Au NAMM 2013, le Prophet 12 a volé la vedette à tous les autres synthés. Il aura fallu plus de 6 mois à DSI pour le finaliser. Voyons si le détour valait cette attente, ou le contraire…
Cela fait 35 ans que Dave Smith conçoit des synthés. Le Prophet-5 date de 1978 : polyphonique 5 voix, doté d’une section Polymod et de mémoires, compact (pour l’époque), c’est une révolution dans le monde de la synthèse. Pendant 20 ans, SCI va mettre sur le marché des machines tout à fait innovantes, de l’élitiste Prophet T8 à l’hybride Prophet-VS, avant de terminer sa route avec l’avant-gardiste échantillonneur Prophet 3000. Puis c’est le silence radio… jusqu’en 2002 où l’unique voix de l’Evolver chante le retour de Dave, sous la marque DSI. La petite société californienne va alors se montrer d’un dynamisme redoutable. DSI est d’ailleurs aujourd’hui la seule marque à offrir une gamme d’instruments analogiques ou hybrides polyphoniques à prix abordable : des synthés, des modules et même une BAR créée en association avec Roger Linn. Les produits connaissent un succès mérité et la société grandit. Au NAMM 2013, DSI présente un nouveau synthé polyphonique, son plus gros jusqu’à présent. Après plusieurs mois de finalisation, le Prophet 12 est enfin entre nos mains (OS 1.0.1.2). Voyons s’il peut faire oublier plusieurs décennies de Prophet…
En rouge et noir
Avec sa robe métallique intégrale noire, son rétro-éclairage général rouge flashy, sa sérigraphie blanche, ses potards chromés et son habillage bois (flancs et dessous de clavier), le Prophet 12 est à notre sens l’un des plus beaux, si ce n’est le plus beau synthé que nous ayons eu entre les mains. Si, si… La qualité de construction fait pro à tous les niveaux. Les commandes sont abondantes : 44 potards, 15 encodeurs et 58 boutons (dont certains rétro-éclairés). Les rotatifs ne sont pas vissés sur la façade et l’axe a un peu de souplesse, mais rien d’inquiétant. Avec leur partie supérieure chromée et leur corps strié, les potards rappellent le Prophet-5, mais en beaucoup moins gros. La machine brille de mille feux, avec une constellation d’éléments rétro-éclairés en rouge : un tas de diodes dont certaines clignotent en rythme, 2 molettes lumineuses de pitchbend / modulation, 2 rubans verticaux à rangées de diodes (sensibles à la position et à la pression avec touche de blocage de position), un gros « 12 » translucide, des diodes asservies aux 12 voix qui suivent le jeu… impressionnant !
Un écran graphique OLED trône en position centrale ; il est plutôt petit, mais parfaitement lisible grâce à une excellente résolution et un fort contraste. Le clavier 61 notes à touches lestées est très agréable, avec un rebond franc et une bonne dynamique, répondant parfaitement à la vélocité et à la pression.
Quant au panneau arrière, il regroupe une connectique classique sans fioriture, avec de gauche à droite : la prise IEC pour cordon secteur (alimentation interne universelle, une chouette première chez DSI !), une prise USB, 3 jacks pour pédales (1 Sustain type interrupteur + 2 continues assignables), un trio MIDI et 5 sorties audio au format jack 6,35. Les 4 premiers jacks (TS asymétriques) sont configurés en 2 paires de sorties stéréo niveau ligne : chaque couche d’un programme a ainsi sa propre sortie stéréo indépendante. Le dernier jack est la sortie casque (TRS). Bon point sécurisant, tous les jacks sont vissés au panneau.
Ergonomie exemplaire
Les programmes comportent une ou deux couches sonores, la première ayant la priorité à l’édition. On peut toutefois éditer l’une, l’autre ou les deux en même temps ; on peut aussi très facilement copier une couche vers une autre, échanger les deux couches, ajuster le volume, modifier le point de split, changer un des deux programmes… Certains modules du Prophet 12 partagent leurs commandes : oscillateurs, LFO, enveloppes auxiliaires… cela ne pose pas trop de souci, pour plusieurs raisons : d’abord parce qu’on a souvent affaire à des encodeurs pour ce type de commandes, ce qui évite les sauts ; ensuite parce qu’il existe des astuces d’édition bien vues : par exemple, en maintenant l’un des 4 sélecteurs d’oscillateur, on peut éditer les 4 oscillateurs en même temps ; dès qu’on manipule un rotatif, l’écran affiche le même paramètre pour les 4 oscillateurs que l’on peut alors éditer avec les 4 encodeurs logiciels situés au-dessus de l’écran ; ça marche aussi pour les LFO, en appuyant simultanément sur les 4 sélecteurs de LFO. Une fonction « Show » permet de lire les valeurs des paramètres, lorsqu’on bouge une commande, sans modifier le son, bien vu. Une fonction « Revert » permet quant à elle de revenir à la valeur stockée d’un paramètre, en appuyant sur le bouton éponyme et en tournant le potard souhaité. Les potards fonctionnent d’ailleurs suivant l’un des 3 modes habituels : saut, relatif, seuil.
Il existe d’autres fonctions pour faciliter la vie. L’écran affiche la courbe des enveloppes en temps réel dès qu’on bouge un potard ; idem pour les formes d’onde dès qu’on joue sur le paramètre Shape. Pour sélectionner les 792 programmes internes, il y a un pavé numérique en plus des 4 touches de banques. Les plus courageux pourront les faire défiler un par an, mais arrivés au bout (n°99), ils se cogneront la tête contre un mur numérique infranchissable : les programmes ne bouclent pas et les banques ne s’enchaînent pas, aïe ! Pour les adeptes de la scène, DSI a prévu 4 Playlists de 40 programmes, eux-mêmes organisés par 4 paquets de 10 : on appelle alors les programmes d’une liste avec les 4 touches de banques, les 10 touches du pavé numérique et les 4 touches logicielles situées sous l’écran. Enfin, on trouve en façade 2 touches de transposition d’octave, mais pas de touche de transposition par demi-ton. La seconde semblait pourtant plus pratique sur un clavier qui comprend déjà 5 octaves…
Essais sonores
Le Prophet 12 est livré avec 4 banques de 99 programmes non réinscriptibles et 4 banques de 99 programmes pour l’utilisateur. Premier constat, les niveaux audio sont très élevés ! Les sons d’usines ne sont ni très utiles, ni particulièrement démonstratifs ; dommage qu’on ne puisse les écraser. Après les avoir fait défiler, nous avons tenté de créer ce qui n’existe pas d’origine : des sons chaud et gras, un poil analo quoi ! Pas si simple… le grain est plus froid que les précédents DSI. Vraiment rien à voir avec un Prophet-5 ou même un Prophet-VS que nous avons à portée de main. Le Prophet 12 sonne aussi de manière très différente des précédents synthés DSI. Il excelle dans les textures hybrides froides, les sons évolutifs, les attaques chirurgicales, les basses FM… mais pas trop dans les cordes, les cuivres ou les tapis tout doux.
Malgré la fonction Slop qui recrée des fluctuations de pitch, on est à des années-lumière d’un OB-X ou d’un Memorymoog. Dès qu’on commence à moduler à haute fréquence, on génère des artefacts numériques pas toujours agréables… en tout cas pas autant que nos PPG Wave 2.3 et Prophet VS. Le son est plus agressif qu’un Microwave XT (pourtant 100% numérique), qui bénéficie d’algorithmes de réduction d’aliasing. Et comparé au Solaris qui utilise aussi (et uniquement) des DSP Sharc pour produire le signal, le Prophet 12 sonne beaucoup moins large et moins profond ; sur le Solaris, il n’y a aucun aliasing (même en modulant les oscillateurs aux niveaux audio) et la réponse en fréquence est consistante sur tout le spectre audio. Sur le Prophet 12, il y a un haut médium prononcé, des basses en retrait et des aigus agressifs…
- Prophet 12 1audio Arpeg 00:21
- Prophet 12 1audio Bass PPG 00:36
- Prophet 12 1audio Digidecim 00:54
- Prophet 12 1audio Drums ana1 00:31
- Prophet 12 1audio Drums ana2 00:47
- Prophet 12 1audio Hybrid1 00:46
- Prophet 12 1audio Hybrid2 00:51
- Prophet 12 1audio Pad w slope 00:25
- Prophet 12 1audio Poly 2P 00:23
- Prophet 12 1audio Poly 4P 00:23
- Prophet 12 1audio RnB split 00:33
- Prophet 12 1audio Sync aliasing 00:17
- Prophet 12 1audio Waves 00:26
- Prophet 12 1audio ZFormant 00:19
Sharc attack
Comme son nom le laisse entendre, le Prophet 12 est polyphonique 12 voix. Il opère indifféremment en mode simple (12 voix), Split (2 programmes séparés A|B de 6 voix, de part et d’autre d’un point programmable) ou Stack (2 programmes empilés A+B de 6 voix, sur toute la tessiture). Tout cela est mémorisé en mode programme. Les voix peuvent être jouées en polyphonie ou à l’unisson avec désaccordage ; dans ce dernier cas, il existe différentes priorités de jeu : note basse, note haute, avec ou sans redéclenchement des enveloppes. Comme déjà évoqué, le Prophet 12 utilise des DSP Sharc pour générer le son. Contrairement aux précédentes machines DSI, les DCO du circuit analogique DSI-120 développé avec Curtis ne sont pas du tout utilisés (le VCF passe-bas et le VCA le sont en revanche, nous le verrons après). Autre nouveauté, le parcours du signal s’est pas mal complexifié : 4 oscillateurs + 1 Sub tous numériques sont mélangés puis envoyés dans des effets numériques « Character ». La résultante est convertie en analogique pour attaquer deux filtres en série passe-bas vers passe-haut, puis un VCA stéréo. En sortie de VCA, une partie du signal est directement envoyée aux sorties stéréo ; une autre est reconvertie en numérique, puis envoyée dans 4 lignes à retard et une boucle de feedback ; les lignes à retard sont re-reconverties en analogique pour se diriger vers les sorties stéréo, alors que le feedback est réinjecté en numérique avant les effets « Character ». Le schéma joint illustre le parcours du signal (sans les conversions successives).
Les 4 oscillateurs sont identiques : ils s’accordent sur 10 octaves (8 Hz – 8 kHz) par demi-ton et centième de ton. Le suivi de clavier peut être désactivé, idéal pour certaines intermodulations (FM, synchro). La phase du cycle de l’oscillateur peut être libre ou liée à l’enfoncement de touche. Chaque oscillateur offre 4 ondes classiques (dent de scie, impulsion, triangle, sinus), 12 tables d’onde (Tines, Mellow, Church, Muted, Nasal, Boing, Gothic, Ahhh, Shrill, Ohhhh, Buzzzz, Meh) et 3 bruits (rouge, blanc, violet). Toutes ces ondes sont variables, grâce à un paramètre Shape modulable qui agit sur le contenu harmonique ou balaie la table. Mieux, les tables d’onde peuvent fonctionner par 3 (une à gauche, une au centre, une à droite), le paramètre Shape permettant de passer progressivement de l’une à l’autre. Idem pour les bruits, sauf que les ondes de gauche et droite sont fixées. Le premier oscillateur dispose d’un sub-oscillateur basique : sinus à une octave plus bas, juste de quoi renforcer les basses, sans plus… Chaque oscillateur et sub offre un niveau de sortie programmable et modulable, pour un dosage fin du mix.
Destruction imminente
Les oscillateurs peuvent interagir : synchro dure, FM et AM. L’ordre de modulation est prédéfini : l’oscillateur 2 agit sur le 1, le 3 sur le 2, le 4 sur le 3 et le 1 sur le 4. A force d’empiler les modulations, les résultats peuvent devenir surprenants ; ceci explique en partie la richesse des textures dont est capable le Prophet 12, d’autant que les paramètres FM et AM sont eux-mêmes modulables. Les timbres sont toutefois métalliques, avec pas mal d’aliasing dans les aigus, comme nous l’avons déjà décrit. C’est à ce niveau que se règlent le Glide (portamento polyphonique à temps ou intervalle constant) et le Slop (simulation d’instabilité des VCO vintage).
Pour aller plus loin dans le carnage, le Prophet 12 propose 5 armes de destruction massive : Girth (booster de basses fréquences), Air (booster de hautes fréquences), Hack (réducteur de bits), Decimation (réducteur de fréquence d’échantillonnage) et Drive (simulateur de saturation de bande). Chaque effet n’a qu’un seul paramètre éditable et modulable : son niveau d’action. Renforcer, salir ou distordre le son, ces effets agissent de manière plus ou moins subtile, tout en restant très numériques à l’oreille. Dans les aigus, ça peut être très agressif, surtout si les oscillateurs interagissent à niveau élevé. Cela aurait été bien d’avoir une entrée audio pour en faire bénéficier un signal externe, avant de l’envoyer dans les filtres, dont nous allons parler sans transition.
Curtis & Co
Pour chacune de ses voix, le Prophet 12 comporte un filtre passe-bas résonant envoyé en série vers un filtre passe-haut résonant, sans autre mode de routage.
Comme nous l’avons dit, les filtres ou la manière dont le signal y est envoyé ne révolutionnent pas le genre. Sur le filtre passe-bas, bien que le composant analogique utilisé soit le même que sur les précédents instruments DSI (DSI-120), on n’en retrouve pas tout à fait la couleur. Le mode 4 pôles est résonant jusqu’à l’auto-oscillation, mais le mode 2 pôles reste en deçà et apporte une coloration trop neutre pour se démarquer. Le filtre passe-haut résonant est constitué de composants discrets : AO, VCA, capa et résistances. Il est hélas globalement assez fade ; il permet toutefois des attaques intéressantes lorsqu’on module la fermeture de la fréquence de coupure avec une enveloppe. Là encore, la résonance colore légèrement, ce n’est pas le HPF du MS20, même en boostant la résonance jusqu’à l’auto-oscillation avec le paramètre DC de la matrice de modulations ! En coupant toutes les fréquences, les oscillateurs repissent, à notre souvenir de manière plus prononcée que sur les précédents DSI.
La coupure du filtre passe-bas répond de manière assez fluide sur 13 octaves (165 valeurs). Elle est directement modulable par une enveloppe DADSR dédiée, le suivi de clavier et la vélocité de frappe. La coupure du filtre passe-haut est directement modulable par le suivi de clavier. Les autres paramètres des deux filtres (tels que la résonance) sont également modulables, via une matrice idoine (voir ci-après). En sortie du filtre passe-haut, le signal entre dans un VCA stéréo. Il y trouve une enveloppe DADSR dédiée directement modulable par la vélocité. L’ensemble des voix peut être dispersé dans l’espace stéréo et modulé. À la sortie du VCA, une partie du signal rejoint les sorties audio, tandis qu’une autre est convertie en numérique pour d’une part aller vers les lignes à retard (cf. ci-après), d’autre part vers le circuit de feedback. La quantité de feedback est réglable de manière bipolaire, un réglage négatif correspondant à un signal inversé. La boucle de feedback est accordable par demi-ton sur 4 octaves (C0 – C4), la fréquence suivant le clavier en fonction de la fréquence de coupure du filtre passe-bas et du nombre de pôles.
Modulations matricielles
Comme tous les produits DSI, le Prophet 12 excelle au rayon modulations. On commence par 4 LFO par voix. Leur oscillation est libre ou déclenchée par le clavier, avec synchronisation de la fréquence à l’horloge interne / MIDI. Les formes d’onde sont classiques : triangle bipolaire, rampe, dent de scie, carrée, impulsions (3 largeurs différentes) et aléatoire. On peut aussi régler la phase et la destination (ce qui évite de consommer un cordon dans la matrice). Enfin, un paramètre Slew permet d’adoucir la forme d’onde en arrondissant les angles les plus raides. Côté enveloppes, le Prophet 12 en possède 4, de type DADSR. Les 2 premières enveloppes sont pré-assignées au filtre passe-bas et au VCA, mais toutes ont une destination directement assignable (sans consommer de cordon dans la matrice, merci encore !). Les segments de temps sont suffisamment nerveux pour créer des sons claquants, telles que des percussions analogiques. Les enveloppes peuvent être directement modulées par la vélocité. Il est aussi possible d’en boucler les segments DAD à volonté.
Enfin, le Prophet 12 ne serait pas un DSI sans sa puissante matrice de modulations à 16 cordons programmables, avec quantité de modulation bipolaire. Elle met en jeu 26 sources et 97 destinations. Parmi les sources : les oscillateurs, les LFO, les enveloppes, les contrôleurs physiques, la vélocité, la pression, le suivi de clavier, les pédales, un générateur aléatoire, un DC (valeur fixe)… parmi les destinations : les fréquences, volumes, position d’onde, FM, AM de chaque oscillateur ou de tous, les 5 effets « Character » avant filtrage, les coupures et résonances des 2 filtres, le VCA, le panoramique, la largeur stéréo, le feedback, les 4 délais, les 4 LFO, les 4 DADSR et les 16 modulations. Dans ce dernier cas, on créée des modulations de modulation. L’édition est facilitée par l’écran, sur lequel apparaît la liste déroulante des cordons, avec pour chacun la source, la quantité de modulation et la destination. Le défilement et les valeurs s’éditent avec les 4 potards logiciels situés au-dessus de l’écran. On peut même trier chacun des paramètres par ordre croissant / décroissant grâce aux touches logicielles situées sous l’écran. Super pratique pour voir rapidement quelles sources sont assignées à une même destination ou quelles destinations sont modulées par une même source !
Retards programmés
En sortie de VCA, une partie du signal analogique est dérivée et convertie en numérique pour attaquer 4 lignes à retard stéréo. Chacune travaille de 1 milliseconde à 1 seconde. Les temps sont synchronisables à l’horloge interne / MIDI (4 temps à 1/16 de temps). On peut régler la quantité de signal traité et le feedback. Le panoramique ne possède pas de réglage direct à ce stade, mais est paramétrable ou modulable via la matrice (source DC fixe ou paramètre variable), pour des effets ping-pong par exemple.
En utilisation conjointe, les 4 lignes de délai peuvent simuler différents effets d’ensemble. Par exemple des réverbes courtes (pièces, ressorts, plaques). Ou encore des chorus ou flanger, en modulant les temps de délai. Le mode d’emploi donne des exemples de réglages des différents paramètres pour différentes applications. En sortie des 4 lignes à retard, le signal est reconverti en analogique pour rejoindre les sorties audio physiques. Au bout du bout de la chaîne, le signal est finalement envoyé dans une distorsion analogique contrôlée par un potard. Il y a un circuit de distorsion par couche sonore, permettant des traitements indépendants en modes Split / Stack.
Arpèges minimalistes
Chacune des deux couches d’un programme possède un petit arpégiateur dédié. Rien de transcendant comme nous allons le voir, par rapport à l’arpégiateur 32 pas programmable annoncé un peu vite au NAMM ! Dans la version actuelle (DSI ignorait au moment du test si cela changerait un jour), l’arpégiateur se contente d’un tempo (avec fonction Tap et synchro interne / Midi), de 5 directions de jeu (haut, bas, alterné, joué, aléatoire), d’une tessiture (1 à 3 octaves), d’un paramètre répétitions (0 à 3 notes) et d’un Latch avancé (maintien des notes jouées avec remplacement ou ajout). Depuis l’OS 1.4.1, les notes arpégées sont enfin transmises en Midi Out, merci ! Hélas, l’habituel séquenceur à pas est passé à la trappe, zou !
Liaisons extérieures
Le Prophet 12 communique avec le monde extérieur en MIDI / USB. Les potards et boutons en façade transmettent en CC ou NRPN, ce dernier format permettant une résolution supérieure à 128 valeurs. En réception, le Prophet 12 peut également opérer en CC ou NRPN. En CC, on commande à distance les principaux paramètres de la couche en cours d’édition (A par défaut). En NRPN, on accède à tous les paramètres des 2 couches sur le même canal MIDI ; c’est d’ailleurs le seul moyen de commander les 2 couches, le Prophet 12 étant à ce stade incapable de travailler en bicanal MIDI. Les Sysex sont reconnus, utile pour dumper les programmes ; ces derniers ne sont pas compatibles avec les autres instruments de la marque, c’est logique.
L’USB 2 est là pour répéter ce qui entre et sort par les prises MIDI, pas pour jouer d’interface entre un ordinateur et d’autres instruments MIDI. D’ailleurs le constructeur recommande de ne pas utiliser simultanément le MIDI In et l’USB, cela risquerait de planter la machine. En revanche, aucun souci pour le MIDI Out. Pour clore ce chapitre, signalons l’existence d’un éditeur PC / Mac développé par la société Soundtower.
Le meilleur Prophet ?
Le Prophet 12 ne laisse pas indifférent. Le design est vraiment fantastique, que ce soit le look ou l’ergonomie. C’est à notre goût le plus bel instrument que nous ayons eu à tester. Il est aussi fort bien construit et tout y est conçu pour faciliter la recherche sonore. C’est d’autant plus important que les sons d’usine ne sont pas du meilleur cru ; de même, en dehors des belles nappes complexes, des percussions ou des basses numériques où le Prophet 12 excelle, il n’est pas facile de sortir des sons gras et chauds comme savent le faire les synthés (partiellement) analogiques. Bref, d’aucuns penseraient que le ramage n’est pas tout à fait à la hauteur du plumage. Il en ressort une impression contrastée d’un instrument haut de gamme mais pas aussi polyvalent qu’on pouvait l’espérer, en tout cas certainement pas un remplaçant du Prophet’08. Après tout, peut-être somme-nous devenus trop exigeants ou blasés avec l’âge.
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