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Test de la Connect 6 de Lewitt - Lewittième merveille du monde ?

8/10

Lewitt n'est donc pas là où on l'attendait. La marque autrichienne, bien connue pour ses micros électrostatiques LCT, nous a fait parvenir une petite interface audio surprenante, la Connect 6, pour qu'elle nous révèle ce dont elle est capable. Ce test, nous ne pouvions donc pas lewitter...

Test de la Connect 6 de Lewitt : Lewittième merveille du monde ?

C’est promis, c’était le dernier jeu de mot pourri ! La Connect 6, pour en venir à notre inter­face du jour, tourne donc autour d’une idée simple (un peu comme lewitt les planètes autour du soleil ! Pardon, j’avais promis…) : celle d’of­frir une inter­face multi-usage, dont les quali­tés sonores la prédis­posent aussi bien au travail de l’au­dio en musique que pour la créa­tion de contenu numé­rique (un sujet que nous avons beau­coup abordé ces derniers temps, c’est la tendance actuelle). Sortie en octobre dernier (c’est dommage, si ça avait été en août, j’au­rais pu dire lewit­tième mois de l’an­née… tant pis), il ne s’agit pas — comme on pour­rait le penser — de la première inter­face de l’en­tre­prise autri­chienne : en effet, il y a eu un précé­dent, la Stream 4X5, non dispo­nible pour le marché euro­péen, et dont le design externe est simi­laire à la Connect 6.

LEWITT CONNECT6 product-image GAvec cette inter­face, nous abor­dons donc un terrain inconnu. Nous savons que le construc­teur met en avant la poly­va­lence de l’in­ter­face et du logi­ciel qui l’ac­com­pagne, censés s’adap­ter à de multiples usages. Nous savons égale­ment que Lewitt a annoncé des déve­lop­pe­ments futurs, aussi bien du côté des DSP que d’autres inter­faces.

Comme d’ha­bi­tude, commençons par le débal­lage.

Débal­lage

La première chose qui nous frappe, en sortant la Connect 6 de sa boîte c’est, bien entendu, son design très origi­nal. Là où la plupart des construc­teurs optent pour le paral­lé­lé­pi­pède rectangle ou la pyra­mide tronquée (là, je vous renvoie à vos cours de géomé­trie), Lewitt a choisi une forme complexe, qui marie les surfaces brillantes et mates en un solide à facettes. Au premier abord, elle a un look sorti tout droit d’un film de science-fiction (« Star Wars » ou, pourquoi pas « Alien, Lewit­tième passa­ger », je suis incor­ri­gible). Toute­fois, on comprend rapi­de­ment, en obser­vant l’in­ter­face sous tous les angles, que son épais­seur varie en fonc­tion de la taille des connec­tiques qui se trouvent implan­tées à l’ar­rière et à l’avant : partout où l’on n’a pas besoin d’épais­seur, l’in­ter­face s’amin­cit. Approche fina­le­ment assez ration­nelle.

Comme à notre habi­tude, faisons un petit tour descrip­tif de l’ap­pa­reil.

Celle-ci est four­nie avec deux câbles : USB-C vers USB-C, ou vers USB-A.

Sur la face arrière on trouve pratique­ment l’in­té­gra­lité des points de connexion, avec de gauche à droite :

  • une prise USB-C pour le raccor­de­ment à l’or­di­na­teur (compa­ti­bi­lité Mac et Windows)
  • une autre pour l’adjonc­tion d’une alimen­ta­tion (peut être néces­saire pour une meilleure stabi­lité lors de certaines utili­sa­tions de l’in­ter­face, par exemple lors de l’uti­li­sa­tion en raccor­de­ment avec un appa­reil mobile servant à diffu­ser un stream)
  • une entrée auxi­liaire sur jack TRS 3,5 mm
  • une troi­sième prise USB-C pour le raccor­de­ment à un support mobile (qui gère entrée/sortie, et travaille en 48 kHz)
  • une sortie stéréo sur jack 3,5 mm TRS pour enceinte portable, deux sorties sur jack TRS 6,35 mm pour le raccor­de­ment à des enceintes de moni­to­ring
  • et pour finir les deux entrées instru­ment/micro sur combo XLR Jack TRS 6,35 mm.

LEWITT CONNECT6 product-image E

LEWITT CONNECT6 product-image D

À l’avant comme on le voit ci-dessus, on trouve seule­ment les deux sorties casques, l’une sur jack 3,5 mm, l’autre sur format 6,35 mm. Ces deux sorties peuvent rece­voir des mix indé­pen­dants.

LEWITT CONNECT6 product-image BSur la face supé­rieure, un gros enco­deur rota­tif vous permet de contrô­ler diffé­rentes fonc­tions : en cliquant dessus, on sélec­tionne ce que l’on règle : soit les gains d’en­trée (pour les entrées 1 et 2 indé­pen­dam­ment), soit le niveau de sortie casque (pour les sorties casques 1 et 2 indé­pen­dam­ment), soit le niveau de moni­to­ring, soit pour finir la commu­ta­tion de l’ali­men­ta­tion fantôme 48 V (indé­pen­dante entre les entrées — très bon point — pour cela on sélec­tionne l’en­trée dési­rée et on main­tient l’en­co­deur enfoncé pendant 5 secondes). La sélec­tion de ces diffé­rents para­mètres est signa­lée par un ensemble de picto­grammes rétroé­clai­rés, placés vers la gauche de la face supé­rieure. Entre ces picto­grammes et l’en­co­deur, on trouve un double indi­ca­teur de niveau à douze segments : lors du réglage des gains d’en­trée, la barre du haut affiche le niveau de gain d’en­trée, tandis que la barre du bas indique le niveau du signal audio entrant ; lorsque l’on règle le niveau de sortie (casque ou haut-parleur), celui-ci s’af­fiche en stéréo sur les deux indi­ca­teurs. Bref, c’est très bien fait, et assez instinc­tif.

Nos premières impres­sions sont rela­ti­ve­ment simples : la Connect 6 béné­fi­cie d’un design vrai­ment origi­nal, avec une construc­tion rela­ti­ve­ment robuste (et l’on remarque au passage qu’une majo­rité des connec­tiques d’en­trée et de sortie sont fixées sur le châs­sis, un point toujours bon pour la longé­vité de l’ap­pa­reil). Nous tenons à signa­ler que cette forme, malgré son aspect inat­tendu, nous a paru ne poser aucun problème au niveau de l’er­go­no­mie.

Deux petits points qui nous ont moins plu :

Pour ce qui est de la répar­ti­tion des entrées et des sorties, vous le savez si vous lisez ces tests régu­liè­re­ment, notre préfé­rence person­nelle va aux inter­faces propo­sant au moins une entrée à l’avant, en plus des sorties casques (pratique pour les instru­men­tistes) même si nous savons que dans ce domaine, il y a autant de préfé­rences que d’uti­li­sa­teurs. Reste qu’une entrée combo XLR/jack à l’avant, une à l’ar­rière, ç’au­rait pu être assez inté­res­sant.

Le système de sélec­tion par enco­deur cliquable est bien conçu comme nous l’avons dit, mais la sobriété géné­rale de l’ap­pa­reil laisse de côté une très grande partie des para­mé­trages, que l’on retrou­vera dans le logi­ciel. Là aussi, comme nous l’avons fait remarquer, lors des tests des inter­faces de la série Reve­la­tor de PreSo­nus, l’in­clu­sion d’écrans permet aujour­d’hui d’in­té­grer le contrôle d’un maxi­mum de fonc­tion direc­te­ment depuis l’in­ter­face, à égalité avec le logi­ciel, même quand celle-ci est très minia­tu­ri­sée. On peut aussi songer à l’in­clu­sion de quelques boutons « Fonc­tion » assi­gnables depuis le soft­wa­re… Ici ce n’est clai­re­ment pas vers ce choix que Lewitt s’est tourné. Ce n’est pas un manque grave, mais c’est toujours un peu dommage.

Logi­ciel

Le logi­ciel fourni par Lewitt est très complet, c’est son grand inté­rêt !

Quatre entrées (analog 1 & 2, Aux in et Mobile, les tranches de ces deux dernières ne deve­nant actives que lorsqu’on y connecte quelque chose) : En plus du réglage de gain, on trouve les commu­ta­teurs du 48V, d’un filtre passe-haut et d’un inver­seur de phase, en plus de trois effets commu­tables, gérés par un DSP — expan­deur et compres­seur, et égali­seur (assez simple, mais qui suffit pour débu­ter — 4 bandes avec Q ajus­tables plus 5 types de filtrages acces­sibles). Manque seule­ment la possi­bi­lité de muter une entrée spéci­fique­ment. Peut-être un ajout futur ?

Capture d’écran 2023-01-19 à 12.45.12

Chaque entrée est assi­gnable à un des deux Master Mix, ou au deux simul­ta­né­ment. On peut égale­ment leur assi­gner les 6 voies numé­riques (soft­ware chan­nels, gérables depuis la STAN), les voies par défaut étant bien entendu 1/2, mais les deux autres couples ouvrent vrai­ment les possi­bi­li­tés de cette petite inter­face (plus géné­reux que la récente BOOM d’Apo­gee, par exemple). Un système de potard recti­ligne virtuel permet de régler le niveau que prend chacune de ces sources dans les Master Mix. Ces deux Master Mix ont ensuite un réglage de master géné­ral, avec possi­bi­lité d’ajout d’un effet Maxi­mi­zer permet­tant d’évi­ter les écrê­tages, et vous four­nis­sant deux mix à des niveaux de master parfai­te­ment simi­laires.

Pour finir, en bas à droite, quatre sorties (haut-parleur de moni­to­ring, casque 1 & 2 et Mobile) vous permettent d’en­voyer indé­pen­dam­ment n’im­porte quel signal (entrées analo­giques, entrée USB-C, voies du soft­ware ou master mix) dans n’im­porte quel dispo­si­tif d’écoute ou d’en­re­gis­tre­ment. S’ajoute à cela une fonc­tion Loop­back inté­grée (boucle de retour) qui permet la réinjec­tion de n’im­porte quel signal dans n’im­porte quelle entrée, en boucle (en huis clos pour­rait-on dire, même en Lewitt-clos… Flûte, ça me reprend).

Sur le logi­ciel, rien à redire ! C’est excellent, complet et simple. Les possi­bi­li­tés de routage sont très complètes. Pour compa­rer avec quelques exemples récents, on est à peu près à égal avec ce que propose Audient (si l’on omet les fonc­tions assi­gnables Mute, Dim…), c’est-à-dire à quelque chose qui rassemble les meilleurs aspects d’un contrô­leur numé­rique bien ergo­no­mique.

Le bundle comprend Stein­berg Cubase LE, Stein­berg Cuba­sis LE. Avec un contrô­leur aussi bien construit, et un DSP, on ne va pas râler, mais quelques ajouts, quelques banques de sons, quelques parte­na­riats seraient bien­ve­nus dans le futur.

Bench­mark

Réso­lu­tion : La Connect 6 travaille dans une réso­­­­lu­­­­tion max de 24 bits/96 kHz. Un petit tour du côté de RTL Utility nous apprend que la latence réelle est la suivante :

En mettant le buffer sur 256 samples en 44 kHz, le logi­­­­ciel remonte une latence de 17.098 ms.

En mettant le buffer sur 256 samples en 48 kHz, le logi­­­­ciel remonte une latence de 16.396 ms.

En mettant le buffer sur 256 samples en 96 kHz, le logi­­­­ciel remonte une latence de 9.635 ms.

En mettant le buffer sur 128 samples en 44 kHz, le logi­­­­ciel remonte une latence de 11.451 ms.

En mettant le buffer sur 128 samples en 48 kHz, le logi­­­­ciel remonte une latence de 10.750 ms.

En mettant le buffer sur 128 samples en 96 kHz, le logi­­­­ciel remonte une latence de 6.271 ms.

Afin de tester l’in­­ter­­face, nous avons fait un bench­­mark avec notre fidèle APx515 d’Au­­dio Preci­­sion (lien). Comme d’ha­­bi­­tude, nous publions les résul­­tats obte­­nus en THD, rapport signal/bruit et dévia­­tion des voies, pour les entrées et sorties analo­­giques. Pour toutes les confi­­gu­­ra­­tions, je règle le gain pour obte­­nir le meilleur résul­­tat possible.

Gain max : 86,89 dB en pous­sant tous les faders dans le logi­ciel. C’est très bien, parfait même pour des micros qui demandent beau­coup de réserve, et c’est en accord avec ce que promet le construc­teur !

N. B. Pour ce test, nous avons utilisé une alim exté­rieure, pour éviter des imper­fec­tions qui auraient pu être géné­rées par notre PC.

Commençons par les entrées instru­ments :

  • elative-level-1-00000-khz-continuous
  • lew-con6-line-thd-ratio-steppedf

 

Dévia­tion : ±0,435 dB, c’est très correct, ça reste en dessous de 0,5 dB.

THD : majo­ri­tai­re­ment en dessous de 0,005 % avec une remon­tée en dessous de 50 Hz. Au-dessus de 2 kHz, on remarque une série en peigne (qui ressemble à des harmo­niques) pertur­ba­tion que l’on voit de plus en plus sur les petites inter­faces alimen­tées en USB-C. En augmen­tant la défi­ni­tion d’en­trée de l’ana­ly­seur, on a remarqué que l’on saisit plus de pics encore, certains se concen­trant vrai­ment sur une fréquence extrê­me­ment précise. Nous n’avons pas d’ex­pli­ca­tion tech­nique à donner pour ces profils, même s’ils nous semblent, en vérité, assez anec­do­tiques, et cela d’au­tant plus qu’ils sont répan­dus.

Rapport signal/bruit : 93,965 dB.

Passons à l’en­trée aux : 

  • Lewitt Connect 6 Aux Delta 0,251ndB
  • Lewitt Connect 6 Aux THD 84,420 dB

 

Dévia­tion : ±0,251 dB. encore mieux, rien à redire. Pour une desk­top, c’est vrai­ment bien.

THD : Un peu plus élevée, avec une moyenne à 0,006 %, mais en revanche le profil en peigne est moins signi­fi­ca­tif.

Rapport signal/bruit : 91,420 dB

Et main­te­nant l’en­trée micro :

  • elative-level-1-00000-khz-continuous (1)
  • lew-con6-mic-thd-ratio-steppedf

 

Dévia­tion : ±0,220 dB. Meilleur résul­tat du lot, comme souvent.

THD : Des résul­tats simi­laires à l’en­trée instru­ment, à peine plus hauts, pile à 0,005 %, avec ce même profil en peigne au-dessus de 2 kHz.

Rapport signal/bruit : 91,592 dB

Qu’en est-il de la sortie casque ?

  • Lewitt Connect 6 HP Deelta 0,533 dB
  • Lewitt Connect 6 HP THD 80,252 dB

 

En restant sur l’en­trée micro, qui a donné de meilleurs résul­tats…

Dévia­tion : ±0,533 dB, on retrouve souvent une petite baisse dans le haut du spectre sur les entrées casque, rien d’éton­nant.

THD : c’est un peu plus élevé que sur la sortie moni­to­ring, mais dans la même lignée que l’en­semble.

Rapport signal/bruit : 80,252 dB, moins bon résul­tat obtenu avec cette inter­face.

Que dire de ces résul­tats ? Ce n’est pas mal pour une desk­top, la THD est basse (malgré ces pertur­ba­tions dans le haut du spectre) et la linéa­rité est correcte. On a vu de meilleurs rapports signal/bruit, encore récem­ment d’ailleurs, c’est le seul point qui nous chagrine une peu, mais ça reste un détail.

Conclu­sion

Cette Connect 6 est vrai­ment une belle décou­verte.

LEWITT CONNECT6 product-image SPour résu­mer, vous avez une inter­face avec des préam­plis de plutôt bonne qualité (avec certes un rapport S/B peut-être à amélio­rer dans le futur) — donc bon point pour les musi­ciens -  sur une inter­face que vous pouvez utili­ser aussi bien avec un ordi­na­teur qu’avec un support numé­rique portable, voir les deux à la fois bien entendu, avec un routage entiè­re­ment assi­gnable depuis le logi­ciel Lewitt, et avec un loop­back — bon point pour les créa­teurs de contenu numé­rique — le tout dans un appa­reil au design origi­nal, et qui embarque des effets en DSP (mais un bundle limité).

Certes, à presque 300 euros, la Connect 6 se situe plutôt sur le haut du marché actuel des petites desk­tops et l’on peut donc espé­rer, pour le futur, quelques ajouts, soit de fonc­tions réglables depuis le hard­ware, soit au niveau du bund­le… Mais à n’en pas douter, la Connect 6 trou­vera son public, inspi­rera des musi­ciens, et les fera même peut-être partir en lewit­ta­tion. Je ne peux pas m’en empê­cher, c’est terrible !

Notre avis : 8/10

  • Un design unique
  • Deux sorties casques indépendantes
  • Un logiciel très complet et très ergonomique
  • 6 voies numériques, pour plein de possibilité de routage
  • Effets DSP
  • Fonction loopback intégrée
  • THD basse
  • Bundle un peu limité
  • Peu de contrôle présent au niveau du hardware (au moins un Mute de master serait bien)
  • Pas de mute pour les entrées non plus
Pays de fabrication : Chine

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