Un contrôleur de monitoring ? Une interface ? Oria est l'un et l'autre, comme bon vous semble. Audient surprend et enthousiasme avec ce très bel appareil dédié au Dolby Atmos, mais pas que... Oria-vous envie d'un peu d'immersion multicanal ?
G-L-O-R-I-A ! Oria ! Voici venue la nouvelle interface 18 entrées, 16 sorties, et le nouveau contrôleur de monitoring créé pour la gestion des mix immersifs en Dolby Atmos, tout cela en un seul appareil.
C’est Audient qui est à l’origine de ce bel objet, sobre et élégant en plus d’être innovant. L’entreprise anglaise le commercialise pour le prix constructeur de 2885 euros.
Dans ce test nous procéderons à une présentation complète des fonctions de l’appareil, en tant qu’interface et que contrôleur de monitoring, ainsi que de son logiciel, et nous procéderons à des mesures des performances en tant qu’interface audio.
Présentation
L’Oria prend la forme d’une interface de format 1U, rackable dans un meuble 19 pouces. Elle est réalisée entièrement en métal, à l’exception de quelques boutons et de l’écran, bien entendu. La plupart de ses connectiques ne sont pas fixées au châssis, à part le port AES et les prises BNC pour les E/S Wordclock.
À l’avant, elle présente, de gauche à droite :
- deux entrées ligne/micro/instrument sur combo XLR-jack 6,35 mm TRS
- quatre boutons — deux pour sélectionner l’entrée sur laquelle on souhaite faire les réglages (et aussi muter l’entrée lorsque l’on presse longuement), un pour commuter le 48V (sur l’entrée sélectionnée), le dernier pour adapter la sensibilité et l’impédance à des signaux instruments (sur l’entrée sélectionnée).
- Un écran qui permet de naviguer entre les entrées et les sorties, de surveiller les niveaux, de régler différents paramètres
- Un encodeur clickable pour régler les niveaux, naviguer dans les menus…
- quatre boutons — un pour sélectionner la sortie dont le volume est à régler, un pour naviguer d’un profil à l’autre (explication dans la partie logicielle), un pour passer d’un rendu à l’autre (là aussi, voir la section logicielle) et un bouton de fonction, assignable comme Dim, Mono, Polarité et retour au niveau de référence.
- deux sorties casques sur jack 6,35 mm TRS, avec chacune un bouton pour sélectionner la sortie à régler (ou la muter, si l’on presse longuement). Chacune de ces sorties peut recevoir un mix autonome, avec rendu binaural, ou mix stéréo spécifique.
À l’arrière, toujours de gauche à droite :
- la prise IEC C14 pour l’alimentation secteur
- le connecteur USB-C pour le raccordement à l’ordinateur
- un emplacement « network » pour accueillir la carte DANTE en option, pour 16 voies d’audio sur IP. Utilisable seulement dans le cadre d’un emploi comme contrôleur de monitoring, les 16 voies sur réseau DANTE ne peuvent être employées comme entrées pour l’enregistrement. (Ne prend pas en charge le protocole Ravenna)
- deux connecteurs BNC pour les E/S Wordclock
- un connecteur DB-25 femelle pour la sortie en AES vers les 16 moniteurs
- deux entrées ADAT, totalisant 16 voies, pouvant être utilisées dans une configuration « interface » (ajout de 16 entrées pour l’enregistrement, pour un total de 18 entrées) ou « contrôle de monitoring » (16 voies à répartir dans le système immersif).
- 16 sorties « surround » sur jack 6,35 mm TRS
- 2 paires de sorties stéréo, commandées par des relais, et utilisables indépendamment des 16 voies immersives, permettant de conserver par ailleurs une ou deux paires de moniteurs stéréo
L’Oria peut donc être utilisée comme interface principale pour l’enregistrement, avec deux entrées qui peuvent s’augmenter de 16 voies ADAT. Et dans ce cadre-là, il est possible grâce à ses 16 sorties surround de travailler la création et l’enregistrement dans un studio équipé d’un système immersif.
Il est également possible de l’employer en sus de l’interface principale, purement comme plateforme de contrôle du mix immersif, et c’est là qu’entrent en jeu les différentes options de calibrage, d’égalisation et de délai, intégrées grâce à des DSP, que l’on découvrira plus en détail dans la section « Logiciel ».
Pour l’instant il n’y a pas grand-chose à critiquer, c’est beau, robuste, et très complet. Seul point négatif : les contrôles ne sont pas très intuitifs. Si vous êtes habitué à manipuler des contrôles physiques, il va vous falloir apprendre, car tous les réglages de niveaux se font par l’écran, et la plupart des sélections se font avec les mêmes boutons (un seul bouton « 48V » ou « instrument » pour les deux entrées micro/ligne, un seul bouton pour les niveaux de toutes les sorties, mais contournable pour les casques grâce aux boutons HP 1 et 2…) et il convient de ne pas oublier de rebasculer vers les entrées ou les sorties pour ajuster des différences de gain ou de volume, et de constamment vérifier où l’on se trouve avant de toucher l’encodeur. Ce dernier élément (qu’est-ce qui est actuellement sélectionné ?) est signifié par un rétroéclairage peut-être un peu trop discret (à évaluer selon le placement de l’interface dans le studio). De même, certains réglages sont accessibles également depuis le logiciel (volume général de sortie), mais pas tous (le gain des entrées micros se règle seulement sur l’interface). On n’est donc pas en présence d’un appareil « prêt à l’emploi » : il y a un temps d’adaptation.
Pour finir, on soulignera que quelques bugs relevés par des utilisateurs dans la première semaine (mauvaise mémorisation des réglages, blocage de certaines fonctions…) ont été tous réglés par la nouvelle version du Firmware.
Logiciel
Le logiciel accompagnant l’interface est consacré au contrôle de monitoring. Vous n’y trouverez pas de contrôles relevant de l’enregistrement (polarité des entrées, dim, mute, routage du signal entre les E et les S). Pour tout cela, il faudra se rendre dans votre STAN préférée.
Il se présente d’abord ainsi :
On y trouve (dans le sens des aiguilles d’une montre en commençant par la gauche)
- une section monitoring, qui permet de sélectionner l’entrée (ADAT ou USB) et la sortie (Surround, AES ou Stéréo 1 ou 2). Le tout s’accompagne d’un contrôle général de volume (un master), avec un mute et un dim généraux (commandables aussi depuis l’interface), et un contrôle de délai général, très utile pour ceux qui travaille sur la production de son à l’image, et nécessitent une synchronisation parfaite de l’audio avec la vidéo.
- Quatre boutons — « noir/blanc » pour sélectionner l’affichage clair ou sombre, « bypass » pour contourner tous les réglages et entendre le son direct à travers les enceintes, « setup » pour afficher les réglages de chaque enceinte, et « system » pour accéder à des réglages généraux de l’interface (voir ci-contre), ainsi que le « renderer », qui permet de replier le mix Atmos et un mix 5.1 ou binaural, par exemple, et le routing AES, qui permet d’assigner chacune des 16 voies AES au 16 canaux de diffusion.
- une section de visualisation des niveaux, soit « pre » c’est-à-dire directement à la sortie de la STAN, soit « post » c’est-à-dire après traitement sonore et calibrage. Cette section est détachable, dans une fenêtre plus grande et plus détaillée.
- la section « room » représentant le système 9.1.6, chaque enceinte est représentée par un bouton, est nommée et permet d’activer sa fonction Mute ou Solo autonome des autres enceintes (respectivement, en cliquant dessus ou avec ctrl+clic)
- la section « groups », qui permet de muter ou d’écouter seulement un ou plusieurs groupes de haut-parleur (côtés, avant, arrière…)
- Pour finir les « profils », qui vous permettent de mémoriser (depuis le logiciel) et de rappeler (depuis le logiciel ou l’interface pour les quatre « favoris ») jusqu’à 32 profils, c’est-à-dire d’ensemble de réglages qui comprennent entrée, sortie, nombre d’enceintes, niveau et EQ pour chaque voie, calibrage, délais… Bref, qui permettent de passer aisément d’un système à un autre. Les profils réalisés grâce au système de calibrage SoundID de Sonarworks sont signalés par une icône (on en parlera bientôt).
La section « setup » permet, comme dit plus haut, le contrôle des réglages spécifiques de chaque enceinte (on clique simplement d’une enceinte à l’autre). On y trouve un égaliseur paramétrique 10 bandes, avec réglage de Q et bypass. Trois autres réglages permettent de régler le niveau général de l’enceinte (« trim », + ou – 12 dB), le retard (« delay », jusqu’à 100 ms) et la gestion de la basse (« crossover », où les fréquences inférieures à une fréquence calibrée – entre 30 et 500 Hz – sont retirées de cette voie et redirigées vers le canal du subwoofer).
Si la voie sélectionnée bénéficie d’un EQ généré par SoundID, la courbe d’égalisation est visible, mais pas modifiable.
Ces réglages sont disponibles sur 16 voies maximum, mais peuvent bien entendu s’appliquer sur le nombre d’enceintes que comprend votre système, même un simple système stéréo. En revanche, aucun calibrage des sorties casque n’est possible dans le logiciel Audient (il peut être implémenté grâce à un autre logiciel si nécessaire).
Tous ces effets sont gérés en interne, par des DSP, et leur exécution est donc indépendante du processeur de votre ordinateur. Dans le cas de l’utilisation de courbes calibrées automatiquement par le logiciel SoundID, il est donc possible de charger ses courbes dans un profil, et de les rappeler sans pour autant surcharger le CPU.
Pour finir, l’Oria est livré, en partenariat avec Sonarworks, avec un mois d’essai du logiciel SoundID et avec un micro de référence, permettant de calculer et d’appliquer une correction en fréquence à chaque enceinte, pour homogénéiser et « aplanir » l’écoute de votre système.
Benchmark
Précisons-le d’abord, Oria travaille dans une résolution max de 24 bits/96 kHz. Un petit tour du côté de RTL Utility nous apprend que la latence réelle est la suivante :
Afin de tester l’interface, nous avons fait un benchmark avec notre fidèle APx515 d’Audio Precision (lien). Comme d’habitude, nous publions les résultats obtenus en THD, rapport signal/bruit et déviation des voies, pour les entrées et sorties analogiques. Pour toutes les configurations, je règle le gain pour obtenir le meilleur résultat possible.
Gain max mesuré : 59,472 dB
Plage dynamique mesurée (pondération A) : 119,48 dB
Commençons par les entrées ligne :
Déviation : ±0,471 dB
THD+N : 0,005 % THD : 0,005 %
Rapport signal/bruit : 109,81 dB
Distorsion d’intermodulation : –75,438 dB
Passons aux entrées micro :
Déviation : ±0,160 dB
THD+N : 0,003 % THD : 0,0028 %
Rapport signal/bruit : 105,401 dB
Distorsion d’intermodulation : –79,934 dB
Qu’en est-il de la sortie casque ?
Déviation : ±0,160 dB
THD+N : 0,0024 % THD : 0,0023 %
Rapport signal/bruit : 105,486 dB
Distorsion d’intermodulation : –81,066 dB