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Editorial du 28 juillet 2018 : commentaires

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Sujet de la discussion Editorial du 28 juillet 2018 : commentaires

Chris hookedLe monde est choqué : Comment ? Damn, Dis Moi, la dernière chanson de Christine and the Queens, ne serait qu’un assemblage de boucles libres de droits fournies avec Logic, le séquenceur phare d’Apple ? C’est scandaleux ! Ca ne relève même pas du sampling, s’indigne-t-on ! Elle n’a rien fait ! Elle n’a aucun mérite !

En plus d’un texte et d’une mélodie, elle n’a pourtant fait qu’utiliser un logiciel et les ressources mis à sa disposition, comme tout le monde le fait depuis que nos instruments et nos effets sont livrés avec des presets ou des patterns, c’est-à-dire depuis quelques décennies déjà. Aurait-elle été plus méritante de mettre un micro devant un piano pour jouer ces mêmes accords que des millions de musiciens ont probablement joués avant elle ? La question se pose, sachant qu’après les siècles que nous avons passés, nous autres occidentaux, à retourner les douze mêmes notes dans tous les sens, il n’existe probablement pas d'accord, de progression harmonique ni même de mélodie ou de rythmes qui n’aient pas été déjà écrits. Et quand bien même on voudrait comme Hugo prendre la posture de l’artiste besogneux qui gravit la montage intime un soir d’orage pour se faire frapper par quelque muse ou divinité, il n’en reste pas moins que le pastiche et le collage ont toujours existé dans l’art, qu’ils en sont même un des principaux ressorts, au point de faire dire à Picasso que si les bons artistes copient, les grands artistes volent. La fille a chipé trois boucles d'un sound designer pour en faire sa chanson ? À la bonne heure...

À l’heure où combiner des boucles préenregistrées suffisent à jeter les bases d'une compo, comme on le voit d’ailleurs dans le test d’Output Arcade que nous publions cette semaine, on serait bien inspiré en tout cas de juger une oeuvre sur ce qu’elle est à la fin et non sur sa genèse, car même faite de A à Z avec les meilleurs musiciens et les meilleurs techniciens, une mauvaise chanson restera toujours une mauvaise chanson tandis que le bon chasseur, lui...

Il est sûr à la fin que si Christine avait eu la bonne idée de passer sa batterie dans une distorsion comme la Boum d’OTO Machines, elle se serait exposée à moins de critiques. Même chose si elle avait enregistré ses cocottes avec une vraie guitare en utilisant au besoin la Sim1 XT-1 capable de faire passer des Les Paul pour des Strat et vice et versa. Mais elle ne l’a pas fait, peut-être par flemme ou par facilité, et ce n’est pas moi qui lui jetterais la pierre vu que la semaine prochaine, Audiofanzine va ralentir son rythme pour laisser à sa petite équipe le temps de prendre quelques vacances. Comme sur le service public, attendez-vous donc à quelques rediffusions : le gendarme à Abbey Road, la 7ème compagnie fait du home studio, l’alim Fantomas, ce genre de choses…

Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.

Los Teignos
From Ze AudioTeam

__________________________________________________________________________________
Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

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126
Citation :
on a abordé aussi le rythme mais on a oublié que la longueur des notes (liées ou pas) décuple aussi le calcul...


C’est vrai que si on n’en tient pas compte, on risque de trouver identiques « Mars » de Gustav Holst, et « Ça plane pour moi ».
:-D

[ Dernière édition du message le 29/07/2018 à 17:13:53 ]

127
je déteste lire des km de mots sur un écran, j'ai du coup zappé pas mal de vos messages désolé mes gens ...
Pis franchement, Christine machin ça casse pas 3 pattes à un canard (à propos on comprend absolument rien quand elle "chante").
Rock is dead!
128
Il y a aussi un avant et un après Jul.
Sans polémiquer, c'est une forme d'alien-né et presque unique en son genre.

En fait il est encore possible de laisser une trace dans l'Histoire. Tout dépend du genre de trace et surtout de ce que l'on considère comme l'Histoire. Est-ce que faire date est ce que cherche tout musicien ? Pas certain. J'ai du mal à croire que beaucoup ici se disent qu'ils vont laisser quelque chose d'historique dans le paysage sonore. Pas par modestie mais au moins par honnêteté.

Merci à l'ami alator64 de me citer dans mes œuvres, même si je ne suis pas certain d'avoir saisi ton propos. ;)

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"001001001111010010010010100010 !" Mireille DAC.

129
Citation de linn134 :
Ce fil est passionnant.

C'est très candide j'en suis certain.
Je tiens juste à préciser que j'ai quitté mon ancien métier pour ce que j'ai écrit au paragraphe précédent.


Non ! C'est pas candide ! C'est éthique ! C'est l'essence de la création artistique. L'expression du créateur. L'artiste comme prescripteur de culture et non pas comme marchand de tapis.
La musique c'est comme la gastronomie. Il y a du McDo juste pour les gens qui veulent se goinfrer et suivre leur route, et le restaurant gastronomique, pour les gens qui apprécient la bonne cuisine et prennent leur temps.
Seul que le restaurant gastronomique est méprisé parce que c'est du resto "pour les riches". Élitiste.
De même, il y a certain type de musique qui est considéré élitiste.
La musique classique, le jazz, sont méprisés par ceux qui assemblent des samples. Combien de fois je suis intervenu dans des discussions semblables ! Et toujours je suis parti vaincu.
Dans un autre topique, on m'a traité de troll qui parle du sexe ds anges pour avoir abordé ce sujet.
La vérité est la raison du plus grand nombre. Et ça les industriels le savent bien.

SF

[ Dernière édition du message le 29/07/2018 à 17:50:33 ]

130
A l'attention de Los Teignos, cette question préalable :
Tu utilises à un moment l'expression "fondamentalement neuf".
Désigne-t-elle un concept ? Ou bien n'est-ce qu'une façon de parler, en passant ?

Si tu veux bien t'en tenir aux domaines de l'art, peux-tu expliciter le sens que tu donnes, toi, à ce concept, tel que tu le convoques ici ?
L'élément vraiment déterminant étant, ici, je crois, le "fondamentalement".

Question subsidiaire : ce concept (si c'en est un pour toi) est-il indifférent de le faire servir dans les domaines scientifiques et même philosophique, comme dans les domaines de l'art ?

Ps : Cette question est sans rapport direct avec celle sur laquelle j'ai promis de "revenir" - qui est à propos det ce que tu dis être un "épuisement des écoles, au profit d'une expression individuelle qui fait son marché dans l'existant".

"Le jugement est un outil à tous sujets, et se mêle partout... "  (Montaigne / Essais I / chap L)

http://patrickg75.blogspot.fr/

https://patrickg.bandcamp.com/

 

131
Considération plus terre à terre : si maintenant quelqu’un décide de commercialiser (puisque c’est étrangement possible) un morceau fait avec les mêmes boucles (tout ou partie) de logic que celles du morceau de Chris, peut-il avoir des problèmes juridiques ? Autrement dit, ce qui était libre de droit a-t-il cessé de l’être à l’endroit de ce qui a déjà été commercialement utilisé ?

[ Dernière édition du message le 29/07/2018 à 18:52:59 ]

132
Citation de Napator32 :
Considération plus terre-à-terre : si maintenant quelqu’un décide de commercialiser (puisque c’est étrangement possible) un morceau fait avec les mêmes boucles (tout ou partie) de logic que celles du morceau de Chris, peut-il avoir des problèmes juridiques ? Autrement dit, ce qui était libre de droit a-t-il cessé de l’être à l’endroit de ce qui a déjà été commercialement utilisé ?


Je ne sais pas si elle est "terre à terre", mais cette question est aussi délicieusement, et véridiquement, tordue que toute bonne question précisement juridique !
:bravo:

"Le jugement est un outil à tous sujets, et se mêle partout... "  (Montaigne / Essais I / chap L)

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133
Citation :
Merci à l'ami alator64 de me citer dans mes œuvres, même si je ne suis pas certain d'avoir saisi ton propos.


D'abord c'est altor comme la lessive ! :8)

Ensuite mon propos était de t'englober dans les artistes qui ne rentrent pas dans le cadre des Major Cie et qui forment la légion des illustres anonymes du net qui se contentent de faire ce que leur sensibilité leur dicte sans se préoccuper le moins du monde de plaire à la masse ou à un aéropage de suiveurs, et c'est en cela qu'ils deviennent "novateurs" sans parfois le vouloir et le fait d'être noyés dans la masse n'est pas un problème pour moi ni pour tous les gens qui se plaisent à aller voir ailleurs si l'herbe est haute et grasse ! :bravo:

Et pour (tenter de) répondre à ton questionnement du post N° 120 je pense que nous subissons un paradigme éprouvant qui n'a encore jamais été atteint à un tel niveau dans l'Histoire du monde, je m'explique...

La surpopulation actuelle est un des aboutissements d'un système qui ne se préoccupe que de son propre pouvoir personnel aux dépends de l'humanité (et le problème est beaucoup plus inquiétant écologiquement par ex. que dans les domaines artistiques), c'est une surpopulation voulue, préparée, désirée et dont les tenants sont systématiquement à l'avantage d'un petit ilôt "d'initiés"... un des résultats se trouve de fait dans une pensée individualiste, nombriliste, égocentrée et liée intimement au pouvoir matériel, ainsi (comme pour des "artistes" du genre de cette Christine) leur but est de réussir socialement et financièrement à tout prix sans se préoccuper le moins du monde de la moindre honnêteté intellectuelle ou/et de considérations réellement artistiques, ainsi comme pour le problème des quotas inversés, les vrais artistes novateurs (ou pas forcément d'ailleurs) se retrouvent mis de côté malgré tout leur talent et une dose de travail conséquente, invisibles, inexistants...

C'est bien compréhensible de ne pas vouloir finir sa vie pauvre et misérablement noyé dans une masse prolétarienne et de fait on se retrouve à devoir se coltiner du mauvais DJ, du mauvais Rap, de la mauvaise variété, du mauvais rock ou que sais-je parce que tous les créneaux sont déjà surchargés de tout ce fast food musical mais c'est cool du moment qu'ils sont beaux, musclés et benêts à souhait ! :mdr:

C'est donc bel et bien une "course à la survie" comme tu dis et à moins de changer drastiquement de paradigme personne ne pourra strictement rien y faire, c'est la "réal politik" du moment et c'est parti pour durer encore un sacré temps et il n'y a pas la moindre "ré-éducation" à tenter ce serait inutile, toute résistance est futile (contrairement aux problèmes électriques chers à "aaB") !

Evidemment aucun de ces peudo-artistes ne rejoindra le moindre Panthéon dans les siècles futurs mais ils s'en carrent vigoureusement le coquillard et tout le reste, forcément ! :bravo:

134
Le classique et le Jazz ne sont pas snobé par les sampleurs.

Beat Thang iz Dead 

135
J'avions point compris.
Ok, je note: comme la lessive. :bravo:

Je partage ta vision des choses. Mais le grand problème vient du fait que cette vision est désagréable et risque fort de déplaire à beaucoup. Et pourtant elle est terriblement juste mais notre mode de pensée a tendance à nous faire préférer un beau mensonge plutôt qu'une vilaine réalité.

La musique est pourtant un moyen d'agrémenter un peu cette noirceur et de lui apporter une certaine lumière. Pas obligatoirement en chantant le quotidien déprimant avec une guitare et un xylophone, Mickey 3D l'a fait (comme trop d'autres d'ailleurs) et cela n'a pas pour effet de remonter le moral. Sauf peut-être le sien. Mais on peut avoir une dose de masochisme suffisante pour aimer.

Pour en revenir à cette musique qui nous préoccupe, celle qui devrait nous porter et nous transporter, que dire?
Qu'elle est devenue aussi abrutissante que la téléréalité ? Que ce n'est qu'une coupure pub et que le bon film va reprendre ? Que nous n'avons finalement pas d'autre choix une fois encore que de passer par des circuits parallèles pour échapper à cette masquarade ?

Puisque je ne suis ni accro aux antidépresseurs, ni au THC je vais vous faire une bise pleine d'amour innocent et filer à la plage avec la sangria. ;)

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136
Citation de Maniac :

La musique c'est comme la gastronomie. Il y a du McDo juste pour les gens qui veulent se goinfrer et suivre leur route, et le restaurant gastronomique, pour les gens qui apprécient la bonne cuisine et prennent leur temps.
Seul que le restaurant gastronomique est méprisé parce que c'est du resto "pour les riches". Élitiste.
De même, il y a certain type de musique qui est considéré élitiste.

Et entre le McDo et le gastro, il y a une flopée de restos, petits ou gros, qui donnent du plaisir à leur clientèle parce qu'ils aiment ce qu'ils font et le font avec honnêteté et plaisir, simplement.
Tout comme chez les musiciens.

Citation de Maniac :

La musique classique, le jazz, sont méprisés par ceux qui assemblent des samples. Combien de fois je suis intervenu dans des discussions semblables ! Et toujours je suis parti vaincu.
Dans un autre topique, on m'a traité de troll qui parle du sexe ds anges pour avoir abordé ce sujet.
La vérité est la raison du plus grand nombre. Et ça les industriels le savent bien.

C'était donc des cons.
Tout comme il existe le même genre de cons qui, du haut de leur parcours académique, méprisent les "pousse-boutons" et autres "assembleurs de samples" en prétendant que ces gens-là ne sauraient être de "vrais musiciens" cars ils ne jouent pas d'un "vrai instrument de musique".
J'en ai rencontré quelques uns au fil des années, mais je n'irais pas prétendre que tous ceux qui ont fait le conservatoire sont des cons sans ouverture d'esprit qui méprisent ce qu'ils ne comprennent pas.

Au final, c'est la démarche qui compte, pas le medium.
Et l'ouverture d'esprit est un préalable à l'honnêteté, qu'elle sot intellectuelle ou artistique, et ce, tant du côté de l'artiste que de celui du public.

Resistance is not futile... it's voltage divided by current

[ Dernière édition du message le 29/07/2018 à 19:27:13 ]

137
@ linn134 et les autres qui suivent ce débat parallèle...

je pense qu'on est soumis qu'on le veuille ou pas à une révolution culturelle qui a commencé depuis les années 80' et l'avènement de la vidéo...

Il se pourrait très bien qu'il s'agisse d'un cycle identique à ce qu'on a trouvé en pleine période de crise de 29' qui consistait à mettre en avant des artistes qui pouvaient chanter, danser et jouer la comédie, ça s'est appelé "comédie musicale" et cela a mis de côté De Facto une pléiade d'artistes qui n'étaient que musiciens, avec des yeux torves et trois jambes de bois et qui du coup devenaient obsolètes, invisibles...

Là dessus je n'ai pas forcément de considération négative si ce n'est que (probablement provisoirement en tout cas) la musique pure et dure a du mal à exister sans une part de spectacle induite, de "plaisir pour les yeux" etc...
les Buggles le regrettaient en exprimant que la vidéo avait tué les stars de la radio et un peu avant Zappa en disant que "Tinseltown afficionados come to see and not to hear" (je traduis) que les fans de clinquant viennent pour voir et non pour écouter...

On retrouve donc un cycle où d'évidence pour la masse le côté visuel du spectacle passe devant l'art musical pur et dur, à l'arrivée on se retrouve devant des considérations darwiniennes où l'artiste se doit "d'évoluer", de savoir se recycler sous peine de disparaître...et les cimetierres se remplissent de cadavres exquis ! :bravo:

Je dis ne pas avoir de considération négative parce que je pense que quoi qu'on en dise et malgré les dommages collatéraux réels et actuels il y aura un avant et un après, et le après nous amènera de nouveaux artistes complets qui feront une sorte d'unanimité dans leurs forme de talent...l'Histoire nous dit que après la vague des comédies musicales hollywoodiennes on a pu accéder au free-jazz, à Miles Davis, rock des 50's au blues-rock des 60's, à la Beat-génération, au Hard-Rock, à Hendrix...etc.

Je dis aussi que c'est le fait d'une génération parfaitement consciente de tout ça, ils ont compris une ou des choses que nous n'avons pas encore percuté, ils sont en symbiose parfaite avec les principes "d'enveloppe extérieure", de mise en valeur du physique, de l'aspect visible, d'égocentrisme comme valeur pure...etc.
...ça peut sembler risible, cruel et tout ce qu'on veut vu du côté de certains mais c'est darwinien, il y a ceux qui rentreront dans le concept et ceux qui disparaitront comme Néandertal a disparu !
138
@Los Teignos : Bon allez, bonnes vacances et bonnes révisions des multiples de 9 !! ;)

139
Citation de altor64 :

je pense qu'on est soumis qu'on le veuille ou pas à une révolution culturelle qui a commencé depuis les années 80' et l'avènement de la vidéo...

Il se pourrait très bien qu'il s'agisse d'un cycle identique à ce qu'on a trouvé en pleine période de crise de 29' qui consistait à mettre en avant des artistes qui pouvaient chanter, danser et jouer la comédie, ça s'est appelé "comédie musicale" et cela a mis de côté De Facto une pléiade d'artistes qui n'étaient que musiciens, avec des yeux torves et trois jambes de bois et qui du coup devenaient obsolètes, invisibles...


je ne suis pas certain.
Je vois le point d'inflexion plutôt dans les années 90 puis surtout depuis la télé-réalité.
Avant ce moment, l'industrie investissait encore dans des artistes qui allaient avoir une carrière (tout au long de laquelle les industriels feraient du bénéfice).
Puis, l'industrie à commencé à privilégier un ROI rapide, sans investir sur la durée (sur fond de mauvaise foi style "propriété intellectuelle... blabla... l'internet tue la musique... blabla... la copie c'est du vol..." pour justifier le changement de paradigme).
On salarie ceux qui savent faire et on met un visage, peu importe lequel du moment qu'il respecte les normes du moment, par-dessus; on emballe le tout et on vend pour faire un bénéfice le plus rapidement possible. Merci, au suivant...

Resistance is not futile... it's voltage divided by current

140
@ aaB...

Yep c'est certainement un mix de tout ça et évidemment le cynisme des Majors n'y est pas pour rien, il n'empêche que ce qui fascine le plus les jeunes c'est le rapport à l'image, l'accord audio-visuel, le tout appuyé par la démocratisation de tout le matos qui suit la révolution technologique...l'accessibilité au matériel photo/vidéo (sans oublier l'image de synthèse qui leur permet de fabriquer des concepts vidéo à bas coût) a suivi celle de l'audio et je ne vois pas la jeunesse revenir en arrière, ils SAVENT que sans une bonne vidéo leurs chances d'être connus et reconnus s'amenuisent drastiquement, ils ne conçoivent plus un projet musical qui ne serait QUE musical, ils sont meilleurs que nous en "marquetting" de leur propre image, en communication aussi basique et simpliste soit-elle ils vont à l'essentiel.

Je ne parle même pas là seulement de ceux qui sont produits mais de la tendance générale de cette génération, c'est une génération de l'audiovisuel, aidée par les portables, par les Go-pro et la démocratisation de l'ordi... de même que de nos jours (en musique seule) un artiste indépendant doit à minima savoir mixer potablement ou rentrer dans un collectif lui permettant de finaliser ses oeuvres.

141
Une question me taraude depuis longtemps : comment se débarrasser de ces nuisibles chasseurs de profit rapide et à contresens ?

J'ai bien un début de réponse mais ce n'est ni démocratique, ni approprié sur un forum. Alors, quelle solution propre pour en finir avec ce business sale ?

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"001001001111010010010010100010 !" Mireille DAC.

142
Citation de aaB :

Tout comme il existe le même genre de cons qui, du haut de leur parcours académique, méprisent les "pousse-boutons" et autres "assembleurs de samples" en prétendant que ces gens-là ne sauraient être de "vrais musiciens" cars ils ne jouent pas d'un "vrai instrument de musique".


OK ! Je vois que tu presses de boutons et assembles des samples. Sois heureux !
Merci de contribuer à faire baisser les prix des synthés.

SF

[ Dernière édition du message le 30/07/2018 à 00:28:52 ]

143
En musique il n’y a pas de mal à produire et à aimer écouter de « la merde » : Ça n’empêche pas les autres de produire et d’écouter des trucs plus selectifs. Le mainstream a toujours existé, l’underground aussi. Or il me semble que, pour quelqu’un qui a traversé le desert des années 90, on vit une époque d’une richesse exceptionnelle en nombre de petits producteurs de qualité dans foisson de styles iinédits et transfuges..pourquoi ruminer quand on a tout pour jouir ? Être et laisser être comme disait l’autre
144
Super débat sur la question sans fin tout a déjà été fait: ça dépend ce qu'on appelle nouveauté : si c'est " qui ne trouve ces racines nulle part" c'est sur qu'il n'y a rien eu de nouveau depuis 20.000 ans

Les deux minutes de cours de philo qui m'ont marqué c'est la dialectique de Platon :
Thèse : ce qui existe
Antithèse : s'opposer à ce qui existe
Synthèse : reprendre ce qui existe altéré par cette opposition.

Ça me semble résumer tout les mouvements musicaux et artistiques , et ça laisse la possibilité à une continuelle nouveauté dans le futur, si on accepté ce processus comme la définition de la nouveauté...
145
Citation :
A l'attention de Los Teignos, cette question préalable :
Tu utilises à un moment l'expression "fondamentalement neuf".
Désigne-t-elle un concept ? Ou bien n'est-ce qu'une façon de parler, en passant ?

Si tu veux bien t'en tenir aux domaines de l'art, peux-tu expliciter le sens que tu donnes, toi, à ce concept, tel que tu le convoques ici ?
L'élément vraiment déterminant étant, ici, je crois, le "fondamentalement".


Un concept, je ne sais pas. Disons que de la façon dont je le vois, l’histoire de l’art n’est pas différente de celles des sciences ou des idées, et que ces histoires sont jalonnées par des révolutions brutales, des blasts qui peuvent provenir d’une oeuvre ou d’un homme qui démolit ce qu’il y avait avant pour poser une base neuve, un renouvellement de toute la façon d’envisager les choses. Quand Plancq arrive avec les prémices de la physique quantique, il est en totale contradiction au niveau de l’atome avec la séduisante relativité d’Einstein qui se mariait tellement bien avec la physique de Newton. Quand Nietzche arrive, comme Platon ou Kant avant lui, il vient armé jusqu'aux dents pour dire que tous les autres ont tort sur tout. Quand Hugo théorise le théâtre romantique, il ne le fait pas avec révérence et admiration pour Corneille ou Racine, il le fait contre Corneille ou Racine, parce qu’il pense qu’ils ont tort dans leur démarche, dans leur vision du monde comme de la littérature. Et quand Baudelaire et Flaubert démontent à leur tour le Romantisme ou le réalisme, il le font avec la plus grande violence, parce qu’à leurs yeux, Lamartine et Balzac n’ont rien compris. C’est un combat de gladiateur réellement, ou un projet de pensée anéantit l’autre avec brutalité, et que c’est dans cette violence que se sont toujours ouvertes des voies neuves que quantité d’artistes se chargeront par la suite d’explorer, gravissant les marches d’un escalier qu’ils n’ont pas construit.

Loin de moi l’idée de mépriser ces derniers dont certaines oeuvres ont résonné en moi avec force. J’ai été bouleversé à la lecture de Bonnefoy, Char, Apollinaire et Rielke. Cela n’empêche pas que tout ce qu’ils ont écrit était déjà en germe dans l’oeuvre baudelairienne dont, paradoxalement, je ne me sens pas plus proche que cela. J’adore Nicolas de Staël, sa peinture me touche profondément, mais sincèrement, a-t-il apporté quoi que ce soit que la peinture de Kandinsky (qui ne me touche pas d’ailleurs) n’avait pas préalablement désigné ? On nous a parlé de la révolution du Surréalisme : ces hommes ont-ils fait autre chose que de broder autour d’une mauvaise blague de Lautréamont ?On nous a parlé de la révolution du Nouveau Roman : ces hommes ont il fait autre chose que de suivre le chemin tracé par Proust et Joyce bien longtemps avant ? On nous gonfle aujourd’hui avec Houellebecq : certes, il nous parle de notre temps, mais il en parle avec les mots qu’on utilisait déjà 50 ans avant sa naissance.

Pour citer Guillaume : "À la fin tu es las de ce monde ancien" et il me semble bien souvent que ce qu'on nous présente comme nouveau dans l'art contemporain m'apparait déjà ancien. J'ai emmené mon gamin dans une expo sur la société de l'information et du fliquage numérique à la Gaîté Lyrique, remplie d'oeuvres interactives réalisées par des artistes contemporains. Franchement, c'était bien. Ca nous parlait du monde tel qu'il est aujourd'hui, ça posait des questions d’actualité. Ai-je pour autant eu l'impression d'avoir à faire à une révolution dans la façon de dire toute cela ? Pas le moins du monde. Ca avait beau être rempli d'ordinateurs, de lasers, de caméra, de capteurs, de plein de technologies récentes au service d'un propos sur le monde d’aujourd’hui, c’était déjà une façon ancienne de dire les choses, au point que Jules Vernes aurait pu écrire la visite de cette exposition (et Huxley et Orwell son contenu).

Je ne dis pas cela pour faire le blasé et vous rassure : j’adore quantité de choses qui sortent aujourd’hui et suis rempli d’estime pour les gens qui me donnent ce plaisir. Ceci étant dit, je n’ai pas encore vu qui que ce soit de la dimension d’Aristote, Schaeffer, Baudelaire ou Kandinsky dans mes contemporains depuis que je suis né. Soit un type qui change tout. On me dira que les génies sont planqués et que ce n’est que dans un siècle ou deux qu’on s’apercevra de leur existence avec le recul. Mais je ne le crois pas : si le talent peut vivre dans l’ombre, le génie est incapable de passer inaperçu car il dévaste tout ce qui nous semblait jusqu’alors modernité. S’il se trouvait quelqu’un aujourd’hui pour dire des choses d’une façon fondamentalement nouvelle, alors il parlerait. Or, c’est le silence, ou plutôt non, c’est à peu de choses près le même air de flûte que jouent les poètes depuis 1857, le même croquis que griffonnent les peintres depuis 1913, et si l’on veut parler de musique populaire, je dirais qu’avec beaucoup de recul, le blues, le jazz, le death metal et le funk sont aussi proches que le sont génétiquement les grands singes, et qu’il n’y a rien dans la musique électronique populaire ou le hip hop que ne laissaient présentir les travaux du GRM une fois qu’ils auraient croisé la musique populaire américaine.

Bref, pour l’heure et depuis des décennies déjà, il n’y a plus de bouleversement esthétique d’ampleur et on est face à du patchworking où chacun puise dans les écoles du passé pour exprimer sa singularité. Et c’est très bien car l’art rentre sans doute de la sorte dans son âge adulte : celui où il n’est plus le fait d’un prophète qui amène sa vérité aux autres, mais celui où il est un outil dont chacun peut se saisir pour s’exprimer.

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[ Dernière édition du message le 30/07/2018 à 01:57:34 ]

146
Citation :
Les deux minutes de cours de philo qui m'ont marqué c'est la dialectique de Platon :
Thèse : ce qui existe
Antithèse : s'opposer à ce qui existe
Synthèse : reprendre ce qui existe altéré par cette opposition.

Ça me semble résumer tout les mouvements musicaux et artistiques , et ça laisse la possibilité à une continuelle nouveauté dans le futur, si on accepté ce processus comme la définition de la nouveauté...


Le problème, c'est que lorsqu'on en arrive à peindre un carré blanc sur fond blanc, que nous reste-t-il à faire de différent ? Des carrés bleus sur fond bleus comme Yves Klein ? Des carrés déchirés comme Fontana ? Des carrés monochromes comme Buren ? Personnellement, c'est comme cela que je vois tout ce qui a suivi l'art plastique après les toiles de Kandinsky sur le plan esthétique et l'urinoir de Duchamp sur le plan conceptuel, urinoir qui, si on avait eu la bonne idée d'en rester là, à cette giffle et à laisser les gens pisser dedans au lieu d'en faire un veau d'or , n'aurait jamais permis à l'industrie d'inventer Warhol, son produit le pernicieux. Je me souviens d'être allé au Mamac de Nice et j'y ai vu des oeuvres de Ben. Sérieusement, quelle est la nouveauté là-dedans si ce n'est qu'on peut facilement en faire des produits dérivés pour les vendre à la boutique du musée ?

Et quand on en vient à faire de la poésie purement sonore ou graphique comme Hugo Ball en abolissant complètement le sens (on parle d'un truc fait il y a plus d'un siècle, hein), ou des jeux purement formels comme l'Oulipo, qu'on se rend compte alors que ce n'est plus de la littérature, que nous reste-t-il si ce n'est revenir sur nos pas et écrire du Houellebecq qui aurait très bien pu être édité 50 avant tant la seule trace de modernité dans son oeuvre se résume à faire de la provoc sur l'Islam et des copier-coller de Wikipedia ?

Il me semble du coup que ce qu'on veut souvent nous faire passer pour de la nouveauté dans l'art ('on' étant les galéristes, les éditeurs, les chroniqueurs, les médias, soit le conglomérat des vendeurs d'art), c'est simplement pour nous le faire consommer avec un enthousiasme qui soit rentable pour l'industrie. Un peu comme ces lessives ou ces barres chocolatées qu'on affuble parfois d'un sticker 'Nouvelle formulle' ou 'Nouvelle recette' parce que le E112 y a remplacé le E224 et que la couleur du produit a changé.

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[ Dernière édition du message le 30/07/2018 à 02:01:46 ]

147
Citation :
Quand Plancq arrive avec les prémices de la physique quantique, il est en totale contradiction au niveau de l’atome avec la séduisante relativité d’Einstein qui se mariait tellement bien avec la physique de Newton.

Pas tant que ça. Avec la theorie des quantas de lumière, Einstein avait déjà initié, ou contribué à la mécanique quantique. Plancq et Bohr vont la généraliser aux autres corpuscules. Sur ce thème comme sur d’autres (constante cosmologique...), Enstein a un peu été « sur les freins » après avoir ouvert la boîte de pandore, et ce sont d’autres scientifiques qui ont tiré les bonnes conclusions ou fait les bonnes généralisations.

De fait, comme en art, je pense que l’impression de « rupture » est en partie due au fait que ça s’est passé il y a un certain temps, et donc qu’on a un peu oublié les liens avec ce qui s’est passé avant. Et ce n’est que récemment qu’un français a montré expérimentalement la totale dualité onde / corpuscule, même pour une unique particule.

L’oubli des liens avec les prédécesseurs donne une impression exagérée de rupture ou révolution, alors que tout se fait en réalité via une évolution continue. Tandis qu’avec ce qui est proche, on a mieux en tête les différentes influences, donc on a moins ce sentiment de coupure brutale.
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Ite missa est. :bravo:

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"001001001111010010010010100010 !" Mireille DAC.

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Pour sortir son "Dieu ne joue pas aux dés", Einstein devait quand même être sacrément choqué par les déductions de Plancq et Bohr. Et avant même la physique quantique, ses théories sur la relativité et le lien qu'il avait établi entre l'espace et le temps avait bouleversé plus d'un esprit au point que les philosophes de l'époque, Merleau-Ponty en tête, se sont trouvés ébranlés dans pas mal de leurs certitudes sur le monde.

Quand bien même d'ailleurs les scientifiques suivent un fil continu, la vérité apparaissant de recherche en recherche, le rapport de leurs découvertes au monde extreieur est souvent d'une extrême brutalité, à l'image de Galilée traîné devant l'inquisition. Et quand on voit enfin les engueulades que suscitent la théorie des cordes ou des dimensions parallèles dans le petit monde scientifique, on se dit que la science n'est pas qu'un ruissellement tranquille d'évidences montrées les unes après les autres dans un esprit de franche camaraderie. :ptdr:

Et je ne parle même pas d'Edison qui inventa la chaise électrique pour montrer à Tesla qu'il en avait une plus grande.

Je dis ça pour souligner que dans la science aussi, on a à faire à des gladiateurs et que sorties des labos où elles s'inscrivent dans une continuité, certaines découvertes n'en produisent pas moins des cataclysme quand elles heurtent le monde extérieur : c'est le cas pour Rontgen ou pour les physiciens quantiques qui nous ont tout de même légué le transistor en créant un fameux tsunami technologique.

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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

[ Dernière édition du message le 30/07/2018 à 02:25:16 ]

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Citation :
si l’on veut parler de musique populaire, je dirais qu’avec beaucoup de recul, le blues, le jazz, le death metal et le funk sont aussi proches que le sont génétiquement les grands singes, et qu’il n’y a rien dans la musique électronique populaire ou le hip hop que ne laissaient présentir les travaux du GRM une fois qu’ils auraient croisé la musique populaire américaine.


Il y a davantage de différences entre la musique de Beethoven et celle de Björk, qu’entre celle de Bach et celle de Beethoven. Idem avec celle de Miles Davis, qui n’a pourtant rien à voir avec celle de Björk.

Quant à Pierre Henry... on ne pouvait pas faire du sampling avant qu’on puisse enregistrer, ni même avant que les enregistrements soient faciles à manipuler. Il a donc fallu attendre la bande magnétique. Cette révolution a donc seulement consisté à jouer avec ce nouveau support. L’air de rien, on est toujours dans une continuité historique.