Présenté en même temps que le JX-08, le JD-08 est l’un des premiers modules de la série Boutique embarquant un moteur tournant sur la plateforme Zen-Core. Version bitimbrale ultracompacte du JD-800, a-t-il conservé la palette sonore et la programmation intuitive de son ancêtre ?
Commandes bien serrées
Le JD-08 reprend la conception commune aux différents modèles de la série Boutique. C’est un module ultra compact (300 × 128 × 49 mm pour 840 g), pouvant être monté dans une station d’accueil clavier ou boîtier (voir encadré). En dépit de sa petite taille, il n’a rien d’un gadget : la façade et l’arrière sont constitués d’une même tôle pliée bien solide ; seuls le dessous et les côtés sont en plastique. Les commandes sont nombreuses, serrées et microscopiques, ce qui rend les réglages délicats : 25 curseurs de 10 mm, 4 curseurs de 20 mm, 37 poussoirs (petits et tout petits), 2 potentiomètres et 2 encodeurs-poussoirs. Bien que toute la place disponible soit utilisée, force est de constater que le format Boutique n’est pas adapté à un synthé autant doté en commandes directes que le JD-800.
Prise en main délicate
Le JD-800 ouvrait grand ses curseurs aux amateurs de synthèse. Le JD-08 est clairement moins avenant en la matière, vu la forte densité et la taille réduite des commandes : régler par exemple la quantité de l’enveloppe de filtre sur 5 mm relève de la mécanique de précision. Les commandes de synthèse agissent sur 1 à 4 couches, activées à l’aide des boutons ABCD, ce qui permet un mélange rapide de différentes couleurs sonores. Les curseurs de la palette ABCD agissent quant à eux sur le dernier paramètre sélectionné, pratique pour se focaliser sur un aspect spécifique du programme. Certaines commandes sont partagées (LFO, enveloppes), ce qui complique la tâche. Enfin, pas mal de paramètres nécessitent de passer par les menus. Ce n’est pas trop fastidieux, car la navigation se fait avec l’encodeur-poussoir et la rangée de 16 touches de pas, permettant de choisir une page, un sous-menu ou un paramètre. L’écran affiche une abréviation approchée du paramètre en cours, une pression sur l’encodeur-poussoir le sélectionne et le même encodeur-poussoir permet de le régler, l’écran affichant la valeur. Pour modifier certains modules (patch, effets, arpégiateur, séquenceur), il suffit de sélectionner ou maintenir leur(s) bouton(s) respectif(s) quelques secondes pour passer en menu d’édition, facile. Pour programmer, on peut repartir d’un son en mémoire, l’initialiser, passer en mode manuel ou lancer une randomisation. En fait, il manque juste une fonction de comparaison.
Son of JD
Parmi les programmes fournis, on trouve les 64 Presets originels du JD-800 et une vingtaine de sons supplémentaires, préchargés dans une mémoire de 256 programmes. Le niveau de sortie est très correct et il n’y a aucun bruit de fond (ne pas oublier d’aller vérifier dans le menu Part le volume de la partie sélectionnée si on trouve qu’il est trop faible). La panoplie sonore est typiquement celle du JD-800, avec un son bien typé 90’s, constitué de nappes hybrides (mélanges « analogiques » et numériques), des textures spectrales avec transitoires, des cuivres polyphoniques, des voix éthérées, des basses dynamiques et des percussions en tout genre. A l’époque, le but était de mélanger des sons à attaques franches et des sons planants pour sortir de l’analogique pur ou offrir une alternative au sampling.

- JD-08_1audio 01 Vader In01:40
- JD-08_1audio 02 Mega Pad01:01
- JD-08_1audio 03 Bass Stack00:35
- JD-08_1audio 04 Digi Pad00:32
- JD-08_1audio 05 Sahar Side00:35
- JD-08_1audio 06 Chilling Out01:09
- JD-08_1audio 07 Power Brass00:22
- JD-08_1audio 08 Aero Phone00:49
- JD-08_1audio 09 Organ Stack00:37
- JD-08_1audio 10 Back Split01:00
Petit 800
Du coup, pour passer facilement de Performances à une ou deux parties, il suffit de faire les réglages Midi décrits précédemment et mettre à zéro le volume de la partie dont on ne veut pas, bravo ! Il y a 128 mémoires de Séquences (et du coup 128 Performances) et 256 programmes simples. Le manuel (format PDF et Web) ne mentionne aucune de ces subtilités, Roland ferait bien de le revoir. Au plan global, on peut régler l’accordage, le volume de l’entrée audio, la transposition et la vélocité (fixe ou jouée, avec trois courbes de réponse), sachant que la sensibilité à la pression se règle au niveau des programmes. On trouve aussi quelques réglages Midi : canal global, canal de la partie A, canal de la partie B, synchro, routage DIN/USB, passage de la prise Out en soft Thru. Moins bien loti que le JD-800 dans certains domaines mais loin d’être ridicule, ce JD-08, pour un tout petit module à tarif abordable.
Sous le capot
On peut juste ajuster le pitch (+/-48 demi-tons et par centième) et le moduler par différentes sources (facteur aléatoire, suivi de clavier, deux LFO simultanés, enveloppe dédiée), toutes bipolaires. Le son passe ensuite dans un filtre numérique multimode résonant (passe-bas, passe-haut, passe-bande), modulable par le suivi de clavier, l’enveloppe dédiée et l’un des deux LFO (modulations bipolaires là aussi). La réponse en fréquence est très lisse (via le petit curseur), mais le filtre n’a rien à voir avec les modélisations des synthés analogiques vintage de la marque : peu de caractère, une résonance criarde, pas d’auto-oscillation. Vient ensuite l’ampli, avec réglage de niveau, suivi de clavier (bipolaire + point d’inflexion), enveloppe dédiée et modulation par l’un des deux LFO. Pour sculpter le son avant la sortie, on dispose d’un EQ paramétrique à 3 bandes, éditable via le menu, comme quelques autres paramètres de synthèse. Rien de bien extraordinaire, donc, au plan de la synthèse pure…
Modulations prédéfinies
On trouve aussi trois enveloppes multisegments (temps et niveaux) assignées dans le dur : pitch, filtre et volume. Les temps peuvent être affectés par le suivi de clavier (bipolaire). Ce ne sont pas les enveloppes les plus claquantes de l’histoire, mais elles sont finalement bien adaptées aux types de sons du JD-08, dont la partie d’attaque peut être confiée à un PCM de type transitoire. Via le menu, on peut régler, pour chaque enveloppe, la sensibilité à la vélocité globale et pour le premier segment de temps. Enfin, on y règle aussi l’action de la pression sur le vibrato, le filtre et le volume. Bref, rien d’extraordinaire là non plus, le JD-08, tout comme le JD-800, fait partie des synthés à modulations figées et peu nombreuses, pour aller droit au but.
Effets conformes
Pour embellir le son, le JD-08 possède une section effets composée de deux ensembles : les effets A, disponibles pour chaque partie bitimbrale (A et B), et les effets B, disponibles uniquement pour la partie A. Cela aurait été plus malin de prévoir des départs vers les effets B pour chaque partie. Commençons par les effets A, mono, avec panoramique et volume de sortie ajustables. Ils sont constitués de quatre blocs en série placés en insertion, dont on peut intervertir l’ordre : distorsion (7 types avec drive), phaser, spectre (EQ paramétrique 6 bandes avec réglage global de bande passante) et Enhancer. Les distorsions peuvent être très violentes (à doser !), le Phaser est assez quelconque et le reste se laisse écouter.
Arpèges et séquences
Le JD-08 est doté d’un arpégiateur, qui pilote uniquement la partie sonore activée, ce qui rappelle le manque de souplesse en matière de bitimbralité évoqué auparavant. Les différents motifs proposés sont classiques : haut, bas, alterné, aléatoire, comme joué. On peut régler la division temporelle (1/4, 1/8, 1/8T, 1/16, 1/16T, 1/32), ajouter du Shuffle (avance/retard), arpéger sur –3 à +3 octaves, décaler les arpèges de –36 à +36 demi-tons, changer la durée des notes, conserver/fixer la vélocité jouée et maintenir le motif après relâchement. Les notes arpégées sont transmises en Midi, tant mieux !
Midi et audio
Conclusion
Le JD-08 modélise le son du JD-800 et en reprend une partie des commandes, propulsé par la technologie Zen-Core, équipant désormais les workstations, synthés et logiciels Roland. Il s’agit d’un petit module au format Boutique, avec les qualités de compacité, autonomie, puissance et tarif serré qui font le succès de la série. Le son originel du JD-800 est bien présent, aucun doute là-dessus, pas la peine de disserter sur le sujet, car ce n’est pas un son particulièrement singulier. La polyphonie est passée de 24 à 128 voix et le séquenceur à mouvements est très chouette. En revanche, la multitimbralité a été réduite de 6 à 2 parties, dont la gestion aurait mérité plus de souplesse.