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Test de l’OB-X8 d’Oberheim - Place des grands OB

9/10
Award Valeur sûre 2022
2022
Valeur sûre
Award

Quarante ans après l’OB-8, un nouvel OB vient tout juste de pointer le bout de ses circuits. Intégrant les caractéristiques principales des trois modèles historiques, l’OB-X8 se veut un témoignage actualisé des grands synthés polyphoniques signés Oberheim.

Test de l’OB-X8 d’Oberheim : Place des grands OB

La lignée des OB est la réponse de Tom Oberheim à celle des Prophet-5 de Dave Smith. À partir de la fin des 70’s, les deux construc­teurs se livrent une féroce – mais cour­toise – bataille, au point de créer, au fil du temps, des clans d’ir­ré­duc­tibles fana­tiques du son Oberheim, face à d’in­domp­tables adora­teurs du son Sequen­tial. Mais les synthés n’ayant heureu­se­ment pas grand-chose à voir avec le foot, il est tout à fait possible d’ap­par­te­nir à un troi­sième clan, celui des fana­tiques adula­teurs des deux marques. La bataille durera dix ans, mais les géniaux concep­teurs étant aussi des gent­le­men, ils déve­lop­pe­ront une respec­tueuse amitié, au point de créer un club avec leur comparse Roger Linn.
Passé le bouillon de la fin des 80’s, Dave Smith est le premier à remon­ter son affaire, il y a vingt ans, avec le succès qu’on lui connait et la récu­pé­ra­tion de sa marque origi­nelle par la suite. Tom Oberheim suit une voie beau­coup plus confi­den­tielle, avec des modules SEM et un TVS revi­si­tés. La première contri­bu­tion des compères apporte l’OB-6, une version moder­ni­sée et compacte des premiers OB, à l’ins­tar du Prophet-6 par rapport au Prophet-5. Mais en 2020, Dave Smith sort les véri­tables héri­tiers des Prophet-5 : la série Prophet-5/10 Rev4. Les deux compères vont avoir le temps de colla­bo­rer une dernière fois avant la dispa­ri­tion tragique de Dave, appuyés par la solide équipe Sequen­tial, dont Tony Kara­vi­das et Markus Ryle, colla­bo­ra­teurs Oberheim de la grande époque. L’OB-X8 est présenté au NAMM 2022 comme le succes­seur de la série OB, portant fière­ment la griffe Oberheim et rassem­blant la substan­ti­fique moelle de ses trois ancêtres (l’OB-X de 1979, l’OB-Xa de 1981 et l’OB-8 de 1983, tous trois rétro-testés sur Audio­fan­zine) tout en actua­li­sant leurs fonc­tion­na­li­tés. Grâce à Adam Audio, le nouvel impor­ta­teur des marques Sequen­tial et Oberheim, nous avons récu­péré l’un des tout premiers exem­plaires arri­vés sur le terri­toi­re…

 

Un pour tous

OB-X8_2tof 22Si l’OB-6 était d’ins­pi­ra­tion OB-Xa/OB-8 avec son fond noir et ses lignes bleues hori­zon­tales, l’OB-X8 est pour sa part inspiré de l’OB-X, avec des sections en aplat gris clair sur fond noir. Cela rend la lecture de la séri­gra­phie blanche beau­coup plus agréable. Le synthé est construit sur la même base struc­tu­relle que les Prophet-5/10 Rev4, avec un boitier métal­lique solide et d’épais flancs en noyer massif. Le poids de 14,8 kg est raison­nable au regard des dimen­sions géné­reuses de la machine, 103 × 42 cm. C’est donc un synthé moins profond et moins lourd que les OB vintage (17 à 22 kg du plus récent au plus ancien), on ne s’en plain­dra pas ! Le boitier s’ouvre très faci­le­ment, le panneau avant formant un couvercle rele­vable. Dans les entrailles, on découvre une carte mère centrale rela­ti­ve­ment petite, regrou­pant les inter­faces, la partie numé­rique et 4 voix analo­giques. Elle est surplom­bée par une carte fille de 4 voix analo­giques, avec une large domi­nance de circuits discrets montés en surface (confi­gu­ra­tion analogue au Prophet-10 Rev4). Seul de VCF CEM3320 est traver­sant. L’ali­men­ta­tion interne (ouiiii !) est isolée en partie droite. Il reste beau­coup de place libre dans le boitier, ce qui permet une bonne régu­la­tion ther­mique, expliquant en partie l’ab­sence de venti­la­teur.
OB-X8_2tof 03.JPGRetour sur le devant : les commandes sont aussi grandes et espa­cées que sur les ancêtres, tout cela est très agréable. On dénombre 25 poten­tio­mètres, 2 enco­deurs et 52 pous­soirs. L’OB-X8 reprend quasi­ment l’or­ga­ni­sa­tion de l’OB-8, par section : Master (volumes, balances, accor­dage, accords), Control (vélo­cité, pres­sion, unis­son, porta­mento, désac­cor­dage, vintage), LFO, VCO, mixeur/VCF, enve­loppes, modes clavier et édition/programmes avec un petit écran OLED pour la façade (nom des programmes, para­mètres « Page 2 » et réglages globaux, nous y revien­drons). La partie laté­rale gauche comprend l’ar­pé­gia­teur, la sélec­tion des parties sonores, la trans­po­si­tion par octave, le vibrato et les deux leviers de modu­la­tion. Il s’agit de leviers à ressort chers à Oberheim, modu­la­tion à gauche, pitch­bend inversé à droite (on monte en tirant et on descend en pous­sant, comme sur un avion). On peut le réin­ver­ser pour retrou­ver une confi­gu­ra­tion plus clas­sique, pas forcé­ment plus ergo­no­mique. Le clavier est un Fatar TP/9 semi-lesté de 5 octaves, sensible à la vélo­cité et à la pres­sion mono, avec un toucher de très bonne qualité. La prise casque est située à l’avant, merci. Le panneau arrière regroupe le reste de la connec­tique : sorties audio asymé­triques (gauche/mono/droite), entrée pédales/CV (main­tien, volume, filtre, synchro arpé­gia­teur), trio Midi DIN, prise USB 2.0 type B (Midi, CC/NRPN, Sysex des mémoires, mise à jour du système) et prise IEC 3 broches pour cordon secteur. Du clas­sique de nos jours…

Signa­tures sonores

OB-X8_2tof 23L’OB-X8 renferme 640 programmes simples, 128 programmes Split (2 programmes sépa­rés de 4 voix) et 128 programmes Doubles (2 programmes empi­lés de 4 voix). On peut régler le volume et la balance entre les deux parties. La machine contient tous les Presets origi­nels des OB-X, OB-SX (un OB-Xa simpli­fié à Presets, avant l’heure), OB-Xa et OB-8, ainsi qu’une banque spéci­fique OB-X8, soit plus de 400 Presets. On peut même char­ger des banques OB-X/Xa/8 via l’en­trée horloge du séquen­ceur, qui se trans­forme pour l’oc­ca­sion en inter­face cassette, inci­ta­tion non feinte à passer à l’acte pour ceux qui hésitent à revendre leur vieil OB pour passer au nouveau. Allez, on attrape nos trois vieux OB à pleine main pour compa­rer chaque banque.
Commençons par l’OB-X : la banque four­nie repro­duit fidè­le­ment les programmes origi­nels, avec leur défaut majeur : les sons sont tous étouf­fés par le VCF. L’OB-X8 n’y est pour rien, cela provient de la procé­dure de cali­bra­tion du manuel de l’OB-X qui ferme trop les fréquences de coupure des VCF. Du coup, le poten­tio­mètre de coupure ne sert à rien sur le premier tiers de sa course. Une fois cela corrigé, les sons s’ouvrent et le sourire réap­pa­rait. Cela veut dire qu’il faut pous­ser la fréquence de coupure d’un bon tiers sur tous les programmes utili­sant un VCF fermé sans suivi de clavier. Ceci fait, le grain de l’OB-X est là, épais, crémeux, scin­tillant. On appré­cie la qualité du VCF discret et le claquant des enve­loppes. Toute­fois, le son n’est pas aussi émou­vant que sur notre OB-X. On n’a pas autant de présence globale, de luisant dans les PWM, de colo­ra­tion dans le filtre qui le rendent si vivant. Ceci dit, avant d’al­lu­mer l’OB-X, l’OB-X8 s’en sortait à merveille sous nos oreilles ébahies. Du très bon donc !
OB-X8_2tof 24On passe à la banque OB-Xa. Là ça le fait du premier coup. Les nappes, les cordes et les cuivres emblé­ma­tiques sortent immé­dia­te­ment, avec ce soyeux, cette rondeur et ce bas de spectre typique, suivant que l’on utilise un filtre 2 ou 4 pôles. Toute­fois, les deux modes de filtrage n’ont pas autant de diffé­rences de niveau que sur notre OB-Xa. Nous sommes à mi-chemin entre le Xa et le 8. Sans doute parce que le même compo­sant est utilisé pour les modes 4 pôles et que la cali­bra­tion est plus poin­tilleuse. L’avan­tage ici est qu’il est plus facile d’har­mo­ni­ser les niveaux d’un son à l’autre quel que soit le filtre utilisé, ce qui est une plaie sur un OB-Xa, inca­pable de mémo­ri­ser un volume. Évidem­ment, on peut faire Jump les mains atta­chées dans le dos avec l’OB-X8, tout comme des sons très punchy, orgues avec un bon clic, glis­se­ments verti­gi­neux de porta­mento poly­pho­nique, etc.
Passons main­te­nant à la banque OB-8. Ce qui était vrai pour l’OB-Xa l’est encore plus ici. C’est vrai­ment redou­ta­ble­ment proche, avec ce son léché pop/rock typique du début des années 80. On retrouve donc des cuivres gras et amples, des cordes soyeuses ou sombres, des poly­synths évolu­tifs et quelques FX servis par une section de modu­la­tion plus évoluée que sur les précé­dents modèles. Les sons sont plus maitri­sés, plus FM, mais conservent une bonne patate, même si les enve­loppes sont moins claquantes (l’OB-X8 repro­duit très bien ces petites subti­li­tés). Les synchro de VCO sont toujours aussi belles, que ce soit avec VCO constant (sons doux) ou modulé (balayages métal­liques).
Passons enfin à la banque OB-X8. On sent immé­dia­te­ment les avan­tages que l’on va pouvoir tirer des nouvelles fonc­tion­na­li­tés. Tout en conser­vant le carac­tère Oberheim, les sons gagnent en diver­sité (merci les modes passe-bande et passe-haut sur le VCF type SEM), en expres­si­vité (merci la réponse en vélo­cité et pres­sion) et en moder­nité (merci le mode Unis­son avec réglage de désac­cor­dage + largeur stéréo). On en oublie presque les banques de l’époque vintage, c’est bon signe !

NDLR : au cours du test initial, nous avions signalé une petite diffé­rence de niveau d’en­vi­ron 2 dB entre les VCO2 des voix 5–6–7–8 et les autres VCO/voix. Nous avions contacté Sequen­tial à ce sujet, qui nous avait dit prendre le problème en main. Au Synth­fest 2023, nous avons pu consta­ter que cela avait été corrigé par mise à jour d’OS, sur le même modèle qui avait servi pour le test.

OB-X8_1audio 01 OB-X8 Clas­sic Split
00:0001:04
  • OB-X8_1audio 01 OB-X8 Clas­sic Split01:04
  • OB-X8_1audio 02 OB-X8 Deep Bass00:44
  • OB-X8_1audio 03 OB-X8 Xmod00:37
  • OB-X8_1audio 04 OB-X8 Notch 100:51
  • OB-X8_1audio 05 OB-X8 Notch 200:22
  • OB-X8_1audio 06 OB-X8 Bass Attack00:39
  • OB-X8_1audio 07 OB-X SEM Strings00:30
  • OB-X8_1audio 08 OB-X Poly Glide00:40
  • OB-X8_1audio 09 OB-X XFac­tor00:27
  • OB-X8_1audio 10 OB-Xa Phatt VCF00:23
  • OB-X8_1audio 11 OB-Xa Before Jump00:37
  • OB-X8_1audio 12 OB-Xa Typi­cal Poly00:36
  • OB-X8_1audio 13 OB-8 String­s’o’­Poly00:21
  • OB-X8_1audio 14 OB-8 PWM Power00:50
  • OB-X8_1audio 15 OB-8 2pole Lead00:45

  

VCO discrets

OB-X8_2tof 12.JPGL’OB-X8 est un synthé analo­gique poly­pho­nique 8 voix et bitim­bral. Son nom tient du fait qu’il est capable de repro­duire le son et le compor­te­ment de la célèbre trilo­gie vintage OB-X/OB-Xa/OB-8. Ceci est rendu possible par l’uti­li­sa­tion de compo­sants élec­tro­niques spéci­fiques à chaque modèle (diffé­rents types de VCF notam­ment) et des modé­li­sa­tions numé­riques du compor­te­ment des modu­la­tions (LFO, enve­loppes en parti­cu­lier). Les choix se font par module, donc on peut combi­ner les spéci­fi­ca­tions des vieux modèles, sympa. Un poten­tio­mètre Vintage permet de simu­ler les dispa­ri­tés entre les compo­sants d’époque, carac­té­ris­tiques des anciens OB dont les moindres tolé­rances dans les circuits élec­tro­niques appor­taient une certaine disper­sion entre les voix, rendant le son plus vivant (ce n’est pas qu’une ques­tion de vieillis­se­ment des compo­sants, mais de tech­no­lo­gie de fabri­ca­tion).
Chaque voix est consti­tuée de 2 VCO, 1 VCF (à choi­sir parmi plusieurs modèles/modes), 1 VCA stéréo et 2 enve­loppes. Les VCO sont consti­tués de circuits discrets, une version moder­ni­sée de l’élec­tro­nique de l’OB-X. Ce ne sont donc pas des CEM3340 comme dans les OB/Xa et OB-8, le construc­teur n’ayant pas jugé utile d’of­frir les deux versions de VCO. Nous pensons que ça aurait été une bonne idée de le faire, tant pis. Les VCO génèrent des ondes dent de scie, impul­sion variable et triangle, les deux premières étant cumu­lables. L’OB-X8 permet de distin­guer le niveau rela­tif de l’onde carrée par rapport à la dent de scie pour corres­pondre soit aux OB-X/OB-Xa, soit à OB-X8_2tof 09.JPGl’OB-8 (impul­sion moins forte), bien vu ! La largeur d’im­pul­sion des VCO peut se régler simul­ta­né­ment (avec l’unique poten­tio­mètre idoine) ou sépa­ré­ment comme sur l’OB-8 (soit en main­te­nant l’une des touches VCO tout en tour­nant ledit poten­tio­mètre, soit en passant par le menu Page 2 – voir enca­dré). Les 2 VCO peuvent se synchro­ni­ser ou s’in­ter­mo­du­ler (sorte de modu­la­tion en anneau, comme sur l’OB-X). Le VCO2 peut aussi être modulé par l’en­ve­loppe de VCF. A cela s’ajoute une modu­la­tion cette fois dosable du VCO1 par l’onde triangle du VCO2 (via la page 2), en plus de la X-Mod.
Aux VCO s’ajoute un géné­ra­teur de bruit blanc de très bon niveau (pas l’im­monde MM5837 numé­rique bouclé qui équi­pait les vieux OB). Le niveau des VCO et du bruit sont dosables via la Page 2, un net progrès par rapport aux simples Off-Half-Full des ancêtres ! Autre amélio­ra­tion très appré­ciable, le mode Unis­son, avec choix du nombre de voix empi­lées et réglage du désac­cor­dage. Allié à l’écar­te­ment stéréo entre les voix (cf. VCA), on peut produire des sons énormes. On peut aussi chan­ger le type de redé­clen­che­ment avec prio­rité de note haute/basse/dernière. La totale !

VCF au choix

OB-X8_2tof 16.JPGLa sortie du mixeur entre dans un VCF réso­nant, ou plutôt l’un des deux VCF mis à dispo­si­tion. En effet, l’OB-8X intègre à la fois le filtre discret 2 pôles de l’OB-X et le filtre inté­gré passe-bas 2/4 pôles des OB-Xa/OB-8 (CEM3320). Mieux, le filtre OB-X donne accès aux quatre modes passe-bas/passe-haut/passe-bande/réjec­tion, presque comme sur un SEM, en passant par la désor­mais fameuse Page 2. On dit « presque », parce qu’on est privé du réglage continu entre les modes. Quel dommage, vu que l’OB-6 le permet ! Ceci dit, nous sommes ravis de pouvoir créer des balayages poly­pho­niques de filtres passe-bande ou passe-haut. La réso­nance n‘écrase pas le son et ne met pas le filtre en auto-oscil­la­tion, confor­mé­ment à l’OB-X (cf. test de l’OB-X). Pour sa part, le filtre OB-Xa/OB-8 offre les modes 2 et 4 pôles, sans distinc­tion entre les deux synthés, alors que dans la réalité, les VCF respec­tifs ont un compor­te­ment très diffé­rent (cf. test de l’OB-Xa et test de l’OB-8). Ici, on est plutôt sur un compor­te­ment inter­mé­diaire, donc plus passe-partout, mais moins typé. En mode 2 pôles, la réso­nance n’écrase pas le signal, elle a même tendance à l’am­pli­fier quand elle est pous­sée au maxi­mum, deve­nant plus agres­sive que le filtre 2 pôles OB-X. En mode 4 pôles, le niveau de sortie chute au pic de réso­nance. Le filtre OB-Xa/OB-8 n’entre pas non plus en auto-oscil­la­tion, confor­mé­ment à ses modèles.
OB-X8_2tof 19.JPGLa fréquence de coupure peut être modu­lée par le suivi de clavier (cette fois dosable via le menu), le LFO, la pres­sion et l’en­ve­loppe dédiée, hélas sans inver­sion de pola­rité, mais avec action de la vélo­cité. Celle-ci peut répondre comme celle des OB-X/OB-Xa (attaque expo­nen­tielle et pic arrondi) ou de l’OB-8 (attaque plus linéaire et pic saillant), choix à faire en Page 2. Pour cette section VCF, les ingé­nieurs Sequen­tial/Oberheim ont bien travaillé, avec des arbi­trages judi­cieux et en grande partie le grain des ancêtres. Le son rejoint enfin le VCA, doté d’une enve­loppe dédiée modu­lable par la vélo­cité. Le pano­ra­mique est program­mable suivant diffé­rents modes d’es­pa­ce­ment de voix : 4L-4R (voix 1–4 à gauche, voix 5–8 à droite), alterné (voix impaires à gauche, paires à droite), alterné recen­tré (alterné avec rappro­che­ment progres­sif des voix vers le centre), alterné élargi (alterné avec écar­te­ment progres­sif des voix) et mono (tout le monde au centre). On peut aussi régler la largeur stéréo (totale, moitié, quart), mais il n’y a pas de réglage indi­vi­duel par voix, rien que des présé­lec­tions. Tout cela se fait en Page 2, évidem­ment.

Modu­la­tions clas­siques

OB-X8_2tof 11.JPGLes OB vintage n’étaient pas des foudres de modu­la­tions, ils allaient à l’es­sen­tiel. Il faudra attendre l’Xpan­der et le Matrix-12 pour voir Oberheim passer à la vitesse (très) supé­rieure, inté­grant le numé­rique et une inter­face utili­sa­teur révo­lu­tion­naire pour l’époque. L’OB-X8 est plutôt un retour aux sources, avec une inter­face majo­ri­tai­re­ment clas­sique. Du coup, on ne peut pas s’at­tendre à des modu­la­tions sophis­tiquées, la machine se voulant directe. On retrouve avec délec­ta­tion le porta­mento poly­pho­nique (pour ce son THX emblé­ma­tique) avec les modes linéaire, expo­nen­tiel, temps constant et auto-bend. On peut aussi régler la disper­sion entre les voix (simu­lant le porta­mento analo­gique des OB-X et premiers OB-Xa), la quan­ti­fi­ca­tion par demi-ton et le déclen­che­ment par le jeu legato. Ce porta­mento, très large­ment repris de l’OB-8, est un régal.
OB-X8_2tof 17.JPGL’OB-X8 dispose aussi d’un LFO et un vibrato. Le premier est dérivé du LFO de l’OB-8. Il offre un réglage de fréquence (15 secondes à 50 Hz), 5 formes d’onde (sinus, rampe, carré, dent de scie, S&H) et deux bus dotés d’un poten­tio­mètre de quan­tité et trois touches d’as­si­gna­tion (VCO1, VCO2, VCF et PWM1, PWM2, VCA). La désor­mais incon­tour­nable Page 2 permet d’ac­cé­der à une ving­taine de réglages supplé­men­taires parmi lesquels : pola­rité de l’onde carrée (néga­tive sur l’OB-X/OB-Xa, posi­tive sur l’OB-8), onde triangle (OB-8), redé­clen­che­ment du cycle, suivi de clavier de la fréquence (idéal pour les PWM), phase globale, déca­lage de phase des voix 5–8, délai/fondu de modu­la­tion sur chaque bus, quan­ti­fi­ca­tion de modu­la­tion sur chaque bus, inver­sion de phase sur le VCO1 et modu­la­tion de la vitesse par l’en­ve­loppe du bus 2. C’est aussi dans la Page 2 que l’on règle la forme d’onde du vibrato indé­pen­dant, piloté par le levier de modu­la­tion et assi­gnable à chaque VCO.
On termine ce tour rapide des modu­la­tions par les deux enve­loppes ADSR, assi­gnées au VCF et au VCA, la première étant aussi assi­gnable à la hauteur du VCO2. Comme déjà signalé, l’en­ve­loppe de VCF ne possède pas d’in­ver­sion de pola­rité, est pilo­table par la vélo­cité et est capable de modé­li­ser les courbes de réponse des OB-X/OB-Xa (attaque expo­nen­tielle et pic arrondi) et de l’OB-8 (attaque plus linéaire et pic saillant), inté­res­sant à tester sur diffé­rents réglages des segments AD. Voilà une section qu’on aurait bien aimé voir remus­clée, avec par exemple des courbes et du pilo­tage dyna­mique par segment d’en­ve­loppe, ou encore des assi­gna­tions un peu plus nombreuses.

Arpé­gia­teur basique

OB-X8_2tof 14.JPGTout comme l’OB-8, l’OB-X8 possède un petit arpé­gia­teur. Depuis le panneau à gauche du clavier, on peut l’ac­ti­ver, régler sa vitesse, forcer le main­tien après relâ­che­ment, chan­ger le motif (haut, bas, alterné, aléa­toire), trans­po­ser le son (+/- 1 octave), trans­po­ser le motif à répé­ti­tion (0 à 5 octaves) et acti­ver les parties sonores arpé­gées en mode bitim­bral (basse, haute ou les deux). On ne peut pas dire que cet arpé­gia­teur brille par son origi­na­lité et qu’il se démarque de celui de l’OB-8. On aurait vrai­ment aimé des amélio­ra­tions dans ce domaine, quitte cette fois à passer par les menus pour aller cher­cher de nouvelles fonc­tions. Une évolu­tion du système serait souhai­table !

Tous pour un

L’OB-X8 est un très beau synthé qui sonne divi­ne­ment bien. Il a incon­tes­ta­ble­ment le carac­tère, la physio­no­mie et l’ex­pé­rience utili­sa­teur de la magni­fique trilo­gie OB-X/OB-Xa/OB-8, tant qu’on n’a pas besoin de cher­cher les para­mètres secon­daires dans le menu. Ce quasi trois-en-un peut se substi­tuer à ses ancêtres sans pâlir. Non
OB-X8_2tof 25.JPGseule­ment le grain est là, mais le compor­te­ment de chaque OB est bien appro­ché, surtout pour les OB-Xa/OB-8. Les nouvelles fonc­tions permettent aussi à l’OB-X8 de s’en déta­cher, avec une variété sonore et une inté­gra­tion en studio bien supé­rieures. Les
proprié­taires d’OB-6 se pose­ront indu­bi­ta­ble­ment la ques­tion du passage à l’OB-X8, tout comme ceux du Prophet-6 se la sont posée vis-à-vis des Prophet-5/10 Rev4. Nous trou­vons que l’OB-X8 ne fait pas plus d’ombre à l’OB-6 que l’OB-6 n’en fait à l’OB-X8. Chacun a ses quali­tés, aucun n’est parfait et tous les deux sonnent typique­ment Oberheim. L’OB-X8 est fait pour les amateurs de synthés élitistes, qui veulent connaitre ou retrou­ver le son et l’ex­pé­rience des OB vintage, avec des spéci­fi­ca­tions actua­li­sées, sans en avoir les incon­vé­nients de la main­te­nance. Un instru­ment dont le pédi­grée se paie en bas de page (pas la 2, cette fois !) et que nous saluons par un Award valeur sûre.

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Notre avis : 9/10

Award Valeur sûre 2022
2022
Valeur sûre
Award
  • Signature sonore Oberheim
  • Quasiment trois OB en un
  • Prise en main simplissime
  • VCO discrets type SEM/OB-X
  • Synchro et X-Mod
  • Deux types de VCF complémentaires
  • Enveloppes modélisées rapides
  • Vélocité et pression assignables
  • Petit arpégiateur intégré
  • Unisson avec désaccordage et stéréo
  • Modes Split et Double
  • Enorme mémoire de programmes
  • Banque originelle des OB vintage
  • Transmission de CC/NRPN Midi
  • Qualité de construction au top
  • Navigation dans la Page 2 un peu pénible
  • Pas de mode continu sur le VCF SEM
  • Possibilités de modulation assez basiques
  • Arpégiateur trop simpliste
  • Pas donné
Pays de fabrication : États-Unis

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