Avec le « Prime P2 », la marque Mooer met à jour son multieffet au format de poche avec des nouveautés loin d'être anecdotiques. Si l’appareil est minuscule, ses fonctionnalités, comme nous allons le découvrir dans ce test, sont nombreuses.

Le tour du petit propriétaire
La connectique est sommaire avec un bouton ON/OFF, une prise USB-C, une autre de type TRS destinée au protocole MIDI et trois entrées Jack 6,35 mm (IN/OUT) et 3,5 mm (TRRS – casque/micro). Par ailleurs, l’appareil est capable de sortir un signal stéréo avec l’utilisation d’un Jack TRS, ce qui est une évolution loin d’être anecdotique par rapport à la génération précédente. Le Prime P2 est équipé d’une batterie de 3000 mA qui demande environ 3 heures pour une charge complète avec une autonomie mesurée pendant le test d’environ 5 à 6 heures. La bonne nouvelle c’est qu’il est possible d’utiliser le multieffet en le laissant branché. Heureusement, car fatalement la batterie perdra de sa capacité après quelques années de service.
L’une des principales nouveautés par rapport à la première génération concerne la présence d’un écran tactile de 1,3 pouce. Celui-ci
Le Prime P2 propose par défaut 52 références d’amplificateurs, 25 simulations d’enceintes et 57 pédales. Ce catalogue permet de couvrir sans problème les usages les plus courants. Cependant, il sera tout à fait possible d’importer des références supplémentaires grâce au cloud de Mooer. En effet, l’application met à disposition deux bases de données : officielle et communautaire. Le P2 dispose de 10 emplacements supplémentaires pour les amplificateurs et 10 autres pour les enceintes (dont les IRs externes). On peut également s’attendre à ce que Mooer mette à disposition des mises à jour avec des références supplémentaires.
Parmi les fonctionnalités annexes, on notera la présence d’une batterie virtuelle proposant une bonne cinquantaine de patterns couvrant de nombreux styles et quatre types de métronome. On a également accès à un looper (80 minutes réparties sur 10 emplacements), simple à utiliser, et synchronisable avec la batterie virtuelle : le P2 lance un décompte avant l’enregistrement de la première boucle. On bénéficie aussi de la possibilité d’utiliser son smartphone par le réseau Bluetooth pour lancer de la musique et jouer par-dessus. Bref, tout le nécessaire pour une pratique nomade est présent.
Le Prime P2 peut également fonctionner comme une interface audio. Néanmoins, en le connectant à un PC (Windows) il faudra y joindre des pilotes ASIO du type ASIO4ALL, car Mooer ne semble pas proposer de pilotes ASIO dédiés. Cette dernière considération est à prendre avec beaucoup de réserve, car au moment du test de l’appareil et de la rédaction de ces lignes, le Prime P2 n’est pas encore référencé sur le site de la marque. En revanche, en connectant le multieffet en USB-C à son smartphone, il est possible d’enregistrer dans une application dédiée. C’est excellent pour noter rapidement une idée lors d’un déplacement ou pour enregistrer du contenu destiné aux réseaux sociaux uniquement avec son téléphone.
Enfin, notons que le Prime P2 est fabriqué en Chine et est proposé à environ 300 euros au moment de la rédaction de ce test. La qualité de fabrication est moyenne. L’appareil ne va pas se casser sous nos doigts, mais le plastique brillant est un mauvais choix et la réactivité perfectible de l’écran tactile participent à donner l’impression d’avoir entre les mains un appareil loin des standards premium. Cependant, on pourra considérer que ces défauts sont acceptables pour un appareil destiné à être posé sur un bureau ou scotché à côté d’un contrôleur MIDI sans que l’on ait besoin d’appuyer dessus avec des Doc Martens. Il faudra dans tous les cas en prendre soin.
Et le son ?
Nous l’avons vu, le Prime P2 est un multieffet qui embarque énormément de références. Parmi ces dernières on retrouve les grands classiques disponibles sur pratiquement toutes les machines numériques (Fender, Marshall, Mesa/Boogie etc.). Avant tout, je vous propose d’écouter quelques enregistrements :

- 1 – Flex Boost + Fender Blues Deluxe + Blues 112 + Rev Hall00:50
- 2 – Fender Blues Deluxe + Blues 112 + Rev hall00:45
- 3 – Fender 65 Deluxe Reverb + DLX112 + Rev Mod01:08
- 4 – Gold Clon + Fender 65 Deluxe Reverb + DLX112 + Rev Mod00:46
- 5 – Vox AC30 + UK21200:30
- 6 – Vox AC30 + UK212 + Dly Analog + Rev Plate00:35
- 7 – Marshall JCM 800 + 1960 41200:22
- 8 – Marshall JCM 800 + 1960 412 + Dly PingPong00:52
- 9 – Mesa_Boogie Mark V + UK 212 + Rev Shimmer00:52
- 10 – Gold Clon + Mesa_Boogie Mark V + 1960 412 + Auto Wah00:24
- 11 – 808 + Orange Rockverb + Mark 112 + Rev Hall00:22
- 12 – Mesa_Boogie Triple Rectifier + Rec 412 + Rev Hall00:21
- 13 – 808 + ENGL E645 + Eagle P41200:39
- 14 – EVH 5150 + EV 5050 41200:17
- 15 – 808 +EVH 5150 + EV 5050 41200:23
- 16 – Bogner XTC + HT 412 + Pitch Shift00:20
- 17 – Barber Direct Drive + Diezel Hagen + HT 412 + Tri Chorus + Dly Digital + Rev Hall00:41
- 18 – Yellow Comp + Fender 59 Bassman + US Bass 41000:19
- 19 – Batterie virtuelle00:45
Lors de ces enregistrements, j’ai utilisé des combinaisons amplificateur/enceinte assez communes. Surprenamment, le Prime P2, malgré sa taille ridiculement petite est capable, dans certaines situations, de fournir des sonorités tout à fait correctes. Bien entendu, il ne s’agit pas de le comparer à un Axe FX ou un Kemper, car non, il ne fait pas le poids. Les sonorités claires sont les mieux maitrisées. En y joignant quelques effets de spatialisation, on obtient un rendu agréable à jouer et tout à fait exploitable sur une sono. J’ai par ailleurs apprécié l’éventail de pédales d’overdrive/boost disponibles. La réaction d’une 808 est par exemple tout à fait fidèle à ce que l’on pourrait obtenir avec une vraie pédale. De manière générale, les sensations de jeu sont convaincantes et le Prime P2 respecte bien la dynamique de l’instrument branché. Là où il pourra se montrer moins bon, c’est sur certaines saturations généreuses. Typiquement, la simulation du Triple Rectifier de Mesa/Boogie est plus que moyenne. On pourrait, comme souvent, améliorer les choses en testant des IRs externes, mais en l’état, c’est plutôt caricatural. J’ai en revanche obtenu des résultats plus concluants sur des têtes ENGL et EVH avec un son un peu plus « ouvert » (exemples 13, 14 et 15). J’ai également noté que certains amplificateurs soufflent énormément… pour pas grand-chose. Par exemple, j’ai dû coupler la simulation du Marshall JCM 800 avec une pédale de noise gate malgré un gain tout à fait raisonnable et une guitare « silencieuse ».
Le Prime P2 possède une collection tout à fait satisfaisante de réverbes (room, hall, plate, spring, mod et shimmer) et de delays (digital, analog, tape, mod, ping pong…) en plus d’une variété de compresseurs, de filtres et d’effets de modulation (chorus, flanger, phaser etc.). Notons également que l’utilisation d’un pédalier MIDI donne accès à la fonction TAP Tempo, ce qui est une excellente chose. Globalement les effets sont corrects. Il ne s’agit pas forcément d’en attendre quelque chose de renversant, mais ils répondent tout à fait à l’aspect fonctionnel du multieffet. J’ai par ailleurs réussi à utiliser 13 blocs d’effets simultanément (amplificateur et enceinte y compris) avant que le dernier bloc ne me propose des listes totalement grisées. C’est assez impressionnant pour être souligné dans ce test.
L’application Prime
L’application qui sert à contrôler le Prime P2 s’est montrée agréable à utiliser avec une interface claire. On notera la présence d’un
Pour conclure
Le multieffet Prime P2 de Mooer est une évolution intéressante du P1. L’écran tactile, malgré ses fonctionnalités et sa qualité limitées, offre un retour visuel pratique. La connectique MIDI est également un bon point même si l’on souhaiterait que Mooer propose une mise à jour permettant de piloter les effets d’un préset. On apprécie la sortie stéréo et les outils permettant de travailler son instrument (batterie virtuelle, looper, métronome, accordeur et streaming Bluetooth). On regrettera cependant une qualité de fabrication un peu moyenne pour le prix. La qualité sonore est globalement satisfaisante, suffisamment pour travailler son répertoire lorsqu’il est impossible d’emporter son matériel.