Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Pédago
75 réactions

Programme de mixage en 12 étapes

Organisez votre prochain mix étape par étape

Dans les articles parus sur Audiofanzine, nous avons abordé de nombreux thèmes relatifs au mixage ainsi que la marche à suivre pour préparer un mix. Mais certains AFiens ont réclamé une vue d’ensemble du processus de mixage. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de règle pour réussir un mix ; chaque ingénieur de mix a sa propre méthode. Nous vous livrons donc ici un guide pas-à-pas qui correspond à une approche possible.

Le but est de vous four­nir une vue d’en­semble du proces­sus de mixage en vous suggé­rant un enchaî­ne­ment de tâches précis. Chaque étape est commen­tée très succinc­te­ment car le mixage est un sujet bien trop vaste pour être abordé en détail dans un article comme celui-ci. Pour vous permettre d’ap­pro­fon­dir vos connais­sances, nous avons ajouté des liens vers des articles parus sur Audio­fan­zine qui traitent de certains procé­dés et tech­niques mention­nés ici.

Sur cette capture d’écran du bandeau de vumètres de Digi­tal Perfor­mer, les flèches rouges ont été ajou­tées pour indiquer la réserve de niveau (headroom)

1. Prépa­rez votre mix. Écou­tez chaque piste indi­vi­duel­le­ment pour débusquer d’éven­tuels défauts. Puis, dans votre séquen­ceur, colo­rez les pistes, ajou­tez des marqueurs déli­mi­tant les diffé­rentes sections du morceau et orga­ni­sez logique­ment les fichiers et réper­toires du projet. Réflé­chis­sez au son global que vous souhai­tez obte­nir et écou­tez des morceaux du même genre. Ils doivent vous servir de réfé­rences et vous permettre de vous orien­ter dans votre travail.

2. Confi­gu­rez le mixeur de votre DAW. Créez des pistes auxi­liaires et des départs de bus pour deux reverbs (une longue et une courte) et au moins un delay que vous utili­se­rez comme effets auxi­liaires. Créez tous les sous-groupes dont vous pensez avoir besoin, par exemple pour la batte­rie et les voix. Certes, vous devrez certai­ne­ment ajou­ter d’autres sous-groupes ulté­rieu­re­ment, mais commen­cez déjà par vous occu­per de ceux dont vous êtes sûr d’avoir besoin – cette remarque s’ap­plique aussi aux départs auxi­liaires. Si vous n’avez pas de fader master, créez-en un sur le champ. Placez tous les faders des canaux bien en dessous de 0 dB pour éviter les problèmes de réserve de niveau et de distor­sion (voir étape 4). Lais­sez le fader master à 0 dB.

3. Faites une mise à plat en réglant le niveau et le pano­ra­mique des pistes. Placez les éléments comme la grosse caisse, la basse et la voix prin­ci­pale au centre (ou près du centre) du champ stéréo. Les sources stéréo ne doivent pas forcé­ment être « pan-potées » tota­le­ment à droite et à gauche. Essayez de les dépla­cer vers l’un ou l’autre côté. Si les canaux stéréo de votre DAW offrent des boutons Pan gauche et droit, vous pour­rez resser­rer les pistes stéréo et leur attri­buer leur propre espace dans le champ stéréo. 

Pour retrou­ver de la réserve de niveau dans un projet conte­nant des données d’au­to­ma­tion, vous pouvez aussi grou­per toutes les pistes, sélec­tion­ner tout le morceau puis bais­ser l’au­to­ma­tion du volume dans une seule piste pour les atté­nuer toutes unifor­mé­ment.

4. Véri­fiez que vous avez assez de réserve de niveau (la diffé­rence entre les crêtes de vos pistes et le 0 dB de l’af­fi­cheur) pour éviter qu’une piste « tape » dans l’in­di­ca­teur d’écrê­tage (Clip). Pendant le mix, il se peut que vous ne puis­siez plus faire les réglages comme vous l’en­ten­dez à cause de l’ap­pa­ri­tion d’écrê­tages. Dans ce cas, acti­vez le groupe de mixage « all tracks » (le nom varie selon les DAW) puis abais­sez le fader d’une seule piste pour réduire le niveau de toutes les pistes unifor­mé­ment. Pour finir, remet­tez le fader master sur 0 dB. Cette méthode ne fonc­tionne pas si vous avez déjà auto­ma­tisé une ou plusieurs pistes parce que le niveau des pistes en ques­tion conti­nuera à suivre l’au­to­ma­tion. Dans ce cas, acti­vez le groupe de mixage et d’édi­tion « all tracks », mettez les pistes en mode d’au­to­ma­tion du volume et sélec­tion­nez une piste du début à la fin du morceau. En rédui­sant l’au­to­ma­tion de son volume, vous abais­se­rez toues les pistes unifor­mé­ment. Une autre solu­tion consiste à insé­rer un plug-in de contrôle du niveau dans chaque piste et appliquer la même atté­nua­tion à toutes les pistes (sauf au master).

5. Égali­sez là où c’est néces­saire. Essayez de rester subtile et, tant que possible, atté­nuez certaines fréquences plutôt que d’en ampli­fier d’autres. Pour éviter d’avoir un mix brouillon, utili­sez un filtre passe-haut qui suppri­mera progres­si­ve­ment le grave super­flu. N’hé­si­tez pas à trai­ter chaque piste (ou presque) de la sorte. Vous obtien­drez une amélio­ra­tion audible du son d’en­semble. Fiez-vous à vos oreilles pour régler la fréquence de coupure de chaque filtre. Pour trou­ver le bon réglage, augmen­tez lente­ment la fréquence de coupure en partant du mini­mum, arrê­tez-vous dès que le son devient trop maigri­chon puis reve­nez légè­re­ment en arrière. Ne procé­dez pas de la sorte avec la piste en solo, mais écou­tez-la plutôt dans le contexte.

 
L’uti­li­sa­tion d’un filtre passe-haut pour suppri­mer le grave super­flu peut contri­buer à ouvrir le son du mix.

6. Contrô­lez la dyna­mique des pistes. Utili­sez l’au­to­ma­tion pour atté­nuer les crêtes exces­sives qui semblent « débor­der » des pistes. Faites ainsi avec toutes les crêtes qui vous donnent envie de réduire momen­ta­né­ment le volume sonore. Utili­sez aussi l’au­to­ma­tion pour compen­ser les endroits des pistes dont le volume baisse, tout parti­cu­liè­re­ment dans les prises de voix. Utili­sez la compres­sion pour lisser la dyna­mique globale et/ou donner du carac­tère au son. Les compres­seurs conçus dans l’unique but de contrô­ler la dyna­mique sont trans­pa­rents ; d’autres apportent une couleur sonore parti­cu­lière, tout spécia­le­ment les émula­tions d’ou­tils vintage. La raison pour laquelle on compresse après égali­sa­tion réside dans le fait que les modi­fi­ca­tions appor­tées aux fréquences par l’éga­li­seur peuvent modi­fier la façon dont le compres­seur réagit au signal, tout parti­cu­liè­re­ment dans le bas du spectre. Vous serez plus effi­cace en égali­sant d’abord car vous n’au­rez pas à retou­cher le réglage de compres­sion. (Remarque : je laisse de côté les effets du bus master. Si vous avez l’ha­bi­tude d’en utili­ser, ajou­tez-les suffi­sam­ment tôt afin de mixer « en leur présence ». Évitez de les ajou­ter à la fin du proces­sus sans quoi vous devrez peut-être revoir certains aspects du mix.)

7. Ajou­tez des effets d’am­biance comme la reverb et le delay et utili­sez-les judi­cieu­se­ment. En règle géné­rale, des réglages subtils donnent les meilleurs résul­tats. Les pistes avec peu d’am­biance sonnent de façon plus directe que les pistes trai­tées lour­de­ment qui ont tendance à recu­ler au fond de l’image sonore.

Le plug-in Magic AB de Sample Magic permet de compa­rer faci­le­ment votre mix à des morceaux de réfé­rence

8. Compa­rez votre mix avec des morceaux simi­laires en écou­tant les deux au même volume. Obser­vez comment votre mix se comporte par rapport aux morceaux de réfé­rence. Si vous remarquez des diffé­rences flagrantes (par exemple votre basse est bien plus forte), retou­chez votre mix pour l’ali­gner sur la réfé­rence. L’écoute compa­ra­tive aide aussi à compen­ser les problèmes acous­tiques inhé­rents à votre pièce. Le plug-in Magic A/B de Sample Magic est un super outil d’écoute compa­ra­tive.

9. Lais­sez repo­ser votre mix pendant un moment pour prendre du recul. L’idéal est de ne pas l’écou­ter pendant une nuit, ou au moins pendant quelques heures.

10. Réécou­tez avec des oreilles fraîches. Vous trou­ve­rez à coup sûr des détails à amélio­rer. Voici quelques points sur lesquels vous pour­rez concen­trer votre atten­tion : y a-t-il suffi­sam­ment d’es­pace dans le mix ou est-il confus et chargé ? Est-ce que la voix prin­ci­pale (ou l’ins­tru­ment prin­ci­pal dans le cas d’un instru­men­tal) est suffi­sam­ment en avant ? Est-ce que la compa­ti­bi­lité mono du mix est bonne ? Testez votre mix avec d’autres écoutes et dans votre voiture. Prenez des notes sur les ajus­te­ments qui s’im­posent. 

11. Faites les ajus­te­ments néces­saires. Quand vous êtes satis­fait du résul­tat, enre­gis­trez ou « boun­cez » le mix sous forme de master stéréo 24 bits. Plus tard, vous pour­rez lui ajou­ter un dithe­ring et le conver­tir en 16 bits WAV ou AIFF et en MP3.

12. Repre­nez les étapes 9 à 11, sauf si vous n’avez plus le temps car vous devez livrer votre travail sous peu. Concer­nant le projet dans votre DAW, n’ou­bliez pas « d’En­re­gis­trer sous… » avant de retou­cher le mix. De cette façon, vous pour­rez faire vos modi­fi­ca­tions tout en conser­vant tel quel le projet du mix origi­nal, au cas où vous le préfé­riez à la seconde version.

La meilleure façon de progres­ser en mixage est d’en faire beau­coup. Si vous souhai­tez vous entraî­ner, mais n’avez pas de sessions multi­pistes, n’hé­si­tez pas à télé­char­ger celles propo­sées dans le cadre de concours de remix pour vous faire la main. Bon mixage !


Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre