Le Jupiter-Xm est le premier exemplaire d’une nouvelle génération de synthés signés Roland, modélisant des gloires du passé de la marque, misant sur une polyphonie accrue et un nombre de modèles simultanés disponibles accrus. Pari gagnant ?
Le marché du synthé est en pleine ébullition : d’un côté, le revival analogique bat son plein, avec de nouveaux entrants, petits producteurs artisanaux comme notre Baloran national ou puissantes multinationales comme Behringer, venant contester la suprématie des constructeurs historiques. D’un autre côté, les grands constructeurs comme Kurzweil ou Yamaha, décidés à faire renaître les stations de travail, après des années de silence pour certains majors, vraisemblablement assommés par le Kronos de Korg. Quant à Roland, la marque semblait surtout concentrée sur les séries Aira et Boutique ces derniers temps, modélisant petit à petit ses gloires du passé.
Mais récemment, le constructeur a annoncé plusieurs nouveautés pour les adeptes de musique électronique : des boites à groove (MC), des stations de travail (Fantom) et des synthés à modélisation (Jupiter). Nous testons ici le Jupiter-Xm (OS version 1.03), basé sur une nouvelle plateforme technologique, baptisée Zen-Core, capable de combiner différentes synthèses numériques : lecture PCM, synthèse VA dérivée du V-Synth et nouvelles modélisations analogiques ABM. L’idée est de pouvoir empiler plusieurs types de sons avec une réserve de polyphonie étendue, à contre-courant de ce que les fabricants proposent ces derniers temps. Voyons si ce choix est payant…
Compact et robuste
Le Jupiter-Xm fait partie d’une famille prolifique d’instruments compacts spécialement étudiés pour les studios-mallette ou les musiciens nomades. Il affiche 58 × 31 × 9 cm sous la toise et 4,4 kg sur la bascule. La construction est très soignée : façade en métal peint, flancs en alu brossé, dessous en résine solide allégée. Roland semble avoir tourné la page de la série Aira dans laquelle le plastique et le vert flashy régnaient. Là, c’est sobre et classieux. Les commandes, nombreuses, sont parfaitement ancrées et agréables à manier. On dénombre 22 potentiomètres rotatifs, 8 encodeurs crantés, 2 curseurs linéaires et 53 boutons rétroéclairés. On apprécie le soin dans les détails, comme par exemple la possibilité de régler l’intensité des LED activées et désactivées, bien utile pour se repérer dans les ambiances sombres.
Le panneau est simple à comprendre : une première section renferme le potentiomètre de volume, 2 curseurs linéaires et 3 boutons de modulation assignables ; viennent ensuite les sections i-arpégiateur, oscillateurs et LFO. La partie centrale est réservée à l’édition par menus : écran LED monochrome 128 × 64 points, 2 potentiomètres crantés pour la navigation dans les paramètres et l’édition, 4 flèches de navigation dans les pages menus et 2 touches Enter / Exit. On peut initialiser un son via la fonction Write (curieux) ; on peut aussi vérifier la valeur d’un paramètre sans le modifier, mais il n’y a pas de touche / fonction Compare ou Panel… En partie droite, on trouve les sections filtres, enveloppes, ampli et effets. Tout à droite, des touches de mode permettent de changer le rôle assigné à la rangée de 16 touches au-dessus du clavier, nous y reviendrons. Le mini-clavier est très agréable au toucher, une très bonne surprise. Les touches mesurent 10 cm de long et les trois octaves s’étendent sur 44 cm (à comparer aux 9 × 43 cm d’un Reface ou aux 44,5 × 10,8 cm d’un Minilogue – oui, parfois la taille compte…). Il est sensible à la vélocité mais pas à la pression. On peut le transposer rapidement par octave ou demi-ton, pratique ! Ceux qui veulent jouer avec au moins dix doigts devront attendre plusieurs mois la sortie du Jupiter-X, version 5 octaves à touches standard et plein de commandes directes. À sa gauche, deux molettes de pitchbend et modulation, assez inhabituelles au pays du bâton de joie où vit habituellement Roland.
On passe à la connectique : on trouve une prise casque mini-jack 3,5 mm sur le devant, sous les molettes, merci ! Le reste est à l’arrière : bouton marche/arrêt, borne pour alimentation externe à découpage de type bloc au milieu qui envoie la sauce, entrée/sortie MIDI DIN (sortie commutable en Thru), 2 prises pour pédales (modulation, maintien), 2 entrées audio (ligne mini-jack 3,5 mm ou micro combo XLR/jack symétrique avec mini-potentiomètre de gain), 2 sorties audio principales stéréo (jack 6,35 et XLR), sortie casque (cette fois en jack 6,35 mm), prise USB A pour clé de sauvegarde et prise USB type B pour transmission des données audio/MIDI vers un PC (2 entrées / 7 sorties audio stéréo en 24 bits / 44–48–88–96–192 kHz, après installation d’un driver Windows ou Mac). C’est très complet, mais pourquoi avoir doublé les sorties principales plutôt qu’offrir deux paires de sorties séparées ? Sous le capot, il y a 4 haut-parleurs délivrant 2 × 4 Watts à travers la grille longitudinale en façade. Leur puissance est suffisante et leur qualité acceptable pour un bon appoint en mode nomade. Cette volonté d’autonomie est complétée par une trappe située sous la machine, capable d’accueillir 8 piles de type AA LR6 Ni-MH, promettant une autonomie de 3,5 heures. Bien joué !
Principes généraux
Le Jupiter-Xm est un synthé numérique multitimbral de nouvelle génération, faisant appel à 2 DSP audio nouvelle génération dits BMC. La plateforme Zen-Core combine plusieurs modélisations de synthés analogiques (ABM) et la lecture de multiéchantillons (PCM). Les modèles fournis à date sont tous issus d’instruments la marque, vintage ou récents : Jupiter-8, Juno-106, JX-8P, SH-101, XV-5080 et pianos RD récents (hors RD-2000). Tous ont été redéveloppés à partir d’anciens moteurs maison, à l’exception du JX-8P qui est une vraie nouveauté. D’autres modèles viendront s’ajouter si l’on en croit la récente interview du CEO de la firme, Jun-ichi Miki. C’est d’autant plus alléchant quand on connait la qualité et la variété des moteurs développés sur la série Boutique : JX-3P, Juno-60, TB-03, TR-08, TR-909, VP-330, D-50. Sans parler des Plug-Out initialement conçus pour les System-1 et 8 : SH-2 et Promars.
La polyphonie maximale est de 256 voix maximum pour la partie PCM (moins si on empile plusieurs partiels, évidemment) et 32 voix allouées de manière dynamique entre les moteurs ABM (on est plus souvent sur 20–24 voix ABM pour les exemples sonores de nos tests, mais le vol des voix est bien géré). La multitimbralité est de 5 parties, avec cependant certaines restrictions : le moteur RD-Piano et l’effet Vocodeur ne peuvent être utilisés que sur la partie 1 et la partie 5 est dédiée aux kits de batterie.
La machine fonctionne en permanence en mode multitimbral, appelé scène, comprenant les paramètres communs (assignation des contrôleurs physiques, mixage global, arpégiateur « intelligent », effets globaux) et les réglages séparés des cinq parties multitimbrales (réserve de notes, numéro de programme, mixage, zone clavier, zone de vélocité, offset de quelques paramètres de synthèse pour éditer rapidos un Preset, paramètres de synthèse complets pour créer son propre Tone, canal MIDI en émission, filtres MIDI, effet de partie, EQ de partie). On peut sauvegarder 256 scènes et 256 Tones (destinés aux parties 1–2–3–4), mais pas les kits de percussions (réservés à la partie 5) qui ne sont hélas pas modifiables, ce qui est bien dommage. Il y a aussi des réglages système pour toute la machine : accordage, transposition, niveaux des entrées et des sorties (lignes, micro, USB audio), mode d’activation des haut-parleurs intégrés, âge du capitaine (simulation de l’usure de la machine, dans l’esprit vintage), tempo/synchro, Bluetooth, canaux MIDI en réception, micro (niveau, porte de bruit, compresseur), contrôleurs physiques, effets maîtres de type mastering (EQ 5 bandes, compresseur multibande). Sans oublier la gestion courante de la mémoire interne : sauvegarde, export, restauration. L’âge du capitaine que l’on vient d’évoquer est aussi un paramètre disponible dans chaque moteur de synthèse, en compagnie de la simulation d’instabilité (nous y reviendrons). Par contre, les canaux MIDI en réception sont consécutifs pour chaque partie ; on choisit le premier et le Jupiter-Xm fixe les autres, dommage…
Entre mains et oreilles
On apprécie de pouvoir touiller les paramètres de synthèse courants en façade. Mais l’ergonomie devient assez vite laborieuse dès qu’on entre dans le dur : d’une part, l’édition des scènes et des configurations des parties nécessite de naviguer dans des pages menu mal organisées et interminables (défilement des pages à l’horizontale et des paramètres à la verticale). Le petit écran monochrome, très souvent sollicité, n’est pas des plus conviviaux, même s’il est bien situé au centre sur le Jupiter-Xm (on en reparlera sur le Jupiter-X où il est complètement excentré). D’autre part, il faut jongler avec pas mal de touches qui définissent le rôle de la fameuse rangée de 16 touches au-dessus du clavier : Scène (touche Scène allumée), banque (Shift + Scène), Fonction, choix de Modèle (touche Modèle allumée), assignation de Modèle (touche Modèle maintenue), Partie. C’est donc ainsi que l’on choisit/active/coupe une partie, assigne un modèle, sélectionne un numéro de scène, sélectionne une banque de scènes, appelle un programme par catégorie, choisit l’oscillateur à éditer (parmi 4), choisit/active/coupe les oscillateurs, appelle des fonctions secondaires (split, dual, portamento, unisson, mono…). On se plante souvent pour changer de partie ou de modèle de synthèse. Cela contraste avec le grand écran tactile du Fantom et son organisation logique !
Le Jupiter-Xm est plutôt généreux en sons d’usine, puisque 80 scènes multitimbrales sont déjà programmées parmi les 256 mémoires réinscriptibles et que chaque modèle comporte ses Presets : 104 pour le JP-8, 107 pour le Juno-106, 105 pour le JX-8P, 96 pour le SH-101, 896 pour le XV-5080 et 5 pour le RD-Piano. S’y ajoutent près de 3 000 Presets en vrac (modèles indéfinis), 91 kits de percussions et 2 Presets de vocodeur. L’écoute des premiers sons fait immédiatement émerger le gros potentiel sonore et rythmique. La diversité de moteurs sous la main permet de fabriquer rapidement des basses rondes ou grasses, des nappes amples, des cuivres brillants, des cordes émouvantes. S’y ajoutent les multiéchantillons acoustiques et électroniques de la partie PCM, qui même s’ils datent, complètent la partie synthétique pure ; on reste dans un esprit synthé avec connotation vintage, pas station de travail passe-partout. Sans oublier les kits de percussions qui couvrent une large majorité de styles musicaux. On apprécie la polyphonie étendue par rapport aux anciens modèles ainsi que la multitimbralité. Le seul hic ici, c’est le nombre réduit d’octaves, qui ne permet pas de jouer facilement deux sonorités séparées main gauche / main droite ou des articulations complexes. Du coup, on se rabat sur les empilages ou les arpèges multitimbraux, accompagnés d’un motif rythmique en parfaite synchronisation. Nous reviendrons en détail sur la qualité de modélisation de chaque moteur sonore au sein des paragraphes respectifs. Avant d’entrer dans le vif du sujet, on apprécie aussi la résolution des paramètres continus, souvent sur 1 024 valeurs, voire 2 048 pour certaines modulations bipolaires. Merci !
- Jupiter-Xm_1audio 01 Poly Arp 101:24
- Jupiter-Xm_1audio 02 Poly Arp 201:26
- Jupiter-Xm_1audio 03 Poly Arp 301:51
- Jupiter-Xm_1audio 04 Poly Arp 402:40
- Jupiter-Xm_1audio 05 Poly Arp 501:38
- Jupiter-Xm_1audio 06 Poly Arp 601:54
- Jupiter-Xm_1audio 07 Poly Arp 701:29
- Jupiter-Xm_1audio 08 Poly Arp 802:26
- Jupiter-Xm_1audio 09 Power Chords01:08
- Jupiter-Xm_1audio 10 Bye Bye01:38
Moteur Jupiter-8
La synthèse ABM est basée sur une approche globale privilégiant la polyphonie et la multitimbralité, par opposition à l’ACB (utilisée sur la série Boutique et le System-8) qui se focalisait sur la précision au niveau de chaque élément constituant le synthé modélisé. Nous verrons pour chaque moteur si la qualité de modélisation s’en ressent vraiment. À tout seigneur tout honneur, commençons par le moteur Jupiter-8. Jusqu’à présent, la modélisation la plus réussie était incontestablement celle du petit JP-08, plus fouillée que celle du System-8. Pour ne pas partir de zéro, le Jupiter-Xm intègre une centaine de programmes spécifiques JP-8, dont 32 reproductions des programmes originels. Nous avons pu directement comparer leur excellente qualité et leur comportement très proche du modèle, avec, suivant les réglages de vétusté et d’instabilité, des voix çà et là un peu désaccordées, des enveloppes inconsistantes ou des filtres décalés. Nous retrouvons la même polyvalence d’une machine très à l’aise dans les basses, les nappes, les cuivres, les strings, les leads et les grosses synchro. Des VCO discrets bien émulés, un filtre passe-bas très linéaire, des enveloppes qui claquent… De nos souvenir du moteur ACB du JP-08, le niveau semble ici équivalent, donc un poil mieux que le System-8 dont la modélisation semblait moins précise.
Le moteur Jupiter-8 reprend l’ensemble des paramètres de synthèse du célèbre synthé lancé en 1981, auxquels il apporte quelques ajouts sympathiques. Il diffère en ce sens du moteur JP-8 présent dans le System-8 qui avait pris quelques libertés sur son modèle. Le son est généré par 2 oscillateurs (accord de 2 à 16 pieds pour le premier et sur –12/+24 demi-tons pour le second + position basse fréquence + désaccordage fin), avec Cross Modulation (effets spéciaux métalliques ou distordus) et synchronisation. Le premier oscillateur offre les ondes triangle, dent de scie, impulsion variable, carrée ; le second, les ondes sinus, dent de scie, impulsion, bruit blanc. Les largeurs des impulsions peuvent être soit modulées par le LFO ou l’enveloppe 1, soit réglées à la main. La fréquence de chaque oscillateur peut également être modulée par le LFO ou l’enveloppe 1. Les deux oscillateurs sont indépendamment dosés (pas mélangés comme sur le JP-8) puis entrent dans un filtre passe-haut statique (qui est en réalité placé en bout de chaîne), suivi d’un filtre passe-bas résonnant 2/4 pôles. Là où le moteur diffère de son modèle, c’est qu’il propose trois types de filtres modélisés : Roland, Moog ou Sequential. Le filtre Roland s’arrête avant l’auto-oscillation (comme sur le JP-8), tout comme les deux autres filtres, sauf si on pousse le paramètre de vétusté, auquel cas certaines voix se mettent en auto-oscillation (c’est un peu bizarre comme comportement, mais bon pourquoi pas…).
La fréquence de coupure du filtre peut être modulée par le LFO, l’une des deux enveloppes disponibles (modulation bipolaire) et le suivi de clavier. La résultante passe alors dans un ampli, dont on peut régler le niveau et la modulation par le LFO (4 positions). Ce dernier est assez basique, avec réglages de vitesse, délai et forme d’onde (sinus, dent de scie, carrée, aléatoire). Les deux enveloppes sont des ADSR bien pêchues, capables de suivre le clavier, fonction rare mais pourtant fort utile. Les modes de jeu des voix sont poly, mono ou unisson (sans désaccordage). La section de modulation physique du JP-8 (pitchbend, poussoir, portamento) est aussi intégrée, agissant sur le pitch et le filtre. On peut aussi simuler la dérive des VCO du JP-8 et la vétusté des composants, comme déjà dit (âge). La haute résolution des paramètres continus peut être réduite, pour les jusqu’au-boutistes.
Moteur JU-106
Le deuxième moteur est dédié au Juno-106. Parmi les programmes fournis, 32 Presets originels du Juno-106. On apprécie les sections de cuivres ou les polysynths avec ce fameux chorus très typées 80 (généré ici par le MFX), que ce soit filtre ouvert ou fermé avec une attaque d’enveloppe caractéristique. On a aussi des nappes planantes douces, des orgues bien pêchus à attaques percussives ou des standards cuisinés à la PWM : onde carrée acidulée, strings passés par le chorus, leads avec largeur d’impulsion baladeuse… tout comme des basses puissantes, tant rondes résonantes que grasses avec sous-oscillateur.
Certains membres nous ont demandé de comparer la modélisation du Jupiter-Xm à celle du JU-06. Nous avons profité du passage au studio d’un JU-06A pour réaliser notre test, qui sonne comme le JU-06 en mode 106. Il a fallu au préalable ajuster les Presets censés être identiques entre les deux machines pour qu’ils collent parfaitement. Une fois ce travail fait, la différence est quasi indécelable, rien à dire là-dessus. À notre grande surprise, il y a beaucoup moins d’aliasing dans les extrêmes aigus sur le Jupiter-Xm que sur le JU-06A ! En revanche, le niveau de sortie du Jupiter-Xm est beaucoup plus faible que celui du JU-06A, c’est lié à la réserve de dynamique nécessaire pour la polyphonie totale supérieure. Finalement, quand on entend la qualité du moteur Juno-60 du JU-06A, on aurait sans hésitation préféré le 60 à la place du 106 ; cela viendra peut-être…
Au plan des réglages, on retrouve la bonne vingtaine de paramètres éditables du Juno-106, permettant d’aller droit au but. Le son est généré par un DCO modélisé accordable sur 16–8–4 pieds, accompagné d’un sous-oscillateur à onde carrée à l’octave inférieure et d’un générateur de bruit blanc. L’oscillateur peut générer simultanément une impulsion à largeur variable (marche/arrêt) et une dent de scie (marche/arrêt). Il n’y a donc pas d’interactions d’oscillateurs (vu qu’il n’y en a qu’un). Le pitch peut être modulé par le LFO, alors que la largeur de l’impulsion peut être réglée à la main ou modulée par le LFO (on est sur un 106, pas un 60). On peut doser le niveau du sous-oscillateur et du bruit. Le tout passe ensuite dans un filtre passe-haut statique (réglable sur 4 positions), suivi d’un filtre passe-bas résonnant 4 pôles.
Là où le moteur diffère de son modèle, c’est qu’il propose trois types de filtres modélisés : Roland, Moog ou Sequential. Le filtre Roland est cette fois auto-oscillant (comme sur le Juno-106), les deux autres filtres se comportant comme sur le moteur Jupiter-8. La fréquence de coupure peut être modulée par le LFO, l’enveloppe (modulation bipolaire) et le suivi de clavier. La résultante passe alors dans un ampli, dont on peut régler le volume et la source de modulation (Gate ou enveloppe). Pour simuler le chorus du Juno, on doit mobiliser le MFX (algorithme Juno chorus simulant les positions I/II/I+II du chorus du Juno-106, avec possibilité d’ajouter du bruit de fond) car il n’y a pas de chorus endogène. Le LFO est plus que basique (une seule onde sinus), avec réglage de la vitesse (sub-audio) et du délai. Les modes de jeu des voix sont poly, mono ou unisson (sans désaccordage). La section de modulation physique du Juno-106 (pitchbend, modulation, portamento) est intégrée, agissant sur le pitch et le filtre. On peut aussi simuler une dérive d’oscillateurs (on modélise pourtant un DCO stable par essence, mais bon, pourquoi pas…) et la vétusté des composants (âge). La haute résolution des paramètres continus peut là encore être réduite, pour les jusqu’au-boutistes.
Moteur JX-8P
Il s’agit d’un nouveau modèle développé pour la plateforme Zen-Core. Le JX-8P est un synthé du milieu des 80’s à base de DCO, dont l’architecture est un mélange de JX-3P et de JP-8. Basé sur un CI VCF-VCA IR-3R05, il n’a toutefois ni les composants ni le son de ces deux machines et avec le recul, on lui préfère le caractère du JX-3P (sans parler du JP-8 bien sûr). Parmi les programmes fournis, on trouve 32 des 64 Presets originels du JX-8P. Le point qui saute tout de suite aux oreilles, c’est l’expressivité des sonorités, puisque le JX-8P était l’un des premiers synthés analogiques répondant à la vélocité, assignable au pitch, au mixeur, au filtre et au volume. Du coup, à nous les pianos électriques dynamiques, les basses filtrées expressives, les cuivres énergiques, les leads qui giclent ; sans oublier les sons de cloches à la sauce Cross Mod, les effets spéciaux évolutifs et les percussions analogiques dynamiques. Finalement après écoute, la réponse en vélocité et les interactions d’oscillateurs justifient à eux seul l’intérêt de ce moteur.
Au plan technique, le son est généré par 2 DCO modélisés (accord sur 16–8–4–2 pieds, sur –12/+12 demi-tons + désaccordage fin), avec Cross Modulation (effets spéciaux métalliques ou distordus) et synchronisation. Chaque oscillateur offre les ondes dent de scie, impulsion fixe, carrée et bruit blanc. Leurs fréquences peuvent être modulées indépendamment par le LFO ou l’une des deux enveloppes (modulation bipolaire), avec vélocité sur l’action de l’enveloppe. Les deux oscillateurs sont indépendamment dosés, ce mélange étant modulable par l’une des deux enveloppes et la vélocité. La résultante entre dans un filtre passe-haut statique à quatre positions (qui est en réalité placé en bout de chaîne là encore), suivi d’un filtre passe-bas résonant 4 pôles. Là où le moteur diffère de son modèle, c’est qu’il propose trois types de filtres modélisés : Roland, Moog ou Sequential. Le filtre Roland est auto-oscillant, tout comme les deux autres (pourquoi cette fois et pas avec les précédents moteurs ? Mystère…).
La fréquence de coupure du filtre peut être modulée par le LFO, l’une des deux enveloppes disponibles (modulation bipolaire avec modulation par la vélocité) et le suivi de clavier. La résultante passe alors dans un ampli, dont on peut régler le niveau et la source de modulation : enveloppe 2 modulée par la vélocité ou Gate. Pour simuler le chorus du JX-8P, on doit mobiliser le MFX car il n’y a pas de chorus endogène (l’algorithme Juno Chorus précédemment évoqué offre aussi les modes JX I/II). Le LFO est assez basique, avec réglage de vitesse (cette fois jusqu’à l’audio), délai et forme d’onde (sinus, carrée, aléatoire). Les deux enveloppes sont des ADSR, asservissables par la vélocité et capables de suivre le clavier, fonction rare mais pourtant fort utile. Les modes de jeu des voix sont poly, mono ou unisson (sans désaccordage). La section de modulation physique du JX-8P (pitchbend, poussoir, portamento) est aussi intégrée, agissant sur le pitch et le filtre. On peut aussi simuler une dérive d’oscillateurs (on modélise pourtant des DCO stables par essence, mais bon, à nouveau pourquoi pas…) et la vétusté des composants (âge). La haute résolution des paramètres continus peut là encore être réduite, pour les jusqu’au-boutistes.
Moteur SH-101
Le SH-101 est un synthé mono lancé en 1982, au son juteux caractéristique, avec un VCO, un sous-oscillateur, un VCF, une seule enveloppe et un LFO. Il a notamment été modélisé dans le SH-01A. Le moteur SH-101 du Jupiter-Xm est polyphonique. Malgré l’absence de chorus et l’unique oscillateur, le son est gros et brut, différent des synthés polyphoniques de la marque à cette époque. Le filtre en impose, mettant en valeur les graves ; la résonance peut siffler sans écraser les basses fréquences et les PWM sont épaisses. On apprécie la rapidité de l’enveloppe, ça claque bien. Évidemment, avec le sous-oscillateur, les basses sont le domaine de prédilection de ce moteur. La résonance excessive du filtre en fait aussi un très bon candidat pour les kicks analogiques. Mais le plus grand bonheur, c’est d’avoir tout ça en polyphonie, soit pour jouer des accords, soit pour empiler des oscillateurs.
Le générateur sonore, accordable sur 16–8–4–2 pieds, produit simultanément une onde dent de scie, une impulsion à largeur variable (manuelle ou modulable par le LFO ou l’enveloppe), une onde carrée à 1 ou 2 octaves sous la fondamentale (avec commutation possible en impulsion étroite à –2 octaves) et un bruit blanc. Lorsqu’on pousse les niveaux en additionnant les formes d’onde, on obtient une saturation naturelle agréable. La sortie du mixeur attaque ensuite un filtre passe-bas 4 pôles résonant. Là où le moteur diffère de son modèle, une désormais habitude sur le Jupiter-Xm, c’est qu’il propose trois types de filtres modélisés : Roland, Moog ou Sequential. Le filtre Roland est ici auto-oscillant (pas qu’un peu !), tout comme les deux autres (pas qu’un peu non plus !). La fréquence de coupure peut être modulée par l’unique enveloppe (modulation bipolaire), le LFO et le suivi de clavier. On peut moduler le volume par l’enveloppe partagée ou lui faire prendre la porte (mode Gate, of course).
Le LFO est basique, avec un réglage de vitesse (jusqu’à l’audio) et de forme d’onde (triangle, carrée, aléatoire). L’enveloppe est de type ADSR classique, avec différents modes de redéclenchement : à chaque nouvelle note, à chaque nouvelle note lorsqu’aucune autre n’est tenue ou à chaque début de cycle du LFO. Vu que le moteur est polyphonique, on peut jouer les voix en poly, mono ou unisson (sans désaccordage). La section de modulation physique du SH-101 est aussi intégrée, agissant sur le pitch et le filtre. On peut aussi simuler une dérive d’oscillateurs (on modélise pourtant des DCO stables par essence, mais bon, pourquoi pas ter…) et la vétusté des composants (âge). La haute résolution des paramètres continus peut là encore être réduite, pour les jusqu’au-boutistes.
Moteur XV-5080
Comme pour le JX-8P, il s’agit d’un nouveau moteur développé pour la plateforme Zen-Core. Produit en 2000, le XV-5080 fut longtemps l’expandeur à lecture d’échantillons le plus puissant du marché, capable de produire 128 voix de polyphonie sur 32 parties à partir d’une Rom PCM de 64 Mo, à laquelle on pouvait ajouter 4 cartes SR-JV80 « ancienne génération » de 16 Mo et 4 cartes SRX « nouvelle génération » de 64 Mo (soit 512 Mo de mémoire totale en comptant les 128 Mo de RAM, énorme il y a 20 ans !). Les dernières bénéficiaient d’échantillons « nouveaux », plus longs, plus nombreux (en tessiture et en couches) donc plus réalistes. Dire que ces échantillons datent un peu est un doux euphémisme, mais les nostalgiques apprécieront cette Rom somme toute correcte, même si largement dépassée par les nouvelles stations de travail matérielles (sans parler des versions logicielles). On retrouve d’ailleurs les listes de sons dans le Fantom ; elles proviennent du XV-5080, mais aussi de l’AX-Edge, de l’Integra-7, des extensions SL et des stations de travail FA. On fait en revanche un sérieux bond sur la polyphonie.
C’est, avec le RD-Piano, le moteur le plus pénible à éditer, car les commandes directes sont inadaptées en fonctionnalité et nombre pour ce type de synthèse qui regroupe des centaines de paramètres pour quatre couches sonores. Le petit écran souffre beaucoup, nous aussi ! Un Tone XV est constitué de 4 couches sonores (partiels). Chaque partiel comprend une fenêtre de tessiture et de vélocité avec fondus hauts et bas, un oscillateur, un filtre, un ampli et un EQ. Les partiels sont arrangés en structures, au sein desquelles ils peuvent interagir deux par deux : synchro, modulation en anneau ou cross modulation (sorte d’AM complexe).
Les oscillateurs peuvent faire appel soit à un multiéchantillon PCM (mono ou stéréo), soit une onde analogique modélisée VA, soit une onde PCM-Sync, soit une onde Supersaw, soit un bruit blanc. Pour les PCM, on compte 2 126 multiéchantillons (mono/stéréo) en Rom, hérités des XV/JV et de leurs cartes d’extension ; la synthèse SuperNatural n’est donc pas à l’ordre du jour. Les oscillateurs VA, dérivés du V-Synth, peuvent faire appel à 9 formes d’ondes élémentaires : dent de scie, carrée, triangle (x3), sinus (x2), rampe ou Juno (dent de scie modulée) ; on peut faire varier la largeur d’impulsion de chacune. Les ondes PCM-Sync utilisent 48 formes d’ondes que l’on peut détruire sauvagement. La Supersaw dispose d’un Detune, ce qui ravira les amateurs d’EDM.
Le pitch peut être directement modulé à la main, aléatoirement, par le suivi de clavier, avec un vibrato ou une enveloppe multi-segments répondant à la vélocité et au suivi de clavier. Le filtre peut être de deux natures : TVF (multimode classique Roland – 6 types) ou modélisé (VCF Jupiter/Moog/Sequential + HPF). Dans le second cas, la polyphonie prend une petite claque ; c’est bien normal, le résultat mérite amplement le sacrifice. Les modulations sont confiées à 3 enveloppes, 2 LFO à 11 formes d’ondes synchronisables (avec Step LFO programmable sur 16 pas) et une matrice 4 sources / 16 destinations. Les sources englobent les contrôleurs MIDI, les enveloppes, les LFO, le suivi de clavier et la vélocité. En fin de parcours, on choisit le routage vers l’overdrive et/ou le MFX (multieffets de partie), avec départs vers le chorus, le délai et la réverbération.
Moteur RD-Piano
Le sixième moteur de synthèse est le RD-Piano, c’est-à-dire des multiéchantillons PCM passés dans un effet de résonance sympathique simulant le comportement des pianos acoustiques. Ce n’est donc pas pareil que le moteur V-Piano du Fantom, qui pour sa part fait appel à une modélisation note par note. On ne peut l’assigner qu’à la première partie sonore. Cinq Presets de base sont fournis pour ne pas partir de zéro. D’après la liste des formes d’ondes disponibles et nos oreilles, on dispose de trois pianos acoustiques stéréo distincts (ABC), chacun avec trois niveaux de vélocité (mp, mf, f).
On peut en empiler jusque quatre couches par Tone (partiels 1–2–3–4). Cela aurait été bien que Roland pousse les multiéchantillons à davantage de couches, ce qui n’est plus du luxe de nos jours. Les paramètres éditables sont peu ou prou les mêmes que ceux du moteur XV, nous ne nous y attarderons donc pas à nouveau. En revanche, le MFX n’est plus disponible ici. Il est remplacé par une modélisation de résonance sympathique. On peut régler la quantité de résonance des cordes et celle du corps du piano. Le résultat est vraiment très bon, que ce soit dans les réglages subtils ou au contraire les extrêmes, allant même jusqu’à des effets de réverbe.
Section effets
Le Jupiter-Xm organise ses effets en trois niveaux hiérarchiques : partie, scène et système. Chacune des quatre premières parties peut faire appel à un multi-effet distinct (MFX) et chacune des cinq parties possède un EQ trois bandes. Il existe cependant une restriction, le moteur RD-Piano, comme nous venons de le voir. Lorsqu’on assigne un Tone à une partie, on peut utiliser le MFX stocké avec lui ou repartir de zéro. C’est notamment utile pour certains modèles de synthés qui utilisent le chorus du MFX, cet effet d’étant pas endogène. Chaque MFX est capables de produire 90 algorithmes différents : filtres (EQ, booster, wah-wah, Enhancer, simulateur de HP), modulations (phaser, trémolo, autopan, HP tournant), chorus / flangers, processeurs de dynamique (OD, compresseur, limiteur), délais (simple, stéréo, multiple, écho à bande), effets lo-fi, modulations de pitch, simulations vintage (CE-1, SBF-325, SDD-320, Juno-106), loopers, DJFX, saturateurs… sans oublier les combinaisons de deux effets, bien utiles pour les indécis du fromage ou dessert. Entre 5 et 15 paramètres sont disponibles par effet, certains synchronisables au tempo, d’autres, prédéfinis dans chaque algorithme, modulables par la matrice dédiée (4 sources / 4 destinations, modulations bipolaires).
Au niveau scène, communs à toutes les parties, on dispose d’un OD, un chorus, un délai et une réverbe. Chaque partie peut être routée (ou non) vers l’OD (effet d’insertion) et offre des départs séparés vers le chorus, le délai et la réverbe (effets parallèles). L’Overdrive est une simple distorsion ses propres envois séparés vers le chorus, le délai et réverbe. Le chorus offre 9 algorithmes (chorus stéréo, émulation de la pédale CE-1, émulation de SDD-320, délai stéréo, délai synchro, délai -> trémolo, double écho stéréo, triple écho stéréo et simulation du chorus des Juno-106/JX-8P). On peut définir le niveau et la quantité d’envoi vers la réverbe. Les autres paramètres (entre 1 et 10) sont fonction de l’algorithme. On passe ensuite aux délais, déclinés en 5 types stéréo, proches des délais déjà présents dans les effets chorus, avec possibilité de synchronisation des temps. Ici aussi, on peut définir le niveau et la quantité d’envoi vers la réverbe. Les paramètres (entre 1 et 10) dépendent de l’algorithme choisi. Il y a enfin la réverbe, dotée de 7 algorithmes : Integra-7 (5 types), Warm Hall, Hall, GS (8 types), SRV-2000 (15 types), SRV non linéaire et GM2 (6 types). On trouve généralement une dizaine de paramètres par type de réverbe. Des choix plus éclectiques qu’à l’accoutumée. Signalons que contrairement aux MFX, ces effets sont statiques. Ils peuvent être sauvegardés dans chaque scène ou au plan global du synthé.
Au niveau global synthé enfin, on trouve un EQ paramétrique 5 bandes et un compresseur multibande, permettant de masteriser le signal final selon le style souhaité ou la salle de concert, avec de nombreux paramètres. S’y ajoutent deux effets micro : un réducteur de bruit et un compresseur. On peut doser l’entrée micro vers le chorus, le délai et la réverbe. On peut aussi la router vers le vocodeur intégré (tout comme l’entrée USB audio), disponible uniquement sur la première partie d’une scène, comme le RD-Piano (ce qui signifie au passage qu’on ne peut pas avoir de RD-Piano si on utilise le vocodeur et réciproquement). Le vocodeur est en fait traité comme un moteur de synthèse, on aurait pu en faire un paragraphe séparé. Il est doté de deux programmes, l’un plus clair, l’autre plus doux. La qualité est excellente, avec une très bonne intelligibilité et une détection impeccable des consonnes et transitoires. Le générateur de bruit intégré fait aussi très bien son job. Dommage qu’on ne puisse éditer aucun paramètre. On aimerait à l’avenir pouvoir changer le signal de synthèse, adapter les bandes de fréquences, décaler les formants… Peut-être dans une mise à jour ? Le vocodeur étant traité comme un moteur, on peut l’envoyer vers les effets décrits ci-dessus, comme un programme classique. Bien vu !
Arpégiateur intelligent
Le Jupiter-Xm est équipé d’un i-arpégiateur utilisant l’intelligence artificielle, à mi-chemin entre un arpégiateur et un arrangeur, un peu comme un Karma de Korg. Il permet de générer des arpèges simples ou multitimbrals sur les quatre premières parties d’une scène et un rythme sur la partie batterie. En façade, on choisit le type d’arpège et de rythme avec deux encodeurs, on ajuste le tempo et c’est parti ! L’arpégiateur fait alors varier les motifs en fonction des notes jouées (fonction Play Detector Key) et du timing de jeu live (fonction Play Detector Beat). Plus on complexifie notre jeu, plus l’arpégiateur enrichit les motifs. On peut aussi désactiver ces fonctions « intelligentes » pour jouer des arpèges classiques. La qualité du résultat dépend de ce que l’on joue et surtout du bon vouloir de la machine. Avouons que c’est parfois bluffant, parfois décevant, souvent imprévisible, un peu comme le Karma de Korg où on pige que-dalle, mais sans les réglages infinis. Ici, priorité au jeu !
La mémoire interne renferme 55 types d’arpèges et 44 types de motifs. Si on change de type alors qu’un motif tourne, celui-ci est brutalement interrompu, c’est ballot ! La partie qui gère le timing (Play Detector Beat) possède 10 niveaux de sensibilité, qui modifient les motifs de manière plus ou moins drastique. Le manuel conseille de réduire la valeur si on trouve que ça varie trop d’une mesure à l’autre alors qu’on joue avec régularité. On peut aussi mettre un peu de Shuffle pour détendre l’atmosphère. Au plan de chaque partie, on peut éditer bon nombre de paramètres supplémentaires d’arpège : résolution de la grille, tessiture de scan (+ ou – 3 octaves), transposition (+ ou – 36 demi-tons), motif (haut, bas, alterné, aléatoire, comme joué, rythme non transposé, phrase transposée, basse prioritaire), durée (en proportion par rapport à la longueur de note jouée), Shuffle, vélocité (valeur fixe ou comme jouée). D’autres réglages permettent de spécifier comment les arpèges sont enchaînés quand le Play Detector Beat est activé (immédiatement, à la fin du battement, à la fin de la mesure, à la fin du cycle d’arpège), comment les notes en cours sont arrêtées lorsque le motif d’arpège change, comment les accords sont scannés, comment deux notes identiques sont gérées dans un arpège multitimbral (possibilité de Ducking), etc. L’utilisateur devra y consacrer du temps pour bien paramétrer son arpégiateur, car cela change le cours des choses.
Il gagnera également à consacrer du temps à l’édition des arpèges par pas. Pour cela, il faut actionner le bouton Step Edit lorsque le motif en cours de jeu nous satisfait ou au contraire partir de rien. L’écran affiche alors les arpèges sous forme de grille de 64 pas et 16 notes maximum. On peut les éditer par pages successives de 16 pas en ligne et 4 notes en colonne, grâce à la rangée de 16 boutons (sélection directe du pas), aux 2 encodeurs et aux 4 flèches situés sous l’écran. Pour chaque pas, on peut entrer des notes, définir la vélocité (de 0 à 9 par pas de 20, certainement pour que le chiffre puisse entrer dans les petites cases), insérer une liaison ou imposer le silence. Le bouton Part permet d’alterner entre les 5 parties multitimbrales. La touche S3 permet quant à elle d’écouter immédiatement le résultat obtenu. Dès que l’on est content du résultat, on peut le sauvegarder dans la scène en cours ou l’exporter sur clé USB via le menu utilitaire, afin de l’utiliser dans une STAN. Chaque partie contenant des données est alors exportée dans un fichier au format SMF Type 0, intégrant le canal MIDI utilisé par la partie. On nomme le fichier et le Jupiter-Xm ajoute automatiquement le numéro de partie à chaque fichier généré, sympa. Les notes arpégées sont transmises en MIDI sur le canal d’émission réglé en mode Scène, parfait !
L’instant X
Le Jupiter-Xm est un concentré de synthés vintage Roland modélisés, tant analogiques que numériques. S’y ajoute la lecture d’échantillons pour couvrir un maximum de territoires sonores. On apprécie le nombre de modèles fourni, la polyphonie nettement accrue et la multitimbralité. La qualité de modélisation est au rendez-vous, tout comme la solidité. De la place semble disponible pour accueillir de nouveaux moteurs, le CEO de Roland, l’a promis, nous suivrons ce point de près. Les commandes directes permettent d’accéder à la majorité des paramètres de synthèse soustractive. Hélas, cela se gâte dès qu’on veut atteindre des réglages supplémentaires, de synthèse ou globaux, confiés à des menus déroulants souvent interminables ou des touches multifonctions. On se plante souvent et cela casse l’ambiance, pourtant bien assurée par le sympathique arpégiateur multitimbral dit intelligent (même si on ne comprend pas toujours comment il fonctionne et que sa fluidité est perfectible). Les sons PCM, tirés des gloires du passé (XV et leurs cartes), sont datés, mais c’est un parti pris, le Jupiter-Xm n’a pas vocation de remplacer le Fantom. Il n’en a d’ailleurs ni la puissance, ni la polyvalence, ni le prix. Le clavier limité à trois octaves peut aussi refroidir si on veut profiter de toute la puissance sous le capot. Il oriente le Jupiter-Xm aux studios-mallette (ou plutôt petite malle), aux répétitions de tournée (grâce aux HP intégrés et au piles) ou aux scènes exigües. Dans ces configurations, le Jupiter-Xm se fera rapidement une place de tout premier ordre.