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Jam X sans mon interface
7/10
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Aimeriez-vous enregistrer un riff de guitare dans le bus ? Une ligne de basse à bord d'un pétrolier perdu dans la tempête ? Une partie de clavier à l'arrière d'une charrette à bœufs ? Petits veinards ! C'est désormais possible avec la mini interface Jam X d'Apogee.

Test de la Jam X d'Apogee : Jam X sans mon interface

À une époque où nos vies tiennent dans un télé­phone, où des albums entiers sont réali­sés entiè­re­ment « in the box », où l’on « flui­di­fie » et « assou­plit » constam­ment les rapports de produc­tions, il n’est pas éton­nant de voir fleu­rir des inter­faces de plus en plus porta­tives. Ce constat établi (sans diffi­culté puisque depuis deux ans nous testons encore et encore des mini inter­faces), on peut remarquer que ce nouvel ajout à la liste des bancs d’es­sai AF, encore plus minia­tu­risé que les précé­dents, a l’in­té­rêt de propo­ser un appa­reil dédié à un segment spéci­fique du marché de la musique : les instru­men­tistes. On ira plus loin : étant donné que l’en­trée est mono, la Jam X cible assez clai­re­ment les guitaro-bassistes, les basso-guita­ris­tes… Les gens qui jouent d’un instru­ment à cordes équipé de micro, à manche fretté ou non, de tempé­ra­ment égal ou non (les instru­ments, pas les instru­men­tistes, quoique…), et qui souhaitent jouer et enre­gis­trer direc­te­ment dans leur STAN. Non, non, je n’ou­blie pas les aficio­na­dos des claviers mono (-phoniques ou poly­pho­niques à sortie mono).

IMG 20230720 162007La Jam X est la troi­sième itéra­tion de cette inter­face : aupa­ra­vant on a eu la Jam, et la Jam +, qui reçurent des critiques plutôt élogieuses à leur époque. Le test nous permet­tra de préci­ser ce que la nouvelle version apporte de plus… On notera pour finir qu’elle n’est pas seule sur ce terrain : Riff de Posi­tive Grid, Go Guitar Pro de TC-Heli­con, iRig HD 2 de IK Multi­me­dia, voire la U-22 de Zoom. Cela donne une certaine idée du marché dans lequel cette inter­face s’ins­crit.

En atten­dant, faisons un tour de l’ap­pa­reil pour en décrire les fonc­tions.

Débal­lage / présen­ta­tion

Bien sûr, vous ne serez pas surpris d’ap­prendre que le premier élément frap­pant, c’est la taille et le poids de l’ap­pa­reil : 10 × 4 × 2,5 cm pour un poids de 110 grammes. Oui, ça tient véri­ta­ble­ment dans la poche, et la construc­tion a l’air assez robuste pour éviter le côté « gadget » que l’on reproche à certaines mini-inter­faces.

Sur la face « avant », on trouve une prise jack TS 6,35 mm.

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Et sur la face « arrière » une prise jack TRS 3,5 mm pour la sortie casque, et une prise USB 2.0, format Micro B pour connec­ter votre inter­face à votre ordi­na­teur, tablette ou télé­phone (la Jam X est livrée avec un câble USB Micro B > USB A). Nous n’al­lons pas nous étendre sur le format Micro USB, ce n’est certes pas la pana­cée, ni catas­tro­phique non plus. Un format USB-C bien actuel aurait été bien­venu (d’ailleurs sur la page produit du site Apogee, il est spéci­fié que l’ap­pa­reil fonc­tion­ne­rait en… Type C ! Ce qui n’est tout simple­ment pas le cas).

La prise casque serait-elle mieux à l’avant ? Nous nous sommes demandé si l’idée d’un équi­libre, physique, n’avait pas amené ce choix : ne pas surchar­ger l’in­ter­face, très légère, sur une seule de ses faces. Reste qu’un problème demeure : l’in­ter­face est trop légère pour les câbles qu’on y connecte. Un câble court, un câble long, peu importe, elle n’ar­rête pas d’être empor­tée de droite à gauche et de tomber du bureau sur laquelle nous l’avons posée. On a envie d’y ajou­ter du velcro pour la main­te­nir en place, façon pedal­board.

Lorsque l’on raccorde l’in­ter­face à un ordi­na­teur, ou autres, le voyant bleu s’al­lume au milieu de l’in­di­ca­teur trois segments : l’in­ter­face est en stand-by. Une fois l’in­ter­face en fonc­tion­ne­ment (séquen­ceur ouvert, ou tout simple­ment un lecteur audio) la LED devient verte.

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Une fois vert, l’af­fi­cheur à trois segments module selon le signal d’en­trée, et le gain réglé. En augmen­tant le gain, il devient orange (signi­fiant qu’on entre en mode Soft Limi­ting, analo­gique, et aux valeurs fixes), puis rouge (satu­ra­tion).

Juste en dessous, on trouve deux contrôles :

  • Un enco­deur central, cliquable, qui permet de régler le niveau d’at­té­nua­tion en entrée du préam­pli (en le tour­nant) et le préré­glage de compres­sion (en le cliquant). C’est le « plus » proposé par la Jam X, par rapport à la Jam + : l’in­té­gra­tion de la compres­sion analo­gique déjà utili­sée par Apogee dans son Hype­mic, tout en gardant la capa­cité de faire satu­rer le préam­pli inté­gré. Le niveau de compres­sion est indiqué par l’al­lu­mage succes­sif de chaque segment de l’in­di­ca­teur à LED : 
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  •  Au-dessus on trouve un commu­ta­teur pour le mélan­geur, qui vous permet d’en­voyer à la sortie casque votre signal direc­te­ment prélevé à la sortie du préam­pli (avec une latence imper­cep­tible donc) et de la mélan­ger à votre retour de STAN.
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Les deux boutons fonc­tionnent de façon simi­laire : on clique dessus une première fois pour appe­ler la fonc­tion à régler, puis on clique à nouveau (le nombre de fois néces­saires) selon le réglage désiré. Un seul clic permet donc de visua­li­ser pour une courte durée le réglage actuel, sans le chan­ger. C’est bien pensé, même si nous avons trouvé cette durée un peu trop limi­tée : il nous est arrivé, en effec­tuant des réglages, de nous retrou­ver hors du « menu » compres­sion, par exemple, dès que l’on hési­tait un tant soit peu, et de devoir multi­plier les clics un peu inuti­le­ment.

Autre reproche, l’er­go­no­mie : les deux boutons sont trop proches l’un de l’autre. On le voit bien sur l’image ci-dessus : quand on clique sur le bouton « blend » on a tendance à toucher l’en­co­deur, et donc on risque de chan­ger invo­lon­tai­re­ment le réglage de gain. Quant à l’en­co­deur, il est vrai­ment petit, et pas facile à « prendre en main », litté­ra­le­ment. Pour finir, un enco­deur c’est bien, mais l’ab­sence totale de marquage ou d’in­di­ca­tion de niveau fait qu’on ne peut pas mémo­ri­ser les réglages selon les instal­la­tions ou les fonc­tions recher­chées.

Le niveau de sortie (casque) se règle au sein de votre envi­ron­ne­ment numé­rique (niveau de sortie de votre ordi­na­teur + niveau de master dans votre séquen­ceur).

Bench­mark

Préci­­­­sons-le d’abord, la Jam X travaille dans une réso­­­­lu­­­­tion max de 24 bits/96 kHz. Un petit tour du côté de RTL Utility nous apprend que la latence réelle est la suivante :

Le buffer sur 32 échan­tillons en 44.1 kHz, RTL Utility remonte une latence de 11,026 ms

Le buffer sur 64 échan­tillons en 44.1 kHz, RTL Utility remonte une latence de 12,001 ms

Le buffer sur 128 échan­tillons en 44.1 kHz, RTL Utility remonte une latence de 13,104, ms

Le buffer sur 256 échan­tillons en 44.1 kHz, RTL Utility remonte une latence de 20,291, ms

Le buffer sur 32 échan­tillons en 96 kHz, RTL Utility remonte une latence de 7,988 ms

Le buffer sur 64 échan­tillons en 96 kHz, RTL Utility remonte une latence de 8,012 ms

Le buffer sur 128 échan­tillons en 96 kHz, RTL Utility remonte une latence de 8,990 ms

Le buffer sur 256 échan­tillons en 96 kHz, RTL Utility remonte une latence de 11,053 ms

Afin de tester l’in­­ter­­face, nous avons fait un bench­­mark avec notre fidèle APx515 d’Au­­dio Preci­­sion. Comme d’ha­­bi­­tude, nous publions les résul­­tats obte­­nus en THD, rapport signal/bruit et dévia­­tion des voies, pour les entrées et sorties analo­­giques. Pour toutes les confi­­gu­­ra­­tions, je règle le gain pour obte­­nir le meilleur résul­­tat possible.

Gain max : 18,45 dB mesu­­rés en direct, 20,172 dB à travers la STAN (loin derrière les 36 dB annon­cés, que je n’ai jamais pu obte­nir)

Commençons par… la seule entrée : 

  • Relative Level (1,00000 kHz)
  • THD Ratio
  • THD+N Ratio

Dévia­tion : ±0,458 dB, c’est tout à fait correct.

THD : presque 0,2 % sur tout le spectre en THD+N, 0,1 % plus bas sans la compo­sante N (bruit).

Rapport signal/bruit : 64,137 dB, je n’ai pas réussi à obte­nir mieux selon les niveaux d’en­trée ou de sortie.

Qu’est-ce que donnent les diffé­rents niveaux de compres­sion ?

  • Comped Gains
  • Comped THD+N

 Ci-dessus on voit d’abord les diffé­rentes courbes de gain, où l’on remarque que chaque préré­glage de compres­sion occa­sionne une dimi­nu­tion de ±5 dB supplé­men­taire (@ 1 kHz), corré­lée avec une accen­tua­tion du grave (entre 20 et 50 Hz) d’en­vi­ron 1,5 dB supplé­men­taire.

Comment est-ce que ça sonne ?

Géné­ra­le­ment, pour ces tests d’in­ter­faces, je me concentre sur la machine, et je ne me lance pas dans des prises. C’est une conti­nua­tion du proto­cole établi par RedLed avant moi, c’est peut-être aussi par souci de modes­tie en tant que musi­cien, c’est égale­ment parce que je n’ai pas à ma dispo­si­tion de guitares tombant dans une « norme » musi­cale (je n’ai que des vieilles pelles très « garage » des années 1960, frettes usées, into­na­tion précaire, accor­dage diffi­cile) et c’est surtout parce que les inter­faces ont géné­ra­le­ment un usage global, qui ne cible pas un instru­ment en parti­cu­lier… Ici c’est diffé­rent, et j’ai donc sorti ma guitare pour faire quelques essais, non seule­ment de l’in­ter­face, mais aussi du plugin Neural DSP fourni avec.

Voilà donc ce que cela donne, avec ma bonne vieille Hofner Galaxie (micro central), enre­gis­trée dans Able­ton Live 11 Lite, avec un peu d’ha­billage (un tout petit peu de réverbe, écho, chorus), pas d’EQ, pas de mix : 

guitar_comp00_FX
00:0000:42
  • guitar_comp00_FX00:42
  • guitar_comp01_FX00:42
  • guitar_comp02_FX00:42
  • guitar_comp03_FX00:42

On entend bien la compres­sion progres­sive, l’ac­cen­tua­tion des graves, et l’on remarque, sur le niveau 3 (Vintage Blue Stomp), que l’at­taque rapide devient très audible, avec un effet de pompage moyen­ne­ment satis­fai­sant pour le type de jeu employé ici (à voir dans d’autres situa­tions). On entend aussi que chaque niveau de compres­sion amène chaque fois un peu plus de bruit de fond, mais cela est diffi­ci­le­ment évitable.

Un petit problème que nous remarquons lors du test : parfois en réglant le gain, l’en­co­deur injecte un « clic » audible lorsqu’on le tourne, sorte de petit crépi­te­ment désa­gréable (ça ressemble à un petit bruit de courant continu en sortie, pour ceux à qui cela parle).

En revanche, on appré­cie bien le réglage de gain, très progres­sif, qui permet une bonne atté­nua­tion d’en­trée, s’adap­tant très bien à des micros qui ont « la patate » (c’est le cas sur ma guitare), ou à des hauts niveaux de sorties de chaînes d’ef­fet. On arrive à garder un son vrai­ment cris­tal­lin, et assez neutre, avant d’en­trer en mode Soft Limi­ting.

Conclu­sion

On reste un peu mitigé sur cette inter­face. D’un point de vue sonore, les exemples presque sans effets que nous avons enre­gis­trés montrent bien un carac­tère sonore agréable, assez neutre (surtout sans compres­sion), qui pourra faire une bonne base pour un trai­te­ment subsé­quent au sein d’une STAN. On note aussi qu’on peut bien atté­nuer le signal en entrée, permet­tant d’ob­te­nir un son « sec » très cris­tal­lin, et promet­tant aussi une bonne adap­ta­tion aux diffé­rents niveaux de sortie selon les instru­ments ou les effets utili­sés avant l’in­ter­face. Les trois compres­sions propo­sées sont agréables, allant du discret (mais effi­cace) au fran­che­ment audible. Et pour finir, on a beau­coup aimé le plugin de Neural DSP – même si c’est un à-côté de l’in­ter­face, notam­ment parce qu’il n’est livré qu’en version d’éva­lua­tion, d’où son absence dans les points forts/faibles – et l’on trouve que l’in­ven­ti­vité sonore qu’il cultive invite le musi­cien à explo­rer des possi­bi­li­tés surpre­nantes, à expé­ri­men­ter.

Reste tout de même l’im­pres­sion d’un trop grand nombre de petits défauts, de petites conces­sions, dont aucune n’est vrai­ment rédhi­bi­toire, mais qui ont tendance, toutes ensemble, à brouiller l’ex­pé­rience de l’uti­li­sa­teur. On se demande si une inter­face un peu plus grosse ne règle­rait pas une grande partie des problèmes : meilleure ergo­no­mie, plus grande stabi­lité, place supplé­men­taire pour ajou­ter un affi­chage de niveau d’en­trée (et pas juste de modu­la­tion de signal), pourquoi pas un contrôle de niveau de sortie… Et cela d’au­tant plus que, si l’on regarde la concur­rence (voir liste dans l’in­tro), cette Jam X est la plus chère des inter­faces de ce type. À une époque où Preso­nus propose la Reve­la­tor io44 (qui a aussi son lot de défauts, nous le recon­nais­sons) avec une entrée instru­ment + des effets en DSP inté­grés, avec un affi­chage sur écran LCD, et cela pour un prix infé­rieur, nous ne sommes pas sûr que la Jam X gagne vrai­ment la partie… Si ce n’est par sa porta­bi­lité et sa simpli­cité à toute épreuve, deux quali­tés qui demeurent indé­niables.

7/10
Fabrication (?) : Mexique
Points forts
  • Facile à prendre en main
  • Des compressions efficaces (et avec une réponse en fréquence bien spécifique)
  • Un limiteur intégré pour retarder la saturation
  • Un mode "Blend" pour minimiser les problèmes de latence
  • Un réglage de gain bien progressif
  • Un son clair cristallin
Points faibles
  • Trop léger pour le poids des câbles
  • Clic parfois audible lorsque l'on augmente le gain
  • Encodeur sans marquage, ni indicateur
  • THD un peu élevée
  • Rapport S/B bas
  • Gain constaté inférieur à ce qu'annonce le constructeur
  • Niveau de sortie non contrôlable depuis l'interface
Auteur de l'article Pr. Soudure de La Feuille

Venu à la musique par le bruit, j'y retournerai un jour. J'aime les beaux circuits bien propres, les musiques sales et moches. Technicien de jour, la nuit je dors.


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