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Test du Korg Volca Beats - Love on the Beats

7/10

Deux ans après la sortie du Monotribe, Korg récidivait avec 3 modules synthés/BAR nomades. C’était en 2013, il nous aura fallu près d’un an pour récupérer le trio. Allez hop, sous le bras, direction les pistes enneigées !

Comme chaque année à cette époque, ce sont les vacances à la montagne entre potes. L’an­née dernière, Paulo, accom­pa­gné de sa gratte, s’est pris une bonne bran­lée par le Mono­tribe (cf. test). Il va donc sans dire que cette année, il a mis les bouchées doubles : Strat vintage, préam­pli vintage, ampli vintage, effets vintage, réper­toire vinta­ge… aucun doute, les grou­pies vont succom­ber. Mais juste avant le départ, trois petits cartons estam­pillés Volca Bass, Beats et Keys sont arri­vés. Vu leur taille rikiki, ils sont rentrés sans problème dans les valises, entre les gants et le blou­son…

Est arrivé le grand soir, est venu le moment où San Fran­cisco allait s’em­bru­mer et tout d’un coup, paf, panne de jus ! Suivie d’un grand blanc (si on peut dire). Et Paulo qui a laissé la Folk au studio… À peine une bougie provi­den­tielle allu­mée que surgit du fond de la nuit un beat élec­tro-pop bien (modes­te­ment) construit avec un soupçon de basse acidu­lée, une poignée de percus­sions synthé­tiques et une pointe de lead inci­sif. Avec leurs piles, leur câble synchro et leur HP inté­gré, les Volca donnent de la voix en cadence et dans le noir. Quelques petits coups de potards rétro-éclai­rés bien dosés, des enchaî­ne­ments judi­cieux et des slides faits main suffisent à détour­ner les grou­pies du pauvre Paulo qui maudit le transfo EDF du coin sur 25 géné­ra­tions. Voyons la suite…

Points communs

Korg Volca Beats

Chaque Volca est dédié à une appli­ca­tion : synthé lead, synthé basse et BAR. Toute­fois, tous partagent un certain nombre de carac­té­ris­tiques. D’abord, le physique : format paral­lé­lé­pi­pède rectangle, construc­tion plas­tique moyen­ne­ment robuste (certains potards bougent large­ment sur leur axe), taille réduite (19 × 11 × 5 cm), poids plume (moins de 400 grammes). Ensuite, la répar­ti­tion des commandes en façade : en partie supé­rieure, on trouve l’en­semble de la connec­tique, avec de gauche à droite : inter­rup­teur marche/arrêt, entrée pour alimen­ta­tion externe (DC 9V, modèle KA-350 hélas en option), entrée MIDI unique (donc pas de sortie), entrée & sortie synchro (format mini-jack) et sortie casque mono (mini-jack) ; c’est d’ailleurs la seule sortie audio dispo­nible sur un Volca. En partie centrale, on trouve l’es­sen­tiel des commandes, diffé­rentes pour chaque modèle (nous en repar­le­rons). Enfin, la partie basse est dédiée au clavier capa­ci­tif tactile : une rangée de 16 touches pour les Volca Bass et Volca Beats, ou deux rangées tota­li­sant 27 touches posi­tion­nées comme un clavier piano (Volca Keys).

Korg Volca Beats

Un petit haut-parleur est inté­gré sous la machine, ce n’est pas le meilleur choix possible, mais c’est l’un des seuls endroits dispo­nibles ; il est auto­ma­tique­ment coupé dès qu’un min-jack est enfoncé dans la sortie casque. C’est aussi sous la machine que l’on trouve la trappe pour l’ali­men­ta­tion par piles (type 6AA four­nies), rendant ainsi les Volca tota­le­ment auto­nomes. Le construc­teur annonce une auto­no­mie de 10 heures avec des piles alca­lines. La mise à jour de l’OS ne se fait pas par la prise MIDI In, mais via l’en­trée Sync, au moyen d’un fichier audio WAV, comme sur une Mono­tribe ; nous avons d’ailleurs passé notre Volca Beats de test en OS 1.02 (en veillant bien à désac­ti­ver les sons système et les effets sur la sortie casque de notre PC). En temps normal, cette entrée Sync permet, en conjonc­tion avec un petit cordon fourni connecté à une sortie Sync, de synchro­ni­ser le tempo de plusieurs Volca / Mono­tribe. Voilà pour les points communs aux 3 Volca. 

Inspec­tion des lieux

Korg Volca Beats

Comme pour ses frères de son, la façade du Volca Beats est divi­sée en trois sections : connec­tique en haut, commandes au centre et clavier capa­ci­tif en bas. Commençons par détailler les commandes : à gauche, deux potards permet­tant de régler l’ef­fet Stut­ter (nous y revien­drons) surplombent un affi­cheur à 4 diodes 7 segments + point (affi­chage de certaines valeurs en cours d’édi­tion). Plus au centre, 4 ensembles de 3 enco­deurs en colonne permettent de régler les 6 percus­sions analo­giques (nous y revien­drons aussi) ; elles côtoient un ensemble de 4 potards et 8 boutons pous­soirs. Avec les potards, on règle la vitesse de lecture des sons PCM, le tempo, le niveau de la partie en cours et le volume global ; les 8 boutons permettent de sélec­tion­ner la partie ou le pas à éditer, couper la partie en cours, appe­ler des fonc­tions, sauver/rappe­ler les rythmes, chan­ger de mode, lire et enre­gis­trer les séquences. 

Sons et synthèse

Le Volca Beats est une BAR hybride avec 4 ensembles de sons analo­giques (grosse caisse, caisse claire, toms haut/bas, hi-hats ouverts/fermés) et 4 sons PCM (Clap, Claves, Agogo, Crash). Premier constat, la grosse caisse déchire sa race. Quand on baisse le pitch, elle dégou­line de gras dans les infra­basses, ce qui n’est pas pour nous déplaire ; le Decay ajoute de la matière, alors que le click ajoute une attaque à plus haute fréquence, dont il ne faut pas trop abuser car le niveau est (un peu trop) élevé. La caisse claire est à notre sens le point faible sonore de la machine : le son de base n’est déjà pas inou­bliable, même en jouant sur les para­mètres de pitch et Decay, mais dès qu’on veut ajou­ter du timbre sur l’at­taque (Snap) pour sortir du ploum ploum, on crée un bruit distordu pas du tout musi­cal ; en creu­sant sur le net, on trouve des modi­fi­ca­tions pour amélio­rer consi­dé­ra­ble­ment les choses en ajou­tant quelques compo­sants, mais il faut savoir ce qu’on fait, pas mal de dexté­rité vu la taille des CMS, car la garan­tie saute… à ce sujet une pensée pour la Volca Beats de notre ami Arakisse, qui selon nos dernières infor­ma­tions a succombé à ses inter­ven­tions chirur­gi­cales en ces lieux.

Korg Volca Beats

Les autres percus­sions analo­giques sont tout à fait satis­fai­santes, tant en qualité qu’en niveau sonore : il y a 2 toms assez ronds, dont on peut régler le pitch sépa­ré­ment et le Decay globa­le­ment ; il y a aussi 2 hi-hats (ouverts/fermés) dont on peut régler sépa­ré­ment le Decay pour les 2 posi­tions et le grain globa­le­ment : il s’agit d’une sorte de facteur de bruit qui joue sur la flui­dité du son, allant de très lisse à granu­leux. Enfin, les 4 sons PCM sont plutôt bien choi­sis : un clap très « TR-esque », un son de Claves inci­sif, un Agogo trans­for­mable à gogo et un Crash un peu court. On peut les accor­der sépa­ré­ment via la fonc­tion PCM Speed, ce qui donne des résul­tats très inté­res­sants, en parti­cu­lier vers les graves. Ainsi, notre Agogo peut se trans­for­mer en quasi cloche. La sortie étant mono, il n’y a aucun réglage de pano­ra­mique. Ques­tion qualité audio, on est bien, avec des niveaux assez élevés et pas de souffle à déplo­rer.

KICK VOLCA BEATS
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  • KICK VOLCA BEATS 00:47
  • Volca Beats 1 Bass Drum 00:30
  • Volca Beats 2 Snare Drum 00:30
  • Volca Beats 3 BD SD Tom 00:26
  • Volca Beats 4 All Perc 00:35

Effet inté­gré

Comme nous l’avons dit, le Volca Beats est équipé d’un effet Stut­ter, une sorte d’écho agis­sant sur chaque instru­ment indi­vi­duel­le­ment ou l’en­semble des parties. Il possède 2 para­mètres acces­sibles en façade : le premier, Time, règle la vitesse des répé­ti­tions ; les valeurs faibles créent un hachage très rapide, tel un roule­ment, alors que les valeurs élevées créent des répé­ti­tions en tempo suivant diffé­rentes divi­sions tempo­relles. Le second para­mètre gère la durée de déclin de l’ef­fet. Utili­ser cet effet en conjonc­tion avec la fonc­tion PCM Speed permet de méta­mor­pho­ser les rythmes trop répé­ti­tifs. 

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Séquences et modu­la­tions

Korg Volca Beats

L’in­té­rêt du Volca Beats serait limité s’il ne compor­tait pas un séquen­ceur interne. Celui-ci permet de mémo­ri­ser 8 séquences de 1 à 16 pas, ce qui n’est pas ce qu’on trouve de plus géné­reux. On aurait fran­che­ment préféré le double sur les deux tableaux, car pour une perfor­mance live, c’est un peu court (ou alors il faut en ache­ter 2 !). La machine se joue, se programme et s’édite aussi bien en temps réel qu’en pas-à-pas, sans arrê­ter le work­flow. On peut ainsi passer d’un mode à l’autre, ajus­ter les sons, ajou­ter du mouve­ment, reve­nir au jeu… C’est d’ailleurs un point fort indé­niable des Volca ! Par contre, le sens de lecture se fait unique­ment à l’en­droit, aucun mode alterné ou aléa­toire n’est prévu. Dans une séquence donnée, on peut choi­sir d’igno­rer certains pas, qui ne seront donc ni repro­duits, ni enre­gis­trés. C’est le seul moyen de faire des divi­sions tempo­relles un peu exotiques et c’est global pour la séquence.

Korg Volca Beats

On lance l’en­re­gis­tre­ment avec la touche idoine, que la machine tourne ou pas. On peut ajou­ter l’ef­fet Stut­ter par canal, en repro­duc­tion ou en enre­gis­tre­ment : pour ce faire, on active la fonc­tion Stut­ter (« non Global ») et on tourne les deux potards prévus à cet effet : les mouve­ments de Stut­ter sont ainsi ajou­tés à l’ins­tru­ment sélec­tionné, pendant une mesure ; à la fin de la mesure, le Volca rebas­cule en mode lecture, en repro­dui­sant les mouve­ments enre­gis­trés. C’est la même chose pour le para­mètre PCM Speed sur chacun des 4 sons PCM. En lecture, rien n’em­pêche d’ajou­ter des effets par-dessus ceux déjà enre­gis­trés, ils pren­dront simple­ment le pas.

En consta­tant l’ani­ma­tion riche produite par ces deux para­mètres sur les séquences, on regrette de ne pouvoir enre­gis­trer le mouve­ment des para­mètres des sons analo­giques… on peut toute­fois contrô­ler le Decay des toms/hi-hats et le grain du hi-hats via CC MIDI. MIDI qui sert aussi à pilo­ter les instru­ments (numé­ros de notes fixées par le construc­teur), les commandes du séquen­ceur et bien évidem­ment l’hor­loge. Ce qu’il manque par contre, c’est une fonc­tion d’ac­cen­tua­tion de certains pas, que ce soit en interne ou via la vélo­cité MIDI. Dès qu’on est satis­fait, il ne faut pas oublier de sauve­gar­der la séquence dans l’un des 8 empla­ce­ments mis à dispo­si­tion. En revanche, aucun moyen d’ex­por­ter son travail, c’est bien dommage !

Volca Beats 6 PCM Speed
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  • Volca Beats 6 PCM Speed 00:39
  • Volca Beats 7 All Feat 00:30
  • Volca Beats 8 Presets 00:39

Conclu­sion

Voici donc une petite BAR tout à fait inté­res­sante, tant sur le plan sonore que de la program­ma­tion des séquences. Le son est là, tout comme le moyen d’ani­mer les séquences, en totale auto­no­mie, avec un work­flow bien pensé. On regret­tera la mono­pho­nie de la sortie audio, la mémoire un peu light et le son de caisse claire très en deçà. Loin d’être un gadget ni un dévo­reur de porte­feuille, le Volca Beats mérite d’être emmené sur toutes les scènes où les rythmes qui bougent en temps réel sont de mise.

Merci à LaBoi­te­Noi­re­Du­Mu­si­cien.com qui nous a prêté le maté­riel !

Télé­char­gez les fichiers sonores (format FLAC)

 

Notre avis : 7/10

  • La qualité sonore globale
  • La qualité audio satisfaisante
  • La patate de la grosse (claire) caisse
  • Les paramètres éditables par percussion
  • L’effet Stutter intégré
  • Les modes temps réel/pas-à-pas du séquenceur
  • Le workflow sans interruption
  • L’animation des potards Stutter et PCM Speed
  • Le côté totalement autonome
  • Le prix abordable
  • Le son de la caisse claire
  • Lecture des séquences uniquement à l’endroit
  • L’absence d’accent interne et de vélocité en MIDI
  • L’impossibilité d’animer les paramètres des percussions analogiques
  • La mémoire un peu chiche
  • Une seule sortie audio, qui plus est monophonique
  • L’alimentation externe non fournie

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