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Test de Cubase 5 de Steinberg - Le 5 majeur de Steinberg

8/10

Gros Bill de la séquence s'il en est, Cubase revient dans une 5e version plutôt alléchante, à l'heure où la guerre des séquenceurs est plus virulente que jamais. Dissection.

Gros Bill de la séquence s’il en est, Cubase revient dans une 5e version plutôt allé­chante, à l’heure où la guerre des séquen­ceurs est plus viru­lente que jamais. Dissec­tion.

Boîte Cubase 5

Comp­tant parmi les plus anciens séquen­ceurs avec Logic (les plus anciens se souvien­dront de l’époque dorée de Pro 24 et Nota­tor), Cubase a, au fil des versions, imposé à la concur­rence plus d’un stan­dard ergo­no­mique, tech­no­lo­gique ou même concep­tuel. La sortie d’une nouvelle mouture du logi­ciel phare de Stein­berg est donc toujours un petit événe­ment en soi, même s’il faut bien admettre qu’aujour­d’hui, les préten­dants au trône du roi des séquen­ceurs sont nombreux. De ce fait, l’in­no­va­tion et l’ex­cel­lence ne sont plus le seul apanage de Cubase et, sans même parler des poids lourds de la séquence (Logic, Sonar, Pro Tools, Sampli­tude, Digi­tal Perfor­mer et Able­ton Live), la dernière décen­nie a vu arri­ver quelques petits nouveaux, plus ou moins chers, plus ou moins pros, mais bour­rés de bonnes idées : Fruity Loops, Melo­dyne, Track­tion, Energy XT, Reaper… Sur un marché aussi concur­ren­tiel, il est évidem­ment de plus en plus dur de se distin­guer et de ce fait, la version 4 de Cubase en avait laissé plus d’un scep­tique : profi­tant du lance­ment du stan­dard VST3, Stein­berg avait certes remis au goût du jour les effets et instru­ments virtuels accom­pa­gnant son séquen­ceur, inau­guré un nouveau système de gestion des médias et l’on pouvait enfin dépla­cer un effet sur une tranche par simple drag & drop, mais tout cela rele­vait plus d’une remise au niveau de la concur­rence que de vraies inno­va­tions… Plus origi­nales, la gestion pous­sée du maté­riel externe (Yamaha notam­ment, puisque le construc­teur nippon avait préa­la­ble­ment racheté Stein­berg) et l’ap­pa­ri­tion de fonc­tion­na­li­tés liées à la Control Room étaient inté­res­santes, mais elles ne concer­naient pas tous les utili­sa­teurs et, à ce titre, ne justi­fiaient certai­ne­ment pas à elles seules l’aug­men­ta­tion du prix du logi­ciel : 879 €. Fort heureu­se­ment, la sortie de l’ex­cellent Logic 8 sous la barre des 500 € a poussé Stein­berg à revoir ses tarifs en juillet dernier (Cubase 4 est repassé sous les 600 €) et sa copie, au gré de mises à jour 4.1 et 4.5 rela­ti­ve­ment inté­res­santes (gestion du side chain pour les effets, meilleure gestion du routing, banques de sons supplé­men­taires pour HALio­nOne, etc.), et de cette version 5 qui, quitte à tuer le suspense, s’avère enthou­sias­mante sur plus d’un point…

When I’m 64

La boîte du logi­ciel est lourde et c’est bon signe. Outre le dongle USB et le numéro de série qui vous permet­tra de vous enre­gis­trer, elle contient en effet 2 manuels : un guide de démar­rage rapide, et un gros manuel plutôt exhaus­tif qui n’aborde toute­fois pas les effets et instru­ments virtuels livrés avec le logi­ciel, qui sont abor­dés dans des docu­ments PDF. 4 DVD accom­pagnent tout cela : le DVD d’ins­tal­la­tion du programme, un DVD de sons et deux DVD vous permet­tant d’es­sayer pour 90 jours l’ins­tru­ment HALion Sympho­nic Orches­tra. À noter qu’en complé­ment des manuels, le DVD d’ins­tal­la­tion comprend un grand nombre de vidéos péda­go­giques, hélas en anglais, mais très bien réali­sées et qui abordent pour leur part tous les aspects essen­tiels du logi­ciel. Quand on songe qu’à une époque, Stein­berg livrait ses manuels au format PDF (ce qui faisait le beurre des éditions Eyrolles qui vendaient une version papier de ce dernier), on ne peut que remer­cier l’édi­teur alle­mand d’avoir corrigé le tir de si belle manière.

L’ins­tal­la­tion se déroule sans problème parti­cu­lier et après un double clic sur l’icône rouge, on se retrouve en terrain connu : la fenêtre d’ar­ran­ge­ment. La première nouveauté de cette version ne saute pas aux yeux. Et pour cause, elle est invi­sible : Cubase profite de cette mise à jour pour passer en 64 bits. Ce n’était pas déjà le cas? Oui et non, car si Cubase 4 était compa­tible avec les OS 64 bits, son code n’avait pas fait l’objet d’une véri­table réécri­ture de ce point de vue. On restait donc dans le cadre d’une appli­ca­tion 32 bits qui tour­nait sur un système 64 bits, là où Cubase 5 est désor­mais proposé en full 64.

L’in­té­rêt du 64 bits ? Il est simple : pour des raisons d’adres­sage, les systèmes d’ex­ploi­ta­tion 32 bits gèrent au mieux 3,2 Go de mémoire, tandis que les OS 64 bits peuvent pous­ser théo­rique­ment jusqu’à 128 Go (théo­rique­ment, car il n’existe pas de machine grand public capable de dispo­ser d’au­tant de RAM). Un détail qui a son impor­tance à l’heure où les ROMplers virtuels s’ap­puient sur des banques de plusieurs dizaines de Giga pour le rendu d’un instru­ment unique (BFD, super­ior­DRUM­MER 2, Vienna, East­West Sympho­nic Orches­tra, Ivory Piano, etc), et qui simpli­fiera le quoti­dien de ceux qui font du son à l’image et qui doivent, HD oblige, gérer des vidéos énormes depuis leur séquen­ceur.

Propel­le­rhead low tech!

Atten­tion toute­fois, tout n’est pas rose au pays du 64 bits. Sachez déjà que si Stein­berg s’en­gage à suppor­ter Mac OS X, Vista 64 et le prochain Windows 7, aucun support de Windows XP 64 n’est offi­ciel­le­ment prévu (ça ne veut toute­fois pas dire que ça ne marche pas). Pensez aussi à véri­fier vos plug-ins : certains déve­lop­peurs affichent d’ores et déjà une compa­ti­bi­lité 64 bits et Stein­berg propose, via la tech­no­lo­gie VST Bridge, un moyen d’uti­li­ser des plugs 32 bits dans la version 64 bits de son séquen­ceur, mais il y a fort à parier qu’un ou deux vieux effets que vous traî­nez depuis des lustres dans votre réper­toire VSTplu­gins plantent ou refusent de se lancer. L’uti­li­sa­tion de VST Bridge consomme en outre des ressources par rapport à l’usage d’un vrai plug-in 64 bits… En marge de ces petits désa­gré­ments, l’in­con­vé­nient majeur du tout 64 bits tient à l’in­com­pa­ti­bi­lité des tech­no­lo­gies de Propel­le­rheads : si vous utili­sez Cubase 5 64 bits sous un OS 64 bits, vous ne serez plus en mesure, en effet, d’uti­li­ser le format de fichier REX, pas plus que la plate­forme ReWire : adieu donc l’in­ter­con­nexion de Cubase avec Reason, Able­ton Live ou encore Melo­dyne, pour ne citer qu’eux… Certes, on n’ose imagi­ner que le déve­lop­peur suédois laisse les choses en l’état, mais à l’heure actuelle, aucune annonce n’a été faite de ce côté… Que faire alors? Instal­ler la version 32 bits de Cubase 5, qui tourne sans problème sur les OS 64 bits, en atten­dant que Propel­le­rhead fasse avan­cer les choses. C’est éner­vant bien sûr, mais on ne pourra pas le repro­cher à Stein­berg et on passera sur cette nouveauté qui n’in­té­res­sera pas tous les utili­sa­teurs pour en venir aux vraies avan­cées qui vont chan­ger la vie de tous les Cuba­siens.

Cogito, Ergo­no­mic sum

Automatisation

Sans qu’on puisse parler de révo­lu­tion en termes d’in­ter­face, le déve­lop­peur alle­mand semble en effet s’être atta­ché, avec cette version, au moyen de rendre Cubase plus simple et plus produc­tif. J’en veux pour preuve le tout nouveau Panneau d’Au­to­ma­ti­sa­tion qui rassemble au sein d’une fenêtre les prin­ci­pales commandes liées à l’au­to­ma­tion. Un clic suffit désor­mais à armer toutes les pistes en mode Read ou Write, cepen­dant qu’on peut choi­sir d’af­fi­cher ou cacher les données d’au­to­ma­tion, et d’em­brayer/débrayer les fonc­tions de lecture ou d’en­re­gis­tre­ment par type : Volume, Pan, EQ, Sends, Inserts. Là encore, le temps gagné est consi­dé­rable : on n’a plus à déplier les tiroirs d’une piste de piste pour accé­der à ces données et un simple clic sur Hide All permet de reve­nir à un affi­chage simple des pistes…

Côté contrôle, une foule de petites amélio­ra­tions sont encore à évoquer, comme la présence d’un clavier virtuel vous permet­tant de jouer de la musique à partir d’un clavier AZERTY (pratique lorsqu’on est sur un portable, en dépla­ce­ment, et qu’on n’a pas de clavier maître), ou encore l’ap­pli­ca­tion gratuite pour iPod/iPhone qui, si elle n’est toujours pas sortie à l’heure qu’il est, permet­tra de télé­com­man­der le bloc de lecture via WiFi… Sympa­thique, me direz-vous, mais pas de quoi justi­fier une mise à jour. Soit. Sauf que Stein­berg a aussi profité de cette version pour exau­cer des souhaits formu­lés par les utili­sa­teurs, en inté­grant en premier lieu une fonc­tion d’ex­port audio multi­piste.

azerty

Allé­luia Bounce!

Export

Récla­mée à corps et à cris depuis des lustres, la fonc­tion d’ex­port audio du logi­ciel permet enfin de faire un éclaté de pistes. Jusqu’ici sous Cubase, quand vous vouliez effec­tuer un rendu de 16 pistes audio pour, par exemple, les filer à un ami ou un studio travaillant sous un autre séquen­ceur sans passer par le format OMF, il fallait faire vos bounces piste à piste, en utili­sant les fonc­tions Solo et Mute de la table : une horreur! Désor­mais, dans la fenêtre Mixdown, il suffit de cocher les petites cases en vis-à-vis de vos sorties, des pistes audio ou Instru­ments et des pistes Effets pour effec­tuer leur rendu d’un coup d’un seul. Il ne manque à cette fenêtre que la possi­bi­lité de pouvoir acti­ver/désac­ti­ver les effets en inserts de piste, de manière à pouvoir faci­le­ment livrer un maté­riau brut, même si cela peut toujours être fait dans la console ou l’ins­pec­teur de pistes. On aurait aimé aussi que le logi­ciel gère les formats audio loss­less (Monkey Audio en tête). Quoiqu’il en soit, et même si Stein­berg a moins innové sur ce coup que comblé son retard sur la concur­rence, cette simple fonc­tion­na­lité vaut à elle seule la mise à jour de n’im­porte quelle version de Cubase vers cette nouvelle moutu­re…

Gloria Tempo!

Tempo signature

Moins fonda­men­tale pour les uns, mais primor­diale pour les autres, on mention­nera égale­ment la présence de deux nouveaux types de pistes : la piste Tempo et la piste Signa­ture qui permettent respec­ti­ve­ment de program­mer des chan­ge­ments de tempo et de signa­ture ryth­mique dans vos projets. Certes, Cubase offrait déjà par le passé un éditeur de Tempo, mais il s’agis­sait juste­ment d’un éditeur, ce qui n’avait rien de très ergo­no­mique. Désor­mais, sans même quit­ter la fenêtre d’ar­ran­ge­ment, vous pouvez ainsi faire varier signa­tures et tempo d’un geste de souris. Les grands consom­ma­teurs de rupture de rythme appré­cie­ront. On regret­tera toute­fois qu’on ne puisse dispo­ser que d’une unique piste Tempo et d’une unique piste Signa­ture par projet : impos­sible donc d’avoir une piste en 3/4 et une piste en 4/4 jouant simul­ta­né­ment, ou encore une piste dont le tempo augmen­te­rait pendant que les autres demeurent à un tempo fixe, même si ce type d’em­ploi relève plus de l’ex­pé­ri­men­ta­tion et s’avère donc plutôt rare… L’adjonc­tion de ces deux pistes devrait en tout cas gran­de­ment simpli­fier la tâche des compo­si­teurs, qui seront égale­ment ravis de décou­vrir les nouveau­tés du logi­ciel au rayon MIDI.

Bain de MIDI

MIDI monitor

Commençons par les petites choses avec les plug-ins MIDI, qui font ici l’objet d’une refonte complète, tandis que deux petits nouveaux font leur appa­ri­tion : MIDI Moni­tor, et Beat Desi­gner que nous abor­de­rons plus tard.

Le plug-in MIDI Moni­tor permet comme son nom l’in­dique de garder un oeil sur tous les messages MIDI tran­si­tant dans le séquen­ceur, ce qui en fait un outil extrê­me­ment précieux lorsqu’il s’agit de diag­nos­tiquer une panne ou un problème de connexion, d’au­tant qu’il permet d’ex­por­ter les logs dans un fichier TXT. Un plug d’au­tant plus utile qu’avec les autres outils ou plug-ins MIDI propo­sés, vous pouvez auto­ma­ti­ser des program­ma­tions rela­ti­ve­ment complexes. Je pense notam­ment aux petites usines à gaz que sont l’édi­teur logique, le Trans­for­mer et le trans­for­ma­teur d’en­trée et qui donnent tout leur sens aux mots 'program­ma­tion MIDI’ (pour ceux qui n’au­raient jamais mis les mains dans ce cambouis, il s’agit d’in­ter­faces permet­tant de défi­nir des actions en vis-à-vis de jeux de condi­tions, du plus simple au plus barré, du style « Si une note est plus longue que telle valeur, alors tu la décales de tant de secondes et tu affectes telle valeur à tel contrô­leur continu ».

Moins ésoté­riques, mais tout aussi puis­sants, les autres plugs MIDI font l’objet de sensibles amélio­ra­tions, que ce soit au niveau graphique, ou au niveau fonc­tion­nel : c’est le cas du Chor­der qui dispose désor­mais d’un mode MIDI Learn. Seul regret : ne pas dispo­ser d’ou­tils pensés pour simpli­fier la program­ma­tion MIDI d’ins­tru­ments acous­tiques (comme le Rythm’n’­Chord de Musi­clab), d’au­tant que le compor­te­ment aber­rant de l’ou­til ligne rend toujours aussi déli­cat la program­ma­tion de strum­ming guitare (l’ou­til en ques­tion crée en effet des rafales de notes stériles quand il serait si judi­cieux qu’il permette de rabo­ter les attaques ou les queues des événe­ments MIDI). Sur le terrain de la program­ma­tion MIDI réaliste, Stein­berg ne s’est toute­fois pas tourné les pouces, comme on le voit avec VST Expres­sion, une autre grande nouveauté de cette version 5.

Express Your­self!

Expression map

De quoi s’agit-il? D’un système d’in­ter­façage permet­tant de gérer intui­ti­ve­ment, depuis le Piano Roll, le Drum Edit ou l’édi­teur de parti­tions, les nombreuses arti­cu­la­tions qu’on trouve dans les grosses banques de sons sympho­niques (Vienna, Garri­tan, East West Sympho­nic Orches­tra, etc.). À la manière d’un Drum Map simpli­fiant la saisie des parties de batte­rie, on peut ici créer des Expres­sion Maps qui permet­tront de gérer simple­ment les contrô­leurs conti­nus (les key switches notam­ment) réser­vés à telle ou telle tech­nique de jeu (stac­cato, glis­sando, trémolo, etc.). Une fois l’Ex­pres­sion Map créée, il suffira de program­mer les chan­ge­ments d’ar­ti­cu­la­tions au bas du Piano Roll (dans la même zone réser­vée aux contrô­leurs conti­nus), ou encore de faire figu­rer les inten­tions de jeu sur la parti­tion.

VST expression

C’est tout bête, mais ça simpli­fie énor­mé­ment le travail, comme on s’en rend compte avec la version de démo limi­tée à 90 jours d’HALion Sympho­nic Orches­tra (une offre d’up­grade vers la version 16 bits du produit est d’ailleurs propo­sée au tarif attrac­tif de 99 €) ou dans les cuivres, guitares et basse du HALion ONE Expres­sion Set 01, et comme pour toutes les bonnes idées, on se demande pourquoi personne n’y avait pensé avant. Au-delà de la simpli­fi­ca­tion de program­ma­tion, VST Expres­sion promet aussi une porta­bi­lité de vos séquences d’une banque à l’autre, pour peu que vous ayez les Expres­sion Maps corres­pon­dants. C’est d’ailleurs sur ce seul sujet qu’on aurait un motif de râler, car si Cubase contient des Expres­sion Maps pour HALion One et HALion Sympho­nic Orches­tra, il n’en propose aucune pour les poids lourds de la banque sympho­nique. Il faudra donc vous retrous­ser les manches pour brico­ler ça vous-même, par le biais d’un éditeur rela­ti­ve­ment simple, ou attendre que les éditeurs ou des passion­nés fassent le boulot, ce qui ne saurait tarder. Quant à savoir si VST Expres­sion devien­dra un stan­dard repris par les autres séquen­ceurs, seul l’ave­nir le dira…

Vari Good!

Variaudio

Le bounce multi­piste et VST Expres­sion ont beau être des ajouts majeurs à Cubase, la fonc­tion­na­lité qui a fait couler le plus d’encre à la sortie de cette version 5 est très certai­ne­ment VariAu­dio, qui n’est ni plus ni moins qu’un Melo­dyne-like inté­gré à Cubase. Dans l’édi­teur audio (toujours acces­sible par un double-clic sur n’im­porte quel fichier ou segment audio) vous dispo­sez ainsi d’un nouvel onglet nommé VariAu­dio. A l’ac­ti­va­tion de ce dernier, le logi­ciel entame une phase de recon­nais­sance de toutes les notes compo­sant l’ex­trait audio, que vous pour­rez ensuite éditer comme dans une vulgaire séquence MIDI. Vous pouvez ainsi jouer sur la hauteur comme sur le place­ment et la longueur des segments, cepen­dant qu’une courbe vous indique l’évo­lu­tion des formants. Ergo­no­mique­ment, l’in­té­gra­tion est parfaite : le survol de chaque note vous indique son nom et son écart de justesse par rapport au demi-ton le plus proche, tandis qu’un piano roll appa­raît en surim­pres­sion pour faci­li­ter les opéra­tions de trans­po­si­tion. En compa­rai­son avec le Melo­dyne Plug-in, on appré­cie surtout la parfaite inté­gra­tion de la fonc­tion­na­lité : on travaille en plein écran et non dans une fenêtre réduite, on ne se soucie plus des raccour­cis clavier contra­dic­toires entre Melo­dyne et Cubase et surtout, on ne se prend plus la tête avec des bounces pour effec­tuer des rendus. Fonc­tion­nel­le­ment, on ne regret­tera qu’une chose par rapport au logi­ciel de Cele­mony : VariAu­dio ne gère pas l’am­pli­tude des diffé­rents segments. Stein­berg se rattrape toute­fois en inté­grant une sympa­thique fonc­tion de conver­sion Audio > MIDI. Vous pouvez ainsi trans­for­mer n’im­porte quel extrait audio mono­pho­nique en séquence pour pilo­ter ensuite un instru­ment virtuel. Bien évidem­ment, selon la propreté de l’ex­trait audio et les contraintes de détec­tion (avec ou sans prise en compte du pitch bend), la trans­crip­tion sera plus ou moins fidèle, mais au prix d’un peu d’édi­tion pour nettoyer la séquence, vous obtien­drez des résul­tats parfai­te­ment exploi­ta­bles…

Variaudio note juste

Reste à parler main­te­nant de la qualité des algos utili­sés par VariAu­dio et qui, s’ils n’ont pas à rougir devant ceux de la concur­rence, ne sont toute­fois pas au niveau de ceux de Melo­dyne dès qu’on s’es­saye à des trans­po­si­tions un peu extrêmes (plus ou moins une octave par exemple). Tout dépend évidem­ment du maté­riel audio que vous cher­chez à trai­ter, certains timbres se prêtant très bien à l’exer­cice comme la basse élec­trique, tandis que d’autres plus complexes, comme les voix, ont vite fait de produire des arte­facts (glitches, flange, etc.) dès qu’on dépasse les trans­po­si­tions de plus de 3 demi-tons. Tout dépend aussi de la fina­lité de la piste trai­tée : planqués dans le mix, certains trai­te­ments seront à la fin indé­tec­tables, tandis que la combine sera grillée sur une écoute solo ou si l’ins­tru­ment est très en avant. Quoi qu’il en soit, c’est un véri­table bonheur de dispo­ser d’un tel outil car que ce soit pour corri­ger la justesse et le place­ment d’une note un peu hasar­deuse, ou même pour recom­po­ser complè­te­ment le groove d’un riff ou la mélo­die d’un phrasé, VariAu­dio se débrouille très bien.

Pour vous en convaincre, voici quelques exemples audio

Basse : origi­nal, variau­dio1, variau­dio2

Guitare : origi­nal, variau­dio1

Saxo­phone : origi­nal, variau­dio1

Voix : voice correct, voice correct pitch, voice duet, voice pitch

Pitch correct

Dans le sillage de VariAu­dio qui est un outil d’édi­tion, Stein­berg nous livre en outre le plug-in d’ef­fet Pitch Correct qui, comme son nom l’in­dique, permet de corri­ger la hauteur tonale des sons que vous lui soumet­tez, avec possi­bi­lité de contraindre la trans­po­si­tion sur une gamme avec une plus ou moins grande tolé­rance, de jouer sur les formants, etc. La grosse diffé­rence avec VariAu­dio vient du fait que le plug-in travaille en temps réel et qu’en marge de son rôle correc­tif qu’il remplit plutôt bien tant que la ligne à corri­ger n’est pas tota­le­ment fausse et que le plug est bien réglé (formant, vitesse, tolé­rance, etc.), Pitch Correct permet de faire pas mal d’ef­fets spéciaux : Mickey sous oxygène pur (+ 2 octaves), Barry White de l’es­pace (-2 octaves), ou encore, via la possi­bi­lité de pilo­ter le plug-in en MIDI comme un instru­ment virtuel, des voix écra­sées à la 'Belie­ve’ de Cher.

Bref, entre Pitch Correct, VariAu­dio et l’Au­dio­Warp, vous avez tout loisir de bidouiller vos pistes comme s’il s’agis­sait de pâte à mode­ler. Un très bon point pour cette version 5, qui tient désor­mais la dragée haute à la concur­rence en terme d’édi­tion audio. Voyons ce qu’il en est à présent sur le terrain des effets et instru­ments four­nis.

FX machine!

Avec la version 4, Stein­berg avait revu le parc d’ef­fets logi­ciels livrés avec Cubase, et ce sont main­te­nant pas moins de 58 plug-ins audio qui vous attendent dans cette cinquième mouture. Autant le dire, le package est complet et couvre tous les besoins : trai­te­ments spec­traux (EQ, filtres, wah, enhan­cer), dyna­miques (compres­seurs, gates, expan­deur, dees­seur, tran­sient desi­gner), spatiaux (auto­pan, stereo wide­ner), tonaux (octa­ver), effets à modu­la­tion (chorus, phaser, flan­ger, ring modu­la­tor), distor­sions, simu­la­teur d’am­pli, accor­deur pour guitare, géné­ra­teur de signal, etc. etc. Histoire de jouer les empê­cheurs de plug­ger en rond, on obser­vera juste qu’il y a là dedans un peu de redon­dant, les mêmes effets étant parfois décli­nés dans une version mono et une version stéréo à la manière parfai­te­ment agaçante des bundles d’ef­fets de Wave. Plutôt que d’avoir 4 delays diffé­rents, on aurait donc préféré un unique plug un peu plus sophis­tiqué…

L’ef­fet magique d’Im­pulse

Reverence

En revanche, on féli­ci­tera Stein­berg pour avoir enfin doté son séquen­ceur d’une vraie réverbe de qualité par le biais du proces­seur à convo­lu­tion REVe­rence, qui sonne la relève du très moyen Room­Works (réverbe algo­rith­mique toujours dispo­nible par ailleurs). Il n’y a pas grand-chose à dire sur REVe­rence dont les fonc­tion­na­li­tés sont proches des autres proces­seurs à convo­lu­tion (réglage des diffé­rents para­mètres de la réverbe, égali­sa­tion para­mé­trique 3 bandes, mode reverse, pré-aperçu des program­mes…). Préci­sons tout de même que le plug travaille en stéréo ou en surround et qu’il est livré avec une collec­tion de réponses impul­sion­nelles : des réverbes unique­ment, pas de HP pour les guita­ristes, mais comme on trouve sur le net quan­tité d’im­pulses gratuites et que le soft peut impor­ter les fichiers au format WAV ou AIFF, cela n’a rien d’em­bê­tant.

Du coup, le seul reproche qu’on pourra adres­ser à cette nouvelle réverbe est le même que pour tous les proces­seurs à convo­lu­tion : REVe­rence est un ogre en terme de consom­ma­tion CPU. Pour bosser en stéréo, ça va. Mais pour l’uti­li­ser en mode surround, il vaudra mieux avoir une machine de guer­re… Quoi qu’il en soit, Stein­berg comble avec ce plug-in un des prin­ci­paux manques de Cubase 4 et infé­rieur. Si vous possé­dez déjà une réverbe à convo­lu­tion, la chose vous sera sans doute égale, mais si ce n’est pas le cas, vous réali­se­rez ainsi une belle écono­mie…

Même constat vis-à-vis de tous les plug-ins d’ef­fets four­nis qui – et c’est là leur prin­ci­pale qualité – permettent de mener à bien un projet de A à Z : rien ne manque et vous pouvez très bien bosser avec Cubase tel qu’il est livré. Quant à la qualité des effets et trai­te­ments, disons qu’elle n’a rien de mauvaise sans être toute­fois au niveau des plug-ins de tierce partie, notam­ment pour ce qui concerne les EQs et les trai­te­ments dyna­miques (on trou­vera mieux sur ce point chez Flux, Sonnox, Wave, URS, PSP… mais pour un prix qui dépasse souvent celui du séquen­ceur!), ou celui des effets qu’on trouve dans un Sampli­tude par exem­ple…

Groovy Baby!

Complexant peut-être face aux machines à groove que sont Able­ton Live ou encore Fruity Loops, Stein­berg propose dans cette version 2 nouveaux instru­ments virtuels et un plug-in MIDI dédié aux rythmes élec­tro­niques : Groove Agent One, Loop­Mash et Beat Desi­gner.

GA1

Contrai­re­ment à ce que l’on pour­rait croire, Groove Agent One ne reprend en rien la philo­so­phie des Groove Agent de Stein­berg mais s’ins­crit plutôt dans la filia­tion de LM4… avec un look évoquant la célèbre MPC d’Akai. Il s’agit en effet d’un Drum Sampler dont les 16 pads virtuels peuvent être assi­gnés à un fichier AIFF, WAV, MPC ou aux diffé­rents slices d’une boucle. Notez que GA1 gère jusqu’à 8 couches (layers) par pad, et que vous pouvez ensuite dispo­ser de 8 banques de 16 pads. L’as­si­gna­tion à un pad se fait par simple drag & drop depuis la Media­Bay, l’édi­teur audio ou la fenêtre d’ar­ran­ge­ment mais hélas pas depuis le bureau de Windows ou de Mac OS. En revanche, lorsque vous placez plusieurs fichiers sur un même pad, le logi­ciel crée auto­ma­tique­ment les layers corres­pon­dants en distri­buant dyna­mique­ment les plages de vélo­cité. Côté édition, Stein­berg propose pas mal de chose : accor­dage/trans­po­si­tion de sample, courbe d’am­pli­tude et filtre multi­mode modu­lables (mais pas réson­nant, hélas), mode rever­se… Bref, il y a de quoi s’amu­ser même si on regret­tera que l’édi­tion de sample ne soit pas un peu plus pous­sée (je ne suis pas parvenu à modi­fier le début et la fin de lecture d’un sample) et qu’on ne dispose d’au­cun effet (disto, delay, etc.) Certes, on pourra remé­dier à cela dans la table de mixage en utili­sant diffé­rentes sorties audio, mais c’est moins intui­tif. De fait, en dépit de leur air de famille, ne vous atten­dez pas à faire avec Groove Agent One le quart des choses qu’il est possible de faire avec le Guru de FXpan­sion, ce qui n’a rien de scan­da­leux pour un logi­ciel offert…

Beat designer

Côté séquence, on pourra tout de même s’amu­ser avec un nouveau plug-in MIDI nommé Beat Desi­gner. Repre­nant l’er­go­no­mie d’un Step Sequen­cer avec sa logique de Patterns (jusqu’à 64 steps par pattern avec diffé­rentes signa­tures ryth­miques possible), ce dernier vous permet­tra de pilo­ter vite et bien Groove Agent One ou n’im­porte quel autre synthé percus­sif ou Drums Sampler. Son usage est des plus simples : un clic pour ajou­ter un événe­ment, un clic pour le suppri­mer, et un cliqué-glissé pour chan­ger sa vélo­cité, cepen­dant que des sliders permettent de jouer sur le place­ment de l’ins­tru­ment pour faire clau­diquer le rythme et lui insuf­fler du « swing ». Un petit séquen­ceur sympa même si, encore une fois, sa combi­nai­son avec Groove Agent One est très loin d’of­frir les possi­bi­li­tés et l’er­go­no­mie d’un Guru…

Termi­nons avec le plus origi­nal du lot : Loop­Mash. Point de séquence ou de samples One Shot, on est cette fois dans la boucle jusqu’au cou, avec une approche qui n’est pas très éloi­gnée du Miracle de PowerFX ou d’un Guru, encore et toujours. L’idée est en effet de combi­ner le groove d’une boucle Master avec le son de 7 autres boucles, sachant que le logi­ciel se base sur un algo de recon­nais­sance des sons, que vous pouvez doser l’usage de chaque boucle et que vous pouvez enre­gis­trer jusqu’à 8 scènes rappe­lables d’un clic (un pas vers le live?). Les para­mètres ne sont pas légion, mais on ne s’en plaint pas car cela permet à Loop­Mash de rester un outil simple et effi­cace pour trou­ver des idées origi­nales, à plus forte raison si vous osez le mélange de boucles mélo­diques et des boucles ryth­miques. Si l’élec­tro est votre tasse de thé, vous devriez adorer le prin­cipe. Si en revanche, vous êtes plutôt Jazz ou Rock, vous ne verrez pas grand inté­rêt à la bestiole, ni même à Groove Agent One et Beat Desi­gner.

Loopmash

J’en profite pour poin­ter ce qui est désor­mais un des seuls vrais points faibles de Cubase en regard de certains concur­rents : l’offre en matière d’ins­tru­ments virtuels. Embra­cer, Mono­logue, Spec­tor ou Halion One ont beau être sympa­thiques, ils sont en effet très loin d’of­frir la puis­sance et la poly­va­lence du trio formé par Z3ta+, Dimen­sion Pro et Rapture LE au sein de Sonar, ou de faire jeu égal avec les instru­ments propo­sés par Logic Pro 8 (pas de rhodes, pas d’orgue, etc.). La chose serait sans doute moins gênante si Cubase embarquait un vrai sampler logi­ciel (pourquoi HALion n’est-il pas fourni de base, histoire de donner le change à Dimen­sion Pro ou EXS 24?), mais on ne dispose ici que du ROMpler Halion One dont la banque de sons va du correct façon Sample­tank (la gestion des formants en moins) au très très moyen : les pianos acous­tiques font notam­ment pâle figure, avec un sustain qui laisse appa­raître un bouclage si évident qu’il rend l’ins­tru­ment extrê­me­ment arti­fi­ciel.

À ce sujet, on aime­rait vrai­ment que Stein­berg propose une offre plus attrac­tive, que ce soit par un biais marke­ting (en inté­grant des versions allé­gées de plug-ins de tierce partie) ou en licen­ciant ou rache­tant, pourquoi pas, les tech­no­lo­gies ou produits d’un petit éditeur spécia­lisé.

Conclu­sion

Cette version 5 est indu­bi­ta­ble­ment une réus­site qui voit Cubase progres­ser dans plusieurs domaines. Plus ergo­no­mique, plus puis­sant et mieux équipé, le bébé de Stein­berg pète la forme! Certes, on en voudrait toujours plus (notam­ment côté instru­ments) mais les fonc­tions telles que VariAu­dio, VST Expres­sion, les pistes Tempo/Signa­ture ou l’ex­port multi­piste font de cette mouture une incon­tour­nable mise à jour. À la ques­tion « faut-il vous payer l’up­grade depuis une version 4 ou infé­rieure? », la réponse est donc 1000 fois oui, étant entendu que la version Studio du logi­ciel est dépour­vue (et c’est une diffé­rence de taille) de la fonc­tion VariAu­dio, entre autres choses.

Si en revanche, vous n’avez pas de séquen­ceur ou que vous envi­sa­gez d’en chan­ger, le problème est plus épineux car, après un rapide tour de web, on constate avec une certaine stupé­fac­tion qu’au­cun éditeur, en dehors de Magix, Cake­walk ou Able­ton, ne propose de version de démons­tra­tion de son logi­ciel. Et il est bien dommage qu’on ne puisse pas essayer avant d’ache­ter à l’heure où les diffé­rences entre les séquen­ceurs se résument souvent à quelques fonc­tion­na­li­tés et une ergo­no­mie diffé­rente, soit des aspects parfois très subjec­tifs. Reste qu’en indé­crot­table Cuba­sien depuis une quin­zaine d’an­nées, je ne saurais que trop vous recom­man­der cette version 5…

Carton rougeEt un carton rouge spécial à Propel­le­rhead qui n’a toujours pas porté ReWire et le format Rex sous 64 bits

Notre avis : 8/10

  • Full 64 bits!
  • VariAudio parfaitement intégré.
  • La simplicité offerte par VST Expression.
  • Enfin l'export multipiste!
  • Enfin une réverbe qui tient la route!
  • Les pistes Tempo et Signature, tellement plus simples…
  • Un tout-en-un complet.
  • Docs papier et tutoriels vidéos.
  • Groove Agent One, simple et efficace.
  • Loopmash, une belle boîte à idée
  • Le panneau d'automatisation
  • Le concept de l'appli iPhone pour contrôler le séquenceur
  • L'appli iPhone toujours pas sortie
  • Pas de sampler, pas d'orgue, pas de piano en dehors des presets de HALion One
  • Des synthés qui ne sont pas au niveau de la concurrence
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