Dès 1981, Korg présente un synthé analogique polyphonique programmable presque démocratique. Très basique sur le papier, mais très facile à programmer, il séduit rapidement un très large public.

Pull marine
Place aux nappes
Véritables VCO
L’impulsion se règle de 50% (onde carrée) à 100% (silence total). Il existe une modification des circuits assez simple (à répéter 6 fois) permettant d’avoir les deux formes d’ondes en même temps, l’impulsion pouvant être annulée en réglant sa largeur à 100%. La hauteur de référence des VCO n’a que trois positions d’octave : 16, 8 ou 4 pieds, ce qui limite la tessiture globale à 7 octaves. Serait-ce le prix à payer pour la gestion particulière du pitch des VCO évoquée précédemment ? Ceci ne pose en pratique pas trop de problèmes, vu qu’il n’existe pas d’intermodulation de VCO type synchro, FM ou AM (vu qu’il n’y en a qu’un VCO par voix). On trouve ensuite un Sub-VCO, sous forme d’une onde carrée calée à –1 ou –2 octaves. On ne peut hélas pas en régler le volume. Il n’y a pas non plus de générateur de bruit !
Filtre coloré
En sortie de filtre, on trouve un VCA par voix, ainsi qu’un VCA global (atténuation / amplification, permettant d’homogénéiser les niveaux entre les programmes). Le VCA peut fonctionner en mode Gate ou être modulé par l’enveloppe. Enfin, le son peut passer par un effet analogique final basé sur des BBD, offrant trois positions : chorus, phaser ou ensemble. Un réglage d’intensité permet de moduler à la fois la vitesse et la quantité des deux premiers types, alors qu’il n’agit que sur la quantité de modulation du troisième type, mais sa rencontre vaut vraiment le coup. Celui-ci produit en effet des sons d’ensemble magnifiques, notamment sur les cordes, les nappes sombres et les chœurs. Mais quel dommage que cet effet ne soit pas stéréo, laissant ainsi l’avantage au Juno-60 !
Modulations simplistes
Enfin l’arpégiateur est doté des motifs haut / bas / alterné. Il peut fonctionner sur 1 octave, 2 octaves ou toute la tessiture du clavier. Il dispose d’un mode Latch permettant de mémoriser / ajouter des notes au motif arpégé en cours de jeu. L’arpégiateur fonctionne en parallèle du mode d’assignation des voix décrit précédemment. En mode Unisson, les 6 VCO sont joués à chaque note. En mode Chord, on obtient des motifs d’accords transposés. Le tempo interne varie de 0,2 à 20 Hz. Il peut aussi être piloté par un déclencheur externe via la prise prévue à cet effet.
Extensions Midi
Sorti bien avant la norme Midi, le Polysix peut aujourd’hui être équipé de kits Midi. Nous en avons retenu deux, dont le choix sera fonction de la destination souhaitée. Pour ceux qui privilégient le jeu, le kit Modypoly de Tubbutec est tout indiqué. Doté du Midi In/Out, il apporte un portamento polyphonique programmable, des tables microtonales utilisateur, de nouveaux modes de voix, de nouvelles formes d’onde pour le LFO et un arpégiateur/séquenceur de 128 pas. Ce kit est assez simple d’installation, puisqu’il prend la place du processeur. Il nécessite cependant de percer le Polysix pour installer l’interface Midi et quelques soudures pour ceux qui veulent contrôler le filtre et le pitchbend via Midi. Ce kit n’est pas vraiment donné pour ce qu’il fait. Un Polysix ainsi équipé peut valoir au moins 300–400 € de plus qu’un Polysix de base.
Ceux qui préfèrent au contraire transformer leur Polysix en synthé dernier cri (ou presque), avec de nombreuses mémoires et des possibilités d’automation, opteront plutôt pour le kit Kiwisix, beaucoup plus élaboré. Il remplace la carte numérique KLM-367 (et son affreuse batterie) et la plaque d’alimentation arrière (les prises Midi In/Out y sont préinstallées, ainsi qu’une borne IEC 3 broches pour connecter le cordon secteur). Il apporte 512 mémoires en Flash Ram, de nouvelles formes d’ondes pour les LFO, la transposition de –12 à +24 demi-tons, l’horloge Midi, un motif d’arpèges aléatoire, 8 séquences de 124 pas polyphoniques 6 voix, une résolution 12 bits sur les paramètres continus, la transmission de CC Midi pour toutes les commandes et la transmission des mémoires par Sysex. Il est vraiment très complet, logiquement plus cher et aussi plus complexe à installer. Comme les Polysix équipés de ce kit n’ont plus besoin d’interface cassette, il arrive que les prises soient dévoyées pour injecter des sons externes dans l’effet d’ensemble. Un Polysix équipé de ce kit pourra valoir facilement 600–800 € de plus qu’un Polysix de base.

- 01 Chord Mem01:13
- 02 Flanged Strings00:26
- 03 Ensemble Strings00:29
- 04 Funk SSM00:28
- 05 Stellar SSM00:22
- 06 Pick Pick00:23
- 07 Infra Bass00:32
- 08 Res Bass00:42
- 09 Good Vibes00:38
- 10 Simul Organ00:39
- 11 Res Pad00:56
- 12 Filter Sweep00:19
- 13 Echo Res00:41
- 14 Every Body00:37
- 15 Unisson End00:16
Conclusion
Le Polysix est le premier synthé polyphonique analogique abordable. Sorti en même temps que le Mono/Poly, il propose une approche très simpliste de la synthèse, la concurrence étant à cette époque positionnée sur des machines plus onéreuses. Le Polysix ne manque pourtant pas de qualités. Tout d’abord ses magnifiques VCO discrets qui font merveille une fois cuisinés dans les VCF SSM2044. Ensuite, son effet analogique à base de BBD qui apporte un grain particulier dans chacun de ses trois modes. Tout cela le prédestine pour les nappes sombres, les cordes généreuses et les cuivres punchy. Sans oublier le petit arpégiateur et bien évidemment, les 32 mémoires éditables. Les possibilités de synthèse ne sont pourtant pas folichonnes : un seul VCO par voix, pas de générateur de bruit, une seule enveloppe par voix, un LFO global… pas de quoi se perdre dans les réglages. De même, quel dommage que la sortie soit mono, surtout avec ce magnifique effet d’ensemble, d’autant qu’elle n’est pas des plus silencieuses ! Sorti avant la norme Midi, le Polysix peut toutefois accueillir un kit d’extension. Un synthé vintage facile, digne d’intérêt et encore à peu près abordable, en cherchant bien.