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Editorial du 28 juillet 2018 : commentaires

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Sujet de la discussion Editorial du 28 juillet 2018 : commentaires

Chris hookedLe monde est choqué : Comment ? Damn, Dis Moi, la dernière chanson de Christine and the Queens, ne serait qu’un assemblage de boucles libres de droits fournies avec Logic, le séquenceur phare d’Apple ? C’est scandaleux ! Ca ne relève même pas du sampling, s’indigne-t-on ! Elle n’a rien fait ! Elle n’a aucun mérite !

En plus d’un texte et d’une mélodie, elle n’a pourtant fait qu’utiliser un logiciel et les ressources mis à sa disposition, comme tout le monde le fait depuis que nos instruments et nos effets sont livrés avec des presets ou des patterns, c’est-à-dire depuis quelques décennies déjà. Aurait-elle été plus méritante de mettre un micro devant un piano pour jouer ces mêmes accords que des millions de musiciens ont probablement joués avant elle ? La question se pose, sachant qu’après les siècles que nous avons passés, nous autres occidentaux, à retourner les douze mêmes notes dans tous les sens, il n’existe probablement pas d'accord, de progression harmonique ni même de mélodie ou de rythmes qui n’aient pas été déjà écrits. Et quand bien même on voudrait comme Hugo prendre la posture de l’artiste besogneux qui gravit la montage intime un soir d’orage pour se faire frapper par quelque muse ou divinité, il n’en reste pas moins que le pastiche et le collage ont toujours existé dans l’art, qu’ils en sont même un des principaux ressorts, au point de faire dire à Picasso que si les bons artistes copient, les grands artistes volent. La fille a chipé trois boucles d'un sound designer pour en faire sa chanson ? À la bonne heure...

À l’heure où combiner des boucles préenregistrées suffisent à jeter les bases d'une compo, comme on le voit d’ailleurs dans le test d’Output Arcade que nous publions cette semaine, on serait bien inspiré en tout cas de juger une oeuvre sur ce qu’elle est à la fin et non sur sa genèse, car même faite de A à Z avec les meilleurs musiciens et les meilleurs techniciens, une mauvaise chanson restera toujours une mauvaise chanson tandis que le bon chasseur, lui...

Il est sûr à la fin que si Christine avait eu la bonne idée de passer sa batterie dans une distorsion comme la Boum d’OTO Machines, elle se serait exposée à moins de critiques. Même chose si elle avait enregistré ses cocottes avec une vraie guitare en utilisant au besoin la Sim1 XT-1 capable de faire passer des Les Paul pour des Strat et vice et versa. Mais elle ne l’a pas fait, peut-être par flemme ou par facilité, et ce n’est pas moi qui lui jetterais la pierre vu que la semaine prochaine, Audiofanzine va ralentir son rythme pour laisser à sa petite équipe le temps de prendre quelques vacances. Comme sur le service public, attendez-vous donc à quelques rediffusions : le gendarme à Abbey Road, la 7ème compagnie fait du home studio, l’alim Fantomas, ce genre de choses…

Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.

Los Teignos
From Ze AudioTeam

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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

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Citation :
Et quand on voit enfin les engueulades que suscitent la théorie des cordes ou des dimensions parallèles dans le petit monde scientifique, on se dit que la science n'est pas qu'un ruissellement tranquille d'évidences montrées les unes après les autres dans un esprit de franche camaraderie.


Bah c’est la castagne qui fait monter dans l’échelle de valeurs ? Elle est de toute les époques ! Et puis en art aussi les musiciens ne sont pas tendres entre eux.

Les exemples que tu donnes sont récents. Alors où est l’absence de révolution récente ? Cette absence serait dans les arts mais pas dans les sciences ? Pourtant dans les sciences aussi, des gens tiennent exactement le même discours : « aucune vraie révolution après la première moitié du 20ème siècle ». :noidea:

C’est la même erreur de perspective entre ce qui est près et ce qui est loin. Et la même erreur de regard, peut-être teintée de ou tentée par la nostalgie.

Pourtant rien que la naissance d’internet est une révolution au moins aussi importante que celle de l’imprimerie. Impossible de douter de ça.
152
Et puis on parle de physique, mais pourquoi ne pas parler de mathematiques ?

En maths, on n’a jamais remis en question d’anciens théorèmes. On construit en ajoutant, en enrichissant, parfois en clarifiant et classifiant (Bourbaki) mais sans fondamentalement remettre en question ce qu’il y avait avant. Est-ce pour autant que « l’on stagne », qu’il y a matière à être déçu de l’absence de révolution ? Évidemment non.

Alors... ?
153
Citation :
Disons que de la façon dont je le vois, l’histoire de l’art n’est pas différente de celles des sciences ou des idées, et que ces histoires sont jalonnées par des révolutions brutales, des blasts qui peuvent provenir d’une oeuvre ou d’un homme qui démolit ce qu’il y avait avant pour poser une base neuve, un renouvellement de toute la façon d’envisager les choses.


Si je peux être en accord avec une bonne partie de ton évaluation sur l'Art (pas tout hein faut pas pousser non plus ! ^^) je ne peux être d'accord avec ce parallèle particulier que j'ai mis en citation...

L'immense différence entre la science et l'Art est que les remises en question de théories et de dogmes en science sont nettes et "définitives" dans le sens où un nouveau dogme est mis en place et que l'ancien ne peut plus en aucun cas être remis en jeu, c'est une obsolescence définitive alors qu'en Art, rien n'empêche de remettre au goût du jour tel ou tel style et le rendre à nouveau vivant et agréable... par exemple ça n'empêche pas un Sting de faire en 2006 un album avec pour essence principale un luth et la musique baroque, et des exemples de ce genre j'en ai des paquets, de Steve Hackett au revival blues des 60's ! :bravo:

Il faut se méfier avec les analogies, pour ma part j'évite au maximum d'en produire parce que à chaque fois que j'en tente une je sais que je dois faire très attention à ce qu'elle soit validable et en aucun cas contestable...je te le dis avec amitié parce que je remarque que tu adores en produire et que malheureusement une petite partie est clairement sujette à débat ! ;)

Pour ma part je ne suis d'accord qu'à 50% sur ton évaluation globale de "ce qui n'est pas nouveau ou/et qui a déjà été fait ou dit d'une autre manière, pour donner un ex. que j'ai déjà posé, je ne crois pas que le trash métal soit quelque chose qui a déjà été fait avant, même en faisant abstraction des différences entre les instruments actuels et ceux d'il y a 200 ans...idem pour la techno et pas mal de trucs de ce genre puisque les instruments nécéssaires à la techno n'existaient pas avant, on ne pouvait donc pas il y a à peine 60 ans imaginer seulement l'idée de "techno" bien que d'évidence le côté "tribal" de la chose nous vient d'Afrique il y a plusieurs milliers voire dizaines de milliers d'années...voire plus encore !

De même si les troubadours de Languedoc faisaient du rap sans le savoir et que les rappeurs ricains n'avaient et n'ont toujours aucune conscience du fait que les troubadours ont existé, ça n'empêche pas la nouveauté du Hip-Hop des années 80' et il n'y a là aucune réelle "démolition" puique le rap n'a pas "tué" le funk ni le Jazz ! :bravo:
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Citation :
En maths, on n’a jamais remis en question d’anciens théorèmes. On construit en ajoutant, en enrichissant, parfois en clarifiant et classifiant (Bourbaki) mais sans fondamentalement remettre en question ce qu’il y avait avant. Est-ce pour autant que « l’on stagne », qu’il y a matière à être déçu de l’absence de révolution ? Évidemment non.

Alors... ?


Alors rien. :ptdr:

Je ne sais pas si je peux établir un parallèle entre sciences, maths et art moi qui suis littéraire de formation, encore qu'on puisse discuter du fait qu'Internet soit une révolution technologique et sociale plutôt qu'une révolution scientifique. Ce que je veux dire, c'est qu'il ne faut pas confondre l'étude de la portance, l'invention de l'avion et le fait qu'une compagnie aérienne permette à Monsieur tout-le-monde de voler.

En matière d'art et d'idée où la subjectvité est reine, il n'y pas selon moi de progression d'une connaissance qui serait collective comme en sciences mais la multiplication de points de vue réellement opposés. Balzac est l'opposé complet de Flaubert. Et Flaubert a même écrit comme il a écrit pour cette raison précise, parce qu'il trouvait que le projet balzacien ne menait nulle part. Au-delà de Balzac, il a écrit des pages et des pages pour se foutre de la gueule du romantisme. C'était ça faire école, c'était ça révolutionner : dire que tout ce qui a été fait avant, s'il n'a pas été inutile pour autant, est complètement à côté de la plaque. C'était ça jusqu'à ce qu'on arrive en littérature après quelques mec qui sont aller au bout du bout comme Joyce ou Proust. Depuis, on est face à une forme de fusion où l'on pioche dans les influences pour exprimer ce que l'on est, on tente de mélanger ceci avec cela pour voir où ça mène.

Et je le redis, ce n'est pas mal ou grave ou pessimiste ou que-sais-je encore de négatif : on rentre dans une autre phase dans l'histoire de l'art.

Parce qu'une fois qu'on a peint un carré blanc sur fond blanc, on revient sur ses pas pour repeindre une pomme dans une coupe de fruit.
Parce qu'une fois qu'on a écrit ce genre de poème :

http://www.joelledautricourt.com/_/rsrc/1468748771548/ecritures-imaginaires/joelle-dautricourt-ecribulle.jpg?height=400&width=304

ou encore ce genre :

http://www.artpool.hu/Poetry/soundimage/kepek/marinetti.gif

On se rend compte qu'on est bord du monde et que ce qu'il y a au-delà, ce n'est pas l'inconnu artistique, c'est le néant où le schéma de Jackobson se désintègre. Comme au bout de la métaphore surréaliste critiquée vertement par Le Clézio. Alors on revient en arrière, on pioche à droite, à gauche, on écrit ce qui nous semble le plus vrai possible mais ça ne fera pas école, parce que ce n'est plus le temps des écoles, que les révolutions étaient un symptôme de croissance d'une chose arrivée à l'âge adulte.

On pourrait tenir le même discours sur l'histoire des idées et de la politique. Il reste des modèles à inventer en politique ? Je veux dire des modèles purs comme le sont le socialisme ou le capitalisme, la démocratie ou la monarchie ? Je ne crois pas : la voie est dans l'hybride. Après, oui, on peut nous faire croire que des mecs ont réussi à réinventé la roue et parler de Gaullisme, de Macronisme, de Mitterandisme. Mais il n'y a rien là-dedans que des déclinaisons de choses anciennes. Se souvient-on d'ailleurs de la dernière chose qui ait été inventée en politique ?

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[ Dernière édition du message le 30/07/2018 à 04:23:02 ]

155
Citation :
L'immense différence entre la science et l'Art est que les remises en question de théories et de dogmes en science sont nettes et "définitives" dans le sens où un nouveau dogme est mis en place et que l'ancien ne peut plus en aucun cas être remis en jeu, c'est une obsolescence définitive alors qu'en Art, rien n'empêche de remettre au goût du jour tel ou tel style et le rendre à nouveau vivant et agréable...


Et tu as raison là-dessus.

Citation :
Pour ma part je ne suis d'accord qu'à 50% sur ton évaluation globale de "ce qui n'est pas nouveau ou/et qui a déjà été fait ou dit d'une autre manière, pour donner un ex. que j'ai déjà posé, je ne crois pas que le trash métal soit quelque chose qui a déjà été fait avant, même en faisant abstraction des différences entre les instruments actuels et ceux d'il y a 200 ans...idem pour la techno et pas mal de trucs de ce genre puisque les instruments nécéssaires à la techno n'existaient pas avant, on ne pouvait donc pas il y a à peine 60 ans imaginer seulement l'idée de "techno" bien que d'évidence le côté "tribal" de la chose nous vient d'Afrique il y a plusieurs milliers voire dizaines de milliers d'années...voire plus encore !

De même si les troubadours de Languedoc faisaient du rap sans le savoir et que les rappeurs ricains n'avaient et n'ont toujours aucune conscience du fait que les troubadours ont existé, ça n'empêche pas la nouveauté du Hip-Hop des années 80' et il n'y a là aucune réelle "démolition" puique le rap n'a pas "tué" le funk ni le Jazz !


En fait, je ne conteste pas l'impact énorme que peuvent avoir ces différents genres musicaux sur la société où oui, le hip hop, c'est une révolution, comme le métal ou le reggae. Mais ce sont pour moi plus des révolutions sociales que musicales. Le premier mec qui a fait du scracth, il l'a fait au GRM. La révolution musicale a lieu à ce moment là. Que trente ans plus tard, un DJ pense l'inventer et en fasse un élément constitutif de la musique hip hop, et ça devient la récupération de quelque chose qui existe déjà au profit d'une révolution socio-culturelle. Mais dans l'histoire de la musique, le drapeau était déjà planté sur la montagne par un mec en blouse blanche. Et c'est pareil pour toute l'EDM post-Kraftwerk : c'est une révolution parce que ça rentre dans les foyers, ça irrigue toute une société et je trouve ça très chouette. Mais une révolution socio-culturelle. L'étincelle originelle, elle, qui concerne l'histoire de la musique, a eu lieu bien avant, ailleurs.

Dans les inventions fake, je pourrais encore parler du Slam. On nous présente ça comme un truc sorti en 86. Faut-il ignorer totalement que des décennies auparavant, des mecs faisaient ça dans des cabarets ? C'est quoi la nouveauté ? C'est que c'est fait par des mecs du hip hop ? Et ça change quoi ? Ca ne change rien si ce n'est du point de vue social et du point de vue industriel où on invente un mot pour faire croire à de la nouveauté et vendre. D'ailleurs, quand les mecs faisaient cela dans les cabarets du New York des 60's, ce n'était déjà pas une invention parce que ça fait quelques millénaires qu'on dit de la poésie sur de la musique dans pas mal de cultures.

Je crois bien d'ailleurs que la plus grande révolution qu'ait apporté la musique populaire ne tient pas dans la musique même mais dans l'industrialisation de la musique, sa transformation en bien de consommation massive et ce que ça a entraîné sur le place de l'artiste dans la société moderne. Pour le reste, et je le dis plein d'amour pour la musique populaire depuis toujours, si je prends un peu de recul, il me semble qu'Eminem, Pantera, Radiohead, James Brown, Bob Dylan et Aphex Twin, c'est un peu la même chose en définitive dans les grandes lignes. Boulez ou Wagner en revanche, ça n'a putain de rien à voir.

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[ Dernière édition du message le 30/07/2018 à 07:43:29 ]

156
Citation :
Mais il n'y a rien là-dedans que des déclinaisons de choses anciennes. Se souvient-on d'ailleurs de la dernière chose qui ait été inventée en politique ?


L’entrée dans l’anthropocène. L’objectif de la décroissance heureuse.

Si c’est pas du lourd...

[ Dernière édition du message le 30/07/2018 à 08:51:27 ]

157
Citation :
L’entrée dans l’anthropocène. L’objectif de la décroissance heureuse.

Si ça c’est pas du lourd...


Oui, c'est du lourd. Mais pour faire mon lourd à mon tour, je soulignerais que si l'idée de décroissance s'incarne en 72, si elle commence à être pensée concrètement sur les plan politiques, économiques et sociaux à ce moment, on trouve bien avant les racines de cette pensée : dès le XIXe, il y a des gens pour s'effrayer du chemin que prend la société de consommation et que ce soit après 39-45 ou avant, il y a pas mal de gens encore pour contester la vision progressiste de l'histoire d'Hegel, pour dire qu'il faudrait faire machine arrière. Même s'il ne dénonce pas la société de consommation car ce serait anachronique, je pourrais parler du retour de l'homme à la nature prôné par Rousseau au XVIII dans le sillage de la pensée romantique allemande, du schisme Amish au XVIIe siècle (si ça, c'est pas de la récession avant l'heure :ptdr:), eux-même n'étant pas sans liens avec l'idéal épicuriste dans l'économie du besoin (parce que bon, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens à tort, l'idéal épicuriste remontant au 3e siècle avant JC, c'est de bouffer du pain sec et de l'eau et de trouver son plaisir là-dedans). Bien sûr, il n'est pas question alors d'écologie, de capitalisme et de décroissance à proprement parler, mais bon, cette pensée que le progrès est peut-être dans le recul est aussi vieille que le monde.

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@ Los Tenios il faut que tu m'expliques ta définition de nouveauté et la date où la dernière chanson "nouvelle" a été écrit, parce que tu parles de Malevich et duchamps, c'était il y a plus de 100 ans! Difficile de ne pas y voir du pecimisme ! Qu'est ce qu'il reste à faire après Le carré noir de 1915? La moitié de l'œuvre de Picasso, dont Guernica en 37, tout Pollock, tout Rothko, tout Miro, ... Heureusement qu'ils ont pas posé les pinceaux après Malevich et Duchamp

si il faut donner des exemples j'étais assez désespéré d'entendre quelque-chose de franchement nouveau ( dans ma définition qui n'est peut-être pas aussi exigeante qu'une d'autres ) puis je suis tombé sur l'album de Bent Knee: Land Animal, et. À m'a donné la pêche pour 3 semaines : c'est bon, il y a encore des gens qui font avancer la machine à imaginer! Pour moi c'est quelque-chose de nouveau, ça puise ses bases dans le rock, le prog, la pop, la funk, (thèse) mais c'est pas nostalgie d'un passé meilleur (antithèse), c'est un genre uniforme (synthèse) Du neuf avec du vieux, oui, mais comme tout ce qui a été créé ces 20.000 dernières années, on crée toujours en réaction on en continuation de quelque-chose. L'artiste qui sortent l'idée de génie de son pouce c'est un fantasme qui (il me semble) n'a pas d'application

Bent Knee:
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160
Citation :
Bien sûr, il n'est pas question alors d'écologie, de capitalisme et de décroissance à proprement parler, mais bon, cette pensée que le progrès est peut-être dans le recul est aussi vieille que le monde.

Sauf que la manière dont on va gérer la decroissance est à inventer. Ça ne sera pas d’une manière qui a déjà été faite.


Citation :
Parce qu'une fois qu'on a peint un carré blanc sur fond blanc, on revient sur ses pas pour repeindre une pomme dans une coupe de fruit.

Pour moi ce n’est pas la fin de l’histoire, c’est juste la fin d’une des racines d’un arbre qui en compte des milliers ou des millions. Une racine basée sur une certaine provocation, pas forcément la racine la plus intéressante.



C’est sûr que plus on a déjà fait, plus ce qu’on ajoute est petit par rapport à ce qui existe déjà. De fait, la production d’une personne peut de plus en plus difficilement avoir « une taille » équivalente à « tout ce qui a été fait avant ». N’empêche que la taille de la pierre qu’elle apporte à l’édifice n’est pas forcément moins grande que la taille des pierres précédentes.

De fait, si on regarde les chises sous cet angle-là, alors la situation redevient similaire entre les mathématiques et la physique : on ajoute sans cesse des connaissances, qui semblent de plus en plus petites, relativement à la somme de ce qui est déjà connu.


Citation :
Mais ce sont pour moi plus des révolutions sociales que musicales. Le premier mec qui a fait du scracth, il l'a fait au GRM. La révolution musicale a lieu à ce moment là. Que trente ans plus tard, un DJ pense l'inventer et en fasse un élément constitutif de la musique hip hop, et ça devient la récupération de quelque chose qui existe déjà au profit d'une révolution socio-culturelle.

Et puis je ne pense pas que le premier gars qui a fait du scratch était au GRM. La révolution n’a pas eu lieu à ce moment là. C’était une curiosité de laboratoire, un truc qui ne touche pas des auditeurs, un public. À tel point que les musiciens qui l’ont fait plus tard en ont eu l’idée par eux même, sans savoir ce qui a été fait au GRM. En fait le GRM n’a pas inventé une musique populaire basée sur les samples ou le scratch.

Ironie de l’histoire, ce sont même ceux qui ont fait de la techno qui ont rendu les deux Pierre aussi populaires. De fait, elle est vraiment là la révolution !


Et le fait qu’une chose puisse être réinventée plus tard, ailleurs, indépendamment, ça relativise l’importance de la première invention et du premier inventeur.

[ Dernière édition du message le 30/07/2018 à 09:53:28 ]

161
Suis bien d'accord Pouet : l'humanité créé depuis 12.000 ans et si ça fait 30 ans que tout a été fait, c'est soit vraiment vraiment pas de bol pour nous, soit on ressent ce que chacun a ressenti à son époque par manque de recul ?
162
Citation de raoulish :
Hahaha merci pour "L'alim Fantomas"

ha ha j''avais pas capté en lisant la chronique :)))
163
Personne ne sait si le scratch n'a pas été testé avant par Bernoulli ou un autre de ses contemporains en fin de compte.
Peut-être même qu'on a scratché sur des silex quelques temps avant...

J'aime bien ce que dit Doc sur la taille de la pierre portée à l'édifice. C'est tellement vrai.

Et j'aime aussi cette citation de Jean Cocteau :
"L' AVENIR N'APPARTIENT À PERSONNE. IL N'Y A PAS DE PRÉCURSEURS, IL N'Y A QUE DES RETARDATAIRES."
Je l'avais affichée dans mon bureau, c'est une chouette piqûre de rappel pour les jours où l'ego prend trop de place.

Concernant Chris et l'article dans Voici... C'est une première pour moi, aller voir une page sur leur site web est quelque part un évènement pour moi. :-D Quelle mauvaise foi! De sa part je veux dire. Qui l'accuse de plagiat ? D'utiliser des boucles préfabriquées oui, évidemment. Et c'est plus une question telle qu'elle est débattue ici qu'une mise au pilori...

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@Los Teignos . Après une bulle qui aura duré 50 ans environ, la Musique reprend une place qu’elle n’aurait jamaiis dû quitter, mais tout va bien pour elle.
Bulle dûe à l’invention du transistor et du microsillon (1946-1947)
Les fabricants de hardware (Sony, Pathé Marconi EMI, RCA, CBS) ont soufflé dans cette bulle de la musique « pop » pour vendre du contenu ( disques ) indispensable à la vente de matériel. Vinyles, Hi-Fi, K7, baladeurs, CD.
Après les années folles et la concentration des capitaux gigantesques en Majors, la dématérialisation du support a permis un dernier sursaut du marché grâce au lecteur mp3.
Aujourd’hui plus de contenu du tout, le streaming est dans le cloud, et les choses reprennent leur place naturelle.
À savoir que les personnes réellement intéressées par la Musique ne représentent pas plus de 10% de la population, grand maximum.
Idem pour la littérature, la peinture... Pourquoi en serait-il autrement ?

J’ai écrit un long article argumenté sur ce sujet. Comme quoi, suffit d’un regard un peu marxiste sur le sujet pour devenir pessimiste ! Mais perso je préfère le concept stendhalien de Happy Few ;-)

@ Dr Pouet : la comparaison avec la Science est bien rapide !
Les trente dernières années sont sans doute les plus riches en découvertes de tous les temps.
Séquençage du génome, épi-génétique, étude des neuro-transmetteurs, découverte des exo-planètes, biologie cellulaire, neurogenèse...

[ Dernière édition du message le 30/07/2018 à 10:56:22 ]

165
Citation :
Suis bien d'accord Pouet : l'humanité créé depuis 12.000 ans et si ça fait 30 ans que tout a été fait, c'est soit vraiment vraiment pas de bol pour nous, soit on ressent ce que chacun a ressenti à son époque par manque de recul ?


C'est toute la question, chaque génération ayant été habitée par une la prémonition de sa fin proche autant par égocentrisme que par angoisse de l'animal qui sait qu'il doit mourir. Avouons tout de même que depuis le XXe siècle, entre la fonte des pôles, l'arme nucléaire, la surpopulation, l'ultralibéralisme débridé, on a encore plus de raisons d'être inquiets.

Avouons que TF1 ou M6 sont peut-être même plus flippants que le nucléaire, la surpopulation, l'ultralibéralisme et le réchauffement climatique réunis. :ptdr:

Citation :
il faut que tu m'expliques ta définition de nouveauté et la date où la dernière chanson "nouvelle" a été écrit, parce que tu parles de Malevich et duchamps, c'était il y a plus de 100 ans! Difficile de ne pas y voir du pecimisme ! Qu'est ce qu'il reste à faire après Le carré noir de 1915? La moitié de l'œuvre de Picasso, dont Guernica en 37, tout Pollock, tout Rothko, tout Miro, ... Heureusement qu'ils ont pas posé les pinceaux après Malevich et Duchamp


Je ne dis pas qu'il n'y a rien de nouveau, hein. Je dis juste que la nouveauté aujourd'hui est depuis près d'un siècle dans certains arts est dans l'hybridation de ce qui a été fait et que l'hybridation n'a pas toujours guidé l'histoire de l'art, qu'il y a eu des révolutions. En gros, des mecs ont passé des siècles à faire un alphabet, lettre après lettre, et on l'utilise aujourd'hui pour s'exprimer. Mais que l'heure n'est plus à compléter cet alphabet.

Prenons la simple représentation d'une pomme, il y a trois façons de faire :
Représenter la réalité d'une pomme, c'est la mimesis qu'on trouve dans le classicisme nourri de l'antiquité grecque.
Représenter la vérité d'une pomme par delà sa réalité, c'est ce qui commence à se passer quand on abandonne franchement la mimesis au XIXe et atteint son paroxysme au XXe : vous pouvez mettre là-dedans l'impressionnisme, le cubisme, le surréalisme et tout ce qui n'est pas abstrait ou classique. Mais on peut aussi sans doute y ranger l'art médiéval ou préhistorique : ça se discute, je pense, de classer cela à part dans une quatrième façon qui tiendrait au simple signifié d'une pomme.
Et puis il y a refuser de représenter une pomme, c'est l'art abstrait. Et que oui, pour moi, une fois que Kandinsky l'avait fait avec des lignes, ça n'avait plus rien de révolutionnaire de la faire encore avec des ronds, avec d'autres couleurs, d'autres matières : c'était la suite logique d'un virage à 180°. Ce n'était pas inintéressant en soi, ça peut même être passionnant, émouvant, touchant, mais ce n'est plus révolutionnaire. Ce qui fut révolutionnaire, c'est l'idée de base de l'art abstrait, pas son incarnation sous toutes les formes même si ça n'a rien d'inutile bien au contraire.

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[ Dernière édition du message le 30/07/2018 à 12:51:44 ]

166
Citation :
En gros, des mecs ont passé des siècles à faire un alphabet, lettre après lettre, et on l'utilise aujourd'hui pour s'exprimer. Mais que l'heure n'est plus à compléter cet alphabet.


Et aujourd'hui on fait volontairement sauter des lettres en s'exprimant en abrégé. C tro cool sa pren - 2 place. Pardon pour les angoisses de régression. Pour le moment la seule décroissance vraiment visible est celle de l'intellect. Ça fait vieux con? Et alors, vouloir préserver quelques bonnes choses pour les transmettre à ceux d'après est-ce un mal? Ils en feront ce qu'ils voudront. Tant pis si ça fait une génération de Juls et tant mieux si dans le lot il y a un Camus ou un Pratchett bien planqué. ;)

Citation :
Prenons la simple représentation d'une pomme, il y a trois façons de faire

Quatre en fait (et même plus si on considère la fabuleuse histoire de Jacques Chirac et des Guignols). La quatrième c'est prendre la pomme, la croquer et en faire un logo qui rassemble les foules comme une religion.
Le concept marketing, un truc de rien du tout qui aujourd'hui fait plus de bruit que n'importe quoi d'autre. Suivant la virgule de Nike et autres logos/pictos qui connurent le même destin.
Tout cela pour dire que sur trois représentations de ta pomme il en existe une au bout qui est un objet de marketing.
Tu peux le faire avec n'importe quelle représentation picturale, tout a été utilisé (ou le sera) à des fins mercantiles.

Dans le même esprit tu peux prendre Picasso, l'un des artistes les plus célèbres au monde. De Picasso et son œuvre à son nom en tant que modèle de voiture...
À quand un Samsung Galaxy Proust ? Une Sony PSx Dalì ? Et pourquoi pas un Apple Newton (oui, ça a été fait)...

Quand on en est à capitaliser - à ce point, parce que ça s'est toujours un peu fait - sur un nom il y a des questions à se poser. On préfère parler de l'artiste plutôt que de son œuvre très 'subliminalement' suggérée.

Je vois souvent les dernières sorties dans le marché du design de mobilier et très honnêtement ça m'attriste. Pas parce que c'était mieux avant mais justement parce qu'entre avant et aujourd'hui il n'y a pas grand chose de différent. Certe la morphologie humaine n'a pas connu de grand changement depuis fort longtemps et incidemment l'ergonomie n'a pas plus de raison que cela d'être bouleversée... Mais ça m'attriste.

Quand je disais "tout a été fait/dit" ce n'est pas par fatalisme ou pessimisme mais par tristesse de voir qu'il existe des limites. Et personnellement les limites m'emmerdent de plus en plus. J'ai soif de grands espaces autant physiques qu'intellectuels. J'apprécie les contraintes parce qu'elles permettent la volonté de les dépasser. Mais les limites non.
Si vous me prouvez de façon tangible que j'ai tort vous me rendrez infiniment heureux. ;)

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[ Dernière édition du message le 30/07/2018 à 12:40:30 ]

167
Citation de Los :
Citation :
A l'attention de Los Teignos, cette question préalable :
Tu utilises à un moment l'expression "fondamentalement neuf".
Désigne-t-elle un concept ? Ou bien n'est-ce qu'une façon de parler, en passant ?

Si tu veux bien t'en tenir aux domaines de l'art, peux-tu expliciter le sens que tu donnes, toi, à ce concept, tel que tu le convoques ici ?
L'élément vraiment déterminant étant, ici, je crois, le "fondamentalement".


Un concept, je ne sais pas. Disons que de la façon dont je le vois, l’histoire de l’art n’est pas différente de celles des sciences ou des idées, et que ces histoires sont jalonnées par des révolutions brutales, des blasts qui peuvent provenir d’une oeuvre ou d’un homme qui démolit ce qu’il y avait avant pour poser une base neuve, un renouvellement de toute la façon d’envisager les choses. ..............................................
Bref, pour l’heure et depuis des décennies déjà, il n’y a plus de bouleversement esthétique d’ampleur et on est face à du patchworking où chacun puise dans les écoles du passé pour exprimer sa singularité. Et c’est très bien car l’art rentre sans doute de la sorte dans son âge adulte : celui où il n’est plus le fait d’un prophète qui amène sa vérité aux autres, mais celui où il est un outil dont chacun peut se saisir pour s’exprimer.


Je suis rassuré, Los Teignos, que tu ne présentes pas ton "fondamentalement neuf" (dans le domaine des arts) comme un concept... Dans un premier temps.
Parce que, ensuite, comme tu dis ne pas discerner de différences entre l’histoire de l’art et celles des sciences ou des idées, nous en revenons au même point, à mon sens : le "neuf", au sens de fondamentalement neuf, a bien, pour toi, valeur de concept, dans le domaine de l'art - qui seul m'intéresse ici.

Je crois que d'autres ici ont assez développé ce qui distingue - fondamentalement - une théorie scientifique (ou même philosophique) d'une oeuvre d'art. Je n'y reviens pas.
Qu'ensuite on observe que, dans les activités scientifiques, les personnes s'écharpent (personnellement) aussi brutalement que peuvent le faire les chefs de file (autoproclamés) des "écoles" esthétiques, ça ne prouve que la permanence de certains traits de l’espèce humaine, en toutes circonstances ; cela ne correspond en rien, ni dans un sens ni dans l'autre, à la validité de leurs théories, ni à ce qu'elles auraient de "neuves" - ou pas.

*
Cet aphorisme de Picasso ("les bons copient, les grands volent"), je me suis étonné que personne ne le reprenne... pour le comprendre.

*

Ce matin, lundi 30 juillet 2018, le soleil se lève. Le jour qui se pointe est neuf.
Neuf d'une nouveauté absolue.
Des milliards de milliards de jours ont ainsi pointé, de la même façon, avant celui-ci.
Mais, ce jour-là, lundi 30 juillet 2018, cet aujourd'hui-là, il aura demain sombré pour ne plus jamais se relever. C'est pourquoi ce jour est unique. Puisqu'il est unique, il ne peut être que neuf : il n'a pas son pareil, nulle part, ni dans le passé ni dans l'avenir.

Je vais bientôt monter à mon atelier pour composer de la musique, je suppose.
Je ne sais pas si elle va un jour marquer l'histoire...
Mais je sais que j'accomplis ainsi quelque "chose" de toujours unique, comme l'est ce jour d'aujourd'hui, lundi 30 juillet 2018.




"Le jugement est un outil à tous sujets, et se mêle partout... "  (Montaigne / Essais I / chap L)

http://patrickg75.blogspot.fr/

https://patrickg.bandcamp.com/

 

[ Dernière édition du message le 30/07/2018 à 13:26:18 ]

168
@patrick_g75 : Le jour qui point. :D:

Du verbe poindre (sauf si le jour joue à la pétanque, là c'est autre chose...) :D:

[ Dernière édition du message le 30/07/2018 à 13:16:44 ]

169
Il pointe, le jour, comme je dis que je pointe mon nez.
C'est pas très soutenu comme style, je l'avoue.
icon_facepalm.gif
Ou alors c'est de la poésie tout à fait neuve ?
;)

Ceci dit merci Riatto_Music
J'ai arrangé (edité) en conséquence !
;)

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[ Dernière édition du message le 30/07/2018 à 13:27:26 ]

170
Ah si c'est de la licence poétique, je retire !! :bravo:
171
Citation de Riatto_Music :
Ah si c'est de la licence poétique, je retire !! :bravo:


Non, tu as eu raison de me reprendre !
Ce n'était pas assez nettement licencieux...
;)

Bon, j'avoue tout :
"Le jour pointe" : j'avais en tête l'ouvrier qui pointe à son entrée à l'usine, tous les matins.
Mais l'image n'est pas très évidente...
Alors "Le jour se pointe"... c'est un peu familier commun limite vulgaire ?
Mais comme ça, ça m'botte !
;)

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[ Dernière édition du message le 30/07/2018 à 13:48:07 ]

172
J'apprécie que Patrick se soit pointé sur ce fil. :-D

C'est beau ce sujet. À croire que la critique est une forme d'art. (Vous avez quatre heures).

Il y a peut-être une nuance à apporter entre "nouveau" et "renouveau", entre "fondation" et "continuité". C'est là que nous participons tous, de ce ruban d'histoire qu'est l'aventure humaine dans ce qu'elle a de plus vil mais aussi de plus beau.
Je reste persuadé que nous sommes face à un problème de comportement et de dévoiement de valeurs plutôt qu'à un échec de la pensée. Un comportement de diva ne fait pas la diva. Je ne vise pas les femmes en particulier, les mâles sont tout à fait à même de se comporter en divas.

La technique ne fait pas l'art mais y participe. Le solfège, l'apprentissage de l'instrument ou en version moderne la pensée en grille et le jeu aux pads, sont la même chose. C'est une pensée structurée à acquérir et à entraîner.
On se permet plus facilement de ne pas songer à la technique d'autant plus qu'on en a la maîtrise... Enfin c'est ce que je crois.

Donc, nos divas actuelles ont davantage le comportement sans forcément assurer derrière. C'est un jugement de valeur et je le reconnais. Et je ne me l'exclue pas de ce jugement.

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Démos Audio / Soundcloud BTSLa chaîne YouTube

"001001001111010010010010100010 !" Mireille DAC.

173
@patrick_g75 : le jour se pointe c'est cool.
Il s'accoude au flipper et commande une bière fraîche, on est bien !! :-D
174
Si j'utilise la même loop que Christine pour une titre commercialisé, peux-t-elle m'accuser de plagiat ?

Avec l'usage de samples royalty free on va vers un joyeux boxon :-D

Bientôt on devra spécifier les banques de sons utilisés sur les cd, comme les ingrédients sur les paquets de pates.



[ Dernière édition du message le 30/07/2018 à 15:05:07 ]

175
Patrick, il ne faut pas que mon 'neuf' te chagrine car ce n'est peut-être pas le mot juste. Évidemment que tout est toujours original dans les oeuvres réalisées et le fait de ne rien apporter de révolutionnaire ne doit pas nous décourager de créer, c'est même sans doute mieux comme cela car il me semble que c'est une forme de maturité à laquelle l'art est arrivé : les outils et les techniques sont enfin prêts, il n'y a plus qu'à s'en servir.

Pour expliciter cette idée du révolutionnaire ou du fondamentalement neuf, je dirais qu'il y a une infinité d'incarnations physiques possibles du concept "chaise", et heureusement qu'on continue de les explorer pour pouvoir s'asseoir, même si tout cela découle d'un premier inventeur qui a posé le concept et que cela le distingue dans l'histoire de ceux qui ont juste construit des chaises à sa suite. Ceux-là ne sont pas moins importants que le premier pour les milliards de milliards de fesses qui ont dû s'asseoir dans l'humanité, mais oui, on ne va pas marquer l'histoire d'une pierre blanche à chaque fois qu'un autre homme fabrique une nouvelle chaise, comme on ne marque pas l'histoire d'une pierre blanche à chaque fois qu'un homme fait du feu. On marque d'une pierre blanche le premier qui en a eu l'idée.

Et l'impression que j'ai, c'est que depuis pas mal de temps, on explore le concept de chaise mais qu'il n'y a pas de nouveau concept pour s'asseoir qui n'ait été déjà inventé. Je peux me planter avec l'histoire des sciences car je suis loin d'être un cador en épistémologie, mais je ressens avec une grande force depuis 44 ans que je suis sur terre ce sentiment d'appartenir à une époque où, dans l'art, il y a sans doute encore du feu à faire, mais plus à découvrir comment faire la première flamme.

Ca ne m'empêche nullement de prendre du plaisir avec ce que font mes contemporains, de leur reconnaître bien des mérites que je n'ai pas, de créer moi-même, de savoir l'utilité de tout cela pour moi comme pour la civilisation et la société des hommes dans leur ensemble, mais oui, il me semble que la nouveauté est aujourd'hui dans l'hybridation de l'existant, et si je demeure sensible à ce qui se fait, si bien des choses résonnent en moi dans ce qui est produit aujourd'hui, je n'ai pas encore vu, lu ou entendu ou même joué à quoi que ce soit qui viennent de mes contemporains qu'on designe souvent bien abusivement comme des génies (et qu'on désigne ainsi parce que les génies ont supplanté Dieu en Occident dans le sentiment religieux), qui puisse justifier d'une nouvelle case dans le tableau périodique des éléments. C'est tout ce que je dis.

Citation :
Qu'ensuite on observe que, dans les activités scientifiques, les personnes s'écharpent (personnellement) aussi brutalement que peuvent le faire les chefs de file (autoproclamés) des "écoles" esthétiques, ça ne prouve que la permanence de certains traits de l’espèce humaine, en toutes circonstances ; cela ne correspond en rien, ni dans un sens ni dans l'autre, à la validité de leurs théories, ni à ce qu'elles auraient de "neuves" - ou pas.


Oui et non. Je voulais juste pointer que chez les réformateurs, il y a des oppositions gigantesques : le projet romanesque d'un Flaubert contredit en tout point celui de Balzac. Il ne l'améliore pas, il n'est pas un perfectionnement de celui-ci, ni même une correction qui s'inscrirait dans une continuité. Il l'annihile point par point pour désigner une autre voie, une voie qu'empruntra Maupassant par exemple. Ca ne veut pas dire qu'il a raison ou qu'il a la plus longue, ça veut juste dire mais qu'à part sur une frise historique, il n'y a aucun rapport à faire entre l'oeuvre de l'un et celle de l'autre, parce que, pour reprendre l'idée de l'arbre, Flaubert n'est pas une ramification de Balzac, c'est une nouvelle racine qui part du tronc et qui pousse à l'opposé.

Je me souviens de mon prof de philo de Terminale qui nous expliquait que, pour lui, les grands philosophes étaient des gladiateurs et j'ai toujours pu trouvé cette vision ô combien juste. Quand Platon arrive, il ne dit pas "Les sophistes ont raison mais je me permettrai d'ajouter ceci", il dit "les sophistes n'ont rien compris à rien, ils ont tort sur toute la ligne" et "je vais vous expliquer vraiment comment ça marche". Comme le feront Kant ou encore Nietzche plus tard, en détruisant point par point les théories édifiées par leur prédécesseurs. Et c'est pareil pour ceux qui jetteront les bases du communisme ou du socialisme en face de ceux qui ont jeté les bases du libéralisme et du capitalisme, et c'est pareil dans les grands mouvements de l'histoire de l'art. Après, dans notre époque contemporaine, il me semble qu'on est revenu des écoles qui ont toutes été bâties, et qu'on navigue entre ces pôles, ces idéaux, ces concepts, ces formes pures, qu'on essaye de prendre un peu de ci pour contrebalancer beaucoup de ça, de faire du syncrétisme bon gré mal gré. On est donc dans l'hybridation, la conciliation, alors que le passé fut à la confrontation et la violence de Ying et de Yang qui ont forgé les reliefs de notre culture.

(désolé pour ces multiples comparaisons et analogies mais c'est assez dur de sortir de moi ces choses qui sont autant de l'ordre du ressenti que des idées)

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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

[ Dernière édition du message le 30/07/2018 à 15:41:02 ]