Alors que moins de trois années s’étaient écoulées entre les sorties des Push de première et deuxième génération, il aura fallu attendre plus de sept ans pour voir enfin débarquer la 3e version. L’attente fut longue, mais la récompense pour les utilisateurs d’Ableton Live est à la hauteur des plus folles espérances. Mode autonome, matrice de pads compatible MPE, les nouveautés sont marquantes et tournées vers de nouvelles façons de faire de la musique.
À l’annonce du Push 3, certains ont pu être déçus. Et pour cause, au premier coup d’œil, les nouveautés ne sont pas évidentes à discerner. On aperçoit bien un nouveau jogwheel en haut à gauche du contrôleur, mais l’écran reste de même dimension et la disposition générale des boutons reste peu ou prou identique. Il en va de même du format et de la finition globale.
Mais lors de la présentation du produit, l’équipe Ableton reste pourtant sûre d’elle. On commence doucement avec les quelques nouveautés mineures ici et là, et d’un seul coup, le mot est lâché : autonome. Oui, une version autonome, c’est à dire fonctionnant sans ordinateur, est proposée, en plus de la version « standard » classique. La promesse est belle, même si elle intervient après la concurrence (Akai MPC et Maschine+ de Native Instruments). Reste à voir ce que cela vaut dans les faits, comment cela marche exactement, quelles sont les possibilités et limites. C’est ce que nous allons voir tout de suite…
Intel inside
Même si cela peut paraitre un peu dur, nous allons commencer par deux grosses limites par rapport à un Ableton Live tournant sur un ordinateur classique, sous macOS ou Windows.
La première, plus liée à l’ergonomie générale du Push 3 qu’à un problème technique, concerne le mode arrangement qui est purement et simplement non disponible. Il faudra donc faire avec le mode Session, ce qui nous semble malgré tout assez logique. En effet, la version autonome du contrôleur se destine, d’après nous, plus à une utilisation scénique et justement « Live » qu’à une utilisation studio et donc le choix du mode Session nous semble tout à fait adapté. De plus, l’ergonomie du mode arrangement aurait été compliquée à intégrer que ce soit au niveau des contrôles que de l’affichage. C’est donc une limite compréhensible, mais qu’il est important de connaître avant achat.
Après la première mise sous tension, on nous propose d’associer le Push 3 avec un compte Ableton et d’installer les packs disponibles. Tout ceci est un peu laborieux, vu qu’il faut deux clics par pack (un pour télécharger et l’autre pour l’installer), le tout se faisant directement sur le Push 3 qui se connectera au réseau WiFi. On aime en revanche le transfert des projets qui se fait simplement sur l’interface du Live installé sur votre ordinateur. Le Push 3 connecté au même réseau local apparait directement dans la colonne de gauche du logiciel et tout se fait via glissé/déposé pour une expérience utilisateur parfaite.
Genoux chauds et gros kilos
Une dernière chose intéressante pour les utilisateurs d’ordinateurs : la version Standard pourra être alimentée via le connecteur USB-C et donc s’affranchir de bloc secteur. Vu l’autonomie des MacBook récents, il sera préférable d’opter pour un couple Push 3 Standard + MacBook pour une autonomie record.
Glissandos et vibratos
Dans les faits, cela ajoute une expressivité inégalable et le jeu sur pad n’a plus rien à voir avec le Push précédent. Des glissandos sont aussi possibles entre deux pads situés sur la même ligne, le son étant totalement ininterrompu pour un rendu parfait et une utilisation très naturelle. Vous pourrez aussi faire des glissandos d’accords, le mode diatonique de Push 3 permettant d’enchainer des accords mineurs vers majeurs ou inversement, et ce très facilement ! Les kits de batterie profitent aussi de cette avancée avec notamment des charleys qui s’ouvrent plus ou moins suivant la position de notre doigt sur le pad, leur précision étant assez étonnante.
La seule réserve concerne les vibratos, qui ne sont pas évidents à exécuter et dont le résultat sonore reste peu naturel. Nous sommes loin d’un clavier comme l’Osmose à ce niveau-là, la faute à des pads immobiles là où une corde de violon, de guitare ou une touche d’Osmose suit physiquement le mouvement du musicien. On voit mal cependant comment Ableton aurait pu faire autrement, et les exemples manquent dans l’industrie, la marque étant la première à proposer une matrice de pads compatible MPE, rappelons-le.
Une autre remarque concerne le relatif manque de presets et instruments compatibles (Drift, Wavetable et Simpler) avec la norme MPE, même si cette tendance est générale à l’industrie. Gageons que l’offre, grâce à des produits récents comme l’Osmose ou le Push 3, se développe à l’avenir.
Un Push écolo ?
L’ultime point fort de la communication d’Ableton concerne la réparabilité et l’évolutivité du produit. En effet, il est annoncé qu’une partie des pièces constituant l’ordinateur intégré, comme le processeur, la mémoire vive ou le système de stockage, pourra être remplacée facilement dans le futur par l’utilisateur à l’aide d’un simple tournevis, que ce soit pour remplacer une pièce défaillante ou pour faire évoluer son bébé afin d’augmenter le stockage ou la rapidité de calcul. Cerise sur le gâteau, les acquéreurs de la version standard pour faire évoluer leur Push 3 en version autonome à la fin de l’année pour une somme de 1000 €. C’est une excellente nouvelle pour les indécis ou pour celles et ceux qui sont désireux d’échelonner leurs dépenses.
On termine avec quelques informations intéressantes : les prises pour les pédales sont aussi compatibles CV/Gate, ce qui ravira les utilisateurs de synthés modulaires voulant mettre le Push 3 au cœur de leur système. Aussi la prise USB-A située à l’arrière pourra accueillir n’importe quel clavier contrôleur afin d’avoir un « véritable » clavier de piano à disposition. Cette prise ne permet a priori pas (pour le moment) de brancher un SSD externe ou une clé USB, ce qui aurait autorisé l’échange de fichiers entre deux Push sans avoir à passer par un ordinateur.