À peine trois mois après la sortie du plug-in d’égalisation freeware SlickEQ, Variety of Sound et Tokyo Dawn Labs nous en proposent une version sous stéroïdes. Cette « Gentleman’s Edition » est la première incursion de ce trio de développeurs du côté commercial de la force. La trentaine d’euros demandée est-elle justifiée ? Désolé de ruiner le suspense, mais la réponse est indéniablement oui, oui, oui et re-oui ! Voici pourquoi…
Rencontre du troisième type
Pour les habitués de notre rendez-vous hebdomadaire « Friday’s Freeware », les noms de Variety of Sound (aka Bootsy), Vladg/Sound et Tokyo Dawn Labs ne sont certainement pas inconnus. Et pour cause, à eux trois, ils sont responsables des meilleurs plug-ins gratuits de ces dernières années, rivalisant même avec le haut du panier des plug-ins commerciaux. Nous pensons notamment au Limiter N° 6, au TDR Feedback Compressor II, ou bien encore au récent SlickHDR pour ne citer que ceux-là. Or, il se trouve que depuis environ un an, Vladg/Sound et Tokyo Dawn Labs ont décidé de joindre leurs forces. Comme si cela ne suffisait pas, un troisième larron (Variety of Sound) s’est récemment joint à ce duo de choc afin de former une sorte de « Power Trio » du monde du plug-in. Inutile de vous dire à quel point le premier-né de ce triumvirat était attendu…
C’est donc ainsi que SlickEQ vit le jour en mars dernier. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cet égaliseur est largement à la hauteur de la réputation de ses « papas » ! Il a beau être gratuit, il ne s’agit vraiment pas d’un EQ au rabais. Ceux qui ont sauté dessus dès sa sortie pourront d’ailleurs en témoigner.
La bonne surprise, c’est que le trio infernal vient de lancer le concept de la « Gentleman’s Edition » qui consiste à sortir des versions encore plus pointues de certains de leurs freewares en échange d’une somme plus que raisonnable. Le premier plug-in bénéficiant du traitement « Gentleman’s Style » est bien évidemment ce fameux SlickEQ.
Bien, le décor étant planté, il est grand temps de monter sur scène…
La Ligue des Gentlemen Extraordinaires
Disponible aux formats VST, AU, et AAX 32 et 64-bit sur Mac OS X et Windows, SlickEQ « Gentleman’s Edition » est donc un plug-in d’égalisation autant à l’aise en situation de mastering qu’au stade du mixage. Vêtu d’une interface graphique soignée, mais peut-être un poil petite, il offre 3 bandes semi-paramétriques, un filtre de type « Tilt », un filtre passe-haut, un filtre passe-bas, ainsi qu’une ribambelle de fonctionnalités que nous allons passer à la loupe.
Commençons par le commencement, à savoir les modèles d’égalisation. Au nombre de cinq, ils conditionnent le comportement des 3 bandes semi-paramétriques, et ce, à cause des courbes d’égalisation qu’ils proposent. Ainsi, le modèle « American » se distingue par la conception de son facteur Q proportionnel au gain. « British » offre des filtres en cloche asymétriques suivant si l’on booste ou coupe une fréquence. L’originalité du modèle « German » vient des filtres en plateau façon « Tilt », c’est également celui qui produit le moins de distorsion de phase. « Soviet », quant à lui, arbore un comportement assez inhabituel avec un Q inversement proportionnel au gain, ce qui se traduit par une largeur de bande étroite lors de petits cut/boost et une largeur plus conséquente lorsque vous poussez sur le gain en positif ou négatif. Enfin, « Japanese » est le modèle « chirurgical » permettant une action extrêmement ciblée.
Tous les modèles se comportent de façon musicale et leurs spécificités couvrent une large palette d’applications, de la légère retouche cosmétique en mastering à l’égalisation créative, en passant par le nettoyage fréquentiel. Notez que le choix d’un modèle détermine la couleur de l’interface graphique afin de mieux s’y retrouver.
Rentrons maintenant dans le détail des 3 bandes semi-paramétriques. Tout d’abord, sachez que chaque bande est débrayable via un switch d’activation « on ». La bande « Low » balaye le bas du spectre de 30 à 1000 Hz avec plus ou moins 18 dB de gain et offre le choix entre un filtre en plateau et un filtre en cloche. Cerise sur le gâteau, un bouton orné de la lettre grecque « phi » active un circuit particulier qui décale la phase des basses fréquences afin d’obtenir une distorsion de phase musicale. C’est un peu compliqué à décrire et cela ne marche pas sur toutes les sources, mais lorsque cela fonctionne, ça peut délicieusement colorer le bas du spectre. Mieux vaut un exemple qu’un long discours…
- 01 Drums dry 00:09
- 02 Drums wet 00:09
- 03 Drums wet phi 00:09
Le premier sample est le signal source, en l’occurrence une batterie électronique. Le deuxième se résume pour l’essentiel à un gros renforcement à 40 Hz avec le modèle « Soviet ». Le troisième illustre le même réglage avec le bouton « phi » activé, la grosse caisse semble soudain plus « pleine ».
La bande « Mid » travaille sur une plage de +/-18 dB entre 100 Hz et 10 kHz et propose deux types de filtres en cloche, l’un large, l’autre plus étroit.
Enfin, la bande « High » couvre une très large plage fréquentielle située entre 500 Hz et 40 kHz avec +/-18 dB de gain et le choix d’un filtre en cloche ou en plateau.
Soviet Shelving
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Soviet Bell
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Pour parfaire ce tableau déjà fort sympathique, un switch « EQ SAT » active la génération d’une légère distorsion harmonique fonctionnant typiquement comme les égaliseurs analogiques, c’est-à-dire que la saturation n’intervient qu’en cas de boost. Le résultat est subtil et diablement convaincant comme illustré ci-dessous :
- 04 Synth dry 00:18
- 05 Synth American EQ Sat 1 00:18
- 06 Synth American EQ Sat 2 00:18
Dans la partie basse du plug-in, nous trouvons le filtre passe-haut. À l’instar des bandes semi-paramétriques, ce dernier est débrayable et offre deux types de courbes, un classique passe-haut type Butterworth d’une pente de 18 dB/octave ou un autre de 12 dB/octave présentant une légère bosse centrée une octave au-dessus de la fréquence de coupure, imitant ainsi le comportement des lecteurs à bande magnétique. Le champ d’action de ce passe-haut va de 10 à 350 Hz. Remarquons que ce filtre est judicieusement placé après les bandes semi-paramétriques, et donc après la saturation, ce qui permettra par exemple de couper les graves tout en profitant de l’effet psychoacoustique de la distorsion harmonique produite lors d’un boost de la bande « Low » et ainsi offrir à l’auditeur l’impression que le bas du spectre est toujours présent.
Vient ensuite le filtre « Tilt ». Celui-ci autorise la manipulation de l’ensemble du spectre de façon quasi linéaire et dispose de deux types de courbes, un « Tilt » classique et un filtre en « V ». Au niveau du paramétrage, nous avons le choix de la fréquence centrale (entre 300 Hz et 3 kHz), le potard de gain de +/- 4 dB, et bien sûr le switch d’activation. Ce filtre est extrêmement utile pour changer rapidement la balance tonale d’un signal en finesse.
Tilt Normal
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Tilt V
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Pour finir le tour des filtres, nous avons un passe-bas, bien entendu débrayable, et travaillant de 2500 Hz à 40 kHz avec une pente de 18 dB/octave (Bessel) ou plus en douceur à 6 dB/octave.
Passons maintenant à l’étage de sortie. Cette section donne accès à 6 étages différents, chacun offrant une texture sonore différente par le biais de l’ajout d’harmoniques. « Linear » est, comme son nom l’indique, parfaitement linéaire et donc plus propre que propre. « Silky » génère des harmoniques de premier ordre pairs et impairs afin « d’ouvrir le son ». « Mellow » donne dans le réchauffement climatique avec des harmoniques impairs. « Deep » induit des harmoniques impairs accentuant le sentiment de profondeur. « Excited » joue dans la cour des exciteurs d’harmoniques. Et enfin, « Toasted » reproduit le comportement de transformateurs en entrée et en sortie. Le réglage « Calibrate » permet de doser finement ces harmoniques de 0 à 18 dB. Comme pour le réglage « EQ SAT », le maître mot est ici subtilité. Ne vous attendez donc pas à de la grosse disto qui tâche, mais plutôt à une jolie couche de vernis qui saura mettre en valeur n’importe quelle source sonore de la plus belle façon qui soit.
- 07 Synth dry 00:18
- 08 Synth Silky 00:18
- 09 Synth Mellow 00:18
- 10 Synth Deep 00:18
- 11 Synth Excited 00:18
Jusqu’ici, SlickEQ se comporte comme un égaliseur survitaminé avec moult possibilités pour colorer le son et un workflow fort bien pensé. Mais là où il fait vraiment la différence, c’est à la section « Output » avec sa fonction de compensation automatique du gain. En effet, un petit bouton arborant simplement la lettre « A » active cette fonction magique qui compense immédiatement les changements de volume perçus lors de l’égalisation. Ainsi, il n’y aura aucune différence de « loudness » entre le son égalisé et le signal source lors du bypass du plug-in. Rendez-vous compte, cela implique que votre cerveau ne sera plus jamais l’esclave du phénomène « plus c’est fort, mieux c’est » lors de la difficile étape de l’égalisation ! Certes, c’est une chose que l’on peut faire manuellement, mais cela prend du temps et ce n’est pas forcément toujours évident, alors qu’ici c’est automatique ! Une fois que l’on y a goûté, impossible de s’en passer. Notez toutefois que cette fonction peut être déroutante au début tant nous sommes habitués à entendre des changements de volume en cours d’égalisation alors que là, même avec un bon gros +18 dB, ça ne bouge pas, seul l’équilibre tonal change sans influer sur le volume perçu. Une fois que l’on y est habitué, cela permet d’être absolument certain que l’EQ appliquée fait du bien au signal, et c’est un gain en efficacité tout simplement extraordinaire.
S’ajoute à cette fonction un classique potard pour gérer le gain en sortie du plug-in… Avec un petit raffinement tout de même, une LED rouge s’illumine en cas d’écrêtage et le survol à la souris de cette LED affiche la valeur du surplus en décibels ; un clic sur celle-ci attribue automatiquement cette dernière au potard de gain afin que tout rentre dans l’ordre. Encore une fois : simple et efficace. Chapeau bas Messieurs les Développeurs !
German Shelving
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German Bell
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Finissons ce tour du propriétaire par le bandeau supérieur du plug-in. C’est ici que se trouve le gestionnaire de presets via un menu déroulant. Il comprend plus d’une vingtaine de presets d’usine qui seront un bon point de départ, ainsi que (seulement) 10 presets utilisateur. Là aussi, de petits raffinements viennent compléter le tableau avec la possibilité de copier/coller les réglages d’une instance du plug-in à une autre ainsi qu’une fonction permettant de partager facilement les presets entre utilisateurs via un simple texte.
SlickEQ dispose également d’un comparateur A/B et de fonctions d’annulation avec affichage de ce qu’on annule ou rétablit lors du survol de la souris.
C’est aussi dans ce bandeau supérieur que nous pouvons « bypasser » le plug-in et choisir s’il fonctionne en mode Mono, Stéréo, Sum (équivalent de Mid) ou Diff (équivalent de Side). Seul regret, il est impossible de traiter différemment les signaux Mid et Side ou gauche et droit au sein d’une seule et même instance de SlickEQ. En même temps, cela aurait certainement compliqué le workflow qui est parfait tel qu’il est.
Enfin, dans leur grande bonté d’âme, les développeurs ont pensé à rajouter un bouton donnant accès à la courbe de réponse en fréquence de l’EQ, ce qui rassurera certainement les accros de l’égalisation à vue. Cependant, il s’agit d’une image statique, il est donc impossible de voir évoluer la courbe en temps réel à mesure que l’on tourne un potard. Et ce n’est pas plus mal finalement, car cela pousse à travailler principalement à l’oreille, ce qui devrait toujours être le cas. D’ailleurs, il est parfois étonnant de jeter un œil après coup à une courbe d’égalisation qui sonne d’enfer et dont la représentation graphique est tellement improbable que l’on n’aurait jamais pensé à la « dessiner » avec un autre égaliseur.
Tout ce blabla est bien joli, mais il serait peut-être bon de juger les capacités de la bête sur pied. Voici donc l’extrait d’un titre relativement simple. Il y a tout d’abord une rapide mise à plat, puis le mixage avec uniquement SlickEQ sur chaque piste et une légère compression sur la voix (réalisée avec le plug-in freeware Feedback Compressor II de Tokyo Dawn Labs). Il n’y a aucune automation de volume ou d’effet, juste une coupure du délai et de la réverbération lors du break ainsi qu’un changement de panoramique de l’arpège de synthé.
- 13 Firethief rough 01:01
- 14 Firethief mix 01:01
Nous avons ensuite bidouillé différents mastering rudimentaires de cet extrait à l’aide d’une instance du Feedback Compressor II, suivi d’une instance de SlickEQ « Gentleman’s Edition » puis du Limiter N° 6 de Vladg/Sound. Les seules différences viennent à chaque fois des réglages de l’égaliseur. Premièrement, nous avons le preset « Clean Smile » qui utilise principalement le filtre « Tilt » en V sans aucune distorsion harmonique. Puis vient le preset « Vintage Smile » usant de la modélisation « British » afin de reproduire un « Tilt » en V, le tout avec l’EQ Sat activée et l’étage de sortie « Excited ». Les deux exemples suivants illustrent le comportement classique du filtre « Tilt ». Enfin, le dernier sample correspond à notre « mastering vite fait bien fait » idéal avec la +5 dB à 5 kHz en mode « Soviet » avec « EQ Sat », un passe-haut type bande magnétique à 20 Hz, −1 dB avec le filtre « Tilt » en V à 650 Hz et un étage de sortie en mode « Excited » à 12 dB.
- 15 Firethief clean smile 01:01
- 16 Firethief vintage smile 01:01
- 17 Firethief tilt N 2 01:01
- 18 Firethief tilt N +2 01:01
- 19 Firethief master 01:01
Avant de conclure, un mot sur la consommation CPU. Elle varie de 0,7 à 3,4 % par instance sur mon processeur i7 double-cœur 2 GHz suivant ce qui est activé. Cela reste raisonnable et largement maîtrisable, même sur de grosses sessions.
British Shelving
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British Bell
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Love Story
Il serait parfaitement présomptueux de prétendre que SlickEQ « Gentleman’s Edition » est l’égaliseur ultime. Pourtant, il faut bien avouer que jusqu’à nouvel ordre il sera bel et bien notre EQ principal tant il regorge de qualités. Son immense palette sonore, son workflow à toute épreuve, ainsi que ses fonctionnalités innovantes en font une arme de choix, quelle que soit la tâche à accomplir. Si vous n’avez pas encore trouvé votre égaliseur de prédilection, courez l’acheter, vous ne regretterez certainement jamais vos trente euros. Et si vous avez déjà un EQ favori, nous ne saurions trop vous conseiller de tout de même essayer la version freeware. Qui sait, cela pourrait bien vous faire changer d’avis !
Interview
Chez Audiofanzine, quand on aime on ne compte pas. Voici donc en « cadeau bonux » une petite interview de deux développeurs, histoire d’en savoir un peu plus sur les coulisses de la réalisation de ce fantastique plug-in…
Nantho : Bonjour ! Tout d’abord, je souhaiterais vous remercier tous les deux d’avoir bien voulu vous livrer à ce petit exercice des questions/réponses avec moi. Pour commencer, pourriez-vous nous en dire un peu plus sur vous, votre parcours et sur ce qui vous a poussés à entrer dans le monde du plug-in audio freeware ?
Fabien (Tokyo Dawn Labs) : Je suis Fabien. Je suis un développeur de logiciel freelance et je dirige le label Tokyo Dawn Records avec mon associé, Marc Wallowy. La musique est ma passion et je me suis toujours intéressé à l’aspect technique des choses, donc la conception de processeurs audio m’a toujours fasciné. Malheureusement, ce n’est pas le hobby le plus simple au monde, j’ai donc dû énormément apprendre.
Comme la plupart des développeurs, j’ai commencé par m’amuser avec Reaktor et Max/MSP en construisant des EQs bizarres et d’autres trucs du genre. Lorsque j’ai fini l’école, étudier le développement de logiciels fut une évidence pour moi.
J’ai longtemps conçu des plug-ins VST pour mon propre usage, sans aucune forme de contact avec le monde extérieur. À un moment donné, je ne me souviens plus exactement quand, j’ai décidé de parfaire un de mes prototypes et de le sortir, c’est devenu le Feedback Compressor.
Vlad (Vladg/Sound) : Mon nom est Vlad. Je vis en Russie et je travaille dans le domaine du développement logiciel. La musique est mon hobby et j’enregistre et mixe des groupes locaux de temps en temps. Il y a quelques années, je me suis dit que ce serait cool de développer une sorte de plug-in audio. J’ai appris le traitement numérique du signal en autodidacte et j’ai commencé à travailler sur un compresseur en 2009, ce qui a donné naissance à Molot en 2010.
Nantho : Racontez-nous la genèse de votre première collaboration sur SlickEQ. Et comment avez-vous décidé de lancer votre premier plug-in commercial avec la « Gentleman’s Edition » ?
Fabien : Eh bien, tout a commencé avec le plug-in Proximity, un projet collaboratif avec Vlad. Il y a moins d’un an de ça, nous avons décidé de joindre nos forces et d’évoluer ensemble dans le monde solitaire du développement de plug-ins. Nous avions comme idée de développer une structure commune pour nos plug-ins afin d’améliorer la stabilité ainsi que le temps de développement et nous nous sommes très vite mis au travail.
La plupart des développeurs communiquent beaucoup entre eux en arrière-plan pour parler des techniques, idées, bugs, etc. Nous étions donc en contact avec Herbert depuis un moment. À ce moment-là, notre structure était plus ou moins prête pour un test dans le monde réel alors nous nous sommes mis en quête d’un concept simple. Par le plus grand des hasards, il se trouve qu’Herbert avait déjà conçu les bases d’un égaliseur « musical », nous nous sommes donc très vite mis d’accord pour travailler ensemble dessus. Tout semblait coïncider parfaitement. Et ce n’était pas qu’une impression, comme le confirma rapidement notre équipe de bêta-testeurs !
La décision de sortir un plug-in commercial fut assez simple. Faire des plug-ins audio est vraiment chronophage, et lorsque vous êtes dans la trentaine, voire plus, c’est un luxe qui coûte de plus en plus cher. Avoir un petit retour financier aide pas mal.
Vlad : Ce n’est pas une tâche facile que de satisfaire l’ensemble des utilisateurs, surtout sur un projet freeware où le budget est plus que limité. Il y a des douzaines de DAWs, Mac, Windows, 32 et 64-bit, formats VST, AU, AAX… J’ai commencé à travailler avec Tokyo Dawn Labs afin de partager ces tâches et pouvoir me concentrer principalement sur le son. Fabien avait inventé le concept de la « Gentleman’s Edition » il y a longtemps, mais nous n’avions pas le plug-in assez cool pour l’appliquer.
Peu de temps après la sortie du SlickHDR de Variety of Sound (VoS), j’ai demandé à Herbert la permission de créer un portage en C++ des plug-ins VoS de son choix. J’avais deux semaines de temps libre pour ça. Herbert me dit alors qu’il avait une meilleure idée concernant un nouvel égaliseur. Nous avons implémenté un « squelette » sans interface graphique avec la modélisation « American » en une semaine, puis Herbert ajouta les modélisations « British » et « German » ainsi que deux types de saturation. Fabien réalisa l’intégralité de l’interface graphique et ajouta la saturation « Silky ». J’ai ajouté le paramètre « EQ Sat », la modélisation « Soviet », la compensation automatique du gain et j’ai insisté sur l’ajout d’un filtre passe-haut. Puis, grâce à l’aide des bêta-testeurs, nous avons corrigé l’ensemble des bugs et sorti SlickEQ.
Nantho : Il y a une somme de travail énorme derrière SlickEQ « Gentleman’s Edition », la modélisation analogique, l’interface graphique, l’optimisation du workflow, etc. Combien de temps cela a-t-il pris pour en arriver là et qui est responsable de quoi ?
Fabien : Nous avions notre structure prête, Herbert avait le concept prêt et Vlad avait déjà travaillé sur des modèles mathématiques de filtres compliqués, donc le temps de développement de SlickEQ fut relativement court. Quelque chose comme une semaine ou deux de codage. J’ai réalisé l’interface graphique, et je travaille lentement – j’ai l’habitude d’être payé à l’heure ;) – donc cette partie a pris plus de temps… Globalement, et en comptant le travail extraordinaire de nos bêta-testeurs, SlickEQ se résume à quatre mois de travail.
La « Gentleman’s Edition » a pris plus de temps. Nous avons passé pas mal de temps à évaluer plusieurs dispositions pour l’interface. Améliorer SlickEQ sans nuire à son aspect intuitif ne fut pas chose aisée !
Vlad : Fabien était parfait pour réunir toutes les idées en un concept simple et mettre à l’index les idées qui ne correspondaient pas. Et c’était vraiment difficile pour nous d’améliorer SlickEQ tout en restant simple. Nous y sommes finalement arrivés en tâtonnant. J’étais sceptique au début, mais le résultat est incroyable ! Le workflow est légèrement différent de la version freeware, mais cela reste très simple et flexible !
Nantho : Pouvez-vous nous dire un mot concernant votre politique commerciale et le problème du piratage ?
Fabien : Je dirige un label depuis pas mal d’années et je suis donc extrêmement conscient des mécaniques de fonctionnement du piratage numérique. Nous avons conçu le concept standard/gentleman en regard de la réalité de 2014. C’est simple, la version standard est gratuite, ce qui est génial pour l’utilisateur, mais cela nous aide également pour la promotion et le test du plug-in de façon efficace. La version « Gentleman’s Edition » est une version améliorée que nous proposons pour une somme modique.
Vlad : Je pense qu’il est trop tôt pour parler de tout ça. Attendons que nous ayons sorti une paire de plug-ins de plus.
Nantho : Pour finir, pourriez-vous nous donner un indice quant à votre prochain plug-in ?
Fabien : Ce n’est pas un secret, nous travaillons actuellement sur le Feedback Compressor III et nous sortirons également une version plus légère de ce compresseur dédiée à l’enregistrement et au mixage. Merci de nous offrir une occasion d’en parler !
Vlad : Fabien m’a demandé d’ajouter un mode « Green » à son nouveau Feedback Compressor III. Mais c’est sûrement préférable de séparer ce compresseur en deux versions, l’une pour le mastering et l’autre pour le mixage. Donc l’indice c’est que notre prochain plug-in sera un compresseur… ou deux.