Deux ans après la sortie du Monotribe, Korg récidivait avec 3 modules synthés/BAR nomades. C’était en 2013, il nous aura fallu près d’un an pour récupérer le trio. Allez hop, sous le bras, direction les pistes enneigées !
Comme chaque année à cette époque, ce sont les vacances à la montagne entre potes. L’année dernière, Paulo, accompagné de sa gratte, s’est pris une bonne branlée par le Monotribe (cf. test). Il va donc sans dire que cette année, il a mis les bouchées doubles : Strat vintage, préampli vintage, ampli vintage, effets vintage, répertoire vintage… aucun doute, les groupies vont succomber. Mais juste avant le départ, trois petits cartons estampillés Volca Bass, Beats et Keys sont arrivés. Vu leur taille rikiki, ils sont rentrés sans problème dans les valises, entre les gants et le blouson…
Est arrivé le grand soir, est venu le moment où San Francisco allait s’embrumer et tout d’un coup, paf, panne de jus ! Suivie d’un grand blanc (si on peut dire). Et Paulo qui a laissé la Folk au studio… À peine une bougie providentielle allumée que surgit du fond de la nuit un beat électro-pop bien (modestement) construit avec un soupçon de basse acidulée, une poignée de percussions synthétiques et une pointe de lead incisif. Avec leurs piles, leur câble synchro et leur HP intégré, les Volca donnent de la voix en cadence et dans le noir. Quelques petits coups de potards rétro-éclairés bien dosés, des enchaînements judicieux et des slides faits main suffisent à détourner les groupies du pauvre Paulo qui maudit le transfo EDF du coin sur 25 générations. Voyons la suite…
Points communs
Chaque Volca est dédié à une application : synthé lead, synthé basse et BAR. Toutefois, tous partagent un certain nombre de caractéristiques. D’abord, le physique : format parallélépipède rectangle, construction plastique moyennement robuste (certains potards bougent largement sur leur axe), taille réduite (19 × 11 × 5 cm), poids plume (moins de 400 grammes). Ensuite, la répartition des commandes en façade : en partie supérieure, on trouve l’ensemble de la connectique, avec de gauche à droite : interrupteur marche/arrêt, entrée pour alimentation externe (DC 9V, modèle KA-350 hélas en option), entrée MIDI unique (donc pas de sortie), entrée & sortie synchro (format mini-jack) et sortie casque mono (mini-jack) ; c’est d’ailleurs la seule sortie audio disponible sur un Volca. En partie centrale, on trouve l’essentiel des commandes, différentes pour chaque modèle (nous en reparlerons). Enfin, la partie basse est dédiée au clavier capacitif tactile : une rangée de 16 touches pour les Volca Bass et Volca Beats, ou deux rangées totalisant 27 touches positionnées comme un clavier piano (Volca Keys).
Un petit haut-parleur est intégré sous la machine, ce n’est pas le meilleur choix possible, mais c’est l’un des seuls endroits disponibles ; il est automatiquement coupé dès qu’un min-jack est enfoncé dans la sortie casque. C’est aussi sous la machine que l’on trouve la trappe pour l’alimentation par piles (type 6AA fournies), rendant ainsi les Volca totalement autonomes. Le constructeur annonce une autonomie de 10 heures avec des piles alcalines. La mise à jour de l’OS ne se fait pas par la prise MIDI In, mais via l’entrée Sync, au moyen d’un fichier audio WAV, comme sur une Monotribe ; nous avons d’ailleurs passé notre Volca Beats de test en OS 1.02 (en veillant bien à désactiver les sons système et les effets sur la sortie casque de notre PC). En temps normal, cette entrée Sync permet, en conjonction avec un petit cordon fourni connecté à une sortie Sync, de synchroniser le tempo de plusieurs Volca / Monotribe. Voilà pour les points communs aux 3 Volca.
Inspection des lieux
Comme pour ses frères de son, la façade du Volca Beats est divisée en trois sections : connectique en haut, commandes au centre et clavier capacitif en bas. Commençons par détailler les commandes : à gauche, deux potards permettant de régler l’effet Stutter (nous y reviendrons) surplombent un afficheur à 4 diodes 7 segments + point (affichage de certaines valeurs en cours d’édition). Plus au centre, 4 ensembles de 3 encodeurs en colonne permettent de régler les 6 percussions analogiques (nous y reviendrons aussi) ; elles côtoient un ensemble de 4 potards et 8 boutons poussoirs. Avec les potards, on règle la vitesse de lecture des sons PCM, le tempo, le niveau de la partie en cours et le volume global ; les 8 boutons permettent de sélectionner la partie ou le pas à éditer, couper la partie en cours, appeler des fonctions, sauver/rappeler les rythmes, changer de mode, lire et enregistrer les séquences.
Sons et synthèse
Le Volca Beats est une BAR hybride avec 4 ensembles de sons analogiques (grosse caisse, caisse claire, toms haut/bas, hi-hats ouverts/fermés) et 4 sons PCM (Clap, Claves, Agogo, Crash). Premier constat, la grosse caisse déchire sa race. Quand on baisse le pitch, elle dégouline de gras dans les infrabasses, ce qui n’est pas pour nous déplaire ; le Decay ajoute de la matière, alors que le click ajoute une attaque à plus haute fréquence, dont il ne faut pas trop abuser car le niveau est (un peu trop) élevé. La caisse claire est à notre sens le point faible sonore de la machine : le son de base n’est déjà pas inoubliable, même en jouant sur les paramètres de pitch et Decay, mais dès qu’on veut ajouter du timbre sur l’attaque (Snap) pour sortir du ploum ploum, on crée un bruit distordu pas du tout musical ; en creusant sur le net, on trouve des modifications pour améliorer considérablement les choses en ajoutant quelques composants, mais il faut savoir ce qu’on fait, pas mal de dextérité vu la taille des CMS, car la garantie saute… à ce sujet une pensée pour la Volca Beats de notre ami Arakisse, qui selon nos dernières informations a succombé à ses interventions chirurgicales en ces lieux.
Les autres percussions analogiques sont tout à fait satisfaisantes, tant en qualité qu’en niveau sonore : il y a 2 toms assez ronds, dont on peut régler le pitch séparément et le Decay globalement ; il y a aussi 2 hi-hats (ouverts/fermés) dont on peut régler séparément le Decay pour les 2 positions et le grain globalement : il s’agit d’une sorte de facteur de bruit qui joue sur la fluidité du son, allant de très lisse à granuleux. Enfin, les 4 sons PCM sont plutôt bien choisis : un clap très « TR-esque », un son de Claves incisif, un Agogo transformable à gogo et un Crash un peu court. On peut les accorder séparément via la fonction PCM Speed, ce qui donne des résultats très intéressants, en particulier vers les graves. Ainsi, notre Agogo peut se transformer en quasi cloche. La sortie étant mono, il n’y a aucun réglage de panoramique. Question qualité audio, on est bien, avec des niveaux assez élevés et pas de souffle à déplorer.
- KICK VOLCA BEATS 00:47
- Volca Beats 1 Bass Drum 00:30
- Volca Beats 2 Snare Drum 00:30
- Volca Beats 3 BD SD Tom 00:26
- Volca Beats 4 All Perc 00:35
Effet intégré
Comme nous l’avons dit, le Volca Beats est équipé d’un effet Stutter, une sorte d’écho agissant sur chaque instrument individuellement ou l’ensemble des parties. Il possède 2 paramètres accessibles en façade : le premier, Time, règle la vitesse des répétitions ; les valeurs faibles créent un hachage très rapide, tel un roulement, alors que les valeurs élevées créent des répétitions en tempo suivant différentes divisions temporelles. Le second paramètre gère la durée de déclin de l’effet. Utiliser cet effet en conjonction avec la fonction PCM Speed permet de métamorphoser les rythmes trop répétitifs.
Séquences et modulations
L’intérêt du Volca Beats serait limité s’il ne comportait pas un séquenceur interne. Celui-ci permet de mémoriser 8 séquences de 1 à 16 pas, ce qui n’est pas ce qu’on trouve de plus généreux. On aurait franchement préféré le double sur les deux tableaux, car pour une performance live, c’est un peu court (ou alors il faut en acheter 2 !). La machine se joue, se programme et s’édite aussi bien en temps réel qu’en pas-à-pas, sans arrêter le workflow. On peut ainsi passer d’un mode à l’autre, ajuster les sons, ajouter du mouvement, revenir au jeu… C’est d’ailleurs un point fort indéniable des Volca ! Par contre, le sens de lecture se fait uniquement à l’endroit, aucun mode alterné ou aléatoire n’est prévu. Dans une séquence donnée, on peut choisir d’ignorer certains pas, qui ne seront donc ni reproduits, ni enregistrés. C’est le seul moyen de faire des divisions temporelles un peu exotiques et c’est global pour la séquence.
On lance l’enregistrement avec la touche idoine, que la machine tourne ou pas. On peut ajouter l’effet Stutter par canal, en reproduction ou en enregistrement : pour ce faire, on active la fonction Stutter (« non Global ») et on tourne les deux potards prévus à cet effet : les mouvements de Stutter sont ainsi ajoutés à l’instrument sélectionné, pendant une mesure ; à la fin de la mesure, le Volca rebascule en mode lecture, en reproduisant les mouvements enregistrés. C’est la même chose pour le paramètre PCM Speed sur chacun des 4 sons PCM. En lecture, rien n’empêche d’ajouter des effets par-dessus ceux déjà enregistrés, ils prendront simplement le pas.
En constatant l’animation riche produite par ces deux paramètres sur les séquences, on regrette de ne pouvoir enregistrer le mouvement des paramètres des sons analogiques… on peut toutefois contrôler le Decay des toms/hi-hats et le grain du hi-hats via CC MIDI. MIDI qui sert aussi à piloter les instruments (numéros de notes fixées par le constructeur), les commandes du séquenceur et bien évidemment l’horloge. Ce qu’il manque par contre, c’est une fonction d’accentuation de certains pas, que ce soit en interne ou via la vélocité MIDI. Dès qu’on est satisfait, il ne faut pas oublier de sauvegarder la séquence dans l’un des 8 emplacements mis à disposition. En revanche, aucun moyen d’exporter son travail, c’est bien dommage !
- Volca Beats 6 PCM Speed 00:39
- Volca Beats 7 All Feat 00:30
- Volca Beats 8 Presets 00:39
Conclusion
Voici donc une petite BAR tout à fait intéressante, tant sur le plan sonore que de la programmation des séquences. Le son est là, tout comme le moyen d’animer les séquences, en totale autonomie, avec un workflow bien pensé. On regrettera la monophonie de la sortie audio, la mémoire un peu light et le son de caisse claire très en deçà. Loin d’être un gadget ni un dévoreur de portefeuille, le Volca Beats mérite d’être emmené sur toutes les scènes où les rythmes qui bougent en temps réel sont de mise.
Merci à LaBoiteNoireDuMusicien.com qui nous a prêté le matériel !
Téléchargez les fichiers sonores (format FLAC)