Après sept ans de bons et loyaux services, le vénérable Kontakt 5 va pouvoir prendre une retraite bien méritée. Kontakt 6 vient enfin prendre la relève et l’on espère que cette longue attente va être récompensée comme il se doit.
Dans l’histoire du sampling, on a connu la préhistoire matérielle où l’Akaiodon a durablement assis sa totale domination sur l’EMUsaurus, l’Ensoniqus ou le Rolandosaure, mais s’est reposé sur ses lauriers au point de ne pas voir la météorite logicielle GigaSampler surgir et précipiter son extinction. GigaSampler lui-même ne connut qu’un règne assez bref, voyant ses parts de marché assez vite dévorées par de jeunes fauves aux dents longues : HALion de Steinberg, EXS24 d’eMagic, MachFive de MOTU et enfin Kontakt de Native Instruments, dont la première version sort en 2002. Près de 17 ans plus tard, c’est ce même Kontakt qui est devenu le leader écrasant du secteur, pas forcément pour des raisons techniques vu que le Falcon d’UVI (le descendant de MachFive) ou le HALion de Steinberg n’ont rien à lui envier sur ce point, mais parce que le sampleur logiciel de Native jouit aujourd’hui de la plus vaste « samplothèque » du marché… et de loin !
Le mérite en revient évidemment à l’éditeur qui a bien mené sa stratégie de conquête. En premier lieu, il a très vite envisagé son produit comme une plateforme et non seulement comme un simple sampleur, mettant sa technologie à la disposition de sociétés tierces en échange de royalties, s’assurant ainsi de la production continuelle de nouvelles banques, au point que l’on peut parler d’écosystème Kontakt voire de standard comme on n’en avait plus connu depuis Akai. Mais c’est plus sûrement avec le bundle Komplete, regroupant chaque année la quasi-intégralité des logiciels de Native Instruments pour un prix extrêmement agressif, que la marque est parvenue à s’imposer face à ses concurrents. Pour à peine plus cher que les sampleurs logiciels concurrents, la Komplete permettait de mettre la main sur Kontakt d’une part, mais aussi sur des centaines d’instruments et d’effets accompagnés de centaines de Go de samples. Ajoutez à cela un marketing de terre brûlée n’hésitant pas à proposer plusieurs fois par an des rabais à 50% sur tel produit ou telle mise à jour, et vous aurez compris que Kontakt s’est vite retrouvé au sein d’un cercle vertueux encore efficace aujourd’hui : plus les gens achètent la Komplete, plus il y a d’utilisateurs de Kontakt, poussant des éditeurs à proposer leurs banques de sons à ce format et rendant Kontakt et la Komplete toujours plus attractifs. Bien entendu, le modèle du bundle a fait recette et, chez Arturia comme UVI, on en récolte aussi les fruits, mais Native a quelques longueurs d’avance sur le sujet et Kontakt demeure, à l’heure où sont écrite ces lignes, un logiciel dont il est dur de se passer dans le contexte de l’informatique musicale. En dehors de rares mais belles exceptions que Native tente de fédérer avec le format NKS (Acousticsamples, EastWest, Garritan, Sample Modeling, Synthogy, Spectrasonics, Vienna…), les plus grands éditeurs d’instruments samplés recourent en effet au sampleur de Native Instruments pour réaliser leurs instruments virtuels : 8dio, Audiobro, Best Service, Cinematic Instruments, Cinesamples, e-instruments, Embertone, Fable Sounds, Heavyocity, Ilya Efimov, Impact Soundworks, Indiginus, Orange Tree Samples, Orchestra Tools, Output, ProjectSAM, Prominy, Samplelogic, Scarbee, Soniccouture, Sonokinetic, Sound Dust, Soundiron, Spitfire, Vir2, Zero-G, et ce ne sont là que quelques noms parmi des centaines d’autres, dont les produits sont utilisés sur quantité d’albums comme pour des musiques de films ou de jeux vidéo. L’offre en matière de banques pour Kontakt est telle qu’on y trouve même pléthores de choses gratuites ou pas chères du tout provenant de tous petits éditeurs indépendant (à voir sur Kontakt Hub, la place de marché qui leur est dédiée), et quantité d’instruments qui n’existent pas sur les plateformes concurrentes, de la guitare à résonateur à la scie musicale en passant par le Bazanthar ou quantité d’instruments des musiques du monde.
Dans ce contexte, Inutile de dire que la sortie d’une nouvelle version de Kontakt tient de l’événement, à plus forte raison lorsque l’on sait que le précédent Kontakt 5 est sorti il y a 7 ans et qu’il n’était pas lui-même une grosse évolution de Kontakt 4 sorti 2 ans auparavant. Si Native ne s’est pas tourné les pouces depuis et a publié de nombreuses mises à jour gratuites de son logiciel, lui apportant plusieurs petites améliorations ça et là, on espère que cette sixième mouture apportera au moins autant de choses que Reaktor 6 en a apporté à Reaktor 5 il y a trois ans de cela, d’autant qu’en 7 ans, on a eu bien le temps de trouver des défauts au logiciel et de le voir dépassé sur certains aspects par ses concurrents directs : HALion est par exemple le seul à pouvoir réellement sampler depuis le logiciel même et se pare de fonctions d’arrangement évoluées hérités des arrangeurs Motif de Yamaha, tandis que Falcon est autrement plus complet sur le plan des outils de synthèse et propose un langage de script clairemement plus évolué : le LUA.
Vieux pot, vieille soupe ?
Première nouveauté à l’horizon : Kontakt 6 est désormais livré avec 4 nouvelles banques en plus de sa banque généraliste habituelle de 55 Go qui, elle, n’a pas changée d’un iota. Rappelons-le à l’intention de ceux qui ne connaissent pas Kontakt, cette dernière propose un ensemble assez varié d’instruments classés par catégories (Band, Choir, Orchestral, Synth, Urban Beats, Vintage et World). Tout cela n’est évidemment pas de première jeunesse, mais il y a là-dedans des choses qui demeurent exploitables à l’occasion, notamment du côté des instruments orchestraux qui reposent pour certains sur des samples signés Vienna. En marge de cette collection, Native nous propose Retro Machines Mk2, une de ses anciennes excellentes banques formant une sorte de best of des sonorités de synthés analogiques (Moogs, Jupiter, Prophet, etc), et enfin trois petits nouveaux inaugurant la nouvelle gamme Kontakt Play Series : Analog Dreams (encore des sons de synthés), Ethereal Earth (instruments ethniques et synthés) et Hybrid Keys (pianos électriques ou acoustiques et… synthé). Nous reviendrons en temps utile sur ces derniers. Pour l’heure, place à l’installation du logiciel, des cinq banques et de l’utilitaire Creator Tools dont nous reparlerons également.
Tout cela se fait via le Native Access qui ne permet toujours pas de désinstaller une banque, sachant que la vitesse de la procédure dépend de la qualité de votre connexion. La chose faite, nous voici prêt à découvrir le fils prodigue dans notre STAN, ce qui nous place face à deux surprises : une bonne et une mauvaise. La bonne, c’est qu’après 14 ans, Native a enfin compris l’utilité d’appeler le fichier de l’application Kontakt et non pas Kontakt 6. De la sorte, lorsque le prochain Kontakt 7 sortira dans une dizaine d’années, votre séquenceur ne vous posera plus de problème lorsque vous rouvrirez un projet fait avec Kontakt 6 que vous aurez désinstallé, puisque les deux instruments s’appelleront Kontakt. Merci pour ça.
La mauvaise nouvelle ? En dehors de ce changement dans la façon de nommer l’application, on peine à croire qu’on soit en présence d’une nouvelle version et il faut afficher les crédits du logiciel pour s’assurer que c’est bien Kontakt 6 qui nous fait face. Même logo que la version 5, même couleurs, même interface à tiroirs, même design des tiroirs en question, même typos minuscules et parfois mal contrastées : Kontakt 6 est le frère jumeau du vieux Kontakt 5 et c’est à se demander à quoi ont servi ces neuf années, sachant que l’ergonomie de Kontakt 4 était très loin d’être irréprochable à sa sortie, que celle de Kontakt 5 n’apportait guère d’amélioration sur ce point, et que ce Kontakt 6 semble se satisfaire de son vieux costume élimé et rapiécé pour se présenter comme un jeune marié à l’autel.
Alors qu’on attendait une refonte de fond en comble à l’image de ce qui a été fait pour Reaktor, avec une charte graphique s’inspirant des réalisations récentes de l’éditeur (et notamment de Maschine ou de Komplete Kontrol), on se retrouve avec une interface dont le seul infime changement tient dans la suppression de l’onglet Database qui permettait une navigation par critères dans la base d’instruments. Pourquoi cette disparition ? Mystère…
Un brin échaudé par ce premier accueil, on ne se décourage toutefois pas pour aller voir de quel bois se chauffent les nouveaux venus de la fameuse Play Series.
À l’est, rien de nouveau…
L’idée présidant à la réalisation de ces trois nouveaux instruments est simple : on dispose de deux lecteurs de samples A et B, d’un potard Blend pour morpher d’un son à un autre, d’un potard pour régler le volume en sortie, et de 6 potards centraux pour régler des traitements et effets qui varieront suivant le patch choisi : la plupart du temps, il s’agira d’un filtre résonnant, accompagné d’un delay et d’une réverb.
Et c’est tout.
Pas de keyswitches car pas d’articulations, pas d’arpégiateur, d’enveloppes ou de modulateur : juste deux sons mélangés (sauf erreur de ma part, il n’y a pas de multisampling pour gérer des couches de vélocité) et passés dans une section d’effets souvent rudimentaire sur le chaînage de laquelle vous n’avez pas la main.
Proposer des instruments simples part d’un très bon sentiment car à l’heure de faire de la musique, on n’a pas forcément envie de se retrouver face aux usines à gaz que sont Razor, Prism ou Skanner XT pour ne citer qu’eux, et comme on le voit avec Spectrasonics ou Output, une poignée de bons presets bien designés permet souvent d’exciter la machine à idées dès que l’on commence à jouer. Hélas, de simple à simpliste, il n’y a qu’un pas que nos trois bougres semblent franchir allègrement. Dans n’importe lequel des trois, on fait ainsi défiler les presets sans grande excitation, écoutant des sons dont on a l’impression qu’ils existent depuis des lustres dans la Komplete, et comme les moyens d’interagir avec les presets se réduisent à 7 boutons aux effets bien conventionnels, qu’aucune macro complexe n’est à l’œuvre derrière ces boutons la plupart du temps, on se retrouve vite gagné par une impression de déjà entendu. En gros, tout cela ressemble à des multis qu’on aurait fait avec des patches de base de n’importe quel instrument de la Komplete.
Ce n’est pas que les trois petits nouveaux soient foncièrement mauvais, et vu que certaines chanteuses font des tubes avec les boucles de base de Logic, il est même possible qu’un jour un morceau soit composé en se servant d’un des sons qu’ils proposent, mais on a un peu cette impression d’être face à trois instruments de remplissage, réalisés à la va-vite pour grossir artificiellement la dote du marié mal fringué dont nous parlions. Quand on sait de quoi Native Instruments est capable lorsqu’il s’en donne les moyens, c’est un peu décevant et, à moins d’une sérieuse révision du concept, on n’est pas trop pressés de voir débarquer les volumes suivants des Play Series…
Du coup, l’intérêt se reporte sur la redécouverte du vieux Retro Machines Mk2 qui réunit les sons les plus iconiques des plus légendaires synthés analogiques. Un parfait petit couteau suisse dans la mesure où tout sonne bien et qu’on ne passe pas des heures à trouver ce qu’on est venu y chercher. Précisons-le pour finir : la banque de base n’a pas changé dans sa composition comme dans ses interfaces, bien vieillottes elles-aussi.
Inutile de dire qu’à ce stade du test, on commence à avoir des doutes sur les apports de cette V6. Fort heureusement, comme l’écrivait Saint Exupery avec ses chapeaux cachés dans des boas, « l’essentiel est invisible pour les yeux » et c’est dans les entrailles de ce Kontakt 6, ou dans ses à-côtés, que se trouvent les choses les plus intéressantes.
Addition de tables
Depuis le succès du Serum de Xfer, on le sait, la mode est revenue au synthé à tables d’ondes. Tous les séquenceurs s’efforcent ainsi d’avoir le leur tandis que, du côté des sampleurs, Falcon n’avait pas attendu la mode pour être pourvu sur ce point et qu’HALion s’est mis à la page il y a quelque temps déjà. Avec un peu de retard, c’est donc au tour de Kontakt de jouer la carte Wavetable et dans l’édition d’instrument, on dispose ainsi désormais d’un mode Wavetable en plus des modes DFD et Sampler. Voilà qui devrait permettre bien des choses intéressantes en termes de synthèse dans les prochaines librairies à venir, vu qu’il n’est pas bien évident que les nouvelles Play Series en fassent usage…
Dans le sillage de cet ajout, on saluera également l’addition de quatre nouveaux effets : Cry Wah, une Wah Wah de type Cry Baby, Replka Delay, un delay basé sur le fameux Replika XT de l’éditeur, et trois nouvelles réverbes : Room Reverb, Hall Reverb et Plate Reverb. Il n’y a pas de raison de ne pas accueillir ces derniers avec bienveillance car plus les créateurs d’instruments auront de briques à leur disposition, plus ces briques sont de qualité, et plus ils pourront produire des choses intéressantes. Kontakt 5 avait d’ailleurs fait de même à sa sortie en ajoutant les Solid G-EQ, Solid Bus Comp et Transient Master, mais aussi en ajoutant 37 nouveaux filtres…
C’est en pensant encore aux développeurs d’instrument que Native propose désormais les Creator Tools, deux outils rassemblés au sein d’un même logiciel pour leur simplifier la vie lors de la programmation des scripts KSP. Le premier est un debugger qui permet de collecter les messages d’erreurs renvoyés par Kontakt pour faire les corrections qui s’imposent dans le script. Le second est un éditeur d’instrument qui offre une vue des variables utilisées par le script sous la forme d’une arborescence. Il ne s’agit donc pas d’un éditeur de code à proprement parler, lequel demeure dans Kontakt même, mais plutôt d’un outil offrant une vue plus synthétique de l’instrument.
Dans le sillage de ce dernier, on dispose également d’un outil pensé pour automatiser certaines tâches fastidieuse via des scripts LUA, comme le mapping de samples par exemple, ou la réplication de portions de code. C’est d’autant plus important que, pour demeurer accessible au plus grand nombre (voir encadré), le langage de script KSP utilisé par Kontakt conduit souvent à dupliquer des portions de code de façon assez bourrine. À l’occasion de cette nouvelle version, Native aurait parfaitement pu remplacer KSP par LUA au sein de Kontakt, sachant que le scripting dans Falcon est entièrement basé sur ce dernier, mais l’éditeur allemand aurait alors perdu la rétrocompatibilité avec les anciennes librairies de Kontakt. On ne peut donc pas parler de révolution dans le scripting pour cette sixième version, mais d’un effort louable pour simplifier la vie des développeurs à la sauce LUA : c’est déjà ça.
C’est déjà ça mais cela clôt aussi la liste des principales nouveautés de ce Kontakt 6 qu’on attendait plus novateur et plus généreux à tous les niveaux.
En attendant Kontakt 7
Que cela concerne la carrosserie, le moteur, le garage ou ce qu’on trouve dans le coffre et la boite à gants, on attendait une version autrement plus majeure après cette longue attente de 7 ans, 9 si l’on part du principe que Kontakt 5 n’était pas une mise à jour majeure de Kontakt 4.
Parlons carrosserie d’abord. Le plus décevant, c’est évidemment cette interface qui n’a pas évoluée et qui aurait pourtant bien besoin d’une refonte tant sur le plan de l’esthétique, que sur les plans techniques et ergonomiques. Sur le plan technique parce qu’on sent bien qu’elle date d’une époque où les plus gros moniteurs étaient des 24 pouces affichant une résolution de 1280×1024 et que la révolution du responsive design ou la prise en compte des affichages récents n’ont eu aucune répercusions logiciel : sur un 27 pouces en 2560, on continue donc de s’éclater les yeux sur quantité d’interfaces et au vu de ce dont Native est capable en termes d’ergonomie sur ses autres logiciels, on s’attendait forcément à mieux. Mais au-delà de cet aspect visuel, on déplorera que rien n’ait changé du côté de l’ergonomie du soft : alors qu’on s’attendait à voir débarquer un navigateur à tags avec des petites vignettes comme dans Komplete Kontrol / Maschine, on ne se retrouve avec les vieux wallpapers toujours aussi pénibles à organiser (et toujours pas Responsive d’ailleurs) en l’absence d’un système d’arborescence, et la séparation bien lourde au quotidien entre les instruments Powered by Kontakt et ceux qui ne le sont pas, même si l’on comprend bien que c’est là un moyen pour Native de récompenser ceux qui payent la licence au détriment de ceux qui ne la payent pas et du confort de l’utilisateur. Avec ses multiples sous-tiroirs dépliables, l’édition des instruments s’avère toujours aussi laborieuse, obligeant à scroller dans un sens, puis dans l’autre, puis dans l’autre encore. La console de mixage du logiciel est elle-aussi toujours aussi minuscule et rustique fonctionnellement, même si l’on appréciera le fait que l’éditeur se soit fendu d’une réorganisation des effets utilisables à ce niveau. Bref, on attend du mieux de ce côté depuis des lustres, et cette v6 fait craindre qu’il faille attendre des lustres encore.
De la carosserie, nous passerons au moteur : l’ajout de nouveaux effets et de la possibilité de gérer les tables d’onde est une très bonne chose, mais en termes de synthèse, Kontakt est encore loin de pouvoir rivaliser avec Falcon ou HALion qui proposent tous deux une modélisation physique des roues phoniques utilisés par les orgues électromécaniques par exemple, entre autres modules dédiés à la synthèse. Et tandis qu’HALion permet désormais de réellement sampler un instrument depuis son interface, renouant avec le concept premier de l’échantillonneur. Là encore, les choses ont bougé dans le bon sens mais Kontakt est loin d’être le premier de la classe que son statut de leader laisserait supposer.
Parlons garage ensuite, avec les fameux outils proposés aux développeurs : si l’on comprend le maintien du script KSP et s’il est très louable de vouloir faciliter malgré cela la tâche aux développeurs, on notera que le véritable éditeur de scripts proprement dit, en plus d’être dans une typo minuscule et non redimensionnable, s’avère loin de proposer un confort auquel les développeurs sont habitués depuis longtemps : pas d’ouverture de fichiers multiples dans des onglets, pas de coloration syntaxique… Bref, du progrès est encore attendu de ce côté, tout comme dans l’ « éditeur » qui nous est livré ici et qui, lui aussi, pourrait gagner grandement en lisibilité en proposant une coloration des variables en fonction de leur type. Enfin, on aurait apprécié que la conception d’interfaces utilisateur soit simplifiée par un utilitaire s’inspirant du Kontakt GUI Maker 2 de Rigid Audio comme on ne cracherait pas non plus sur une solution du type Sample Robot pour simplifier le sampling. La marge de progression est donc bien confortable à ce niveau encore.
Finissons avec le contenu du coffre et de la boîte à gants, soit les banques de sons livrées avec ce Kontakt. Si l’on comprend le maintien de la vieille banque Kontakt Factory Library pour assurer la rétrocompatibilité avec les anciens projets l’utilisant, la refonte de certaines interfaces de ces instruments n’aurait pas été du luxe, et l’on aurait préféré disposer d’un digest des meilleures choses sorties par Native au fil de ces dernières années plutôt que ces Play Series qui n’apportent pas grand chose au schmilblick. Il faut d’ailleurs le souligner : pour un logiciel dont le premier intérêt est justement la recréation virtuelle d’instrument acoustiques ou électro-acoustiques (au rayon synthèse, sans parler de FM8, Massive ou ABsynth, Reaktor est autrement plus pertinent et permet de mettre la main sur des centaines d’instruments), on soulignera qu’entre les Play Series, le Retro Machine Mk2 et les répertoires Synths, Vintage et Urban Beats de la Factory Library, la balance des sons livrés avec Kontakt pèse désormais sévèrement du côté du synthé, avec pas mal de choses redondantes.
Bref, comme vous le voyez, cette version 6 n’est pas forcément à la hauteur des attentes qui se sont formées au cours de cette longue attente, ce qui ne remet toutefois pas en cause le statut de Kontakt dans le domaine de l’informatique musicale, et donc son pouvoir d’attraction. Car à moins de ne faire que de la musique à base d’instruments synthétiques auquel cas on peut plus facilement s’en passer, Kontakt demeure un must pour aborder de nombreux genres musicaux via du virtuel.
Conclusion
Il est bien dur de savoir si nous sommes face à Kontakt 6 ou à un Kontakt 5.9, le logiciel n’offrant vraiment pas une grande différence avec Kontakt 5 du point de vue de l’utilisateur. L’interface n’a ainsi pas bougé, que ce soit en termes de design comme d’ergonomie, au mépris des très bonnes choses faites par ailleurs par Native sur ses réalisations plus récentes (Maschine et Komplete Kontrol notamment), et elle souffre toujours de quantité de problèmes dûs à son âge : pas de Responsive Design, typo difficilement lisibles, etc. Pour détourner l’attention de cet immobilisme difficilement explicable, l’éditeur propose trois nouveaux instruments qui peinent vraiment à convaincre en raison de concepts simplistes et d’un manque certain d’inspiration en termes de Sound Design. Reste la bonne nouvelle : Kontakt est désormais capable de faire de la synthèse à tables d’ondes, ce qui nous promet bien des choses intéressantes pour les instruments à venir. On est ravi de voir aussi que l’éditeur a à coeur de simplifier le travail des créateurs d’instruments en fournissant quelques précieux outils pour le débug ou l’automatisation de certaines taches fastidieuses. Du coup, ce Kontakt semble pour l’heure plus promettre qu’il ne tient et ce sera sans doute aux éditeurs de tierce partie de nous prouver le bienfondé de cette mise à jour.
Ces défauts ne remettent toutefois pas en cause son statut de leader des sampleurs virtuels, et donc sa pertinence à se retrouver sur le disque dur de tout bon home studiste qui se respecte. Voilà qui explique la note finale de 4/5 en dépit des vertes critiques présentes dans ce test, sachant que s’il avait fallu noter la mise à jour seulement, il n’est pas sûr que notre bon ami aurait atteint la moyenne. Le raisonnement est le même pour l’Award : Kontakt 5 était il y a deux semaines encore la référence du marché, et il n’y a pas de raison que son frère jumeau soit déconsidéré alors qu’il hérite de ce statut.
Parlons achat enfin : au prix de 400 euros où Kontakt est vendu, on aurait tort de ne pas l’acheter au sein de la Komplete 12 qui, pour 200 euros de plus, a tellement plus à proposer. Quant à savoir si la mise à jour du logiciel vaut le coup pour les utilisateurs du seul Kontakt 5 qui ne sont pas éditeur de banques de samples, disons qu’il n’y a pas le feu au lac vu que, pour l’heure, aucun instrument n’exploite encore ses possibilités et que la migration se fera pour beaucoup grâce au pouvoir d’attraction de la Komplete 12 qui présente de plus solides arguments pour vous faire sortir la carte bleue. Bref, Kontakt 6 est sorti. Vivement Kontakt 7.