La marque française Two Notes n’est jamais avare d’idées pour faciliter la vie du guitariste ou du bassiste, que ce soit en conditions live ou studio. Après de multiples produits acclamés par les musiciens et les audiophiles, penchons-nous sur ce qui ressemble à une petite pédale, mais qui n’en est pas véritablement une.
Torpedo Live, Reload, CAB, ces appareils ne nous sont pas étrangers tant ils facilitent l’enregistrement ainsi que la mise en son de nos chers manches. Two Notes nous propose donc ce qui pourrait être apparenté à une version miniaturisée et modernisée du CAB avec le CAB M, à nouveau au format pédale.
Tout petit, l’appareil revêt un blanc sobre et discret. Point de footswitch me direz-vous, tous les contrôles physiques se font via deux rotocontacteurs-poussoirs situés juste au-dessus d’un petit écran LCD en charge d’afficher les différentes fonctions. Ces fonctions sont même indiquées : Amp DI, IR Loader et Virtual Cabinet. Des fonctionnalités qui nécessitent des explications rapides sans pouvoir toutefois aller trop en profondeur dans un cadre de test.
Vulgarisons les choses au maximum. La fonction Amp DI vous propose de récupérer le signal de votre tête ou combo préférés en plaçant le CAB M entre l’ampli et le baffle. L’impédance d’entrée n’a aucune importance car il ne s’agit pas d’une load box, le signal va juste traverser le CAB pour attaquer votre baffle. Veillez donc toujours à brancher ce dernier en utilisant le CAB ! Pour une utilisation sans devoir brancher de baffle physique, il vous faudra souscrire à l’usage additionnel d’une load box telle que la Torpedo Captor. Le signal DI récupéré pourra ainsi être acheminé vers votre carte son pour être enregistré tel quel en vue d’un traitement ultérieur par un ingénieur du son ou bien bénéficier de simulations de baffles et haut-parleurs embarqués dans l’appareil et gérés soit par les contrôles en façade, soit par l’intermédiaire du logiciel Torpedo Remote qui offre une interface pratique et lisible et qui contrôle le CAB M via USB. Cette solution évite le casse-tête laborieux et chronophage d’un positionnement de micro devant l’enceinte.
La fonction IR loader vous permet de charger des simulations de baffles à réponses impulsionnelles. Ces fichiers sont soit déjà fournis avec ce CAB, soit viennent d’éditeurs tiers et sont stockés dans la carte mémoire micro SD prévue à cet effet et incluse dans le lecteur situé sur la face arrière. Les simulations impulsionnelles présentent un réalisme et une fidélité jamais atteints jusqu’à maintenant dans la simulation de prise de son et constituent une solution tout à fait fiable pour des projets d’enregistrements de plus en plus souvent professionnels.
Enfin, la fonction Virtual Cabinet vous offre la possibilité d’envoyer votre son directement dans une console sans aucun besoin de matériel lourd et peu pratique comme les enceintes et même les amplis de puissance. Très efficace en situation de live et faisant le bonheur des sonorisateurs, cette option économise du temps d’installation sur scène, ce qui est un facteur important lors de festivals par exemple, où chaque minute est comptée.
Passe ton CAB d’abord
Nous allons tester plusieurs configurations avec la même guitare, une Ibanez Jem de 2003 munie de micros DiMarzio Evolution. Tout d’abord, captons le son d’une tête d’ampli Kelt MostrO Redhead connectée via un câble HP sur l’entrée Amp In du CAB, lui même relié à la carte son Scarlett Focusrite 18i8 depuis la sortie DI en XLR. Le mini-switch situé sur le côté permet d’ajuster dans les grandes lignes le niveau d’entrée pour des amplis ayant besoin de fonctionner à fort volume, ce qui est le cas pour votre serviteur. Positionné sur 0 dB, les conditions sont idéales pour ne pas faire clipper votre prise. Le volume peut ensuite être affiné via le potard de droite, gérant le volume d’entrée dB par dB. Dans ces conditions, le signal est fidèlement dévié vers la carte et aucun bruit n’est ajouté dans le baffle connecté au CAB pour un monitoring confortable. Vous pourrez donc laisser le CAB entre votre tête et le baffle sans crainte de coloration, veillez juste à ce qu’il soit toujours allumé !
Avec une simulation de baffle mise en œuvre, nous constatons qu’il faut adapter le volume en fonction de ce paramètre, celui-ci pouvant devenir beaucoup trop fort surtout lors de lourds palm mutes. La simulation de Celestion V30 est réaliste, avec cette surcharge de basses caractéristique. Testons la simulation Revv 1×12 pour entendre un caractère différent, typique d’un baffle avec un seul haut-parleur. Le test d’un Randall 112 apporte tout autant satisfaction. En ajoutant une égalisation embarquée dans le CAB, le résultat l’est encore plus et aère le son de façon bienvenue.
Les simulations embarquées par défaut sont très réalistes, mais essayons également l’import d’un fichier tiers au format .wav. Il s’agit d’une simulation payante de Mesa Boogie 4×12 avec Celestion V30, mais vous pouvez aussi charger des fichiers gratuits. Associé à l’égaliseur, le résultat est vraiment enthousiasmant et apte à contenter tout ingénieur du son non rebuté par le principe (oui, il en reste…). Terminons cette batterie de tests avec le Kelt MostrO par une petite série de sons clairs tous mis en valeur par les différents baffles présents par défaut sans avoir recours au Torpedo Remote ni à l’import d’IR.
- MostrODI00:33
- MostrOcabsimjubilV3000:40
- MostrOcabsimrevv11200:41
- MostrOcabsimrandall11200:41
- MostrOcabsimrandall112EQ00:41
- MostrOcabsimMesa00:45
- MostrOcleancabsimcalifover00:26
- MostrOcleancabsimluxtweedde00:33
L’épée dalle
Changeons à présent de matériel à l’exception de la guitare et branchons une simple Friedman BE-OD en direct dans le CAB M, relié à la carte son via la sortie Line Out. Le CAB est prévu pour cet usage car il propose plusieurs simulations d’amplis de puissance avec moult types de lampes comme les EL34, EL84, KT88 et bien entendu les 6L6. Ces dernières sonnent de façon plus moderne et conviendront bien aux musiques énervées alors que les EL34 se rangent dans le camp britannique, plus douces et creusées dans les médiums. Tout cela, c’est de la théorie, mais se vérifie plutôt bien à travers les options du CAB M et le rendu audio, toujours utilisé en standalone et sans Remote. La qualité de l’émulation des amplis de puissance semble supérieure à ce que pouvait offrir son grand frère le Torpedo CAB. Le positionnement des micros (le CAB M peut en gérer deux en simultané) est aussi pris en compte avec deux paramètres d’axe et d’éloignement. Le SM57 ne fait aucun doute quant à sa fidélité et il en est de même pour le Sennheiser MD 421. Ce couple de micros est réputé parmi les usagers des studios pour offrir le plus de satisfaction dans le cadre de la prise de son de guitare saturée. La simulation est bonne, il est juste dommage de ne pas pouvoir enregistrer chaque micro sur une piste séparée pour pouvoir les gérer chacun à 100 %, mais il s’agit d’un chipotage qui paraîtra bien maigre face aux nombreux services rendus.
Plusieurs types de réverbe sont également présents, pratique pour mouiller le son même en cas d’usage au casque par la prise dédiée (vous pourrez même lancer vos backing tracks de pratique dans l’entrée audio, toutes les deux au format mini-jack). En mode studio A, une pièce de taille modeste est émulée. Efficace sans prétendre rivaliser avec les meilleures réverbes du monde, l’effet est assuré pour émuler la pièce qui constitue l’environnement virtuel d’enregistrement.
Vers l’infini et au-delà
Fourni avec son adaptateur secteur et un câble USB pour bénéficier de tous les bienfaits du Torpedo Remote, compagnon fort sympathique des produits Two Notes, le CAB M ne prendra quasiment aucune place en fin de chaîne sur votre pedalboard. Sa consommation de 12 volts pouvant éventuellement être assurée par une bonne alimentation comme les Cioks ou Voodoo Lab, son encombrement est inversement proportionnel à l’importance de sa tâche musicale. Fabriqué en Chine pour assurer un rapport qualité/prix compétitif, il est proposé au tarif de 299 Euros. Rajoutons à cela l’ouverture totale aux bassistes avec des simulations d’amplis basse et même aux claviers (ils s’immiscent partout, diantre !) et vous avez entre les mains un matériel polyvalent en diable. L’ouverture envers les débutants en émulation de prise de son est aussi au rendez-vous avec deux modes de fonctionnement lorgnant du côté des jeux vidéo : les modes Arcade et Simulation. Avec l’un, les fonctions sont préréglées pour un usage intuitif et avec l’autre tout revient en manuel.
Au final, il ne tiendra qu’à vous de trouver un usage à ce Torpedo CAB M, dont le standard de qualité ne trahit pas la marque. Il faudrait tellement plus de temps qu’un test pour évoquer toutes les possibilités d’un si petit objet et les points réellement négatifs sont bien minces par rapport à sa qualité sonore et sa flexibilité. Quel que soit votre besoin, vous êtes certains d’être concernés, que ce soit en home studio, en répétition, sur scène ou n’importe quelle situation qui impose souplesse et rapidité d’installation sans rien sacrifier au son. Reste à trouver des ingénieurs du son non réfractaires au domaine de l’émulation et des musiciens voulant faire face à toutes les situations.