On l'appelle Bob Moog, il est le père du Minimoog et fait partie de ceux dont on parle toujours mais qu'on ne voit jamais. Les rédacteurs de la presse spécialisée vous font rêver des synthétiseurs qu'il a créés et que vous n'aurez sans doute jamais. Synthèse analogique pure, façades en bois, nombreux potards, son unique…
On l’appelle Bob Moog, il est le père du Minimoog et fait partie de ceux dont on parle toujours mais qu’on ne voit jamais. Les rédacteurs de la presse spécialisée vous font rêver des synthétiseurs qu’il a créés et que vous n’aurez sans doute jamais. Synthèse analogique pure, façades en bois, nombreux potards, son unique…
Quand à force d’économies, vous réussirez à vous payer la machine de vos rêves, il vous faudra effectuer de nombreuses modifications et midifications. C’est comme si les revendeurs s’arrangeaient toujours pour que vous soyez frustrés… Vous aurez alors besoin d’une synchro entre les oscillateurs, d’un commutateur trigger simple / multiple pour le clavier, d’une modulation de la largeur d’impulsion des oscillateurs et éventuellement d’un LFO dédié libérant le troisième oscillateur…
Lassé par les embûches que vous rencontrez, vous décidez de vous acheter quelques récentes boites à son ou de vous mettre à la synthèse virtuelle. Vous tombez bien : Moog s’est remis à produire les synthés analogiques qui ont fait son succès et le mythique Minimoog est à nouveau disponible depuis l’an dernier. Du côté de la synthèse virtuelle, un Moog Modular V (V pour virtuel) vient de naître d’une étroite collaboration entre Moog Music et Arturia, l’éditeur de logiciels musicaux. Pour en savoir plus, nous avons interrogé Bob Moog, rencontré l’an dernier lors de la Musikmesse de Francfort.
André Jahel : Bob, plus de 13 000 exemplaires du Minimoog se sont vendus au cours des années soixante-dix et à l’occasion de cette Musikmesse 2002 à Francfort, nous avons appris que la production de ce dernier avait repris, bénéficiant au passage d’un lifting. Pouvez-vous nous raconter cette histoire qu’est la vôtre ?
Bob Moog : Lorsque j’ai commencé à construire des synthétiseurs à titre personnel en 1964, je n’aurais jamais pensé que je pourrais un jour en vivre. Si je me suis intéressé à la synthèse sonore, c’est parce que je trouvais cela passionnant et que quelques musiciens que je connaissais cherchaient à utiliser des sons nouveaux. Dans les années soixante, la première société que j’ai créée s’est appelée Moog Old Music. En 1973, elle devint la Division Norlin de Old Music, un énorme fabricant américain de l’époque. Ce dernier produisait des effets, des guitares et des amplificateurs. Et maintenant, la société Moog renaît de ses cendres, dans le but de répondre à la demande sans cesse croissante de synthétiseurs vintage. Nous avons à cet effet décidé de relancer le Minimoog.
André Jahel : Est-ce que l’architecture du Moog originel a influencé la production des nouveaux Minimoog ? Avez-vous modifié beaucoup de choses dans la conception de cette nouvelle machine ?
Bob Moog : Nous avons travaillé durant trois ans sur le nouveau Minimoog, qui sera désormais en vente dès le printemps 2002 aux USA et en Europe. La structure basique est restée la même : c’est un synthétiseur monophonique à trois oscillateurs, dont le dernier peut moduler les deux premiers ou le filtre, agissant comme un LFO. Ce qui a été modifié par exemple, ce sont les enveloppes qui sont désormais de type ADSR alors qu’à l’origine elles étaient de type Attack, Decay, Sustain, le Decay servant de Release lorsque ce dernier était activé par le commutateur se trouvant au dessus des molettes. Les avantages du Mini, comme son filtre passe-bas 24 dB/octave ont été gardés. Et l’on a bien entendu ajouté une entière compatibilité MIDI.
André Jahel : Mis à part le Minimoog, le Theremin et des effets comme le Moogerfooger, envisagez-vous de relancer d’autres synthétiseurs vintage comme le Polymoog ?
Bob Moog : Pas le Polymoog étant donné que ce dernier est assez complexe et que certains modèles étaient instables, sujets à la surchauffe, mais on pourrait envisager de relancer le Taurus par exemple.
André Jahel : Quel avenir pour Moog dans les années qui viennent ?
Bob Moog : Une nouvelle « classe » d’instruments électroniques devrait voir le jour. Tout en gardant le son mythique Moog, les nouvelles machines devraient répondre aux besoins d’utilisations modernes des musiciens (Midi, informatique, etc.)
André Jahel : Que pensez-vous de l’émulation virtuelle d’instruments analogiques ?
Bob Moog : Le monde du virtuel est différent. Il me semble que l’utilisation d’instruments virtuels est une bonne solution pour imiter un son et qu’il est possible que cela sonne pareil. Mais il est plus difficile d’exploiter un instrument virtuel, d’arriver aussi intuitivement au même résultat et surtout d’avoir le même contrôle. Ce que le virtuel apporte, c’est sans doute de nouvelles fonctionnalités.
Plus d’infos sur Moog : www.moogmusic.com.