Annoncée au Summer NAMM, l'iD44 deuxième du nom arrive enfin entre nos mains pour un test. Il s'agit, comme son nom l'indique de la seconde version d'une interface bien connue de la marque, et que nous avions déjà testée auparavant...
C’était ici d’ailleurs, je commence l’article en insérant la référence, car autant l’avoir tout de suite sous la main : en effet, on s’y référera régulièrement pour voir ce qui a vraiment changé… En tout cas, ce qu’Audient annonce en premier lieu comme ajout, c’est la présence d’une option de rebouclage, ou loopback en bon anglais bien de chez nous.
C’est un signe, presque un symptôme : actuellement, toutes les marques partent à la conquête du nouvel eldorado du marché de l’audio, la « création de contenu » numérique, autrement dit les podcasters, les vlogers, les Youtubeurs, etc. Rien de surprenant donc à l’ajout de ce loopback, d’autant plus qu’il peut avoir d’autres usages intéressants pour le home-studiste !
On nous apprend aussi que l’iD44 reçoit de nouveaux convertisseurs, et que la THD s’en voit diminuée sensiblement. Est-ce que cela apparaîtra durant nos tests ? Les résultats de la MK1, à ce niveau, étaient déjà très bons !
Nous répondrons à ces questions durant le benchmark, mais pour l’instant… Déballage !
Déballage
Pour l’iD44 MK2, Audient reprend de façon générale le design de la première mouture. Avant de donner une description complète des contrôles accessibles sur la face supérieure de l’appareil, passons par une description rapide des connectiques à l’avant et à l’arrière.
Comme pour la plupart de ces interfaces desktop, Audient implante l’intégralité des entrées et des sorties sur la face arrière, à l’exclusion des sorties casques qui sont regroupées sur la face avant, et des entrées instruments. Comme sur le modèle MK1, l’iD44 propose deux sorties casques, avec la particularité cette fois-ci que la sortie numéro 1 est doublée sur deux formats, installés en parallèle : Jacks TRS 6,35 mm et 3,5 mm. Les deux entrées instruments, quant à elle, permettent de se connecter sur les voies 1 et 2.
Sur la face arrière, comme on le voit sur la photo ci-dessus, on trouve séparément les quatre canaux avec entrées ligne et micro sur combo XLR-Jack TRS 6,35 mm. Chaque entrée intègre un préampli micro « Audient Console », similaire à celui que l’on trouve sur la célèbre console ASP 8024 Heritage Edition. Les deux premières voies bénéficient, en plus, d’une boucle permettant soit l’inclusion d’effets entre l’envoi et le retour, soit de passer outre le préampli en attaquant l’interface directement par le retour, par exemple pour passer une piste déjà enregistrée par une chaîne d’effet hardware, et la réenregistrer sur une autre piste.
À côté, on trouve les quatre sorties de monitoring, permettant l’installation de deux références d’enceinte, puis la sortie Wordclock au format BNC, ainsi que deux entrées et deux sorties optiques, au format Toslink. On peut ajouter la prise USB C pour la connexion à l’ordinateur, le commutateur d’alimentation et la prise pour alimenter l’interface grâce à un transformateur (12 volts, 2 ampères).
Sur la face supérieure, vous avez accès à 4 contrôles de gain pour les quatre préamplis, avec pour chacun une LED blanche d’indication de présence du signal, et une LED rouge d’indication de saturation. Chaque préampli possède également un commutateur 48 volts indépendant, un commutateur –10 dB, et un filtre passe haut. Plus à droite se trouve le VUmetre stéréo indiquant le niveau de sortie, ainsi que l’habituel « gros encodeur », permettant le réglage du niveau de monitoring. Cet encodeur cliquable peut également être assigné à différentes fonctions paramétrables, que l’on peut commander grâce à la touche iD. Plus d’infos sur ce point dans la partie concernant le logiciel…
Souhaitant émuler les paramètres habituels d’une console hardware directement sur l’interface, Audient inclus sur son iD44 MK2 des contrôles « Dim », « Cut » (mute), et un bouton de talkback, ainsi que trois boutons (F1, 2 et 3) aux fonctions, paramétrables au sein du logiciel de mix. Pour finir, juste au-dessus, deux potentiomètres d’atténuation permettent de contrôler indépendamment les deux sorties casque.
L’interface est accompagnée d’une alimentation 12V, de deux câbles de raccordement (USB-C – USB-A ou tout USB-C) et d’un manuel d’utilisateur. On n’en demande pas nécessairement plus.
Passons à la partie logicielle, qui nous permettra de mieux comprendre les fonctions de chaque contrôle présent sur l’interface.
Logiciel
En ce qui concerne le software de mix qui accompagne l’iD44 MK2, on reste sur le même modèle que nous vous avions présenté lors du test de l’iD14 : un logiciel de mix et de routage très complet qui permet de contrôler les différentes entrées et sorties, analogiques et digitales, avec les habituelles options Solo, Mute, Tranches stéréo, Phase, etc. pour chaque piste mais également sur le master. Le contrôleur donne également accès, en plus du mix principal, à 4 mix « Cue », qui peuvent ensuite être assignés aux différentes sorties analogiques (enceintes ou casque) ou numériques. Par ailleurs, les entrées et sorties optiques peuvent fonctionner en ADAT ou S/PDIF au choix.
Sur le côté droit du logiciel de mix, on trouve les différentes fonctions assignables au bouton F1, 2 et 3. En réglage d’usine, le bouton F1 passe le mix master en mono, F2 sélectionne (en plus de la monophonie) l’inversion de phase d’une des voies du master, et le bouton F3 commute les enceintes de monitoring alternatives (sortie 3 et 4). Il est toutefois possible d’assigner d’autres fonctions à ces boutons, chaque bouton pouvant recevoir plusieurs fonctions concomitantes. De plus, on peut paramétrer la monophonie (sommation ou sélection de voie droite ou gauche) et le panoramique stéréo de la paire d’enceintes alternatives… N’en jetez plus ! Il n’y pas à dire, ce logiciel simple d’aspect, à l’apparence pas « technique » pour un sou, révèle rapidement de nombreuses options intéressantes, et pas « gadgets ».
Le bouton iD, quant à lui, permet d’utiliser l’encodeur à la place de la souris, directement dans l’environnement de votre logiciel séquenceur, pour créer manuellement, en direct, des automations (notez bien que tous les séquenceurs actuels ne permettent pas cette fonction, en particulier les logiciels Ableton). Le procédé est simple : durant l’écriture d’automation, il suffit de sélectionner le mode manuel, de placer votre souris au-dessus de la fonction à modifier, puis d’enclencher le bouton iD pour écrire une automation en direct pour ce paramètre. La sensibilité de l’encodeur peut être réglée (important pour certains réglages fins) dans les paramètres de votre OS, comme vous le feriez pour régler la vitesse du pointeur.
Benchmark
Afin de tester l’interface, nous avons fait un benchmark avec notre fidèle APx515 d’Audio Precision. Comme d’habitude, nous publions les résultats obtenus en THD, rapport signal/bruit et déviation des voies, pour les entrées et sorties analogiques. Pour toutes les configurations, je règle le gain pour obtenir le meilleur résultat possible.
Gain max : nous avons réussi à tirer 66,140 dB de l’iD44 MK2. Il y a donc de la réserve !
Résolution : 96 kHz – 24 bit
Commençons par les entrées micro 1 et 2 :
Déviation : bien droit, bien appairé, on note une déviation très basse de ±0,034 dB. C’est tout bon, meilleur que la MK1 !
THD : Là aussi, c’est très bien, avec 0,007 % au-dessus de 100 Hz, et encore moins en dessous.
Rapport signal/bruit : 102,627 dB.
Sur ces entrées micro, en gain max (66 dB), on observe des conséquences sur la déviation et la THD, ce qui ne nous étonne pas :
Rien de surprenant ni de rédhibitoire dans ces résultats.
Les entrées ligne 1 et 2 maintenant :
Déviation : ±0,483 dB. C’est moins bon ! On a donc testé encore et encore, avec des niveaux de signal d’entrée différents, des réglages de gain différents aussi… Et on a toujours obtenu le même résultat. C’est moins bien que ce que nous obtenions avec la mouture MK1. Dommage !
THD : pareil… On est au même niveau que l’entrée micro, alors que les entrées ligne sur l’ancienne version étaient bien meilleures, assez pour rivaliser sans sourciller avec du matériel deux ou trois fois plus cher. Dommage encore une fois.
Rapport S/B : 105,295 dB
Nous avons testé les entrées « retour » des voies 1 et 2 pour voir s’il y avait une différence majeure (on s’attendait à ce que ça soit le cas) :
Sans surprise, avec des étages d’amplification en moins, on obtient des résultats plus précis en déviation et THD. Attention toutefois, il faut rentrer dans l’interface avec un niveau élevé (au moins 2 V RMS) pour profiter de tels résultats.
Passons maintenant aux entrées instrument :
Déviation : c’est très bon avec ±0,074 dB.
THD : ici, on trouve les résultats les moins bons jusqu’à présent, avec une moyenne à 0,02 %
Rapport S/B : 70,932 dB, c’est moyen, similaire à ce que l’on trouve sur des interfaces nettement moins bonnes, et moins chères.
Allez, on a presque fini… Qu’en est-il de la sortie casque ?
Déviation : ±0,327 dB avec des voies moins bien appariées, c’est souvent le cas…
THD : Similaire à ce qu’on obtient sur les sorties monitoring. C’est plutôt très bien pour une sortie casque.
Rapport S/B : 94,426 dB
Conclusion
Conclure à propos de l’interface iD44 n’a pas été une tâche aisée pour nous.
Les options offertes par l’interface, le bouton iD, l’élégance générale du nouveau design, la solidité de la construction, et en plus la nouvelle fonction « loopback »… On retrouve tout ce qu’on apprécie dans l’iD44 MK1 originelle, avec une petite option supplémentaire, et un logiciel qui plaît toujours autant. Certes ça évolue peu, mais ça reste tout bon ? Pas vraiment.
Le seul problème pour nous, c’est la divergence qui apparaît entre la promesse de convertisseurs plus efficaces, avec de meilleurs résultats annoncés, et les résultats que nous avons constatés lors des tests : résultats soit identiques au test précédent, soit moins bons. Bien sûr, comme d’habitude, nous ignorons tout des procédures de test qui permettent au constructeur d’afficher ses chiffres… Et dans le domaine de la mesure, la procédure de test fait beaucoup ! Toutefois, objectivement, notre procédure de test n’a pas changé, et les résultats que nous constatons sont sensiblement moins bons sur les entrées lignes. Même sans se référer aux chiffres annoncés, dans notre historique de test, c’est indéniable.
Est-ce pour cela qu’on va taper sur l’iD44 MK2 ? Ce serait exagéré, d’autant plus que nous avons souligné de nombreuses fois ses grandes qualités, y compris à la mesure, car les résultats restent quand même bons ! Alors, si nous donnons aujourd’hui une note légèrement inférieure, celle-ci reste cependant, comme l’interface d’ailleurs, tout à fait bonne. Juste, peut-être, un peu moins excitante qu’il y a quatre ans.