Dans ce quatorzième épisode, attardons-nous sur le mystérieux traitement du bout de la chaîne de mastering : le dithering.
Pour quoi faire ?
Comme vous le savez certainement, la résolution audio du format CD est de 16-bit/44.1 kHz. Or, vous travaillez tous (enfin nous l’espérons…) avec une résolution beaucoup plus élevée au sein de vos séquenceurs, au minimum en 24-bit/44,1 kHz, et plus si affinité. Du coup, il faut forcément à un moment donné réduire la résolution de votre fichier audio pour coller avec le « sacro-saint » format CD.
Qu’à cela ne tienne, lors de l’export de votre master, votre DAW vous propose justement de choisir la résolution en sortie avec tout un tas d’options nébuleuses quant au choix du dithering, voire noise shaping. Mais que se passe-t-il si vous choisissez justement de ne pas utiliser ces options ? Eh bien grosso modo, la réduction de la résolution se fera à la sauvage en taillant les bits en trop, ce qui entraînera forcément ce que l’on nomme du « bruit de quantification » et qui est tout sauf musical. Cela ne vous saute pas aux oreilles ? Eh bien faites le test sur un fondu, vous verrez à quel point cela peut être désagréable…
Heureusement, le dithering est là pour remédier au problème. Nous n’expliquerons pas ici le pourquoi du comment, mais les algorithmes de dithering permettent de réduire le bruit de quantification lors de l’export en 16-bit/44.1 kHz en injectant un bruit aléatoire très faible à votre signal. Pour couronner le tout, les options de noise shaping permettent de rejeter la majorité de ce bruit aléatoire dans les zones de fréquences auxquelles nos oreilles sont le moins sensibles. Que demande le Peuple ?
En pratique
Dans les faits, le dithering s’applique uniquement en bout de chaîne, lorsque vous êtes sur le point d’exporter votre master final, celui qui sera diffusé, gravé sur CD, etc. L’ensemble des traitements dont nous vous parlons depuis quelques semaines doit obligatoirement se situer en amont du dithering, idem pour les fade in/fade out, l’éventuel montage entre les pistes d’un album, et tout le tralala. En un mot comme en cent : après le dither, c’est le « No Man’s Land » !
Vous pouvez utiliser les algorithmes proposés par votre DAW ou ceux disponibles en plug-in. Mais attention ! Veillez soigneusement à n’appliquer qu’une seule et unique fois le dithering sous peine de perdre en qualité audio. Autrement dit, si vous utilisez le dither d’un plug-in, pensez à désactiver celui que vous propose votre séquenceur lors de l’export, et versa-vice.
En ce qui concerne le choix des algorithmes de dithering/noise shaping, il n’y a malheureusement pas de recette miracle, cela dépend totalement du titre sur lequel vous travaillez. Dans le cadre du mastering à la maison, nous aurions tendance à vous conseiller de ne pas trop vous faire de nœuds au cerveau sur la question. À partir du moment où vous en utilisez un, ce n’est déjà pas si mal. Cependant, pour ceux qui voudraient en savoir plus sur le sujet, nous vous conseillons grandement la lecture de ce document gratuit (mais en anglais) proposé par iZotope.
Tools of the trade
Comme nous l’avons déjà vu, la plupart des séquenceurs offrent la possibilité d’introduire des algorithmes de dithering lors de l’export de vos titres. Certains limiteurs intègrent également cette fonction. Il existe cependant quelques plug-ins spécialement conçus pour accomplir cette lourde tâche :
Un petit rappel avant de finir : ne JAMAIS appliquer plusieurs couches de dithering, une seule suffit !