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Test du Waldorf Pulse 2 - L'as de cœur…

9/10
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Valeur sûre
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Présenté à Frankfort 2013 dans sa version quasi finale, le Pulse 2 signe le retour de Waldorf à ses amours analogiques. La marque vient tout juste de nous en prêter un, au moment où elle met les premiers exemplaires commerciaux sur le marché… slurp !

À Frank­fort 2012, Waldorf présen­tait une maquette du Pulse 2. Ce n’est toute­fois qu’à l’édi­tion 2013 que nous avons pu entendre une version fonc­tion­nelle mais pas fina­li­sée. Certains d’entre nous avaient d’ailleurs failli perdre leurs deux oreilles et une partie de ce qui se trouve entre, car le petit turbu­lent avait tendance à envoyer des déci­bels incon­trô­lés quand on chan­geait de programme. Mais ça, c’était avant… aujour­d’hui, nous pouvons mettre les doigts sur une machine abou­tie, propul­sée par son OS 1.11 frai­che­ment installé. Après Korg et Nova­tion, bien secoués par le Mini­Brute d’Ar­tu­ria, c’est donc le grand retour de Waldorf à ses amours analo­giques, pour notre plus grand plai­sir. 17 ans après les premiers Pulse / Pulse+, voyons ce que notre nouveau petit ami a dans les tripes…

French touche 

Walford Pulse 2

Le Pulse 2 est tout petit. Carrossé dans une coque métal­lique noire séri­gra­phiée en vert, il reprend les formes géné­rales du module Blofeld. La face avant est on ne peut plus expli­cite : à gauche, un écran LED graphique 128 × 64 points à contraste ajus­table affiche les programmes et le para­mètre en cours d’édi­tion (mais pas la valeur stockée). Il surplombe 2 boutons d’édi­tion / sélec­tion, un potard de volume et un enco­deur cranté d’édi­tion / sélec­tion. Sur une large partie droite se trouve la matrice d’édi­tion des sons, avec les para­mètres séri­gra­phiés en façade regrou­pés par section de synthèse. On y accède par 6 touches (9 lignes) et 6 enco­deurs lisses (6 colonnes). Les rota­tifs ont une réponse ferme et peu de jeu sur leur axe, bien que les commandes ne soient pas vissées à la coque. Tout cela inspire confiance. Leur look est clas­sieux, avec un capu­chon inox satiné du plus bel effet. L’ap­pré­cia­tion des couleurs est une affaire de goût, ceux qui ne sont pas contents n’ont qu’à se plaindre à Axel Hart­mann !

La face arrière comprend l’en­semble de la connec­tique, judi­cieu­se­ment choi­sie : inter­rup­teur et borne pour alimen­ta­tion externe (bloc univer­sel à extré­mi­tés inter­chan­geables, il va falloir qu’on s’y habi­tue…), USB, port anti­vol Kensing­ton, MIDI In / Out, sorties CV/Gate (merci !), entrée audio (merci, merci, merci !), sorties stéréo et sortie casque. Tous les jacks sont au format 6,35 mm, aucun horrible mini-jack en vue. À l’in­té­rieur, tout repose sur une unique carte élec­tro­nique occu­pant toute la surface ; les compo­sants sont montés en surface sur le dessous, comme cela on y accède tout de suite, malins les gars ! Seuls les potards et l’écran sont montés sur l’autre face, sinon on n’au­rait pas pu s’en servir, vrai­ment malins les gars ! Les plus obser­va­teurs remarque­ront, sur la photo de la carte élec­tro­nique, une phrase tirée de la Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rous­seau : « On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère ». Frédé­ric Meslin, ingé­nieur hard­ware français du Pulse 2, s’en expliquera à la fin de ce test…

Ergo­no­mie exem­plaire 

Le Pulse 2 est un exemple d’er­go­no­mie sur une surface ultra réduite.

Waldorf Pulse 2

Toutes les commandes sont acces­sibles en façade avec une édition matri­cielle très bien fichue : on sélec­tionne direc­te­ment les sections (oscil­la­teurs, LFO, enve­loppes, VCF, VCA…) et on édite jusqu’à 6 para­mètres en tour­nant les enco­deurs, sans effet de saut. Ceux-ci sont bien dimen­sion­nés et bien espa­cés, offrent une résis­tance parfaite et sont sensibles à la vitesse de rota­tion, permet­tant une édition à la fois précise et rapide sur les larges plages. On ne fait pas mieux que ce type d’en­co­deur pour l’édi­tion, Waldorf nous y a habi­tués depuis long­temps. Une touche Shift (curieu­se­ment non séri­gra­phiée) permet d’ac­cé­der à des fonc­tions supplé­men­taires via le menu, telles que compa­rai­son / rappel / initia­li­sa­tion / stockage / dump de son(s), trans­po­si­tion, para­mètres MIDI, modes CV/Gate, auto-cali­brage du filtre, réglage du LCD, gain de l’en­trée audio, matrice de modu­la­tion… Cette dernière, qui vient complé­ter les réglages directs de synthèse par programme, est visible sur une seule page, super pratique à éditer.

Les 500 programmes bouclent dans les deux sens et peuvent être appe­lés par caté­go­rie. Dès qu’on change un para­mètre, un préfixe « E » remplace le « P ». Les modi­fi­ca­tions sont conser­vées même si on change les programmes, tant qu’on n’a pas éteint la machine ou utilisé la fonc­tion Recall. Pour sauve­gar­der, un petit coup de Store… Plus de 400 programmes renferment des sons d’usine réédi­tables, que nous allons main­te­nant décou­vrir.

Ça sonne ! 

Waldorf Pulse 2

Le Pulse 2 est un synthé analo­gique mono­dique capable de fonc­tion­ner en mode para­pho­nique 8 voix, comme nous le verrons plus tard. Toute la partie audio est analo­gique, alors que les modu­la­tions sont numé­riques, ce qui permet à la fois un carac­tère sonore gras, une stabi­lité immé­diate et la possi­bi­lité de faire déjan­ter le signal de manière complexe en temps réel. Dès les premiers essais, nous trou­vons un grain agréable à nos oreilles : des basses bien basses, réso­nantes, claquantes, denses ; les leads vont de la plus propre dent de scie filtrée à conno­ta­tion vintage aux abus trans­dis­tor­sion­nels les plus extrêmes. Dans le premier cas, on appré­cie la possi­bi­lité d’en­trer un signal un peu chaud dans le filtre, avec une légère satu­ra­tion analo­gique. Dans le second, c’est l’ef­fet de distor­sion symé­trique en sortie qui est poussé à outrance, les jeunes oreilles appré­cie­ront.

Les adeptes des synchros d’os­cil­la­teurs seront servis et ils appren­dront avec délec­ta­tion que le Pulse 2 ne souffre pas d’ar­te­facts numé­riques quand on pousse les fréquences vers le haut. Des formants de voix indiquent à la fois la présence d’os­cil­la­teurs capables de s’in­ter­mo­du­ler et un filtrage élaboré. On appré­cie les diffé­rentes pentes de filtrage en mode passe-bas et les diffé­rents autres types de réponse, passe-haut et passe-bande. Les percus­sions synthé­ti­sées nous rassurent immé­dia­te­ment sur la détente des enve­loppes, tout comme les effets spéciaux sur les possi­bi­li­tés de modu­la­tions complexes. Les programmes d’usine sont vrai­ment bons, on sent la qualité de l’équipe de program­meurs, au géné­rique du petit manuel de prise en main livré avec la machine (le gros manuel V1.0 de 73 pages étant télé­char­geable en anglais ou en alle­mand sur le site du construc­teur).

Pulse 2 001
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  • Pulse 2 001 00:48
  • Pulse 2 002 00:29
  • Pulse 2 003 00:27
  • Pulse 2 005 00:21
  • Pulse 2 009 00:17
  • Pulse 2 010 00:36
  • Pulse 2 011 00:29
  • Pulse 2 012 00:36
  • Pulse 2 017 00:36
  • Pulse 2 018 00:45
  • Pulse 2 021 00:39
  • Pulse 2 023 00:17
  • Pulse 2 033 00:36
  • Pulse 2 040 00:18
  • Pulse 2 057 00:13
  • Pulse 2 080 00:22
  • Pulse 2 102 00:26
  • Pulse 2 113 00:50
  • Pulse 2 142 00:33
  • Pulse 2 231 00:22
  • Pulse 2 232 00:15
  • Pulse 2 254 00:34
  • Pulse 2 028029030 00:17

Kolos­sale Oszilla­to­ren 

Le Pulse 2 est encore plus géné­reux que le Pulse au rayon des oscil­la­teurs. Tout comme lui il offre 3 DCO, mais il va beau­coup plus loin comme nous allons le voir.

Waldorf Pulse 2

Les 3 DCO ne sont pas tous iden­tiques, déjà dans le choix de la forme d’onde : dent de scie et triangle pour les 3 DCO, impul­sion variable pour les DCO 1 et 2, carré fixe pour le DCO3 et APW pour le DCO1 (impul­sion à éner­gie constante avec subhar­mo­nique à l’oc­tave infé­rieure). Là où le Pulse 2 dépasse litté­ra­le­ment le Pulse, c’est dans des nouvelles formes d’onde plutôt exotiques en synthèse analo­gique : unis­son, para­pho­nique et X-PWM. UNISON M crée un unis­son mono­dique basé sur un ensemble de 8 impul­sions, avec Detune modu­lable. Le son est très gros ! UNISON P utilise le même ensemble de 8 impul­sions en poly­pho­nie, allouées cette fois en fonc­tion du nombre de notes jouées : une note = 8 impul­sions désac­cor­dées ; 2 notes = 4 impul­sions désac­cor­dées par note, etc. Les modes UNIAPW M et UNIAPW P fonc­tionnent de manière analogue, mais avec des impul­sions APW (cf. ci-dessus).

Viennent ensuite les modes para­pho­niques : PARA-8 permet de jouer des accords de 8 notes à une seule impul­sion par note, cette fois sans unis­son ; le para­mètre Keytrack contrôle le fondu de la modu­la­tion de largeur d’im­pul­sion, dont la vitesse dépend des segments AR de l’en­ve­loppe d’am­pli­tude. En mode PARA-4, la poly­pho­nie tombe à 4 voix mais on peut empi­ler 2 impul­sions accor­dées comme bon nous semble (2 DCO para­pho­niques 4 voix). N’ou­blions pas au passage ce que signi­fie para­pho­nique : les 8 voix passent dans un seul VCF et un seul VCA, donc elles sont toutes modu­lées en même temps, par oppo­si­tion à un synthé analo poly­pho­nique qui utilise autant d’en­sembles VCF / VCA que de voix.

Enfin, les modes X-PWM créent de la modu­la­tion en anneau entre les DCO 2 et 3 ou 2 et 1. Bref, de quoi bien s’amu­ser au sein même des oscil­la­teurs de manière assez inédite. On peut substi­tuer le signal du DCO3 par un signal audio externe ; l’en­ve­loppe d’am­pli­tude doit être déclen­chée pour entendre le résul­tat, par une note jouée ou arpé­gée. Le DCO3 peut aussi créer une boucle de feed­back entre la distor­sion en sortie de VCA (cf. ci-dessous) et l’en­trée du mixeur de sources ; cela produit un pic de réso­nance supplé­men­taire. Mieux, il peut modu­ler l’am­pli­tude du DCO2, la fréquence du filtre ou le circuit de distor­sion, avec quan­tité réglable et modu­lable. C’est fran­che­ment excellent d’avoir ces possi­bi­li­tés tout en restant dans le monde analo­gique ! Bien évidem­ment, on peut para­mé­trer (et modu­ler) la largeur d’im­pul­sion des DCO 1 et 2, accor­der les 3 DCO (+ ou – 48 demi-tons) et les désac­cor­der fine­ment (+ ou – 64e de demi-ton). On peut aussi décon­nec­ter le suivi de clavier sur les DCO 1 et 2, histoire de créer des formants lorsqu’ils sont modu­lés par le DCO3. Le DCO2 peut être synchro­nisé par le DCO3, déci­dé­ment très actif, pour des effets de balayages ou d’ar­pèges très inté­res­sants. Les 3 DCO (et éven­tuel­le­ment le signal externe) attaquent ensuite un mixeur où ils rejoignent le géné­ra­teur de bruit rose épais à souhait. Les volumes sont indi­vi­duel­le­ment réglables et modu­lables ; lorsqu’on pousse les niveaux, on crée une satu­ra­tion natu­relle très agréable.

VCF & VCA

Waldorf Pulse 2

La sortie du mixeur attaque un VCF multi­mode réso­nant très quali­ta­tif. Il est capable de travailler en modes LP24, LP12, BP12 et HP12. On sent vrai­ment la diffé­rence de pente entre les modes LP 24 et 12 dB. Le mode BP est très effi­cace et permet la créa­tion de réso­nances internes guttu­rales. Le mode passe-haut permet des effets de zapping inté­res­sants, combiné à une enve­loppe rapide. La fréquence de coupure peut être direc­te­ment modu­lée par une enve­loppe dédiée, le suivi de clavier (0 à 200%) et la vélo­cité, le tout avec action bipo­laire, merci ! La réso­nance n’écrase pas les fréquences voisines lorsqu’on la pousse loin. Elle va d’ailleurs jusqu’à l’auto-oscil­la­tion, dans tous les modes, où elle crée une onde sinu­soï­dale pure, que l’on peut accor­der avec la fréquence et faire suivre le clavier avec préci­sion. Le manuel recom­mande d’ac­cor­der régu­liè­re­ment le filtre via une fonc­tion inté­grée au menu des utili­taires. Pure Analog Land…

La sortie du VCF est injec­tée dans le VCA final. Le signal peut alors passer par une distor­sion analo­gique, avec dosage du gain et choix entre deux modes de satu­ra­tion : Tube (distor­sion asymé­trique chaude et douce, typée vintage) et Fuzz (distor­sion symé­trique très agres­sive). Le tout passe ensuite dans un pano­ra­mique modu­lable avant de sortir défi­ni­ti­ve­ment du Pulse 2. Le volume final est modu­lable par une enve­loppe dédiée et la vélo­cité de frappe, le tout de manière bipo­laire, cool. C’est curieu­se­ment sur la ligne VCA que l’on trouve le réglage du volume du géné­ra­teur de bruit, bon.

Modu­la­tions matri­cielles

Comme toutes les machines Waldorf sous contrôle numé­rique, le Pulse 2 excelle au rayon modu­la­tions. À commen­cer par 2 LFO dont la vitesse peut oscil­ler de plus de 4 minutes à 100 Hz (niveaux audio). C’est rapide, mais moins que les 261,6 Hz (C3) du Pulse d’ori­gine. La fréquence du LFO1 peut être synchro­ni­sée à l’hor­loge MIDI suivant diffé­rentes divi­sions tempo­relles (32 à 1/96 de note). Sur le LFO1, on peut choi­sir la forme d’onde parmi sinus, triangle, dent de scie, carré et aléa­toire. Le LFO2 est pour sa part un simple vibrato qui se contente d’une onde triangle ; il a en revanche un délai program­mable, ce que n’a pas (direc­te­ment) le LFO1 (cf. matrice de modu­la­tion ci-après). Il manque des modes de redé­clen­che­ment des LFO pour être complet.

Waldorf Pulse 2

Les 2 enve­loppes sont de type ADSR ; elles sont pré-assi­gnées au VCF et VCA mais peuvent affec­ter d’autres desti­na­tions via la matrice. On appré­cie leur rapi­dité et leurs diffé­rents modes de déclen­che­ment : libre, trig­ger simple depuis le début, trig­ger simple en cours, retrig­ger depuis le début, retrig­ger en cours, forcé jusqu’au bout. Les enve­loppes peuvent être bouclées : le mode A-D boucle entre les 2 segments éponymes, alors que le mode D-D boucle alter­na­ti­ve­ment entre les valeurs maxi et mini de l’en­ve­loppe à la vitesse du Decay, bien vu !

L’un des points forts du Pulse 2 est sans conteste sa matrice de modu­la­tion 24 × 30 à 8 cordons, avec modu­la­tions bipo­laires. Parmi les sources : le LFO1 (direct ou modulé par la molette ou la pres­sion), le LFO2 (direct ou modulé par l’en­ve­loppe d’am­pli­tude), les 2 enve­loppes, la vélo­cité, le suivi de clavier (avec ou sans porta­mento), les molettes, la pres­sion, un CC à choi­sir, la vitesse de relâ­che­ment et 6 modu­la­tions combi­nées dont nous allons repar­ler après. Parmi les desti­na­tions : le pitch global ou celui de chaque oscil­la­teur, les PWM, les niveaux, le bruit, la coupure du filtre, la réso­nance, le volume, le pano­ra­mique, le LFO1, le Drive, la vitesse du Glide, les temps des enve­loppes, le désac­cord de l’unis­son, le fondu en sortie de l’en­ve­loppe de VCA en mode para­pho­nique, le swing de l’ar­pé­gia­teur, le CV Out et les 6 modu­la­tions combi­nées. Ces dernières permettent de réali­ser des fonc­tions mathé­ma­tiques à partir d’une ou plusieurs sources : somme, multi­pli­ca­tion, délai, filtrage passe-bas, mini, maxi. On assigne une ou plusieurs sources à ces desti­na­tions et on récu­père la modu­la­tion résul­tante comme nouvelle source. Bien vu ! Enfin, un géné­ra­teur de Glide à vitesse variable est dispo­nible, avec diffé­rents modes de réponse : notes liés, déta­chées, relâ­chées. Ouf !

Arpé­gia­teur program­mable 

Waldorf Pulse 2

Le Pulse 2 ne serait pas un Waldorf s’il n’avait pas un arpé­gia­teur bien pensé. Doté de 16 pas, il se mémo­rise au sein de chaque programme. On peut régler la durée globale des pas (12 à 1600% de l’hor­loge), le swing (0 à 100%, 50% étant la valeur « droite »), le déca­lage global par rapport à l’hor­loge (avant / après), le nombre de pas (1 à 16), la source de modu­la­tion pilo­tant l’ac­cen­tua­tion (même liste que la matrice). Chaque pas peut être édité un par un selon 3 para­mètres, avec une page menu affi­chant graphique­ment les réglages. On commence par le type d’évè­ne­ment : OFF, SOFT (accent doux), NORM (accent médian), HARD (accent fort), EVEN (joué unique­ment sur les cycles pairs), ODD (cycles impairs), OCT+ (une octave au-dessus de la note jouée), 1ST (seule la première note jouée est repro­duite) ou RESET (note rejouée du début). Puis la durée indi­vi­duelle du pas par rapport à la durée globale (25%, 50%, 75%, 100%). Enfin le Glide, qui permet de lier la note du pas à celle du pas précé­dent.

Pour ne pas partir de zéro, on peut copier un motif à partir d’un autre programme. Une fois le motif programmé, il peut être joué de diffé­rentes manières : haut, bas, alterné ou aléa­toire. Les trois premiers modes peuvent être limi­tés aux 16 premières notes jouées. L’ar­pé­gia­teur peut être désac­tivé, activé et main­tenu (ajout de notes dans la séquence). Il est capable d’opé­rer sur 1 à 10 octaves (!), être synchro­nisé à l’hor­loge MIDI (1 à 1/96 de note). On peut acti­ver ou non la trans­mis­sion des notes via MIDI et il se synchro­nise parfai­te­ment au monde exté­rieur, en maître ou en esclave. Une belle réus­site dont les concur­rents pour­raient s’ins­pi­rer, même sur de grosses bécanes !

Conver­sa­tions intimes 

Le Pulse 2 est doté d’une connec­tique lui permet­tant de discu­ter avec le monde exté­rieur toute géné­ra­tion confon­due : CV/Gate, MIDI et USB. Avec le MIDI In ou l’USB, le Pulse 2 peut rece­voir toute infor­ma­tion MIDI : notes, CC / Sysex (syno­nyme d’au­to­ma­tion), programmes et mises à jour d’OS. Dès qu’une info MIDI / USB est reçue, une petite LED témoin clignote en rythme, sympa. Réci­proque­ment, le MIDI Out et l’USB disposent des mêmes fonc­tions en émis­sion, sauf les mises à jour d’OS bien évidem­ment. La prise MIDI Out est capable de fonc­tion­ner en Thru.

Waldorf Pulse 2

Le Pulse 2 est rétro-compa­tible avec le Pulse, que ce soit au niveau des commandes (mode Legacy) ou des programmes (dump en Sysex). Le Pulse 2 travaille en modes CC, CC + Sysex ou Sysex, chacun ayant ses avan­tages et incon­vé­nients : les CC ne sont pas assez nombreux pour gérer tous les para­mètres, mais ils sont super simples à éditer dans tous les séquen­ceurs ; les Sysex sont complets mais très lourds à éditer ; fina­le­ment, le mode CC + Sysex est le meilleur compro­mis. Si on ne peut régler que 128 valeurs maxi par para­mètre en direct et en MIDI, la réso­lu­tion interne est de 15 bits mini­mum avec lissage ensuite ; on perçoit un poil les pas sur la coupure du filtre en réglage direct lent, beau­coup moins en réglage rapide.

Nous avons demandé à Waldorf si certains para­mètres pour­raient béné­fi­cier d’une réso­lu­tion plus fine avec les enco­deurs ou le MIDI (par exemple sur 14 bits comme chez Moog) : cela dépen­dra des retours clients, sachant que la réso­lu­tion maxi­male est préser­vée via la matrice de modu­la­tion. Là où ce type de problème n’existe pas, c’est avec les sorties CV/Gate que l’on peut utili­ser pour pilo­ter de purs synthés analo­giques. Elles béné­fi­cient en effet d’un DAC 14 bits pour conver­tir les modu­la­tions numé­riques en CV. Le CV fonc­tionne en Volt/Octave ou Hertz/Volt, ce qui permet de travailler avec la plupart des antiqui­tés. Le CV trans­met le Pitch (notes + notes arpé­gées, génial !), une tension unipo­laire (utile, par exemple, pour une modu­la­tion créée à partir d’une enve­loppe) ou une tension bipo­laire (modu­la­tion issue d’un LFO). La tension de sortie est ajus­table, pour le CV (pente + tension fixe) comme pour le Gate (pola­rité 0 ou 3,3 V). Ainsi le Pulse 2 fait office d’in­ter­face MIDI – CV/Gate pour le même prix, bravo !

Cœur à prendre

Le Pulse 2 perpé­tue la tradi­tion des premiers Pulse dont il reprend en très grande partie l’ar­chi­tec­ture, à laquelle il ajoute des amélio­ra­tions ou fonc­tions d’aujour­d’hui : un filtre multi­mode, un véri­table affi­cheur, l’au­to­ma­tion de tous les para­mètres, l’USB… tout en restant compa­tible avec son ancêtre. Mieux, il ajoute les modes unis­son et para­pho­niques qui étendent consi­dé­ra­ble­ment la palette sonore. En le mani­pu­lant ou en lisant les astuces du manuel, on sent que le synthé a été conçu par des connais­seurs pour des fondus de synthèse analo­gique. Mise à part la réso­lu­tion un peu faible de certains para­mètres (128 valeurs), c’est pratique­ment un sans-faute que réalise l’équipe Waldorf, tant au niveau du son, de l’er­go­no­mie que des fonc­tion­na­li­tés. Avec un prix de vente très raison­nable, que l’on soit novice ou confirmé, studio­teur ou scéna­teur, le Pulse 2 est à envi­sa­ger sérieu­se­ment. Quant à nous, après lui avoir décerné un Award Valeur Sûre 2013, il nous reste cette ques­tion exis­ten­tielle : serons-nous les Saint-Preux de ce Pulse d’Etange ?

Télé­char­gez les fichiers sonores (format FLAC)

 

Inter­views des concep­teurs

Waldorf Team

Stefan Sten­zel, ingé­nieur soft­ware et boss de Waldorf Music

AF : Quel est ton parcours ? 

Stefan : J’ai commencé chez Waldorf en 1991 comme program­meur, à tel point excité par l’op­por­tu­nité de créer des synthé­ti­seurs que j’ai quitté sans hési­ter d’en­nuyeuses études univer­si­taires en infor­ma­tique. En 2006, j’ai eu le plai­sir de faire partie d’un groupe de personnes très moti­vées qui ont décidé de conti­nuer Waldorf après une petite coupure d’en­vi­ron trois ans. 

AF : Tu as vécu diffé­rentes étapes – joies et peines – depuis la créa­tion de la marque Waldorf il y a 25 ans, peux-tu nous en dire plus ? 

Stefan : D’abord je veux repré­ci­ser que je n’ai pas fait partie des membres fonda­teurs de Waldorf Elec­tro­nics Gmbh en 1988, j’ai commencé en 1991. Il y a eu bien sûr des hauts et des bas, mais rien de spécial qui ne me fasse regret­ter ma déci­sion de créer des synthés.

AF : Quelle était la ligne direc­trice lors de la concep­tion du Pulse 2 ? 

Stefan : Nous savions que le Pulse origi­nel de 1995 était toujours très recher­ché, donc le premier objec­tif a été de rendre le Pulse 2 compa­tible sur le plan sonore. Mais s’ar­rê­ter là n’au­rait pas été très inté­res­sant, donc nous avons ajouté diffé­rents modes de filtrage, des circuits de distor­sion, des routages de l’os­cil­la­teur 3 vers diffé­rents contrôles en tension et les modes para­pho­niques à 8 oscil­la­teurs pour permettre une flexi­bi­lité supé­rieure. Je pense que le résul­tat est un synthé analo­gique simple d’uti­li­sa­tion.

AF : Comment as-tu mis en place l’équipe de déve­lop­pe­ment ? 

Stefan : lente­ment. D’abord nous avons passé un contrat avec une entre­prise pour réali­ser les sché­mas maté­riels et l’ar­chi­tec­ture géné­rale à partir de mes notes manus­crites, mais nous avons décou­vert bien trop tard que le travail livré ne corres­pon­dait pas à nos stan­dards. Plus tard nous avons engagé un jeune ingé­nieur très talen­tueux, Frédé­ric Meslin, qui a tota­le­ment refait le déve­lop­pe­ment hard­ware depuis zéro. Il a égale­ment parti­cipé au déve­lop­pe­ment logi­ciel et coor­donné les bêta tests.

AF : Quelles ont été les prin­ci­pales diffi­cul­tés ? Comment les as-tu surmon­tées ?  

Stefan : Le souci dans un synthé analo­gique est de s’as­su­rer que chaque exem­plaire sonne iden­tique aux autres, tout du moins avec un certain degré de simi­li­tude. Nous avons beau sélec­tion­ner des compo­sants de haute qualité, ils ne matchent pas suffi­sam­ment pour qu’on puisse se passer d’ajus­te­ments fins à chaque contrôle en tension. Pour y arri­ver au mieux, nous avons inclus un circuit numé­rique permet­tant de réali­ser diffé­rentes mesures et ajus­te­ments auto­ma­tiques pendant la produc­tion. Ce circuit est égale­ment utilisé pour la procé­dure d’ac­cor­dage de filtre acces­sible à l’uti­li­sa­teur dans l’OS actuel.

AF : Y a-t-il des amélio­ra­tions pour l’OS du Pulse 2 à l’ordre du jour ? 

Stefan : Oui, bien que les oscil­la­teurs soient analo­giques, le circuit est flexible au point où nous pour­rions ajou­ter de nouvelles formes d’onde sans recours à des modi­fi­ca­tions maté­rielles. Nous écou­tons égale­ment les propo­si­tions d’amé­lio­ra­tions et demandes des utili­sa­teurs.

AF : De quels déve­lop­pe­ments ou orien­ta­tions de futurs produits peux-tu nous parler ? Un Pulse 2 au format clavier ? 

Stefan : Aucune révé­la­tion pour le moment, surveillez les nouveaux produits ou annonces au NAMM… 

 

Waldorf Pulse 2

Frédé­ric Meslin, ingé­nieur hard­ware

AF : Qui es-tu et comment t’es-tu retrouvé chez Waldorf ? 

Frédé­ric : Je suis déve­lop­peur infor­ma­tique auto­di­dacte et j’ai par la suite suivi des études d’in­gé­nieur en élec­tro­nique et infor­ma­tique indus­trielle à l’INSA de Rennes. J’ai toujours été inté­ressé par la musique élec­tro­nique à l’ori­gine pour accom­pa­gner des projets de jeux vidéo. Mon travail consiste à expé­ri­men­ter de nouvelles tech­niques et déve­lop­per les produits de Waldorf. J’in­ter­viens prin­ci­pa­le­ment dans la concep­tion des cartes élec­tro­niques mais aussi dans le déve­lop­pe­ment logi­ciel (embarqué et pour ordi­na­teur). Dans le cadre du projet Pulse 2, je n’ai pas parti­cipé à la concep­tion initiale du synthé­ti­seur. Les choix tech­niques prin­ci­paux ont été effec­tués avant mon entrée à Waldorf Music par Stefan Sten­zel et Thors­ten Feue­rherdt (de Mani­kin Elec­tro­nic). Les sché­mas du Pulse origi­nal ont servi de point de départ et ont été large­ment éten­dus pour offrir toutes les nouvelles fonc­tion­na­li­tés du Pulse 2. Mon premier travail a été d’ana­ly­ser les diffé­rentes versions des proto­types réali­sés pour en faire un produit indus­tria­li­sable, respec­tant des exigences de qualité, de prix et adapté au savoir-faire de l’usine parte­naire. Cette étape a néces­sité un re-design de la partie élec­tro­nique.

AF : Quelles tech­no­lo­gies as-tu utili­sées pour produire les diffé­rentes ondes des oscil­la­teurs ? 

Frédé­ric : Dans le jargon des synthé­sistes, il s’agit de DCO à la struc­ture iden­tique à ceux du Pulse origi­nal. Leur prin­cipe est le suivant : on vient char­ger / déchar­ger un conden­sa­teur à l’aide d’un courant constant (propor­tion­nel à la fréquence dési­rée) et un signal d’hor­loge vient pério­dique­ment réini­tia­li­ser la charge. De cette manière, on peut produire les formes d’ondes habi­tuelles : triangle, dent de scie ou PWM. Cette tech­nique employée dans de nombreux instru­ments analo­giques garan­tit une bande passante des oscil­la­teurs impor­tante, évite tout phéno­mène d’alia­sing dans le cadre de modu­la­tions à fréquence audio et assure une stabi­lité repro­duc­tible en fréquence indui­sant un certain confort de travail. Quoi de plus déran­geant que d’avoir à réac­cor­der son synthé­ti­seur pour que l’ac­cord corres­ponde à celui des enre­gis­tre­ments de la veille.

AF : Comment sont conçus les diffé­rents filtres ? 

Frédé­ric : la section filtre est arti­cu­lée autour d’une struc­ture de type échelle à tran­sis­tors, modi­fiée afin de produire les diffé­rentes réponses LP24, LP12, BP12, HP12 offertes.

AF : Comment fonc­tionnent tech­nique­ment les modes unis­son et para­pho­nique ? 

Frédé­ric : Du point de vue maté­riel, les oscil­la­teurs clas­siques sont désac­ti­vés et on exploite les signaux de contrôle pour géné­rer 8 oscil­la­teurs PWM afin de produire les voix néces­saires pour ces modes poly­pho­niques. 

AF : Comment fonc­tionnent tech­nique­ment les modes X-PWM ?  

Frédé­ric : Les modes X-PWM sont à compa­rer à un modu­la­teur en anneau. Une opéra­tion de type « ou-exclu­sif » est effec­tuée sur les signaux de contrôle. Avec ce mode on peut ajou­ter des fréquences inhar­mo­niques aux fréquences fonda­men­tales des oscil­la­teurs. Pratique pour les sons de cloches, métal­liques.

AF : Quelles ont été les prin­ci­pales diffi­cul­tés dans la concep­tion du Pulse 2 ? Comment les as-tu surmon­tées ? 

Frédé­ric : Le Pulse 2 est mon premier véri­table projet. Deux ans plus tôt, j’avais très modes­te­ment parti­cipé au déve­lop­pe­ment logi­ciel du Mini­Brute pour Artu­ria mais je n’avais pas de respon­sa­bi­lité sur le design. Cette fois-ci, c’est diffé­rent. Il y a un monde entre les brico­lages que l’on peut faire chez soi et le travail requis pour indus­tria­li­ser un projet. Le plus dur a été de reprendre le produit en cours de déve­lop­pe­ment et d’être effi­cace pour satis­faire les attentes de nos utili­sa­teurs. Il a fallu aussi respec­ter la philo­so­phie Waldorf dans le re-design du projet. De manière géné­rale, pour surmon­ter les diffi­cul­tés d’in­gé­nie­rie, il faut faire preuve de patience, de persé­vé­rance et de logique. La bonne humeur et le dyna­misme sont aussi de bons atouts !

AF : Pourquoi as-tu cité Rous­seau sur la carte interne ? 

Frédé­ric : Des philo­sophes dont j’ai pu lire peu de textes pendant ma scola­rité, Jean-Jacques Rous­seau et l’un des seuls qui m’ait marqué, par son indé­pen­dance et par la finesse de ses analyses sur la société contem­po­raine. Nous avons reçu de nombreux e-mails de musi­ciens ne sachant plus attendre la sortie du Pulse 2. C’est appré­ciable de voir l’in­té­rêt que l’on porte à nos instru­ments mais cela nous rappelle aussi le temps qui avance. Dans Julie ou La Nouvelle Héloïse, Rous­seau explique que ce qui apporte le plus de plai­sir dans le désir, c’est l’at­tente de l’objet et non sa satis­fac­tion. Les enfants connaissent bien cette maxime, notam­ment à l’ap­proche de Noël. Il est peut-être encore un peu tôt, mais espé­rons qu’il y aura des Pulse 2 sous les sapins !

Notre avis : 9/10

Award Valeur sûre
Valeur sûre
Award
  • Le grain indéniablement analogique
  • Le territoire sonore très étendu
  • La prise en main immédiate
  • La qualité de construction
  • Les oscillateurs au nombre de trois
  • Les modes unisson / paraphonique
  • Les interactions d’oscillateurs
  • Les différentes modulations par le DCO3
  • Le filtre multimode résonant
  • Les possibilités de feedback et distorsion
  • La matrice de modulation
  • L’arpégiateur totalement éditable
  • La mémoire généreuse de programmes
  • La transmission des commandes MIDI / USB
  • Les fonctions d’interface MIDI – CV/Gate
  • Le tarif tout à fait raisonnable
  • La discrétisation des paramètres limitée à 128 valeurs
  • Les commandes directes en nombre restreint
  • Les LFO un peu simplistes

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