Basée sur la dixième version du célèbre séquenceur de la marque Samplitude, voici la mouture 2008 de Music Studio. Proposant un séquenceur 64 pistes, des effets intégrés et des outils de mastering à un tarif agressif, serait-il le compagnon idéal du home-studiste débutant ou peu fortuné ?
Basée sur la dixième version du célèbre séquenceur de la marque Samplitude, voici la mouture 2008 de Music Studio. Proposant un séquenceur 64 pistes, des effets intégrés et des outils de mastering à un tarif agressif, serait-il le compagnon idéal du home-studiste débutant ou peu fortuné ?
Si un jour vous avez eu l’occasion de fréquenter le rayon logiciel d’une enseigne de grande distribution ou d’un grand magasin à vocation culturelle, vous aurez sûrement remarqué nombre de logiciels estampillés Magix. Des logiciels comme Vidéo Deluxe, ou Music Maker sont en effet des best-sellers dans leur catégorie. Peut-être moins connue, mais qui nous intéresse plus particulièrement, la série Music Studio est le logiciel spécialement pour les home-studistes. Reste à savoir si un logiciel aussi bon marché peut tenir ses engagements en termes de facilité, de puissance d’utilisation et de qualité sonore, c’est ce que nous allons vérifier dès maintenant…
Installation
À l’ouverture de la boîte, on trouvera à l’intérieur de celle-ci un DVD-ROM, avec un numéro de série imprimé sur un sticker au dos de celui-ci, ainsi qu’un manuel au format A5 de 65 pages. Évidemment, celui-ci survole rapidement et incomplètement les fonctions du logiciel. Il faudra donc se référer au manuel PDF livré avec le logiciel pour une référence précise et exhaustive. C’est à mon avis un peu dommage, mais finalement logique, le coût d’impression d’un vrai manuel de référence aurait sûrement alourdi d’autant la facture à l’achat. Pour venir se loger sur votre disque dur, Music Studio aura besoin de 3Go d’espace disque, et exige au minimum un Athlon/Pentium 700, 256 Mo de Ram, et d’une carte VGA 1024×768 de 4Mo de mémoire tournant sous Windows 2000/XP ou Vista. Le DVD dans son lecteur, l’installation se fait sur un simple clic de bouton, et quelques instants plus tard, il suffit de saisir le numéro de série du logiciel pour commencer à s’amuser avec Music Studio.
L’interface
Au lancement du logiciel, le doute n’est pas permis : nous sommes bien ici devant l’interface d’un Samplitude, traduite en français. Bien sûr, elle répond aux canons classiques des séquenceurs audio/midi : elle comporte une fenêtre principale où les pistes affichent des formes d’ondes pour l’audio, et des piano-roll pour le midi. À gauche, une colonne affiche les détails de la piste sélectionnée (vumètre, entrées/sorties, volume, panning, plug-in activé, etc.). On y retrouve également la classique fenêtre de transport, au look de magnétophone.
Signe distinctif de Samplitude, la barre d’outils supérieure est configurable à la volée grâce à une boîte de sélection située en bas de l’écran, où un clic sur la 'tâche’ en cours permet de n’afficher que les boutons utiles à celle-ci. Il existe ainsi un environnement séparé pour l’enregistrement, pour l’édition, le mastering… ou l’on peut demander l’affichage de tous les boutons à la fois ('power user’). Enfin, une série de boutons permet d’afficher/masquer toutes les fenêtres possibles du séquenceur, que cela soit par exemple la table de mixage, l’éditeur de pistes, la fenêtre de transports, etc.
Au niveau des graphismes, l’interface reste dans des tons de gris, et très ‘plate’. Si cela se montre plutôt pratique avec les contrôles de type 'potard’, le dessin des faders fait à mon goût plutôt 'pâté'. A contrario, les icônes des boutons sont elles plus dans un esprit '3D’, quitte à y perdre un peu en lisibilité. Heureusement, Magix a prévu le coup et livre Music Studio avec plusieurs skins, on peu donc parfaitement mettre une interface ressemblant plus aux nos bons vieux potentiomètres, vumètres et faders 'matériels’.
Si évidemment tout habitué des séquenceurs se trouve en terrain familier, il ne faut pas oublier non plus que ce logiciel est aussi à destination des débutants. Justement, ils n’ont pas été oubliés. Aussi, dans le menu 'tâches’, on trouvera, regroupé en 5 catégories correspondant au processus d’enregistrement (de la prise de son à la gravure du CD final), une série de tutoriaux traitant entre autres de la prise en main du logiciel, de la bonne utilisation des effets et de la programmation des VSTi inclus dans le logiciel. Exploitant à fond le multimédia, on trouvera certaines de ces leçons sur le web (moyennant enregistrement du logiciel auprès de Magix), d’autres en format vidéo… Seul hic, c’est que les tutoriaux en ligne ne sont pour l’instant accessibles qu’en langue allemande. Espérons qu’ils seront vite disponibles en français.
Le séquenceur
Passons donc au plat de résistance, à savoir le séquenceur en lui-même. Comme son modèle 'pro’, il sait fonctionner en MME ou en mode MRL (multiplexage), mais c’est en mode ASIO qu’il révèle son plein potentiel. En effet, comme son aîné, il embarque un moteur 'hybride’ reconfigurable à la volée, mais ici simplifié. Au sein de Samplitude cohabitent à la fois un moteur ASIO, à latence faible, mais consommation CPU accrue, et un moteur 'VIP’, à latence plus forte, mais consommation CPU optimisée. Plusieurs niveaux permettent de définir la portion du routing passant par le moteur à faible latence, permettant ainsi d’optimiser les performances selon les besoins du moment : on privilégiera ainsi la faible latence au moment de l’enregistrement, alors qu’elle n’est pas vraiment nécessaire lors du mixage par exemple.
Autre point commun avec Samplitude, la notion d’objet audio. En effet, chaque portion d’une piste, chaque prise, est considérée comme un objet indépendant, sur lequel il est possible d’effectuer des traitements, d’ajuster le volume, éditer un fade in et out, en plus des traitements affectés à la globalité de la piste. Evidemment, la notion d’objet est aussi valable pour les pistes au format MIDI. En effet, si le MIDI était d’abord absent puis apparaissant, mais fortement buggé dans les éditions précédentes, Samplitude Music Studio profite des progrès de son grand frère pour proposer une véritable implémentation du MIDI. Ainsi, il est possible d’éditer les pistes avec un véritable éditeur disposant des vues classiques (piano-roll, drum-roll ou encore façon partition) et d’utiliser un contrôleur matériel (comme le behringer BCF2000) pour l’automation du séquenceur par exemple.
Évidemment, qui dit software 'bon marché', dit aussi limitations. Ainsi, dans Music Studio, vous n’aurez droit qu’à 64 pistes, mono ou stéréo (ce qui, cela dit, suffit amplement la plupart du temps), à simplement 4 effets par objet / piste / sous groupe / master, 4 auxiliaires, et 8 instruments au format VST. À condition d’être parcimonieux dans l’affectation des effets et de ne pas avoir besoin de recréer le philharmonique de Berlin à l’aide d’instruments VSTi, ceci devrait pouvoir subvenir aisément aux besoins de la plupart des home-studistes.
Plug-ins intégrés
C’est en se penchant sur les effets et les instruments VST que l’on commence à percevoir l’ambition de Magix de faire de Music Studio un logiciel 'tout-en-un ' convenant aux besoins des débutants et plus si affinités. En effet, ce ne sont pas moins de 8 instruments VSTi et une grosse dizaine d’effets qui sont livrés avec le séquenceur. On trouve donc les effets divisés en 'familles’, certains se présentant sous forme de pédale (au sein de la Vintage Suite), d’autre sous forme de rack, et certains réservés aux pistes 'master’. Le panel est plutôt large : on trouve des effets de modulation (chorus, flanger), des EQs (à 10 bandes graphiques ou 4 bandes paramétriques), des compresseurs/limiteurs (parfois multibandes), des effets de filtres, un vocoder, un enhancer, des réverbes, et même un simulateur d’ampli (au look faisant étrangement penser au Valvestate de chez Marshall), un bit crusher, et Elastic Audio, qui permet de modifier le pitch d’un instrument/d’une voix à la manière d’un Melodyne, et qui est très réussi. Évidemment, ces effets, s’ils ne rivalisent en général pas avec les produits concurrents vendus séparément (et beaucoup plus cher) en plug-in, font correctement leur travail. On pourra juste reprocher à certains d’entre eux un certain manque de 'subtilité' et de transparence. Mais ils permettront de se sortir de la plupart des situations, à condition donc de savoir correctement les doser.
Coté VSTi, on ratisse large également, pour couvrir la plupart des besoins des musiciens, quelque soit le style. Parmi les 8 VSTi, 5 sont consacrés aux instruments 'rythmiques’: On trouvera ainsi Robota, une boîte à rythmes de type analogique, équipée de son séquenceur interne, Livid, une sorte de batterie virtuelle aux sons assez réalistes, mais vraiment très simplifiée (et finalement peu exploitable à mon goût), Beatbox, autre boîte à rythmes, mais qui elle lit des soundfounts, Drum’n’Bass, qui comme son nom l’indique comporte boîte à rythmes et ligne de basse, plutôt destinée au style dont elle porte le nom. Et enfin, le plus amusant de tous, 'Atmos’, une sorte de générateur de fonds d’ambiance. Par exemple, en mode 'hip-hop ', on se croirait dans GTA, avec moult bruits de sirènes de police tout droit sortis du bronx, quand l’ambiance 'movie’ nous plonge dans un film d’horreur ! Pour les VSTi 'instruments’, on retrouvera à la fois un synthé plutôt typé analogique, 'Revolta 2' qui embarque une incroyable quantité de presets tous très musicaux, un VSTi 'instruments virtuels’ appelé Vita, créé par Yellow tools et assez réussi, et enfin un lecteur de samples, 'Sampletank 2'.
Conclusion
Soucieux de satisfaire le plus grand nombre, on sent au final que Magix a pensé d’abord aux musiciens pour ce Samplitude Music Studio, plus particulièrement à ceux désireux de s’initier à la MAO. S’il n’est a priori pas indiqué pour réaliser un produit vraiment professionnel, de par ses limitations et la qualité de ses effets, le home studiste pourra sans problème y faire ses premières armes, s’initier aux instruments VST, jammer avec le séquenceur (il existe une fonction dédiée à cela), s’enregistrer, mixer, masteriser et graver ses maquettes. En ce sens, ce logiciel est une réussite. C’est aussi une belle porte d’entrée dans le monde de Samplitude, dont les fonctions essentielles et l’ergonomie ont été reprises, et qui voudra passer sur la version professionnelle se trouvera immédiatement en terrain connu.