Voici de passage par notre banc d'essai la toute mini, toute simple AudioBox GO de chez PreSonus. Il s'agit, vous l'aurez compris, de la version la plus réduite, la plus portative et la moins chère de la gamme d'interfaces desktops AudioBox.
Et c’est vrai qu’elle est sacrément petite ! On n’avait pas vu aussi mini depuis l’EVO-4 proposée par Audient. D’une interface qui tient dans le creux de la main, super légère, on comprend immédiatement l’avantage, mais aussi la limite : un prix très bas, un objet très facile à transporter, très facile à prendre en main la première fois… mais duquel on n’attend pas des performances de combattant, ni une construction au top, bien évidemment.
D’autant plus qu’on le sent bien, le public visé n’est pas celui des home-studistes aguerris, sans même parler des professionnels : on parle plutôt d’un produit pour les débutants, ce qui n’est pas rédhibitoire… Au contraire, c’est même parfaitement adapté aux pages d’AF, étant donné que notre rôle a toujours été d’aider les gens à faire de la musique, et qu’il faut bien débuter quelque part !
Trêve de bavardage, place au déballage !
Déballage
J’insiste depuis le chapeau de l’article, mais c’est vrai que la première chose qui frappe quand on sort l’AudioBox GO de sa boîte c’est sa légèreté (240 g). Et avec la légèreté, vient très rapidement le sentiment d’une construction peu robuste. Donnez un petit coup avec votre doigt sur le dessus et vous entendrez la résonance typique d’une boîte en plastique pas très épais. Ce qui n’est pas surprenant, puisque c’est exactement de cela que son boîtier est fait.
Faisons rapidement le tour des entrées et sorties : sur la face arrière on trouve les trois entrées, avec les entrées ligne et micro réunies sur la voie 1, à travers une connectique combo XLR Jack 6,35 mm, et à côté l’entrée instrument, sur la voie 2, avec une entrée jack 6,35 mm. Sur le côté gauche de la face arrière on trouve les sorties moniteur sur jack TRS 6,35 mm, ainsi que le port USB-C pour la connexion à l’ordinateur et l’auto-alimentation.
La face avant est tout aussi simple. On y trouve les deux contrôles de gain, chacun affublé d’une LED pour signaler la saturation. Au-dessus, un potentiomètre permet de régler le mix entre l’entrée directe et le retour USB. Un bouton rétroéclairé permet de commuter l’alimentation fantôme 48 volts sur l’entrée micro. Un gros bouton principal (mais pas si gros que ça, bien entendu) permet de régler le niveau de monitoring et, tout à droite, on trouve une sortie casque (jack TRS 6,35 m) avec son atténuateur juste au-dessus.
L’impression de manque de solidité est amplifiée par l’absence de fixation des différentes connectiques au boîtier. C’est un point sur lequel nous insistons régulièrement, et qui fait toute la différence entre les interfaces bas de gamme et celles mieux conçues et généralement plus chères.
L’aspect positif que nous remarquons, pour une si petite interface, c’est d’avoir pensé à inclure une entrée instrument, qui permettra des prises en direct très simple, type chant/instrument, parfait pour réaliser des démos.
Quelques aspects négatifs, évidents dès le déballage, sont :
- La légèreté de l’interface, si elle facilite son transport, a tendance à la rendre instable dès qu’on y branche des câbles un peu longs, et donc un peu lourds (l’interface ne reste pas en place sur le bureau).
- Les boutons des potentiomètres sont trop serrés les uns à côté des autres, ce qui laisse peu de place pour faire des réglages fins, et empêche même de lire la fonction de chaque bouton une fois que l’interface est posée devant soi sur un bureau.
- Pour finir, la colle utilisée sur les étiquettes amovibles laissent des traces assez importantes sur l’interface (voir photo). C’est un détail, mais ça demande d’utiliser un solvant dessus dès le déballage…
Pour finir, nous avons remarqué lors des tests que les deux boutons de gain fonctionnaient de manière inégale, avec une augmentation faible du gain jusqu’au dernier quart de leur course. Nous soupçonnons l’utilisation de potentiomètres avec une courbe inadaptée, mais il pourrait s’agir d’autres soucis de conception…
N’en jetons plus, passons au benchmark
Benchmark
Afin de tester l’interface, nous avons fait un benchmark avec notre fidèle APx515 d’Audio Precision. Comme d’habitude, nous publions les résultats obtenus en THD, rapport signal/bruit et déviation des voies, pour les entrées et sorties analogiques. Pour toutes les configurations, je règle le gain pour obtenir le meilleur résultat possible.
Commençons par l’entrée ligne (signal d’entrée 1 V RMS) :
Déviation : ± 0,465 dB, ce n’est certes pas catastrophique, mais on peut faire beaucoup mieux : la Minifuse 1, par exemple.
THD : ça tourne autour de 0,02 %, chiffre là aussi assez moyen. C’est à peu près au niveau de la M-Caster Live ou de la M-Track Solo. En revanche, et contrairement à de nombreuses petites interfaces, on remarque que le résultat est assez égal à toutes les fréquences.
S/ B : 74,816 dB
Sur l’entrée micro les résultats sont similaires (signal d’entrée 100 mV RMS), avec une THD légèrement moins forte sous 3 kHz :
Quant à l’entrée instrument (signal d’entrée 200 mV RMS) :
La déviation est un peu plus forte (0,516 dB) et la THD aussi, ainsi que le rapport S/B, à 70,653 dB.
Pour finir, voici les courbes mesurées sur la sortie casque qui, comme on peut s’y attendre, est encore un peu moins bonne, avec un décalage notable d’une voie à l’autre au-dessus de 3 kHz :
Conclusion
Comme vous l’aurez compris, à la lecture de cet article, l’AudioBox GO de PreSonus, au-delà d’être l’interface la plus abordable du constructeur, est également celle qui offre le moins d’avantages techniques, si ce n’est sa taille et son poids qui la rendent facilement transportable. Nous n’allons pas vous refaire la liste complète des critiques que nous avons soulevées durant ce test… Pas la peine de descendre l’AudioBox go qui ne prétend pas, de toute façon, fournir beaucoup plus qu’une base simple, soit pour débuter, soit à utiliser comme interface de secours lors de déplacements. Si l’on se place de ce point de vue, ces résultats sonores ne sont fondamentalement ni pires ni meilleurs que ce que proposent la plupart des interfaces dans cette gamme de prix. Certes, on pourra toujours noter que, pour deux dizaines d’euros de plus (ce qui n’est pas rien, en tout cas pas pour tout le monde…), la Minifuse 1 d’Arturia nous avait donné des résultats bien plus encourageants lors des mesures et bénéficiait d’une construction plus solide. Au final, cette petite box nous laisse donc une impression mitigée, mais nous ne doutons pas qu’elle pourra trouver sa place dans certains set-up, pour la création de démo, ou comme solution pratique pour celles et ceux qui veulent voyager léger.