Plus animée que le débat Stones contre Beatles, plus tranchée qu’un face-à-face Lepen / Mélenchon et plus brûlante que feu la guerre froide, la question Mac ou PC déchaîne les passions dès qu’on la pose, voire des débordements, voire des insultes et puis c’est tout, gnagnagna. Ce n’est pourtant pas pour ça qu’il ne faut pas la poser. Et c’est ce qu’on va tenter de faire, de la façon la plus calme possible.
Aristote
sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. »
Martin Luther King
Cette question est d’ailleurs d’autant plus pertinente qu’il n’y a rien qui ressemble plus à un Mac qu’un PC, et vice-versa. De fait, les deux sont des ordinateurs, intégrant les mêmes composants (processeur, mémoire, disques durs, etc.) pour faire la même chose, plus ou moins de la même façon : souris et claviers permettent de piloter des logiciels qui proposent souvent des fonctionnalités identiques : vous savez faire un copier-coller sur un PC ? Alors vous savez le faire sur un Mac…
D’ailleurs, le fait d’opposer Mac et PC n’est pas tout à fait juste dans la mesure où les deux mots ne renvoient pas aux mêmes choses : le Mac est un modèle d’ordinateur assemblé par Apple exclusivement, là où le PC est un standard regroupant des dizaines, voire des centaines de constructeurs ou d’assembleurs, et recouvre ainsi des milliers de modèles d’ordinateurs.
Comment ça se fait ? Lorsque la micro informatique a connu son essor dans les années 80, les deux rivaux IBM et Apple ont chacun opté pour une stratégie différente : là où Apple a souhaité rester l’unique constructeur des Mac, IBM a fait le pari audacieux d’ouvrir sa technologie pour établir un standard : le PC (Personal Computer). Du coup, des centaines de fabricants se sont mis à construire du matériel compatible PC, se livrant une concurrence qui a grandement dynamisé le marché PC au détriment du Mac.
Frisant les 15 % dans les années 80, les parts de marché d’Apple ont ainsi chuté sous les 3 % du parc informatique mondial dans les années de 90, avant de reprendre du terrain dans les années 2000 grâce à plusieurs produits comme l’iMac, l’iPod ou l’iPhone, et dépasser aujourd’hui la barre des 15 % selon les derniers chiffres livrés par LEPTIDIGITAL. Relativisons tout de même ces données : dans le petit monde de l’audio, Apple fait meilleure mine puisqu’à défaut d’une étude sérieuse livrée sur ce sujet, les stats de consultation d’AudioFanzine créditent le Mac de 19,6 % de parts de marché.
Cette parenthèse historique fermée, on comprendra qu’il est difficile de faire une comparaison exacte entre un ordinateur et un standard. Aussi le meilleur argument de comparaison tient-il dans le seul dénominateur commun à tous les PC et qui les distingue du Mac : le système d’exploitation.
Windows ? Mac OS X ?
Qu’est-ce qu’un système d’exploitation ? C’est ce gros logiciel qui se lance dès l’allumage de la machine pour en gérer les fonctions essentielles, et à l’intérieur duquel vous pourrez lancer des logiciels dédiés : traitement de texte, outils de retouche photo, navigateur web, soft pour faire de la musique, etc. Windows, MacOS X sont donc des systèmes d’exploitation, tout comme leurs ancêtres MS-DOS ou Unix, ou comme leur rival Linux…
La première chose à savoir concernant ces systèmes d’exploitation, c’est qu’ils ne sont pas compatibles entre eux : un logiciel conçu pour tourner sous Mac OS X ne tournera pas sous Windows à moins d’un portage (c’est-à-dire que l’auteur du logiciel réalise une version dédiée à Windows de ce dernier). Or, s’il existe un certain nombre de logiciels existant sur les deux plateformes, un grand nombre ne sont disponible que sur l’une ou sur l’autre : Cubase, Ableton Live, Studio One et Pro Tools existent ainsi sur les deux, mais Cakewalk Bandlab, Acid et Samplitude n’existent que sur PC, tandis que Logic ou Garage Band ne tournent que sur Mac. Du coup, si choisir entre Mac et PC, c’est forcément choisir un système d’exploitation, c’est aussi opter pour une logithèque ou une autre (une logithèque décrivant l’ensemble des logiciels qu’on puisse faire tourner sur un système d’exploitation).
De fait, choisir entre un Mac ou un PC pour la musique peut se résoudre très vite si vous avez déjà idée du logiciel que vous comptez utiliser : vous voulez utiliser Cakewalk ? Alors, ce sera PC. Vous ne jurez que par Digital Performer ? Alors ce sera Mac.
…ou Linux !
Déclinaison comme OS X du système d’exploitation UNIX, Linux est un système Open Source qui se décline dans de nombreuses versions (on parle de pour ces dernières de 'distributions’). Ses avantages ? Il est stable, performant et permet d’accéder à une foule de logiciels gratuits, tout en cautionnant une philosophie de partage et d’ouverture enthousiasmante.
Ses défauts ? Bien qu’il se montre de plus en plus accessible pour le grand public, Linux demeure tout de même un environnement pour les fans d’informatique, ne serait-ce que parce qu’il manque cruellement de support de la part des constructeurs de matériel et d’éditeurs de logiciels.
Faire de la musique avec Linux est donc tout à fait possible, mais pas forcément évident pour qui débute en informatique. Et comme le système est peu courant, vous aurez plus de peine à trouver, en dehors de quelques excellents sites consacrés à ce sujet, du monde pour vous aider en cas de galère.
Enfin, soulignons-le : même si elle ne manque pas d’atouts (la plupart des logiciels sont gratuits), la logithèque de Linux est bien moins imposante que celle de MacOS X ou surtout Windows.
…ou les autres !
Il existe encore bien d’autres systèmes d’exploitation en plus de Windows, MacOS X ou Linux… iOS et Android sont ainsi des systèmes d’exploitation propres aux tablettes et smartphones tandis que ChromeOS se retrouve sur les PC portable d’entrée de gamme. Nous nous garderons d’évoquer ici l’usage d’un smartphone ou d’une tablette comme clé de voûte d’un home studio car si ces équipements ont bien des intérêts comme accessoires ou solutions d’appoint nomade, ils sont loin d’offrir un équivalent de la richesse fonctionnelle permise par un ordinateur de bureau ou un portable (en termes de logiciels comme de périphériques). On en dira de même de ChromeOS qui est certainement plus proche d’Android que de MacOS ou Windows et qui, s’il peut bien lancer des applications musicales, n’en reste pas moins avant tout pensé pour un usage bureautique et non audio pro…
Certes, on peut sans doute faire un album complet avec un Chromebook ou une tablette comme on peut faire un long-métrage avec un iPhone. Mais il faut bien comprendre que cela tient plus du défi limitatif qu’autre chose, un peu comme traverser l’Atlantique à la rame…Vendues sous la barre des 300 euros, ces machines qu’il équipe sont en effet très limitées matériellement parlant et disposent d’une logithèque relativement réduite sur le plan de l’audio…
Or, c’est peut-être sur ce point de la logithèque que pourra s’orienter votre choix…
Ces petits logiciels qui font les grandes logithèques : avantage PC
Si vous comptez acheter un Mac pour une utilisation musicale uniquement, ou même pour de la bureautique ou du multimédia, vous ne devriez pas considérer cela comme un problème, la plateforme d’Apple étant plutôt bien dotée de ce côté. Mais pour peu que vous souhaitiez aussi un ordinateur capable d’exploiter des progiciels orientés métier, force est d’admettre que la logithèque du Mac peut s’avérer suivant les cas, très lacunaire. En matière de gestions diverses (du prof au médecin, du chef de chantier au comptable, etc.), de simulation (économique, scientifique, etc.) ou d’autres usages pointus, nul doute que vous pourrez vous sentir frustré par les nombreuses années qu’a passées Apple à se désintéresser du monde de l’entreprise pour se focaliser sur le seul secteur des « créatifs ». Et c’est sans parler des jeux vidéos, même si la pomme semble un peu plus s’y intéresser depuis quelque temps…
Pour revenir au seul champ de la musique, sachez également que la proportion de logiciels freewares suit les proportions des logithèques Mac et PC : en gros, comptez 1 freeware Mac pour 4 freewares PC, ce qui implique plus de choix sur cette seconde plateforme, et non des moindres parfois. Un détail qui peut avoir son importance pour les petits budgets désirant rester dans le cadre de la légalité.
Pour contrebalancer ce défaut, notons que Mac OS X, à l’inverse de Windows, est livré de base avec GarageBand, soit un séquenceur pour débutants extrêmement intuitif, qui permet de faire ses premières compos sans bourse délier : un très bon point pour Apple.
Stabilité : ex-aequo
Mais soyons clair, la machine parfaite ne plantant jamais n’existe pas et vous aurez de façon extrêmement rare, des plantages sous Mac comme sous Windows. Ce n’est pas sur ce terrain, en tout cas, que vous pourrez les départager.
Sécurité : avantage Mac
Performance
Et pour la musique ? Disons que si vous achetez un PC ou un Mac demain, vous ne devriez pas vous sentir limité en termes de puissance à moins de faire un projet de 130 pistes avec des réverbs à convolution et des traitements dans tous les sens. Si tel est votre désir, alors c’est que vous êtes professionnel exigeant. Et si vous êtes professionnel exigeant, vous n’avez sans doute pas besoin de lire ce guide pour débutant, non ?
Ergonomie et philosophie
En prenant un peu de recul sur ces détails concrets et en regardant ce qu’il est possible de faire avec OS X ou Windows, il est indéniable que l’ergonomie du Mac et du PC renvoie à deux visions bien distinctes de l’ordinateur. D’un côté, le PC se veut le plus configurable possible quitte à devenir complexe : on peut le bidouiller dans tous les sens et rentrer dans les entrailles du système pour lui ajouter d’innombrables fonctionnalités, modifier certains comportements, et éventuellement faire des bêtises (Ah, la base de registres !). C’est clairement l’ordinateur que préfèrent les gens qui s’intéressent à l’informatique en tant que telle.
De l’autre côté, le Mac est clairement moins malléable, offre moins de liberté dans son paramétrage, mais se montre ainsi plus accessible. C’est clairement l’ordinateur de ceux qui ont besoin de l’outil informatique, mais qui ne s’intéressent pas spécialement à cette discipline : les créatifs entre autres, dont les musiciens, et même, en définitive, le grand public. Les partis pris esthétiques de la Pomme relaient d’ailleurs cette impression : Steve Jobs et ses hommes se sont toujours attachés à faire de ‘beaux’ objets pour séduire ceux à qui la grisaille des PC ne parlait pas (D’où le succès de l’iMac en son temps). Le packaging lui-même s’inscrit dans ce sillage : un Mac est toujours livré dans un beau paquet bien classe, qui contraste sacrément avec les cartons marron énormes de Dell et consorts.
Ce côté accessible et grand public peut paraître bizarre quand on songe à la répartition du marché, mais le paradoxe trouve son explication dès qu’on considère d’autres aspects du problème.
Ouverture et évolutivité
Et les portables?
Vous aurez remarqué que cet article ne s’arrête guère sur le cas du portable. C’est qu’entre l’offre Mac et PC, les Netbook et les tablettes tactiles, le sujet mérite un dossier à part entière. Aussi se contentera-t’on, en attendant cet article, d’une simple recommandation basée sur le bon sens : n’achetez un ordinateur portable que si vous avez réellement des besoins nomades. Pas parce que c’est joli ou pour gagner de la place. Pourquoi? Parce qu’à prix égal, ces derniers sont bien moins performants, ergonomiques et évolutifs que les modèles 'Desktop’ (tours ou tout-en-un façon iMac). |
En effet, en dehors du Mac Pro qui reprend le classique format Tour + écran, les autres Macs optent soit pour un mini-boîtier dans lequel il n’est rien possible d’ajouter, soit pour une intégration au sein même de l’écran : c’est assurément joli et bien pensé, mais pourra sembler très limitatif aux yeux de certains. Que ce soit pour utiliser des composants additionnels ou pour faire évoluer une config vieillissante, le Mac Pro s’impose comme la seule réponse d’Apple au besoin de modularité. Et le problème du Mac Pro, c’est son prix…
Relativisons cependant ce problème qui n’en est pas vraiment un : avec un iMac, vous pouvez tout à fait faire de la MAO, et même de façon poussée. C’est juste qu’il faudra penser interface audio externe (ou même d’ailleurs, vous contenter de l’interface intégrée), ne pas compter sur le doublement de débit sécurisé d’un système Raid 0+1 pour exploiter d’énormes banques de sons. Bref, il y a largement de quoi faire, mais les options sont plus réduites qu’avec le Mac Pro, ou un PC.
Prix
Le plus ennuyeux, c’est lorsqu’on souhaite disposer d’un Mac au format tour, car il faut alors investir dans un Mac Pro, vendu à partir de 2299 € sur l’Apple Store. Une belle somme qui permettrait presque d’acheter deux PC de milieu de gamme…
Je ne me hasarderais pas à juger du rapport qualité/prix du Mac Pro, car la chose ferait appel à des éléments relativement subjectifs comme la qualité de l’assemblage, du design ou encore du packaging. Notons juste qu’en ne proposant une tour que dans sa gamme Pro, Apple assume clairement une volonté élitiste à laquelle font écho les 90/10 de part de marchés en faveur du PC.
Modes & cultures
Un pro Mac vous dira qu’un PC ne fait que planter, que c’est moche, que ce n’est pas ergonomique, qu’on perd du temps à faire des choses qui prendraient trois secondes sur un Mac. Il vous dira aussi que Microsoft n’a jamais fait que copier Steve Jobs, un type sympa, là où Bill Gates est un vil impérialiste qui vendrait sa mère, qu’un Mac c’est tellement plus beau, tellement plus performant et pratique, que oui, même si c’est un peu plus cher ça le vaut bien. Et puis Logic, c’est quand même le meilleur rapport qualité/prix du marché. Na!
Un pro PC vous dira que lui, au moins, n’a pas claqué sa tune dans un ordinateur de bourgeois bohème, qu’il peut maîtriser les moindres recoins de sa machine alors qu’on ne contrôle rien sur Mac et qu’un PC ne plante pas quand on sait s’en servir, qu’il n’a pas à attendre 3 ans pour jouer à autre chose qu’à des jeux de beauf comme les Sims et qu’Apple, c’est un peu de vernis et beaucoup de Com pour faire oublier que la société n’a ni inventé la souris, ni le bureau graphique, ni le baladeur MP3, ni l’écran multi-touch, et qu’elle ne cherche, tout comme Microsoft, que la satisfaction de ses actionnaires. Et puis Sonar, c’est quand même le meilleur rapport qualité/prix du marché. Na!
En vis-à-vis de ces propos enflammés, je soulignerais qu’en outre, l’image du Mac comme celle du PC est sujette à des modes : il y a encore 5 ans, beaucoup d’ados voyaient dans le Mac un ordinateur pour parents ou grands-parents, quand les ados d’aujourd’hui tueraient pour avoir un iMac…
Mieux que le 50/50, le coup de fil à un ami
Conclusion
- Si votre budget est serré et se situe sous la barre des 1000 €, achetez un PC et oubliez le MacMini.
- Si vous n’avez aucun budget à consacrer aux logiciels, achetez un Mac pour GarageBand ou alors un PC moins cher, un séquenceur light et l’offre en freewares fera le reste.
- Si le budget n’est pas un problème et que vous voulez un ordinateur pour faire de la musique, de la bureautique et du multimédia, achetez un Mac. C’est comme un très bon PC.
- Si vous êtes un dingue de jeux vidéos ou si vous utilisez des progiciels métiers spécifiques, achetez un PC.
- Si vous n’y connaissez vraiment rien à l’informatique et que d’ailleurs, vous n’êtes pas sûr que la chose vous passionne, achetez un Mac.
- Si vous souhaitez pouvoir personnaliser au maximum votre environnement de travail, et dire des trucs comme 'il faudrait compresser la base de registres’ pour briller en société, achetez un PC.
- Si enfin, votre meilleur ami est prêt à vous aider dans votre découverte de l’informatique, faites tout comme lui pour vous simplifier la vie à tous deux.
- Si vous connaissez déjà le logiciel que vous souhaitez utiliser parce que vous avez des rudiments dessus ou pour une autre raison, achetez la plateforme qui le fait tourner.
- Si vous avez déjà vos repères sur Mac, même flous, restez-y. Cette remarque vaut aussi pour le PC.
- Si enfin, vous n’êtes pas sûr de vous : dites-vous que c’est moins grave que de choisir une route dans un poème de Robert Frost. Vous rachèterez probablement un ordinateur dans les 4 années qui viennent, parce que celui que vous êtes sur le point d’acheter sera complètement obsolète.
Ceci étant dit, nous verrons dans un prochain dossier tout ce qu’il faut savoir pour bien acheter un Mac (c’est assez simple) ou un PC (c’est un peu plus compliqué). Occasion ou pas? Grande marque ou pas? Quel budget? Quels composants? Etc.
On en reste là pour cette fois, car c’est l’heure de la curée, avec les commentaires accessibles par le lien ci-dessous :
PS : Maman, je t’aime.