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Test du SYNTHR4 de SynthR - Synthèse cousue main

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Deuxième instrument conçu par la société française SynthR, le SYNTHR4 est un synthé analogique monodique et paraphonique capable de mémoriser l’état des routages entre modules. Nous avons testé l’un des premiers exemplaires…

Test du SYNTHR4 de SynthR : Synthèse cousue main

Le SYNTHR4 est un synthé 100 % français déve­loppé de manière arti­sa­nale par une petite équipe de passion­nés d’ins­tru­ments et de musiques élec­tro­niques. Aux commandes, Rémy Wasse­lin, fonda­teur de SynthR, une jeune entre­prise savoyarde créée fin 2019. Il a conçu l’ins­tru­ment, le boitier et les cartes analo­giques. Il a été aidé par Jean-Luc Lartigue pour le déve­lop­pe­ment de la partie numé­rique, Yves Usson pour la program­ma­tion des effets et Jean-Luc Briançon pour les démons­tra­tions. Une inter­view de Rémy est dispo­nible en fin d’ar­ticle. La machine étant construite à l’unité dans son atelier, c’était aussi facile d’en attra­per une que de croi­ser un Dahu. Par bonheur, l’aussi passionné que sympa­thique David, alias systemj69, a eu plusieurs bonnes idées simul­ta­nées : comman­der l’un des premiers exem­plaires, se le faire livrer juste avant de partir en vacances et habi­ter à quelques enca­blures du studio. Un grand merci à lui de nous avoir confié son gros bébé avant même d’avoir eu le temps de le débal­ler ! Ouvrons donc ce grand écrin avec déli­ca­tes­se…

 

Physique avan­ta­geux

SynthR4_02tof 04.JPGLe SYNTHR4 est un grand module qui se pose à la verti­cale comme un ARP2600, doté d’un boitier en bois abouté épais et d’une façade en alu, construit arti­sa­na­le­ment, façon haute couture. Du coup, on ne s’éton­nera pas de soule­ver 14 kg pour 625 × 485 × 225 mm. La qualité de construc­tion est à tous les niveaux, que ce soit la fini­tion cirée du bois, les assem­blages soignés, les poten­tio­mètres vissés, les curseurs lumi­neux, les inter­rup­teurs rétroé­clai­rés ou la connec­tique vissée. La façade regorge de larges commandes orga­ni­sées en une ving­taine de modules, assez faciles à repé­rer grâce à une dispo­si­tion claire. On trouve au bas mot 80 poten­tio­mètres, 4 sélec­teurs rota­tifs, 12 curseurs linéaires 45 mm, 137 boutons-pous­soirs carrés, un enco­deur-pous­soir et un écran graphique OLED couleur.
La connec­tique est assez complète : à l’avant, deux prises Midi DIN In/Thru. À l’ar­rière, sur une petite plaque métal­lique, sont concen­trées une paire de sorties audio gauche/droite, deux sorties CV (VCO1 et VCO3), deux sorties Gate (enve­loppes VCF/VCA) et une sortie horloge. Les sorties audio sont en jack 6,35, les CV/Gate en mini-jack. S’y ajoutent une prise USB B (notes Midi, SynthR4_02tof 21.JPGvélo­cité, pres­sion, pitch­bend, molette de modu­la­tion, main­tien, horloge, trans­port du séquen­ceur et mise à jour du système), une prise USB A hôte (clavier de commande) et une prise Midi DIN (Poly­chain/sortie). Pas très loin, on trouve une borne IEC 3 broches (alimen­ta­tion interne, merci). On aurait aimé avoir des entrées CV de modu­la­tion (par exemple vers les ondes conti­nues des VCO, les VCF, les VCA…) et des entrées audio vers les VCF. Les VCF étant inter­chan­geables, l’opé­ra­tion se fait en dévis­sant le panneau arrière, en extra­yant une carte fille de ses supports et en embro­chant une autre à la place. Cela n’an­nule pas la garan­tie tant qu’on ne touche pas à l’ali­men­ta­tion, il faut juste être déli­cat avec les connec­teurs.

Philo­so­phie singu­lière

SynthR4_02tof 08.JPGLe SYNTHR4 est un synthé précâ­blé dont on peut acti­ver le routage des modules et doser leur action. Cela se fait par enclen­che­ment d’in­ter­rup­teurs lumi­neux, dont l’état est mémo­risé au sein de 64 patches. En revanche, les poten­tio­mètres ne sont pas scan­nés, donc leur posi­tion n’est pas mémo­ri­sable, comme sur un synthé pure­ment analo­gique. Il faut bien avoir cela à l’es­prit, c’est un usage spéci­fique voulu qui ravira certains et en détour­nera d’autres. L’idée, simple, est d’évi­ter de bras­ser sans cesse des cordons ines­thé­tiques dès qu’on veut modi­fier le routage ; avec le SYNTHR4, on mémo­rise la connexion de cordons virtuels prédé­fi­nis et on touille en live pour créer sa perfor­mance. Les types d’ef­fets, les réglages d’ar­pège et l’éven­tuel numéro de séquence asso­cié au patch sont aussi mémo­ri­sés. Tout cela peut être archivé via Sysex.
SynthR4_02tof 19.JPGPour certains réglages addi­tion­nels (LFO3, effets, arpèges, séquences, mémoires, système), il est néces­saire de passer par les menus. La navi­ga­tion n’est pas toujours super intui­tive, on doit se conten­ter d’un sélec­teur, un enco­deur-pous­soir et une touche Escape qui ne remonte pas toujours là où s’y attend. Parfois on a une liste dérou­lante, parfois une sélec­tion par flèche unique­ment en avant, pas très pratique. On aurait préféré des menus plus homo­gènes et des commandes plus adap­tées (genre deux enco­deurs-pous­soirs, l’un pour navi­guer et entrer, l’autre pour régler et sortir). On s’y fait, c’est juste que tout le reste est telle­ment immé­diat… La prise en main détaillée est décrite dans un manuel fourni en langue française et des tutos vidéo sur le site du construc­teur.

Gros son

SynthR4_02tof 05.JPGCe qui donne immé­dia­te­ment la banane sur le SYNTHR4, c’est ce gros son géné­reux, authen­tique­ment analo­gique. Le niveau de sortie est élevé, il n’y a pas de bruit de fond ni de venti­la­teur, le son est très présent, avec un espace stéréo agréable, surtout quand les filtres diffèrent. Rapi­de­ment, on crée des basses grasses, rondes, filtrées ou punchy. Les leads peuvent couper, réson­ner, planer. Les possi­bi­li­tés d’in­ter­mo­du­la­tions audio conduisent à une grande variété de timbres, certains dans la veine vintage, d’autres plus modernes, plus agres­sifs. Les diffé­rents modes de split bien pensés permettent des mélanges inté­res­sants. La para­pho­nie est quant à elle une porte ouverte aux accords de cuivres et nappes, avan­ta­geu­se­ment passés dans les deux VCF.
SynthR4_02tof 06.JPGEn fait, on fait rapi­de­ment évoluer le son sans trop d’ef­forts, car tout tombe sous la main (sauf quand on est debout et grand, car les inscrip­tions sont placées sous les commandes). C’est bien de pouvoir mémo­ri­ser l’état des routages via les inter­rup­teurs, mais la variété sonore est telle qu’on est souvent tenté d’en faire autant avec les poten­tio­mètres. Mais comme déjà précisé, ceci n’est pas possible, le SYNTHR4 est un synthé d’ex­plo­ra­tion live, avec lequel on est sûr de ne pas faire deux fois de suite le même son ou jouer la même perfor­mance. C’est cette approche que viennent renfor­cer l’ar­pé­gia­teur et les séquen­ceurs, davan­tage des outils de direct que d’en­re­gis­tre­ment, soute­nus par des effets bien adap­tés.

SynthR4_1audio 1 Huge Bass
00:0001:19
  • SynthR4_1audio 1 Huge Bass01:19
  • SynthR4_1audio 2 Para Phone00:54
  • SynthR4_1audio 3 One Arp02:45
  • SynthR4_1audio 4 Seq Split01:43
  • SynthR4_1audio 5 TD Esque01:28

 

Quatre VCO

SynthR4_02tof 07.JPGSur le plan du moteur sonore, le SYNTHR4 fait partie des synthés géné­reux, avec 4 VCO, 2 Sub VCO, 1 géné­ra­teur de bruit, 1 mixeur/routeur, 2 VCF, 2 VCA, 3 LFO et 3 enve­loppes. Les modules peuvent opérer suivant diffé­rents modes de jeu astu­cieux : mono à 4 VCO/2 VCF/2 VCA, split dual mono avec pour chaque zone 2 VCO/1 VCF/1 VCA, para­pho­nique 4 notes, accords 4 notes ou split avec accords 3 notes + mono 1 note. Bref, de quoi satis­faire bon nombre d’usages. Les VCO sont basés sur des circuits SSI2130, ceux qui équipent notam­ment le Take 5 de Sequen­tial. Leur accor­dage est numé­rique, sur +/- 2 octaves et par demi-ton en continu. Un contrôle visuel est prévu pour les accor­der à la main, bien utile en para­pho­nie. Un Auto­tune permet d’adap­ter le synthé à diffé­rentes condi­tions ther­miques. Les VCO sont scin­dés en deux familles (1–3 et 2–4). Les VCO1–3 offrent 4 formes d’ondes cumu­lables (sinus, triangle, dent de scie, impul­sion). La PW peut être réglée à la main (10 à 90 %) ou modu­lée via 2 bus avec dosages sépa­rés : LFO1 ou enve­loppe de modu­la­tion ; LFO2 ou VCO2. On trouve égale­ment une fonc­tion Super­saw consti­tuée d’une onde dent de scie modu­lée à 0,1 Hz et d’une seconde onde dent de scie modu­lée par le LFO2. Le pitch est modu­lable via 2 bus avec dosages sépa­rés : LFO1, enve­loppe de modu­la­tion ou pres­sion ; LFO2 ou VCO2. Les VCO1–3 possèdent enfin un Sub VCO à 4 ondes cumu­lables : triangle, dent de scie, carrée à –1 octave et carrée à –2 octaves.
SynthR4_02tof 14.JPGLes VCO 2–4 sont très diffé­rents. À la place des ondes cumu­lables, ils génèrent une onde conti­nuel­le­ment variable passant par triangle, dent de scie et impul­sion. La forme d’onde est modu­lable par le LFO2 ou l’en­ve­loppe de modu­la­tion. La PW peut être réglée à la main (10 à 90 %) ou modu­lée via 2 bus avec dosages sépa­rés : LFO1 ou enve­loppe de modu­la­tion ; LFO2 ou VCO1. Le pitch est modu­lable par 2 autres bus avec dosages sépa­rés : LFO1, enve­loppe de modu­la­tion ou pres­sion ; LFO2 ou VCO1. Enfin, les VCO2–4 peuvent être synchro­ni­sés respec­ti­ve­ment aux VCO1–3 (Hard Sync). Pour être complet dans les inter­mo­du­la­tions de VCO, rien de tel que le double modu­la­teur en anneau entre VCO1 et VCO2 ou 4, ainsi qu’entre VCO3 et VCO2 ou 4. Pour couron­ner le tout, chaque VCO dispose d’un porta­mento indé­pen­dant, avec bouton d’ac­ti­va­tion et réglage de temps, sympa.

Deux VCF et VCA

SynthR4_02tof 15.JPGToutes les sources (4 VCO + 2 Sub + Ring Mod) rejoignent un géné­ra­teur de bruit (blanc et/ou rose) dans un mixeur, avec réglage des niveaux puis routage vers les 2 VCF (l’un, l’autre ou les deux, suivant le mode de voix). Chacun est suivi d’un VCA fixe, on ne peut modi­fier le routage entre les paires de VCF/VCA (appe­lées « voix »), chacune agis­sant en paral­lèle de l’autre. Dommage, ça aurait été sympa de pouvoir envoyer la sortie d’un VCF vers l’autre ou doser une balance entre VCF. Dans le SYNTHR4, on peut choi­sir ses deux VCF parmi une collec­tion assez éclec­tique de filtres passe-bas et multi­modes. On trouve aujour­d’hui plus de dix cartes : Moog, ARP 4012, ARP 4072, SEM, Stei­ner Parker, Synthex (AS3320), Pro-One (AS3320), SVF3320 (AS3320), Poly­six (SSI2144), Jupi­ter-8 (AS3109) et Jupi­ter-6 (AS3109). Ce sont des filtres discrets ou basés sur des circuits inté­grés contem­po­rains (entre paren­thèses), pas des répliques exactes. En tout cas, ceux que nous avons testés spéci­fique­ment (Poly­six, Synthex, ARP 4012, JP-8, JP-6) sonnent merveilleu­se­ment bien, chacun avec son carac­tère singu­lier (cf. extraits sonores spéci­fiques en fin de para­graphe).
SynthR4_02tof 16.JPGOn peut régler la fréquence de coupure, la réso­nance, le suivi clavier (0 à 120%), le contour de l’en­ve­loppe de VCF, ainsi que la source et la quan­tité de modu­la­tion de 2 bus addi­tion­nels : LFO1, LFO2 ou VCO1/3 ; molette ou pres­sion. Pour les filtres multi­modes, 3 sélec­teurs permettent de choi­sir le mode, avec cumul pour les filtres à variable d’état (SEM et SVF3320). Un petit reproche : la pente du VCF de type JP-8 se règle avec un cava­lier ; on aurait préféré une gestion logique de la pente, quitte à utili­ser un bouton de mode en façade. Derrière le VCF se trouve le VCA corres­pon­dant, dont on peut régler le gain initial (pour les drones), l’ac­tion de l’en­ve­loppe de VCA dédiée, l’ac­tion du LFO2 et le point de pano­ra­mique. Ce dernier est modu­lable par le LFO3 (simul­ta­né­ment pour les 2 VCA, avec inver­sion de phase).

SynthR4_1audio 6 2044 LP
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  • SynthR4_1audio 6 2044 LP00:35
  • SynthR4_1audio 7 4021 LP00:36
  • SynthR4_1audio 8 JP-8 LP(4)00:35
  • SynthR4_1audio 9 JP-6 LP00:35
  • SynthR4_1audio 10 Synthex LP00:36
  • SynthR4_1audio 11 JP-6 BP HP00:32
  • SynthR4_1audio 12 Synthex BP(2) HP00:34

 

Modu­la­tions variées

SynthR4_02tof 18.JPGAu rayon des modu­la­tions, le SYNTHR4 ne déçoit pas. Il est doté de 3 LFO numé­riques (2 LFO à commandes directes et un troi­sième partiel­le­ment éditable via le menu) à oscil­la­tion libre. Pour le LFO1, on trouve une touche d’ac­ti­va­tion, des réglages de fréquence et divi­sion tempo­relle (0,025 à 50 Hz via 6 gammes de divi­sion/multi­pli­ca­tion), 16 formes d’ondes (rampe, dent de scie, carré, triangle, sinus, sinus|, -|sinus|, S&H et autant d’ondes alter­na­tives variables) et un réglage continu de symé­trie d’onde. L’am­pli­tude peut être pilo­tée par la molette ou l’en­ve­loppe de modu­la­tion. Le LFO1 peut se synchro­ni­ser à l’hor­loge interne, le LFO2 ou le Midi. Sa fréquence est modu­lable par le LFO3. Le LFO2 possède une touche d’ac­ti­va­tion, des réglages de fréquence et divi­sion tempo­relle (0,05 à 100 Hz via 6 gammes) et quasi­ment les mêmes ondes que le LFO1. Son ampli­tude est modu­lable par la molette de modu­la­tion, la pres­sion ou le clavier (= Gate avec délai de 0 à 3 s). On peut appliquer une quan­ti­fi­ca­tion variable à la forme d’onde (effets d’es­ca­liers). Enfin, le LFO3 dispose d’une acti­va­tion, d’un réglage d’am­pli­tude, de réglages de fréquence et divi­sion tempo­relle (60 s à 500 Hz via 2 gammes) et de 7 formes d’onde (sinus, rampe, dent de scie, carré, triangle, S&H et tension variable).
SynthR4_02tof 17.JPGPassons main­te­nant aux 3 enve­loppes numé­riques géné­rées par des PIC Elec­tric Druid. La première est routée vers les 2 VCF avec des quan­ti­tés de modu­la­tion distinctes. Elle est de type ADSR avec inver­sion de pola­rité (néga­tive ou posi­tive via un cava­lier placé sur le panneau arrière, merci), mode de redé­clen­che­ment, réponse en ampli­tude suivant la vélo­cité (sans dosage) et para­mètre de bouclage (jusqu’à 300 Hz). La deuxième enve­loppe est routée vers les 2 VCA, avec là encore des quan­ti­tés de modu­la­tion sépa­rées. Elle est aussi de type ADSR avec mode de redé­clen­che­ment, réponse en ampli­tude suivant la vélo­cité et bouclage. Enfin, l’en­ve­loppe de modu­la­tion est routée vers les VCO et le LFO1. Il s’agit d’une DADSR avec bouclage. Ces enve­loppes sont très rapides, mais leurs temps ne dépassent pas les 10 secondes. En mode para­pho­nique, 4 enve­loppes de VCA « cachées » permettent de simu­ler une quasi-poly­pho­nie, en agis­sant indé­pen­dam­ment sur le volume des 4 VCO (les VCF restant parta­gés).

Effets numé­riques

SynthR4_02tof 10.JPGLe SYNTHR4 intègre deux unités d’ef­fets numé­riques iden­tiques (FX1 et FX2), agis­sant chacune sur leur « voix » de sortie respec­tive. On ne peut donc pas créer des confi­gu­ra­tions complexes (bus de départ, envoi d’un FX vers l’autre, etc.), tout se passe en paral­lèle. Chacune offre un réglage de mix (signal pure­ment analo­gique à zéro) et deux para­mètres ajus­tables dont le rôle varie suivant le type d’ef­fet (vitesse, profon­deur, durée, délai, feed­ba­ck…).
Au menu, on trouve 2 phasers (basse et haute réso­nance), 2 chorus (idem), 2 flan­gers (idem), 2 réverbes (courte et longue), 2 réverbe avec shim­mer (-1 octave et +1 octave), 2 échos avec shim­mer (idem) et 2 délais (écho, ping­pong). La qualité est très bonne et tout à fait en ligne avec l’uni­vers sonore de la machine, bravo Yves pour cette contri­bu­tion ! Les types d’ef­fets sont mémo­ri­sés dans les patchs, mais pas la posi­tion des poten­tio­mètres, ce qui est un peu ballot vu que les effets sont numé­riques et que leurs réglages physiques sont souvent sans rapport d’un algo­rithme à l’autre.

Arpé­gia­teur origi­nal

SynthR4_02tof 11.JPGAu fur et à mesure que nous avançons dans le test, nous sentons bien les influences « TD-esques » qui ont présidé à la concep­tion du SYNTHR4. L’ar­pé­gia­teur et les séquen­ceurs sont tout à fait adap­tés à ce type d’am­biance planante. L’ar­pé­gia­teur peut mémo­ri­ser jusqu’à 16 notes. On règle l’hor­loge (interne, Midi, LFO2), le motif (11 types, tels que comme joué, ordre ascen­dant, retour alterné à la note basse, retour alterné à la note haute…), la direc­tion (haut, bas, alterné, aléa­toire et brow­nien), la trans­po­si­tion d’oc­tave (+1 à +3), le swing (bipo­laire), le temps de Gate (5 à 95 %), puis le compor­te­ment des VCO2–3–4 par rapport au VCO1.
Arrê­tons-nous sur ce point : les cycles d’ar­pège des VCO 2–3–4 peuvent être copiés, inver­sés, alter­nés (1 note sur 2–3–4) ou retar­dés (de 2–3–4 pas) par rapport au cycle du VCO1. Il s’en­suit des ryth­miques complexes et envoû­tantes qui se décalent sans toujours se répé­ter. Il ne reste plus qu’à ajou­ter un petit délai dans la section FX et on décolle immé­dia­te­ment. En mode split, on se retrouve avec un arpège à main gauche et un son duopho­nique à main droite, bien vu. On peut même expor­ter le fruit de l’ar­pé­gia­teur vers le séquen­ceur mono, à concur­rence de 64 notes maxi­mum, bravo. Les notes arpé­gées peuvent être envoyées en Midi, parfait. Un puis­sant et origi­nal arpé­gia­teur !

Séquen­ceurs divers

SynthR4_02tof 09.JPGEn alter­na­tive à l’ar­pé­gia­teur, le SYNTHR4 propose plusieurs types de séquen­ceurs. Le premier est un séquen­ceur à pas. Dans les 16 pas dispo­nibles, on mémo­rise la note (par incré­men­ta­tion) et le mouve­ment des VCF (via les poten­tio­mètres de fréquence de coupure, qui sont cette fois bel et bien lus). On règle ensuite le tempo, la divi­sion tempo­relle, l’hor­loge (interne, LFO2, Midi), la direc­tion (haut, bas, alterné, aléa­toire et brow­nien), le Gate, la trans­po­si­tion par demi-ton par rapport à la note jouée au clavier et le compor­te­ment des VCO (même esprit que l’ar­pé­gia­teur, mais avec des réglages diffé­rents, notam­ment des inter­valles). L’in­té­rêt de ce séquen­ceur est de pouvoir agir en temps réel sur les 16 pas, repré­sen­tés par les 16 inter­rup­teurs de la section mixeur : suivant l’ap­pui (long, bref, répété), on peut boucler, sauter, ou ratche­ter un pas (2–3–4 fois), jouis­sif ! En mode split, cela fonc­tionne comme pour l’ar­pé­gia­teur. Ce séquen­ceur offre 64 mémoires.
On conti­nue avec le séquen­ceur mono. Il offre 64 pas, carac­té­ri­sés par une note, une durée et une accen­tua­tion. Un pas corres­pond à une vélo­cité de 50 %, contre 100 % pour un pas accen­tué. La durée d’un pas va de la ronde à la double-croche ; on peut aussi géné­rer 2–3–4 ratchets. Le mode split fonc­tionne comme pour les précé­dents modules. Ce séquen­ceur offre aussi 64 mémoires. On passe au séquen­ceur d’ac­cords, compre­nant 64 pas d’ac­cords de 1 à 4 notes. En mode split, on peut enre­gis­trer un accord de 3 notes à main gauche et jouer le VCO1 seul à main droite. Là encore, il y a 64 mémoires. Mieux, on trouve deux modes Song (Mono et Chord), permet­tant chacun d’en­chaî­ner jusqu’à 8 séquences et sauve­gar­der le tout au sein de 32 mémoires. Les notes séquen­cées peuvent être trans­mises en Midi, sympa là encore. Le seul petit bémol à ces modules est sans doute l’er­go­no­mie, car ils s’opèrent le plus souvent via les menus, pas toujours très intui­tifs, notam­ment la sélec­tion des para­mètres de manière cyclique.

Conclu­sion

SynthR4_02tof 20.JPGNous tenons une nouvelle fois à remer­cier David pour le prêt de son SYNTHR4 flam­bant neuf, qui doit bien s’écla­ter main­te­nant qu’il l’a récu­péré ! Il est toujours agréable de tester un beau synthé, quali­ta­tif, conçu avec un parti pris origi­nal, qui plus est par une petite équipe française de passion­nés fort sympa­thiques. Clai­re­ment tourné vers les fans de synthés analo­giques sans mémoire qui se touillent en live, le SYNTHR4 parvient à appor­ter un certain niveau de modu­la­rité sans l’in­con­vé­nient des câbles, vu la possi­bi­lité de mémo­ri­ser l’état des routages.
On reste donc sur un son et un contrôle tous deux analo­giques, à quelques excep­tions près, en parti­cu­lier les commandes qui concernent le pitch et la program­ma­tion des fréquences des VCF dans le séquen­ceur. S’y ajoutent des modules numé­riques, tels que le double multief­fets, l’ar­pé­gia­teur futé et les diffé­rents séquen­ceurs. Tout n’est pas idéal, comme la navi­ga­tion dans les menus, qui plombe un peu l’er­go­no­mie. Côté son, on a clai­re­ment tout ce qu’on aime sur un synthé analo­gique. Nous lui souhai­tons un bel avenir, qui semble déjà bien tracé jusqu’en 2023… Allez, Award Valeur Sûre 2022 !

SynthR4_02tof 25.JPG


Inter­view de Rémy Wasse­lin, fonda­teur de SynthR

Pourquoi as-tu décidé de créer ta société ?
Pour des raisons très maté­rielles : pouvoir comman­der chez des profes­sion­nels qui ne four­nissent pas les parti­cu­liers de manière simple, pouvoir ache­ter hors taxes à l’étran­ger. L’exemple de Balo­ran aussi, bien que ce soit son acti­vité prin­ci­pale, alors que je suis à la retraite. Égale­ment pour vendre le SYNTHR3 de manière offi­cielle. Enfin, le fait que ma vie profes­sion­nelle (direc­teur d’achats, respon­sable infor­ma­tique) ne m’ait pas permis d’as­sou­vir mes envies de créa­tion tech­nique.

Comment se sont faits tes premiers pas ?
SynthR4_02tof 24.JPGJ’avais une passion d’ado­les­cence, le modu­laire en DIY, où je pouvais asso­cier la musique (j’ai une forma­tion clas­sique) et l’élec­tro­nique qui a toujours été un hobby. J’ai réel­le­ment commencé avec le Formant, puis des exten­sions. J’ai tout vendu à l’ar­ri­vée de mon 1er enfant, faute de place et de temps. Puis en période de chômage vers 2007, j’ai décou­vert tout ce qui exis­tait en DIY sur Inter­net et je n’ai pu résis­ter. J’ai fait mes armes avec mon modu­laire, en commençant à créer des modules person­nels puis à vendre quelques circuits impri­més. À la demande de Jean-Luc Briançon, qui cher­chait une alter­na­tive à Moog, j’ai commencé à cogi­ter et ça a abouti au SYNTHR3. Je connais­sais depuis un certain temps Jean-Luc Lartigue, nous parta­gions les mêmes goûts. Il s’est lancé dans l’aven­ture avec son savoir-faire en numé­rique et program­ma­tion, ne cessant de progres­ser. Une autre rencontre, Laurent Cartaux, emballé par le projet, m’a aidé à mettre au point le boitier bois.

Pourquoi avoir décidé de créer le SYNTHR4 ?
Le SYNTHR4 est pour moi la suite logique du SYNTHR3, conçu dans un esprit modu­laire (on pouvait inter­chan­ger chaque module, comme les filtres du SYNTHR4). C’était un synthé compliqué à réali­ser et perfec­tible bien sûr. J’en ai fait dix. J’avais en tête une phase II, mais il n’y avait plus assez de demandes client, je l’ai donc aban­donné pour bascu­ler sur le SYNTHR4 avec plus de capa­ci­tés audio et logi­cielles.

Quelles ont été les diffi­cul­tés rencon­trées ?
SynthR4_02tof 26.JPGElles sont de deux ordres : design et produc­tion. Design parce que j’ai pris le risque d’uti­li­ser le SSI2130, un VCO inté­gré très peu connu et très diffé­rent du précé­dent, l’AS3340, lui très connu. Il me plai­sait car il offrait des spéci­fi­ca­tions supé­rieures. Chan­ge­ment aussi de type d’en­ve­loppe, en passant des AS3310 analo­giques à des enve­loppes numé­riques. Produc­tion, car j’ai trans­formé presque tous les circuits inté­grés en CMS et que je réalise la soudure moi-même, avec un risque sur le VCO vu sa taille. Je lui ai donc créé un petit circuit imprimé et je sous-traite la soudure à un proto­ty­piste.

Quelles sont tes plus grandes satis­fac­tions ?
C’est que des musi­ciens s’in­té­ressent à mon produit et lui trouvent quelques quali­tés. Bien sûr, on n’est pas dans le monde du poly­pho­nique avec lequel je ne cherche pas à lutter.

Quels groupes et quels synthés t’ont le plus influencé ?
Sans hési­ter Tange­rine Dream et Klaus Schulze. Les synthés modu­laires Moog bien sûr et le GRP A4.

Que fais-tu dans la vie quand tu ne déve­loppes pas tes machines ?
SynthR4_02tof 27.JPGActuel­le­ment, en dehors du ski l’hi­ver, de quelques randon­nées l’été et de la main­te­nance d’une maison, je ne fais que produire du SYNTHR4. Le 10e est réservé et il ne me reste plus de temps pour les amis.

Quels-sont tes projets ?
Je pense que je vais m’ar­rê­ter là en matière de déve­lop­pe­ment, sauf si un artiste a une commande sur mesure. Je conti­nue­rai à produire du SYNTHR4 tant qu’il y aura de la demande. La prochaine étape serait un poly­pho­nique, je l’ai en tête, Jean-Luc est mûr main­te­nant, mais je ne pour­rai pas lutter contre tous ces poly 6 voies et plus qui sortent dans les moins de 2000 €. D’autre part, un poly aujour­d’hui c’est 30 % d’analo et 70 % de soft avec un proces­seur puis­sant, mais ça ce n’est pas pour moi.

VCF option­nels pour la route…

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Notre avis : 8/10

Award Valeur sûre
Valeur sûre
Award
  • Son analogique pur et dur
  • Qualité et souplesse des 4 VCO
  • Qualité et variété des 2 VCF
  • Modulations judicieuses
  • Enveloppes rapides
  • Différents modes de split
  • Mémorisation des routages
  • Effets numériques bien choisis
  • Arpégiateur très original
  • Séquenceurs variés avec mode Song
  • Belle qualité de construction
  • VCF interchangeables (optionnels)
  • Paire de VCF/VCA uniquement en parallèle
  • Pas de mémoires des potentiomètres ni CC Midi
  • Pas d’entrées audio vers les VCF
  • Pas d’entrées CV de modulation
  • Ergonomie dans certains menus
Pays de fabrication : France

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