu'il existe une ou deux formations politiques qui (lorsque les médias ne se focalisent pas sur des sujets clivants débiles) parlent de tous ces sujets et prônent des transformations institutionnelles profondes. Et qui appellent notamment régulièrement à des conventions citoyennes ou une constituante pour une 6e république. C'est loin d'être parfait, mais je m'interroge toujours sur la raison pour laquelle les gens qui ne votent pas mettent tous les politiques dans le même panier et refusent à tous de la même façon la légitimé à nous représenter. Selon moi, il y en a quand même des "moins pires", et de très loin, et je préfère voter inlassablement pour eux (tout en continuant à critiquer notre démocratie et nos représentants, ceux pour qui j'ai voté inclus, quand c'est justifié), que de laisser les autres voter (et donc élire) des abrutis dangereux qui selon moi ont un rôle très néfaste.

Me concernant, je pense que le problème principal n'est pas la représentativité, mais bien l'état du débat public et la façon dont les masses sont manipulées plutôt qu'informées. Sans une information fiable et une publicité efficace des débats politiques, aucune démocratie n'est possible. Directe ou représentative.
Or, je constate depuis quelques années qu'Idiocracy n'est pas un mauvais film de science fiction, mais plutôt une parodie assez efficace de ce qu'on est en train de vivre aujourd'hui (et les CSP+ ne sont pas en reste en termes de stupidité, mais j'espère que tu auras compris mon propos les concernant).