Constituant la suite et le développement des premières interfaces que Solid State Logic avait sorties il y a 4 ans, voici la SSL 12 venue faire un tour sur notre bureau. L'occasion pour nous de lui demander ce qu'elle réserve, et de voir comment elle travaille.
Sortie il y a maintenant un peu plus d’un an, la SSL 12 de la marque Solid State Logic est venue compléter leur première gamme d’interfaces, qui pour l’instant se limitait aux modèles 2 et 2+. Elle reprend donc les grandes lignes directrices de ces premières interfaces, en leur ajoutant des entrées, des sorties et des options de routage du signal.
Si à l’époque la SSL 2 et 2+ avaient pu sembler constituer un modèle d’appel (ce qui ne nous avait pas empêchés de les trouver très enthousiasmantes), cette nouvelle mouture apparaît désormais comme la réalisation nettement plus aboutie de ce que promettaient Solid State Logic dès ses premiers pas dans le domaine des cartes son.
Présentation
Comme les deux interfaces qui l’avaient précédé, la SSL 12 présente une construction principalement réalisée en plastique, avec toutefois une couverture supérieure en aluminium brossé, et les fameux boutons colorés, inspirés de l’esthétique des consoles de la marque. Malgré la présence majoritaire de plastique, l’interface paraît plutôt solide, avec au moins une partie de ses boutons directement vissés sur l’embase du châssis (les potentiomètres, mais pas les connecteurs).
La plupart des contrôles sont situés sur la partie supérieure. On distingue :
- les quatre tranches, avec chacune son réglage de gain, son VUmètre à cinq segments, permettant de contrôler le niveau d’entrée et la saturation, et ses trois sélecteurs permettant de commuter indépendamment la sensibilité d’entrée (niveau ligne ou micro), l’alimentation fantôme +48 V DC et un filtre passe-haut.
- Chaque tranche est aussi équipée du bouton 4K qui permet de lui assigner une égalisation spécifique, et qui augmente la distorsion harmonique, pour tenter de reproduire certaines spécificités sonores des tranches analogiques des consoles de la série 4000.
- Plus à droite on trouve le gros potentiomètre de réglage de l’atténuation du signal en sortie. Il est surmonté d’un voyant LED indiquant la bonne connexion de l’interface à l’ordinateur.
- Sur la partie droite, deux petits potentiomètres permettent de régler indépendamment les niveaux de sortie des deux amplificateurs casque.
- Juste en dessous, trois boutons-poussoirs, nommés CUT, ALT et TALK, permettent de couper le signal en sortie, de sélectionner une seconde paire d’enceintes de monitoring alternative et de mettre en route le Talk Back. Comme nous le verrons dans la partie « Logiciel », il est possible d’attribuer d’autres fonctions à ces trois boutons.
À l’arrière de l’interface, on trouve l’intégralité des entrées. De droite à gauche :
- Quatre entrées micro et ligne sur combo XLR-Jack 6,35 mm TRS
- Quatre sorties ligne, pour enceintes de monitoring par exemple, sur Jack 6,35 mm TRS
- Une entrée et sortie MIDI au format DIN cinq broches
- Une entrée ADAT
À l’avant, on trouve les deux entrées instrument, et les deux sorties casques, tout cela au format jack 6,35 mm.
Pour l’instant, on ne peut pas formuler beaucoup de critiques : les contrôles sont bien séparés, ce qui facilite leur usage, les marquages sont lisibles. Les boutons de gains sont un peu petits, mais on a remarqué que la calibration des VUmètres était excellente, avec un passage au « rouge » bien calée sur l’augmentation de la THD. On aimerait peut-être seulement que Solid State Logic s’inspire d’Audient, par exemple, et propose une construction plus solide, avec plus de parties métalliques. Mais l’interface ne nous a pas non plus paru être trop « gadget » pour autant.
Pour aller plus loin, passons au logiciel, assez complet comme vous le verrez.
Logiciel
Et c’est « LE » logiciel SSL, en fait, c’est-à-dire le 360°, dont la SSL 12 ne permet pas d’exploiter toutes les possibilités (mais ce n’est pas une critique, car le logiciel est conçu pour s’adapter à divers appareils de la marque). Ainsi, le dicton du « qui peut le plus, peut le moins » s’applique parfaitement ici. Le logiciel 360° vous permettra donc de :
- Gérer tous les contrôles physiques de l’interface (à l’exception des réglages de gain)
- Contrôler le signal sur VUmètres linéaires avec une meilleure résolution que sur de l’interface
- Composer deux mix casques différents, avec contrôle du panoramique et sourdine (mute) indépendant par canal d’entrée
- Composer soit un second mix (aux) sur les sorties lignes 3 et 4, soit deux mix monophoniques différents, un par canal.
- Employer des boutons sourdine et solo sur chaque canal d’entrée, en plus des réglages de panoramique et des faders pour régler le niveau dans le mix principal de monitoring.
- Le couplage des entrées et des sorties en stéréo
- Régler le niveau de talkback, avec un bouton pour le déclenchement (la talkback ne passe que par les canaux « aux » et « casques »)
- Accéder à 8 entrées ADAT (à 44,1 ou 48 kHz), ou à 4 (à 88,2 ou 96 kHz) ou encore 2 (à 166 ou 192 kHz), avec tous les mêmes réglages d’entrée qu’énoncés précédemment
- Assigner les 4 pistes stéréo de sorties numériques (par défaut : sorties monitoring stéréo, sorties ligne 3 et 4, sorties stéréo vers casque 1 et 2) qui peuvent être déclenchées de façon autonome et peuvent permettre de contrôler différemment le routage des sorties numériques vers les différentes sorties de l’interface.
- Chaque canal stéréo auxiliaire (casque ou ligne 3 et 4) bénéficie d’un envoi vers le bus auxiliaire après le fader, d’une écoute après fader (ou ce mix est donc renvoyé vers la sortie monitoring — grand classique des consoles, pratique pour vérifier chacun de ses mix dans les enceintes principales) et des boutons sourdine et mono. Il est également possible d’envoyer, par un simple bouton, le mix principal dans chaque mix auxiliaire. Le niveau des casques reste toujours contrôlable par les boutons de l’interface, situés juste avant la sortie analogique.
- Un fader pour le canal de monitoring principal, auquel viennent s’ajouter les options classiques (mute, dim — à niveau réglable — mono, inversion de phase du canal gauche…)
- Les sorties 3 et 4 peuvent être utilisées pour brancher une deuxième paire d’enceintes. Dans ce cas, l’usage du simple bouton « alt » permet d’envoyer le signal de master depuis les sorties 1 et 2 vers les 3 et 4, avec un bouton permettant de régler le deuxième niveau d’écoute, pour mieux compenser les différences de sensibilité entre enceintes.
- La possibilité de changer la fonction des trois boutons de fonction de l’interface : cut, dim et talkback, mais aussi inversion de phase, mono, sortie alternative…
- gestion de la fonction loopback permettant de sélectionner tous les canaux de sorties indépendamment (sorties numériques et physiques) et de les renvoyer vers la STAN
- Un bouton « solo clear » permet d’éliminer toutes les sélections « solo » actives, pour passer facilement du mix d’ensemble à quelques pistes choisies. Très pratique !
- Possibilité d’utiliser les sorties casques comme sorties ligne (symétrisées, ou désymétrisées pour faire du renvoi vers ampli) ou de régler la puissance de sortie pour s’adapter à différentes impédances de casque
- Et la possibilité de déclencher le mode I/O, qui passe outre toutes ces fonctions et propose seulement une matrice fixe d’envoi des entrées et des sorties vers différentes voies de la STAN. Il est important de noter que, dans ce mode simplifié, les sorties fonctionnent véritablement jusqu’à 192 kHz, alors qu’avec les fonctions complètes du logiciel de mix, les sorties sont automatiquement réglées à 88,2 et 96 kHz.
Tous ces réglages peuvent ensuite être mémorisés et rappelés à volonté. Bref, le logiciel est excellent, et il permet de vraiment multiplier les possibilités d’utilisation de l’appareil. Rien à redire !
Benchmark
Précisons-le d’abord, la SSL 12 travaille dans une résolution max de 32 bits/196 kHz. Un petit tour du côté de RTL Utility nous apprend que la latence réelle est la suivante :
Le buffer sur 32 samples en 44.1 kHz, RTL Utility remonte une latence de 8.118 ms
Le buffer sur 64 samples en 44.1 kHz, RTL Utility remonte une latence de8.707 ms
Le buffer sur 128 samples en 44.1 kHz, RTL Utility remonte une latence de 11.791 ms
Le buffer sur 256 samples en 44.1 kHz, RTL Utility remonte une latence de 17.823 ms
Le buffer sur 32 samples en 96 kHz, RTL Utility remonte une latence de 5.490 ms
Le buffer sur 64 samples en 96 kHz, RTL Utility remonte une latence de 6.208 ms
Le buffer sur 128 samples en 96 kHz, RTL Utility remonte une latence de 6.500 ms
Le buffer sur 256 samples en 96 kHz, RTL Utility remonte une latence de 9.708 ms
Afin de tester l’interface, nous avons fait un benchmark avec notre fidèle APx515 d’Audio Precision (lien). Comme d’habitude, nous publions les résultats obtenus en THD, rapport signal/bruit et déviation des voies, pour les entrées et sorties analogiques. Pour toutes les configurations, je règle le gain pour obtenir le meilleur résultat possible.
Plage dynamique mesurée : 115 dB
Gain max mesuré : 71 dB
Commençons par les entrées ligne :
Déviation : ±0,217 dB
THD+N : 0,003 % THD : 0,001 %
Rapport signal/bruit : 94,071 dB
Distorsion d’intermodulation : –90,199 dB
On en profite pour regarder rapidement ce que donne le HPF et l’option 4K :
C’est clair : le 4K, ça « colore » !
Passons aux entrées micro :
Déviation : ±0,127 dB
THD+N : 0,004 % THD : 0,0038 %
Rapport signal/bruit : 100,194 dB
Distorsion d’intermodulation : –76,887 dB
Qu’en est-il de la sortie casque ?
Déviation : ±0,085 dB
THD+N : 0,02 % THD : 0,02 %
Rapport signal/bruit : 103,060 dB
Distorsion d’intermodulation : –40,232 dB
Conclusion
On n’hésitera pas à dire que cette SSL 12 nous a paru être une véritable réussite, surtout si on la considère en continuation des deux premières interfaces que nous avait proposé Solid State Logic jusque là.
Non seulement elle constitue un bond en avant au point de vue des options proposées par l’objet lui-même (entrées, sorties, MIDI, entrée ADAT…) mais en plus elle se prolonge intelligemment dans le logiciel de la marque, SSL 360°, qui permet d’augmenter significativement les options de contrôle et de routage du signal, offrant à l’utilisateur la création de différents mix de monitoring, de contrôle au casque, de Loopback, et la mainmise sur chaque canal d’entrée ou de sortie, ainsi que la personnalisation des boutons de l’interface, le reamping… Et l’on peut ajouter à cela la possibilité d’enregistrer ses réglages de mix, de façon à pouvoir conduire facilement plusieurs sessions en parallèle. Si l’on considère en plus les résultats plutôt positifs à la mesure (résultat un peu moins bon sur la sortie casque, certes, mais qui sont loin d’être honteux !), et que l’on observe que l’objet reste dans une gamme de prix raisonnable, on lui trouvera peu de concurrence (peut-être l’iD44 d’Audient, un tout petit peu plus complète encore, mais un peu plus chère aussi…)
Voilà donc une nouvelle venue sur laquelle on pourra désormais compter. Du côté des petites interfaces desktop, SSL est entré dans la cour des grands.