Un ordinateur pour faire de la musique ? En voilà une bonne idée. Oui mais lequel ? En voilà une bonne question. Et d’abord, c’est quoi un ordinateur et comment ça marche ?
Bien entendu, il reste toujours possible d’enregistrer un disque avec un bon vieux magnétophone multipiste et profiter ainsi du grain que la bande confère au son, mais reconnaissons que la chose est très coûteuse en temps comme en argent (entretien, coût des bandes, etc.) et qu’il s’agit donc là d’un loisir pour gens fortunés. Si vous n’êtes ni Jack White, ni Lenny Kravitz et que vous n’avez pas les moyens de louer 3 mois Abbey Road pour faire de l’Editing à coup de colle et de ciseaux, vous allez donc probablement vous contenter, comme 99 % des home studistes et ingénieurs du son, d’un ordinateur pour faire de la musique.
A quoi ça va vous servir ? Avec les interfaces et logiciels adéquats, à piloter n’importe quel instrument électronique MIDI (synthé, sampler, etc.) ou n’importe quel instrument virtuel, à enregistrer de l’audio, et à mixer tout ça ensemble en appliquant au besoin des effets… Le tout avec la possibilité, entre autres, de sauvegarder autant de variantes de votre travail que nécessaire, d’annuler telle ou telle erreur, et de jouir de la toute puissance du Couper/Copier/Coller. En studio, ou en live. Et pour un prix ridicule en regard de ce que ce genre de choses vous auraient coûtées il y a 40 ans.
Bref, il vous faut un ordinateur. Oui, mais lequel ? Un mac, un PC, avec quel processeur ? Quel disque dur ? Combien de RAM ? Et d’abord, comment je pourrais choisir tout ça si je ne sais pas un minimum ce qu’est un processeur ou à quoi sert la RAM ?
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Pas de panique : on va essayer de clarifier tout ça, sachant qu’il nous faudra au moins trois articles pour le faire. Commençons pour l’heure par voir ce qu’on désigne par « ordinateur »…
Desktop ou portable : les types d’ordinateurs
Les ordinateurs sont partout et ils ont toutes les formes : pour héberger un site web comme Audiofanzine, on utilise des ordinateurs en rack qu’on appelle des serveurs, tandis que votre smartphone comme votre tablette sont eux aussi des ordinateurs… Certains sont minuscules comme les Raspberry Pi qui tiennent dans la main, d’autres sont énormes comme les supercalculateurs qu’on utilise pour faire des modélisation complexes ou calculer, dans l’imaginaire d’un Douglas Adams, la réponse à « la grande question sur la vie, l’univers et le reste »… Mais en marge de cette diversité, ce qu’on désigne généralement par ordinateur se présente sous deux formes :
L’ordinateur de bureau (desktop en anglais)
On le nomme ainsi parce qu’on l’utilise assis à une table : il se compose généralement d’une tour à laquelle sont raccordés un clavier, une souris, un écran et des enceintes, mais peut aussi être un tout-en-un intégré, auquel cas le contenu de la tour est intégré dans l’écran…
Dans tous les cas, il est tributaire d’un raccordement au secteur pour être utilisé, ce qui fait sa grande différence avec l’ordinateur portable qui lui peut fonctionner sur ses batteries rechargeables intégrées…
L’ordinateur portable (laptop en français)
On le nomme ainsi parce qu’à la différence de l’encombrant ordinateur de bureau, on peut le trimballer partout. Laptop veut d’ailleurs dire sur les genoux… La particularité d’un portable, c’est qu’il est un tout-en-un pliable qui comprend l’écran, clavier, pavé tactile en guise de souris, mais surtout qu’il peut fonctionner sur une batterie intégrée…
Si nous reviendrons sur ces deux grands types d’ordinateurs à l’heure du choix, il convient de souligner qu’on désigne les éléments essentiels et internes d’un ordinateur sous le nom de composants (processeur, carte mère, mémoire vive, disque dur, etc.) alors que les élément facultatifs et externes sont appelés des périphériques : le clavier, la souris, l’écran ou encore l’imprimante sont ainsi des périphériques.
Comment ça l’écran est un élément facultatif ? Eh bien oui, car l’ordinateur n’a pas besoin d’écran pour fonctionner, c’est vous qui avez besoin d’écran pour le contrôler, tout comme de la souris ou du clavier… Sachez d’ailleurs que les serveurs sur lesquels sont hébergés Audiofanzine ne sont raccordés à aucun écran, clavier ou souris, du moins pas directement…
Vous vous en doutez, nous nous intéresserons aux périphériques dans un second temps pour nous pencher d’abord sur les organes internes de de l’ordinateur : ses composants.
Les composants d’un ordinateur
Partons d’un modèle Desktop classique avec un boîtier. L’écran, le clavier, la souris et les enceintes sont en effet des périphériques comme nous l’avons dit, et c’est dans ce boîtier que se trouve l’ordinateur à proprement parler…
Le boîtier
Appelé aussi tour quand il se présente sous une forme verticale, ce dernier peut être plus ou moins haut et son rôle est, comme votre corps le fait avec vos organes, d’abriter tous les composants de l’ordinateur, de les protéger des chocs et de la poussière tout en optimisant leur positionnement… Quelques coups de tournevis cruciforme permettent d’ouvrir la tour et de comprendre l’anatomie de la bête…
Ne vous laissez pas impressionner par cet apparent fouillis et remarquez le gros bloc gris en haut à gauche dont partent plein de câbles rouges, noirs et jaunes… Ce bloc, c’est l’alimentation de l’ordinateur, qui va permettre une fois raccordé au secteur d’alimenter tous ses composants en électricité… Notez aussi la présence de nombreux ventilateurs, et notamment dans l’arrière même du boîtier : leur rôle est de refroidir le plus efficacement possible tous les composant en faisant circuler l’air…
Repérez enfin au fond du boîtier une large carte à circuits imprimés de couleur verte, rose ou bleu dans laquelle viennent se ficher l’autres cartes. Je vous présente la carte mère…
La carte mère
C’est donc à partir de ses spécificités à elle, des connecteurs qu’elle embarque et de son aptitude à gérer telle ou telle norme, que vous pourrez éventuellement choisir tel ou tel composant pour vous bâtir un PC sur mesure ou encore faire évoluer votre machine…
Notez d’ailleurs que sur l’écrasante majorité des cartes mères, on trouve un « chipset » sonore, sorte de carte son de base intégrée, avec une entrée micro, une sortie enceinte et une sortie casque aux formats minijack, et un « chipset » graphique de base, muni lui aussi d’une prise pour y raccorder un écran. Comme ces composants sont basiques et pas forcément très performants, on préfère le plus souvent utiliser des cartes graphiques ou des interface audio plus évolués pour les remplacer mais on peut tout à fait se satisfaire de ces derniers pour un usage de base.
Mais revenons aux composants essentiels qui sont fichés sur la carte, à commencer par le fameux processeur qui se cache généralement sous un gros ventilateur…
Le processeur
A la base, un microprocesseur est un petit carré de silicium sur lequel sont rassemblés un nombre effarant de transistors : on en dénombrait plus de 60 millions sur les Pentium IV, tandis que les processeurs récents, bénéficiant des progrès constants de la miniaturisation, on en compte des centaines de milliards et qu’Intel annonce pouvoir dépasser le trillions d’ici quelques années. Un plus grand nombre de cellules dans ce cerveau de silicium permet évidemment plus de puissance, mais le nombre de transistors n’est pas le seul facteur déterminant en la matière : l’architecture du processeur et sa vitesse sont également à considérer.
Plus le microprocesseur est rapide, plus il pourra effectuer de calculs en un temps donné, et cette rapidité, on la mesure en Giga Hertz (GHz). Lorsqu’on dit qu’un processeur est cadencé à 2 GHz, cela signifie qu’il peut effectuer 2 milliards de cycles par seconde. Mais qu’est ce qu’un cycle, me direz vous ? Bonne question. Pour faire simple, disons qu’un cycle est une opération basique, comme l’addition de deux nombres. Multiplier deux nombres prend en revanche plusieurs cycles, et diviser deux nombres encore plus. Pourquoi? Parce que le processeur est, en comparaison d’un cerveau humain, extrêmement limité : lorsque vous lui demandez de multiplier 4×5, il va en fait effectuer 4+4+4+4+4… Mais comme il est extrêmement rapide, ce côté laborieux est transparent pour l’utilisateur et donne l’impression que la machine est des plus intelligentes.
Retenez toutefois que cette fréquence de fonctionnement est théorique car, dans les faits, nos processeurs fonctionnent rarement à plein rendement. Pourquoi? Parce qu’ils sont bridés par la relative lenteur d’autres composants comme la mémoire vive (appelée aussi RAM). En outre, on s’est aperçu que l’augmentation de la fréquence des processeurs n’était ni l’unique ni le plus simple moyen pour développer leur puissance. De fait, les dernières générations de CPU ont surtout progressé dans leur architecture, avec l’apparition de processeur multi-coeurs ou encore de l’architecture RISC remise au goût du jour par Apple avec ses processeurs M1/M2 qui ridiculisent pour l’heure les processeurs Intel basés sur l’architecture x86…
Le processeur est donc capital dans un ordinateur, mais il ne vous sera pas de grande utilité sans un autre composant essentiel : la mémoire. Pensez-le comme pour le développement de l’homme : ce n’est pas seulement par son aptitude à penser et imaginer que notre espèce a connu une telle évolution, c’est aussi par son aptitude à se souvenir…
On en vient donc à la mémoire qui, dans un ordinateur, peut prendre deux formes : la mémoire de masse (ce qu’on stocke sur un disque dur et au-delà sur un CD, DVD; Blu-Ray, une disquette, une carte SD ou une clé USB) et la mémoire volatile qui correspond dans le référentiel humain à la mémoire immédiate, car les données n’y sont stockées que temporairement et disparaissent une fois traitées (c’est ce type de mémoire qu’appartiennent mémoire vive ou la mémoire cache).
Commençons par évoquer la mémoire de masse avec le disque dur…
Disque dur interne
Toutefois, et en particulier pour l’audio, il convient de considérer des caractéristiques autrement plus importantes que la taille du disque, comme son temps d’accès (le temps que met le disque à trouver la donnée), sa rapidité (à quelle vitesse tournent les plateaux magnétiques le composant), la quantité de mémoire cache qu’il embarque (en Mo) et le débit de données qu’il propose (en Mo/s).
Si l’on excepte les disques durs destinés aux serveurs informatiques professionnels et les vieux modèles IDE et SCSI qui font désormais partie de l’histoire informatique, tous les disques durs répondent aujourd’hui à la norme Serial ATA. Voilà qui simplifie grandement l’affaire.
Si vous pouvez tout à fait vous contenter d’un unique disque dur, vous avez toutefois intérêt à penser multiple. Vous pouvez en effet disposer d’un disque pour votre système d’exploitation et vos logiciels, et d’un autre pour vos données ou vos samples.
Mais vous pouvez aussi tirer partie de la technologie RAID qui consiste à paralléliser plusieurs disques durs pour augmenter la sécurité des données (un disque dur répliquant les données d’un autre, au cas où il viendrait à lâcher : c’est le RAID 1 utilisant le méthode de ‘mirroring’) ou pour accroître les performances de lecture et d’écriture (à partir de deux disques physiques, on en fait un virtuel, de sorte que le débit en écriture ou en lecture de données est en théorie doublé : c’est le RAID 0, utilisant une méthode appelée le striping). Attention ! Le RAID 0 a un gros défaut : si un de vos deux disques dur vient à lâcher, vous perdez toutes vos données. Du coup, on s’intéressera de près au mode RAID 0+1 qui, en recourant à 4 disques durs, permet de faire du striping tout en ayant la sécurité apportée par le mirroring… Reste qu’avec ce système, 4 disques dur d’1 To ne vous donneront à la fin qu’un espace de stockage de 2 To.
Toutefois, le RAID n’est pas la seule issue pour obtenir des disques durs plus véloces et plus sûrs. Apparus plus récemment, les disques SSD (Solid State Disc) sont des sortes d’énormes clés USB dans ce sens où ils utilisent, comme ces dernières, de la mémoire Flash, tout en disposant d’une interface SATA.
Mémoire vive (RAM)
De quoi s’agit-il ? D’une zone de stockage volatile fonctionnant beaucoup plus rapidement qu’un disque dur et dans laquelle sont placées les données en attente d’être traitées par le processeur (un programme, un fichier audio, une image, etc.).
Comme pour le processeur, plus la mémoire vive est rapide, plus véloce sera votre système (le CPU pourra travailler plus vite et sera moins en attente de données), et cette vitesse est, comme pour les processeurs, calculée en GHz.
Mais à vrai dire, dans bien des cas, c’est surtout en privilégiant la quantité de mémoire, exprimée quant à elle en GigaOctets, que vous gagnerez en performance. Plus vous avez de RAM, moins vous serez bridés par la lenteur du disque dur. Un facteur qui devient déterminant si vous comptez utiliser, par exemple, de grosses banque de sons.
Et ayez bien conscience qu’au-delà de vos softs de musique, votre système d’exploitation, votre antivirus ou encore votre logiciel de messagerie consomment tous de la mémoire vive. De fait, pour bien tourner, un Windows ou un Mac OS X réclameront à eux seuls 4 Go de RAM voire plus. Et c’est sans compter les autres programmes que vous souhaitez utiliser, ou le volume de données que vous avez à traiter simultanément : il est sûr que si vous faîtes la bande son d’un film HD et que votre projet compte 300 pistes en 24 bits / 96 kHz, la fluidité de votre outil de travail dépendra grandement de la quantité de RAM dont il dispose, comme de la rapidité de ses supports de stockage de masse.
Les ventilateurs
Nous l’avons dit précédemment, on trouve dans un boîtier plusieurs ventilateurs pour refroidir les composants qui ont tendance à chauffer, et notamment le processeur. Là où ce composant a priori accessoire nous intéresse en tant que musicien, c’est qu’il peut générer du bruit, chose que nous ne voulons certainement pas subir lorsque nous faisons une prise de son à proximité de l’ordinateur…
Pour éviter ces nuisances sonores, on peut recourir à de simples « radiateur » qui dissipent la chaleur de manière passive, mais quand il n’y a pas d’autres moyens que d’utiliser un ventilateur (on parle de ventirad en informatique), il faudra garder à l’esprit que tous les modèles ne sont pas égaux en termes de bruits générés, et que plus un ventilateur est petit, plus il aura à tourner vite (et donc à faire du bruit) pour déplacer la même quantité d’air qu’un ventilateur plus gros…
Les périphériques externes essentiels
À présent que nous avons fait le tour des composants essentiels, il reste à nous intéresser aux composants externes. Nous ne parlerons évidemment pas d’imprimante, de webcam ou de scanner sur Audiofanzine, mais des périphériques informatiques qui nous importent nous, en tant que musiciens : l’écran et les périphériques de contrôle, sachant que les interfaces audio comme les contrôleurs dédiés à la musique auront droit prochainement, vous vous en doutez, à leurs propres guide d’achat…
L’écran
Si un ordinateur peut très bien se passer d’écran pour fonctionner, l’être humain ne peut certainement pas se passer d’un retour visuel pour utiliser l’ordinateur… Vue de loin, ça ressemble à une télé, sauf qu’un moniteur informatique propose en général une résolution bien supérieure à une télé à taille identique et ne s’embarrasse pas d’intégrer un tuner pour capter des chaînes… Plusieurs technologies existent : autrefois, on utilisait des écrans cathodiques énormes, mais l’apparition des technologies LCD puis OLED ont consacré l’avénement des écrans plats qui sont en outre beaucoup plus reposant pour les yeux, fidèles en termes de couleurs et moins énergivores.
Ces derniers se connecteront à la carte graphique ou la carte mère via une connectique HDMI, Displayport ou DVI…
Le clavier
AZERTY la plupart du temps pour l’usage de la langue française, le clavier peut se décliner sous bien des formes, avec des aménagement des différentes touches plus ou moins ergonomiques, des commandes supplémentaires pour le multimédia et des technologies de touches différentes (à chicklet ou à grosses touches mécaniques).
Le tout sera connecté avec ou sans fil à l’ordinateur, sachant que la seule chose à bien prendre en compte de base, c’est le fait que le clavier soit Mac ou PC : les deux rivaux ne sont en effet pas parvenus à se mettre d’accord sur une disposition standard de touches, ce qui est particulièrement idiot…
Le dispositif de pointage
La fameuse souris est le plus célèbre et peut exister sous quantité de formes plus ou moins ergonomiques, bardées de plus ou moins de boutons, de fonctions ou de réglages et usant de différentes technologies (optique ou laser, si l’on excepte les bonnes vieilles souris à boules). Mais on pourra toutefois lui préférer d’autre dispositifs de pointage plus agréables selon les uns ou les autres : trackball, pavé tactile…
Encore une fois, tout cela existe en filaire comme sans fil et se connectera en USB…
Conclusion
A présent que vous situez à peu près qui fait quoi dans l’ordinateur, il est temps de nous pencher sur le fameux dilemme PC / Mac, lequel mérite un dossier à lui tout seul. Et ce n’est qu’une fois passé ce col du Mont Ventoux que nous pourrons finir avec des conseils d’achat à proprement parler…