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Test d’Image Line FL Studio 11 - Le grand méchant Loops ?

8/10

Décidément, si le printemps n’a pas été cette année forcément la saison du beau temps, cela a été en tous cas celle des séquenceurs atypiques. Après la sortie d’Ableton Live 9 au mois de mars (juste avant le printemps, certes, mais on ne va pas chipoter), voici donc celle de l’autre principal challenger : j’ai nommé FL Studio version 11, de la fringante équipe belge d’Image Line.

C’est en 1998 que le tout jeune Didier Dambrin, alors à peine âgé d’une ving­taine d’an­nées, créé Fruity Loops – nom que le logi­ciel conser­vera durant 4 ans, avant de deve­nir FL Studio. Ce logi­ciel, qui a toujours béné­fi­cié du soutien d’une forte base de fans, a malheu­reu­se­ment long­temps souf­fert – à tort ou à raison – de l’image d’un produit peu compa­tible avec des exigences réel­le­ment profes­sion­nelles.

Qu’est-ce donc que FL Studio ? Quelles sont les nouveau­tés appor­tées par cette dernière version ? Quel est le degré de matu­rité atteint par ce séquen­ceur ? Ce sont quelques-unes des ques­tions auxquelles nous allons tenter de répondre.

Mais tout d’abord…

FL Studio, c’est quoi ?

Image Line FL Studio 11

La singu­la­rité du séquen­ceur se mani­feste dès le premier regard… celui de la jeune fille styli­sée manga affi­chée en fond d’écran dans l’in­ter­face du soft. On peut certes discu­ter de son utilité, mais fina­le­ment, pourquoi un séquen­ceur devrait-il être obli­ga­toi­re­ment tris­tou­net, et n’af­fi­cher qu’un plat empi­le­ment de pistes ? D’ailleurs, après la demoi­selle manga, la seconde chose que l’on voit est un step-séquen­ceur réglé par défaut sur 4 pistes et 16 pas – nous verrons plus loin jusqu’où s’étendent ses capa­ci­tés. Quoi qu’il en soit, la colonne verté­brale du logi­ciel, c’est lui. Et c’est donc autour de lui que s’ar­ti­culent les autres éléments, à savoir la table de mixage, le piano-roll, l’édi­teur audio interne Edison, la play­list (qui corres­pond peu ou prou à la fenêtre d’ar­ran­ge­ment des séquen­ceurs concur­rents) et l’en­semble des plugs internes et externes, réper­to­riés par le brow­ser.

Le prin­cipe créa­tif de FL Studio est le suivant. On déve­loppe des « patterns » dans le step-séquen­ceur en combi­nant, entre eux, instru­ments virtuels, réels, fichiers audio qui seront ensuite mélan­gés et égali­sés dans la table de mixage, à laquelle on peut ajou­ter les effets que l’on souhaite. Les patterns sont montés et arran­gés dans la play­list. Et, depuis la bêta-version 10.5, mais réel­le­ment inté­gré au logi­ciel depuis la nouvelle version : ces mêmes patterns peuvent main­te­nant être mani­pu­lés à la volée un peu à la manière des clips dans Able­ton Live.

Bundle et Editions

C’est le Bundle Signa­ture, qui a servi pour le test. Son prix est de 223,85€ et cache en réalité une Produ­cer Edition (148,97€) avec des plug-ins inclus : Sytrus, Direct­Wave Full Sampler, Sound­font player, Video­Player, Maxi­mus maxi­mi­zer, Hard­core Guitar effects suite. Il existe aussi la Fruity Edition à 74,11€ qui ne fait pas d’en­re­gis­tre­ment audio.

Pour termi­ner ce premier tour d’ho­ri­zon, et puisque nous évoquons le fonc­tion­ne­ment géné­ral du séquen­ceur, signa­lons deux choses : la première, c’est que la fonc­tion « Undo » n’est pas appli­cable à toutes les actions du séquen­ceur. Ainsi, une suppres­sion de piste, par exemple, est tota­le­ment irré­cu­pé­rable via cette fonc­tion. À cet égard, Image Line a contourné le problème d’une part grâce à un aver­tis­se­ment avant chaque suppres­sion, d’autre part en offrant une option d’auto-sauve­garde. Mais certains logi­ciels concur­rents ont une fonc­tion « undo » plus éten­due.

L’autre chose à signa­ler est que l’une des nouveau­tés de cette onzième version de FL Studio est la possi­bi­lité d’en­trer manuel­le­ment des valeurs de para­mètres pour un grand nombre de fonc­tions. Toute­fois, les valeurs ne peuvent être entrées qu’au format déci­mal, quel que soit le type de données que l’on souhaite mani­pu­ler, des déci­bels, des BPM, des hertz … Par exemple, si vous souhai­tez obte­nir via le clavier la valeur de tempo « 145 », il faudra taper « 0.263671875 ». Il est égale­ment possible d’en­trer des pour­cen­ta­ges… Sinon, il reste la possi­bi­lité de choi­sir l’un des presets de tempo dispo­nibles, et d’af­fi­ner ensuite à la souris. Bref, en résumé, pas pratique du tout. Didier Dambrin lui-même m’a informé que cette fonc­tion d’en­trées de valeur par le clavier – qui ne concerne pas, je le rappelle, unique­ment le tempo – avait été récla­mée par les utili­sa­teurs, et que son implé­men­ta­tion correcte aurait exigé du temps et des moyens dont Image Line ne dispose pas. Dont acte. On peut toute­fois suggé­rer à l’édi­teur de réflé­chir sérieu­se­ment à se donner les moyens de corri­ger le tir lors de la prochaine édition. Mais puisque nous parlions de tempo, souli­gnons deux amélio­ra­tions de la gestion de ce para­mètre dans cette version 11 de FL Studio: tout d’abord la révi­sion de l’al­go­rithme de tap-tempo, et ensuite une meilleure inté­gra­tion du champ « fine tempo ». 

Mais il est temps de nous inté­res­ser main­te­nant aux prin­ci­paux outils de créa­tion de FL Studio, en commençant bien entendu par …le step-séquen­ceur !

« Séquence de lance­ment, enga­gée ! 10..9…8… »

Image Line FL Studio 11

Comme je l’ai écrit plus haut, s’il y a bien un élément central dans ce logi­ciel, c’est le step-séquen­ceur. Celui-ci propose un nombre de pas situé entre 4 et 64, et un nombre de pistes (appe­lées « chan­nels ») illi­mité. Selon les para­mètres tempo­rels choi­sis dans les options géné­rales du soft, ces 64 pas pour­ront aller jusqu’à équi­va­loir des quadruples croches, ce qui est assez remarquable, car c’est un format de notes souvent (et bizar­re­ment) boudé par nos logi­ciels audio­nu­mé­riques. Chaque piste peut être repré­sen­tée, dans le step-séquen­ceur, par des pas de séquençage ou bien par une vue réduite du piano-roll corres­pon­dant. Ici aussi, certains choix d’Image Line peuvent sembler étranges. Ainsi, il est impos­sible de reve­nir à une repré­sen­ta­tion step-séquen­ceur une fois qu’une piste a été « trans­po­sée » en mode piano-roll. Et une piste « piano-rollée » occu­pera le même espace visuel qu’une ligne « step-séquen­cée », même si elles ne couvrent pas obli­ga­toi­re­ment la même durée ! Exemple : une piste piano-roll de 3 mesures pourra coïn­ci­der visuel­le­ment avec une ligne de kick séquen­cée sur une seule mesure, ce qui peut être un peu dérou­tant les premières fois. Dans ce cas de figure, une option permet de choi­sir si l’on fait jouer la ligne de kick 3 fois, ou bien si elle s’in­ter­rompt au bout d’une mesure pour lais­ser la ligne « piano-roll » se termi­ner toute seule. 

Si, en lecture, la coha­bi­ta­tion entre des parties de diffé­rentes durées au sein d’un même pattern ne pose pas de problème, il en va diffé­rem­ment pour l’en­re­gis­tre­ment. En effet, impos­sible par exemple de faire tour­ner en MIDI (mais en audio, oui) une base ryth­mique de 2 mesures pendant que l’on enre­gistre une mélo­die, toujours en MIDI, d’une longueur indé­ter­mi­née (lorsqu’on impro­vise, par exem­ple…) ! Soit l’on choi­sit le mode « loop recor­ding », et l’en­re­gis­tre­ment se fera en boucle sur 2 mesures unique­ment. Soit l’on désac­tive ce mode, auquel cas l’on pourra enre­gis­trer aussi long­temps qu’on le souhaite, mais avec un accom­pa­gne­ment ryth­mique qui s’in­ter­rom­pra au bout de 2 mesures.

Il existe des alter­na­tives pour boucler la première séquence MIDI pendant l’en­re­gis­tre­ment de la seconde, mais qui impliquent toujours d’in­diquer un nombre de bouclages donné. Un peu contrai­gnant, quand d’autres séquen­ceurs maîtrisent parfai­te­ment la lecture en boucle d’une séquence MIDI d’une durée donnée pendant l’en­re­gis­tre­ment d’une autre séquence d’une durée indé­ter­mi­née.

Mais sous bien d’autres aspects, ce step-séquen­ceur peut se montrer très agréable et effi­cace. Ainsi, un simple cliquer/glis­ser avec le bouton gauche de la souris permet d’ac­ti­ver plusieurs pas en un seul mouve­ment, et la même opéra­tion avec le bouton droit les désac­tive. Deux autres modes, « graph editor » et « keyboard editor », permettent de très faci­le­ment gérer la vélo­cité et la hauteur de notes indi­vi­duelles des pas de chaque séquence. De ce point de vue, c’est une réus­site, et l’on se retrouve assez vite et très natu­rel­le­ment à bidouiller des ryth­miques, des petits riffs vite faits, des débuts de mélo­dies, bref à lancer la machine de la créa­tion. Une pres­sion sur les touches fléchées droite et gauche permet de passer instan­ta­né­ment d’un pattern à l’autre, ce qui auto­rise des varia­tions ryth­miques très inté­res­santes et spon­ta­nées. Par contre, autant chaque pattern indi­vi­duel est très aisé­ment insé­rable manuel­le­ment dans la play­list, autant FL Studio ne permet pas de lancer la lecture de patterns et d’en­re­gis­trer cette lecture direc­te­ment sous forme de clips MIDI dans la play­list (à la manière de l’en­re­gis­tre­ment d’ar­ran­ge­ment sur Able­ton Live). Donc un jeu façon DJ alter­nant très rapi­de­ment les patterns du step-séquen­ceur via les touches de direc­tion ne pourra être enre­gis­tré direc­te­ment qu’en audio (via Edison, voir plus bas) et non en MIDI. L’al­ter­na­tive la plus inté­res­sante consis­te­rait à passer par le mode « perfor­mance » de la play­list, mais celui-ci présente égale­ment quelques contraintes que nous verrons.

Termi­nons ce tour d’ho­ri­zon du step-séquen­ceur par un mot concer­nant le pilo­tage des synthés virtuels via un contrô­leur ou un clavier maître. Il est impos­sible de pilo­ter plusieurs pistes du step-séquen­ceur simul­ta­né­ment via un seul contrô­leur. Et si vous dispo­sez de plus d’un appa­reil, l’as­si­gna­tion de chacun d’entre eux à une piste du step-séquen­ceur se fait en fonc­tion de la hiérar­chie de leurs canaux MIDI respec­tifs : le contrô­leur sur le canal 1 pilo­tera la piste acti­vée la plus haute, celui sur le canal 2, la piste acti­vée suivante dans la liste et ainsi de suite. Cette méthode ne s’avère pas forcé­ment la plus souple, et l’on aurait souhaité trou­ver, comme chez de nombreux logi­ciels concur­rents, un petit menu par piste listant les contrô­leurs MIDI recon­nus par le soft et auto­ri­sant du coup la libre assi­gna­tion des appa­reils à chacune des pistes à pilo­ter.

Mais globa­le­ment, ce step-séquen­ceur s’avère tout à fait satis­fai­sant. Voyons main­te­nant ce qu’il en est de la table de mixage.

On mélange et on secoue bien

La table de mixage, dont la fenêtre est tota­le­ment dimen­sion­nable, comme toutes les fenêtres de FL Studio, est de facture clas­sique, et plutôt effi­cace. Elle peut accueillir 99 pistes prin­ci­pales (appe­lées « inserts »), elles-mêmes pouvant accueillir plusieurs « chan­nels » du step-séquen­ceur, 4 pistes « send », une piste « master », et une piste « selec­ted ». Celle-ci, constam­ment affi­chée même si l’on replie la table de mixage, reprend le son de la piste sélec­tion­née et permet l’uti­li­sa­tion de plugins visuels, comme un spec­tro­gramme par exemple. Bien vu. Chaque piste comporte bien évidem­ment un fader, un potard pour le pano­ra­mique, un bouton mixte mute/solo, un bouton d’in­ver­sion de stéréo, un autre d’in­ver­sion de phase, un bouton d’ar­me­ment, un bouton d’ac­ti­va­tion de compen­sa­tion de latence et un autre d’ac­ti­va­tion de la section d’ef­fets.

Image Line FL Studio 11

À la droite des pistes, l’on trouve deux menus, celui des entrées au-dessus, et celui des desserts – pardon, des sorties – pour chaque piste au-dessous. À noter qu’il s’agit là des entrées et sorties physiques de votre inter­face audio, ce qui vous permet de router votre signal comme vous le souhai­tez si votre carte son dispose de plusieurs I/O. Et entre ces deux menus se situe la section d’ef­fets et d’éga­li­sa­tion. On y trouve tout d’abord 8 slots libres pour y insé­rer les plugs que l’on souhaite. Chaque slot est équipé d’un bouton d’ac­ti­va­tion et d’un potard pour régler la part d’ef­fet dans le mix. Au-dessous, nous avons un égali­seur para­mé­trique permet­tant de défi­nir et d’agir libre­ment sur trois bandes de fréquences, de manière très ergo­no­mique qui plus est. En cliquant sur le graphique, le bouton gauche permet d’agir sur la bande de fréquence la plus proche en modi­fiant son gain et sa fréquence, et le bouton droit en modi­fiant son gain et sa largeur. Enfan­tin. À la droite de l’EQ, nous avons un double des contrôles de volume et de pano­ra­mique ainsi que des inver­sions de stéréo et de phase que l’on peut déjà trou­ver sur chaque tranche, de même qu’un astu­cieux pad X/Y permet­tant le réglage simul­tané du volume et du pano­ra­mique. À tout ceci viennent encore s’ajou­ter deux réglages, l’un pour la largeur de stéréo et l’autre pour la gestion de la compen­sa­tion de latence.

Chaque piste du step-séquen­ceur est libre­ment assi­gnable à une piste de la table de mixage. Et l’une des nouvelles fonc­tions de la version 11 de FL Studio permet de faci­le­ment modi­fier l’as­si­gna­tion d’une piste de step-séquen­ceur, en main­te­nant la touche CTRL enfon­cée, tout en utili­sant la molette de la souris pour navi­guer entre les pistes « cibles » de la table de mixage. Toute­fois, si vous modi­fiez une assi­gna­tion, l’an­cienne piste « cible » conser­vera le nom de celle du step-séquen­ceur à laquelle elle était affec­tée aupa­ra­vant. Il vous faudra songer à le modi­fier manuel­le­ment, au risque de vous perdre assez rapi­de­ment.

Des groupes, sous-groupes et sous-sous-groupes peuvent être créés très aisé­ment. Mais le rappel des routages est tout sauf clair. Si vous avez groupé par exemple les pistes 2 et 3 sur la piste 4, une petite flèche s’al­lume sur la piste 3 quand vous sélec­tion­nez la piste 2, même chose sur la piste 4 quand vous sélec­tion­nez la piste 3. Par contre, si vous sélec­tion­nez direc­te­ment la piste 4, rien ne vous rappel­lera qu’elle accueille les pistes 2 et 3. Très peu pratique en soi, et encore moins quand on gère un grand nombre de pistes et groupes. Il est donc forte­ment conseillé d’uni­fier les couleurs des pistes appar­te­nant à un même groupe. Cette astuce fonc­tionne quand on n’a qu’un seul degré de regrou­pe­ment, mais n’est bien sûr plus appli­cable dès que l’on doit gérer des sous-groupes. Donc, messieurs d’Image Line : à modi­fier impé­ra­ti­ve­ment !

Rock’n piano- roll

Et puisque nous en sommes aux récri­mi­na­tions, commençons tout de suite par évacuer les petites choses éner­vantes, avant de nous inté­res­ser aux vraies quali­tés du piano-roll.

Tout d’abord, je n’ai pas été entiè­re­ment convaincu par l’er­go­no­mie géné­rale. En effet chaque fonc­tion d’édi­tion (dessi­ner, effa­cer, sélec­tion­ner, zoomer…) dispose de son propre outil. Mais quasi­ment chaque outil peut, via de multiples combi­nai­sons de touches et de boutons de souris, prendre comme fonc­tion secon­daire, tertiaire, quater­nai­re… la fonc­tion prin­ci­pale d’un autre outil. Vous me suivez toujours ? Exemple : le bouton « dessi­ner » permet aussi d’ef­fa­cer, sélec­tion­ner, zoomer, etc. Idem pour certains autres boutons. Du coup, la sensa­tion de richesse des possi­bi­li­tés évolue plutôt vers une sensa­tion de… fouillis des possi­bi­li­tés. Il eût été préfé­rable, me semble-t-il, de suivre la voie tracée par certains concur­rents qui ont choisi d’épu­rer l’er­go­no­mie de leur soft au maxi­mum afin d’ob­te­nir un work­flow plus cohé­rent. Mais ce n’est qu’un avis person­nel.

Ce qui est égale­ment assez dérou­tant, c’est le choix qu’Image Line a effec­tué concer­nant le magné­tisme de grille, appelé « snap ». Par défaut, celui-ci respecte en effet les offsets. Admet­tons que le « snap » soit réglé à la noire, et que nous ayons une note malen­con­treu­se­ment placée au demi-temps après le deuxième temps. Nous souhai­tons la placer pile sur le deuxième temps en la faisant glis­ser avec la souris : pas possible en l’état, FL Studio la placera sur le demi-temps après le premier temps. Pour la dépla­cer sur le temps, il faudra soit acti­ver la quan­ti­sa­tion globale grâce à la combi­nai­son « shift+q », en ayant au préa­lable sélec­tionné la note sur laquelle on souhaite agir, au risque sinon de « snap­per » l’en­semble des notes du piano-roll, soit bypas­ser le magné­tisme en enfonçant la touche « alt » pendant que l’on fait glis­ser la note concer­née à la place souhai­tée. 

Je peux tota­le­ment comprendre l’in­té­rêt du respect des offsets en tant qu’op­tion. Mais person­nel­le­ment la perti­nence de ce choix comme fonc­tion par défaut m’échappe un peu.

Beau­coup plus perti­nente en revanche, et plutôt bien­ve­nue d’ailleurs, c’est la nouvelle fonc­tion de verrouillage de dépla­ce­ment des notes selon l’axe hori­zon­tal ou bien verti­cal.

Penchons-nous à présent sur les carac­té­ris­tiques les plus inté­res­santes. Nous avons notam­ment les fonc­tions « slide » et « porta­mento », qui permettent, pour les instru­ments internes de FL Studio exclu­si­ve­ment, de modi­fier la hauteur d’une note pour l’ame­ner à atteindre celle d’une note-réfé­rence.

Image Line FL Studio 11

Exemple : dans notre illus­tra­tion, le « la » du haut est la note-réfé­rence du slide (recon­nais­sable au petit triangle sur son côté gauche). Quand la barre de lecture arri­vera sur elle, la plus haute des notes (ici le sol) situées sous elle va progres­si­ve­ment monter jusqu’à elle, et les autres notes monte­ront elles aussi d’un ton.

On peut d’ailleurs choi­sir sur quelles notes on souhaite faire agir le slide, en colo­rant simple­ment toutes les notes dont on souhaite modi­fier la hauteur de la même couleur que la note réfé­rence du slide.

Le « porta­mento » agit de manière appro­chante, mais en assu­rant la tran­si­tion entre deux notes qui se suivent.

Ces deux fonc­tions sont terri­ble­ment effi­caces, et l’on rêve de pouvoir les employer sur les notes de VSTs tiers.

Ce piano-roll nous offre aussi la possi­bi­lité d’af­fi­cher en arrière-plan les notes des autres pistes MIDI du morceau, histoire de pouvoir repé­rer d’un coup d’œil pourquoi ce sacré solo de synthé à roulettes frotte avec les accords de corne­muse à piston. Ou bien, nous pouvons récla­mer une analyse harmo­nique des notes affi­chées grâce à la fonc­tion « detect scale », qui nous indique alors le nom de la gamme employée dans le passage sélec­tionné ! Et vous savez quoi ? Cela fonc­tionne, et même très bien !

Mais ce qui reste sans doute la fonc­tion la plus épatante liée au piano-roll, c’est la capa­cité qu’a FL Studio de conser­ver dans un buffer constam­ment actif tous les évène­ments MIDI des 3 dernières minutes, et de les trans­crire, à la demande, dans une fenêtre de piano-roll. Compre­nez par là que si vous avez omis de lancer l’en­re­gis­tre­ment avant d’ef­fec­tuer ce merveilleux solo sur votre clavier maître, vous n’avez plus de souci à vous faire, le séquen­ceur d’Image Line a malgré tout capté et conservé votre pres­ta­tion. Finis les moments de pure grâce perdus à tout jamais !

Main­te­nant, et après nous être inté­res­sés à l’ou­til de gestion des évène­ments MIDI, voyons ce qu’il en est du prin­ci­pal outil de gestion audio de FL Studio, j’ai nommé Edison.

Gene­ral Elek­triks…

Edison est inclus dans FL Studio depuis sa version 7, et s’avère extrê­me­ment puis­sant et poly­va­lent à l’usage, d’au­tant qu’il permet de réali­ser ses propres scripts de trai­te­ments en Pascal, Visual Basic ou JavaS­cript.  Mais explo­rons ses fonc­tions de base.

Image Line FL Studio 11

Au niveau de l’en­re­gis­tre­ment lui-même, on y trouve de fort astu­cieuses possi­bi­li­tés, dont celle de ne se déclen­cher qu’à la détec­tion de signal entrant – voire de se couper à l’ar­rêt de ce même signal, agis­sant alors comme une sorte de noise gate. Le niveau de seuil est d’ailleurs para­mé­trable. Edison est égale­ment capable d’en­re­gis­trer un signal en continu pendant qu’un pattern tourne en boucle, et de placer sur la forme d’onde ainsi captu­rée un marqueur à chaque bouclage du pattern accom­pa­gnant, créant ainsi plusieurs « régions » au sein du fichier audio capturé. Chacune de ces régions peut être ensuite copiée indi­vi­duel­le­ment dans la play­list, par exemple, via un simple glis­ser-dépo­ser. Cette action aura égale­ment pour effet de créer auto­ma­tique­ment un fichier audio pour cette seule région, indé­pen­dant du fichier d’ori­gine, et que l’on pourra faci­le­ment retrou­ver entre autres dans le brow­ser, dans la caté­go­rie des fichiers du projet en cours. À ce niveau-là, on ne fait pas plus simple.

En ce qui concerne main­te­nant la mani­pu­la­tion des formes d’ondes enre­gis­trées, on trouve dans Edison tout d’abord les outils clas­siques. Fade-in, fade-out, inver­sion de pola­rité ou de sens de lecture du sample sont de la partie, mais aussi un EQ qui a la bonne idée d’af­fi­cher l’une au-dessus de l’autre 2 lignes de repères corres­pon­dantes, l’une en hertz et l’autre en hauteurs de notes, afin de nous rappe­ler le lien intime entre ces deux échelles. Bien vu. Une très bonne surprise est de décou­vrir égale­ment dans cette boîte à outils somme toute complète une reverb à convo­lu­tion tout à fait effi­cace, ou une fonc­tion très origi­nale de « blur » qui permet de « flou­ter » le son d’ori­gine en lui adjoi­gnant une certaine quan­tité de bruit blanc ainsi qu’un delay.

Edison permet égale­ment le décou­page de son en « slices », pour permettre l’usage ulté­rieur de l’en­re­gis­tre­ment au sein d’un sampler par exemple, ou bien encore de l’ou­til Slicex.

On y trouve aussi une sélec­tion de plusieurs para­mètres auxquels on peut direc­te­ment affec­ter des enve­loppes, tels que le volume, le panning ou bien encore la sépa­ra­tion stéréo. À cela s’ajoute une enve­loppe supplé­men­taire que l’on peut affec­ter libre­ment à n’im­porte quel effet interne d’Edi­son. Toute­fois, ceci néces­site une opéra­tion de copier-coller un peu fasti­dieuse – on aurait souhaité plutôt pouvoir direc­te­ment dessi­ner la courbe de l’ef­fet choisi.

Ces enve­loppes sont par ailleurs extrê­me­ment faciles à mani­pu­ler, que ce soit dans Edison ou ailleurs dans FL Studio : clic droit pour créer des points d’en­ve­loppe, clic droit surun point exis­tant pour défi­nir le type de courbe que l’on souhaite créer, clic gauche pour dépla­cer les points libre­ment, CTRL-clic gauche pour les mouvoir dans l’axe verti­cal et SHIFT-clic gauche pour l’axe hori­zon­tal. À noter qu’un dépla­ce­ment dans l’axe hori­zon­tal déplace l’en­semble des points situés à la droite du point mani­pulé, ce que l’on peut éviter en cliquant sur le bouton « slide » en bas à droite.

On peut regret­ter en outre que tous ces effets ne soient pas en temps réel, et que certains n’offrent même pas la possi­bi­lité d’ef­fec­tuer une pré-écou­te… Mais c’est le cas de nombreux éditeurs audio. Heureu­se­ment, certains outils ont un pendant « temps réel » hors Edison, parmi les effets de FL Studio, tels que « Fruity Convol­ver » en ce qui concerne la reverb, ce qui nous laisse le choix des armes pour trai­ter nos petits fichiers audio chéris.

Mais globa­le­ment, nous avons à faire avec Edison à un outil puis­sant et bien conçu.

Le jeu en « lignes »

La play­list est ce qui nous permet de mettre notre morceau en forme. En fait, il s’agit d’une vue de séquen­ceur assez tradi­tion­nelle sous forme de lignes hori­zon­tales, dans laquelle nous allons pouvoir ordon­ner les patterns créés dans le step-séquen­ceur. Ce qui peut parfois dérou­ter celui qui découvre FL Studio, c’est que, contrai­re­ment cette fois aux séquen­ceurs tradi­tion­nels où une piste corres­pond souvent à un seul instru­ment ou fichier audio, ici, chacune d’elle corres­pond à un ou plusieurs patterns indé­pen­dants, chacun d’eux pouvant à son tour faire appel à un grand nombre d’ins­tru­ments ou de fichiers audio diffé­rents. Si, en pleine phase d’ar­ran­ge­ment, vous souhai­tez effec­tuer une modi­fi­ca­tion sur un instru­ment en parti­cu­lier, au sein d’un pattern, il va vous falloir repas­ser en mode step-séquen­ceur, accé­der au pattern voulu, pour enfin, à l’in­té­rieur de celui-ci, modi­fier ce que vous souhai­tez.  Cela peut sembler un peu complexe au premier abord, mais l’on s’y fait assez vite, d’au­tant que je rappelle que la play­list peut enre­gis­trer des clips MIDI direc­te­ment joués au clavier, et qui seront donc immé­dia­te­ment acces­sibles.

Chaque piste de la play­list peut en outre conte­nir simul­ta­né­ment, et de manière super­po­sée, trois types d’élé­ments diffé­rents, tous sous forme de clips : des patterns, des formes d’ondes audio et des clips d’au­to­ma­tion, ces derniers pouvant très aisé­ment être créés d’ailleurs sous FL Studio. Grâce à des onglets spéci­fiques, il est possible de forcer l’af­fi­chage de l’un de ces types de clips en parti­cu­lier. On dispose égale­ment de la possi­bi­lité d’en­re­gis­trer des clips audio direc­te­ment dans la play­list sans passer par Edison. Cela permet, lors d’un enre­gis­tre­ment en boucle, de super­po­ser les prises audio à la manière des loopers hard­ware. Toute­fois, pour l’ins­tant, Image Line conseille de ne pas recou­rir à cette fonc­tion, les prises audio ainsi réali­sées présen­tant de forts offsets à leurs extré­mi­tés. Personne ne peut dire actuel­le­ment quand le bug sera corrigé. 

Mais, au sein de cette play­list, ce qui repré­sente la prin­ci­pale nouveauté de cette dernière mouture de FL Studio, c’est le mode « Perfor­mance ».

Kezako ? C’est tout simple­ment la possi­bi­lité de créer un espace où l’on va pouvoir agen­cer ses patterns dans une sorte de matrice afin de les déclen­cher indi­vi­duel­le­ment ou en groupe, à la manière d’Able­ton Live. Et force est de consta­ter que le système fonc­tionne, les patterns s’en­chaînent bien. 

Pour agir de manière plus intui­tive sur les clips que via la souris, Image Line a, pour l’oc­ca­sion, étendu la recon­nais­sance des contrô­leurs à pads, dont la struc­ture de contrôle est parti­cu­liè­re­ment bien adap­tée à la gestion de clips. Sont main­te­nant recon­nus, entre autres, les appa­reils ou inter­faces logi­cielles suivants : Akaï APC 20 et 40, Nova­tion Launch­padJazz­mu­tant Lemur (hard­ware et soft­ware), Livid Block et Native Instru­ments Trak­tor Kontrol F1. La liste des contrô­leurs – en constante évolu­tion – est acces­sible à cette adresseImage Line a notam­ment conçu des scripts spéci­fiques pour les contrô­leurs hard­ware dédiés primi­ti­ve­ment à Able­ton Live, à savoir le Nova­tion Launch­pad et les Akaï APC 20 et 40. Certaines commandes de ces appa­reils ont été détour­nées afin d’être affec­tées à des fonc­tions spéci­fiques de FL Studio.

Image Line FL Studio 11

Deux choses impor­tantes sont à noter concer­nant les Akaï APC 20 et 40, à propos de la repré­sen­ta­tion des clips via les pads de ces appa­reils. La prin­ci­pale diffé­rence entre la matrice de Live et celle de FL Studio est que, en sché­ma­ti­sant, les clips rangés en colonnes dans Live le sont en lignes dans FL Studio – normal, puisque celui-ci utilise sa play­list hori­zon­tale comme base pour sa matrice de clip. Or les APC 20 et 40 ayant été prévus à la base pour Live, ils en repro­duisent la struc­ture. C’est-à-dire qu’ils repré­sentent en colonnes, via leurs pads lumi­neux, les clips qui se présentent en lignes dans Fruity Loops. Une petite illus­tra­tion vous permet­tra de mieux comprendre de quoi je parle.

À cela s’ajoute que le code couleur des pads adop­tés par les APC pour Able­ton Live selon l’état des clips est inversé pour FL Studio : un pad orange sur une APC repré­sente un clip inac­tif pour Able­ton Live, et actif pour FL Studio. Un temps d’adap­ta­tion est donc néces­saire pour savoir exac­te­ment à quel clip à l’écran corres­pond quel pad lumi­neux sur le contrô­leur, et dans quel état il erre…

Sinon, des privi­lé­giés parmi nous n’au­ront pas à se soucier de ces contraintes ni à recou­rir à la souris. De qui s’agit-il ? Tout simple­ment de ceux qui ont la chance de dispo­ser d’un écran tactile ! FL Studio est en effet compa­tible avec la tech­no­lo­gie tactile multi-touch. Et là, le plai­sir d’agir direc­te­ment sur les clips prend toute son enver­gure.

Enfin, pour termi­ner, signa­lons que les projets une fois arran­gés peuvent être expor­tés aux formats WAV, MP3 et OGG. Mais avant d’ex­por­ter du son, encore faut-il en produire ! Pas de panique, tous les outils néces­saires sont rangés dans le brow­ser.

Un peu d’or­ga­ni­sa­tion…

Le brow­ser propose une grande variété de caté­go­ries, dont les déno­mi­na­tions sont plutôt parlantes. « Current project » réper­to­rie tous les fichiers, presets, etc. rela­tifs au projet en cours. « Recent files » conserve les fichiers derniè­re­ment créés et/ou utili­sés. « Plugin data­base » liste les instru­ments et effets virtuels respec­ti­ve­ment par type de géné­ra­tion sonore (synthèse addi­tive, sous­trac­tive, sampler, etc.) ou par type de trans­for­ma­tion sonore (delay, filtres, etc.).« Plugin Presets » rassemble … les presets de tout ce petit monde. Person­nel­le­ment, j’au­rais regroupé les modules virtuels et leurs presets en une seule caté­go­rie, mais bon, c’est un choix person­nel. Et autant « Mixer presets » avec ses confi­gu­ra­tions de mixage toutes prêtes est inté­res­sant, autant la néces­sité de « Chan­nel presets » propo­sant pour l’es­sen­tiel de nouveaux presets pour les plugs me semble discu­table. Tout cela aurait égale­ment pu, à mon sens, être inséré direc­te­ment dans la « Plugin data­base ».

La caté­go­rie « Scores » à l’in­verse est plei­ne­ment justi­fiée, car elle regroupe un très grand nombre de riffs et gammes de base, dans tous les modes, qu’il suffit de glis­ser dans le piano-roll. « Une solu­tion pour les pares­seux », diront certains, et d’autres vante­ront l’in­té­rêt péda­go­gique de la chose.

« Backup », quant à lui, est un élément crucial du brow­ser, puisqu’il conserve les dernières sauve­gardes auto­ma­tiques de FL studio, para­mé­trables dans les options système du logi­ciel.

Les caté­go­ries suivantes regroupent essen­tiel­le­ment des éléments de base tels que des fichiers audio, trai­tés ou non, slicés ou non, des enve­loppes, des phrases toutes prêtes pour le synthé­ti­seur de voix (très sympa­thique, ne fonc­tionne malheu­reu­se­ment qu’en anglais, nous y revien­drons plus loin). Et bien sûr, nous trou­vons pour finir une caté­go­rie « User », pour les besoins du … « User ».

Image Line FL Studio 11

L’er­go­no­mie du brow­ser est à l’image de son orga­ni­sa­tion : un peu bancale. Exemple : nous consta­tons que s’il existe bien un dossier VST, celui-ci est vide, alors que le chemin vers le réper­toire d’ins­tal­la­tion desdits VSTs a été correc­te­ment spéci­fié dans les options du logi­ciel. Pire, pour pouvoir accé­der à vos plugs tiers préfé­rés la première fois, vous devez aller dans le menu « Chan­nel », cliquer sur « more » et cocher un par un tous les plugs listés (évidem­ment, en l’ab­sence d’une fonc­tion « cocher tous »… j’ai très peu d’hu­mour pour ce genre d’ou­bli…). Ceci ne permet toujours pas de retrou­ver vos plugs externes dans le dossier VST du brow­ser, mais par contre vous pouvez main­te­nant les retrou­ver via un menu contex­tuel dans le step-séquen­ceur. C’est toujours ça. Ce n’est qu’une fois qu’un VST est chargé dans une piste du step-séquen­ceur que vous pouvez, enfin, le faire glis­ser dans le dossier appro­prié. Ouf ! Vous avez dit compliqué ?

Et si vous souhai­tiez suppri­mer un élément du brow­ser, vous pensiez peut-être le faire via une simple pres­sion sur la touche « delete » ? Grands naïfs que vous êtes ! Image Line nous propose une manière beau­coup plus « ludique »: un clic droit sur l’élé­ment à effa­cer dans le brow­ser, puis un clic gauche sur « Windows shell menu », qui vous affiche un menu stan­dard de l’OS de Micro­soft, dans lequel vous choi­sis­sez ensuite l’op­tion « Explo­rer » pour affi­cher une jolie fenêtre non moins stan­dard, dans laquelle, ô miracle, se trouve l’élé­ment dont vous souhai­tez vous débar­ras­ser. On peut comprendre que les auteurs n’aient pas voulu auto­ri­ser la suppres­sion trop simple des fichiers, notam­ment des presets qui sont des fichiers à part entière. Mais, concer­nant les plugins, j’ai du mal à saisir la néces­sité d’une procé­dure aussi lourde pour éviter la suppres­sion acci­den­telle de ce qui n’est fina­le­ment que des raccour­cis vers lesdits plugins. Un simple message de type « Etes-vous sûr de vouloir suppri­mer [tel item] ? » aurait à mon sens repré­senté une alter­na­tive plus légère. Avis person­nel…

Mais, à l’in­verse, ledit brow­ser peut s’avé­rer génia­le­ment conçu quand il s’agit de retrou­ver un élément, instru­ment ou effet virtuel, fichier, etc., et de le rapa­trier dans votre projet. En effet, outre une fonc­tion de recherche très effi­cace, FL Studio béné­fi­cie de deux outils fantas­tiques, le « Plugin Picker » et le « Project Picker ». Le premier repré­sente de manière graphique tous les plugs internes et externes réper­to­riés dans le brow­ser, via des minia­tures de leur GUI respec­tive. Le second repré­sente de la même manière tous les éléments (fichiers audios, instru­ments, samples indi­vi­duels, effets, patterns, etc.) utili­sés dans le projet actuel ainsi que le lien qui peut éven­tuel­le­ment les unir dans certains cas. Si par exemple on utilise un sampler qui fait appel à des fichiers audios sépa­rés, « Project Picker » va indiquer par une petite encoche jaune lesdits fichiers liés au sampler lorsque votre curseur de souris glis­sera au-dessus de lui. Sans comp­ter qu’il nous offre égale­ment la possi­bi­lité de les pré-écou­ter, ainsi que les patterns.

On reste surpris de cette forte dicho­to­mie, au sein du brow­ser, entre certaines procé­dures très lourdes d’un côté, et d’autres à l’in­verse parti­cu­liè­re­ment bien pensées.

Du son…

Image-Line béné­fi­cie d’une répu­ta­tion de plus en plus affir­mée en ce qui concerne la qualité de ses instru­ments virtuels, et à juste titre ! Si, pour des raisons de rétro-compa­ti­bi­lité avec d’an­ciens projets, FL Studio trim­balle encore avec lui quelques vieux coucous tels que le DX 10, par exemple, il faut saluer les dernières produc­tions en date de la firme belge, notam­ment les synthé­ti­seurs virtuels Sytrus, Harmor, la Bass Drum ou encore la Groove Machine, une nouveauté de cette version 11 du séquen­ceur.

Image Line FL Studio 11

« Sytrus » (inclus) est un synthé­ti­seur équipé de 6 opéra­teurs assi­gnables aussi bien à de la modu­la­tion de fréquence (FM) qu’à de la modu­la­tion en anneau (Ring Modu­la­tion, RM). Il dispose égale­ment de 3 filtres et d’une matrice offrant de nombreuses possi­bi­li­tés de combi­ner les modu­la­tions entre elles.

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« Harmor » (vendu sépa­ré­ment 111,68€) se base, lui, sur la synthèse addi­tive, à partir de tables de fréquences et d’am­pli­tude, de fichiers audio et même de fichiers graphiques !

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« Bass Drum » (inclus), une nouveauté FL Studio 11, est un synthé­ti­seur spécia­lisé dans le kick, avec la possi­bi­lité de se baser égale­ment sur des samples.

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« Speech Synthe­si­zer » (inclus), est un outil de synthèse vocal permet­tant de trans­for­mer tout texte écrit (anglais unique­ment) en fichier audio.

Enfin, « Groove Machine » (la version complète est vendue sépa­ré­ment au prix de 111,68€) s’ap­pa­rente aux Groove Box hard­ware, en embarquant un synthé­ti­seur hybride (sampler + synthèse sous­trac­tive) asso­cié à un séquen­ceur de 8 patterns de 8 mesures pour 8 canaux de sampler et 5 canaux de synthèse.

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… bien traité

On retrouve dans les effets le même symp­tôme que pour les instru­ments, à savoir la présence d’une pléthore de modules dont certains ne sont plus tout à fait d’ac­tua­lité.

La prin­ci­pale nouveauté concerne l’ap­pa­ri­tion du module « Control surface ». Grâce à lui, l’on peut à présent se créer sa propre surface de contrôle virtuelle en ajou­tant faders, boutons rota­tifs et ou pad X/Y, que l’on peut assi­gner à tout para­mètre de FL Studio ou bien de plug interne ou externe. Les diffé­rents éléments de la surface de contrôle sont eux-mêmes bien entendu pilo­tables par une surface hard­ware externe. On peut sauve­gar­der ainsi autant de surfaces – et donc de confi­gu­ra­tions – diffé­rentes. Ce système permet de contour­ner les limi­ta­tions des inter­faces de contrô­leurs hard­ware qui n’au­to­risent pas, pour certains, le pilo­tage simul­tané de para­mètres de plugs diffé­rents.

Sinon, voici un petit pano­rama des effets les plus inté­res­sants.

« Peak Control­ler » (inclus dans toutes les versions) permet de trans­for­mer tout signal audio en un contrô­leur d’au­to­ma­tion.

« Maxi­mus » (inclus dans le Bundle Signa­ture) est un compres­seur 3 bandes doté d’une inter­face limpide et capable de choses plus complexes que la tradi­tion­nelle compres­sion.

Nous avons égale­ment « Slicex » (inclus dans la Produ­cer Edition), l’ou­til de décou­page et de trai­te­ment de slices audio – comme son nom ne l’in­dique pas du tout, n’est-ce pas. Il auto­rise égale­ment le trai­te­ment audio de ces slices et leur affec­ta­tion à des commandes – ou un clavier – MIDI.

Image Line FL Studio 11

Gross Beat (oui, une partie de l’équipe d’Image Line est fran­co­pho­ne…, vendu sépa­ré­ment au prix de 74,20€) est un effet temps réel qui agit sur le pitch, le volume et la posi­tion tempo­relle d’un flux audio, idéal pour tous les effets de scratchs et de glitchs divers.

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« Effec­tor » (inclus), un petit nouveau, rappelle esthé­tique­ment forte­ment le Kaoss Pad de Korg, ce qui n’est pas un hasard puisque, comme son modèle hard­ware, il se destine à une utili­sa­tion live, grâce notam­ment à ses effets simples et effi­caces et à son pad de modu­la­tion central, parti­cu­liè­re­ment redou­table en combi­nai­son avec un écran tactile.

Enfin, nous avons « Newtone » (vendu sépa­ré­ment au prix de 74,20€), un outil très effi­cace de recon­nais­sance audio et de trans­crip­tion vers le MIDI. Il fonc­tionne parfai­te­ment bien grâce à des algo­rithmes de chez Zplane, mais est limité à des signaux mono-instru­men­taux.

Et pour aller plus loin ?

La grande combi­nai­son

Image Line FL Studio 11

Eh bien pour aller plus loin, Image Line inclut dans son séquen­ceur, depuis la version 10, le plug-in « patcher ». Et à quoi sert-il donc ? Tout simple­ment, à créer un méta-plugin composé de plusieurs plugins qui se senti­raient un peu trop seuls dans leur état de … plugin. Vous suivez ?

Cet outil, qui se charge comme un instru­ment ou bien un effet virtuel de FL Studio, propose à la base une surface de travail présen­tant un module d’en­trée et un module de sortie, entre lesquels on peut ajou­ter tous les éléments, instru­ments ou effets virtuels, que l’on souhaite. À noter égale­ment qu’une surface de contrôle inté­gra­le­ment person­na­li­sable fait aussi partie du set de base du patcher.

Chaque élément est relié aux autres via des câbles virtuels qui adoptent une couleur diffé­rente selon leur fonc­tion : jaune pour les connexions audio, vert pour les connexions MIDI véhi­cu­lant des infor­ma­tions de notes et enfin rouge pour celles véhi­cu­lant des infor­ma­tions de contrôle.

Un clic droit sur chaque élément importé ou présent d’ori­gine dans le patcher permet d’ac­cé­der à la liste de tous ses para­mètres et entrées/sorties MIDI et audio, et de les acti­ver indi­vi­duel­le­ment pour les rendre reliables à d’autres. On peut aussi faire partir une connexion d’un appa­reil « d’ori­gine » : arrivé au-dessus de l’ap­pa­reil « cible », une liste s’af­fiche auto­ma­tique­ment, énumé­rant unique­ment les para­mètres auxquels le câble virtuel que nous sommes en train de tendre est capable de se connec­ter. Les para­mètres audio ne s’af­fi­che­ront pas si l’on tend un câble MIDI/notes, par exemple.

Dans le petit montage ultra­ba­sique que je me suis amusé à réali­ser, on peut voir qu’une ligne verte ache­mine des notes MIDI du point de départ du patcher vers l’en­trée MIDI du synthé virtuel « Sawer », et qu’un câble jaune relie la sortie audio de celui-ci au point de sortie du patcher. Une surface de contrôle compo­sée de deux commandes pilo­tant respec­ti­ve­ment la fréquence de coupure du filtre et le volume géné­ral du synthé est quant à elle reliée à « Harmor » via des câbles rouges. À savoir que l’on peut égale­ment jouer aux poupées russes avec le patcher et en intro­duire un dans un autre (aucune réfé­rence au mariage pour tous…). Toute­fois, dans ce cas-là, le patcher intro­duit dans l’autre ne pourra rece­voir de celui-ci que des données audio – et non MIDI – et sera donc réservé à du trai­te­ment de signal.

Comme on peut le voir, cet outil est très puis­sant, et d’une ergo­no­mie excep­tion­nelle. Toute­fois, combi­ner des synthés et des effets « tout prêts » ne vous satis­fait toujours pas ? Vous souhai­tez explo­rer plus profon­dé­ment encore les capa­ci­tés créa­trices du logi­ciel ? Alors…

La pierre du flux, tu suivras

« Flows­tone », c’est le nouveau nom de « Synth­ma­ker », le module de FL Studio présent depuis la version 8 et dédié à la créa­tion d’ins­tru­ments et d’ef­fets à partir de zéro – « from scratch » comme diraient les anglo­phones.

Pour être plus exact, « Synth­ma­ker », déve­loppé par la société DSP Robo­tics, a été englobé dans « Flows­tone », autre produit de la même entre­prise.

Image Line FL Studio 11

Ce plugin propose une boîte à outils complète avec tout ce dont on peut rêver pour se consti­tuer son propre arse­nal. « Flows­tone » est basé sur le langage de program­ma­tion Ruby, qui ne néces­site aucune compi­la­tion et permet donc un work­flow plus rapide durant le déve­lop­pe­ment. L’en­vi­ron­ne­ment est graphique et rappelle d’ailleurs, dans son prin­cipe de fonc­tion­ne­ment, l’in­ter­face du patcher que nous avons vu plus haut, avec des éléments dont on relie les entrées et sorties entre elles. Et puisque nous parlons des éléments de base, on trouve bien entendu tout ce qui a trait direc­te­ment au son, des modules d’en­trée ou sortie audio, des filtres, des potards pour se consti­tuer des surfaces de contrôles, des modules déjà consti­tués, etc., mais l’on a à dispo­si­tion égale­ment des éléments plus éton­nants, comme des inter­faces de connexion à toutes sortes de prises hard­ware, USB, et selon toutes sortes de proto­coles indus­triels. On peut ainsi imagi­ner créer des inter­ac­tions tout à fait inédites, et pourquoi pas pilo­ter des robots via MIDI ou bien gérer la réso­nance d’un filtre grâce aux images d’une caméra ?
À noter que la version de Flows­tone incluse dans FL Studio ne permet pas l’ex­port au format VST, ni la créa­tion de fichiers exécu­tables. Pour cela, il faudra acqué­rir une licence indé­pen­dante auprès de DSP Robo­tics. 

Conclu­sion

Depuis sa créa­tion, Fruity Loops, devenu entre temps FL Studio, a toujours proposé une démarche alter­na­tive dans la créa­tion musi­cale, avec notam­ment tout un lot d’idées astu­cieuses – voire carré­ment géniales – une arti­cu­la­tion globale autour d’un step-séquen­ceur auto­ri­sant l’éla­bo­ra­tion rapide d’idées musi­cales, un mode perfor­mance qui tient la route et une grande stabi­lité géné­rale. De plus, depuis les dernières versions, il s’est enri­chi d’une gamme d’ins­tru­ments virtuels tout à fait convain­cante, et d’ou­tils nova­teurs tels que FlowS­tone. Il s’est ainsi forgé une solide base de fans, qui se trouve comblée pas les multiples et réelles quali­tés de ce logi­ciel. Toute­fois, certaines lacunes impor­tantes subsistent encore.

Et le Mac ? Et le 64 bits ?

FL Studio ayant été à la base déve­loppé en Delphi, un langage spécia­lisé dans les appli­ca­tions Micro­soft, un portage vers Mac OS s’avère très compliqué, et non envi­sagé pour l’ins­tant.
Quant au mode 64 bits auto­ri­sant l’adres­sage de mémoire au-delà de 3 Go, il est actuel­le­ment en phase de bêta-test.

On regret­tera par exemple la prise en charge un peu vieillotte et pas très souple des péri­phé­riques MIDI n’au­to­ri­sant pas le pilo­tage simul­tané de plusieurs pistes, le manque de clarté des routages de groupes de la console de mixage, les bugs de l’en­re­gis­tre­ment bouclé en mode play­list, l’er­go­no­mie bancale du brow­ser, l’ab­sur­dité de la saisie manuelle de valeurs de para­mètres, limi­tée au format déci­mal ou aux pour­cen­tages.

Tout ceci sont des défauts dont on espère qu’Image Line débar­ras­sera très vite son logi­ciel phare, pour lui permettre d’oc­cu­per enfin la place qu’il mérite parmi les grands séquen­ceurs.

Merci à Los Teignos, Twÿce ainsi qu’aux déve­lop­peurs d’Image Line, prin­ci­pa­le­ment Didier Dambrin, pour leur aide.

Notre avis : 8/10

  • Élaboration, combinaison et mise en place rapides d’idées musicales
  • Support des écrans multiples et tactiles multi-touch
  • Buffer des 3 dernières minutes d’évènements MIDI
  • Fonctions d’édition de notes dans le piano-roll
  • Edison
  • Slicex
  • Patcher
  • Plugin - et Project-Picker
  • FlowStone
  • Mises à jour gratuites à vie
  • Les instruments virtuels des dernières années
  • Support des contrôleurs à pads pour le mode « performance »
  • Mode « performance » fiable
  • Mode 64 bits…
  • … en bêta-test pour l’instant
  • Pas de portage sur Mac OS
  • Gestion des périphériques MIDI dépassée
  • Bug de l’enregistrement audio bouclé en mode playlist
  • Saisie manuelle des valeurs catastrophique
  • En MIDI: lecture en boucle et enregistrement simultanés impossible quand durée indéterminée
  • Ergonomie étrange du browser
  • Pas de rappels clairs des routages de groupes sur la table de mixage
  • Option par défaut du magnétisme du piano-roll

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