Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Pédago
3 réactions

Analyse d'une disto : MXR Distortion Plus (partie 4) - L'électronique pour le musicien partie 19

Cette semaine, on continue le journal de bord de notre fabrication d'un clone modifié de la MXR Distortion Plus. Maintenant qu'on a établi un schéma préliminaire, il va falloir réaliser un prototype, afin de parfaire les modifications que nous avons proposées et de réaliser la version finale...

L'électronique pour le musicien partie 19 : Analyse d'une disto : MXR Distortion Plus (partie 4)
Accéder à un autre article de la série...

Parce qu’en effet, pour l’ins­tant, toutes nos belles simu­la­tions restent malheu­reu­se­ment théo­riques. Le choix des compo­sants, de leurs valeurs et de leurs types, la bonne concep­tion du circuit imprimé, les régla­ges… Tout cela va comp­ter dans la réali­sa­tion de l’objet final. Alors, pour défi­nir ce qui mérite vrai­ment d’être mis en place, nous établis­sons un cahier des charges, en 4 points prin­ci­paux :

La bonne qualité de fonc­tion­ne­ment - c’est idiot à dire mais, même si une pédale ne fait pas un trai­te­ment de signal qui néces­site une préci­sion extrême, certaines normes sont à respec­ter quand au place­ment des compo­sants, à la connexion des masses ou de l’ali­men­ta­tion… Bref, il faut faire cela propre­ment.

La faci­lité de prise en main – en effet, on a ajouté pas mal de commu­ta­teurs, il va donc être néces­saire de réflé­chir à un ensemble qui ne sera pas trop « usine à gaz », qui permet­tra une prise en main rapide, et où l’on ne risque pas trop de chan­ger invo­lon­tai­re­ment un réglage avec le pied.

La sono­rité - c’est bien de simu­ler des compor­te­ments, mais il n’y a rien de mieux que les oreilles pour juger du résul­tat final. Car, si l’on crée une pédale de disto, c’est pour faire de la musique pour soi, pour son plai­sir, son expres­sion person­nelle. Il va donc falloir peau­fi­ner, à partir du proto­type, un résul­tat final qui justi­fie nos efforts, et sache séduire nos oreilles.

L’es­thé­tique – une pédale facile à mani­pu­ler, c’est bien. Une pédale agréable à regar­der, c’est impor­tant aussi.

MOCHE

Pas ça donc.

Tous ces points seront déve­lop­pés, peau­fi­nés, trans­for­més dans les semaines qui viennent puisque, comme je l’ai déjà noté, cette série d’ar­ticles sert de jour­nal de bord à une créa­tion nouvelle, donc il est possible qu’elle passe par des révi­sions.

Commençons donc par iden­ti­fier ce qui devra se trou­ver acces­sible sur cette pédale, et à hiérar­chi­ser les prio­ri­tés d’uti­li­sa­tion.

Keski­vaou ?

Revoici le schéma de la semaine dernière, à un compo­sant près : 

SCHEMA 1 - cercle

En effet, j’ai changé la protec­tion contre les inver­sions de pola­rité au niveau de l’ali­men­ta­tion pour un système avec un MOSFET Type P (pour posi­tive chan­nel – je précise car nous avons vu les FET trop rapi­de­ment. Peut-être dans un futur arti­cle…). On avait parlé de cette solu­tion sur le forum : la connexion Drain-Source du tran­sis­tor forme une diode : lorsqu’elle reçoit +9V, et que la Grille est à 0V, ellle devient conduc­trice. Si la Grille reçoit +9V (pile instal­lée dans le mauvais sens, alimen­ta­tion externe à la pola­ri­sa­tion inverse), elle bloque la passage du courant dans le tran­sis­tor à effet de champ. L’in­té­rêt d’uti­li­ser un MOSFET, c’est sa résis­tance très faible (quelques dizaines de mΩ) qui occa­sionne une chute de tension négli­geable à ses bornes.

Vous remarque­rez que j’ai annoté notre schéma, en entou­rant en couleur chaque élément qui devra être acti­vable par l’uti­li­sa­teur. En voici la liste avec la réfé­rence des types de commu­ta­teur.

Les commu­ta­teurs sont cerclés :

En rouge le sélec­teur de l’am­pli tampon (2PDT, à levier), en vert le sélec­teur marche/arrêt (3PDT, foots­witch), en bleu le sélec­teur Bass Boost/ Bass+­Treble Boost (DP3T, rota­tif), en rose le sélec­teur des diodes d’écré­tage (DP3T, rota­tif).

Les poten­tio­mètres sont rectan­glés :

En bleu clair le gain (500 kΩ, log.), en violet le volume (10 kΩ, log.), en marron le Warp (valeur à défi­nir, lin.)

On se retrouve donc avec quatre commu­ta­teurs et trois poten­tio­mètres, plus une résis­tance variable dans la pédale. Il me semble que, logique­ment, ces commu­ta­teurs/potards tombent dans trois caté­go­ries d’uti­li­sa­tion :

Ultra-régu­lière – le foots­witch, je n’ai pas besoin d’ex­pliquer pourquoi.

Régu­lière -  les sélec­teurs de diodes et de conden­sa­teurs, le Warp, et les sélec­teurs Gain et Volume qui vont être utili­sés pour régler la sono­rité de la pédale mais qui, égale­ment, reste­rons intacts pendant de longues périodes aussi (selon l’uti­li­sa­teur et ses préfé­rences, bien entendu)

Occa­sion­nelle - le commu­ta­teur du buffer d’en­trée, qui sera activé (ou pas) à chaque nouvelle situa­tion d’uti­li­sa­tion, selon le pedal board, le câble… Mais qui risque aussi d’être laissé dans la posi­tion choisi par l’uti­li­sa­teur pendant long­temps.

Dans ta face !

MXR FRONT PLATEÀ partir de ce constat, un premier design de la pédale me semble devoir trai­ter les sélec­teurs de diodes/conden­sa­teurs au même rang que les poten­tio­mètres de gain/volume. L’ordre des commandes suit le schéma : le Gain situé à l’en­trée, suivi du Boost, puis du Clip (sélec­tion des diodes), puis le Volume juste avant la sortie.

Il est impor­tant de sécu­ri­ser les contrôle contre les coups de semelles invo­lon­taires. Pour s’as­su­rer d’au­tant mieux de cela, on choi­sira des boutons ronds (et non pas, par exemple, des chicken­heads) et pour rester dans l’es­prit du circuit dont nous sommes partis au départ, j’ai pris des boutons typés « MXR », mais rien ne nous oblige à rester sur ce style là.

Le Warp est situé au centre, avec un plus petit bouton, de façon à ne pas trop l’ap­pro­cher du footsw­witch. Le sélec­teur du buffer, quant à lui, est relégé sur le côté de la pédale, et on utili­sera un petit commu­ta­teur à levier.

On emploiera une boîte de taille 1590XX (145 mm x 121 mm x 39 mm). Pour le design géné­ral, force est de consta­ter que l’on obtien­dra quelque chose qui ressem­blera plutôt à la Distor­tion II du même construc­teur, mais c’est un hasard, surtout dû à la couleur utili­sée.

Proto­ty­pons un typon

Repre­nons l’iden­ti­fi­ca­tion que nous avions faite des parties du circuit. Avec nos modi­fi­ca­tions cela donne : 

SCHEMA 1 - annote

Il va donc nous falloir créer un circuit sur lequel ces parties soient, si ce n’est complè­te­ment sépa­rées (cela n’au­rait aucun sens), au moins distinctes les unes des autres. Cela aura deux effets posi­tifs : simpli­fier la compré­hen­sion du circuit lors du montage, ou de répa­ra­tion/modi­fi­ca­tions subsé­quentes ; sépa­rer autant que possible adéqua­te­ment les rails d’ali­men­ta­tion du trajet du signal, et permettre une bonne mise en place de la masse. Voici un premier design : 

PCB 1.PNG

Il s’agit d’un circuit imprimé double-face (les traces de la face infé­rieure sont en orange, de la face supé­rieure en jaune), ce qui permet un meilleur rende­ment compo­sants/place. Pour les plus novices : remarquez que certaines traces jaunes croisent des traces oranges (puisqu’elles sont respec­ti­ve­ment sur le recto et le verso du circuit imprimé), ce qui permet de multi­plier les liai­sons entre les compo­sants plus libre­ment. J’ai prin­ci­pa­le­ment utili­sée la face infé­rieure pour le signal et la masse, et la supé­rieure pour l’alim (à quelques excep­tions près, qui m’ont été dictées par les néces­si­tés du design).

Si des compo­sants ont l’air de se chevau­cher, cela n’est pas impor­tant ! Par exemple, en ce qui concerne le LM741 et le termi­nal nommé GAIN (relié au poten­tio­mètre du même nom), nous ne monte­rons tout simple­ment pas de termi­nal de connexion, et utili­se­rons direc­te­ment les pastilles, sur lesquelles nous vien­drons souder les câbles.

Toutes les réfé­rences de compo­sant corres­pondent à celles du schéma pour une bonne lisi­bi­lité : manquent seule­ment les commu­ta­teurs et les poten­tio­mètres (dont les points de connexion sont toute­fois indiqués) ainsi que les conden­sa­teurs C7 et C9, la LED D5 et sa résis­tance, qui seront tous montés hors du circuit imprimé.

En étudiant la topo­lo­gie du circuit, on observe bien comment les compo­sants sont instal­lés en respec­tant au moins partiel­le­ment la forme géné­rale du schéma (l’ap­pa­ri­tion des compo­sants de droite à gauche). Ci-dessous, on voit, enca­dré en rouge, l’am­pli tampon ; en violet, l’ali­men­ta­tion ; en bleu, l’étage d’am­pli­fi­ca­tion et en jaune clair l’étage de sortie (filtrage, écré­tage et atté­nua­tion du signal).

PCB 1 - anoote

Quels sont le savan­tages d’une telle mise en place ? Si vous obser­vez le dessin de l’in­té­rieur de la pédale (ci-dessous), vous remarque­rez que l’en­trée du signal (à gauche) arrive ensuite sur le côté gauche du circuit imprimé, que le commu­ta­teur de l’am­pli tampon se trouve face à sa connexion sur le circuit, tout comme la sortie… Certains points de connexions ne sont pas parfai­te­ment alignés avec leurs poten­tio­mètres, ou leurs commu­ta­teurs mais, dans l’en­semble, ce montage permet­tra de conser­ver des câblages courts. Cela rendra le montage (et de poten­tielles modi­fi­ca­tions) plus facile à réali­ser. On veut éviter ce qu’on nomme « le plat de spaghetti » : 

Cablage spaghetti

Pas ça non plus (désolé pour la personne qui a fait ça)

Pour finir, quelques indi­ca­tions tech­niques : ce proto­type de typon a été réalisé avec la logi­ciel Frit­zing. Certes, en écri­vant ceci, je lui fais de la pub…  Ce n’est pas la seule solu­tion, de nombreuses autres solu­tions existent, certaines bien plus avan­cées dans leurs options. Toute­fois, ce logi­ciel et le projet sur lequel il se fonde, initié par l’Uni­ver­sité de Pots­dam, a le mérite de s’adresse direc­te­ment aux non-profes­sion­nels. En cela, il se place exac­te­ment dans la lignée de cette série d’ar­ticles.

Dessine-moi une disto

Le circuit faisant 69 × 35 mm, il s’in­tè­grera parfai­te­ment dans notre boîte, en nous lais­sant assez de place pour réali­ser un câblage propre et pour loger la pile.

MXR DISTO PLUS MODS inside

Et main­te­nant, où allons-nous ?

En atten­dant de réali­ser ce proto­type, notre série d’ar­ticle plus « théo­rique » va reprendre son train. Lorsqu’un premier proto­type satis­fai­sant aura pris forme sur mon plan de travail, nous conclu­rons cette série, avec un article donnant une liste de pièce complète, le fichier du typon, et un jour­nal de montage de la pédale, avec des indi­ca­tions précises sur les étapes de sa réali­sa­tion.

Et en atten­dant, le prochain article sera consa­cré aux alimen­ta­tions et à leur régu­la­tion.

← Article précédent dans la série :
Analyse d'une disto : MXR Distortion Plus (partie 3)
Article suivant dans la série :
Les alimentations : principes et fonctionnement →
  • Pr. Soudure de La Feuille 282 posts au compteur
    Pr. Soudure de La Feuille
    Rédacteur·trice
    Posté le 23/02/2022 à 08:02:41
    Appel aux AFiens : si vous trouvez une erreur dans le typon, faites le moi savoir svp ! Je l'ai révisé plusieurs fois déjà, mais personne n'est à l'abri d'une erreur... :bravo:
  • hhub17 3114 posts au compteur
    hhub17
    Squatteur·euse d’AF
    Posté le 23/02/2022 à 19:32:50
    Le "désolé pour la personne qui a fait ça" se comprend vu le déroulé pédagogique, mais d'une part c'est construit sur une plaque standard où on coupe les lignes de cuivre aux endroits où on veut arrêter le circuit, donc par un amateur sans le matériel pour une plaque "sur mesure", d'autre part je trouve que, bien qu'un peu longs, les câbles ont l'air de bonne qualité et les soudures aussi. C'est déjà ça !
    Après, je suis peut-être un brin optimiste, mais je n'ai pas réussi à agrandir suffisamment pour de flagrants défauts. En même temps, je suis moi-même un débutant en la matière.
    Merci pour cette série, qui me rappelle les temps anciens de mon livre de chevet "l'électronique dans la musique pop", il y a de cela près de 40 ans !
  • Pr. Soudure de La Feuille 282 posts au compteur
    Pr. Soudure de La Feuille
    Rédacteur·trice
    Posté le 24/02/2022 à 11:11:01
    Citation de hhub17 :
    Le "désolé pour la personne qui a fait ça" se comprend vu le déroulé pédagogique, mais d'une part c'est construit sur une plaque standard où on coupe les lignes de cuivre aux endroits où on veut arrêter le circuit, donc par un amateur sans le matériel pour une plaque "sur mesure", d'autre part je trouve que, bien qu'un peu longs, les câbles ont l'air de bonne qualité et les soudures aussi. C'est déjà ça !
    Après, je suis peut-être un brin optimiste, mais je n'ai pas réussi à agrandir suffisamment pour de flagrants défauts. En même temps, je suis moi-même un débutant en la matière.
    Merci pour cette série, qui me rappelle les temps anciens de mon livre de chevet "l'électronique dans la musique pop", il y a de cela près de 40 ans !


    Oui, je trouvais que c'était un peu vache d'utiliser la photo du travail sincère d'un passionné pour le critiquer, d'où le "désolé". Je ne voulais pas passer pour une hyène sur le coup, et en effet on voit bien pire comme câblage. D'autant plus qu'à mes débuts... Eh bien je faisais pareil, et ça marchait, donc ce n'est pas une catastrophe.

    Reste qu'en prenant le temps de bien concevoir un circuit, même sur stripboard, rien n'empêche de réaliser un câblage propre, avec des câbles de couleurs différentes (pratique pour séparer visuellement signal, alim et masse), qui suivent les bords de la pédale, ou qui sont vrillés en paires, ou les deux.

    Et en même temps, Markus Reeves fait ça, signe qu'il y a toujours de la marge pour progresser ! :oo:

    118484712_3850801618298958_8332613823531328086_n.jpg

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre