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Award Valeur sûre 2023
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Pas superstitieux pour deux sous, Steinberg nous livre la treizième version de son célèbre Cubase. Au programme : point de révolution mais une foule d’améliorations qui pourraient changer la vie des utilisateurs au quotidien…

On s’en aperçoit en effet dès le lance­ment : pas de chan­ge­ment flagrant dans l’in­ter­face du logi­ciel qui ne change pas dans son design et s’avère à la fois toujours aussi claire et bien contras­tée, mais toujours aussi char­gée. La chose ne sautera pas néces­sai­re­ment aux yeux sur un moni­teur 27 pouces, mais sur un Macbook 15 pouces, on s’aperçoit qu’il y a beau­coup de monde à l’écran… 

Tomber dans le panneau

ChannelTabSans doute conscient du problème, l’édi­teur a effec­tué quelques retouches ergo­no­miques à son logi­ciel, en modi­fiant d’abord le look de sa console, plus flat design que jamais… Mais c’est surtout via un nouveau panneau que les choses bougent : remisé sur la partie gauche de l’écran, avant l’ins­pec­teur, le « chan­nel tab » permet en effet, comme on le voit dans Logic ou Sampli­tude, d’af­fi­cher l’in­té­gra­lité de la tranche de console liée à la piste sélec­tion­née, des inserts au fader en passant par les envois et toutes les commandes habi­tuelles (pan, solo, mute, écri­ture/lecture d’au­to­ma­tion, etc.). Voilà qui s’avère pratique pour éviter de swit­cher tout le temps entre les diffé­rentes vues de la console lorsqu’on bosse sur un petit écran…

Cubase13Sauf que du coup, cela prend encore un peu plus de place dans l’in­ter­face déjà bien dense (voir la capture ci-contre réali­sée sur un Macbook 15 pouces) alors qu’on note une multi­tude de redon­dances de commandes à l’écran : lorsqu’on affiche tous les panneaux du logi­ciel, les boutons Mute et Solo se retrouvent à la fois dans le bandeau de pistes de la fenêtre d’ar­ran­ge­ment, dans la console, dans l’ins­pec­teur de piste et dans ce nouveau Chan­nel Tab… Même choses pour les boutons R et W pour gérer l’au­to­ma­tion qu’on retrouve dans l’ins­pec­teur, le Chan­nel Tab, la conso­le… et dans la fenêtre d’ar­ran­ge­ment quand on déplie les auto­ma­tions d’une piste évidem­ment…

Gageons qu’il aurait été plus oppor­tun de faire évoluer l’ins­pec­teur de piste en dédou­blant certaines commandes ou en esca­mo­tant certains infos secon­daires (a-t-on vrai­ment besoin d’af­fi­cher en premier inten­tion la commande de délai de piste ?) pour placer tout cela car en l’oc­cu­rence, on est loin de l’im­pres­sion d’es­pace que peuvent donner les inter­faces d’Able­ton Live, Track­tion ou Reaper pour n’en citer que quelques uns… Sauf que… C’était déjà le cas ! On pouvait déjà affi­cher ce fader dans l’Ins­pec­teur ! Avouons donc que cette nouveauté du Chan­nel Tab est maigre…

Il me semble ainsi qu’au lieu d’ajou­ter de nouvelles vues au mépris du prin­cipe « less is more », Stein­berg devrait plutôt remettre en ques­tion les vues exis­tantes, faire la chasse aux cadres ou pixels surper­flus, ques­tion­ner la graisse de chaque police et enfin travailler la hiérar­chie des commandes ou des infos comme leur redon­dance, sachant que, comme le veut la loi de Paretto, 80% de ce qu’on nous affiche ne sert que 20% du temps, voire moins… Bien sûr, on comprend le côté épineux de faire évoluer un tel logi­ciel sur ce plan car tout chan­ge­ment trop dras­tique pour­rait être mal reçu par les utili­sa­teurs habi­tués, mais on sent vrai­ment aussi la néces­sité d’une refonte ergo­no­mique de ce côté… Préci­sons-le d’ailleurs : à part les canaux de la console, rien ou presque n’est fait en respon­sive design, de sorte que la grosse majo­rité des plug-ins ne sont pas redi­men­sion­na­bles…

Bref, chacun verra comme il accueille ce panneau au sein de son flux de produc­ti­vité, sachant qu’il n’est pas la seule nouveauté, loin s’en faut, de ce Cubase 13, comme on s’en rend compte du côté du MIDI.

Dans les chords

Préci­sons-le d’en­trée à ce sujet : Cubase est désor­mais prêt pour accueillir la version 2.0 de la norme MIDI. On a donc les séquen­ceurs, les contrô­leurs, il ne manque plus que les instru­ments pour que la révo­lu­tion la plus lente de l’his­toire ait enfin lieu. ;-)

Plus concret, le chord pad se dote d’une belle évolu­tion. Tous les outils dont on dispo­sait avant dans des options ou des fenêtres flot­tantes se trouvent ainsi rassem­blés en un seul espace, tandis qu’un jeu de couleurs vous aide à bâtir votre progres­sion d’ac­cords en fonc­tion du cycle des quintes : quand vous jouez un accord via un pad, plusieurs autres pads sont souli­gnés en vert, orange ou rouge en fonc­tion de leur accoin­tance harmo­nique… On appré­cie surtout que le « player » et ses nombreuses phrases prêtes à l’em­ploi soient plus mis en avant car c’est un redou­table allié pour mettre en place une ryth­mique vite fait bien fait… Et comme tout cela s’ac­com­pagne de nombreux présets, on est ravi de l’évo­lu­tion de Cubase sur ce point.

On dispose désor­mais aussi de l’ou­til « Range Tools » dans l’édi­teur MIDI comme dans l’édi­teur batte­rie. Grâce à ce dernier, il est désor­mais plus aisé de sélec­tion­ner avec préci­sion des parties couvrant une grande tessi­ture sans avoir à jouer labo­rieu­se­ment avec le lasso habi­tuel et le zoom.

Dans le sillage de cette nouveauté, on notera aussi que Cubase simpli­fie l’édi­tion de plusieurs clips MIDI en simul­ta­née en ajou­tant un onglet Visi­bi­lité à l’édi­teur clavier et à l’édi­teur batte­rie… Pourquoi pas, sachant que cette édition multiple offre un gain de temps consé­quent lorsqu’il s’agit de soigner les voicing d’une progres­sion d’ac­cord, ce qui est quasi indis­pen­sable pour écrire de belles parties de cordes sans recou­rir à l’édi­teur de parti­tions. Et ça tombe bien d’ailleurs puisque l’édi­teur nous propose du neuf sur le plan orches­tral dans cette nouvelle version…

Orchestre de poche

IconicaSketchEn marge de cinq nouveaux packs de samples, il ne se passe pas grand-chose du côté des instru­ments si ce n’est que Stein­berg nous propose la nouvelle banque Iconica Sketch pour HALion Sonic 7, laquelle est un condensé de la grosse banque orches­trale produite récem­ment par Orches­tra Tools pour Stein­berg. Préci­sons-le toute­fois : en dépit de son nom, la banque n’est pas vrai­ment une concur­rente d’ou­tils d’écri­ture rapide comme peuvent en propo­ser Sono­ki­ne­tic, Sonus­core, Native Instru­ments ou encore Cine­samples pour faire du « sket­ching ». Iconica Sketch ne vous propo­sera donc pas de préar­ran­ge­ments arpé­giés qui, en plaquant trois accords, vous permet­traient de bros­ser les grandes lignes d’une compo­si­tion mais plus une sorte de version allé­gée d’Ico­nica qui tient sur moins de 5 Go. Et vous vous en doutez, pour arri­ver à ce résumé, il a fallu faire des coupes tant dans les instru­ments ou les arti­cu­la­tions que dans les fonc­tion­na­li­tés de la banque d’ori­gine.

Les choix réali­sés par Stein­berg sont toute­fois assez convain­cants dans la mesure où l’édi­teur a conservé les diffé­rentes couches de vélo­cité pour les instru­ments propo­sés (de pianis­sis­simo à fortis­si­si­simo en passant par pianis­simo, piano, mezzo piano, mezzo forte, forte et fortis­simo) affec­tées à la molette de modu­la­tion), ce qui permet à Iconica Sketch de réali­ser effi­ca­ce­ment des nuances sans qu’au­cun saut de vélo­cité ne soit détec­table. Or, la nuance, c’est un peu le nerf de la guerre quand on parle de musique orches­trale.

La contre­par­tie de cela, c’est que vous ne dispo­sez d’au­cun contrôle sur les micros (sachant que le son de pièce est bien présente sur les instru­ments four­nis) et que certains instru­ments sont aux abon­nés absents (pas de cordes frot­tées en solo par exemple) tandis que ceux qui sont présents proposent au mieux sept arti­cu­la­tions. Pour les diffé­rentes sections de cordes, on sera par exemple limité à Stac­cato, Pizzi­cato, Spic­cato, Sustain, Legato, Tremolo et Sustain Vibrato, ce qui permet tout de même de faire pas mal de choses, d’au­tant que le son est globa­le­ment au rendez-vous. Bref, cet Iconica Sketch ne chan­gera pas forcé­ment la vie de ceux qui disposent déjà de banques orches­trales correctes, mais il éten­dra de fort belle façon l’ho­ri­zon de ceux dont ce n’est pas le cas… Et bien évidem­ment, il est une bien belle porte d’en­trée vers les versions plus consé­quentes d’Ico­nica dont la version Opus, rassem­blant les diffé­rents ensembles, les sections et les instru­ments solos, repose sur 190 Go de samples pour 1000 euros…

Bref, il s’agit d’un bien bel ajout qui saura se rendre utile bien au-delà de la seule musique orches­trale si l’on n’at­tend pas quelque chose de trop « dry » en termes de résul­tat pour faire de la pop ou des musiques urbaines. Stein­berg et Orches­tra Tools ont bien bossé.

Faites vous une idée de ce que ça donne avec cet exemple :

SKET­CHul­ti­mate
00:0001:37

Finis­sons avec le rayon des instru­ments en évoquant les nouveau­tés de la piste sampler qui dispose d’un nouveau mode Spec­tral Warp pour aller plus perti­nant que les autres modes pour les manips sonore extrê­me…

C’est toute­fois du côté des effets qu’il se passe le plus de choses avec cette version 13.

V comme Vintage

Pas moins de six nouveaux effets vous attendent dans ce nouveau Cubase, sept même si l’on compte la mise à jour du plug-in Test­Ge­ne­ra­tor qui lui permet désor­mais de géné­rer plus de types de formes d’onde (la pulse fait son appa­ri­tion) ou de bruits et dispose d’une gestion plus avan­cée des sorties audio. Les six autres empruntent deux grandes direc­tions : l’ému­la­tion d’un côté et le trai­te­ment vocal de l’autre.

pultecCommençons par le moins surpre­nant : Stein­berg se dote enfin de deux nouveaux Pultec, sachant que, comme aurait presque dit Séguela s’il avait été ingé son, « si tu n’as pas un Pultec dans ta suite d’ef­fets, c’est que t’as raté ta STAN ». Rien à dire à ce sujet, on est dans la couleur Pultec comme dans l’er­go­no­mie, avec cette possi­bi­lité d’opé­rer une atté­nua­tion en même temps qu’un boost pour obte­nir des courbes d’éga­li­sa­tion deve­nues légen­daires (le fameux Pultec trick qui permet notam­ment de redon­ner de la netteté à une prise basse), les Pultec étant la plupart du temps loués pour ce qu’ils apportent de couleur au signal.

blackvalveC’est la même optique qui est pour­sui­vie avec le nouveau compres­seur Black Valve qui complète l’ar­se­nal dyna­mique de Cubase avec un trai­te­ment faisant la part belle à la satu­ra­tion typée tube. Pas de réglage d’at­taque ni de relâ­che­ment ici, juste un Peak reduc­tion, un drive, un gain, un dry/wet et un niveau de sortie : on est vrai­ment ici pour amener de la couleur, dans un esprit « Program Depen­dant » qui emprunte proba­ble­ment au 670 de Fair­child…

D’un compres­seur l’autre, on passera aux trai­te­ments vocaux avec le nouveau VoxComp qui n’est pas sans évoquer le célèbre Renais­sance Vox Compres­sor de Waves dans sa simpli­cité. Un seuil, un dry/wet, un niveau de sortie et c’est marre : les débu­tants vont adorer ! Et si le besoin de plus se faisait sentir, on peut alors se jeter sur la très bonne surprise de cette version 13…

V comme Voix

Comme son nom l’in­dique, il s’agit d’un gros multief­fet dédié à la voix, sachant qu’il n’est pas ques­tion ici d’avoir 1000 effets à modu­la­tion, des bitcru­shers ou des géné­ra­teurs d’har­mo­nies vocales car on est vrai­ment centré ici sur le mixage, ce qui n’em­pêche en rien d’al­ler épicer ça ensuite avec des plugs plus créa­tifs.

VocalChainSeize modules vous attendent ainsi dans une inter­face qui s’or­ga­nise en trois sections : Clean pour faire des trai­te­ments correc­tifs, Charac­ter pour faire des trai­te­ments esthé­tiques, et enfin Send pour appliquer des trai­te­ments spatiaux.

Chaque section comprend ainsi une chaîne de trai­te­ments qui peuvent chacun être activé ou désac­tivé et dont l’ordre peut être changé. Dans Clean, on a droit à Cut Filter, Gate, Pitch, De-esser I, Dyn Filter I (soit un EQ dyna­mique qui ne peut qu’at­té­nuer), Compres­sor I et EQ I. Charac­ter nous propose ensuite Satu­ra­tor, Compres­sor II, Exci­ter, Dyn Filter II, EQ II et De-esser II, et Send ferme la marche avec Imager (un doubleur de voix), un delay et une réverbe.

Ceux qui connaissent bien les effets four­nis dans Cubase auront aussi compris qui il n’y a rien de fonda­men­ta­le­ment neuf dans tous ces trai­te­ments par rapport aux plug-ins que l’on connais­sait de Cubase et aux petits nouveaux que nous venons d’évoquer, sauf que les avoir réunis en un seul plug-in est une vraie bonne idée car cela permet de gagner un temps fou à l’usage. Et Stein­berg a trouvé un rapport exhaus­ti­vité/simpli­cité qui me semble tout à fait perti­nent à l’usage, d’au­tant que l’in­ter­face est un modèle de clarté. La réus­site est telle d’ailleurs qu’on espère bien que l’édi­teur aura à cœur de nous propo­ser d’autres outils du même acabit, qu’il s’agisse d’une tranche dédiée à la batte­rie, à la guitare ou encore à la basse… J’ai en tout cas eu un vrai coup de cœur pour ce Vocal­Chain qui me semble en défi­ni­tive aussi bien sinon mieux foutu qu’un Nectar car plus centré sur l’es­sen­tiel.

VocoderPréci­sons pour finir sur le chapitre des plug-ins que le vieux voco­der de Stein­berg nous revient dans une version tota­le­ment refon­due. Et il y a de quoi réveiller le Daft Punk qui est en vous si l’on en juge par le côté assez complet du plug-in qui, en vis-à-vis de ses 24 bandes, propose de nombreux para­mètres pour twea­ker le signal modulé comme le signal modu­lant…

Bref, côté effets, ce Cubase 13 ne déçoit pas, même si la perti­nence de ces apports sera à rela­ti­vi­ser en fonc­tion de ce dont vous dispo­sez déjà dans votre réper­toire VST. Or il est vrai qu’en ces temps où les logi­ciels gratuits sont d’une inso­lente qualité et où quan­tité de choses très recom­man­dables sont vendues à moins de trente balles, l’enjeu des « Stock plug-ins » est loin d’être aussi crucial qu’au­tre­fois : rien qu’entre Melda, Tokyo Dawn Labs et Kilo­hearts et Analog Obses­sion pour n’en citer que quatre, on a de quoi habiller une STAN pour l’hi­ver. Alors si on ajoute à cela les Waves et Plugin Alliance qui sont en Black Friday presque tous les vendre­dis, on se dit que le jeu des éditeurs de STAN aujour­d’hui n’est plus de nous propo­ser des plug-ins de base mais des choses origi­nales qui n’ont pas d’équi­valent sur le marché ou qui sont trop coûteuses au point qu’on valo­rise le fait d’en dispo­ser dans sa STAN… De fait, ce qu’on attend désor­mais, ce sont plutôt des équi­va­lents des produits Fabfil­ter, Sonible, Izotope, Cele­mony, Synchro Arts, Oaksound, soit la crème de la crème… Il existe en effet une ving­taine d’ému­la­tions de Pultec sur le marché, dont des gratuites vrai­ment pas mal du tout : en voici deux de plus. Soit.

Pour finir sur les plug-ins, on notera par ailleurs que Stein­berg tourne toujours le dos au format CLAP, ce qui est de bonne guerre pour l’in­ven­teur du VST et n’est pas essen­tiel pour Cubase, même si on rêve­rait de le voir adop­ter le récent format DAWproject qui est un vrai game­chan­ger lui, pour le coup…

Et c’est tout ? Oui pour les grosses avan­cées, sachant qu’une foule de petites nouveau­tés, dont certaines seront impor­tantes pour certains, vous atten­dent…

Et pour quelques fonc­tion­na­li­tés de plus…

En marge de ce que nous venons d’évoquer, Stein­berg a bossé sur plein de petites choses qui, selon votre usage du logi­ciel, vous lais­se­ront froid ou au contraire vous chan­ge­ront la vie. On évoquera par exemple la refonte de la fenêtre des raccour­cis claviers, la possi­bi­lité de zoomer avec la molette de la souris, le tap tempo désor­mais acces­sible dans la barre de trans­port, la gestion des fenêtres multiples sous Windows, l’uti­li­sa­tion du GPU pour le déco­dage de la vidéo au format H264, le rede­sign des plug-ins MIDI, et plus d’op­tions dans le routing comme dans l’im­port de pistes. Et même une chose aussi anodine que de pouvoir passer d’un canal mono à un canal stéréo en un clic devrait faire dire à certains « Cool ! ». Bref, on sent que Stein­berg, à défaut d’être surpre­nant avec cette mise à jour, tâche de prendre les bonnes idées chez les concur­rents comme de cocher des cases dans la liste de souhaits de ses utili­sa­teurs.

Au bout du compte, qu’est-ce qu’il manque ? À vrai dire, pas grand chose, Cubase propo­sant même des choses qui font défaut à quan­tité de ses concur­rents (reca­lage auto­ma­tique de pistes, géné­ra­tions d’har­mo­nies grâce à VariAu­dio, section Moni­to­ring sans parler, évidem­ment, du célèbre et puis­sant éditeur logique…).

Fonc­tion­nel­le­ment, trois grands manques demeurent toute­fois en regard de plupart des concur­rents : la gestion de vrais objets audio (soit la possi­bi­lité d’in­sé­rer des effets, voire des envois, sur les clips mêmes sans avoir à faire de rendu, la possi­bi­lité de combi­ner des plug-ins d’ef­fet ou des instru­ments de façon modu­laire, et enfin une gestion plus globale du M/S qui, sauf erreur de ma part, réclame toujours de passer par des utili­taires de tierce partie à quelques excep­tions près, alors que c’est vrai­ment un outil déter­mi­nant pour le mixage comme le maste­ring, voire pour la prod…

Bref, Cubase a toujours une marge de progrès, plus consi­dé­rable encore si l’on consi­dère les petites lour­deurs ergo­no­miques qu’on sent ça et là…

En effet, comme nous l’avions évoqué plus haut, il y a quan­tité de choses qui laissent à penser que Cubase méri­te­rait une grosse refonte de son inter­face et de son ergo­no­mie. Et je le souligne, il ne s’agit pas là d’une critique qui soit liée à l’ha­bi­tude d’une autre ergo­no­mie, mais bien de problèmes qu’on ne trouve pas chez la plupart des concur­rents.

Prenons par exemple la gestion du drag & drop d’ef­fets ou d’ins­tru­ments. Il ne suffit pas dans Cubase de glis­ser le plug-in dans la fenêtre d’ar­ran­ge­ment comme partout ailleurs mais il faut aller jusqu’au bandeau de pistes, ce qui est large­ment plus pénible, surtout au touch­pad où les longs drag&drop sont complexes à exécu­ter.

Parlons aussi de la barre d’ou­tils : on dispose côte à côte de… 36 icônes entre­cou­pées par 4 menus dérou­lants ! 36 ! C’est ubuesque à ce niveau et Il y aurait vrai­ment un ménage à faire pour hierar­chi­ser tout ça car j’ai peine à croire qu’on ait besoin de 36 outils sous les yeux en perma­nence, dont deux rien que pour colo­rer les clips dans la fenêtre d’ar­ran­ge­ment…

On ques­tion­nera aussi cette grosse barre noire d’in­for­ma­tion qui s’af­fiche juste en dessous de la barre d’ou­tils pour détailler plein d’in­fos sur un clip, et plein d’in­fos qui seront inutiles la plupart du temps, comme l’ac­ti­va­tion ou non de l’in­ver­sion de phase ou le début et la fin du clip, etc. Je ne dis pas que ça n’a pas parfois de l’in­té­rêt mais tout est dans le parfois car en le propo­sant en première inten­tion, et même s’il est sans doute possible de l’es­ca­mo­ter dans les préfé­rences, cela rajoute juste pour le nouveau venu des éléments visuels pour pas grand chose, augmen­tant l’im­pres­sion de fouillis. 

Bref, ce sont plein de petites choses comme cela qui font soupi­rer et on soupire d’au­tant plus que sur quan­tité d’as­pects, Cubase est vrai­ment une tuerie, mais il a accu­mulé au fil des décen­nies des choses qu’il faudrait vrai­ment remettre en ques­tion. À bon enten­deur donc…

Conclu­sion

Il y a forcé­ment deux conclu­sions à chaque fois que l’on teste la mise à jour d’un monstre comme Cubase : une pour juger du logi­ciel dans son ensemble, et une pour juger de la perti­nence de la mise à jour pour les utili­sa­teurs exis­tants…

Commençons donc par cette dernière et recon­nais­sons d’em­blée que Cubase conti­nue de progres­ser en répon­dant à ses concur­rents comme aux souhaits de ses utili­sa­teurs. Et même si on a connu Stein­berg plus inspiré et nova­teur par le passé, il le fait de manière plutôt correcte avec cette trei­zième mouture dont les nouveaux effets et instru­ments, notam­ment Vocal­Chain et Iconica Sketch, sont réel­le­ment enthou­sias­mants. On louera aussi la refonte des pads d’ac­cords comme les nombreuses évolu­tions qui vont dans le sens d’une meilleure produc­ti­vité, de l’édi­tion MIDI de multiples pistes en simul­ta­née à la géné­ra­li­sa­tion de l’ou­til de sélec­tion de zone, et encore quan­ti­tés de petites choses allant dans le bon sens : un tap tempo faci­le­ment acces­sible, oui, ça change la vie. Et tout ça pour cent balles, concé­dons que le prix est raison­nable.

Reste toute­fois qu’il n’y a pas dans cette trei­zième version de nouveauté qui soit réel­le­ment incon­tour­nable pour tout le monde, qui fasse dire « Wahou ! » Chacun des utili­sa­teurs de Cubase 12 devra donc voir si les 100 euros récla­més pour la mise à niveau valent le coup pour lui (et cela se fera notam­ment en fonc­tion des plug-ins de tierce partie dont on dispose vu que la moitié de cette mise à jour tient dans des plug-ins), tandis que les utili­sa­teurs des versions anté­rieures gagne­ront forcé­ment beau­coup plus de choses en inves­tis­sant dans l’up­date propo­sée alors à 200 euros. Bref, le bilan est un peu mitigé, au point que je note­rais la mise à jour depuis la V12 3 étoiles sur 5…

Pour ce qui est de se pronon­cer en géné­ral sur Cubase 13 dans son entier, on aura nette­ment moins de réserve tant le logi­ciel phare de Stein­berg s’avère complet, cohé­rent sur le plan fonc­tion­nel, et robuste à l’usage. Pour choi­sir celui-ci plutôt qu’un autre ? Si l’on a bien compris que ce n’est pas un séquen­ceur pensé pour le live comme en proposent Able­ton ou Bitwig, c’est évidem­ment une affaire de goûts en matière d’usage, mais il faut recon­naître que Cubase est aussi l’un des séquen­ceurs les plus évolués qui soit du côté des fonc­tions de compo­si­tion et d’ar­ran­ge­ment, à l’image du Chord Pad et de son player de phrases, ou encore de la possi­bi­lité de géné­rer des harmo­nies avec VariAu­dio. Ses lacunes ? Je dirais une certaine lour­deur ergo­no­mique (même si cela s’ar­range au fil des versions), l’ab­sence de gestion du M/S comme des multi-instru­ments ou multief­fets (je parle bien de la possi­bi­lité de combi­ner entre eux plusieurs plug-ins de façon modu­laire comme on le voit dans Track­tion, Reason, Studio One, etc.) mais il n’y a rien là-dedans qui soit rédhi­bi­toire et il ne fait aucun doute qu’il est toujours aussi chau­de­ment recom­mandé de l’es­sayer, voire de l’adop­ter. De ce côté donc, il ne vole ni son award ni sa note de 4,5/5…

9/10
Award Valeur sûre 2023
Fabrication (?) : Allemagne
Points forts
  • Le Channel Tab bienvenu pour les uns
  • L’édition de plusieurs clips MIDI en simultanée
  • L’amélioration des pads d’accords
  • Les nouveaux plug-ins d’effets...
  • Et surtout l’excellent VocalChain
  • Iconica Sketch : un orchestre de poche vraiment bien foutu
  • plein de petites améliorations ici ou là
  • Tout ce qu’on aimait déjà dans Cubase : l’éditeur logique, les fonctions musicales, la suite d’effets et d’instruments de qualité, l’intégration de SpectraLayers, la robustesse et le côté complet de l’offre…
  • Plug-ins VST2 toujours supportés
  • Prix très raisonnable de la mise à jour dans le rapport nouveautés/prix
Points faibles
  • Pas de « game changer » dans cette mise à jour
  • Côté ergonomie, les avancées sont faibles
  • À l’heure des freewares géniaux et des soldes à 29$, les « stock plug-ins » sont de moins en moins un argument s’ils ne sont pas originaux…
  • Toujours une certaine lourdeur ergonomique…
  • …et une interface trop touffue que le Channel Tab alourdit encore (36 icônes dans la barre d'outils !)
  • Toujours pas de gestion du M/S, des multis, de vrais objets audio ou encore de plein écran sur Mac
Auteur de l'article Los Teignos

Si j'avais eu le physique, nul doute que j'aurais fait un grand Sumo, mais vu que je ne pèse que 80 kg, j'occupe mon temps comme je peux entre musique et littérature.


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