Malgré le fait que la marque allemande Monkey Banana existe depuis 2010, aucune de leurs enceintes n’était passée sur le grill d’Audiofanzine. C’est désormais chose faite avec la Turbo 6, enceinte de 6,5 pouces au design pour le moins original… Il ne nous reste plus qu’à éplucher la banane !
Que ce soit au niveau de la forme que de la couleur, il est clair que ces Monkey Banana ne tentent pas de « singer » (il fallait que je la fasse, désolé) une autre marque. L’identité du constructeur est forte et son stand ne manque pas, à chaque Musikmesse, d’accrocher notre regard avec toutes ces boites de couleur vive accrochées et empilées dans cette jungle artificielle de quelques mètres carrés. Nous étions donc ravis d’apprendre que ces enceintes allaient être distribuées dans l’hexagone. Enfin, nous allions pouvoir mettre une identité sonore derrière cette identité visuelle !
Banana split
Une fois sorties de leur boite, ces enceintes nous séduisent de prime abord grâce à leur finition rouge pétante, leur forme hexagonale et leur qualité de construction indéniable. Le revêtement granulé nous semble extrêmement solide et peu sensible aux rayures. Les dimensions de la boite sont de 365 × 322 × 449 mm pour un poids de 9,1 kg. À l’allumage, le petit logo Monkey Banana s’illumine et permettra de voir si les enceintes sont sous tension. En effet, elles disposent d’une mise en veille automatique, ce qui est plutôt bienvenu vu que l’interrupteur de mise sous tension se situe à l’arrière. Sur cette face se placent aussi l’évent bass reflex agissant sous les 60 Hz et les différentes entrées analogiques (XLR/Jack TRS et RCA) et numériques (S/PDIF au format RCA). À noter qu’il est assez rare d’avoir des entrées numériques sur des enceintes de ce prix. Côté réglages, on dispose d’un contrôle de volume et de deux filtres +/- 6 dB à 100 Hz et 10 kHz. On n’a donc rien pour les moyennes fréquences, on espère qu’elles seront équilibrées ! À l’intérieur de la boite, on retrouve deux amplis de 60 et 30 Watts, alimentant respectivement le boomer de 6,5 pouces et le tweeter type dôme de soie de 1 pouce. La fréquence de coupure a été placée à 3 kHz.
Écoute
Il n’y a plus qu’à écouter ! Pour cela, nous les avons mises en face des LYD 7 de Dynaudio, équipées elles aussi de boomer de 6,5 pouces. Leur prix est deux fois supérieur (environ 300 contre 600 € pièce), mais elles nous permettront de mettre en évidence les éventuels qualités et défauts des Turbo 6. Pour l’écoute, nous utilisons notre Apollo 8 d’Universal Audio qui nous permet via le bouton « Alt » de passer d’une paire d’enceintes à l’autre très rapidement. Il ne nous reste plus qu’à lancer les fichiers non compressés…
Johnny Cash – Hurt
Avec cette chanson, on porte notre attention en premier lieu sur la voix de Cash qui donne déjà beaucoup d’informations sur les Turbo 6. Lorsque l’on passe des LYD 7 aux Monkey Banana, les sibilances prennent beaucoup plus d’importance, et le bel équilibre bouche/nez/coffre que l’on avait sur Dynaudio est déformé sur les Turbo 6. On entend clairement que le registre des 3/6 kHz est plus accentué, notamment sur les cordes de guitares et les sons provenants de la bouche du chanteur, mais il manque surtout quelque chose dans le bas médium, aux environs de 600/1 000 Hz. C’est flagrant sur la voix, avec un bout de la nasalité et du coffre/torse en moins et une image qui grimpe sur un axe vertical. Les fréquences aiguës et les graves nous semblent pour le moment équivalentes, mais la spatialisation et la précision de l’image centrale est clairement moins bonne sur les Monkey Banana, le côté plus fantomatique et désincarné de la voix y est sans doute pour beaucoup… Côté dynamique en revanche, rien à redire.
Michael Jackson – Liberian Girl
Sur les nappes de l’introduction, les notes les plus basses, dans le registre des bas médiums, passent un peu à la trappe sur les Turbo 6. Autre information importante dans le très haut du spectre, les Dynaudio semblent plus développées, cela s’entend notamment sur les réverbes. Difficile en revanche de dire si c’est une qualité ou un défaut. Quand la voix arrive, on a le même sentiment que sur la chanson précédente, avec un son très désincarné, où les sibilances dominent, avec des « s » et des « ch » beaucoup plus marqués, à la limite du pénible. Les voix restent le parfait exemple pour l’équilibre des moyennes fréquences qui nous semble ici un peu faussé. Les hauts médiums prennent clairement le dessus sur les bas médiums et le passage des LYD 7 aux Turbo 6 fait très mal à ces dernières. C’est sans appel, les Monkey Banana souffrent d’un problème au milieu du spectre, et il ne pourra malheureusement pas être corrigé avec les réglages situés à l’arrière…
Gorillaz – Feel Good Inc.
On termine avec cette chanson de Gorillaz qui nous permettra d’étudier de plus près le bas du spectre et notamment la réponse de la basse et du kick. Les Turbo 6 s’en sortent ici très bien, avec un bas très lisible, qui ne traine pas et qui descend même un peu plus bas que les Dynaudio qui s’arrêtent à 70 Hz alors que les enceintes rouges commencent à décliner autour de 60 Hz. C’est donc un très bon point pour les Turbo 6, d’autant plus que l’autre extrémité du spectre, à savoir les hautes fréquences à partir de 6 kHz nous semblent aussi précises et équilibrées. Sur le passage avec la voix et la guitare ayant un effet « radio », les Banana rappellent encore une fois leur faiblesse au milieu du spectre.
Pour résumer, les Monkey Banana retranscrivent sans problème le bas du spectre en dessous de 500 Hz et le haut du spectre à partir de 6 kHz. Entre les deux, c’est plus compliqué avec un déséquilibre entre les bas médiums (600/1 000 Hz) et le haut médium (3/6 kHz) qui reste flagrant sur pas mal d’instruments et notamment les voix qui demeurent centrales sur bon nombre de productions musicales. Difficile donc pour nous de conseiller ces enceintes pour le mixage, car pour le même prix les Presonus R65 et Focal Alpha 65 nous semblent plus appropriées, et il est même possible d’en trouver des moins chères, qui resteront d’après nous plus fiables en home studio, comme les Yahama HS7 ou les Eris 8 de PreSonus.
Conclusion
On en attendait beaucoup et nous sommes finalement un peu déçus par ces Turbo 6. Pourtant, cela commençait sous les meilleurs auspices avec un look et une qualité de construction au top, une entrée numérique, une mise en veille automatique et des fréquences basses et aiguës très bien reproduites. Malheureusement, c’est dans le milieu du spectre que les Monkey Banana pêchent, avec un déséquilibre qui saute aux oreilles dès les premières écoutes entre le haut et le bas médium. Des réglages sont bien disponibles derrière l’enceinte, mais ils ne vous seront ici d’aucune aide pour corriger ce souci qui restera, pour le mixage et la production musicale, majeur.