Deux ans après son retour en force, Novation a décidé de frapper très fort avec le MiniNova, sa nouvelle petite bombe synthétique bleue déclinée de l’UltraNova. Quand mini rime avec maxi…
En cette année 2012, la mode synthétique est plus que jamais au mini : MiniBrute, Minitaur, MiniNova. Mais si ces machines partagent le même préfixe, chaque constructeur a sa propre approche du « mini » pour ce qui est de la technologie embarquée et du packaging : analogique pur à clavier standard 2 octaves pour Arturia, petit module analogique à mémoires chez Moog et synthé numérique à mini-clavier 3 octaves pour Novation. On sent toutefois la volonté des constructeurs de séduire le plus grand nombre de musiciens ou adeptes du son à la souris, avec une orientation performance live, chacun à sa manière, mais avec un concentré de technologie dans un minimum d’encombrement. Après un retour en force réussi il y a deux ans grâce au très sympathique UltraNova, digne héritier du Supernova de 1998, c’est donc un modèle réduit que nous propose aujourd’hui Novation. Enfin, quand on dit réduit…
Petit bleu
Certaines marques de synthés ont choisi de s’affirmer autour d’une couleur emblématique, le bleu est à Novation ce que le rouge est à Nord. Chez le constructeur britannique, on trouve bien peu d’exceptions à la règle depuis le vénérable BassStation. Le MiniNova arbore ainsi fièrement une façade bleu foncé dans une robe en plastique noire. La construction est robuste, la façade en métal apportant une bonne rigidité d’ensemble et les flancs bois participant au look réussi de la machine. Les commandes sont bien ancrées, que ce soient les pads, les boutons, les switches inverseurs, les potards, le sélecteur multiple rotatif, le sélecteur multiple linéaire ou l’encodeur « Data ». Pour tout ce qui tourne, l’axe est hyper stable sur le circuit imprimé, seul le capuchon plastique présente un léger jeu.
L’écran LCD, d’un bleu très lisible, se divise en 3 parties : la partie principale est dédiée aux programmes / catégories / pages menu, sur 2 lignes de 8 caractères à points ; en partie supérieure, un graphe à barre horizontale indique le niveau de l’entrée audio ; en partie droite enfin, l’écran affiche le tempo et des infos diverses. Le clavier 3 octaves à mini-touches est sensible à la vélocité mais pas à la pression. Les touches sont petites pour nos grosses mains pleines de doigts, mais jouables pour des performances simples ou le déclenchement d’arpèges, avec une action franche et un retour rapide. Ceci confère au MiniNova une taille compacte de 56 × 25 cm et un poids plume de 2,5 kg. Les molettes de pitch et de modulation sont rétro-éclairées en bleu (désactivation possible via le menu Global), avec un ressort de rappel un peu mou sur la molette de pitch.
Le panneau présente à sa gauche une prise XLR pour micro dynamique, afin de tirer parti du vocodeur et de la nouvelle fonction VocalTune. Le MiniNova et livré avec un micro col de cygne, nous l’avons utilisé directement pour les exemples audio. Il y a aussi un adaptateur secteur universel avec bloc à l’extrémité (pas notre genre préféré), un cordon USB et un mode d’emploi papier en anglais, la version française étant téléchargeable sur le site du constructeur. Sur le même site, on trouve un certain nombre de vidéos sympathiques : démos, tutoriels sur la machine et sur l’éditeur… À part l’entrée micro en façade, le reste de la connectique est situé à l’arrière : port Kensington pour attacher un dispositif antivol, entrée audio pour traitement de sources externes (jack 6,35 TRS qui coupe l’entrée XLR lorsqu’une prise est connectée), paire de sorties audio stéréo en jack 6,35, sortie casque en jack 6,35, prise pour pédale de tenue à détection de polarité, entrée / sortie Midi, port USB, sélecteur d’alimentation à 3 positions (arrêt, secteur ou via USB) et borne d’alimentation. Outre l’alimentation, le port USB permet l’échange de données Midi entre le MiniNova et l’ordinateur, mais ne peut pas faire office d’interface Midi pour l’ordinateur. Contrairement à l’UltraNova, l’USB ne véhicule pas de données audio. Voilà une connectique un peu chiche, bien en-dessous du grand frère, mais tout de même acceptable dans cette gamme de prix. Les performers nomades pourront regretter l’absence d’alimentation par piles, mais un bon chargeur USB et le tour est joué !
English touch
La façade du MiniNova invite à la manipulation. La partie gauche pilote le volume, l’arpégiateur (tempo, mise en route, mode Latch) et la transposition d’octave ; cette dernière se fait sur plus ou moins 4 octaves grâce à 2 pads quadricolores ; par contre, la transposition par demi-ton se fait via le menu. Autour du LCD, on trouve tout ce qu’il faut pour naviguer dans les pages menu (nous y reviendrons) ou sélectionner des programmes. On sent déjà quelques astuces bien pensées qui facilitent la vie : un gros sélecteur rotatif permet de trier les programmes par type de son (basse, lead, pad, vocodeur…) ou par genre musical (pop, rock, hip-hop, dubstep, house, techno…) ; un petit switch permet alors de faire défiler les programmes par numéro ou par ordre alphabétique, au moyen de l’encodeur « Data » ou de 2 touches « Patch ». Presser ces touches simultanément place le MiniNova en mode Demo ; le terme plus approprié serait « Info », puisqu’il s’agit d’un mode spécial où le fait de bouger une commande affiche à l’écran une courte définition de sa fonction, sans altérer le son.
À droite du gros sélecteur rotatif, on trouve la section d’édition rapide : il s’agit d’un tout aussi gros potard assigné à la coupure du (premier) filtre et d’une matrice 6 lignes x 4 colonnes, permettant de commander en direct 24 paramètres de synthèse. Ce genre d’édition matricielle est courant sur les synthés d’entrée de gamme, mais habituellement le choix des lignes se fait avec 1 ou 2 boutons de défilement ; là, on a un curseur vertical cranté qui permet d’aller rapidement à la bonne ligne et d’éditer les paramètres avec les 4 potards ; ces derniers, tout comme le gros potard assigné au filtre, répondent en mode seuil ou saut. Sur les 24 paramètres directement éditables, 16 sont figés : synchro interne & densité des 2 premiers oscillateurs, 2 enveloppes (filtre / volume) et quelques paramètres additionnels pour le premier filtre (résonance, suivi de clavier, type et drive). Les 2 lignes supérieures sont totalement assignables aux paramètres de synthèse et d’effets, le tout mémorisé avec chaque programme. Aucun doute, cette petite section est idéale pour le live, tout comme le sont les 8 pads tricolores permettant de contrôler les pas d’arpèges, de moduler des paramètres de synthèse ou d’appeler nos 8 programmes préférés (nous y reviendrons).
Plus pénible en revanche, l’accès à tous les paramètres éditables via les pages menu, avec une arborescence inutilement profonde (genre « oscillateurs » puis « oscillateur 1 » puis « paramètres ») ; on aurait préféré un enchaînement des pages dans chaque section (« oscillateurs » puis « paramètres des oscillateurs 1 – 2 – 3 »). Lorsqu’on édite un paramètre, le LCD affiche 2 flèches selon que l’on se trouve en deçà ou au-delà de la valeur stockée ; moins précis qu’un double affichage, mais assez visuel. Voilà qui fait globalement du MiniNova un synthé très simple à prendre en main et à jouer, tant qu’on ne s’éloigne pas de la surface.
Ultra motorisé
Le MiniNova est déjà un instrument intéressant à tripoter avec ses commandes temps réel, mais il ne s’arrête pas là, puisqu’il offre le moteur sonore de l’UltraNova, avec lequel il est d’ailleurs compatible. Nous avons donc sous la main un puissant synthé polyphonique à 18 voix maximum. Côté mémoires, il y a 384 emplacements pour les programmes dont 256 sont déjà remplis d’usine. Ces derniers sont assez bien fichus, démontrant le territoire sonore étendu d’un moteur utilisant la modélisation analogique, le Waveshaping et les tables d’ondes. Ils sont résolument modernes, avec des basses acides à souhait, des Stabs liftés aux Ultrasaw et des leads passés à l’overdrive. Mais la machine ne se contente pas de ce registre typé 21e siècle ; nous avons réussi à créer des nappes sombres, des pianos FM, des basses rondes, des leads typés vintage et des tables d’ondes façon PPG Wave du siècle dernier.
Nous avons particulièrement apprécié la souplesse de la section oscillateurs (très au-delà de la concurrence), synonyme de vastes territoires sonores, les différents arrangements de filtres et les possibilités de modulations incroyables. Il n’y a pas d’aliasing, les enveloppes sont claquantes, les LFO se synchronisent, les effets sont bons, les arpèges évoluent et les commandes temps réel abondent. Le vocodeur n’a rien d’un gadget pour faire des voix de robot. Le nouvel effet VocalTune, toutefois difficile à dompter, permet d’ajouter un traitement original à la voix (un effet plutôt qu’une correction), pourvu qu’on limite les plosives en amont. C’est à ce stade, en prenant conscience de cette puissance et de cette qualité sonore, que l’on commence à comprendre le prix à payer : la monotimbralité.
- Bass 24db 00:23
- Bass acid 00:31
- Bass anim1 00:26
- Bass anim2 01:07
- Bass anim3 01:23
- Bass cool 00:33
- Bass phatt 00:48
- Bass talk 00:26
- Bass Taurus 00:38
- Bass TB 00:46
- Arp animate 00:42
- Lead ARPish 01:03
- Lead Moogish 00:44
- Lead sq arp 00:45
- LFO mod 00:31
- Marimba arpchords 00:24
- Pad CSish 00:20
- Pad darkish 00:46
- Pad evolvish 00:38
- Pad mellowish 00:46
- Pad rosinish 00:18
- Pianelec 00:42
- Tcheurtche 00:22
- Vibes arpchords 01:15
- Vocoders 01:36
- Vocaltune 00:27
Brelan d’oscillateurs
Le MiniNova reprend l’ensemble du moteur sonore de l’UltraNova. Chacune des voix est motorisée par 3 oscillateurs identiques, un générateur de bruit (à 4 couleurs) et 2 modulateurs en anneau (multiplication des oscillateurs 1 × 3 et 2 × 3). Chaque oscillateur est accordable par demi-ton sur plus ou moins 4 octaves, avec désaccord fin par centième de demi-ton. Plutôt que se synchroniser à un comparse comme c’est le cas à la concurrence, les synthés Novation proposent depuis le SuperNova une synchro interne « virtuelle » pour chaque oscillateur, tout cela modulable en temps réel et en audio. On peut donc additionner 3 oscillateurs synchronisés dans leur coin, pas mal du tout ! Mieux, un filtre passe-bas interne à l’oscillateur permet d’en atténuer le contenu harmonique (et c’est modulable !). Encore mieux, on peut accentuer la densité d’un oscillateur, par empilage de l’onde sur elle-même (jusqu’à 8 couches virtuelles) et Detune programmable, sans sacrifier d’oscillateur ni de polyphonie.
Concernant les formes d’ondes, chaque oscillateur peut faire appel à 70 variantes : 14 ondes classiques (sinus, triangle, dents de scie, impulsion à largeur variable, carré, 9 combinaisons dents-de-scie / impulsion), 20 ondes « numériques » cycliques (basses, piano, cordes, cloches, orgues) et 36 tables composées de 9 ondes enchaînées (non éditables). Selon la nature de l’onde sélectionnée, on peut en moduler le contenu harmonique, la largeur d’impulsion ou l’index de lecture ; dans une table, la transition entre les ondes est paramétrable, du plus doux au plus brutal. On peut aussi substituer à un oscillateur l’entrée audio mono (gain variable de –10 à +65 dB, permettant de s’accommoder de tous types de signaux). L’entrée est alors mixée et routée vers les filtres et/ou vers les effets (avec niveau d’envoi direct programmable). Si on perd l’entrée stéréo de l’UltraNova, les paramètres « audio in L / R » sont toutefois conservés afin d’assurer la compatibilité des programmes. Au niveau global des oscillateurs, on trouve un vibrato, un niveau de fluctuation (Drift) et un réglage de phase (oscillation libre ou départ de phase programmable à chaque enfoncement de touche), pour simuler le comportement des VCO vintage. Différents modes de déclenchement de voix (poly, mono, unisson) sont prévus. L’unisson opère sur 2, 3 ou 4 voix, avec désaccordage permettant d’épaissir le son, ce qui consomme un peu de polyphonie. Signalons aussi que le portamento (linéaire ou exponentiel) et le glide n’ont pas été oubliés, super !
Paire de filtres
Les 6 sources (3 oscillateurs + bruit + 2 modulations en anneau) passent par un mixeur permettant de contrôler les niveaux séparés. Elles sont ensuite envoyées dans les 2 filtres suivant un algorithme à choisir parmi 5 types de routage : un seul filtre, 2 filtres en série, 2 filtres en parallèle, séparation des sources vers 2 filtres en parallèle, séparation des sources vers 2 filtres recombinés en série + parallèle. Au moment du test de l’UltraNova, nous avions formulé le vœu d’avoir un routage distinct par source vers les 2 filtres et des combinaisons de filtres indépendantes, comme sur le Blofeld, mais ce n’est toujours pas le cas.
Les 2 filtres sont de type multimode résonant, chacun doté des 14 mêmes algorithmes : 4 pour les modes passe-bas (1, 2, 3 et 4 pôles), 4 pour les modes passe-haut (1, 2, 3 et 4 pôles) et 6 pour les modes passe-bande (1^1, 2^2, 1^2, 2^1, 1^3 et 3^1 pôles). On retrouve des réglages classiques (fréquence de coupure, résonance, modulation bipolaire par une enveloppe dédiée, suivi de clavier), pimentés par une distorsion à couleur variable (7 types dont diode, valve, clipper, réduction de fréquence d’échantillonnage, réduction de résolution) et une normalisation. Cette dernière permet d’altérer la bande passante autour de la crête de résonance, simulant ainsi différents comportements de filtres classiques plus ou moins écrasants. Au-delà d’un certain seuil de résonance, les filtres entrent en auto-oscillation. Les fréquences et résonances des 2 filtres peuvent être liées pour une édition simultanée. La balance de sortie entre les 2 filtres peut également être dosée et modulée.
Modulations pléthoriques
Le MiniNova hérite des formidables capacités de modulation de ses ancêtres. Au menu, 6 enveloppes, 3 LFO et une matrice de modulations à 20 cordons. Toutes les enveloppes sont assignables, les deux premières étant pré-affectées au filtre et au volume. Elles sont de type ADSR très évolué. Les enveloppes de volume et de filtre sont en plus pilotables par la vélocité (modulation bipolaire). Toutes peuvent être répétées en boucle jusqu’à 126 fois. Elles peuvent également être redéclenchées par les pads et à chaque nouvelle note jouée. La forme des segments AD varie entre linéaire et exponentielle, suivant 128 valeurs. Mieux, ces 2 segments possèdent un suivi de clavier bipolaire, permettant de faire varier les temps suivant la note jouée. Le segment de Sustain est également plus sophistiqué que dans une enveloppe ADSR normale, puisqu’il possède un paramètre de pente et de temps, ce qui revient ni plus ni moins à ajouter un segment complet et une durée de maintien. Les 4 enveloppes « libres » n’ont pas de paramètre direct de vélocité mais se voient ajouter un délai. La souplesse de ces enveloppes est grande, tant au niveau des paramètres que des temps, allant du très claquant au très long (20 secondes sur les segments AR). Les 3 LFO sont tout aussi soignés que les enveloppes : 37 formes d’ondes variées (simples, aléatoires, séquences), une synchronisation à tout ce qui bouge avec différentes signatures, une phase variable (avec un mode Free Running), un adoucisseur d’angle (permettant de lisser les formes d’onde), une synchro à l’enfoncement de touche (mono ou polyphonique, bien vu !), un mode one-shot, un délai et un fondu (entrée ou sortie avec mode Gate).
Quant à la matrice de modulations, elle offre 20 cordons permettant de relier 18 sources à 70 destinations. Chaque cordon fait intervenir 2 sources qui se multiplient avant de toucher leur destination commune, selon une quantité de modulation bipolaire. On peut ainsi créer des modulations de modulations (par exemple, l’intensité de modulation d’un LFO sera contrôlée par la dynamique de frappe). Dans la liste des sources disponibles, on trouve tous les contrôleurs physiques, la vélocité, la pression (reçue depuis l’extérieur), le suivi de clavier, les LFO, les enveloppes, ainsi que le suivi d’enveloppe du signal présent à l’entrée audio. Parmi les destinations, ce sont les 31 principaux paramètres de synthèse et 39 paramètres d’effets : citons les fréquences des 3 oscillateurs, les synchros, les indexes des tables d’ondes, les contenus harmoniques (filtrage « Hardness »), les 2 modulations en anneau, les 6 niveaux de mixage, les fréquences de coupure des filtres, leurs résonances, leurs distorsions, leur balance, les vitesses des 3 LFO, les segments d’enveloppe, certains paramètres d’effets, le panoramique et les paramètres du vocodeur / VocalTune (dont le suivi de pitch). Chacun des 8 pads peut être intégré à chaque cordon de modulation, soit pour déclencher les sources, soit pour envoyer une valeur directe (cf. certains exemples audio où les pads sont usés et abusés, tellement c’est cool !). En dehors de la matrice, on peut assigner directement les pads au déclenchement des 2 filtres et des 6 enveloppes. Bref, une section extrêmement puissante, qui contribue à créer des sonorités animées et pilotables en temps réel.
Animations garanties
Pour ce qui est du temps réel, le MiniNova excelle. Tout ce qui bouge se synchronise dans le MiniNova, l’arpégiateur est donc un prétexte de plus de générer des variations de notes en tempo. Même le temps de Gate est réglé en fonction du tempo. Les autres paramètres disponibles concernent le mode de jeu (haut, bas, accord, alterné, alterné2, aléatoire, comme joué), la plage d’évolution (de 1 à 4 octaves) et le motif (33 choix). Le premier motif est éditable sur 8 pas : on décide de sa longueur (1 à 8 pas) et du facteur de swing (en pourcentage de mesure) ; placés en mode « Arpegiate », les pads s’illuminent en rouge (avec suivi du pas en pourpre) et permettent de couper / enclencher chaque pas d’arpège en temps réel, créant ainsi des motifs à cycle variable. Les 32 motifs suivants sont des Presets non éditables de plus de 8 pas. À l’arpégiateur s’ajoute un générateur d’accords travaillant sur 2 à 10 notes ; pour l’actionner, on mémorise un accord (avec chaque programme), que l’on transpose en jouant sur le clavier, la note basse servant de fondamentale. Le générateur d’accords et l’arpégiateur peuvent fonctionner en même temps, des accords entiers seront alors arpégés.
En mode « Animate », les pads virent au pourpre et bleu ; ils font alors office de modulateurs supplémentaires, venant déclencher un filtre, une enveloppe, une modulation fixe ou un cordon de modulation ; plusieurs pads peuvent agir simultanément et être tenus via la touche « Hold » (ils virent alors au bleu), ce qui permet d’occuper ses mains ailleurs. Aucun doute, l’utilisation des pads en mode « Animate » est très addictive sur le MiniNova.
Effets plus qu’Ultra
Après le panoramique général modulable, la section effets du MiniNova permet de traiter les signaux audio (internes et externes) via 5 processeurs simultanés, dans lesquels on charge l’un des effets suivants à concurrence des instances disponibles : 1 pour l’EQ 3 bandes, 2 pour le compresseur, 2 pour la distorsion, 2 pour le délai, 4 pour le chorus, 2 pour la réverbe et 1 pour le Gator. Les 5 effets sont alors combinés selon 8 algorithmes (série, inserts, parallèle et différentes combinaisons avec ou sans feedback). Selon l’effet, on a entre 2 et 6 paramètres éditables et modulables. Le délai est synchronisable au tempo, la distorsion offre différentes couleurs (diode, valve, clipper, réduction de fréquence d’échantillonnage, réduction de résolution…) et la réverbe dispose de 6 tailles de pièces linéaires. Quant au Gator, il permet de découper le signal en tranches suivant des motifs rythmiques synchronisés au tempo. Il combine pour cela 2 lignes de 16 pas suivant 6 méthodes de lecture et d’enchaînement en mono ou stéréo. Contrairement à l’UltraNova, les motifs ne sont pas directement programmables, il faut pour cela se rabattre sur l’éditeur. On peut toutefois régler les angles et les temps de coupure des Gates. Les résultats obtenus avec cette section effets sont vraiment appréciables et parfaitement intégrés aux sons, certains effets étant très créatifs, d’autres plus bourrins et d’autres plus fins.
En plus des effets « standards », le MiniNova possède ce qui a contribué à la réputation de la marque : un vocodeur 12 bandes. Il utilise les entrées audio pour le signal modulateur et le synthé interne pour le signal porteur. On peut régler la balance entre ces différents signaux et le son traité. Les 12 bandes sont alternées dans le spectre stéréo, avec largeur programmable. Les sifflantes sont soit tirées par le signal d’origine filtré en passe-haut ou le générateur de bruit interne ; ceci contribue à donner une bonne intelligibilité au son vocodé quel que soit le type de source. Il existe également un mode Freeze créant des formants fixes pour simuler des chœurs. Mais là où le MiniNova va plus loin que l’UltraNova, c’est avec l’effet VocalTune, travaillant sur le pitch de la voix en temps réel. Il fonctionne suivant 3 modes : correction de tempérament, suivi de clavier ou décalage de pitch. Applications : le recalage de fluctuations vocales, la transposition, l’ajout de vibrato ou la destruction massive avec les 2 molettes. C’est globalement plus un effet live qu’un véritable harmoniseur / correcteur de studio, on est loin d’un H3000.
Relations extérieures
Si le MiniNova se suffit à lui-même, il n’est pas du tout ridicule en société. Pour commencer, il émet des CC Midi via ses commandes et en reçoit en retour, bien évidemment. En USB, on peut le connecter à un PC / Mac après avoir installé le driver idoine, qui lance la mise à jour de l’OS. Mais attention, la compatibilité annoncée est limitée à Windows 7 & 8 et Mac OS 10.7 & 10.8. Nous sommes ainsi passés de la version 989 à la 1004, éliminant pas mal de bugs et apportant une stabilité correcte. Également disponible en téléchargement sur le site constructeur après enregistrement du MiniNova, une suite logicielle gratuite, comprenant Ableton Live Lite, BassStation (synthé VA), des échantillons signés Loopmasters et un éditeur dédié (plug-in VST, AU, RTAS). Nous n’avons pas testé cette suite ; en revanche, nous avons téléchargé et testé le bibliothécaire et les 4 Soundpacks gratuits développés par des pointures du design sonore pour l’UltraNova. Il y a une centaine de sons au global qui couvrent plus de 40 ans de synthèse, allant de la reproduction de sons vintage aux textures plus contemporaines. Pour terminer, et ce n’est pas une surprise, le MiniNova n’est pas aussi ouvert que l’UltraNova : pas d’audio over USB ni de mode surface de contrôle « Automap ».
Conclusion
Avant de commencer le test, nous avions un a priori quant au format mini-touches et à la déclinaison du moteur sonore. Puis nous avons déballé la machine, le premier contact fut excellent et l’expérience s’avéra un vrai bonheur, comme quoi… l’interface, la qualité sonore, la polyvalence et la puissance sont tout à fait surprenantes dans une machine si petite et si abordable. C’est sûr que pour jouer Rachmaninov ou Herbie Hancock, ça n’est pas le clavier idéal. Mais si on recherche une machine compacte, maniable, puissante, à consommer sur place ou à emporter sur les scènes du monde entier, le MiniNova est une excellente solution quand aime un tant soit peu le son électronique qui bouge.