Pas superstitieux pour deux sous, Steinberg nous livre la treizième version de son célèbre Cubase. Au programme : point de révolution mais une foule d’améliorations qui pourraient changer la vie des utilisateurs au quotidien…
On s’en aperçoit en effet dès le lancement : pas de changement flagrant dans l’interface du logiciel qui ne change pas dans son design et s’avère à la fois toujours aussi claire et bien contrastée, mais toujours aussi chargée. La chose ne sautera pas nécessairement aux yeux sur un moniteur 27 pouces, mais sur un Macbook 15 pouces, on s’aperçoit qu’il y a beaucoup de monde à l’écran…
Tomber dans le panneau
Sans doute conscient du problème, l’éditeur a effectué quelques retouches ergonomiques à son logiciel, en modifiant d’abord le look de sa console, plus flat design que jamais… Mais c’est surtout via un nouveau panneau que les choses bougent : remisé sur la partie gauche de l’écran, avant l’inspecteur, le « channel tab » permet en effet, comme on le voit dans Logic ou Samplitude, d’afficher l’intégralité de la tranche de console liée à la piste sélectionnée, des inserts au fader en passant par les envois et toutes les commandes habituelles (pan, solo, mute, écriture/lecture d’automation, etc.). Voilà qui s’avère pratique pour éviter de switcher tout le temps entre les différentes vues de la console lorsqu’on bosse sur un petit écran…
Sauf que du coup, cela prend encore un peu plus de place dans l’interface déjà bien dense (voir la capture ci-contre réalisée sur un Macbook 15 pouces) alors qu’on note une multitude de redondances de commandes à l’écran : lorsqu’on affiche tous les panneaux du logiciel, les boutons Mute et Solo se retrouvent à la fois dans le bandeau de pistes de la fenêtre d’arrangement, dans la console, dans l’inspecteur de piste et dans ce nouveau Channel Tab… Même choses pour les boutons R et W pour gérer l’automation qu’on retrouve dans l’inspecteur, le Channel Tab, la console… et dans la fenêtre d’arrangement quand on déplie les automations d’une piste évidemment…
Gageons qu’il aurait été plus opportun de faire évoluer l’inspecteur de piste en dédoublant certaines commandes ou en escamotant certains infos secondaires (a-t-on vraiment besoin d’afficher en premier intention la commande de délai de piste ?) pour placer tout cela car en l’occurence, on est loin de l’impression d’espace que peuvent donner les interfaces d’Ableton Live, Tracktion ou Reaper pour n’en citer que quelques uns… Sauf que… C’était déjà le cas ! On pouvait déjà afficher ce fader dans l’Inspecteur ! Avouons donc que cette nouveauté du Channel Tab est maigre…
Il me semble ainsi qu’au lieu d’ajouter de nouvelles vues au mépris du principe « less is more », Steinberg devrait plutôt remettre en question les vues existantes, faire la chasse aux cadres ou pixels surperflus, questionner la graisse de chaque police et enfin travailler la hiérarchie des commandes ou des infos comme leur redondance, sachant que, comme le veut la loi de Paretto, 80% de ce qu’on nous affiche ne sert que 20% du temps, voire moins… Bien sûr, on comprend le côté épineux de faire évoluer un tel logiciel sur ce plan car tout changement trop drastique pourrait être mal reçu par les utilisateurs habitués, mais on sent vraiment aussi la nécessité d’une refonte ergonomique de ce côté… Précisons-le d’ailleurs : à part les canaux de la console, rien ou presque n’est fait en responsive design, de sorte que la grosse majorité des plug-ins ne sont pas redimensionnables…
Bref, chacun verra comme il accueille ce panneau au sein de son flux de productivité, sachant qu’il n’est pas la seule nouveauté, loin s’en faut, de ce Cubase 13, comme on s’en rend compte du côté du MIDI.
Dans les chords
Précisons-le d’entrée à ce sujet : Cubase est désormais prêt pour accueillir la version 2.0 de la norme MIDI. On a donc les séquenceurs, les contrôleurs, il ne manque plus que les instruments pour que la révolution la plus lente de l’histoire ait enfin lieu. ;-)
Plus concret, le chord pad se dote d’une belle évolution. Tous les outils dont on disposait avant dans des options ou des fenêtres flottantes se trouvent ainsi rassemblés en un seul espace, tandis qu’un jeu de couleurs vous aide à bâtir votre progression d’accords en fonction du cycle des quintes : quand vous jouez un accord via un pad, plusieurs autres pads sont soulignés en vert, orange ou rouge en fonction de leur accointance harmonique… On apprécie surtout que le « player » et ses nombreuses phrases prêtes à l’emploi soient plus mis en avant car c’est un redoutable allié pour mettre en place une rythmique vite fait bien fait… Et comme tout cela s’accompagne de nombreux présets, on est ravi de l’évolution de Cubase sur ce point.
On dispose désormais aussi de l’outil « Range Tools » dans l’éditeur MIDI comme dans l’éditeur batterie. Grâce à ce dernier, il est désormais plus aisé de sélectionner avec précision des parties couvrant une grande tessiture sans avoir à jouer laborieusement avec le lasso habituel et le zoom.
Dans le sillage de cette nouveauté, on notera aussi que Cubase simplifie l’édition de plusieurs clips MIDI en simultanée en ajoutant un onglet Visibilité à l’éditeur clavier et à l’éditeur batterie… Pourquoi pas, sachant que cette édition multiple offre un gain de temps conséquent lorsqu’il s’agit de soigner les voicing d’une progression d’accord, ce qui est quasi indispensable pour écrire de belles parties de cordes sans recourir à l’éditeur de partitions. Et ça tombe bien d’ailleurs puisque l’éditeur nous propose du neuf sur le plan orchestral dans cette nouvelle version…
Orchestre de poche
En marge de cinq nouveaux packs de samples, il ne se passe pas grand-chose du côté des instruments si ce n’est que Steinberg nous propose la nouvelle banque Iconica Sketch pour HALion Sonic 7, laquelle est un condensé de la grosse banque orchestrale produite récemment par Orchestra Tools pour Steinberg. Précisons-le toutefois : en dépit de son nom, la banque n’est pas vraiment une concurrente d’outils d’écriture rapide comme peuvent en proposer Sonokinetic, Sonuscore, Native Instruments ou encore Cinesamples pour faire du « sketching ». Iconica Sketch ne vous proposera donc pas de préarrangements arpégiés qui, en plaquant trois accords, vous permettraient de brosser les grandes lignes d’une composition mais plus une sorte de version allégée d’Iconica qui tient sur moins de 5 Go. Et vous vous en doutez, pour arriver à ce résumé, il a fallu faire des coupes tant dans les instruments ou les articulations que dans les fonctionnalités de la banque d’origine.
Les choix réalisés par Steinberg sont toutefois assez convaincants dans la mesure où l’éditeur a conservé les différentes couches de vélocité pour les instruments proposés (de pianississimo à fortissisisimo en passant par pianissimo, piano, mezzo piano, mezzo forte, forte et fortissimo) affectées à la molette de modulation), ce qui permet à Iconica Sketch de réaliser efficacement des nuances sans qu’aucun saut de vélocité ne soit détectable. Or, la nuance, c’est un peu le nerf de la guerre quand on parle de musique orchestrale.
La contrepartie de cela, c’est que vous ne disposez d’aucun contrôle sur les micros (sachant que le son de pièce est bien présente sur les instruments fournis) et que certains instruments sont aux abonnés absents (pas de cordes frottées en solo par exemple) tandis que ceux qui sont présents proposent au mieux sept articulations. Pour les différentes sections de cordes, on sera par exemple limité à Staccato, Pizzicato, Spiccato, Sustain, Legato, Tremolo et Sustain Vibrato, ce qui permet tout de même de faire pas mal de choses, d’autant que le son est globalement au rendez-vous. Bref, cet Iconica Sketch ne changera pas forcément la vie de ceux qui disposent déjà de banques orchestrales correctes, mais il étendra de fort belle façon l’horizon de ceux dont ce n’est pas le cas… Et bien évidemment, il est une bien belle porte d’entrée vers les versions plus conséquentes d’Iconica dont la version Opus, rassemblant les différents ensembles, les sections et les instruments solos, repose sur 190 Go de samples pour 1000 euros…
Bref, il s’agit d’un bien bel ajout qui saura se rendre utile bien au-delà de la seule musique orchestrale si l’on n’attend pas quelque chose de trop « dry » en termes de résultat pour faire de la pop ou des musiques urbaines. Steinberg et Orchestra Tools ont bien bossé.
Faites vous une idée de ce que ça donne avec cet exemple :
Finissons avec le rayon des instruments en évoquant les nouveautés de la piste sampler qui dispose d’un nouveau mode Spectral Warp pour aller plus pertinant que les autres modes pour les manips sonore extrême…
C’est toutefois du côté des effets qu’il se passe le plus de choses avec cette version 13.
V comme Vintage
Pas moins de six nouveaux effets vous attendent dans ce nouveau Cubase, sept même si l’on compte la mise à jour du plug-in TestGenerator qui lui permet désormais de générer plus de types de formes d’onde (la pulse fait son apparition) ou de bruits et dispose d’une gestion plus avancée des sorties audio. Les six autres empruntent deux grandes directions : l’émulation d’un côté et le traitement vocal de l’autre.
Commençons par le moins surprenant : Steinberg se dote enfin de deux nouveaux Pultec, sachant que, comme aurait presque dit Séguela s’il avait été ingé son, « si tu n’as pas un Pultec dans ta suite d’effets, c’est que t’as raté ta STAN ». Rien à dire à ce sujet, on est dans la couleur Pultec comme dans l’ergonomie, avec cette possibilité d’opérer une atténuation en même temps qu’un boost pour obtenir des courbes d’égalisation devenues légendaires (le fameux Pultec trick qui permet notamment de redonner de la netteté à une prise basse), les Pultec étant la plupart du temps loués pour ce qu’ils apportent de couleur au signal.
C’est la même optique qui est poursuivie avec le nouveau compresseur Black Valve qui complète l’arsenal dynamique de Cubase avec un traitement faisant la part belle à la saturation typée tube. Pas de réglage d’attaque ni de relâchement ici, juste un Peak reduction, un drive, un gain, un dry/wet et un niveau de sortie : on est vraiment ici pour amener de la couleur, dans un esprit « Program Dependant » qui emprunte probablement au 670 de Fairchild…
D’un compresseur l’autre, on passera aux traitements vocaux avec le nouveau VoxComp qui n’est pas sans évoquer le célèbre Renaissance Vox Compressor de Waves dans sa simplicité. Un seuil, un dry/wet, un niveau de sortie et c’est marre : les débutants vont adorer ! Et si le besoin de plus se faisait sentir, on peut alors se jeter sur la très bonne surprise de cette version 13…
V comme Voix
Comme son nom l’indique, il s’agit d’un gros multieffet dédié à la voix, sachant qu’il n’est pas question ici d’avoir 1000 effets à modulation, des bitcrushers ou des générateurs d’harmonies vocales car on est vraiment centré ici sur le mixage, ce qui n’empêche en rien d’aller épicer ça ensuite avec des plugs plus créatifs.
Seize modules vous attendent ainsi dans une interface qui s’organise en trois sections : Clean pour faire des traitements correctifs, Character pour faire des traitements esthétiques, et enfin Send pour appliquer des traitements spatiaux.
Chaque section comprend ainsi une chaîne de traitements qui peuvent chacun être activé ou désactivé et dont l’ordre peut être changé. Dans Clean, on a droit à Cut Filter, Gate, Pitch, De-esser I, Dyn Filter I (soit un EQ dynamique qui ne peut qu’atténuer), Compressor I et EQ I. Character nous propose ensuite Saturator, Compressor II, Exciter, Dyn Filter II, EQ II et De-esser II, et Send ferme la marche avec Imager (un doubleur de voix), un delay et une réverbe.
Ceux qui connaissent bien les effets fournis dans Cubase auront aussi compris qui il n’y a rien de fondamentalement neuf dans tous ces traitements par rapport aux plug-ins que l’on connaissait de Cubase et aux petits nouveaux que nous venons d’évoquer, sauf que les avoir réunis en un seul plug-in est une vraie bonne idée car cela permet de gagner un temps fou à l’usage. Et Steinberg a trouvé un rapport exhaustivité/simplicité qui me semble tout à fait pertinent à l’usage, d’autant que l’interface est un modèle de clarté. La réussite est telle d’ailleurs qu’on espère bien que l’éditeur aura à cœur de nous proposer d’autres outils du même acabit, qu’il s’agisse d’une tranche dédiée à la batterie, à la guitare ou encore à la basse… J’ai en tout cas eu un vrai coup de cœur pour ce VocalChain qui me semble en définitive aussi bien sinon mieux foutu qu’un Nectar car plus centré sur l’essentiel.
Précisons pour finir sur le chapitre des plug-ins que le vieux vocoder de Steinberg nous revient dans une version totalement refondue. Et il y a de quoi réveiller le Daft Punk qui est en vous si l’on en juge par le côté assez complet du plug-in qui, en vis-à-vis de ses 24 bandes, propose de nombreux paramètres pour tweaker le signal modulé comme le signal modulant…
Bref, côté effets, ce Cubase 13 ne déçoit pas, même si la pertinence de ces apports sera à relativiser en fonction de ce dont vous disposez déjà dans votre répertoire VST. Or il est vrai qu’en ces temps où les logiciels gratuits sont d’une insolente qualité et où quantité de choses très recommandables sont vendues à moins de trente balles, l’enjeu des « Stock plug-ins » est loin d’être aussi crucial qu’autrefois : rien qu’entre Melda, Tokyo Dawn Labs et Kilohearts et Analog Obsession pour n’en citer que quatre, on a de quoi habiller une STAN pour l’hiver. Alors si on ajoute à cela les Waves et Plugin Alliance qui sont en Black Friday presque tous les vendredis, on se dit que le jeu des éditeurs de STAN aujourd’hui n’est plus de nous proposer des plug-ins de base mais des choses originales qui n’ont pas d’équivalent sur le marché ou qui sont trop coûteuses au point qu’on valorise le fait d’en disposer dans sa STAN… De fait, ce qu’on attend désormais, ce sont plutôt des équivalents des produits Fabfilter, Sonible, Izotope, Celemony, Synchro Arts, Oaksound, soit la crème de la crème… Il existe en effet une vingtaine d’émulations de Pultec sur le marché, dont des gratuites vraiment pas mal du tout : en voici deux de plus. Soit.
Pour finir sur les plug-ins, on notera par ailleurs que Steinberg tourne toujours le dos au format CLAP, ce qui est de bonne guerre pour l’inventeur du VST et n’est pas essentiel pour Cubase, même si on rêverait de le voir adopter le récent format DAWproject qui est un vrai gamechanger lui, pour le coup…
Et c’est tout ? Oui pour les grosses avancées, sachant qu’une foule de petites nouveautés, dont certaines seront importantes pour certains, vous attendent…
Et pour quelques fonctionnalités de plus…
En marge de ce que nous venons d’évoquer, Steinberg a bossé sur plein de petites choses qui, selon votre usage du logiciel, vous laisseront froid ou au contraire vous changeront la vie. On évoquera par exemple la refonte de la fenêtre des raccourcis claviers, la possibilité de zoomer avec la molette de la souris, le tap tempo désormais accessible dans la barre de transport, la gestion des fenêtres multiples sous Windows, l’utilisation du GPU pour le décodage de la vidéo au format H264, le redesign des plug-ins MIDI, et plus d’options dans le routing comme dans l’import de pistes. Et même une chose aussi anodine que de pouvoir passer d’un canal mono à un canal stéréo en un clic devrait faire dire à certains « Cool ! ». Bref, on sent que Steinberg, à défaut d’être surprenant avec cette mise à jour, tâche de prendre les bonnes idées chez les concurrents comme de cocher des cases dans la liste de souhaits de ses utilisateurs.
Au bout du compte, qu’est-ce qu’il manque ? À vrai dire, pas grand chose, Cubase proposant même des choses qui font défaut à quantité de ses concurrents (recalage automatique de pistes, générations d’harmonies grâce à VariAudio, section Monitoring sans parler, évidemment, du célèbre et puissant éditeur logique…).
Fonctionnellement, trois grands manques demeurent toutefois en regard de plupart des concurrents : la gestion de vrais objets audio (soit la possibilité d’insérer des effets, voire des envois, sur les clips mêmes sans avoir à faire de rendu, la possibilité de combiner des plug-ins d’effet ou des instruments de façon modulaire, et enfin une gestion plus globale du M/S qui, sauf erreur de ma part, réclame toujours de passer par des utilitaires de tierce partie à quelques exceptions près, alors que c’est vraiment un outil déterminant pour le mixage comme le mastering, voire pour la prod…
Bref, Cubase a toujours une marge de progrès, plus considérable encore si l’on considère les petites lourdeurs ergonomiques qu’on sent ça et là…
En effet, comme nous l’avions évoqué plus haut, il y a quantité de choses qui laissent à penser que Cubase mériterait une grosse refonte de son interface et de son ergonomie. Et je le souligne, il ne s’agit pas là d’une critique qui soit liée à l’habitude d’une autre ergonomie, mais bien de problèmes qu’on ne trouve pas chez la plupart des concurrents.
Prenons par exemple la gestion du drag & drop d’effets ou d’instruments. Il ne suffit pas dans Cubase de glisser le plug-in dans la fenêtre d’arrangement comme partout ailleurs mais il faut aller jusqu’au bandeau de pistes, ce qui est largement plus pénible, surtout au touchpad où les longs drag&drop sont complexes à exécuter.
Parlons aussi de la barre d’outils : on dispose côte à côte de… 36 icônes entrecoupées par 4 menus déroulants ! 36 ! C’est ubuesque à ce niveau et Il y aurait vraiment un ménage à faire pour hierarchiser tout ça car j’ai peine à croire qu’on ait besoin de 36 outils sous les yeux en permanence, dont deux rien que pour colorer les clips dans la fenêtre d’arrangement…
On questionnera aussi cette grosse barre noire d’information qui s’affiche juste en dessous de la barre d’outils pour détailler plein d’infos sur un clip, et plein d’infos qui seront inutiles la plupart du temps, comme l’activation ou non de l’inversion de phase ou le début et la fin du clip, etc. Je ne dis pas que ça n’a pas parfois de l’intérêt mais tout est dans le parfois car en le proposant en première intention, et même s’il est sans doute possible de l’escamoter dans les préférences, cela rajoute juste pour le nouveau venu des éléments visuels pour pas grand chose, augmentant l’impression de fouillis.
Bref, ce sont plein de petites choses comme cela qui font soupirer et on soupire d’autant plus que sur quantité d’aspects, Cubase est vraiment une tuerie, mais il a accumulé au fil des décennies des choses qu’il faudrait vraiment remettre en question. À bon entendeur donc…
Conclusion
Il y a forcément deux conclusions à chaque fois que l’on teste la mise à jour d’un monstre comme Cubase : une pour juger du logiciel dans son ensemble, et une pour juger de la pertinence de la mise à jour pour les utilisateurs existants…
Commençons donc par cette dernière et reconnaissons d’emblée que Cubase continue de progresser en répondant à ses concurrents comme aux souhaits de ses utilisateurs. Et même si on a connu Steinberg plus inspiré et novateur par le passé, il le fait de manière plutôt correcte avec cette treizième mouture dont les nouveaux effets et instruments, notamment VocalChain et Iconica Sketch, sont réellement enthousiasmants. On louera aussi la refonte des pads d’accords comme les nombreuses évolutions qui vont dans le sens d’une meilleure productivité, de l’édition MIDI de multiples pistes en simultanée à la généralisation de l’outil de sélection de zone, et encore quantités de petites choses allant dans le bon sens : un tap tempo facilement accessible, oui, ça change la vie. Et tout ça pour cent balles, concédons que le prix est raisonnable.
Reste toutefois qu’il n’y a pas dans cette treizième version de nouveauté qui soit réellement incontournable pour tout le monde, qui fasse dire « Wahou ! » Chacun des utilisateurs de Cubase 12 devra donc voir si les 100 euros réclamés pour la mise à niveau valent le coup pour lui (et cela se fera notamment en fonction des plug-ins de tierce partie dont on dispose vu que la moitié de cette mise à jour tient dans des plug-ins), tandis que les utilisateurs des versions antérieures gagneront forcément beaucoup plus de choses en investissant dans l’update proposée alors à 200 euros. Bref, le bilan est un peu mitigé, au point que je noterais la mise à jour depuis la V12 3 étoiles sur 5…
Pour ce qui est de se prononcer en général sur Cubase 13 dans son entier, on aura nettement moins de réserve tant le logiciel phare de Steinberg s’avère complet, cohérent sur le plan fonctionnel, et robuste à l’usage. Pour choisir celui-ci plutôt qu’un autre ? Si l’on a bien compris que ce n’est pas un séquenceur pensé pour le live comme en proposent Ableton ou Bitwig, c’est évidemment une affaire de goûts en matière d’usage, mais il faut reconnaître que Cubase est aussi l’un des séquenceurs les plus évolués qui soit du côté des fonctions de composition et d’arrangement, à l’image du Chord Pad et de son player de phrases, ou encore de la possibilité de générer des harmonies avec VariAudio. Ses lacunes ? Je dirais une certaine lourdeur ergonomique (même si cela s’arrange au fil des versions), l’absence de gestion du M/S comme des multi-instruments ou multieffets (je parle bien de la possibilité de combiner entre eux plusieurs plug-ins de façon modulaire comme on le voit dans Tracktion, Reason, Studio One, etc.) mais il n’y a rien là-dedans qui soit rédhibitoire et il ne fait aucun doute qu’il est toujours aussi chaudement recommandé de l’essayer, voire de l’adopter. De ce côté donc, il ne vole ni son award ni sa note de 4,5/5…