Avant le HD 515, il y avait le 150 ! Et l'on s'est demandé ce que ce modèle précédent (mais toujours d'actualité) pouvait nous réserver comme surprise ? Voici donc un petit test en guise de comparatif...
Lors du test du HD 515, je mettais en avant leurs apparentes similarités. Vous m’excuserez de me citer moi-même : « même taille de transducteur, même impédance, même sensibilité SPL, même couverture en fréquence… Je remarque aussi, d’après la photo, que les deux casques partagent également une majorité de pièces mécaniques (même arceau, mêmes fourches, même câble…). On s’interroge… »
S’interroger, on l’a assez fait pour avoir envie d’aller voir si, bel et bien, il existait une différence mesurable entre les deux produits. C’est donc parti pour un test en miroir : le HD 150, simple ancêtre du 515 ?
Spécifications
Le HD 150 est un casque de type circumauriculaire, fermé, avec un transducteur dynamique. La taille du transducteur est de 45 mm.
Les spécifications annoncées par le constructeur sont les suivantes :
- impédance : 32 ohms
- réponse en fréquence : 10 Hz — 26 kHz
On remarque donc que le casque est apparemment très proche du HD 515 sorti récemment, à l’exception de la forme de l’écouteur. Pour comparaison :
Et en effet, une fois le casque dans les mains, on se rend compte qu’il n’y a rien de plus à constater : le HD 515 constitue bien une sorte de relecture esthétique, ou de variation minime si l’on veut, du HD 150. Se pose alors la question : si leurs constructions sont en grande partie similaires, leurs sonorités sont-elles égales ? Qu’est-ce qui les dissocie ?
Le câble fait 3 mètres avec une fiche jack 3,5 mm TRS et son adaptateur 6,35 mm, et elle est détachable grâce à une terminaison jack 3,5 mm TRS, sans baïonnette. sa gaine est assez épaisse et pas trop souple, et donne plutôt confiance quant à sa longévité. Toutes les connectiques sont serties, donc impossible à démonter (pour les changer, il faudra couper le câble).
Démontable ?
Oui, partiellement,
On commence en retirant les coussinets :
Ce qui permet de découvrir une plaque de fixation totalement similaire à celle du HD 515. On ôte alors les quatre vis :
Puis les trois vis du couvercle protégeant le HP :
Et l’on peut alors découvrir un transducteur fixé avec de la colle, et des soudures, plutôt bien faites, couverte d’un époxy.
Par ailleurs, on retrouve encore la connectique jack femelle démontable, et donc remplaçable :
Confort
Agréable, car le casque est assez léger, mais…
Le petit problème de la taille des écouteurs se retrouve ici, comme sur le 515 : les écouteurs entourent tout juste les oreilles, et quelqu’un avec des oreilles un peu larges aura peut-être un peu de mal à garde les écouteurs autour du (circum-) et non sur (supra-) le pavillon.
Très correcte, le casque répond tout à fait aux attentes qu’on peut avoir d’un casque de prise, par exemple.
Transport
Ni sac, ni mallette, bien entendu dans cette gamme de prix, et le casque ne se plie pas : il prend donc de la place, et risque de prendre des coups. Toutefois, comme remarqué au début de la présentation, il est fabriqué dans des matériaux apparemment très solides, donc on ne s’inquiète pas trop pour sa durée de vie.
Benchmark
Voici donc notre protocole de mesures objectives, mené par nos soins afin de compléter l’écoute subjective. Avec l’aide précieuse de notre testeur EARS de MiniDSP, nous avons le plaisir de pouvoir vous fournir des courbes de réponse en fréquence et distorsion, réalisées dans notre atelier.
Réponse en fréquence :
À ce point de l’article, on se demande donc si l’on va découvrir une différence importante.
Et là, est-ce une surprise ? On trouve une courbe assez similaire :
- Un profil très linéaire,
- Une accentuation entre 2 et 3 kHz
- Un creux entre 4 et 5 kHz
- Un creux à 10 kHz
- Une bonne continuation jusqu’à 20 kHz
Pour référence, je donne ici la courbe du 515 :
À n’en pas douter, c’est grossièrement la même courbe, avec des différences mineures qui peuvent être aussi bien attribuées aux aléas du test qu’aux légères différences qui existent entre des transducteurs malgré la standardisation de leur fabrication.
Toutefois, attention :
Distorsion :
La distorsion mesurée est supérieure à celle du HD-515, et cela sur tous les essais effectués, et sur les deux oreilles : sur le HD 515 on descend jusqu’à 0,01 % à 700 Hz, tandis que le 150 ne passe jamais en dessous de 0,025 % sur toute sa courbe.
On a donc ici une différence claire, et nous la notons donc, même si nous ne pouvons pas dire à quoi l’attribuer.
Écoute
Richard Hawley — Don’t Get Hung Up In Your Soul (sur Truelove’s Gutter)
Une ballade acoustique, avec beaucoup de réverbe et une différence de dynamique importante entre la voix et la guitare. Dès l’intro, le haut médium paraît en avant, avec un creux perceptible dans l’aigu, compensé par le très aigu : on a donc du détail, mais une légère résonance, qui donne une impression parfois un peu nasale sur la voix. Pour ce qui est du reste du spectre, c’est plutôt bien, avec des basses présentes, mais pas trop, et des médiums bien rendus.
Sun Kil Moon – Butch Lullabye (sur Common As Light And Love…)
Sur l’intro, on doit entendre à la fois les notes graves, les harmoniques médiums ajoutées par la distorsion, l’attaque légèrement piquée des notes, tout en séparant bien la grosse caisse qui sonne assez sèche et médium. La basse est vraiment très bien traitée, bien séparée de la batterie, et avec pas trop de « gras », détaillée, assez précise. Beaucoup de détail dans l’aigu, mais cette même impression d’une résonance nasale vers 2,5 kHz. On se dit : casque intéressant pour la prise, avec des basses bien rendues, mais sans trop de sub, des aigus en avant, mais attention au rendu de la voix, un peu fatigant.
Un titre avec beaucoup d’extrême grave, mais qui ne doit jamais masquer les nombreux détails dans le haut médium et l’aigu. L’impression précédente se précise : en effet, on imagine bien faire de la prise avec ce casque, à la fois pour son détail (charley, shakers, cerclage, craquements de disques très en avant) et pour son rendu des graves, présents, mais pas trop envahissants. En revanche, même réflexion que précédemment (et même que pour le HD 515, mais ça on s’en doute) un côté « nez pincé », une résonance en cloche sur la voix qui la met en avant, mais avec un timbre coloré de manière exagérée.
Charlie Mingus – Solo Dancer (sur The Black Saint And The Sinner Lady)
Voilà un morceau avec beaucoup de soufflants jouant dans des tessitures similaires : c’est très touffu et le but est d’essayer de discerner les timbres. Sur ce morceau, le HD 150 donne un ensemble un peu criard, toujours à cause de cette accentuation un peu trop forte du haut médium. On lui trouve toutefois du détail, juste ce qu’il faut sans être fatigant (comme pour le 515, les cymbales sont en avant, mais pas trop, ce qui donne un drive très clair au morceau, mais jamais envahissant) et des basses assez bien rendues, sans grand détail, mais sans effet de brouillage du reste du mix.
Edgar Varèse — Ionisation (New York Philharmonic, dir. Pierre Boulez)
Ici on cherche à juger de l’image stéréo et du suivi de la réverbération naturelle de la salle, qui joue sur l’impression d’espace. L’écoute se fait entre 0 h 30 et 1 h 15 min. On reste sur notre même impression : ça a du punch, de la présence, et du détail, même s’il y a une coloration un peu nasale. Bien sûr, sur un morceau de ce type, sans voix, sans instrument particulièrement mélodique, cela passe nettement mieux, et l’on remarque alors que le casque se tire très bien des différentes dynamiques, et qu’il bénéficie surtout de basses présentes, mais assez retenues pour faire prévaloir le rendu de l’attaque sur la profondeur.
Conclusion
Ici, on pourra plus ou moins reprendre ce que l’on avait conclu du HD-515 : une présentation sonore assez peu fatigante, du grave, des timbres précis, des voix mises en avant grâce à la bosse à 2 kHz, mais un peu trop colorées, ce qui peut donner une impression parfois étrange, et ne permettra jamais d’utiliser ce casque pour un travail plus loin que la prise, ou le prémix (et encore), un peu trop de graves par moment, et des aigus jamais trop en retrait, ni trop en avant. Alors, comme nous l’avions dit précédemment, pourquoi pas pour de la prise, pourquoi pas pour un travail rapide de prémix au court d’une séance d’enregistrement, un outil quotidien ni trop spécialisé pour telle ou telle tâche, ni d’une qualité particulièrement élevée, mais qui rend service.
