Vous attendiez tous Samplitude 12, eh bien voici Samplitude Pro X. Magix a fait le ménage dans sa gamme des séquenceurs audio pro pour ne garder au final que Sequoia, le vaisseau amiral, Samplitude Pro X et Samplitude Pro X Suite. C'est aujourd'hui Samplitude Pro X qui retient notre attention et fait l'objet de ce test dans sa version française, s'il vous plait.
Difficile d’être exhaustif tant les fonctionnalités sont nombreuses et c’est pourquoi on se focalisera ici sur les principales nouveautés apportées par cette dernière version. Pour information, le manuel PDF dans la langue de Molière « pèse » 915 pages.
Il faut quand même rappeler que Samplitude est l’un des plus anciens séquenceurs audionumériques puisqu’il a vu le jour en 1990. D’abord sur Amiga, son développement s’est ensuite orienté vers les systèmes compatibles PC. Si Magix tient ses promesses, Samplitude est annoncé l’été prochain pour la plateforme à la pomme. Une petite révolution en somme pour qui aime essuyer les plâtres ?
Les concepts de base inaugurés par Samplitude sont toujours d’actualité et les arguments commerciaux de certains concurrents comme Pro Tools 10, tels le volume par segments ou les fades en temps réel, sont le quotidien des utilisateurs de Samplitude depuis plus de dix ans.
Ajoutez à ça le très pratique traitement par lots, la gravure en temps réel depuis le projet multipiste, le fait d’avoir plusieurs projets virtuels ouverts en même temps avec une seule instance du logiciel, les raccourcis paramétrables, la cohabitation de fichiers de différents formats au sein d’un même projet virtuel… j’en passe et des meilleures. Tout ça pour dire que Samplitude dans son approche est un logiciel différent qui ne s’est jamais contenté de copier ses concurrents.
Ne restait plus à Magix qu’à implémenter les fonctions qui faisaient défaut jusqu’alors et comme nous allons le voir, la mission est plutôt réussie.
Si vous n’êtes pas familier avec les concepts de cet éditeur et souhaitez en savoir plus, je vous renvoie vers le test publié lors de la sortie de la version 9.
Installation
Probablement poussée par la concurrence, la société berlinoise en a profité pour revoir sa politique tarifaire et propose le soft à un peu plus de 500 € TTC. Grosso modo et à fonctionnalités égales, Samplitude coûte deux fois moins cher que du temps de la version 11 Pro. Quelques boulettes cependant au niveau des upgrades qui voient les possesseurs des versions antérieures passer au tiroir-caisse plus que de raison pour jouir à nouveau pleinement de l’Analogue Modelling Suite. En effet, Pro X Suite propose les mêmes fonctionnalités que sa petite sœur avec en plus, le sampler virtuel Independence Pro et ses 70 Go de données (contre 12 Go dans la version normale), Vandal le simulateur d’ampli guitare et basse en version full (contre une version bridée) et la Suite Analog Modelling Plus complète. Bref, les nouveaux acquéreurs sont gâtés, les anciens un peu moins.
Rien à dire du côté de l’installation sous Windows 7. L’activation s’effectue via dongle ou numéro de série et c’est parti mon kiki.
64-bit ?
Au rayon des nouveautés, Samplitude Pro X est dorénavant 64-bit. L’avantage est de pouvoir utiliser un maximum de mémoire vive (en tout cas plus que 2 Go…). Une passerelle existe pour utiliser ses bons vieux plugs 32 bits et il faut avouer que c’est assez transparent. À l’installation, deux versions sont en réalité installées : une 32-bit, l’autre 64-bit. Disons-le tout de suite, de nombreux utilisateurs rencontrent des problèmes avec la version 64-bit et ont préféré se rabattre sur la 32-bit. Votre serviteur s’est lui aussi contenté de réaliser ce test avec la version 32-bit. Une update est vivement attendue et il semblerait que les développeurs aient du pain sur la planche pour détendre le forum officiel. Petit bémol supplémentaire concernant la version 64-bit : la perte du très pratique Rewire, mais là, Magix n’y est pour rien. Affaire à suivre.
Quoi de 9 dans la douze ?
L’ergonomie et l’affichage sont retravaillés. Le concept du Docking manager un peu déroutant au début s’avère en réalité fort efficace pour organiser son espace de travail. D’ici, on a un accès direct à son routing, ses VSTI, ses prises, etc. La zone occupe l’espace inférieur de l’éditeur et est redimensionnable et ajustable où on le souhaite.
L’éditeur d’objet possède dorénavant 4 snapshots enregistrables qui permettent de naviguer entre les réglages. La table de mixage est très fluide et lisible, mais ne peut à ce jour occuper la totalité de l’écran. Toujours pas de mémoire de snapshots incluant le nom des pistes. Petit bug corrigé visiblement au prochain update, espérons-le !
Parmi les nouveautés, le très attendu import/export OMF fait son apparition assurant ainsi une compatibilité presque totale avec le reste de l’univers. J’ouvre une petite parenthèse au passage pour souligner que cette version se comporte très bien en post-production « son à l’image » acceptant moult types de fichiers vidéo (AVI, DV, Divx, MOV, MPEG, MXV, WMV, BMP, JPEG). Avis aux amateurs.
Toujours au chapitre des nouveautés, la piste tempo automatisable fait enfin son apparition et prend aussi en compte la modification de la signature rythmique. Est inclus dorénavant le sampleur Independence et ses 12 Go de sons. Je vous renvoie vers le test de Sleepless réalisé en 2008 et qui lui avait attribué un award.
J’aurais pu vous parler de la gestion améliorée du surround ou de la compatibilité Eucon, mais ce sont deux autres nouveautés qui vont retenir notre attention.
Essential FX
Vous aimez les plugs qui sonnent hardware mais vous avez des oursins dans le porte-monnaie ? Alors la suite Essential Fx est faite pour vous. Fort de son expérience avec la suite Analog Modelling, Magix propose désormais 10 effets typés analogique, du compresseur au channel strip en passant par le délai stéréo.
C’est une grande réussite tant au niveau du son qu’au niveau de l’ergonomie. Mention spéciale au gate, compresseur et au très musical eFX Tubestage. Polyvalents, musicaux, paramétrables dans tous les sens et très peu gourmands en ressources, les traitements de la suite Essential Fx s’ajoutent à la liste déjà longue des plug-ins intégrés de Samplitude. Pour être complet, l’Essential Fx comporte aussi, en plus des plugs évoqués, un Tremolo Pan, une réverbe, un Chorus, un Dé-esseur et un Phaser. Bémol cependant, il n’y a pas d’équaliseur dans cette nouvelle suite. Il faudra se rabattre sur celui de la console ou le 6 bandes de l’EQ116.
Arrêtons-nous un instant sur le compresseur de cette suite qui propose une entrée side-chain paramétrable dans son filtrage. Cela peut être par exemple très utile pour compresser une basse via le groupe batterie, ou le cas échéant juste la grosse caisse de ce groupe batterie. L’icône haut-parleur permet d’écouter ce signal de commande et de le filtrer. On retrouve ensuite les paramètres classiques d’un compresseur. Dans l’exemple ci-dessous je suis parti d’une boucle de batterie pas forcément équilibrée que j’ai compressée avec le bien nommé préset « Drum Buss Ambience & Fatness ». La réduction est ici au maximum de 3 dB.
Vous l’aurez remarqué, le charley est un peu « frontal ». J’ai dans l’exemple suivant utilisé le filtrage de la commande du side-chain commuté en interne pour que ce soit le charley qui déclenche le compresseur (cloche à 10 kHz) et soit contrarié par son action. Les réglages du temps d’attaque et du seuil sont un peu poussés et la réduction est alors au maximum de 9 dB.
Le Tubestage est un simulateur de circuit à lampe, un peu à la mode du moment, qui propose deux étages différents. Le premier correspond à un étage à tubes simple et le second à deux étages mis en cascade. Une commande supplémentaire permet de sélectionner la symétrie de la courbe de l’amplification. Soit A qui génère à la fois des harmoniques paires et impaires, soit AB qui ne crée que des harmoniques impaires. Associés à deux filtres indépendants, l’un influant le signal d’entrée pré-traitement, l’autre étant dédié à l’équilibre du signal de sortie, la palette sonore de cet outil varie de très subtil à méchant.
Le premier exemple propose le préset « Tube console-place on every mixer channel » (qui veut tout dire) appliqué à notre boucle de batterie légèrement compressée.
On pousse carrément les réglages dans le second exemple pour obtenir un son bien « crunchy » avec comme base le préset « Aggresive Bassdrum ».
Mode spectral
L’affichage en mode spectral est une nouvelle fonction qui permet de nettoyer par interpolation une perturbation dans un signal audio même complexe. Il s’agit d’un spectrogramme où l’on visualise le niveau des fréquences via leurs couleurs et intensités. Un petit outil dénommé « Capture » permet ensuite de sélectionner la zone à interpoler. Elle est localisable dans son intensité et son spectre.
En guise d’exemple j’ai réalisé une superbe prise de son de ma propre voix. Simultanément, j’ai claqué des doigts perturbant ainsi le signal utile. Je vous laisse juger de l’efficacité du résultat dans l’exemple suivant.
Il n’y a pas de nouveautés à proprement parler en ce qui concerne l’édition, qu’elle soit midi ou audio. Rappelons cependant l’existence depuis la version 11, du concept de Revolver Track et du Compositeur de Prise. Une bonne vidéo valant mieux qu’un long et ennuyeux discours :
Conclusion
Les nouveautés apportées par cette nouvelle mouture sont les bienvenues : les essential Fx et le mode spectral sont de franches réussites. Si aujourd’hui on considère que Samplitude enregistre, mixe, restaure, masterise, le tout en stéréo et surround, grave CD et DVD, exporte et importe en OMF, fait du son à l’image, on est en droit de penser que Magix présente là un séquenceur arrivé à maturité.
Certes, la version 64 bits est encore à éviter et comme toujours avec Magix, les premiers patchs sont attendus pour corriger les bugs de jeunesse. À la question: « Samplitude Pro X vaut il l’upgrade ? », la réponse est, si vous êtes prêt à vous passer de l’Analogue modelling (seulement disponible avec Samplitude Pro X), clairement oui. Pour les nouveaux arrivants, l’offre est aussi très alléchante : pour le prix de deux plugs in VST, vous avez là un outil complet et extrêmement polyvalent. Samplitude Pro X est le couteau suisse de l’audio et il est temps que ça se sache !