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L'Oria Express
9/10
Award Innovation 2024
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Un contrôleur de monitoring ? Une interface ? Oria est l'un et l'autre, comme bon vous semble. Audient surprend et enthousiasme avec ce très bel appareil dédié au Dolby Atmos, mais pas que... Oria-vous envie d'un peu d'immersion multicanal ?

Test de l'Oria d'Audient : L'Oria Express

G-L-O-R-I-A ! Oria ! Voici venue la nouvelle inter­face 18 entrées, 16 sorties, et le nouveau contrô­leur de moni­to­ring créé pour la gestion des mix immer­sifs en Dolby Atmos, tout cela en un seul appa­reil.

Audient Oria ensembleC’est Audient qui est à l’ori­gine de ce bel objet, sobre et élégant en plus d’être inno­vant. L’en­tre­prise anglaise le commer­cia­lise pour le prix construc­teur de 2885 euros.

Dans ce test nous procé­de­rons à une présen­ta­tion complète des fonc­tions de l’ap­pa­reil, en tant qu’in­ter­face et que contrô­leur de moni­to­ring, ainsi que de son logi­ciel, et nous procé­de­rons à des mesures des perfor­mances en tant qu’in­ter­face audio.

Présen­ta­tion

L’Oria prend la forme d’une inter­face de format 1U, rackable dans un meuble 19 pouces. Elle est réali­sée entiè­re­ment en métal, à l’ex­cep­tion de quelques boutons et de l’écran, bien entendu. La plupart de ses connec­tiques ne sont pas fixées au châs­sis, à part le port AES et les prises BNC pour les E/S Word­clock.

À l’avant, elle présente, de gauche à droite : 

  • deux entrées ligne/micro/instru­ment sur combo XLR-jack 6,35 mm TRS
  • quatre boutons — deux pour sélec­tion­ner l’en­trée sur laquelle on souhaite faire les réglages (et aussi muter l’en­trée lorsque l’on presse longue­ment), un pour commu­ter le 48V (sur l’en­trée sélec­tion­née), le dernier pour adap­ter la sensi­bi­lité et l’im­pé­dance à des signaux instru­ments (sur l’en­trée sélec­tion­née).
  • Un écran qui permet de navi­guer entre les entrées et les sorties, de surveiller les niveaux, de régler diffé­rents para­mètres
  • Un enco­deur clickable pour régler les niveaux, navi­guer dans les menus…
  • quatre boutons — un pour sélec­tion­ner la sortie dont le volume est à régler, un pour navi­guer d’un profil à l’autre (expli­ca­tion dans la partie logi­cielle), un pour passer d’un rendu à l’autre (là aussi, voir la section logi­cielle) et un bouton de fonc­tion, assi­gnable comme Dim, Mono, Pola­rité et retour au niveau de réfé­rence.
  • deux sorties casques sur jack 6,35 mm TRS, avec chacune un bouton pour sélec­tion­ner la sortie à régler (ou la muter, si l’on presse longue­ment). Chacune de ces sorties peut rece­voir un mix auto­nome, avec rendu binau­ral, ou mix stéréo spéci­fique.

Audient Oria avant

Audient Oria arrière

À l’ar­rière, toujours de gauche à droite : 

  • la prise IEC C14 pour l’ali­men­ta­tion secteur
  • le connec­teur USB-C pour le raccor­de­ment à l’or­di­na­teur
  • un empla­ce­ment « network » pour accueillir la carte DANTE en option, pour 16 voies d’au­dio sur IP. Utili­sable seule­ment dans le cadre d’un emploi comme contrô­leur de moni­to­ring, les 16 voies sur réseau DANTE ne peuvent être employées comme entrées pour l’en­re­gis­tre­ment. (Ne prend pas en charge le proto­cole Ravenna)
  • deux connec­teurs BNC pour les E/S Word­clock
  • un connec­teur DB-25 femelle pour la sortie en AES vers les 16 moni­teurs
  • deux entrées ADAT, tota­li­sant 16 voies, pouvant être utili­sées dans une confi­gu­ra­tion « inter­face » (ajout de 16 entrées pour l’en­re­gis­tre­ment, pour un total de 18 entrées) ou « contrôle de moni­to­ring » (16 voies à répar­tir dans le système immer­sif).
  • 16 sorties « surround » sur jack 6,35 mm TRS
  • 2 paires de sorties stéréo, comman­dées par des relais, et utili­sables indé­pen­dam­ment des 16 voies immer­sives, permet­tant de conser­ver par ailleurs une ou deux paires de moni­teurs stéréo

L’Oria peut donc être utili­sée comme inter­face prin­ci­pale pour l’en­re­gis­tre­ment, avec deux entrées qui peuvent s’aug­men­ter de 16 voies ADAT. Et dans ce cadre-là, il est possible grâce à ses 16 sorties surround de travailler la créa­tion et l’en­re­gis­tre­ment dans un studio équipé d’un système immer­sif.

Audient Oria contrôlesIl est égale­ment possible de l’em­ployer en sus de l’in­ter­face prin­ci­pale, pure­ment comme plate­forme de contrôle du mix immer­sif, et c’est là qu’entrent en jeu les diffé­rentes options de cali­brage, d’éga­li­sa­tion et de délai, inté­grées grâce à des DSP, que l’on décou­vrira plus en détail dans la section « Logi­ciel ».

Pour l’ins­tant il n’y a pas grand-chose à critiquer, c’est beau, robuste, et très complet. Seul point néga­tif : les contrôles ne sont pas très intui­tifs. Si vous êtes habi­tué à mani­pu­ler des contrôles physiques, il va vous falloir apprendre, car tous les réglages de niveaux se font par l’écran, et la plupart des sélec­tions se font avec les mêmes boutons (un seul bouton « 48V » ou « instru­ment » pour les deux entrées micro/ligne, un seul bouton pour les niveaux de toutes les sorties, mais contour­nable pour les casques grâce aux boutons HP 1 et 2…) et il convient de ne pas oublier de rebas­cu­ler vers les entrées ou les sorties pour ajus­ter des diffé­rences de gain ou de volume, et de constam­ment véri­fier où l’on se trouve avant de toucher l’en­co­deur. Ce dernier élément (qu’est-ce qui est actuel­le­ment sélec­tionné ?) est signi­fié par un rétroé­clai­rage peut-être un peu trop discret (à évaluer selon le place­ment de l’in­ter­face dans le studio). De même, certains réglages sont acces­sibles égale­ment depuis le logi­ciel (volume géné­ral de sortie), mais pas tous (le gain des entrées micros se règle seule­ment sur l’in­ter­face). On n’est donc pas en présence d’un appa­reil « prêt à l’em­ploi » : il y a un temps d’adap­ta­tion.

  • Audient Oria écran1
  • Audient Oria écran2
  • Audient Oria écran3
  • Audient Oria écran4
  • Audient Oria écran5

 

Pour finir, on souli­gnera que quelques bugs rele­vés par des utili­sa­teurs dans la première semaine (mauvaise mémo­ri­sa­tion des réglages, blocage de certaines fonc­tions…) ont été tous réglés par la nouvelle version du Firm­ware.

Logi­ciel

Le logi­ciel accom­pa­gnant l’in­ter­face est consa­cré au contrôle de moni­to­ring. Vous n’y trou­ve­rez pas de contrôles rele­vant de l’en­re­gis­tre­ment (pola­rité des entrées, dim, mute, routage du signal entre les E et les S). Pour tout cela, il faudra se rendre dans votre STAN préfé­rée.

Il se présente d’abord ainsi : 

MixSoftware accueil

On y trouve (dans le sens des aiguilles d’une montre en commençant par la gauche)

  • une section moni­to­ring, qui permet de sélec­tion­ner l’en­trée (ADAT ou USB) et la sortie (Surround, AES ou Stéréo 1 ou 2). Le tout s’ac­com­pagne d’un contrôle géné­ral de volume (un master), avec un mute et un dim géné­raux (comman­dables aussi depuis l’in­ter­face), et un contrôle de délai géné­ral, très utile pour ceux qui travaille sur la produc­tion de son à l’image, et néces­sitent une synchro­ni­sa­tion parfaite de l’au­dio avec la vidéo.
  • SystemQuatre boutons — « noir/blanc » pour sélec­tion­ner l’af­fi­chage clair ou sombre, « bypass » pour contour­ner tous les réglages et entendre le son direct à travers les enceintes, « setup » pour affi­cher les réglages de chaque enceinte, et « system » pour accé­der à des réglages géné­raux de l’in­ter­face (voir ci-contre), ainsi que le « rende­rer », qui permet de replier le mix Atmos et un mix 5.1 ou binau­ral, par exemple, et le routing AES, qui permet d’as­si­gner chacune des 16 voies AES au 16 canaux de diffu­sion.
  • une section de visua­li­sa­tion des niveaux, soit « pre » c’est-à-dire direc­te­ment à la sortie de la STAN, soit « post » c’est-à-dire après trai­te­ment sonore et cali­brage. Cette section est déta­chable, dans une fenêtre plus grande et plus détaillée.
  • la section « room » repré­sen­tant le système 9.1.6, chaque enceinte est repré­sen­tée par un bouton, est nommée et permet d’ac­ti­ver sa fonc­tion Mute ou Solo auto­nome des autres enceintes (respec­ti­ve­ment, en cliquant dessus ou avec ctrl+­clic)
  • la section « groups », qui permet de muter ou d’écou­ter seule­ment un ou plusieurs groupes de haut-parleur (côtés, avant, arriè­re…)
  • Pour finir les « profils », qui vous permettent de mémo­ri­ser (depuis le logi­ciel) et de rappe­ler (depuis le logi­ciel ou l’in­ter­face pour les quatre « favo­ris ») jusqu’à 32 profils, c’est-à-dire d’en­semble de réglages qui comprennent entrée, sortie, nombre d’en­ceintes, niveau et EQ pour chaque voie, cali­brage, délais… Bref, qui permettent de passer aisé­ment d’un système à un autre. Les profils réali­sés grâce au système de cali­brage Soun­dID de Sonar­works sont signa­lés par une icône (on en parlera bien­tôt).

EQLa section « setup » permet, comme dit plus haut, le contrôle des réglages spéci­fiques de chaque enceinte (on clique simple­ment d’une enceinte à l’autre). On y trouve un égali­seur para­mé­trique 10 bandes, avec réglage de Q et bypass. Trois autres réglages permettent de régler le niveau géné­ral de l’en­ceinte (« trim », + ou – 12 dB), le retard (« delay », jusqu’à 100 ms) et la gestion de la basse (« cros­so­ver », où les fréquences infé­rieures à une fréquence cali­brée – entre 30 et 500 Hz – sont reti­rées de cette voie et redi­ri­gées vers le canal du subwoo­fer).

Si la voie sélec­tion­née béné­fi­cie d’un EQ généré par Soun­dID, la courbe d’éga­li­sa­tion est visible, mais pas modi­fiable.

Ces réglages sont dispo­nibles sur 16 voies maxi­mum, mais peuvent bien entendu s’ap­pliquer sur le nombre d’en­ceintes que comprend votre système, même un simple système stéréo. En revanche, aucun cali­brage des sorties casque n’est possible dans le logi­ciel Audient (il peut être implé­menté grâce à un autre logi­ciel si néces­saire).

Tous ces effets sont gérés en interne, par des DSP, et leur exécu­tion est donc indé­pen­dante du proces­seur de votre ordi­na­teur. Dans le cas de l’uti­li­sa­tion de courbes cali­brées auto­ma­tique­ment par le logi­ciel Soun­dID, il est donc possible de char­ger ses courbes dans un profil, et de les rappe­ler sans pour autant surchar­ger le CPU.

Pour finir, l’Oria est livré, en parte­na­riat avec Sonar­works, avec un mois d’es­sai du logi­ciel Soun­dID et avec un micro de réfé­rence, permet­tant de calcu­ler et d’ap­pliquer une correc­tion en fréquence à chaque enceinte, pour homo­gé­néi­ser et « apla­nir » l’écoute de votre système.

Audient Oria Micro

Bench­mark

Préci­­­sons-le d’abord, Oria travaille dans une réso­­­lu­­­tion max de 24 bits/96 kHz. Un petit tour du côté de RTL Utility nous apprend que la latence réelle est la suivante :

Capture d’écran 2024-06-05 à 09.49.14

Afin de tester l’in­ter­face, nous avons fait un bench­mark avec notre fidèle APx515 d’Au­dio Preci­sion (lien). Comme d’ha­bi­tude, nous publions les résul­tats obte­nus en THD, rapport signal/bruit et dévia­tion des voies, pour les entrées et sorties analo­giques. Pour toutes les confi­gu­ra­tions, je règle le gain pour obte­nir le meilleur résul­tat possible.

Gain max mesuré : 59,472 dB

Plage dyna­mique mesu­rée (pondé­ra­tion A) : 119,48 dB

Commençons par les entrées ligne : 

  • Line-Relative Level (20,0000 kHz)
  • Line-THD+N Ratio
  • Line-THD Ratio
  • Line-SMPTE Distortion Product Ratio

 

Dévia­tion : ±0,471 dB

THD+N : 0,005 % THD : 0,005 %

Rapport signal/bruit : 109,81 dB

Distor­sion d’in­ter­mo­du­la­tion : –75,438 dB

Passons aux entrées micro : 

  • Mic-Relative Level (20,0000 kHz)
  • Mic-THD+N Ratio
  • Mic-THD Ratio
  • Mic-SMPTE Distortion Product Ratio

 

Dévia­tion : ±0,160 dB

THD+N : 0,003 % THD : 0,0028 %

Rapport signal/bruit : 105,401 dB

Distor­sion d’in­ter­mo­du­la­tion : –79,934 dB

Qu’en est-il de la sortie casque ?

  • HP-Relative Level (20,0000 kHz)
  • HP-THD+N Ratio
  • HP-THD Ratio
  • HP-SMPTE Distortion Product Ratio

Dévia­tion : ±0,160 dB

THD+N : 0,0024 % THD : 0,0023 %

Rapport signal/bruit : 105,486 dB

Distor­sion d’in­ter­mo­du­la­tion : –81,066 dB

Conclu­sion

Après ce test on discerne bien combien l’usage « contrô­leur » est clai­re­ment favo­risé par rapport à l’usage « inter­face ». Certes les deux sont égale­ment possibles, mais avec l’en­vi­ron­ne­ment logi­ciel entiè­re­ment dédié au moni­to­ring, et l’ajout d’un micro de cali­brage, il est diffi­cile de ne pas perce­voir Oria comme un appa­reil dédié à la gestion du multi­ca­nal qui, en plus, peut par ailleurs servir d’in­ter­face.

Ce qui ne revient pas à dire que l’in­ter­face est à la traîne : au contraire, comme les mesures l’in­diquent bien, les préam­plis sont très bons, et les amplis casques sont surpre­nants de qualité (c’est rare­ment aussi bien).

En fait, ce qui est réel­le­ment enthou­sias­mant, c’est le carac­tère inno­vant de l’objet, en plus du fait qu’il soit très complet : première inter­face siglée Dolby Atmos, parte­na­riat avec Sonar­works, multi­fonc­tion­na­lité de l’ap­pa­reil… Ces dernières années, malgré l’ap­pa­ri­tion de nouvelles fonc­tions pratiques et « démo­cra­ti­santes » (auto-gain, auto­fo­cus…), on n’a rare­ment dans nos tests d’in­ter­faces vu passer un objet aussi nova­teur, et qui permet à une marque phare de s’éta­blir comme chef de file dans un domaine vrai­ment actuel, et où elle était pour l’ins­tant absente. Chapeau !

9/10
Award Innovation 2024
Fabrication (?) : Chine
Points forts
  • Polyvalent
  • Robuste
  • Innovant
  • Jusqu'à 18 entrées et 16 sorties comme interface principale
  • Possibilité d'utiliser l'appareil comme contrôleur de monitoring multi-canal
  • Un excellent logiciel de contrôle monitoring
  • Deux bons préamplis micro
  • Des très bonnes mesures sur la sortie casque
  • Un micro de calibrage livré avec l'interface
Points faibles
  • Des contrôles en façade pas très intuitifs (temps d'adaptation)
  • Pas de logiciel pour les fonctions d'enregistrement
  • Pas d'adaptateur USB-C > USB-A
Auteur·rice de l’article
Pierre Caron(Pr. Soudure de La Feuille)
Rédacteur / réparateur en électronique

Venu à la musique par le bruit, j'y retournerai un jour. J'aime les beaux circuits bien propres, les musiques sales et moches. Technicien de jour, la nuit je dors.


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