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Place des grands OB
9/10
Award Valeur sûre 2022
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Quarante ans après l’OB-8, un nouvel OB vient tout juste de pointer le bout de ses circuits. Intégrant les caractéristiques principales des trois modèles historiques, l’OB-X8 se veut un témoignage actualisé des grands synthés polyphoniques signés Oberheim.

La lignée des OB est la réponse de Tom Oberheim à celle des Prophet-5 de Dave Smith. À partir de la fin des 70’s, les deux construc­teurs se livrent une féroce – mais cour­toise – bataille, au point de créer, au fil du temps, des clans d’ir­ré­duc­tibles fana­tiques du son Oberheim, face à d’in­domp­tables adora­teurs du son Sequen­tial. Mais les synthés n’ayant heureu­se­ment pas grand-chose à voir avec le foot, il est tout à fait possible d’ap­par­te­nir à un troi­sième clan, celui des fana­tiques adula­teurs des deux marques. La bataille durera dix ans, mais les géniaux concep­teurs étant aussi des gent­le­men, ils déve­lop­pe­ront une respec­tueuse amitié, au point de créer un club avec leur comparse Roger Linn.
Passé le bouillon de la fin des 80’s, Dave Smith est le premier à remon­ter son affaire, il y a vingt ans, avec le succès qu’on lui connait et la récu­pé­ra­tion de sa marque origi­nelle par la suite. Tom Oberheim suit une voie beau­coup plus confi­den­tielle, avec des modules SEM et un TVS revi­si­tés. La première contri­bu­tion des compères apporte l’OB-6, une version moder­ni­sée et compacte des premiers OB, à l’ins­tar du Prophet-6 par rapport au Prophet-5. Mais en 2020, Dave Smith sort les véri­tables héri­tiers des Prophet-5 : la série Prophet-5/10 Rev4. Les deux compères vont avoir le temps de colla­bo­rer une dernière fois avant la dispa­ri­tion tragique de Dave, appuyés par la solide équipe Sequen­tial, dont Tony Kara­vi­das et Markus Ryle, colla­bo­ra­teurs Oberheim de la grande époque. L’OB-X8 est présenté au NAMM 2022 comme le succes­seur de la série OB, portant fière­ment la griffe Oberheim et rassem­blant la substan­ti­fique moelle de ses trois ancêtres (l’OB-X de 1979, l’OB-Xa de 1981 et l’OB-8 de 1983, tous trois rétro-testés sur Audio­fan­zine) tout en actua­li­sant leurs fonc­tion­na­li­tés. Grâce à Adam Audio, le nouvel impor­ta­teur des marques Sequen­tial et Oberheim, nous avons récu­péré l’un des tout premiers exem­plaires arri­vés sur le terri­toi­re…

 

Un pour tous

OB-X8_2tof 22Si l’OB-6 était d’ins­pi­ra­tion OB-Xa/OB-8 avec son fond noir et ses lignes bleues hori­zon­tales, l’OB-X8 est pour sa part inspiré de l’OB-X, avec des sections en aplat gris clair sur fond noir. Cela rend la lecture de la séri­gra­phie blanche beau­coup plus agréable. Le synthé est construit sur la même base struc­tu­relle que les Prophet-5/10 Rev4, avec un boitier métal­lique solide et d’épais flancs en noyer massif. Le poids de 14,8 kg est raison­nable au regard des dimen­sions géné­reuses de la machine, 103 × 42 cm. C’est donc un synthé moins profond et moins lourd que les OB vintage (17 à 22 kg du plus récent au plus ancien), on ne s’en plain­dra pas ! Le boitier s’ouvre très faci­le­ment, le panneau avant formant un couvercle rele­vable. Dans les entrailles, on découvre une carte mère centrale rela­ti­ve­ment petite, regrou­pant les inter­faces, la partie numé­rique et 4 voix analo­giques. Elle est surplom­bée par une carte fille de 4 voix analo­giques, avec une large domi­nance de circuits discrets montés en surface (confi­gu­ra­tion analogue au Prophet-10 Rev4). Seul de VCF CEM3320 est traver­sant. L’ali­men­ta­tion interne (ouiiii !) est isolée en partie droite. Il reste beau­coup de place libre dans le boitier, ce qui permet une bonne régu­la­tion ther­mique, expliquant en partie l’ab­sence de venti­la­teur.
OB-X8_2tof 03.JPGRetour sur le devant : les commandes sont aussi grandes et espa­cées que sur les ancêtres, tout cela est très agréable. On dénombre 25 poten­tio­mètres, 2 enco­deurs et 52 pous­soirs. L’OB-X8 reprend quasi­ment l’or­ga­ni­sa­tion de l’OB-8, par section : Master (volumes, balances, accor­dage, accords), Control (vélo­cité, pres­sion, unis­son, porta­mento, désac­cor­dage, vintage), LFO, VCO, mixeur/VCF, enve­loppes, modes clavier et édition/programmes avec un petit écran OLED pour la façade (nom des programmes, para­mètres « Page 2 » et réglages globaux, nous y revien­drons). La partie laté­rale gauche comprend l’ar­pé­gia­teur, la sélec­tion des parties sonores, la trans­po­si­tion par octave, le vibrato et les deux leviers de modu­la­tion. Il s’agit de leviers à ressort chers à Oberheim, modu­la­tion à gauche, pitch­bend inversé à droite (on monte en tirant et on descend en pous­sant, comme sur un avion). On peut le réin­ver­ser pour retrou­ver une confi­gu­ra­tion plus clas­sique, pas forcé­ment plus ergo­no­mique. Le clavier est un Fatar TP/9 semi-lesté de 5 octaves, sensible à la vélo­cité et à la pres­sion mono, avec un toucher de très bonne qualité. La prise casque est située à l’avant, merci. Le panneau arrière regroupe le reste de la connec­tique : sorties audio asymé­triques (gauche/mono/droite), entrée pédales/CV (main­tien, volume, filtre, synchro arpé­gia­teur), trio Midi DIN, prise USB 2.0 type B (Midi, CC/NRPN, Sysex des mémoires, mise à jour du système) et prise IEC 3 broches pour cordon secteur. Du clas­sique de nos jours…

Signa­tures sonores

OB-X8_2tof 23L’OB-X8 renferme 640 programmes simples, 128 programmes Split (2 programmes sépa­rés de 4 voix) et 128 programmes Doubles (2 programmes empi­lés de 4 voix). On peut régler le volume et la balance entre les deux parties. La machine contient tous les Presets origi­nels des OB-X, OB-SX (un OB-Xa simpli­fié à Presets, avant l’heure), OB-Xa et OB-8, ainsi qu’une banque spéci­fique OB-X8, soit plus de 400 Presets. On peut même char­ger des banques OB-X/Xa/8 via l’en­trée horloge du séquen­ceur, qui se trans­forme pour l’oc­ca­sion en inter­face cassette, inci­ta­tion non feinte à passer à l’acte pour ceux qui hésitent à revendre leur vieil OB pour passer au nouveau. Allez, on attrape nos trois vieux OB à pleine main pour compa­rer chaque banque.
Commençons par l’OB-X : la banque four­nie repro­duit fidè­le­ment les programmes origi­nels, avec leur défaut majeur : les sons sont tous étouf­fés par le VCF. L’OB-X8 n’y est pour rien, cela provient de la procé­dure de cali­bra­tion du manuel de l’OB-X qui ferme trop les fréquences de coupure des VCF. Du coup, le poten­tio­mètre de coupure ne sert à rien sur le premier tiers de sa course. Une fois cela corrigé, les sons s’ouvrent et le sourire réap­pa­rait. Cela veut dire qu’il faut pous­ser la fréquence de coupure d’un bon tiers sur tous les programmes utili­sant un VCF fermé sans suivi de clavier. Ceci fait, le grain de l’OB-X est là, épais, crémeux, scin­tillant. On appré­cie la qualité du VCF discret et le claquant des enve­loppes. Toute­fois, le son n’est pas aussi émou­vant que sur notre OB-X. On n’a pas autant de présence globale, de luisant dans les PWM, de colo­ra­tion dans le filtre qui le rendent si vivant. Ceci dit, avant d’al­lu­mer l’OB-X, l’OB-X8 s’en sortait à merveille sous nos oreilles ébahies. Du très bon donc !
OB-X8_2tof 24On passe à la banque OB-Xa. Là ça le fait du premier coup. Les nappes, les cordes et les cuivres emblé­ma­tiques sortent immé­dia­te­ment, avec ce soyeux, cette rondeur et ce bas de spectre typique, suivant que l’on utilise un filtre 2 ou 4 pôles. Toute­fois, les deux modes de filtrage n’ont pas autant de diffé­rences de niveau que sur notre OB-Xa. Nous sommes à mi-chemin entre le Xa et le 8. Sans doute parce que le même compo­sant est utilisé pour les modes 4 pôles et que la cali­bra­tion est plus poin­tilleuse. L’avan­tage ici est qu’il est plus facile d’har­mo­ni­ser les niveaux d’un son à l’autre quel que soit le filtre utilisé, ce qui est une plaie sur un OB-Xa, inca­pable de mémo­ri­ser un volume. Évidem­ment, on peut faire Jump les mains atta­chées dans le dos avec l’OB-X8, tout comme des sons très punchy, orgues avec un bon clic, glis­se­ments verti­gi­neux de porta­mento poly­pho­nique, etc.
Passons main­te­nant à la banque OB-8. Ce qui était vrai pour l’OB-Xa l’est encore plus ici. C’est vrai­ment redou­ta­ble­ment proche, avec ce son léché pop/rock typique du début des années 80. On retrouve donc des cuivres gras et amples, des cordes soyeuses ou sombres, des poly­synths évolu­tifs et quelques FX servis par une section de modu­la­tion plus évoluée que sur les précé­dents modèles. Les sons sont plus maitri­sés, plus FM, mais conservent une bonne patate, même si les enve­loppes sont moins claquantes (l’OB-X8 repro­duit très bien ces petites subti­li­tés). Les synchro de VCO sont toujours aussi belles, que ce soit avec VCO constant (sons doux) ou modulé (balayages métal­liques).
Passons enfin à la banque OB-X8. On sent immé­dia­te­ment les avan­tages que l’on va pouvoir tirer des nouvelles fonc­tion­na­li­tés. Tout en conser­vant le carac­tère Oberheim, les sons gagnent en diver­sité (merci les modes passe-bande et passe-haut sur le VCF type SEM), en expres­si­vité (merci la réponse en vélo­cité et pres­sion) et en moder­nité (merci le mode Unis­son avec réglage de désac­cor­dage + largeur stéréo). On en oublie presque les banques de l’époque vintage, c’est bon signe !

NDLR : au cours du test initial, nous avions signalé une petite diffé­rence de niveau d’en­vi­ron 2 dB entre les VCO2 des voix 5–6–7–8 et les autres VCO/voix. Nous avions contacté Sequen­tial à ce sujet, qui nous avait dit prendre le problème en main. Au Synth­fest 2023, nous avons pu consta­ter que cela avait été corrigé par mise à jour d’OS, sur le même modèle qui avait servi pour le test.

OB-X8_1audio 01 OB-X8 Clas­sic Split
00:0001:04
  • OB-X8_1audio 01 OB-X8 Clas­sic Split01:04
  • OB-X8_1audio 02 OB-X8 Deep Bass00:44
  • OB-X8_1audio 03 OB-X8 Xmod00:37
  • OB-X8_1audio 04 OB-X8 Notch 100:51
  • OB-X8_1audio 05 OB-X8 Notch 200:22
  • OB-X8_1audio 06 OB-X8 Bass Attack00:39
  • OB-X8_1audio 07 OB-X SEM Strings00:30
  • OB-X8_1audio 08 OB-X Poly Glide00:40
  • OB-X8_1audio 09 OB-X XFac­tor00:27
  • OB-X8_1audio 10 OB-Xa Phatt VCF00:23
  • OB-X8_1audio 11 OB-Xa Before Jump00:37
  • OB-X8_1audio 12 OB-Xa Typi­cal Poly00:36
  • OB-X8_1audio 13 OB-8 String­s’o’­Poly00:21
  • OB-X8_1audio 14 OB-8 PWM Power00:50
  • OB-X8_1audio 15 OB-8 2pole Lead00:45

  

VCO discrets

OB-X8_2tof 12.JPGL’OB-X8 est un synthé analo­gique poly­pho­nique 8 voix et bitim­bral. Son nom tient du fait qu’il est capable de repro­duire le son et le compor­te­ment de la célèbre trilo­gie vintage OB-X/OB-Xa/OB-8. Ceci est rendu possible par l’uti­li­sa­tion de compo­sants élec­tro­niques spéci­fiques à chaque modèle (diffé­rents types de VCF notam­ment) et des modé­li­sa­tions numé­riques du compor­te­ment des modu­la­tions (LFO, enve­loppes en parti­cu­lier). Les choix se font par module, donc on peut combi­ner les spéci­fi­ca­tions des vieux modèles, sympa. Un poten­tio­mètre Vintage permet de simu­ler les dispa­ri­tés entre les compo­sants d’époque, carac­té­ris­tiques des anciens OB dont les moindres tolé­rances dans les circuits élec­tro­niques appor­taient une certaine disper­sion entre les voix, rendant le son plus vivant (ce n’est pas qu’une ques­tion de vieillis­se­ment des compo­sants, mais de tech­no­lo­gie de fabri­ca­tion).
Chaque voix est consti­tuée de 2 VCO, 1 VCF (à choi­sir parmi plusieurs modèles/modes), 1 VCA stéréo et 2 enve­loppes. Les VCO sont consti­tués de circuits discrets, une version moder­ni­sée de l’élec­tro­nique de l’OB-X. Ce ne sont donc pas des CEM3340 comme dans les OB/Xa et OB-8, le construc­teur n’ayant pas jugé utile d’of­frir les deux versions de VCO. Nous pensons que ça aurait été une bonne idée de le faire, tant pis. Les VCO génèrent des ondes dent de scie, impul­sion variable et triangle, les deux premières étant cumu­lables. L’OB-X8 permet de distin­guer le niveau rela­tif de l’onde carrée par rapport à la dent de scie pour corres­pondre soit aux OB-X/OB-Xa, soit à OB-X8_2tof 09.JPGl’OB-8 (impul­sion moins forte), bien vu ! La largeur d’im­pul­sion des VCO peut se régler simul­ta­né­ment (avec l’unique poten­tio­mètre idoine) ou sépa­ré­ment comme sur l’OB-8 (soit en main­te­nant l’une des touches VCO tout en tour­nant ledit poten­tio­mètre, soit en passant par le menu Page 2 – voir enca­dré). Les 2 VCO peuvent se synchro­ni­ser ou s’in­ter­mo­du­ler (sorte de modu­la­tion en anneau, comme sur l’OB-X). Le VCO2 peut aussi être modulé par l’en­ve­loppe de VCF. A cela s’ajoute une modu­la­tion cette fois dosable du VCO1 par l’onde triangle du VCO2 (via la page 2), en plus de la X-Mod.
Aux VCO s’ajoute un géné­ra­teur de bruit blanc de très bon niveau (pas l’im­monde MM5837 numé­rique bouclé qui équi­pait les vieux OB). Le niveau des VCO et du bruit sont dosables via la Page 2, un net progrès par rapport aux simples Off-Half-Full des ancêtres ! Autre amélio­ra­tion très appré­ciable, le mode Unis­son, avec choix du nombre de voix empi­lées et réglage du désac­cor­dage. Allié à l’écar­te­ment stéréo entre les voix (cf. VCA), on peut produire des sons énormes. On peut aussi chan­ger le type de redé­clen­che­ment avec prio­rité de note haute/basse/dernière. La totale !

VCF au choix

OB-X8_2tof 16.JPGLa sortie du mixeur entre dans un VCF réso­nant, ou plutôt l’un des deux VCF mis à dispo­si­tion. En effet, l’OB-8X intègre à la fois le filtre discret 2 pôles de l’OB-X et le filtre inté­gré passe-bas 2/4 pôles des OB-Xa/OB-8 (CEM3320). Mieux, le filtre OB-X donne accès aux quatre modes passe-bas/passe-haut/passe-bande/réjec­tion, presque comme sur un SEM, en passant par la désor­mais fameuse Page 2. On dit « presque », parce qu’on est privé du réglage continu entre les modes. Quel dommage, vu que l’OB-6 le permet ! Ceci dit, nous sommes ravis de pouvoir créer des balayages poly­pho­niques de filtres passe-bande ou passe-haut. La réso­nance n‘écrase pas le son et ne met pas le filtre en auto-oscil­la­tion, confor­mé­ment à l’OB-X (cf. test de l’OB-X). Pour sa part, le filtre OB-Xa/OB-8 offre les modes 2 et 4 pôles, sans distinc­tion entre les deux synthés, alors que dans la réalité, les VCF respec­tifs ont un compor­te­ment très diffé­rent (cf. test de l’OB-Xa et test de l’OB-8). Ici, on est plutôt sur un compor­te­ment inter­mé­diaire, donc plus passe-partout, mais moins typé. En mode 2 pôles, la réso­nance n’écrase pas le signal, elle a même tendance à l’am­pli­fier quand elle est pous­sée au maxi­mum, deve­nant plus agres­sive que le filtre 2 pôles OB-X. En mode 4 pôles, le niveau de sortie chute au pic de réso­nance. Le filtre OB-Xa/OB-8 n’entre pas non plus en auto-oscil­la­tion, confor­mé­ment à ses modèles.
OB-X8_2tof 19.JPGLa fréquence de coupure peut être modu­lée par le suivi de clavier (cette fois dosable via le menu), le LFO, la pres­sion et l’en­ve­loppe dédiée, hélas sans inver­sion de pola­rité, mais avec action de la vélo­cité. Celle-ci peut répondre comme celle des OB-X/OB-Xa (attaque expo­nen­tielle et pic arrondi) ou de l’OB-8 (attaque plus linéaire et pic saillant), choix à faire en Page 2. Pour cette section VCF, les ingé­nieurs Sequen­tial/Oberheim ont bien travaillé, avec des arbi­trages judi­cieux et en grande partie le grain des ancêtres. Le son rejoint enfin le VCA, doté d’une enve­loppe dédiée modu­lable par la vélo­cité. Le pano­ra­mique est program­mable suivant diffé­rents modes d’es­pa­ce­ment de voix : 4L-4R (voix 1–4 à gauche, voix 5–8 à droite), alterné (voix impaires à gauche, paires à droite), alterné recen­tré (alterné avec rappro­che­ment progres­sif des voix vers le centre), alterné élargi (alterné avec écar­te­ment progres­sif des voix) et mono (tout le monde au centre). On peut aussi régler la largeur stéréo (totale, moitié, quart), mais il n’y a pas de réglage indi­vi­duel par voix, rien que des présé­lec­tions. Tout cela se fait en Page 2, évidem­ment.

Modu­la­tions clas­siques

OB-X8_2tof 11.JPGLes OB vintage n’étaient pas des foudres de modu­la­tions, ils allaient à l’es­sen­tiel. Il faudra attendre l’Xpan­der et le Matrix-12 pour voir Oberheim passer à la vitesse (très) supé­rieure, inté­grant le numé­rique et une inter­face utili­sa­teur révo­lu­tion­naire pour l’époque. L’OB-X8 est plutôt un retour aux sources, avec une inter­face majo­ri­tai­re­ment clas­sique. Du coup, on ne peut pas s’at­tendre à des modu­la­tions sophis­tiquées, la machine se voulant directe. On retrouve avec délec­ta­tion le porta­mento poly­pho­nique (pour ce son THX emblé­ma­tique) avec les modes linéaire, expo­nen­tiel, temps constant et auto-bend. On peut aussi régler la disper­sion entre les voix (simu­lant le porta­mento analo­gique des OB-X et premiers OB-Xa), la quan­ti­fi­ca­tion par demi-ton et le déclen­che­ment par le jeu legato. Ce porta­mento, très large­ment repris de l’OB-8, est un régal.
OB-X8_2tof 17.JPGL’OB-X8 dispose aussi d’un LFO et un vibrato. Le premier est dérivé du LFO de l’OB-8. Il offre un réglage de fréquence (15 secondes à 50 Hz), 5 formes d’onde (sinus, rampe, carré, dent de scie, S&H) et deux bus dotés d’un poten­tio­mètre de quan­tité et trois touches d’as­si­gna­tion (VCO1, VCO2, VCF et PWM1, PWM2, VCA). La désor­mais incon­tour­nable Page 2 permet d’ac­cé­der à une ving­taine de réglages supplé­men­taires parmi lesquels : pola­rité de l’onde carrée (néga­tive sur l’OB-X/OB-Xa, posi­tive sur l’OB-8), onde triangle (OB-8), redé­clen­che­ment du cycle, suivi de clavier de la fréquence (idéal pour les PWM), phase globale, déca­lage de phase des voix 5–8, délai/fondu de modu­la­tion sur chaque bus, quan­ti­fi­ca­tion de modu­la­tion sur chaque bus, inver­sion de phase sur le VCO1 et modu­la­tion de la vitesse par l’en­ve­loppe du bus 2. C’est aussi dans la Page 2 que l’on règle la forme d’onde du vibrato indé­pen­dant, piloté par le levier de modu­la­tion et assi­gnable à chaque VCO.
On termine ce tour rapide des modu­la­tions par les deux enve­loppes ADSR, assi­gnées au VCF et au VCA, la première étant aussi assi­gnable à la hauteur du VCO2. Comme déjà signalé, l’en­ve­loppe de VCF ne possède pas d’in­ver­sion de pola­rité, est pilo­table par la vélo­cité et est capable de modé­li­ser les courbes de réponse des OB-X/OB-Xa (attaque expo­nen­tielle et pic arrondi) et de l’OB-8 (attaque plus linéaire et pic saillant), inté­res­sant à tester sur diffé­rents réglages des segments AD. Voilà une section qu’on aurait bien aimé voir remus­clée, avec par exemple des courbes et du pilo­tage dyna­mique par segment d’en­ve­loppe, ou encore des assi­gna­tions un peu plus nombreuses.

Arpé­gia­teur basique

OB-X8_2tof 14.JPGTout comme l’OB-8, l’OB-X8 possède un petit arpé­gia­teur. Depuis le panneau à gauche du clavier, on peut l’ac­ti­ver, régler sa vitesse, forcer le main­tien après relâ­che­ment, chan­ger le motif (haut, bas, alterné, aléa­toire), trans­po­ser le son (+/- 1 octave), trans­po­ser le motif à répé­ti­tion (0 à 5 octaves) et acti­ver les parties sonores arpé­gées en mode bitim­bral (basse, haute ou les deux). On ne peut pas dire que cet arpé­gia­teur brille par son origi­na­lité et qu’il se démarque de celui de l’OB-8. On aurait vrai­ment aimé des amélio­ra­tions dans ce domaine, quitte cette fois à passer par les menus pour aller cher­cher de nouvelles fonc­tions. Une évolu­tion du système serait souhai­table !

Tous pour un

L’OB-X8 est un très beau synthé qui sonne divi­ne­ment bien. Il a incon­tes­ta­ble­ment le carac­tère, la physio­no­mie et l’ex­pé­rience utili­sa­teur de la magni­fique trilo­gie OB-X/OB-Xa/OB-8, tant qu’on n’a pas besoin de cher­cher les para­mètres secon­daires dans le menu. Ce quasi trois-en-un peut se substi­tuer à ses ancêtres sans pâlir. Non
OB-X8_2tof 25.JPGseule­ment le grain est là, mais le compor­te­ment de chaque OB est bien appro­ché, surtout pour les OB-Xa/OB-8. Les nouvelles fonc­tions permettent aussi à l’OB-X8 de s’en déta­cher, avec une variété sonore et une inté­gra­tion en studio bien supé­rieures. Les
proprié­taires d’OB-6 se pose­ront indu­bi­ta­ble­ment la ques­tion du passage à l’OB-X8, tout comme ceux du Prophet-6 se la sont posée vis-à-vis des Prophet-5/10 Rev4. Nous trou­vons que l’OB-X8 ne fait pas plus d’ombre à l’OB-6 que l’OB-6 n’en fait à l’OB-X8. Chacun a ses quali­tés, aucun n’est parfait et tous les deux sonnent typique­ment Oberheim. L’OB-X8 est fait pour les amateurs de synthés élitistes, qui veulent connaitre ou retrou­ver le son et l’ex­pé­rience des OB vintage, avec des spéci­fi­ca­tions actua­li­sées, sans en avoir les incon­vé­nients de la main­te­nance. Un instru­ment dont le pédi­grée se paie en bas de page (pas la 2, cette fois !) et que nous saluons par un Award valeur sûre.

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9/10
Award Valeur sûre 2022
Fabrication (?) : États-Unis
Points forts
  • Signature sonore Oberheim
  • Quasiment trois OB en un
  • Prise en main simplissime
  • VCO discrets type SEM/OB-X
  • Synchro et X-Mod
  • Deux types de VCF complémentaires
  • Enveloppes modélisées rapides
  • Vélocité et pression assignables
  • Petit arpégiateur intégré
  • Unisson avec désaccordage et stéréo
  • Modes Split et Double
  • Enorme mémoire de programmes
  • Banque originelle des OB vintage
  • Transmission de CC/NRPN Midi
  • Qualité de construction au top
Points faibles
  • Navigation dans la Page 2 un peu pénible
  • Pas de mode continu sur le VCF SEM
  • Possibilités de modulation assez basiques
  • Arpégiateur trop simpliste
  • Pas donné
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.