Lewitt promet l'interface la plus facile à prendre en main, donc la mieux conçue pour les débutants, sur le marché. Et l'on se demande s'ils n'ont pas raison : on a rarement vu une interface aussi bien pensée pour découvrir l'enregistrement et la diffusion sonore...
Voici donc la Connect 2, qui avait reçu un accueil plutôt intrigué dans les colonnes du forum, et dont le test était vraiment incontournable. Avec un look plus sobre que son pendant la Connect 6, elle se place sur le marché de l’interface comme un appareil dédié à l’enregistrement musical ou podcastique (j’invente le mot, j’assume), avec un accent mis tout particulièrement en avant sur sa facilité d’usage, et son grand nombre d’options de traitement sonore, facilitant sa prise en main et le passage de l’apprentissage à la réalisation pour les plus novices.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la marque, sur ce point, n’a pas chômé. Explications…
Présentation
La Connect 2 se présente sous la forme originale d’un pad tactile, avec boutons et indicateurs rétroéclairés, et à l’arrière, sur sa partie la plus épaisse, l’intégralité des connecteurs. Commençons par cela, puis nous verrons l’interface de contrôle :
On voit donc, de gauche à droite :
- la prise USB-C pour le raccordement à l’ordinateur et l’alimentation
- Les deux prises casques (jack TRS 6,35 et 3,5 mm), qui reçoivent le même signal (il n’y a qu’une voie stéréo pour le mix casque).
- Les deux sorties pour envoyer le signal vers les moniteurs, sur jack TRS 6,35 mm
- L’entrée instrument (qui accepte très bien les niveaux ligne également), sur jack TS 6,35 mm, avec une impédance adaptée aux instruments à micros.
- L’entrée micro, sur XLR, avec son bouton rétroéclairé pour déclencher l’alimentation +48 V DC.
C’est donc très simple, très clair.
Les sigles et indications sont évidents, et l’on retrouvera les mêmes symboles sur les boutons permettant de sélectionner les entrées et les sorties (c’est bien pensé, et c’est plus évident que des abréviations de termes techniques). Un seul défaut, qu’il serait difficile d’éviter : quand tout est branché, on se retrouve avec un ensemble de fiches très serrées, qui ne permettent plus de lire quoique ce soit, et qui deviennent difficiles à extraire tellement on manque de place). Le bouton 48V reste bien accessible, pour le reste c’est plus difficile : j’ai eu un peu de mal à brancher un casque lorsque les deux enceintes étaient reliées à l’interface. C’est dommage, mais vu le format, on comprend que ce soit le revers de la médaille, donc on ne pinaille pas trop…
Sur la surface supérieure, réalisée dans une matière plastique matte au toucher un peu soyeux, on trouve (dans le sens des aiguilles d’une montre, en commençant en bas à gauche) :
- Le bouton Custom, auquel on peut assigner 8 fonctions différentes
- Le bouton Instrument, pour sélectionner l’entrée idoine
- Le bouton Micro, pareil
- Le bouton Mute (à la double fonction : soit il mute l’entrée ou la sortie sélectionnée, soit il mute tout lorsqu’on le presse longuement – mode nommé « Panic Mute » par Lewitt, c’est plutôt honnête comme nom…)
- Le bouton Enceintes, pour sélectionner cette sortie
- Le bouton Casque, pareil
- Le bouton Mix, pour régler le niveau de mélange entre son direct et retour de l’ordinateur.
Au centre, une roue, entourée d’un indicateur à segment lui-même circulaire, permet d’effectuer les réglages de façon tactile. L’indicateur s’éclaire durant le réglage pour indiquer le niveau de gain, de mélange ou d’atténuation sélectionné, puis il affiche le signal sortant (la LED verte continuant par ailleurs d’afficher le niveau de gain/atténuation/mélange selon la fonction sélectionnée par les boutons latéraux).
Au centre, un gros bouton pour déclencher le réglage automatique du gain, option fonctionnant indifféremment avec les entrées « micro » ou « instrument » sélectionnées.
Le track pad est très agréable, il est surtout assez sensible, mais pas « trop » réactif, ce qui permet de réaliser des réglages assez précis (même si nous avons trouvé qu’il est utile de fignoler dans l’environnement numérique ensuite, lors de réglages vraiment fins).
Passons au logiciel…
Logiciel
On a déjà noté, dans la partie précédente, des petits détails qui aident à la prise en main de l’appareil (code pictographique clair, réglage automatique…). Mais c’est dans la partie logicielle qu’on va vraiment découvrir toutes les fonctionnalités de l’appareil, mais également tout ce qu’il propose de « bien pensé » pour aider le musicien ou producteur débutant à passer plus rapidement à la phase de création.
En premier lieu, il faut télécharger le logiciel et l’installer. Le logiciel se double de drivers ASIO sous Windows seulement, drivers inclus directement dans le fichier d’installation. À l’ouverture, le logiciel vous propose une mise à jour automatique du firmware. Une fois cela réalisé, le logiciel vous propose une présentation rapide des différentes sections qui compose son panneau principal, à savoir (de gauche à droite) :
- Les entrées, avec le réglage du gain, l’affichage du niveau du signal, la sélection d’un filtre passe-haut, du 48V (pour le micro seulement) et d’une option anti-écrêtage (nous y reviendrons). En bas de ces deux tranches, on trouve également le choix de « style » de préampli (clean, warm et vivid), les options « denoise » et « comp » pour compression, et le bouton mute de chaque piste.
- La piste stéréo du Loopback, avec son mute
- Les deux pistes stéréo de monitoring : enceintes et casque, avec leur mute et leur fader.
- Le mélangeur de monitoring, permettant de mixer entrée directe et retour ordi, avec une fonction « dim » et une fonction « mono ».
On peut aussi, depuis ce panneau principal, régler la résolution grâce à un menu déroulant, accéder aux paramètres et lancer la procédure « autosetup » (nous reviendrons bientôt sur ce réglage automatique).
Dans les paramètres, vous accédez aux réglages audio, au réglage de la couleur et de l’intensité des LED, et aux fonctions assignables au bouton "Custom :
On ne fera pas la liste complète, mais soulignons l’option intéressante de passer le mute du casque aux enceintes et inversement (parfait pour faire des comparaisons rapides), ou de passer le mute du couple micro/casque aux enceintes, et inversement, là aussi très pratique pour passer de l’enregistrement au monitoring des pistes enregistrées. On peut aussi choisir rapidement les styles de préampli (micro et instrument séparément) et accéder aux fonctions « dim » et « mono ».
Soulignons aussi dans les paramètres audio la possibilité de sélectionner une adaptation de la sortie casque pour les appareils à impédance élevée, et un mode plus puissant, utile pour l’emploi d’enceintes qui demandent plus de puissance. On peut aussi accéder à des modes de routage spécialement pensé pour le streaming, facilitant la création d’un mix instrument/voix, avec le loopback en sus. La Connect 2 propose deux modes de streaming : un pour mobiles, utile pour éviter des problèmes de panoramique stéréo forcé par une application tierce, par exemple ; un spécial pour macOS, système d’exploitation qui peut parfois bloquer l’utilisation du Loopback. Ces deux problèmes de routage spécifique sont contournés grâce à ces deux configurations, à employer seulement si les problèmes nommés ci-dessus apparaissent, bien entendu…
On ajoutera au passage que la Connect 2 peut également fonctionner avec un appareil mobile Apple (compatibilité OS),, mais pas nécessairement Android. De façon générale, l’auto-alimentation par USB-C nécessite 27W de puissance, ce que tout appareil ne peut fournir. Attention donc, vérifier la compatibilité avant !
Intéressons-nous maintenant aux traitements du son :
- Le système anti-écrêtage bascule d’un convertisseur et d’un préampli à l’autre (le second ayant une sensibilité de –12dB par rapport au premier) ce qui permet d’adapter le gain d’entrée. On voit le résultat ci-dessous, en gain et en THD (on remarque bien, sur la THD, le saut entre les convertisseurs à l’autre). Il nous semble qu’il s’agit, dans les grandes lignes, de la même technique qu’utilisée sur l’UAC-232 de Zoom.
- Le système antibruit (denoiser) fonctionne en analysant le son ambiant de votre environnement de travail et en annulant les fréquences parasites, sur un modèle proche de celui des casques à réjection des bruits ambiants. Il fonctionne bien entendu sur les sons constants, et ne peut pas bloquer un son parasite court et inattendu. Ci-dessous, un exemple avec une ronflette à 50 Hz + un souffle. On entend bien le recul important.
- Pour finir, la compression offre une courbe différente que la limitation d’écrêtage, et ajoute un contenu harmonique important, et colore donc le son (comparaison ci-dessous).
- Les « styles » de préamplis, quant à eux, opèrent une adaptation de la réponse en fréquence. Ci-dessous l’entrée instrument, avec la courbe « clean », très linéaire, la courbe « warm » avec environ –3 dB entre 1 et 20 kHz, la courbe « vivid » avec +5 dB au-dessus de 4 kHz.
Comme on peut également le voir, ces courbes diverses ont peu d’effet sur la THD, qui augmente à peine au-dessus de 4 kHz avec le mode « vivid », et reste généralement égale en mode « warm ».
On notera au passage que les fonctions « Denoiser » et « Comp » n’étaient pas disponibles à la plus haute fréquence d’utilisation (96 kHz) lorsque nous avons testé la machine. Un petit moins dont on espère qu’il sera revu lors de futures mises à jour du firmware.
L’option « Autosetup »enchaîne une série de panneaux vous guidant dans vos choix, avec des explications courtes et claires données à chaque étapes :
- Choix : Micro, Instrument, ou Micro + Instrument
- Micro Dynamique ou Statique (enclenchement du 48 V)
- Déclenchement du filtre passe-haut ou non
- 10 secondes de test pour régler le gain
- Choix du « style » de préampli
- Choix du compresseur ou non
- Choix du « denoiser » ou non
- Choix de « clipguard », option anti-écrêtage
Et l’on peut enregistrer en confiance.
Lors du travail, en plus, il suffit de passer son pointeur sur une commande pour qu’une courte explication apparaisse quant à sa fonction. C’est rare dans ce genre de logiciel, et c’est franchement bienvenu.
Signalons pour finir un mode « secret », le mode « showcase », pensé pour simplifier la présentation de microphones sur un salon. Ce mode verrouille toutes les fonctions à l’exception du volume du casque. Il suffit de régler le gain correct pour le microphone, puis d’activer le mode « Showcase », en pressant les icônes dans l’ordre suivant : 2x Microphone + 2x Instrument + 2xLoudspeaker + 2x Headphone (pour accéder ou en sortir).
Benchmark
Précisons-le d’abord, la Connect 2 travaille dans une résolution max de 24 bits/96 kHz. Un petit tour du côté de RTL Utility nous apprend que la latence réelle est la suivante :
Afin de tester l’interface, nous avons fait un benchmark avec notre fidèle APx515 d’Audio Precision. Comme d’habitude, nous publions les résultats obtenus en THD, rapport signal/bruit et déviation des voies, pour les entrées et sorties analogiques. Pour toutes les configurations, je règle le gain pour obtenir le meilleur résultat possible.
Gain max mesuré : 68,698 dB
Plage dynamique mesurée (pondération A) : 112,470 dB
Je précise que pour ce test, j’ai employé « l’auto-gain » en parallèle de mes propres réglages, pour vérifier la qualité de cette option, et que les résultats en THD obtenus était toujours excellents avec le réglage automatique proposé par la Connect 2. Chapeau !
Commençons par les entrées ligne :
Déviation : ±0,074 dB
THD+N : 0,002 % THD : 0,001 %
Rapport signal/bruit : 100,772 dB
Distorsion d’intermodulation : –91,418 dB
Passons aux entrées micro :
Déviation : ±0,106 dB
THD+N : 0,009 % THD : 0,006 %
Rapport signal/bruit : 93,425 dB
Distorsion d’intermodulation : –76,290 dB
Qu’en est-il de la sortie casque ?
Déviation : ±0,108 dB
THD+N : 0,03 % THD : 0,028 %
Rapport signal/bruit : 91,496 dB
Distorsion d’intermodulation : –60,073 dB
Conclusion
La chose la plus flatteuse que l’on peut dire de cette Connect 2, finalement, c’est qu’elle a été extrêmement facile à tester !
Je parle ici de la mesure. Brancher l’interface, en découvrir les contrôles, la régler et effectuer les tests… Tout cela a été réalisé rapidement, avec un sentiment d’aisance. On a été particulièrement impressionné de remarqué que la fonction de gain automatisé été très réactive par rapport aux signaux que nous analysions, et que le « denoiser » marche de façon efficace. Les seuls points qui nous ont négativement surpris : la latence, que l’on trouve un peut élevée, et le résultat de l’ampli casque, qui même en « haute impédance » a peiné à donner d’aussi bons résultats en THD sur une charge de 150 ohms (aussi bons que les sorties monitoring, s’entend). Cela reste donc très acceptable.
Bref, à un prix accessible (tout juste en dessous de 200 euros), cette Connect 2 nous semble arriver comme une option vraiment majeure sur le marché de l’interface simple, d’appoint ou pour débutant, puisqu’on sent qu’elle reprend des idées que l’on a vu apparaître ça et là sur d’autres appareils ces derniers temps, mais qu’en plus elle les réunit dans une forme totale particulièrement bien pensée, qui facilite réellement le travail de l’utilisateur, et lui permet de se concentrer sur ce qui compte : la musique.