Dis moi ce que tu lis.
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Nantho Valentine
Dr Pouet
Tu as rechuté dans ta gestion des retours chariot.
Anonyme
en fait, arrivé aux trois-quart de ce que j'avais écrit j'ai fait une fausse manip' et fermé le navigateur
Du coup, pour éviter ce genre de gaffe j'ai tout tapé dans puercowordpad puis Ctrl C et Ctrl V et v'là l'bouzin
Dr Pouet
Oui mais tu dois aussi mettre des retours chariot inutiles dans le notepad !
Anonyme
Oui car je crois que si je n'en mets pas il te fait une ligne infinie sans retour à la ligne justement. Du coup les chariots que je crois placer judicieusement sont en fait tout pourris : /
empism
La grosse citation en début de page nous prend un peu en otage, non ?
Message écrit en mode HTML
Dr Pouet
Ah ben il devrait y avoir une option à activer. Ou alors tu prends un logiciel un peu plus orienté traitement de texte. Ça marchera.
will_bru
L'avantage de Notepad, c'est que c'est du texte brut, sans information de formatage.
In the midnight hour, she cried more, more, more, with a rebell yell she cried more more more...
[ Dernière édition du message le 13/05/2018 à 12:00:54 ]
Anonyme

La femme des sables
Abé Kôbô
Japon 1962
Quatrième de couverture:
Un professeur parti à la découverte de quelque insecte des sables échoue dans un petit village du fond des dunes ― village dont il ne pourra plus sortir. Comme les autres habitants, le voilà prisonnier du sable : le sable qui envahit tout, qui s'infiltre dans la moindre fissure et qu'il faut sans répit rejeter. Particulièrement dans le trou où est tapie la maisonnette qu'il habite en compagnie d'une femme fruste, vraie maîtresse-servante. Jour après jour, mois après mois, l'homme et la femme rejettent le sable. Cet esclavage est la condition même de leur survie. Lassé de cette routine, l'homme tentera de s'échapper, de retrouver sa liberté ...
Roman insolite d'une extraordinaire richesse, dur et angoissant qui, sous l'exactitude et la précision des détails d'une fiction réaliste, retrouve la dimension des mythes éternels. Il ne s'agit de rien d'autre que de la condition humaine avec ses limites désespérantes, ses illusions et ses espoirs.
C'est un livre au charme étrange qui captive sans en avoir l'air. On est loin de l'aspect surréaliste que peuvent avoir d'autres écrits de cet auteur. C'est une histoire dans sa forme classique. Le rythme est maîtrisé et on ne s'ennuie jamais. Les personnages sont vraiment très bien définis, l'ambiance bien posée et l'immersion réussie.
Il y a tout de même un bémol: la traduction française de Georges Bonneau (1897-1972) datée de 1979. Syntaxe acrobatique, expressions langagières datées, quelques incohérences de registres (le soutenu cohabite avec le populaire dans une même phrase) et vraisemblablement des traductions mots-à-mots d'expressions japonaises. À un moment j'ai failli abandonner la lecture tellement ça devenait agaçant/illisible. C'était surtout le cas au début du livre. Du coup je me suis rencardé sur le net et ai lu plusieurs remarques sur la mauvaise qualité de la traduction. Pourtant George Bonneau a bien des compétences et des titres (Spécialiste de littérature japonaise. A été professeur dans les universités impériales du Kyûshû et de Kyôto et directeur de l'Institut franco-japonais à Kyôto. Poète et romancier) mais là quand même il y a un souci.
Ce livre a été couronné au Japon en 1962 par le prix Yomuri et en France, par le prix du Meilleur Livre Étranger en 1967. Il est classé par l’Unesco parmi les « Œuvres représentatives » du patrimoine littéraire universel. Il faut dire que l'auteur a obtenu la plus distinction littéraire du Japon, le prix Akutagawa en 1951. Bref, un livre comme celui-ci mériterait soit des corrections soit une nouvelle traduction.
cyar
la traduction française de Georges Bonneau (1897-1972) datée de 1979.
Pas étonnant que la traduction soit mauvaise, vu qu'elle a été faite après la mort du traducteur
[ Dernière édition du message le 23/05/2018 à 10:09:27 ]
Anonyme
En fait c'est la seule traduction française et elle est datée de 1979

[ Dernière édition du message le 23/05/2018 à 10:30:15 ]
Anonyme

Paroi de glace
Yasushi Inoue
Japon 1957
Quatrième de couverture:
Au cours d'une expédition en montagne, Kosaka, un jeune alpiniste, trouve la mort sous les yeux de Uozu, son compagnon de cordée : suicide, meurtre ou défaillance technique ?
Les tests menés par le mari de Minako — la jeune femme dont les deux amis sont amoureux — concluent à la solidité du matériel, faisant ainsi peser de sérieux doutes sur Uozu qui, soupçonné d'avoir tranché la corde pour sauver sa propre vie, n'a de cesse de vouloir se justifier ...
Pour ce roman d'une poignante beauté sur la philosophie et le sens de l'honneur propres aux hommes « d'en haut », l'auteur s'est inspiré d'un fait divers qui, dans les années cinquante, passionna le Japon.
Je ne peux pas vraiment dire que ce soit un mauvais livre, mais je crois que c'est celui que j'ai le moins aimé de cet auteur. L'histoire d'amour servant l'argument de base ne manque pas d'intérêt, mais la pudeur des personnages ayant des relations amoureuses plus ou moins claires, conjuguée à l'étiquette des rapports sociaux japonais donne un résultat un rien cul-cul. Très précieux, trop précieux.
Plus intéressants: tout de qu'il y à avoir sur l'enquête concernant la qualité de la corde, ses répercussions sur les entreprises impliquées et les hommes qui y travaillent, ainsi que la caisse de résonance que fait la presse au sujet de l'accident. Tout ça donne une vision de la société japonaise, du moins le monde du travail, qui est certainement encore valable aujourd'hui par certains aspects qu'on peut presque résumer en une seule expression: ne pas perdre la face ou ne pas faire perdre la face à l'autre. Que ce soit d'un point de vue publique ou de soi à soi.
Autres aspects intéressants: les interactions entre les personnages de différentes couches sociales mais aussi d'âges. En effet, Uozu, Kosaka et Minako sont tous de la même génération (aux alentours de la trentaine) alors que Kyonosuke, le mari de cette dernière approche de la soixantaine. Les scènes décrivant le couple en huis-clos sont vraiment bien écrites.
Les personnages "secondaires" sont vraiment très bien définis: Tokiwa, le chef de Uozu et Kyonosuke le mari de la très prisée Minako. Il émane d'eux une force et une maturité qui manque aux jeunes personnages, ces derniers ayant évidemment pour eux leur jeunesse, forcément jalousée. Ces aspects m'ont plu.
Pour ce qui est du style, c'est très narratif. La sensibilité, l'intimité et la psychologie des personnages est bien rendue avec quelques touches de poésie toutefois assez rares.
Malgré certaines longueurs et un côté cul-cul, le livre reste agréable à lire et peut captiver, mais ça n'est pas celui que je préfère de Yasushi Inoue.
dana12
Ca fait bien sûr penser à l'histoire de Joe Simpson, dont le co-équipier, Simon Yates, lors une expé dans les Andes, avait coupé la corde, pensant que Simpson était mort dans une chute, pour ne pas mourir lui même (La mort suspendue ou en anglais Touching the void. Un film a été tiré de cette histoire)
Incrédule sur tout, sceptique sur le reste
Anonyme
dana12
Du coup... je suis moins chaud. Mais pourquoi pas après tout. C'est l'occasion quand même de lire un auteur vers lequel je ne serais pas aller de prime abord.
Incrédule sur tout, sceptique sur le reste
Will Zégal
https://fr.wikipedia.org/wiki/Joe_Simpson_(alpiniste)
Lors de la descente d'un versant très dangereux en période hivernale, Joe est victime d'une première chute qui lui brise la jambe droite. Son ami décide alors de le descendre à la corde petit à petit dans des conditions climatiques extrêmes et malgré la nuit. Malheureusement, Joe se retrouve suspendu dans le vide après avoir contre son gré sauté un surplomb. Après une heure et demie d'attente par −25 °C, alors qu'il commence lui-même à glisser, Simon prend la terrible décision de couper la corde le reliant à Joe pour avoir une chance de sauver sa propre vie. Joe Simpson chute de plusieurs dizaines de mètres et glisse dans une crevasse.
Il réussit ensuite l'exploit de ressortir de la crevasse, de finir la descente et de traverser le glacier pour rejoindre le campement avec la jambe cassée, sans eau ni nourriture. Ce combat pour la survie dure quatre jours. Joe Simpson perd un tiers de son poids.
Il a écrit un livre adapté par la suite au cinéma, La Mort suspendue, réalisé par Kevin Macdonald en 2003. Cette adaptation est en fait dédiée à son ami Simon Yates, pour répondre à certains alpinistes qui reprochaient à Simon d'avoir coupé la corde qui le séparait de Joe durant la descente du Siula Grande. Joe a déclaré qu'il aurait fait exactement la même chose si les rôles avaient été inversés. Après deux ans de rééducation en hôpital et six opérations, Joe profite à nouveau de sa passion, l'alpinisme.
Il est également l'auteur de grandes premières et voies prestigieuses.
Plusieurs années plus tard il décide d'arrêter l'alpinisme de haut niveau après avoir assisté à la chute d'une cordée dans la face nord de l'Eiger. Il raconte cette décision dans The Beckoning Silence.
J'imagine le moment où tu dois décider de couper la corde pour sauver ta peau.
Anonyme
dana12
Comme beaucoup de films, la VO est souvent meilleure. Très bonne reconstitution en effet ce film. Le bouquin fait néanmoins mieux ressentir les doutes de Simpson, non pas sur les motivations de Yates, mais sur les choix à faire. ,
Spoiler - Cliquer ici pour lire la suiteUne crevasse de glacier, c'est une fissure qui peut aller jusqu'au fond, soit plusieurs dizaines voire centaine de mètres de profondeur, ça bouge, ça s'effondre. Lorsqu'il est dans la crevasse, il se trouve sur un surplomb, il voit la sortie au dessus de lui, mais ne parvient pas à remonter. Il doit faire le choix de descendre vers le fond, en espérant que la fissure s'ouvre à moment horizontalement vers la sortie. Ce moment de choix est assez terrible.
En revanche sur le film, on peut mieux comprendre la configuration des lieux, évidemment. Simpson et Yates ont aidé à la réalisation. Ils témoignent d'ailleurs dans le film, à différents moments.
Incrédule sur tout, sceptique sur le reste
Anonyme

Quatrième de couverture:
Vers 1860, pour sauver les élevages de vers à soie contaminés par une épidémie, Hervé Joncour entreprend quatre expéditions au Japon pour acheter des œufs sains. Entre les monts du Vivarais et le Japon, c'est le choc de deux mondes, une histoire d'amour et de guerre, une alchimie merveilleuse qui tisse le roman de fils impalpables. Des voyages longs et dangereux, des amours impossibles qui se poursuivent sans jamais avoir commencé, des personnages de désirs et de passions, le velours d'une voix, la sacralisation d'un tissu magnifique et sensuel, et la lenteur, la lenteur des saisons et du temps immuable.
Soie, publié en Italie en 1996 et en France en 1997, est devenu en quelques mois un roman culte - succès mérité pour le plus raffiné des jeunes écrivains italiens.
Ouais bon bof. C'est bien écrit hein et il y a deux ou trois phrases/idées assez jolies mais pas assez pour m'embarquer. C'est plutôt beau mais ça manque de profondeur. Plutôt poseur en fait, avec un côté un peu affecté et précieux. C'est beau comme une belle photo de pub pour un parfum chic. Il y a toutefois un retournement de situation tout à fait inattendu mais on ne saura pas vraiment comment il a pu se produire. Bon on m'en a dit du bien; ça fait 120 pages; ça se lit en moins d'une heure ; ça faisait des raisons de le lire sans avoir l'impression de perdre trop de temps. Bref, bonne lecture pour combler une heure.
sqoqo
Mou, assez vaniteux et creux...
Tu dis "poseur et affecté", c'est ça.
Dr Pouet
Mais ce sont plutôt ses vrais romans (Soie et Novecento sont des grosses nouvelles) que je recommanderais :
- City : écriture assez classique, mais avec plein d’histoires entremêlées
- Océan mer : écriture un peu plus barrée
- Châteaux de la colère : plus proche de City
Enfin Novecento c’est bien, quand même.
[ Dernière édition du message le 05/06/2018 à 23:51:44 ]
sqoqo
De lui, Novecento est plus chouette déjà.
C'est marrant...j'hésitais à vous parler de ma visite au musée du Novecento hier (j'étais à Milan ce week-end )
J'ai beaucoup aimé..drôle de mouvement, hanté par ses liens avec le régime mussolinien, et pas réductible à cet aspect (variété des approches, artistes dissemblables...)
On y range par exemple de Chirico dont j'adore certaines toiles (y avait eu y a 8/9 ans une superbe expo au Jeu de Paume d'ailleurs) , Carra ou Sironi ..
J'ai découvert le sculpteur Arturo Martini
Ou Felice Casorati
Dr Pouet
https://fr.audiofanzine.com/le-pub-des-gentlemen/forums/t.262116,le-pub-du-vin,post.9653498.html
[ Dernière édition du message le 12/06/2018 à 11:59:16 ]
crossroads

J’ai pas vu la série, mais j’ai beaucoup aimé le livre.
C’est bien écrit et ça avance assez vite.
Les mœurs et moyens de l’époque sont très bien décris, on s’immerge vite dans l’univers.
Instrumental/Ambient/Post-Rock : https://dzeta.bandcamp.com/
Anonyme

33 jours
Léon Werth
1992
Quatrième de couverture:
33 Jours ? C'est le récit qu'écrit Léon Werth du périple qui l'a mené de Paris, quitté le 11 juin 1940, à sa maison de Saint-Amour, qu'il ne rejoint que le 13 juillet. Trente-trois jours d'exode sur les routes de France, mitraillées par les Allemands — « la symphonie en tac » —, encombrées par des milliers de voitures surchargées de valises et de matelas. Werth note tout : le courage et l'hospitalité de certains, la veulerie des autres devant les uniformes allemands.
Plus fort que toutes les images que l'on connaît de cette période tragique, ce texte est un reportage plein de ces mots jetés dans la peur ou la colère par les otages de l'exode, et de ces lueurs d'incendie que l'on voit au loin et qui témoignent que la guerre n'en est encore qu'à ses débuts. Avec sa femme, son fils et la nounou de celui-ci, Werth est dans sa Bugatti « trois litres de 1932 », qui tousse dans les embouteillages et sera finalement tirée par un attelage de chevaux. Il croise des fantassins français qui se traînent comme « des ombres débraillées » et des soldats allemands qui se comportent déjà en maîtres.
http://www.telerama.fr/livres/33-jours,132629.php
Les éditions Viviane Hamy viennent de re-éditer enfin en version poche 33 jours de Léon Werth. Après une longue série de romans japonais, j'avais envie de relire un auteur français. Eh ben je n'ai pas été déçu. On est vraiment embarqué avec l'auteur, au plus près des instants passés au milieu des convois, à travers les champs, quelques fois entre les balles et les obus, dans les fermes, aux côtés des compagnes et compagnons de galère aux origines et aux opinions diverses et bien sûr tout près des soldats allemands.
Si on a bien là un récit d'aventure il ne s'agit pas d'un récit d'action au sens spectaculaire du terme. On est plus dans l'anthropologie ou la sociologie. Il s'agit d'hommes et de femmes de tous les jours vus de très près, jetés sur la routes par la Grande Histoire, tentant de flotter à la surface d'une promiscuité indépendante de leur volonté dont l'auteur restitue l'ambiance, et met à jour à travers divers prismes la complexité des relations entretenues par les différents groupes: français entre eux, les français avec les allemands et ces derniers entre eux.
Tout cela mène inévitablement à la réflexion, l'introspection, avec quelques rares traits humoristiques, rareté qui leur donne toute leur saveur. Mais l'auteur n'oublie toutefois pas le monde "à côté de la guerre"...des paysages, des lumières aux aurores ou au crépuscule, des arbres, des animaux, des fleurs et autres indices saisonniers offrant un peu de répit naturel car éloignés des grand problèmes humains et "culturels".
Le style est assez sobre mais sans prétention. Pas une phrase ni un mot de trop. Il en émane une force narrative assez particulière, celle-la même qui émane de ceux qui habituellement ne disent rien mais qui captent inévitablement votre attention lorsqu'ils se mettent à vous conter quelques chose. Car chaque mot a son poids, et ce dernier a été finement évalué durant des heures de silence, véritables vertus des taciturnes.
Si la période vous intéresse je vous invite à vous pencher sur ces 33 jours. Si vous vous fichez de cette période, cela vous donnera peut-être l'occasion de vous y intéresser mais cela vous permettra assurément de passer de bons moment de littérature dans un très beau français.
Quelques extraits:
En beaucoup de voitures, des vieilles femmes sont allongées, qui ne regardent plus en-dehors d'elles-même et des enfants qui dorment comme s'ils étaient morts.
Si nous n'avions pas décidé ce détour par le hameau de Chapelon, nous n'aurions pas rencontré sur notre route les mêmes circonstances et les mêmes gens. Nous aurions couru moins de risques ou davantage. Nous n'aurions pas connu celui-ci ou celle-là dont j'oserai dire qu'ils nous ont fait toucher des secrets historiques, qu'ils nous ont révélé quelques joints entre l'histoire et l'homme.
Ce visage-là montre plus de curiosité que les autres, plus de malice. Ces yeux-là ne me pèsent pas, ils me retournent.
L'hospitalité existe dans les temps modernes, et elle y est plus belle encore. Car elle n'est pas un rite, mais un don. La cour de la ferme, pleine de jour tombant, de repos, de silence, est vaste, close de murs. La maison, les hangars, l'écurie, l'étable composent un bel ensemble. Dans la façade de la maison, un morceau gothique a été conservé comme on respecte un nid d'hirondelles.
À causer avec un paysan, je n'ai jamais connu de gêne, avec un ouvrier souvent. Il arrive qu'un paysan prenne les mots entre ses doigts, comme il prend un épi, un grain de blé. Le citadin apprend de lui à connaître le blé et l'avoine et ne point raisonner sur les céréales. L'ouvrier a appris de la ville et des journaux le jeu des abstractions passionnelles, la jonglerie avec des poids faux. Il distingue mal la chose, l'abstraction et les passions qu'on lui inocule, quand il est en état de foule.
Il est deux heures après minuit. Il fait nuit noire. On délibère confusément. [...]Et, de la cour, on aperçoit des lueurs d'incendie en direction des Mignières. Ce sont sans doute des villages qui brûlent.
Derrière nous , une sorte de prophétesse décharnée, ébouriffée, vaticine des paroles obscures [...] Au reste, ils ne sont pas si fous , ces gens, d'invoquer des divinité tutélaires et des bêtes d'apocalypse. Tout, depuis le départ de Paris, est inexplicable par les lois de la raison.
Je n'ai jamais vu pareil paysage: un paysage de cendres. Il est vaste, chétif et pitoyablement macabre. J'hésite devant ce mot: macabre, qui suppose on ne sait quoi de vigoureux dans l'horreur, on ne sait quoi d'insistant dans la mort. C'est peut-être des limbes mais non pas des limbes blanchâtres et flous, des limbes en vérité dessiné d'un trait grêle. Ce n'est rien qu'un pré, un pré plus triste que tous les prés du monde. Des chevaux immobiles regardent vers la route, méditent plutôt, laissent pénétrer en eux l'interminable défilé qui ne les étonne plus mais les hypnotise. Et l'un d'eux ,debout sur ses quatre pattes, l'encolure appuyée à un arbre, est un cheval mort.
À propos de femmes voyant un groupe de militaires français refusant de céder à l'ennemi:
Elles crient, mais leur cri n'est qu'une lamentation. La peur, une rage de peur les fait crier, leur souffle cette extraordinaire ellipse:
"Lâches...lâches...rendez-vous..."
Pendant huit jours nous avons vécu avec des gens, dont quelques-uns nous paraissaient à peu près inexplicables. Du moins assez surprenants pour que nous ne puissions immédiatement les définir. Je dis qu'un Balzac seul - et encore, l'époque le lui permettrait-elle? - pourrait laisser à ces gens leur caractère et les ramener en même temps à quelque unité.
La guerre lente des premiers mois, telle que je l'avais vécue à Paris, il me semblait qu'elle fut parfois pour les Parisiens comme une guerre éloignée dans le temps, une guerre refroidie par un manuel d'histoire.
Je me rends compte que je n'avais pas encore cru à la totalité de la défaite. J'y croyais comme à une maladie dont on a peur et dont au fond de soi on écarte la possibilité. Chacun de ces Allemands, c'est le signe d'une maladie dont on a lu la description, mais que soudain on découvre en sa peau.
Ce que nous nommons l'histoire ne serait-il pas la plus vaine illusion des hommes? Ce que nous concédons à l'histoire, aux guerres comme aux puissances en temps de paix, ne serait-ce pas le signe de notre insuffisance? Nous faisons de l'histoire, comme un malade fait une maladie. Nous sommes responsables de l'histoire, comme les fous sont responsables de la créations des asiles
Ils n'ont lu que des journaux et des magazines. Ils pensent en légendes de clichés photographiques.
Le charme de Ladon, c'est une petite rivière sans berges, qui passe entre les maisons, encadrée par des façades et des feuillages, une rivière intime. C'est un décor aimable et vieillot, où l'eau a un air ancien.[...] La canaille fanfare emplit le silence qu'enfermaient ces façades, ces feuillages retombants et ce filet d'eau.
Les Allemands sont partis [...]C'est presque la paix. C'est le silence du crépuscule, comme dans tous les villages au temps de paix. Je dis à Abel Delaveau: "Le village se ressemble à lui-même". "Oui...mais pas tout à fait. Il manque le grincement d'une charrette qui rentre, un cycliste..."
Les canons sont dans le verger et les soldats en short sont partout. Nous sommes sous la dominations des canons et des shorts. L'oppression, ces sont des canons et des shorts.[...] J'entre de temps en temps dans la maison pour ne pas les voir, pour les oublier. Alors je me sens un instant soulagé, comme si j'entrais dans un bain, après une grande marche. Nous avons une courbature d'Allemands.
La salle de la ferme est éclairée par une lampe à pétrole. Cette lumière fait beaucoup d'ombres sur les visages. C'est une lumière d'autrefois.
Je sais que je n'ai pas conté un grand événement. Mais il y a pas de petit événement.
Abel a bien plus que moi le sens du moment et des êtres. Et je ne suis point encore arrivé à comprendre comme, sans savoir un seul mot de leur langue, il se faisait presque toujours comprendre des Allemands. Ne dites pas: par gestes. Les autres aussi savent gesticuler. Par le regard, je pense et par je ne sais quel magnétisme.
dana12

« La dette publique est un danger pour les générations futures », « La France n’a pas fait de réformes depuis plus de trente ans », « Notre modèle social est inefficace », « Le Code du travail empêche les entreprises d’embaucher », « Une autre politique économique, c’est finir comme le Venezuela » ; telles sont les affirmations ressassées en boucle depuis plus de trente ans par une petite élite bien à l’abri de ce qu’elle prétend nécessaire d’infliger au reste de la population pour sauver la France.
Ces idées ont tellement pénétré les esprits qu’elles ne semblent plus pouvoir faire l’objet du moindre débat. C’est justement l’objet de ce livre : regagner la bataille des idées, refuser ce qui peut paraître du bon sens, tordre le cou à ces prétendues « vérités économiques ».
Savez-vous qu’il y a eu plus de 165 réformes relatives au marché du travail depuis 2000 en France ? Que nous avons déjà connu une dette publique représentant 200 % du PIB ? Que plus de la moitié de la dépense publique profite au secteur privé ?
Dans ce traité d’économie hérétique, Thomas Porcher nous offre une contre-argumentation précieuse pour ne plus accepter comme une fatalité ce que nous propose le discours dominant.
Thomas Porcher est économiste. Membre des Économistes atterrés, docteur en économie à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne, il est professeur associé à la Paris School of Business. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages notamment Introduction inquiète à la Macron-économie (Les petits matins) et de publications dans des revues académiques internationales.
C'est un bouquin facile à lire, qui reprend l'ensemble du discours dominant des "économistes sérieux" pour le tordre et donne les arguments pour le contrer. C'est évidemment orienté mais ça fait du bien de lire un tel bouquin par les temps qui courent ! Je recommande chaudement.
Je reproche simplement que si le discours dominant sort éreinté des 240 pages, les solutions alternatives ne sont présentes qu'en filigranes.
Incrédule sur tout, sceptique sur le reste
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