En réponse à l'offre fleurissante des pédales boutique, depuis quelque temps, pour certains fabricants ayant fait date dans l'histoire de la 6 cordes, l'heure est à la refonte de modèles mythiques. Pourquoi ? Parce que telles des chips à l'ancienne, ça sent bon le temps où tout était fait main. Electro-Harmonix ne fait pas exception et après s'être attaqué à ses propres modèles, voici une réadaptation d'un circuit des années 70.
New York City Goodies
La Flatiron Fuzz, en référence à un des symboles de New York, berceau d’Electro-Harmonix, se pare d’une photo sérigraphiée assez cool sur sa face avant. Espérons que celle-ci ne subisse pas trop facilement les outrages du temps/chocs inhérents à une vie de pédale de guitariste. Elle est livrée avec une pile et le son se triture via 3 réglages : Vol. – Filter – Drive, pas plus. Sur son site ou dans des démos vidéo, Electro-Harmonix ne s’en cache pas et la décrit comme leur version de la RAT2 mais en mieux. La RAT est une pédale de la marque ProCo Sound produite à l’origine vers la fin des années 70, une pédale avec un grain très saturé plus ou moins concurrent de la Big Muff. Très appréciée, elle figure sur un grand nombre d’albums, de Radiohead à Metallica.
Côté réglages, le Filter est en fait un filtre coupe-haut qui va couper les médiums et les aigus progressivement en changeant la fréquence d’action. L’oreille préférant les médiums et les aigus, cela donne une impression de réduire le volume et la saturation en faisant réapparaitre les basses. Le Drive sature le signal assez progressivement de 0 à la moitié, mais après, l’augmentation est légère pour la 2e moitié de la course du potard. C’est un peu dommage, on aurait aimé que le gain augmente encore, jusqu’à pourquoi pas, un son vraiment très sale.
Nous avons testé avec une PRS Custom 22 branchée dans une tête Diezel Einstein, sur le canal clair avec les 3 EQ à 50 % pour laisser place au son de la pédale. Un mélange de SM57 devant et Audix D2 à l’arrière d’un haut-parleur Celestion V30.
RAT-IRON
- flatiron_light_dirt_cho01:33
- flatiron_all_12_o’clock00:51
- flatiron_all_max01:03
- big_muff_flatiron_rock_midtone_101:41
- big_muff_lead_flatiron_rhy_st_101:53
Comme pour la RAT, la saturation s’opère en hard clipping symétrique, qui tranche dans l’onde sonore sans états d’âme et produit un son assez saturé. Ceci étant, nous l’avons trouvée plus proche d’une saturation d’ampli, on sentira le côté fuzz une fois le Drive vraiment poussé. D’ailleurs, difficile de ne pas la comparer à la star de la marque, la Big Muff. C’est moins sale, mais pas moins agréable. Nous avons été particulièrement séduit par un réglage avec peu de Drive. On obtient une sorte de son presque clair, juste un peu sale qui rappelle un vieil ampli doté d’un seul canal, pas destiné à saturer, mais qui, poussé trop fort, salit agréablement le son. Comme une Blues Driver de Boss, on pourra l’utiliser en boost de canal saturé, rajoutant ainsi une réserve de gain à l’ampli.
En micro simple, les rythmiques funk jouées demandant de la dynamique y trouvent leur compte sans problème, restant à peine « dirt » sur des notes seules et saturant sur 2 ou 3 notes simultanées. Les arpèges pop/rock ressortent clairement et le tout réagit bien aux attaques de médiator. Les attaques douces produisent un son presque clair et les attaques fortes saturent, c’est très musical. Nous y avons ajouté un léger chorus en pédale de TC-Electronic et le résultat est très plaisant.
Passons au vif du sujet en augmentant les réglages. Tout au milieu, c’est déjà bien saturé et assez propre pour une fuzz. Le bas est très bien rendu, c’est puissant, idéal pour un gros rock ou du stoner. En augmentant encore le Filter le son devient plus aigu et il est plaisant de remarquer que les basses apparaissent sur des power chords et disparaissent sur des accords plus aigus, c’est encore une fois très musical. Il ne fait aucun doute que la plupart des réglages trouveront leur place dans un mixage. Ni les basses, ni les médiums ne viennent gêner l’ensemble. Attention toutefois au filtre réglé très proche du maximum qui, additionné à une wah par exemple, risque de titiller un peu trop le tympan. Pour revenir à la comparaison avec la Big Muff, nous les avons testés ensemble en jouant d’abord le même riff avec à peu près le même taux de saturation et ensuite avec la Flatiron en rythmique crunch et la Big Muff en lead. Mariage réussi !
Comparée à sa grande sœur (RAT2), le son est plus plein, plus gros, mais aussi plus facilement étouffé, la RAT2 étant plus médium, plus tranchante. Le filtre semble couper les aigus plus tôt dans sa course. Notons d’ailleurs que sur la RAT, le Filter fonctionne à l’inverse de la Flatiron, rendant le son plus étouffé, plus grave avec le réglage au maximum.
CONCLUSION
D’après Electro-Harmonix il s’agit de la même mais en mieux… de notre point de vue ce n’est pas vraiment le cas. Alors la Flatiron Fuzz a-t-elle un intérêt ? Oui. C’est une très bonne pédale. Est-elle mieux que la RAT2 ? Non… Est-elle moins bien que la RAT2 ? Non plus. Étant un peu moins chère, elle en séduira peut-être certains par cet aspect, même si la RAT2 reste attractive. Légèrement différente de l’originale, elle se fera le parfait allié d’un Fender Twin Reverb ou d’un Peavey Classic 30. Et si les utilisateurs d’amplis à haut niveau de gain en auront peut-être moins besoin, elle pourra quand même sauver des situations où la tête chérie est intransportable.