Voici donc la mise à jour de la Fireface 802 de RME, avec son suffixe FS, signifiant la mise à jour de l'horloge, mais l'interface a également reçu de nouveaux composants et bénéficie d'une latence améliorée. Penchons-nous sur les performances de cette "petite sœur" de l'UFX.
Dans sa version mise à jour, la 802 FS est donc une sorte de version « réduite » de l’interface UFX 2, dans sa version actuelle (car elle aussi a été mise à jour par le constructeur pour s’inscrire de façon cohérente dans leur gamme complète d’interfaces, mais cela de façon plus discrète que pour la 802).
Commençons par faire un tour de l’appareil, et de pointer du doigt ce qui change, ou pas.
Présentation
L’interface se présente en format 1U rackable. Elle bénéficie des habituelles qualités de fabrication de RME : solidité, très peu de plastique, connectiques fermement maintenues contre l’embase du châssis…
En façade on trouve :
- 4 entrées sur combo XLR/jack 6,35 mm TRS à l’avant, niveau ligne, micro ou instrument, avec alimentation 48V commutable séparément.
- Deux sorties casques, chacune avec son réglage de gain
- Un panneau de hui LED pour afficher l’état des envois/réception de données
À l’arrière :
- 8 entrées niveau ligne, sur jack 6,35 mm TRS
- 8 sorties niveau ligne sur jack 6,35 mm TRS
- 2 d’entrées/sorties ADAT supportant aussi le protocole S/PDIF
- 1 entrée et sortie AES/EBU
- 1 entrée et sortie MIDI au format DIN 5 broches
- Un port RME USB 2.0
- Un port USB pour contrôleur externe ARC USB
On peut remarquer quelques différences avec le modèle précédent :
Les sorties lignes sont désormais toutes couplées en courant continu. Elles permettent donc l’envoi de tensions de contrôle (VC, Gate) à des machines externes. On notera aussi au passage qu’une extension en fréquence jusqu’au continu assure théoriquement un meilleur rendu du grave.
Les sorties casques voient leur impédance baisser drastiquement (de 24 à 2 ohms) et leur gain augmenter très légèrement (de 16,8 à 17 dBu).
Les entrées instrument, à haute impédance, changent également, avec une impédance relevée de 800 kOhms à 1 MOhms.
La 802 FS reçoit également un nouveau port USB pour le contrôle externe par le contrôleur ARC USB et son mode Class Compliant est désormais débrayable grâce à un bouton situé à l’arrière. Les connectiques FireWire disparaissent.
Les E/S ADAT supportent désormais le mode S/PDIF.
On retrouve donc, dans les grandes lignes, ce que l’on connaît de la 802, mais avec, outre le passage à l’horloge SteadyClock FS, des petites améliorations/augmentations des capacités de l’appareil. On peut également ajouter, même si le sujet reviendra plutôt au moment des mesures, une annonce de résultats améliorés en latence (presque divisée par deux) et en THD sur les entrées ligne (de –110 dB à –120 dB). On est donc réellement en présence d’une remise à jour de l’appareil, non seulement avec des composants disponibles (vous aurez compris ce à quoi je fais allusion), mais avec des composants de qualité (légèrement) supérieure, et qui proposent quelques possibilités d’usage supplémentaires.
Nous dirons donc que, pour une présentation rapide, l’interface est très séduisante. Reste à voir ce que donnent les mesures… Mais avant cela, faisons un tour du logiciel.
Une seule chose manque : un encodeur pour régler le niveau de monitoring principal. Ce n’est pas crucial, mais c’est si rare que l’on en est surpris : au cas où l’on doit, pour le bien de ses oreilles, intervenir vite sur le volume, il y a donc intérêt à posséder la télécommande ARC USB, sinon… Avoir au moins un bouton de DIM ou de MUTE en façade serait bienvenu.
Logiciel
Ici, on nous excusera de réemployer en gros le même paragraphe que pour la Fireface UFX III, mais l’environnement logiciel et ses options de bases sont exactement les mêmes, et nos remarques dessus ne varient pas d’un test à l’autre.
Pour ce qui est du software, RME fournit l’ensemble TotalMix, en version ordinateur et tablette.
On ne pourra certes pas faire un tour complet du logiciel (on ne le peut presque jamais), mais cette fois-ci, encore moins que d’habitude : le logiciel est très complet et très puissant, et il requiert un vrai temps de prise en main à celui qui découvrirait l’environnement RME. Il serait impossible à entièrement résumer ici, nous nous contenterons de quelques éléments importants :
Il y a d’abord deux fenêtres principales : le mixer, qui comprend pratiquement TOUT, et la matrice de routage.
Dans le mixer, on trouve d’abord les entrées physiques (première rangée, en haut à gauche), puis les voies numériques (milieu à gauche) puis les sorties physiques (en bas à gauche).
Sur la rangée du haut, on voit plusieurs exemples d’affichage possible de la voie :
- « Normale »
- Avec l’onglet « réglages » ouvert, où l’on voit le passage de stéréo à mono, le réglage de la sensibilité max, le réglage du gain, l’envoi d’effet, et l’inversion de phase.
- Une tranche avec l’onglet EQ ouvert, trois types d’EQ (low shelf, notch, high shelf), les paramétrages des fréquences, du gain, du Q, puis un simple passe-haut, avec sa fréquence réglable, et sa pente.
- Une tranche avec l’onglet « dynamics » ouvert, avec les réglages de seuil et de ratio, plus le réglage de gain automatique.
- Une tranche complètement « repliée »
On remarque que des présets sont enregistrables pour l’EQ comme pour le compresseur. On remarque aussi que ces effets sont assignables sur les entrées et les sorties indépendamment, même les sorties casques ou monitoring.
Sur la partie droite du mixer, on a accès aux effets d’écho et de réverbe, disponibles sur les bus d’envoi (send), utilisables en temps réel lors des prises (DSP). L’usage d’un bus d’envoi permet de régler indépendamment le recours à ces effets dans chaque mix envoyé en sortie, ce qui peut être particulièrement pratique pour répondre aux besoins des musiciens avec lesquels vous travaillez. De façon générale, il est d’ailleurs possible d’assigner un mix unique à n’importe quelle sortie physique, indépendamment les unes des autres.
On a également accès aux « snapshots », c’est-à-dire des préréglages généraux mémorisés, qui vous permettent de travailler facilement sur plusieurs projets en même temps, et de travailler hors de votre studio également.
On ne fait que gratter la surface. Le système des onglets refermables est intéressant, mais peut vite devenir embrouillé pour celui qui ne pense pas bien à tout refermer hors usage. On dépasse vite la capacité d’affiche de la fenêtre, même en plein écran, et l’on se retrouve à beaucoup naviguer de droite à gauche pour retrouver des pistes aux deux points extrêmes (à moins de penser à complètement replier chaque voie inutilisée). Notons quand même qu’il est très intéressant que RME ait inclus la possibilité d’enregistrer sous forme de préréglage les états visuels du logiciel (quel onglet est fermé, lequel ouvert…) : onglet layouts presets (voir en bas à droite).
Quant au bundle, il n’y en a pas. On le mettra dans les points négatifs pour chipoter, et, car certains concurrents, dans la même gamme de prix, en incluent un. Ce manque incitera peut-être quelques utilisateurs à se tourner, par exemple, vers Antelope… Et cela peut se comprendre, selon les besoins de chacun, mais nous préférons dire combien, au vu de la « générosité » de l’appareil, cette absence ne nous a pas paru abusive pour autant.
Benchmark
Précisons-le d’abord, la 802 FS travaille dans une résolution max de 24 bits/192 kHz. Un petit tour du côté de RTL Utility nous apprend que la latence réelle est la suivante :
Le buffer sur 48 échantillons en 44,1 kHz, RTL Utility remonte une latence de 3,605 ms
Le buffer sur 64 échantillons en 44,1 kHz, RTL Utility remonte une latence de 4,331 ms
Le buffer sur 128 échantillons en 44,1 kHz, RTL Utility remonte une latence de 7,234 ms
Le buffer sur 256 échantillons en 44,1 kHz, RTL Utility remonte une latence de 13,039 ms
Le buffer sur 96 échantillons en 96 kHz, RTL Utility remonte une latence de 3,073 ms
Le buffer sur 128 échantillons en 96 kHz, RTL Utility remonte une latence de 3,740 ms
Le buffer sur 256 échantillons en 96 kHz, RTL Utility remonte une latence de 6,406 ms
Afin de tester l’interface, nous avons fait un benchmark avec notre fidèle APx515 d’Audio Precision. Comme d’habitude, nous publions les résultats obtenus en THD, rapport signal/bruit et déviation des voies, pour les entrées et sorties analogiques. Pour toutes les configurations, je règle le gain pour obtenir le meilleur résultat possible.
Gain max : 59 dB comme annoncé par RME, on peut dépasser un peu avec le gain de la STAN
Plage dynamique (pondération A) : 116,5 dB
Commençons par les entrées ligne :
Déviation : ±0,040 dB
THD+N : 0,001 % THD : 0,000 2 %
Rapport signal/bruit : 105,7 dB
Distorsion d’intermodulation : –100,63 dB
Passons aux entrées micro :
Déviation : ±0,045 dB
THD+N : 0,000 8 % THD : 0,000 4 %
Rapport signal/bruit : 106,7 dB
Distorsion d’intermodulation : –98,930 dB
Qu’en est-il de la sortie casque ?
Déviation : ±0,049 dB
THD+N : 0,000 9 % THD : 0,000 5 %
Rapport signal/bruit : 106,708 dB
Distorsion d’intermodulation : –95,954 dB
Conclusion
Remarquons déjà la qualité des mesures : on est au même niveau (grosso modo) que l’UFX III qui coûte pratiquement 1000 euros de plus.
C’est-à-dire que RME emploie des composants de qualité égale sur une grande partie de leur gamme, et les prix sont axés sur la quantité des spécificités (nombre d’E/S, l’enregistrement direct sur support USB, gestion par écran… par exemple) plus que sur la qualité des composants employés.
Rien que pour cela, on donne un « award » Valeur Sûre à cette 802 FS, car l’on a vraiment été impressionné par le soin porté (extérieurement comme intérieurement) à une interface relativement simple d’approche, mais très complète (micro, ligne, instrument, ADAT, SPDIF, AES, Word Clock et MIDI) et dont on soupçonne qu’elle pourra servir sur le long terme, sans souci de longévité physique et sans éveiller de GAS, au vu de performances dignes des machines professionnelles.