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On refait le patch #46 : Test du Spectrasonics Keyscape - Vous reprendrez bien un peu de clavier ?

9/10
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On ne l' attendait pas forcément sur ce terrain et voici que Spectrasonics débarque avec Keyscape, un instrument virtuel dédié à sa majesté aux touches noires et blanches, dans sa version électrique comme acoustique.

Spec­tra­so­nics, un nom qui résonne toujours comme la promesse de grosses banques et de gros son. Après Trillian, l’énorme banque de samples dédiée à la basse sous toutes ses formes, et Omni­sphere, le synthé/sampleur virtuel de tous les super­la­tifs, voici donc Keys­cape. Cette fois-ci, l’édi­teur vise l’ex­haus­ti­vité et l’ex­cel­lence sonore dans le domaine des instru­ments à clavier, du toy piano au Celesta en passant bien entendu par le piano à queue de concert, diffé­rents modèles de pianos élec­triques et autres Clavi­net, le tout au tarif plutôt allé­chant de 349 € (399 $ sur le site de l’édi­teur). Spec­tra­so­nics atteint-il ses objec­tifs ? Voyons cela sans plus attendre en vidéo, puis en bons vieux mots pour les amateurs de lecture :

 

La collec’­sons divers

Tout d’abord, voici un petit rappel des instru­ments propo­sés : nous avons un Yamaha C7, deux modèles de pianos droits Wing, deux pianos élec­triques Rhodes dont le fameux Mark 1, un piano élec­trique Vintage Vibe, deux Wurlit­zer dont le clas­sique 200A, un CP-70, plusieurs pianets, un piano élec­trique produit en Alle­magne de l’Est (Welt­meis­ter Clavi­set), un Dulci­tone, un Celesta, un carillon (Chimea­tron), deux Clavi­net, un clavi­corde, un clave­cin élec­trique, un Dolceola (sorte de citare équi­pée d’un clavier), six modèles de pianos jouets (oui, vous avez bien lu, six !), un harmo­nium (ou orgue à souf­flet) élec­trique, quatre claviers réser­vés aux basses et enfin trois sono­ri­tés issues respec­ti­ve­ment des stars numé­riques des années 80 qu’étaient les Roland MKS 20, MK 80 et JD 800, comme par hasard trois appa­reils au déve­lop­pe­ment desquels le futur président de Spec­tra­so­nics Eric Persing a acti­ve­ment parti­cipé en tant que Sound Desi­gner en chef. À cela s’ajoute enfin un certain nombre d’ins­tru­ments « hybrides » compo­sés de deux presets d’ins­tru­ments issus de la liste ci-dessus.

Le plai­sir…

Comme on peut le consta­ter, la liste est assez impres­sion­nante, d’au­tant que pour chacun de ces instru­ments, on dispose d’une bonne dizaine (voire une ving­taine) de presets parti­cu­liè­re­ment bien défi­nis qui sonnent immé­dia­te­ment. Effet « whaou » garanti en bien des occa­sions. De nombreux presets imposent instan­ta­né­ment une ambiance et s’avèrent ainsi parti­cu­liè­re­ment inspi­rants. Par leur qualité évoca­trice, on compren­dra que nombre d’entre eux trou­ve­ront natu­rel­le­ment leur place dans le travail du son à l’image, au risque peut-être parfois de tomber dans le pléo­nasme. Mais au-delà de la qualité du son en lui-même, ces instru­ments délivrent un plai­sir de jeu assez intense. Au risque de paraître dithy­ram­bique, je n’ai que très rare­ment éprouvé autant de plai­sir à jouer sur des instru­ments virtuels qu’avec les instru­ments de cette collec­tion-là. Voilà, c’est dit.

Spectrasonics Keyscape : C7

En tant que pianiste, j’ai notam­ment beau­coup appré­cié le C7. L’ex­cel­lente réac­ti­vité à la vélo­cité garan­tit de grandes possi­bi­li­tés d’ex­pres­sion. Cette réac­ti­vité est due en bonne partie au nombre de couches (layers) de samples employées dans la fabri­ca­tion de cette banque. Spec­tra­so­nics n’a pas voulu trop entrer dans les détails (secrets de fabri­ca­tion ?) quand je leur ai posé la ques­tion, mais ils m’ont tout de même répondu que certaines banques avaient néces­sité jusqu’à 32 couches diffé­rentes. Et cela s’en­tend. Les arti­cu­la­tions sont parti­cu­liè­re­ment bien repro­duites, et natu­rel­le­ment, les inten­tions de jeu s’en trouvent d’au­tant mieux servies, l’ex­pres­si­vité se hissant à un niveau rare­ment atteint jusque-là. Mention spéciale égale­ment au Rhodes Mark 1 qui dépasse très large­ment celui de Scar­bee pour Kontakt en matière de plai­sir de jeu. Le son, comme celui de tous les instru­ments de Keys­cape d’ailleurs, est énorme, remplis­sant tout le spectre, provoquant un ravis­se­ment en jeu solo qui néces­si­tera sans doute plus d’ef­fort toute­fois que le Scar­bee à l’heure de devoir faire rentrer le monstre dans un mix.

Globa­le­ment, Keys­cape est donc conçu autour de l’idée du plai­sir immé­diat, et l’on retrouve cette philo­so­phie dans l’in­ter­face très simple propo­sée par le logi­ciel. Le brow­ser permet de navi­guer assez aisé­ment entre les presets des diffé­rents instru­ments, qu’ils soient d’usine ou bien défi­nis par l’uti­li­sa­teur. Il dispose d’un moteur de recherche inté­gré, d’une fonc­tion de pré-écoute ainsi que de la possi­bi­lité d’at­tri­buer une note à chacun des presets. Ceux-ci proposent un lot de para­mètres prédé­fini que Spec­tra­so­nics a jugé les plus perti­nents pour chaque instru­ment. Les réglages de ces para­mètres se trouvent être égale­ment prévus pour être les plus simples possible. Il n’est ici nulle­ment ques­tion de « se prendre la tête ».

…a un prix

Mais tout ceci ne s’ob­tient pas sans certaines contraintes, voire carré­ment certaines inco­hé­rences. Tout d’abord, le nombre impor­tant de couches de sampling entraîne forcé­ment une infla­tion du poids des banques, avec tout ce que cela implique de prérequis en termes d’es­pace disque et de perfor­mances géné­rales de la machine censée faire tour­ner le logi­ciel.

Dans le cas présent, une instal­la­tion complète occu­pera plus de 70 Go sur votre disque dur. Sachez toute­fois que vous aurez la possi­bi­lité de n’ins­tal­ler qu’une partie (prédé­fi­nie) des instru­ments, pour ne plus occu­per qu’un espace de 30 Go. Mais dans les deux cas, les instru­ments néces­si­te­ront tout de même de bonnes capa­ci­tés de strea­ming de la part de l’or­di­na­teur hôte si l’on souhaite profi­ter de toutes leurs capa­ci­tés expres­sives. Si l’on est un peu moins exigeant à ce niveau, Spec­tra­so­nics propose une option « thin­ning » dans tous ses presets qui permet d’« amai­grir » les banques en reti­rant des couches de samples. C’est certes dommage pour l’ex­pres­si­vité, mais certaines machines moins récentes en seront recon­nais­santes.

A l’in­verse, on peut aussi char­ger l’in­té­gra­lité d’une banque en mémoire. Mais d’une part cela s’avère extrê­me­ment long (plusieurs minutes), et d’autre part cela peut mettre en péril la stabi­lité de votre confi­gu­ra­tion si votre RAM n’offre pas une marge de manœuvre suffi­sante. Spec­tra­so­nics recom­mande 8 Go de mémoire au mini­mum et un Core 2 Duo à 2,2 GHz. Person­nel­le­ment, avec cette quan­tité de RAM et un i5 quadri­cœur de l’an­née dernière, je me suis trouvé parfois un peu « juste ». À vous de voir, donc…

Ceci nous amène au point noir suivant, certai­ne­ment lié à l’as­pect très gour­mand du logi­ciel dont nous venons de parler : le nombre de voix de poly­pho­nie est limité à 64. Si cela peut sembler beau­coup, il ne faut pas oublier que cela n’in­clut pas unique­ment les notes que nous jouons, mais aussi celles que nous avons jouées et dont la réso­nance après relâ­che­ment n’est pas encore ache­vée. Avec l’em­ploi d’une pédale de sustain prolon­geant encore la durée de la réso­nance, les 64 voies de poly­pho­nie se verront rapi­de­ment atteintes lors de l’exé­cu­tion de certains morceaux, notam­ment dans le réper­toire clas­sique. Oubliez Chopin, Scria­bine et Rach­ma­ni­nov. C’est très dommage, surtout compte tenu de la qualité du travail effec­tué sur le C7 de Yamaha.

Le tour du clavier ?

Spectrasonics Keyscape : Duo

Et puisqu’on en parle, on regret­tera d’ailleurs que cette collec­tion ne comporte qu’un seul piano à queue. Quid de Stein­way, Fazioli, Bösen­dor­fer ? On pourra bien sûr se conso­ler de leur absence par la grande richesse de presets propo­sés pour le piano japo­nais, offrant un grand éven­tail de couleurs sonores, mais il n’em­pêche que ce choix, combiné à d’autres oublis, s’avère dérou­tant quand le nom du logi­ciel lais­sait entre­voir un pano­rama des instru­ments à clavier. Dans la série des absents, on notera ainsi les orgues acous­tiques et élec­triques (surtout le Hammond, parti­cu­liè­re­ment incom­pré­hen­sible lorsque l’on consi­dère le reste de l’offre), ainsi que le clave­cin acous­tique, pas tota­le­ment remplacé par le clavi­corde ou le clave­cin élec­trique.

On regret­tera égale­ment que l’on ne puisse pas libre­ment asso­cier les instru­ments entre eux, les presets d’ins­tru­ments hybrides étant fixes. Qui plus est, le para­mé­trage entre eux se limi­tera au réglage de gain. En effet, aucune possi­bi­lité de morphing, de déclen­che­ment en fonc­tion de la vélo­cité, de la tessi­ture, ou même de répar­ti­tion dans l’es­pace.

Gravé dans le marbre

Finis­sons par évoquer les divers effets utili­sés dans les diffé­rents patches et qui s’avèrent dans l’en­semble plutôt effi­caces même si l’uti­li­sa­teur n’a aucu­ne­ment la main sur leur choix et leur posi­tion­ne­ment dans le trajet du signal : on ne dispose ainsi pas d’une section d’ef­fets en tant que telle mais bien d’ef­fets inté­grés par les sound desi­gners de Spec­tra­so­nics à même le patch, sans qu’au­cun choix ne nous soit laissé. Si un preset propose ainsi un Flan­ger, mais pas de Tremolo, vous n’au­rez d’autre possi­bi­lité que de trou­ver un preset qui propose le Tremolo, mais pas forcé­ment le Flan­ger du coup. Combi­ner un flan­ger et une Wah sur un piano jouet ? Si personne n’y a pensé chez Spec­tra, vous n’au­rez pas le loisir d’es­sayer cela vous même.

On se sent alors rapi­de­ment limité dès que l’on souhaite réel­le­ment sculp­ter le son, tandis qu’on déplore certains oublis assez incom­pré­hen­sibles du point de vue de l’ému­la­tion, comme la gestion de l’ou­ver­ture du capot sur les pianos. Toute­fois, en dehors de ce détail, le côté figé de Keys­cape n’est pas une fata­lité, car si le logi­ciel est parfai­te­ment utili­sable de manière auto­nome, il s’in­tègre, comme Trilian avant lui, à l’in­té­rieur d’Om­ni­sphere dont il vient gros­sir la base d’ins­tru­ments. Et le jeu en vaut large­ment la chan­del­le…

Omni­sphere chau­de­ment recom­mandé

Le premier béné­fice que l’on découvre en utili­sant Keys­cape dans Omni­sphere tient dans le gestion­naire de presets du logi­ciel, autre­ment plus évolué. Mais c’est surtout dans l’édi­tion que l’on gagne le plus, une petite croix appa­rais­sant sur chaque inter­face d’ins­tru­ment et sur laquelle il suffit de cliquer pour retrou­ver les outils que l’on connait bien.

Spectrasonics Keyscape : Omnisphere

Grâce au vais­seau amiral de Spec­tra­so­nics, vous pour­rez alors éditer chaque patch de Keys­cape en profon­deur, mais aussi les combi­ner grâce au système de multis nette­ment plus puis­sant que ce qui est proposé avec les patches hybrides. À vous donc le laye­ring d’ins­tru­ments les plus divers avec tous les splits de claviers ou de vélo­ci­tés qui vous font plai­sir, en usant et abusant des nombreuses sections d’ef­fets que propose Omni­sphere ! À vous encore le recours aux diffé­rents modules de synthèse du synthé ! Bref, si Keys­cape seul conten­tera sans problème ceux qui cherchent un instru­ment prêt à jouer façon clavier de scène, ceux qui veulent aller plus loin auront tout inté­rêt, s’ils veulent agran­dir le terrain de jeu du sound design, à inves­tir dans Omni­sphere s’ils ne le possèdent pas déjà. En l’ab­sence de bundle chez Spec­tra­so­nics, la facture sera ainsi deux fois plus salée, mais ce n’est vrai­ment que dans ce contexte que Keys­cape révé­lera tout son poten­tiel.

Conclu­sion

Spec­tra­so­nics propose avec Keys­cape une banque de sons de claviers impres­sion­nante à bien des égards, autant au niveau de ses mensu­ra­tions que de la qualité audio déli­vrée, de l’ins­pi­ra­tion qu’elle offre ou encore de l’ex­pres­si­vité qu’elle auto­rise. Vous aurez accès à un très grand plai­sir de jeu… pour peu que vous dispo­siez d’une machine puis­sante. Cette néces­sité vient en effet un peu ternir le rapport qualité/prix qui pour­rait s’avé­rer très inté­res­sant si l’on ne tenait pas compte du prix de l’or­di­na­teur néces­saire pour faire fonc­tion­ner le logi­ciel au meilleur de ses capa­ci­tés.

Si certaines absences parmi les instru­ments (un seul piano à queue, pas d’orgue ou de clave­cin acous­tique) sont un peu éton­nantes dans un produit qui se veut exhaus­tif dans le domaine des instru­ments à clavier, si la limi­ta­tion à 64 voies de poly­pho­nie inter­dira malheu­reu­se­ment l’in­ter­pré­ta­tion d’œuvres trop virtuoses, on souli­gnera enfin que seuls les posses­seurs d’Om­ni­sphere pour­ront accé­der à toutes les possi­bi­li­tés de réglage.

Mais hors de ces quelques contrain­tes… quel bonheur !

  • Spectrasonics Keyscape : C7
  • Spectrasonics Keyscape : Search Clavinet
  • Spectrasonics Keyscape : Duo
  • Spectrasonics Keyscape : Omnisphere

 

On refait le patch : les tests vidéo d'Audiofanzine Voir tous les épisodes de "On refait le patch : les tests vidéo d'Audiofanzine"

Notre avis : 9/10

Award Valeur sûre
Valeur sûre
Award
  • Ça sonne grave !
  • Impressionnante collection de claviers électriques
  • Simple d’utilisation
  • Traitements adaptés contextuellement
  • Les instruments hybrides
  • Jouabilité
  • Inspirant
  • Intégré dans Omnipshere
  • Rapport qualité/prix
  • Installation « Lite » possible
  • Gourmand à tous points de vue
  • Son HDR « larger than life »
  • Trois pianos acoustiques seulement
  • Pas de clavecin acoustique ni d’orgue
  • 64 voix de polyphonie
  • Sans Omnisphere, pas le droit d’ouvrir le capot

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