La marque ESP est depuis longtemps synonyme de qualité lorsque l’on parle de lutherie japonaise. Les instruments de séries autrefois estampillés ESP sont désormais labellisés E-II et la gamme LTD poursuit son bonhomme de chemin en rencontrant toujours un peu plus de succès d’année en année. Alors quand la marque Edwards, filiale d’ESP, pointe le bout de son nez en magasin français, nous nous devons d’y jeter un œil attentif.

Longtemps réservées exclusivement au marché japonais, les guitares Edwards adoptent une politique de distribution toute particulière en France, uniquement orientée vers les magasins physiques. La guitare qui nous occupe aujourd’hui affiche un tarif se situant aux alentours des 1 350 euros et il suffit de contacter le magasin, en l’occurrence Hendrick Music de Blois, pour acquérir la bête.
Mais oui c’est clair !
Une telle guitare se doit de fournir des sons clairs d’excellente qualité typiquement Strat. Juste avec une compression et une réverbe, le contrat est très rapidement rempli. Les Seymour Duncan SSL-5 donnent parfaitement la réplique à un manche intégralement en érable sans que le son ne soit trop brillant ou Telecaster. On constate tout de même une pêche et une puissance beaucoup plus importantes que de simples micros single coil, en effet les SSL-5 offrent plus de niveau de sortie ce qui donne des cleans gras, amples sans l’aspect sonore parfois frêle habituel. Les positions intermédiaires 2 et 4 sont un régal, avec ce qu’il faut de nuance et de dynamique pour slapper, « funker » ou jouer en arpèges. La position centrale qui personnellement ne me plaît jamais dans les guitares de ce type prend ici une belle dimension. La hauteur des micros est parfaitement réglée d’usine, proche pour le chevalet, moins proche pour le manche et éloignée pour le micro central dans le but d’éviter d’accrocher le médiator. La puissance n’est jamais caricaturale, mais offre au contraire une plage expressive bienvenue pour des cleans vivants et pleins. Le radius implique une action des cordes dans la bonne moyenne, ni trop proche ni trop éloignée ce qui permet d’entendre de belles notes bien définies sans aucune frise, particulièrement en clean. Belle performance donc !
Sonic the Strathog
Après de belles prestations en clair, passons maintenant en crunch et en distorsion franche. Ces sons sont obtenus avec le second canal du KelT MostrO qui offre toutes les palettes de saturation rien qu’en modifiant le taux de gain. En positionnant ce dernier dans le premier quart, on entend des crunchs typiques des guitares équipées en SSS avec toutefois une surprise de taille : le silence complet des micros.
Et c’est le cas… Toujours grâce au niveau de sortie et à la très belle qualité de l’électronique, cette Edwards peut attaquer le hard et le heavy sans aucun problème, mais en affichant toujours des sonorités stratoïdes de fort bon aloi. Yngwie n’est pas très loin et vous pouvez monter le gain sans craindre d’obtenir un maelström de fréquences indomptables. Superbe tenue de la distorsion donc, pour des heures et des heures de leads furieux et de rythmiques en single coil de type Alcatrazz période Malmsteen. Une très, très grosse réussite pour cet instrument.
Le sustain est présent, magnifié par une bonne conduction des vibrations dans le corps en aulne. La couche de vernis qui enrobe la caisse et le manche est raisonnablement épaisse contrairement malheureusement à pas mal de Fender Strat mexicaines qui se voient enfermées dans un sarcophage de matière brillante. Le bois respire bien et cela s’entend ! De plus il est important de rappeler l’importance de la neck pocket, celle-ci étant parfaitement ajustée pour favoriser la bonne circulation des fréquences. L’accès aux aigus reste celui que l’on connaît, mais votre serviteur est parfaitement habitué à ce gros cube, avec le temps ce n’est plus un souci d’autant que la touche ne présente que 21 cases, inutile donc d’aller chercher bien loin avec les doigts.
Conclusion
Ce qui reste à l’esprit quand on termine de jouer sur cette E-ST-125ALR, c’est avoir envisagé une guitare presque exclusivement réservée à la surf music alors qu’elle est tout à fait capable de gérer n’importe quel autre style, même très énervé. À nouveau l’habit ne fait pas le moine, et le beau Sonic Blue nous aura bien trompé, c’est une nerveuse ! Il faut toutefois être conscient que les guitaristes qui recherchent un esprit 100 % traditionnel ne retrouveront peut-être pas le flûté très particulier des micros single coil de grand-papa, mais quel plaisir de pouvoir utiliser cette guitare sans aucune crainte d’être hors sujet. Jamais prise à défaut, toutes les sonorités sont exploitables et réalistes. Shredder chevelu au nom de biscotte grillée suédoise ou bluesman, tu peux te pencher sur cet achat. Le rapport qualité/prix est au top et l’instrument est même fourni en housse ESP bien réalisée comportant de grandes poches pratiques pour y glisser des tablatures ou autres cordes et paires de pinces. Amis de la grande marque au F majuscule, n’hésites pas à considérer très sérieusement la Edwards E-ST-125ALR en Sonic Blue ou autre couleur du catalogue, il se pourrait bien que tu trouves la guitare SSS de tes rêves. Un grand merci au magasin Hendrick Music pour le prêt de l’instrument (page Facebook du magasin).