Cette semaine, nous nous attaquons à un monument de la chaîne de mastering : le limiteur.
Qu’est-ce que c’est ?
Comme la plupart d’entre vous savent déjà de quoi il retourne, nous allons la faire courte. Un limiteur est un traitement drastique taillant dans la dynamique du signal audio. Bien qu’un compresseur avec un ratio supérieur ou égal à 10:1 soit considéré comme un limiteur, le sujet du jour s’intéresse plutôt aux véritables limiteurs bruts de pomme de type « Brickwall » ayant un ratio infini:1. Grosso modo, avec ce type de processeurs, il suffit de fixer un niveau de seuil et le signal ne dépassera jamais ce niveau. Du coup, en fixant le seuil à — X dB, il devient possible de remonter le niveau global du morceau de +X dB… Et c’est là que les problèmes commencent à avoir des ennuis…
La théorie
Beaucoup de personnes pensent, à tort, que le « gros son qui tâche » s’obtient uniquement avec ce maillon de la chaîne de mastering, simplement en baissant le seuil afin de pouvoir augmenter à bloc le niveau de sortie. Cependant, une telle pratique détruira à coup sûr la vitalité de votre mix et le transformera en bouillie inaudible et franchement fatigante pour l’auditeur. D’autre part, tout le travail que nous avons fait en amont au cours des dernières semaines, ça n’est pas pour des clopinettes ! Nous sommes depuis le début dans l’optique d’améliorer le son, l’optimisation du volume perçu ne se restreint donc pas à l’épisode du jour, elle a commencé depuis belle lurette et ce n’est certainement pas le moment de tout gâcher en y allant à la hache.
Cette petite mise au point étant faite, quel est donc le véritable rôle du limiteur ? Eh bien il se trouve que pour l’oreille humaine, les crêtes ultra-rapides ne sont pas réellement significatives quant à la dynamique perçue. Nous pouvons donc largement nous en passer en rabotant les plus hautes avec un limiteur et ainsi gagner quelques décibels sans pour autant massacrer notre mix. Au-delà de cet usage, il y aura forcément des dégâts collatéraux, à vous de voir si cela en vaut la peine…
La pratique
Pour commencer, fixez un niveau de sortie maximum pour votre limiteur. En théorie, 0 dB pourrait sembler judicieux. Dans les faits, une valeur entre −0,5 et −0,3 dB vous évitera de mauvaises surprises et ne nuira pas une seule seconde au volume perçu. Sans rentrer dans les détails, le phénomène des crêtes intersamples fait qu’un titre tapant à 0 dB peut saturer dans le mauvais sens du terme sur certains systèmes d’écoute ou lors d’une compression des données (MP3 ou autres).
Vient enfin le moment de fixer le niveau seuil. Abaissez ce dernier de façon à ce que le limiteur ne travaille que sur les plus hautes crêtes. Si vous constatez que le niveau de réduction de gain de votre limiteur ne retombe jamais à 0, c’est que vous êtes déjà trop loin ! Remontez donc légèrement le seuil afin de laisser un peu de répit à votre titre.
Bien sûr, la plupart des limiteurs donnent accès à beaucoup plus de paramètres afin de pousser le bouchon toujours plus loin avec plus ou moins de transparence. À tel point qu’il nous est impossible d’en tenir une liste complète accompagnée d’une notice explicative dans ces quelques lignes. Toutefois, en respectant les conseils ci-dessus et en laissant le reste des réglages à leurs valeurs par défaut, vous devriez déjà gagner facilement 2 à 3 dB sans attaquer l’intégrité de vos mixages. Et si cela ne vous suffit pas, ne vous faites pas de souci, nous vous donnerons quelques astuces supplémentaires lors d’un prochain article afin de grappiller une poignée de dB en plus !
Tools of the trade
Refermons ce chapitre avec une courte liste non exhaustive de plug-ins aptes à remplir la lourde tâche du jour. Comme d’habitude, il y en aura pour toutes les bourses :