Finissons notre tour d'horizon des techniques d'enregistrement du piano droit par une approche relativement peu pratiquée en home studio et qui présente pourtant plusieurs avantages…
Backstage
Pour cette dernière méthode, nul besoin de désosser votre instrument comme la semaine dernière. En effet, il vous suffit juste de l’éloigner suffisamment des murs de façon à pouvoir travailler facilement le positionnement de vos micros qui seront situés derrière la bête. Normalement, si vous avez bien suivi mes recommandations précédentes (l’introduction à la captation du piano), cela devrait déjà être le cas, mais je préfère le rappeler juste au cas où.
Bien, il est à présent temps de choisir la technique de captation. Et c’est là le principal avantage de l’enregistrement par-derrière : vous pouvez décider d’utiliser n’importe quelle technique vue précédemment. Mono, couple A/B ou couple XY, tout est bon puisque rien n’est ici susceptible d’entraver vos choix de placements. Vous pouvez jouer sur la distance par rapport au piano, la hauteur de placement et même l’écart entre les micros pour le couple A/B. C’est bien simple, la captation d’un piano droit par l’arrière est l’approche qui offre le plus de liberté en termes de placement des micros.
À titre d’exemples, voici des extraits sonores réalisés avec le modèle de piano droit U4 dans Pianoteq et un couple A/B formé par une paire de C414 virtuels en mode omnidirectionnel. La lettre « E » désigne comme d’habitude l’écart en centimètre entre les micros et « D » indique la distance à la source, toujours en centimètre. Les mentions « High » et « Low » désignent quant à elles la hauteur de placement du couple, soit respectivement le tiers supérieur et le tiers inférieur de l’instrument.
- 01_Chrom_BackHigh_414_AB_E50_D2000:50
- 02_Chrom_BackHigh_414_AB_E50_D7000:50
- 03_Chrom_BackLow_414_AB_E50_D2000:50
- 04_Chrom_BackLow_414_AB_E50_D7000:50
- 05_Music_BackHigh_414_AB_E50_D2001:23
- 06_Music_BackHigh_414_AB_E50_D7001:23
- 07_Music_BackLow_414_AB_E50_D2001:23
- 08_Music_BackLow_414_AB_E50_D7001:23
Comme vous pouvez le constater, le rendu est meilleur que ce à quoi on pourrait s’attendre de prime abord. Je vous invite à télécharger ces extraits (en bas de l’article) et à les comparer à ceux des épisodes précédents afin de mieux vous rendre compte de la chose.
Cerise sur le gâteau, enregistrer ainsi est la méthode qui capte le moins de bruits parasites ! En effet, non seulement les micros sont éloignés des sources potentiellement problématiques (musicien, pédales, etc.), mais ils sont également « protégés » par le corps du piano qui constitue ici un barrage naturel retenant les sons inopportuns. Notez d’ailleurs que cette technique de prise est particulièrement recommandée pour les sessions d’enregistrement en groupe pour la même raison : le corps du piano permet de limiter naturellement la repisse des autres instruments.
Cette méthode de travail serait-elle donc la technique parfaite ? Eh bien malheureusement non, car elle possède un point faible non négligeable par rapport aux autres approches : elle ne permet pas de gérer finement la balance entre l’attaque et le sustain des notes. Or, comme nous l’avons déjà vu, l’aspect percussif du son d’un piano est un atout primordial lorsqu’il s’agit de mettre en avant une partie rythmique au sein d’un arrangement déjà bien fourni. Moralité, à vous de voir quelle place doit occuper votre piano dans le mix du titre en cours de production afin de décider quelle technique de captation conviendra le mieux à la situation.
Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un dernier article consacré au piano droit dans lequel nous aborderons la question de la prise impliquant le mélange de plusieurs techniques…