La plus grande des minis, la voici : 4e du nom, la grande Minifuse d'Arturia arrive cette semaine sur notre établi, pour nous révéler ses plus et ses moins. Est-ce l'aboutissement de notre quête de la baleine blanche ?
Car blanche, elle l’est : nous avons, en effet, eu le plaisir de recevoir à notre atelier une Minifuse 4 dont la robe d’albâtre (n’ayons pas peur d’être poétiques) tranche fortement avec les couleurs sombres que l’on rencontre souvent chez ses concurrents : à part la M-Caster Live de Mackie et la M-Track MK2 de M-Audio, nous ne connaissons pas d’autres exemples actuels… C’est un choix intéressant !
Revenons un peu en arrière. Il y a un an, nous testions les modèles 1 et 2, qu’Arturia qualifie respectivement de « portable » et de « flexible ». Nous en avions souligné les qualités, à savoir de très bons résultats à la mesure, un bundle plus que généreux, et une prise en main rapide et sans prise de tête. D’un point de vue négatif, nous avions remarqué que l’interface était trop légère pour l’utilisation de câbles lourds, et que son logiciel Control Center était assez limité. Lesquels de ces points retrouverons-nous sur la Minifuse 4 ? Qu’est-ce qui a évolué en mieux ? Ou en moins bien ? Nous allons le découvrir dans cet article, mais avant d’en arriver là, procédons au déballage de cette interface…
Déballage
Immédiatement, on découvre une interface de 250 mm de largeur sur 85 mm de profondeur, faisant 570 g, plutôt petite et légère donc, sûrement moins portable que les versions 1 et 2, mais qui reste tout à fait maniable. Elle est accompagnée de très peu d’accessoires, simplement un câble USB-A vers USB-C, et une alimentation, utile seulement au cas où votre ordinateur ne pourrait pas fournir le courant nécessaire…
Nous avons l’impression (mais peut-être est-ce une illusion) que le boîtier est construit de façon plus robuste que pour les versions 1 et 2. Comme nous avions sous la main une Minifuse 2, nous avions un moyen de comparer, et en effet la 4 semble avoir un boîtier plus épais… En tout cas, elle est plus stable, et supporte mieux l’usage de longs câbles pesants.
Comme à notre habitude, procédons à une description rapide des faces avant et arrière de l’appareil. À l’arrière on trouve, à part l’habituelle connectique de raccordement à l’ordinateur, quatre sorties au format Jack TRS 6,35 mm, dont deux sont notées gauche et droite et constituent les sorties principales. À côté on trouve deux entrées ligne au format Jack TRS 6,35 mm, qui correspondent aux entrées 3 et 4. Comme sur la Minifuse 2, on retrouve l’entrée et sortie MIDI au format DIN 5 broches, ainsi que le hub USB.
Comme vous le voyez ci-dessus, sur la face avant on accède aux entrées 1 et 2, sur combo XLR Jack TRS 6,35 mm, avec pour chacune un potentiomètre de gain et un sélecteur de circuit d’entrée à haute impédance, pour les guitares et basses électriques. Un sélecteur 48 volts fournit l’alimentation fantôme. Depuis la face à l’avant on gère également les niveaux de sortie, avec l’habituel « gros bouton » pour atténuer les sorties moniteurs. Au passage, remarquons que chaque paire de sorties (1 et 2/3 et 4) a droit à son Vumètre indépendant. Deux sorties casque complètent les options de monitoring, chacune avec son volume. Pour finir, sur la droite, on remarque un bouton « A » dont nous décrirons la fonction dans la partie suivante.
En conclusion de cette partie, nous voulons mettre en avant quelques particularités de cette interface. En premier lieu, les entrées 1 et 2 sont des entrées micro/instrument, et les entrées lignes à proprement parler sont situées à l’arrière, sans contrôle de gain accessible depuis l’interface. Cette position à l’arrière, même si elle résulte d’un compromis nécessaire (sinon, on les aurait mises où ?) nous a malgré tout paru poser quelques difficultés à l’usage, avec la séparation entre deux entrées à l’avant et deux entrées à l’arrière. L’absence de contrôle de gain pour ses entrées est symptomatique : en conservant le design sobre des modèles 1 et 2 pour cette interface qui possède pourtant beaucoup plus d’entrées et de sorties (et en évitant l’usage d’un écran permettant la sélection de différentes fonctions) Arturia fait clairement le choix d’un appareil pour lequel les contrôles se manient au moins à 50 % à travers le logiciel. Ce qui est une façon de nous amener à la partie suivante…
Logiciel
La Minifuse 4 permet enfin de se servir un peu plus en profondeur du logiciel MFCC (Minifuse Control Center) qui accompagne toute la gamme. En effet, cette interface d’une approche un peu plus « pro » n’est que l’objet externe permettant les branchements et quelques réglages, le « vrai » routage des entrées, des sorties et des différentes tranches et retours se fait véritablement dans le software.
Le premier onglet, ci-dessus, nommé inputs, n’offre que peu de contrôle, mais il permet tout de même de contrôler les niveaux des entrées analogiques, et pour les deux entrées ligne, de régler le gain. Ce point nous a, encore une fois, paru l’aspect le plus confus de cette interface : deux entrées dont le gain se règle exclusivement sur le hardware, et deux autres entrées où le gain se règle exclusivement sur le logiciel. Ce n’est, à notre avis, pas intuitif, là où, par exemple, le sélecteur 48V peut être activé depuis le logiciel comme depuis l’interface.
Notons par ailleurs la fonction intéressante du bouton « A » qui permet, non seulement, de mettre l’interface en veille lorsqu’on le garde enfoncé quelques secondes, mais qui surtout permet, d’une pression courte, d’ouvrir ou de ramener au premier plan le logiciel MFCC. Pratique quand on doit régler des paramètres aussi cruciaux que le gain d’entrée depuis le logiciel.
Le second onglet, outputs, permet de router les entrées vers les sorties, et de régler leurs équilibres réciproques. Ci-dessous on voit les sorties 1 et 2 recevant les signaux provenant des entrées 1, 2, 3 et 4 indépendamment, plus le signal de retour de la STAN sur les canaux USB 1 et 2. Comme on le voit sur l’image suivante, on peut aussi sélectionner les entrées micros et ligne comme des couples stéréo. Pour finir, on voit bien sur ces images l’existence d’un canal « loopback », dont la nécessité a été accrue par les nouveaux usagers actuels (les créateurs de contenu numérique).
Quant au bundle, c’est toujours aussi généreux : en plus d’Ableton Live Lite, Arturia vous offre son propre Analog Lab Intro, avec 500 presets des instruments de la Collection 5, et les plugins Arturia FX, 4 émulations d’effets de modulation vintage (chorus, réverbe à plaque…). À cela, vous pouvez ajouter les émulations de guitares, d’amplis et de haut-parleurs de Native Instruments. De plus, pour une durée plus limitée, vous recevrez une inscription gratuite de 3 mois à Auto-Tune, et un abonnement à Splice Creator.
Passons au benchmark.
Benchmark
Précisons-le d’abord, la Minifuse 4 travaille dans une résolution max de 24 bits/192 kHz. Un petit tour du côté de RTL Utility nous apprend que la latence réelle est la suivante :
En mettant le buffer sur 256 samples en 88 kHz, le logiciel remonte une latence de 10,125 ms.
En mettant le buffer sur 256 samples en 96 kHz, le logiciel remonte une latence de 9,740 ms.
En mettant le buffer sur 256 samples en 192 kHz, le logiciel remonte une latence de 4,922 ms.
En mettant le buffer sur 128 samples en 88 kHz, le logiciel remonte une latence de 5,658 ms.
En mettant le buffer sur 128 samples en 96 kHz, le logiciel remonte une latence de 5,417 ms.
En mettant le buffer sur 128 samples en 192 kHz, le logiciel remonte une latence de 4,927 ms.
Afin de tester l’interface, nous avons fait un benchmark avec notre fidèle APx515 d’Audio Precision (lien). Comme d’habitude, nous publions les résultats obtenus en THD, rapport signal/bruit et déviation des voies, pour les entrées et sorties analogiques. Pour toutes les configurations, je règle le gain pour obtenir le meilleur résultat possible.
Gain max constaté : 71.310 dB, elle en a sous le pied !
Commençons par les entrées ligne :
Déviation : ±0,090 dB, excellent ! À peine moins bien de la Minifuse 2 que nous avions testée, mais ça reste absolument excellent, bien en dessous de 1 dB.
THD : très bon aussi, 0,0005 % jusqu’à 1,5 kHz, puis une montée vers 0,001 %. Rien à redire !
Rapport signal/bruit : 104,772 dB.
Passons aux entrées micro :
Déviation : ±0,103 dB
THD : Un peu plus haut que l’entrée ligne, mais également plus homogène à 0,001% sur à peu près toute la ligne.
Rapport signal/bruit : 104,289 dB
Quid des entrées instrument ?
Déviation : ±0,111 dB
THD : Proche de l’entrée ligne à 0,0005 % en moyenne. Excellent !
Rapport signal/bruit : 101,281 dB
Conclusion
La Minifuse 4 ne nous a pas déçu. Certes, on formulera quelques critiques (par exemple les réglages de gain des entrées lignes réalisables exclusivement par le logiciel) qui, en vérité, relèvent plutôt d’une question de prise en main. On ne doute pas que, avec un peu d’expérience et l’usage du bouton « A », nous ne trouverons plus cette particularité autant « problématique ». On fait tous cette expérience, lorsque l’on passe d’un appareil à un autre : il y a toujours un temps d’adaptation qui fait que certaines choses peuvent apparaître comme des défauts qui, très vite, nous paraissent complètement naturels. En réalité, en regard des nombreuses possibilités d’entrée, de sortie, et de routage au sein du logiciel, pour un appareil d’une si petite taille, et avec d’excellents résultats à la mesure, nous n’hésiterons pas à dire que la Minifuse 4 est une excellente option, que ce soit au sein des produits d’Arturia ou face à la concurrence.