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Test du synthétiseur Dato Musical Instruments Duo - Syn-tea for two

6/10

Un petit synthé doublé d'un séquenceur, pensé pour être joué seul ou à deux, que l'on soit bébé confirmé, adulte débutant ou vice versa? Voici le Dato Duo !!

Test du synthétiseur Dato Musical Instruments Duo : Syn-tea for two

Il y a quelques mois, je me bala­dais dans les allées du Super­booth de Berlin quand mon regard fut attiré par un petit stand sur lequel était dispo­sée une série d’objets qui affi­chaient de sympa­thiques couleurs et lumières cligno­tantes et invi­taient immanqua­ble­ment à l’uti­li­sa­tion. Ce fut mon premier contact avec un groupe de Duo(s) du fabri­cant néer­lan­dais Dato. Le Duo est un drôle de petit séquen­ceur-synthé­ti­seur numé­rique que ses créa­teurs ont pensé en premier lieu pour le partage et l’ini­tia­tion musi­cale à tout âge, mais qu’ils veulent égale­ment attrayant pour les utili­sa­teurs expé­ri­men­tés. Qui plus est, cette petite machine est inté­gra­le­ment conçue et fabriquée en Europe, aux Pays-Bas plus exac­te­ment. Mais une fabri­ca­tion euro­péenne entraîne souvent un tarif plus élevé. Vendue au prix moyen de 329 € TTC, cette petite machine tient-elle toute ses promesses ? C’est ce que nous allons voir immé­dia­te­ment.

Duo de ces pyra­mi­des…

synthétiseur.JPGLe Duo se présente sous une forme quasi-pyra­mi­dale de 23 × 18 cm de côté pour 9 cm de hauteur et un poids de 1,1 kg. La coque est en métal, les flancs en bois et le tout repose sur 4 pieds en plas­tique caou­tchou­teux qui assurent une bonne adhé­rence sur toutes sortes de surfaces. L’ap­pa­reil est livré avec un bloc d’ali­men­ta­tion USB simi­laire à ceux des smart­phones, un câble USB/micro-USB et un mode d’em­ploi réduit au strict mini­mum. Les commandes du Duo sont répar­ties sur les deux faces prin­ci­pales de l’ap­pa­reil, oppo­sées l’une à l’autre. 

La face du Dato dédiée à la partie synthé­ti­seur de l’ap­pa­reil comporte trois faders contrô­lant respec­ti­ve­ment la forme d’onde de l’os­cil­la­teur prin­ci­pal, la fréquence de coupure du filtre et le temps de relâ­che­ment de l’en­ve­loppe. Chaque fader est équipé d’une petite LED dont l’éclai­rage varie en inten­sité selon la posi­tion du fader concerné. Un potard contrôle les condi­tions de mixage du signal du second oscil­la­teur à celui du premier, un deuxième potard contrôle le niveau de réso­nance appliqué au filtre et un troi­sième le volume géné­ral de l’en­semble. Quatre pous­soirs ajoutent des effets pré-program­més sur lesquels nous revien­drons. Enfin, deux strips tactiles permettent le déclen­che­ment des sons de la boîte à rythmes inté­grée. L’en­semble des fonc­tion­na­li­tés de l’ap­pa­reil est illus­tré non seule­ment par une nomen­cla­ture écrite parfai­te­ment claire, mais égale­ment par une signa­lé­tique faite de petits dessins très mignons et parfai­te­ment expli­cites. Le bouton gérant la vitesse de lecture par exemple est ainsi illus­tré par une petite tortue et un petit lapin.

séquenceur.JPGDe l’autre côté nous avons les commandes dédiées à la partie séquen­ceur. Le jeu à propre­ment parler s’ef­fec­tue sur une ligne de 10 pads repré­sen­tant les deux octaves d’une gamme penta­to­nique, avec une couleur distincte pour chaque note. L’en­semble est surmonté de deux flèches pour la trans­po­si­tion vers le haut ou le bas. La ligne de séquence est quant à elle repré­sen­tée par un cercle de huit pas colo­rés au centre duquel se situe le bouton de lecture. Cette face comporte en outre deux boutons rota­tifs dédiés respec­ti­ve­ment à la vitesse de lecture et à la longueur des pas de séquence, ainsi que deux boutons-pous­soirs permet­tant de déclen­cher la lecture aléa­toire ou le double­ment de la vitesse de lecture de la séquence. 

Toute la connec­tique du Duo est réunie sur le bas de l’un des flancs de l’ap­pa­reil. Elle s’avère plutôt complète et comprend une sortie ligne stéréo au format jack 3,5 qui fait aussi office de sortie casque, une prise d’ali­men­ta­tion au format micro-USB auto­ri­sant égale­ment la connexion MIDI avec un ordi­na­teur, une paire de prises MIDI au format DIN pour une utili­sa­tion plus tradi­tion­nelle de ce proto­cole et enfin une autre paire de prises jack 3,5 pour la synchro­ni­sa­tion avec d’autres maté­riels comme les Korg Volca par exemple. La présence de ces prises est encore suffi­sam­ment rare pour être souli­gnée, mais elle s’ins­crit toute­fois dans le regain géné­ral d’in­té­rêt pour les archi­tec­tures modu­laires que l’on peut consta­ter chez les fabri­cants aujour­d’hui. Au niveau de la fabri­ca­tion juste­ment, l’en­semble est globa­le­ment bien réalisé et fini. Seuls les faders peuvent sembler un peu fins et poten­tiel­le­ment fragiles – le temps nous le dira.

Mais main­te­nant que nous avons fait le tour de l’as­pect exté­rieur du Duo et avant de nous pencher sur l’er­go­no­mie parti­cu­lière qui le distingue éven­tuel­le­ment de la concur­rence, inté­res­sons-nous immé­dia­te­ment à ce qui repré­sente le cœur et la raison d’être de tout synthé­ti­seur : le son. 

Sur la même longueur d’ondes

fadersLa géné­ra­tion sonore sur le Duo se fait grâce à deux oscil­la­teurs numé­riques 12 bits, l’un géné­rant une onde carrée et l’autre une en dents de scie. Mais contrai­re­ment à de nombreux autres synthé­ti­seurs, les deux oscil­la­teurs ne sont pas trai­tés à égalité. 

En effet, le son du Duo est prin­ci­pa­le­ment produit par le premier oscil­la­teur. La largeur d’im­pul­sion de l’onde est pilo­tée par le fader « Wave ». Contrai­re­ment au premier, le second oscil­la­teur ne peut être utilisé seul et n’est mis à contri­bu­tion que si l’on souhaite super­po­ser à l’onde carrée une dent de scie dont on peut sommai­re­ment contrô­ler le désac­cor­dage grâce au poten­tio­mètre Detune. Lorsque le potard est complè­te­ment à droite, le second oscil­la­teur est désac­tivé, lorsque le potard est au centre, les deux ondes sont super­po­sées à l’oc­tave et lorsque le potard est tota­le­ment à gauche, la dent de scie agit comme un léger effet de flan­ger sur l’onde carrée. Les diffé­rents paliers de désac­cor­dage sont acti­vés lorsque le potard se situe entre ces posi­tions extrêmes.

En guise d’exemple audio, voici tout d’abord une évolu­tion de la forme d’onde avec en premier lieu la modu­la­tion de la largeur d’im­pul­sion suivie de la super­po­si­tion des deux oscil­la­teurs et leur éven­tuel déac­cor­dage :

Evolu­tion des formes d’ondes
00:0000:37

L’en­semble du signal entre ensuite dans un filtre passe-bas 2 pôles (12 dB/octave) plutôt effi­cace, mais dont le réglage de la réso­nance ne permet pas l’auto-oscil­la­tion. 

Voici un exemple avec une ferme­ture progres­sive du filtre sans réso­nance suivie d’une ouver­ture avec la réso­nance pous­sée à fond :

Filtre
00:0000:31

L’en­ve­loppe du signal se limite à un contrôle du relâ­che­ment. Pour ce qui est de l’at­taque, on pourra éven­tuel­le­ment simu­ler son adou­cis­se­ment par l’uti­li­sa­tion de la fonc­tion Glide, malheu­reu­se­ment ponc­tuelle tout comme les effets suivants : Accent qui renforce la vélo­cité, Crush qui comme son nom l’in­dique est un bit-crusher et Delay qui ajoute un effet d’écho. Aucun de ces effets n’est para­mé­trable, et le Delay ne s’adapte pas au tempo de lecture du séquen­ceur.

Voici diffé­rents exemples mettant en œuvre ces fameux effets, en alter­nant signal origi­nal et signal traité :

Accent
00:0000:13
  • Accent00:13
  • Crush00:11
  • Delay00:10

Tout ceci est accom­pa­gné d’une toute petite boîte à rythmes de quatre sons – grosse caisse, tom, caisse claire et char­ley. Les deux premiers sons sont issus d’une sinu­soide basse fréquence et les autres d’une sinu­soide plus haute mêlée à du bruit blanc. Chaque paire de sons est pilo­tée par un petit ruban tactile. Parmi les effets sus-cités, seul le delay affecte la boîte à rythmes, et encore unique­ment sur les sons de caisse claire et de char­ley. C’est un choix plutôt cohé­rent si l’on souhaite conser­ver tout son punch à la grosse caisse. Puisque l’on parle des sono­ri­tés de la boîte à rythmes, ces dernières peuvent certes sembler un peu « cheap », mais elles s’ins­crivent assez bien dans la philo­so­phie géné­rale de la machine et pour­ront parfai­te­ment corres­pondre à certains styles de musique élec­tro­nique.

Voici d’ailleurs pour finir une petite compo­si­tion faite unique­ment avec les sons et effets du Duo séquen­cés sur une DAW externe sans ajou­ter aucun trai­te­ment autre qu’une gestion des volumes :

Compo Duo
00:0000:52

Et puisque nous parlons de compo­si­tion, voyons main­te­nant comment tous ces sons se déclenchent et s’or­ga­nisent en interne sur le Duo.

Un petit cinq à seq… ?

rosaceLe clavier symbo­lisé par la ligne de pads au bas de la face séquen­ceur permet de jouer les notes et de peupler en même temps les pas de séquence. Grâce aux deux flèches situées au-dessus, on peut trans­po­ser l’en­semble respec­ti­ve­ment de plus ou de moins 24 demi-tons, plus encore une octave supplé­men­taire lorsque l’on est parvenu au bout des demi-tons en main­te­nant la flèche corres­pon­dante enfon­cée. Chacun des huit pas de séquence dispo­sés en rosace reprend la couleur de la note qui lui a été affec­tée. 

Un pad blanc indique la présence d’une note étran­gère à la penta­to­nique (par exemple reçue d’un clavier externe) alors qu’un pad éteint indique l’ab­sence de note quelle qu’en soit l’ori­gine. Le bouton au centre de la rosace déclenche la lecture de la séquence. Que la lecture soit déclen­chée ou non, le séquen­ceur du Duo intègre chaque nouvelle note entrante dans le pas de séquence actuel­le­ment actif, et passe auto­ma­tique­ment au pas suivant dès que le pas actuel a été peuplé. On notera bien sûr qu’il s’agit toujours d’un séquençage mono­dique, même lorsqu’il s’agit de comman­der un module externe. Ainsi, un accord joué sur un clavier maître ou envoyé d’une STAN sera toujours inter­prété comme un arpège ascen­dant par le Duo. 

La vitesse de lecture de la séquence peut être doublée par la fonc­tion Boost, en revanche cette dernière n’agit véri­ta­ble­ment et stric­te­ment que sur l’en­voi de notes MIDI et n’en­traîne pas un double­ment de la vitesse de lecture d’un séquen­ceur externe synchro­nisé au Duo. À ce sujet je n’ai pas rencon­tré de problème parti­cu­lier pour synchro­ni­ser le Duo à une STAN externe. 

Duo, trio, quatuor…

arrière.JPGLe Duo est d’ailleurs plutôt bien équipé pour la commu­ni­ca­tion et l’échange avec toutes sortes d’autres instru­ments et outils sonores, que ce soit par sa double inter­face MIDI USB et DIN ou par ses prises de synchro analo­giques. 

Au-delà de ça, le Duo permet d’émettre des messages MIDI CC, et comme cela n’est pas précisé dans le mode d’em­ploi (nous y revien­drons plus bas), je me permets de vous trans­mettre les infor­ma­tions ici. Concer­nant tout d’abord les faders : celui inti­tulé Wave envoie du CC 70, celui de fréquence de coupure du filtre du CC 74 et celui du relâ­che­ment d’en­ve­loppe du CC 72. Pour les potards : celui contrô­lant la réso­nance du filtre envoie du CC 71, celui inti­tulé Detune du CC 94 et enfin celui de volume du CC 7 de manière tout à fait tradi­tion­nelle. Enfin, les boutons pous­soirs envoient chacun la valeur fixe maxi­male sur les CC suivants : 65 pour le Glide, 80 pour le Delay et 81 pour le Crush. Mais trêve de consi­dé­ra­tions tech­niques et penchons-nous main­te­nant sur le jeu car c’est avant tout pour lui que le Duo a été pensé.

Veux-tu jouer avec moi ?

À ce niveau-là, il faut recon­naître une chose : le Duo EST ludique. Quand je l’ai appro­ché pour la première fois au Super­booth, j’ai eu immé­dia­te­ment plai­sir à jammer dessus. Le design géné­ral de l’ap­pa­reil massi­ve­ment orienté vers l’ac­ces­si­bi­lité et la simpli­cité d’em­ploi compensent large­ment le fait que la dispo­si­tion de ses commandes n’ait pas forcé­ment été pensée en premier lieu pour l’uti­li­sa­tion soli­taire. Mais même seul, on se surprend à prendre du plai­sir à tritu­rer la matière sonore du petit synthé de Dato. Toute­fois, ne nous leur­rons pas : le Duo porte bien son nom et c’est bien dans le jeu à deux qu’il révèle vrai­ment sa person­na­lité. Telle note main­te­nue par le « joueur » en charge de la partie séquen­ceur donnera envie au « joueur » en charge de la partie synthé­ti­seur de modu­ler le son pour le faire évoluer, tel son de basse inspi­rera à son tour une nouvelle séquence, et ainsi de suite. Le fait que le clavier soit limité à la gamme penta­to­nique permet de ne jamais faire de fausse note, et en cela la mani­pu­la­tion du Duo sera d’au­tant plus valo­ri­sante et plai­sante pour quelqu’un qui n’a jamais touché à un instru­ment de musique. D’où égale­ment la parfaite adéqua­tion du Duo à l’ini­tia­tion musi­cale, au jeu avec des enfants etc. De plus, à l’ins­tar d’autres instru­ments ou contrô­leurs atypiques, le Duo nous incite par son ergo­no­mie origi­nale à sortir de nos sché­mas de créa­tion habi­tuels en pouvant se révé­ler ainsi un formi­dable cata­ly­seur d’ins­pi­ra­tion. Toute­fois le concept de l’ap­pa­reil de Dato trouve ses limites, et parfois peut-être plus rapi­de­ment que prévu…

Disso­nances

clavier maîtreJe dois recon­naître que je me trouve aujour­d’hui pour la première fois dans ma carrière de testeur fort ennuyé au moment d’abor­der les défauts d’un produit. Les outils musi­caux qui font d’ha­bi­tude l’objet d’un banc d’es­sai de ma part entrent géné­ra­le­ment dans des caté­go­ries bien défi­nies auxquelles se rapportent des critères de juge­ment précis. Le Dato Duo s’avère beau­coup plus compliqué à évaluer. D’une part, son design géné­ral – appuyé par la commu­ni­ca­tion commer­ciale du fabri­cant – le défi­nit comme un produit à la desti­na­tion des enfants ou de l’ex­plo­ra­tion de nouvelles manières de faire de la musique. Il peut alors sembler déplacé d’ex­pri­mer les mêmes attentes à son égard qu’à celui d’un instru­ment plus clas­sique. D’autre part, sa fabri­ca­tion inté­gra­le­ment euro­péenne implique obli­ga­toi­re­ment une tari­fi­ca­tion diffé­rente de celle touchant des produits fabriqués de manière délo­ca­li­sée. Mais en tenant compte des réali­tés écono­miques d’aujour­d’hui,   il m’est diffi­cile de consi­dé­rer un appa­reil vendu 329 € comme un simple jouet. Je me vois donc obligé de rele­ver toutes les faiblesses du Duo en tant qu’ins­tru­ment de musique élec­tro­nique de cette gamme de prix, ceci malgré l’as­pect poten­tiel­le­ment incon­gru de l’exer­cice en regard du concept de base de l’ap­pa­reil et de la sympa­thie qu’il éveille en moi.

À ce titre, la limi­ta­tion du « clavier » aux gammes penta­to­niques est ainsi parti­cu­liè­re­ment symp­to­ma­tique des diffi­cul­tés rencon­trées dans le juge­ment porté sur le Duo. Car l’ar­gu­ment de la simpli­cité est ici parfai­te­ment rece­vable ! En revanche, les restric­tions mélo­diques qui découlent de ce choix sont beau­coup moins excu­sables dans le cadre de l’usage plus poussé que l’on est en droit d’at­tendre aujour­d’hui d’un synthé­ti­seur à ce prix-là. On peut égale­ment regret­ter l’ab­sence de vélo­cité sur les pads et le peu de souplesse de la fonc­tion de trans­po­si­tion : l’im­pos­si­bi­lité de trans­po­ser direc­te­ment par octave est assez incom­pré­hen­sible, je dois le dire, et presque encore davan­tage d’ailleurs dans une optique de simpli­fi­ca­tion des commandes. On notera certes qu’à l’ex­cep­tion de la vélo­cité, toutes ces limi­ta­tions dispa­raissent dès que l’on contrôle le Duo par un dispo­si­tif exter­ne… ce qui en retour peut impliquer éven­tuel­le­ment une dépense supplé­men­taire.

Dato.JPGRestons dans le domaine des échanges MIDI pour souli­gner une autre limi­ta­tion impor­tante du Duo. Si la plupart des faders et boutons du synthé envoient bien des messages MIDI CC, l’ap­pa­reil n’est en revanche pas en mesure d’en rece­voir ! Donc inutile d’en­re­gis­trer un mouve­ment de potard du Duo via une auto­ma­tion dans votre STAN : l’ins­tru­ment de Dato sera inca­pable de la repro­duire. Encore une fois, à ce prix-là, on peut attendre des para­mètres d’un synthé numé­rique qu’ils soient midi­fiés aussi bien en entrée qu’en sortie… Quand je les ai inter­ro­gés là-dessus, Dato m’a répondu que les créa­teurs souhai­taient que la posi­tion physique des contrô­leurs reflète toujours l’état du para­mètre contrôlé. Si l’ar­gu­ment peut à la limite se justi­fier pour les potards rota­tifs (et enco­re…), ce n’est à mon sens pas le cas pour les faders qui sont équi­pés d’une LED dont l’in­ten­sité progres­sive de l’éclai­rage fait actuel­le­ment doublon avec la posi­tion physique du fader concerné. Dans le cas où la récep­tion des messages de CC aurait été possible, on aurait pu imagi­ner par exemple que l’in­ten­sité de la LED soit déso­li­da­ri­sée de la posi­tion physique du fader et qu’elle traduise la valeur des données reçues quelle que soit ladite posi­tion physique. Bref…

Concer­nant la partie séquen­ceur, on regret­tera l’im­pos­si­bi­lité de sépa­rer celle-ci de la partie  synthé­ti­seur de l’ap­pa­reil. Chaque note jouée étant immé­dia­te­ment enre­gis­trée dans un pas de séquence, on peut ainsi tota­le­ment oublier le fait d’al­ter­ner entre une séquence pré-enre­gis­trée et le jeu libre. Pour cela, il vous faut… un séquen­ceur externe ! En plus du clavier-maître cité plus haut, cela commence à faire beau­coup en termes de maté­riel à ajou­ter pour profi­ter plei­ne­ment du produit ! Mais encore une fois, je n’ex­prime ces critiques qu’en regard du tarif proposé, et j’ai parfai­te­ment conscience que ledit tarif découle direc­te­ment d’une fabri­ca­tion entiè­re­ment euro­péenne. Mais on ne peut pas oublier que pour un prix équi­valent ou même parfois infé­rieur, on trouve par exemple un Nova­tion Circuit, un Artu­ria Micro­freak ou les Reface de Yamaha. Certes tous fabriqués en Chine mais autre­ment plus complets que le Duo.

Je termi­ne­rai par l’as­pect extrê­me­ment succinct du mode d’em­ploi, lequel ne tient que sur quatre pages et s’avère lacu­naire, même pour un appa­reil au final peu complexe tel que le Duo. Ainsi, outre l’ab­sence de numé­ros de messages CC déjà mention­née plus haut et outre l’ab­sence de mention de la capa­cité même de l’ap­pa­reil à envoyer ce type de messages, le mode d’em­ploi ne décrit même pas la procé­dure à suivre pour chan­ger de canal MIDI ! Par consé­quent je me permets de vous livrer ladite procé­dure après m’être rensei­gné auprès de Dato à ce sujet : on main­tient un pad enfoncé pendant la mise sous tension, le numéro dudit pad corres­pon­dant au canal MIDI souhaité.  

Conclu­sion

Après un premier contact plutôt réjouis­sant avec le Dato Duo au Super­booth de cette année, le test s’est avéré plus ardu que prévu car il était compliqué d’ap­pliquer à cet instru­ment les critères habi­tuels de qualité et de compa­rai­son. Tout d’abord parce que la philo­so­phie géné­rale du produit diffère de celle de beau­coup d’autres, et ensuite parce que sa fabri­ca­tion inté­gra­le­ment euro­péenne vient forcé­ment boule­ver­ser nos repères tari­faires de consom­ma­teurs habi­tués (malheu­reu­se­ment ?) aux prix de vente des produc­tions délo­ca­li­sées.

Se conten­ter de présen­ter le Dato Duo comme un concur­rent des appa­reils que l’on trouve habi­tuel­le­ment dans cette caté­go­rie de prix, ce serait passer à côté de ce qui fait la raison même de l’exis­tence de cet instru­ment et qui le distingue des autres : offrir la possi­bi­lité de s’amu­ser immé­dia­te­ment sans se poser aucune ques­tion,  seul ou à deux, que l’on soit musi­cien ou non et quel que soit son âge. De ce fait, le Duo peut être un excellent outil d’ini­tia­tion à la musique pour les débu­tants ou une nouvelle source d’ins­pi­ra­tion pour les plus expé­ri­men­tés.

Mais à ce prix-là juste­ment, il est diffi­cile de faire l’im­passe sur les nombreuses limi­ta­tions de l’ins­tru­ment. Bien entendu, certaines sont direc­te­ment liées à la philo­so­phie-même du Duo visant l’ac­ces­si­bi­lité et la faci­lité de prise en main. En revanche, elles peuvent aussi s’avé­rer parfois handi­ca­pantes dans le cadre de l’uti­li­sa­tion plus pous­sée que pour­rait nous inspi­rer notam­ment la présence d’une connec­tique réser­vée habi­tuel­le­ment à des outils plus « pros ». Et certaines de ces limi­ta­tions s’avèrent vrai­ment peu défen­dables quel que soit le type d’uti­li­sa­tion que l’on souhaite avoir de cet instru­ment. 

  • synthétiseur.JPG
  • séquenceur.JPG
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  • Dato.JPG
  • rosace
  • seq gauche
  • seq droit
  • synth droit
  • synth gauche
  • faders
  • clavier maître

 

Notre avis : 6/10

  • La fabrication solide
  • L'accessibilité et la prise en main faciles pour des débutants
  • L'esprit de convivialité et de partage
  • Le fun immédiat
  • Le son plutôt correct dans l’ensemble
  • La connectique plutôt complète avec notamment les prises de synchronisation
  • Le peu de manipulation possible sur le son
  • L'absence de réception de MIDI CC
  • La limitation aux gammes pentatoniques
  • L'absence de vélocité
  • La limitation de transposition
  • Les effets non paramétrables du tout
  • La ligne de séquence non-sauvegardable
  • Le mode d'emploi incomplet
  • Le prix

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