Chaque guitariste veut son propre son pour se démarquer des autres. Le résultat est que les gratteux passent leur temps à tester, truquer et combiner pastilles, amplis, HP et pédales en tout genres. Le succès remporté par cet instrument, la concurrence et les efforts des constructeurs ont rendu accessible toute cette technologie aux amateurs ou semi-pros et, par conséquent, au home-studistes.
Chaque guitariste veut son propre son pour se démarquer des autres. Le résultat est que les gratteux passent leur temps à tester, truquer et combiner pastilles, amplis, HP et pédales en tout genres. Le succès remporté par cet instrument, la concurrence et les efforts des constructeurs ont rendu accessible toute cette technologie aux amateurs ou semi-pros et, par conséquent, au home-studistes. Malheureusement, une fois trouvé son propre son, force est de constater que les cartes son des ordinateurs ne sont pas du tout adaptées à autant de « bidouillages ».
La technique traditionnelle
Il s’agit de considérer la guitare comme une voix, et donc d’utiliser un ou plusieurs micros pour l’enregistrer (vous pouvez d’ailleurs lire un dossier dédié à la prise de son de guitares). On en revient donc à la délicatesse des enregistrements acoustiques. Notez que la puissance de l’ampli importe peu. Je crois me souvenir que Carlos Santana jouait sur un petit Fender à lampes de quelques Watts. Personnellement, je m’arrange pour que l’ampli ne « gueule » pas trop et évite de coller la membrane de mon Shure SM57 pour ne pas provoquer de saturation. Le microphone est à placer à une distance entre 0 et 40 centimètres du haut parleur, dans l’axe de ce dernier. L’autre position standard et sans logique consiste à le laisser pendouiller négligemment le long du H.P. mais sans que la structure du micro touche l’ampli, bien sûr. Le fil sert alors de suspension !
Toutes ces techniques vont réellement bien d’un Fender à un Marshall en passant par un Mesa Boogie. Mis à part le bruit pour les voisins, le problème majeur reste les « parasites » et le souffle. A cause de ces deux derniers, un tel enregistrement de qualité est réellement très délicat à réaliser et nécessite une cabine et du matériel adaptés. Bien évidement, aux problèmes d’intendances s’ajoute la nécessité d’utiliser des noise gates et compresseurs de grande qualité, pour plus de précision et de discrétion. Bref, très rapidement, le budget sort des possibilités de l’amateur home-studiste…
Le simulateur d’ampli
Ils faisaient rire il y a seulement 4 ans. Ils sont utilisés par les professionnels aujourd’hui. Ne leur demandez pas si c’est le cas, ils ne vous l’avoueront pas, mais je sais que cela se fait de plus en plus. Le Pod de Line 6 et sa version pro est un bon exemple du niveau qu’ont atteint ces engins. Ces machines sont un rêve pour les ingénieurs du son. En effet leur niveau de sortie (« line ») est tel que cela revient à enregistrer un instrument électronique (synthé…). Personnellement, je trouve que c’est la solution idéale pour le guitariste home-studiste amateur et semi pro. Pour faire une guitare rythmique, franchement, pourquoi se compliquer la vie ?
Le défaut d’un simulateur d’ampli est… Le fait qu’il s’agit d’une simulation. Vous n’aurez donc pas toute la richesse d’un Mesa Boogie ou d’un Fender avec des lampes (même si ces dernières sont d’origine russe ou chinoise de nos jours) bien bleues à force de taper dedans (en effet, utilisées intensivement pendant des heures, ces lampes deviennnent bleu fluorescent). Mais où je trouve le simulateur un peu juste, c’est dans le fait que l’on a du mal à reconnaître la guitare d’origine. En exagérant – beaucoup – on confond une Yamaha et une Fender precision.
La bidouille
Pour les répétitions et pour des problèmes spécifiques de la scène (interférences en particulier), nos électroniciens ont inventé les boîtes de direct. La première que j’ai vue et entendue est la Red Box – en rouge bien sûr, et grande comme un paquet de cigarette. Sa première utilisation fût bien entendu pour tous les musiciens itinérants et/ou, comme votre serviteur et nombreux de ses collègues, musiciens de mariages, de fêtes de village et d’autres. La raison est évidente : vous sortez votre son de guitare Fender strato ou Ibanez sans avoir en plus à déplacer des amplis aussi énormes que fragiles dans un contexte où les boissons peuvent se renverser sur le matériel… D’autre part tous les souffles et autres défauts typiques sont éliminés.
Concrètement, on branche le jack de la guitare dans la boîte magique. Ensuite on branche à l’aide d’un autre jack la boîte à la table. Encore plus concrètement, on remarquera que l’on a baissé d’un bon demi tour le gain de la table.
La conséquence immédiate est que « sans » détériorer le son de la guitare en elle même, on obtient un son très propre que l’on peut travailler avec un pédalier.
Le défaut de la boîte de direct est peut-être justement la perfection. Le son est très propre. Même avec la pédale de distorsion au maxi, on a l’impression de heavy metal en costard cravate !
Le résultat sera meilleur si la guitare est active (ou la basse) bien sûr mais, de toutes façons, je conseille vivement, dans le cadre de l’enregistrement, de passer par une table aussi petite soit-elle pour avoir la possibilitéde corriger/modifier le son :
- Égalisation : le fait d’utiliser un boîte de direct provoque souvent un petit ronronnement caractéristique. Il faut donc l’atténuer en essayant de repérer sa fréquence. Un égaliseur paramétrique dans ces fréquences est un cadeau des dieux !
- Noise gate : c’est évident pour la raison précédente.
- Compresseur : pour compresser, bien sûr, mais surtout pour réchauffer et déformer le son. En effet, tous les compresseurs possèdent un réglage de sortie (gain). Pousser le gain du compresseur plus haut qu’il ne le faudrait en temps normal va provoquer des distorsions qui plairont à nos amis à guitaristes.
- Multi-effets : si vous avez suffisamment de pistes pensez à enregistrer en stéréo. Dans la gamme comptons : – Chorus : bien connu sur nos amplis, les multi-effets comportent des chorus qui peuvent réellement vous simuler une très forte présence. Si vous utilisez la stereo (sortie du multi-effets) et balancez gauche/droite, le résultat est surprenant.
- Flanger : également connu sur certains ampli.
- Detune : bon, on rentre dans le bizarre si on l’utilise exagérément… En revanche, un très léger detune est terriblement efficace pour le réalisme.
- Reverb : on peut toujours la rajouter au mix, certes. Mais j’aime bien enregistrer avec un peu de reverb. Ainsi, au mix, je peux rajouter un autre type de reverb et donc renforcer le réalisme. En effet toute pièce a sa réverbération que vous ne pouvez éviter. Enregistrer avec cette reverb vous simule avantageusement un ampli dans un pièce.
Conclusion
Il est finalement assez curieux de constater que l’enregistrement de la guitare n’est pas aussi simple qu’il ne le paraît. La patience et l’expérience sont donc deux facteurs importants.
J’ajouterai enfin que l’enregistrement, de toutes manières, va exagérer les défauts de la guitare et de l’instrumentiste. Par expérience, la première réaction est de commencer par bidouiller les égalisations alors qu’en fait, le problème majeur est une attaque non maîtrisée de la corde de mi, par exemple. Passer à l’enregistrement nécessite un certain degré d’auto-critique et de courage. Bien géré, il peut être un atout fondamental pour le ou les jeux de nos amis à cordes.