Le Quantum MK2 succède au Quantum de 2017 avec une puissance de synthèse et une présentation hors norme, fort d’un nouveau clavier à pression polyphonique, une mémoire accrue pour l’échantillonnage et un OS3 qui remet les pendules à l’heure… On se refait atomiser ?
À la Musikmesse 2017, nous avions assisté au grand retour de Waldorf sur la scène des synthés haut de gamme lors de la présentation du Quantum, un polyphonique hybride sans compromis, que ce soit au plan du design, du choix des matériaux, de l’interface utilisateur ou de la puissance de synthèse. Il avait ensuite fallu attendre une bonne année pour que les premiers modèles commerciaux voient le jour, l’industrialisation du fleuron de la gamme n’ayant pas été un long fleuve tranquille. Une fois sur le marché, la machine n’a cessé de progresser au plan logiciel, parfois de manière spectaculaire : nouveau moteur de synthèse à algorithmes pour les oscillateurs, doublement de la polyphonie par ajout de filtres modélisés en complément des filtres analogiques.
En 2023, flanqué du nouveau logo épuré de la marque en forme de vague, c’est au tour du Quantum MK2 de faire son apparition : nouvelle robe de couleur bleu pétrole rappelant le premier synthé de la marque (Microwave de 1989) et surtout nouveau clavier à pression polyphonique. Aurait-on le synthé ultime entre les mains ?
Objet d’exception
Le Quantum MK2 est le premier synthé signé Waldorf à arborer le nouveau logo de la marque. C’est un instrument classieux, aussi beau que bien construit : coque en acier de couleur bleu-indigo (moins réussie à notre goût que le gris anthracite du Mk1), flancs en alu usiné avec insert boisé, sous-face pliée oblique… une barre horizontale en métal peint à l’arrière de la base des flancs permet de maintenir la façade avec un angle idéal (mais fixe) ; elle ne glisse pas sur les stands en X, contrairement à l’ancienne barre en alu naturel. La machine mesure 1006 × 410 × 131 mm et pèse 17,8 kg. Les commandes sont logiquement arrangées par section : LFO, oscillateurs, édition centrale, mixeur, filtres, module de traitement numérique, Glide, modulateur complexe, enveloppes, effets, contrôleurs temps réel. On compte 65 potentiomètres, 7 encodeurs poussoirs à détente, 7 encodeurs simples à détente (coiffés de capuchons en alu noir au gris), 38 boutons rétroéclairés, un grand écran couleur tactile à contraste élevé, un nouveau clavier Fatar TP/8SK de 5 octaves, sensible à la vélocité et à la pression polyphonique. Sa réponse est excellente, notamment la pression qui a une légère course permettant des dosages assez précis. A gauche, deux molettes usinées en alu, sous les deux boutons de transposition (+/– 2 octaves) et les quatre boutons de jeu (Chord, Mono, Latch, Arp).
L’ergonomie est exceptionnelle à tout point de vue et n’a pas pris une ride : édition directe, choix des modules à éditer, édition contextuelle, navigation limpide dans les différentes pages, réactivité de l’écran (sélection, tirer-déplacer), indication des valeurs stockées/éditées du paramètre en cours d’édition, graphismes dynamiques aussi beaux que pédagogiques. On voit en temps réel les ondes vibrer, les grains s’égrener, les échantillons se dérouler, les enveloppes envelopper, les voix sonner ou se balader le long des courbes d’enveloppes ; sans oublier les vues 3D des tables d’ondes, les schémas de routage des modules sonores ou les profils superposés des doubles filtres. Pour faciliter l’édition, les potentiomètres disposent de diodes arc-en-ciel dont la couleur est paramétrable par section ; elles changent de couleur lors de l’assignation directe des sources et destinations de modulation ; on ne peut plus intuitif !
La connectique, vissée ou sertie avec précision sur le panneau arrière, est très complète : sortie casque (jack 6,35) avec son petit potentiomètre de volume, une paire de sorties audio stéréo principales (jacks 6,35 TS), une paire de sorties audio stéréo directes (non assignées au compresseur et volume final), une paire d’entrées audio stéréo (jacks 6,35 TS pour échantillonner un signal externe ou le traiter via le moteur granulaire, les filtres ou les effets), deux prises pour pédales (maintien et continue assignable), un duo USB vers ordinateur (Midi uniquement, hélas pas d’audio)/USB vers hôte (contrôleur), un lecteur SD (programmes, échantillons, oscillateurs, tables d’ondes, tables Midi, OS) à insérer tête-bêche, un trio Midi DIN In/Out/Thru et une borne IEC avec interrupteur pour cordon secteur (alimentation interne, merci !). La machine est compatible MPE (prises DIN et USB). Tout cela est très pro, mises à part les sorties asymétriques, comme c’est le cas sur d’autres synthés haut de gamme.
Territoires infinis
Il faut environ 15 secondes pour que le Quantum MK2 soit prêt à chanter. Le synthé offre une capacité de 10 000 programmes comprenant une ou deux couches sonores, dont plusieurs centaines préchargés en usine. On peut les sélectionner par nom de banque, auteur et/ou 4 attributs au choix : ces paramètres sont enregistrables au moment de la sauvegarde des sons. Pour un rappel direct, par exemple en situation live, on peut organiser ses programmes en favoris (6 onglets de 20 sons). Une fonction permet, au chargement, d’initialiser un programme complet ou l’une des deux couches sonores. Par contre, il n’y a pas de fonctions Compare ou mode Panel, dommage. On peut toutefois recharger la valeur stockée ou initiale de n’importe quel paramètre, mais ce n’est pas tout à fait pareil.
Les potentiomètres peuvent répondre en modes saut/seuil/relatif. La précision d’édition est diabolique, avec un lissage parfait des paramètres continus. Dans les menus, les paramètres des encodeurs contextuels s’ajustent avec trois niveaux de résolution : unité, centième, dix-millième (environ). Toutes les commandes en façade transmettent des CC Midi (idéal pour l’automation) et sont immédiatement assignables à une source de modulation en deux temps trois mouvements, nous y reviendrons. Dans les menus, chaque paramètre est assignable à un CC Midi ou une source de modulation ; pour ce faire, il suffit d’appuyer sur le nom du paramètre à l’écran, ce qui ouvre une boite de dialogue permettant l’assignation.
Le Quantum MK2 n’apporte rien de nouveau au plan synthèse par rapport à son prédécesseur, qui offre le même moteur sonore, les mêmes VCF, les mêmes VCA et les mêmes convertisseurs. Toutefois, la possibilité de moduler les sons avec la pression polyphonique apporte évidemment une plus grande expressivité et ouvre le champ à des ambiances sonores plus sophistiquées. Nous avons ainsi complété les exemples produits pour le test du premier Quantum de quelques extraits utilisant la pression polyphonique. Nous retrouvons donc avec délectation les démos faites par nos ami Tinhu et CO5MA, qui maîtrisent la machine en profondeur, démontrant l’étendue de ses territoires de prédilection : nappes bien épaisses, berceuses pour enfants, ambiances flippantes, tables d’ondes évolutives, ambiances atmosphériques, textures envoûtantes, effets spéciaux. Tout cela est programmé et joué avec talent, démontrant la faculté du Quantum MK2 à produire des ambiances ultra complexes, ce qui en fait un outil de prédilection pour l’illustration sonore. Là où le synthé s’en tire un peu moins bien, c’est dans la production de basses analogiques grasses et claquantes.
Générations hybrides
Le Quantum MK2 est un synthé hybride bitimbral polyphonique de 8 à 16 voix, suivant l’utilisation ou non des filtres analogiques. On peut définir la priorité des voix entre les doubles filtres analogiques et numériques en cas de dépassement (vol de voix, rotation, alternance, 8 voix full analog, 16 voix full digital – plus de détail au chapitre dédié aux filtres), c’est très malin ! Dans un programme, les deux canaux de timbres peuvent être joués seuls, séparés ou empilés. Pour chaque canal, on peut régler le volume, le panoramique, la vélocité sur le volume, le gain de l’entrée audio, le routage de l’entrée audio (vers la sortie principale, vers la sortie auxiliaire, ou encore vers les filtres analogiques/numériques, le module de traitements numériques ou les effets du canal de son choix), l’unisson (nombre de voix, désaccordage, panoramique, délai) et la sortie audio de destination (principale, auxiliaire ou les deux). En façade, on ne peut éditer qu’une couche à la fois, la bascule se faisant directement à l’écran. En mode séparé, on définit le nombre de voix et la tessiture de chaque canal (on peut donc créer des chevauchements) ; en mode empilé, la polyphonie est logiquement divisée par deux.
Pour chaque voix, on trouve 3 générateurs numériques, 2 filtres analogiques (VCF) ou numériques (DCF) suivant les priorités de filtrage choisies, 1 module de traitements numériques (DF), 1 générateur de modulations complexes, 6 enveloppes, 6 LFO et 5 multieffets indépendants. Le synthé est capable de produire 5 moteurs de synthèse pour chaque générateur (et pour chaque couche sonore en mode bitimbral) : tables d’ondes, formes d’ondes, particules, résonateurs et noyaux. On sélectionne le type de moteur avec des boutons dédiés et une combinaison de deux boutons pour le dernier, la partie matérielle n’a pas changé au passage en MK2. Le rétroéclairage des boutons, les diodes et la représentation graphique des générateurs dans les menus changent alors de couleur en fonction du moteur choisi (tout cela est reparamétrable, nous l’avons dit).
Chaque générateur dispose d’une section de commandes directes, le reste se faisant dans les menus en sélectionnant le module à éditer au-dessus de l’écran. On peut directement régler la fréquence (par demi-ton, par 0,2 centième de demi-ton ou par 0,02 centième) ; via le menu, on peut aussi régler le suivi de clavier sur le pitch (bipolaire), le volume (là encore trois niveaux de précision : normale, fine ou superfine), le panoramique, la destination de l’oscillateur (filtres, DF, VCA, balance filtres/DF par pas de 5 %), le volume des modulations en anneau (1 × 2 et 2 × 3), la quantité de pitchbend et la variation de pitch. Ce dernier paramètre permet de simuler les variations aléatoires des oscillateurs analogiques. Les autres paramètres (accessibles en direct ou via les menus) dépendent du moteur de synthèse, nous allons y revenir en détail pour chaque moteur. Au plan global, on peut choisir un tempérament parmi une longue liste de Presets ou programmer jusqu’à 8 tempéraments utilisateurs, sympa pour les adeptes des gammes microtonales.
- Quantum MK2_1audio 01 Big Duster00:44
- Quantum MK2_1audio 02 Bottle Bank01:04
- Quantum MK2_1audio 03 Marimbantum Arp01:35
- Quantum MK2_1audio 04 Running Man01:38
- Quantum MK2_1audio 05 Analog Split01:00
- Quantum MK2_1audio 06 Giorgio by Matt01:30
- Quantum MK2_1audio 07 YMO by Matt01:10
- Quantum_1audio Classic 01 PPG Choir00:57
- Quantum_1audio Classic 02 Bass & Strings00:23
- Quantum_1audio Classic 03 Bass & Poly00:43
- Quantum_1audio Classic 04 Bass & Phase01:05
- Quantum_1audio Classic 05 Sync Bass00:21
- Quantum_1audio Classic 06 Captain Paddock01:05
- Quantum_1audio Classic 07 Pad & Resonator01:11
- Quantum_1audio Classic 08 Arp & Solo01:20
- Quantum_1audio Classic 09 Glory Days00:24
- Quantum_1audio Classic 10 Brass Layer00:21
- Quantum_1audio Astrolab 001 STRATOS – AKUA01:36
- Quantum_1audio Astrolab 002 STRATOS – CHILDHOOD01:14
- Quantum_1audio Astrolab 003 STRATOS – DRAGAN01:26
- Quantum_1audio Astrolab 004 STRATOS – GYGER01:03
- Quantum_1audio Astrolab 005 STRATOS – MOROCO02:02
- Quantum_1audio Astrolab 006 STRATOS – NAKEDO01:35
- Quantum_1audio Astrolab 007 STRATOS – SOYL II01:15
- Quantum_1audio Astrolab 008 STRATOS – VINTO01:14
- Quantum_1audio Astrolab 009 STRATOS – VLOATING01:06
- Quantum_1audio Astrolab 010 STRATOS – ZONATOR01:04
- Quantum_1audio Astrolab 011 ISOLATED – VI01:25
- Quantum_1audio Astrolab 012 ISOLATED – VIII01:36
- Quantum_1audio Astrolab 013 ISOLATED – X01:26
- Quantum_1audio Astrolab 014 ISOLATED – XI01:09
- Quantum_1audio Astrolab 015 ISOLATED – XII02:21
- Quantum_1audio Astrolab 016 QX7 – II01:08
- Quantum_1audio Astrolab 017 QX7 – III00:57
- Quantum_1audio Astrolab 018 QX7 – VI00:39
- Quantum_1audio Tinhu 00100:45
- Quantum_1audio Tinhu 00200:41
- Quantum_1audio Tinhu 00300:36
- Quantum_1audio Tinhu 00400:59
- Quantum_1audio Tinhu 00501:03
- Quantum_1audio Tinhu 00600:29
- Quantum_1audio Tinhu 00700:44
- Quantum_1audio Tinhu 00800:35
- Quantum_1audio Tinhu 00900:32
- Quantum_1audio Tinhu 01000:42
- Quantum_1audio Tinhu 01100:55
- Quantum_1audio Tinhu 01200:39
- Quantum_1audio Tinhu 01300:57
- Quantum_1audio Tinhu 01401:30
- Quantum_1audio Tinhu 01501:10
- Quantum_1audio Tinhu 01601:27
Tables d’ondes
Allez, on descend au cœur de la synthèse. Le premier type d’oscillateur est un générateur de tables d’ondes, spécialité maison depuis l’origine (le Microwave de 1989, déjà un synthé hybride, perpétuant la lignée créée par PPG). Il s’agit d’enchaîner des ondes courtes plus ou moins proches, de manière plus ou moins lisse, puis de moduler la position de lecture dans la table ainsi constituée pour créer des évolutions spectrales plus ou moins rapides. Quand on joue des notes différentes, la vitesse de lecture est constante (sauf si on le décide autrement). Sur le Quantum MK2, on peut directement modifier la transposition du spectre sonore, le niveau de bruit, le début de lecture dans la table, la saturation et la modulation cyclique de lecture.
Pour éditer en détail via le menu, on commence par sélectionner sa table d’ondes (84 tables fournies de 64 à quasi 400 ondes, 16 tables Presets et une quantité indéfinie de tables programmables par l’utilisateur), la position initiale de lecture dans la table, la phase initiale, le contenu spectral (transposition du contenu harmonique), la brillance, le suivi de clavier sur le contenu spectral, le mode de déplacement cyclique dans la table (cycle par voix, cycle global, synchro au tempo, coup unique, pingpong par voix, pingpong global), la qualité (normale, Waldorf vintage, agressive ou avec aliasing), le type d’interpolation entre les ondes (avec ou sans fondu), le type de balayage (lisse ou granuleux), la saturation apportée à la table (drive, gain) et la vitesse de déplacement cyclique en lecture de la table (positive ou négative). L’écran représente en 3D le spectre de la table d’ondes, dans laquelle on peut se balader en changeant la position de lecture de départ. Bluffant !
Une boite à outils est prévue pour ceux qui veulent aller plus loin, c’est-à-dire créer puis exporter leurs propres tables d’ondes : on peut taper des mots avec un clavier virtuel, le Quantum MK2 en fait l’analyse et la transformation en table d’ondes dès qu’on appuie sur Enter ; avec un peu d’exercice en jouant sur les phonèmes (à consonance anglaise assez neutre), les répétitions et les courbes d’enveloppe de modulation, on arrive à des trucs sympas. On peut aussi demander au Quantum MK2 d’analyser un fichier audio importé dans sa mémoire flash pour en faire une table d’ondes. Autre possibilité, créer une table de 8 ondes à cycle court à partir d’un extrait audio WAV ou AIFF, avec un maximum de 1024 échantillons. Enfin, le Quantum MK2 peut convertir un fichier WAV ou AIFF en table d’ondes à période constante (entre 64 et 4096 échantillons, la plupart des synthés usuels fonctionnant en 2024 échantillons). On peut bien évidemment charger ou sauvegarder une table d’ondes à partir de la mémoire interne ou de la carte SD. Merci au constructeur d’avoir permis tout cela directement depuis le synthé, qui décidément se passe fort bien d’un éditeur externe.
Formes d’onde
Ce deuxième type d’oscillateur offre un outil pour construire des ondes élaborées à partir de formes d’ondes basiques classiques. Sans perdre de polyphonie, on va même pouvoir cloner jusqu’à 8 formes d’ondes et les désaccorder. On peut directement définir le pitch, le nombre d’ondes clonées, leur désaccordage (pour des gros sons de type Supersaw), la forme d’onde de base (dent de scie, sinus, triangle, impulsion variable, bruit rose, bruit blanc, impulsions courtes saccadées et impulsions courtes empilées), le contenu harmonique (Wrap), la quantité de synchronisation avec un oscillateur maître virtuel (bien vu, cela évite de manger un autre générateur sonore !).
Le rôle du paramètre Wrap dépend de l’onde sélectionnée : avec la dent de scie, on passe progressivement d’une double dent de scie à une simple, puis à une onde carrée ; avec le sinus, on passe d’une rampe en pente douce à un sinus, puis à une dent de scie adoucie ; avec le triangle, on passe d’une rampe à un triangle, puis à une dent de scie ; avec l’impulsion, on règle la largeur d’impulsion de quasi 0 à quasi 100 % ; avec les deux bruits, on passe d’un bruit filtré à un bruit non filtré, puis à un bruit pitché ; avec les impulsions courtes, on change le caractère sonore des ondes.
Très pédagogique, l’écran affiche l’onde en temps réel, au fur et à mesure qu’on la sculpte. Il reste encore quelques paramètres accessibles via le menu et les 7 encodeurs ceinturant l’écran : largeur stéréo des clones, désaccordage par demi-ton de 4 paires de clones (1–5, 2–6, 3–7, 4–8) et phase de l’oscillateur (oscillation libre ou début de phase forcé à chaque note). Un bouton Preset permet de nommer, sauvegarder ou charger des formes d’ondes en mémoire (16 Presets fournis), tout comme précédemment avec les tables d’ondes. Typiquement le moteur de prédilection pour se rapprocher des sonorités produites par les synthés analogiques, mais pas que…
Echantillons & particules
Le troisième type d’oscillateur est basé sur des échantillons, multiéchantillons ou flux audio. Il peut fonctionner en lecture d’échantillons classique, en synthèse granulaire ou en synthèse granulaire live (traitement direct d’un signal externe). Les échantillons peuvent provenir de la mémoire interne, de la carte SD, des enregistrements faits à partir du Quantum MK2 ou de l’entrée audio. Au cœur même du moteur de synthèse, on peut modifier les échantillons comme dans l’éditeur du mode Global (voir encadré) ; on peut aussi les monter en multiéchantillons, pour les utiliser ensuite tels quels en lecture ou via le mode granulaire. Au menu : choix de l’échantillon, pitch, tessiture, fenêtre de vélocité. Les échantillons ayant à la fois la même tessiture et la même vélocité ne sont pas joués simultanément, mais en alternance suivant différentes règles : Round Robin, Robin inversé, pingpong, aléatoire… excellent ! Voilà qui fait du Quantum MK2 un sérieux lecteur de multiéchantillons.
En mode granulaire, les échantillons, multiéchantillons ou flux audio sont découpés en flux de grains. À partir du panneau avant, on peut éditer le nombre de flux de grains (1 à 8), la largeur de pitch (désaccordage des flux), le point de départ de lecture de l’échantillon, la longueur des grains (jusqu’à 250 ms) et la vitesse d’oscillation dans la lecture des grains (lecture en avant avec des valeurs positives, en arrière avec des valeurs négatives).
Via le menu, toujours en mode granulaire, on accède à d’autres paramètres : facteur aléatoire sur le point de départ de lecture, temps de Gate des grains (ou densité), agitation des grains (action aléatoire sur la longueur et la densité des grains), mode de lecture (continu, coup unique, pingpong, global – tout cela modifiable en temps réel sans avoir à redéclencher le son), attaque d’enveloppe, déclin d’enveloppe, largeur stéréo. On peut aussi jouer sur le pitch des grains : dispersion par rapport au pitch central, mode de dispersion (différentes règles dont certaines aléatoires ou fixées par demi-ton). Là aussi, le Quantum MK2 intègre quelques Presets (9) servant de base de travail. L’écran se révèle une nouvelle fois très didactique dans l’affichage des grains, leur édition en temps réel et leur lecture, ce qui rend cette synthèse moins abstraite. Voilà au final un moteur très réussi, complémentaire aux autres et peu courant sur un synthé matériel.
Résonateur modélisé
Quatrième moteur, le résonateur est l’association d’une excitation (bruit court, échantillon ou multiéchantillon) qui passe dans une banque de filtres passe-bande, modélisant le corps de résonance. En façade, on peut directement régler le nombre de répétitions de l’excitation, l’espacement des partiels, le timbre (filtrage ou accentuation des partiels), la nature de l’excitation (d’une impulsion pour simuler une frappe à un bruit court pour simuler un souffle) et la résonance des partiels (leur durée). L’écran affiche en temps réel le spectre obtenu sous forme de série d’harmoniques.
Via le menu (donc avec les 7 encodeurs situés autour de l’écran), on peut, en plus des paramètres directs, varier la quantité de partiels accentués (passer d’un son plutôt boisé à un son plutôt métallique), adoucir le signal (modifier le rapport entre les harmoniques basses et hautes), contrôler l’enveloppe de l’excitation (AD), régler l’accélération des répétitions (pour simuler par exemple une bille qui rebondit de plus en plus vite avant de s’immobiliser), définir la balance de filtrage des partiels, filtrer les hautes fréquences (entre l’excitation et la banque de filtres, pour calmer le premier au cas il s’excite trop dans les aigus), élargir la stéréo ou encore booster la fondamentale. On peut sélectionner un modèle de résonateur, avec là encore possibilité de charger, éditer, nommer et sauvegarder des Presets (13 préchargés pour ne pas partir de zéro, merci).
Tout comme dans le moteur à particules, on peut éditer les échantillons et les monter en multiéchantillons pour les utiliser ensuite comme signal d’excitation. La seule différence ici est qu’il n’y a qu’un mode Round Robin pour les échantillons ayant la même tessiture et la même fenêtre de vélocité. Les sons obtenus sont très variés : percussions bois ou métal frappées, tubes soufflés, ruissellements… Ce moteur est extrêmement intéressant quand on utilise ses propres échantillons pour l’excitation, que l’on joue sur les caractéristiques de la caisse de résonance et que l’on ajoute un délai ping-pong et une longue réverbe. À explorer sans retenue !
Noyaux en grappe
Le cinquième type d’oscillateur est activé en appuyant simultanément sur les touches Wavetable et Waveform, Waldorf n’ayant pas jugé bon de modifier le panneau de commandes du Quantum MK2 pour tenir compte de ce moteur arrivé en cours de route sur le premier Quantum. Il utilise de 1 à 6 noyaux (mini-oscillateurs) combinables et intermodulables dans le domaine audio. On a deux niveaux d’édition : Template, pour ceux qui veulent touiller du bout des doigts, utilisant uniquement les 5 potentiomètres contextuels situés dans la section oscillateur ; Edit, pour ceux qui veulent entrer au niveau subatomique (nous y allons juste après). Quand on choisit un gabarit (parmi une liste de 14 préchargés), le rôle assigné aux 5 potentiomètres contextuels est immédiatement reflété à l’écran ; on peut alors se contenter de modifier ces paramètres sans entrer dans le détail, puis sauvegarder ses propres gabarits pour édition ultérieure.
En entrant dans le mode Edit, on accède à l’arrangement des noyaux (algorithme), à l’assignation des 5 potentiomètres (jusqu’à 6 paramètres simultanés par potentiomètre – façon macro – avec pour chacun, choix du paramètre et quantité de modulation bipolaire), puis aux paramètres individuels des noyaux. Pour chaque noyau (1 à 6 combinables, rappelons-le), on précise s’il est actif et s’il est assigné à la sortie audio (dans ce cas, un bouton Solo permet d’isoler le noyau pour écouter instantanément sa contribution au son) ; on choisit ensuite quel(s) autre(s) noyau(x) le modulent dans le domaine audio (1 à 3 modulateurs par noyau), puis le type de modulation : Phase FM, True FM, Ring Mod, AM ou modulation de lecture de table d’ondes. En Phase FM et en AM, on peut définir le niveau de feedback pour chaque noyau. L’écran affiche, sous nos yeux émerveillés, l’algorithme en cours de construction, un peu comme sur un DX1, mais avec toutes les subtilités des triples modulations, de leur type, des routages multiples entre noyaux, de l’activation des noyaux et de leur assignation à la sortie audio. L’ingénieur qui a conçu cette partie du programme du Quantum MK2 est un vrai génie !
L’écran tactile permet, au moyen d’onglets, de passer instantanément d’un noyau à l’autre pour éditer 4 pages de paramètres, elles aussi accessibles par des onglets : forme d’onde, modulation, enveloppe et niveau. Dans la page de forme d’onde, on choisit le type d’onde : sinus, rampe, dent de scie, carré, bruit blanc, bruit rose, résonateur, table d’ondes. On peut définir le point de lecture initial dans une table d’ondes, la phase dans une forme d’onde, le niveau (volume et/ou modulation suivant utilisation du noyau dans l’algorithme), le mode de pitch (ratio constant, permettant d’obtenir des harmoniques ou des partiels ou fréquence fixe). Dans la page de modulation, on définit quel(s) noyau(x) module(nt) le noyau en cours. Dans la page d’enveloppe, on règle l’enveloppe de niveau (volume et/ou modulation) du noyau, de type ADLDSR avec suivi de clavier. Enfin, la page de niveau permet de contrôler le niveau, la réponse en vélocité, le suivi de clavier (sur l’écran tactile, on peut éditer les 2 points de coupure et les 2 courbes extrêmes) et le panoramique. Merci à ceux qui sont restés en ligne…
Algorithmes à 6 opérateurs, FM Phase, cela nous rappelle un air connu… En effet, le Quantum MK2 peut directement importer des banques de 32 programmes de DX7 par Sysex, pour les jouer tels quels ou s’en servir comme point de départ vers d’autres explorations sonores. En plus, ça marche bien, la qualité de conversion est bonne. Le plus impressionnant dans l’histoire, c’est qu’un seul générateur sonore (un oscillateur) se suffit à lui-même pour générer les 6 opérateurs, leur suivi de clavier et leurs enveloppes de niveau ; on peut bien évidemment utiliser tous les autres modules du Quantum MK2, avec une polyphonie de 8 à 16 voix suivant le mode d’utilisation des filtres analogiques et numériques.
VCF ou DCF ?
Les Quantum (Mk1 et 2) sont désormais capables de filtrer les voix via des doubles VCF ou DCF. Il y a 8 doubles VCF par voix et pas un de plus, donc si on veut les utiliser en exclusivité, on n’aura que 8 voix de polyphonie. Si on accepte que ces VCF soient complétés par des DCF, on peut monter jusqu’à 16 voix. Dans ce cas, on définit comment les VCF sont suppléés par les DCF : priorité aux VCF assigne les voix aux VCF disponibles en priorité, puis bascule sur les DCF lorsqu’une 9e voix est jouée, à concurrence des 16 voix. Round Robin assigne les VCF aux 8 premières voix, puis les DCF aux 8 suivantes, et ainsi de suite. Alternating envoie alternativement les voix aux VCF et DCF. Digital Only route les 16 voix aux DCF uniquement, comme sur un Iridium qui n’a pas de VCF. C’est vraiment bien vu, car les DCF sonnent très bien. Cependant, il y a de petites différences de couleur sonore notables entre les VCF et leurs versions modélisées par les DCF. En plus de ces paires de filtres placés en parallèle, on trouve un module de traitements numériques très élaboré (DF). On peut router ce beau monde en série (filtres=>DF ou DF=>filtres) ou en parallèle. Rappelons que l’on peut doser la balance de chaque oscillateur entre les filtres et le DF (par pas de 5 %, genre filtres 85 %/DF 15 %). Nous analyserons le DF en détail au chapitre suivant.
Dans tous les modes de filtrage hors Full Digital, les filtres sont de type passe-bas fonctionnant suivant 6 types de réponse : 2 pôles, 2 pôles saturé, 2 pôles sale, 4 pôles, 4 pôles saturé ou 4 pôles sale. Les modes saturé et sale sont obtenus par un étage de saturation avant filtrage, alors que les modes classiques utilisent un limiteur de signal. On peut combiner différentes pentes ou types de saturation. On peut combiner les 2 filtres suivant 8 modes : Single (un seul filtre), Boost (deux filtres à fréquences décalées, résonance commune), Twin Peaks (distance constante entre les deux fréquences de coupure, résonance), Escaping (comme précédemment, sauf que l’ordre des deux fréquences de coupure est inversé), Opposition (comme précédemment, sauf que l’écart des deux fréquences est réglé en opposition), Endless (un dérivé du précédent), Independent (réglages séparés des deux fréquences et des deux résonances), Linked (comme précédemment, sauf que la première fréquence contrôle aussi la deuxième). Les filtres sont mono, mais il existe un réglage permettant de créer un élargissement stéréo en sortie (3 valeurs). En mode Full Digital, on est en full stéréo. De plus, on accède à des modèles de filtres supplémentaires, équivalents à l’Iridium : variables d’état, pente variable suivant la résonance, Largo, Nave, PPG et Quantum. Suivant le modèle, il y a 6 à 18 modes de réponse, vraiment balaise !
Chaque filtre, quel que soit le type, peut entrer en auto-oscillation, dès que sa résonance dépasse un certain seuil. Il se met alors à produire une onde sinus maitrisée, qui peut siffler si on pousse le réglage. Tous les réglages continus proposent, ici encore, trois modes de résolution : normal, fin et superfin, garantissant une énorme précision (nous ne le redirons plus). En façade, on peut directement régler les fréquences de coupure, les résonances, le mode et le type. Il n’y a aucun pas audible sur les fréquences de coupure ; on a essayé en auto-oscillation pure en coupant tout le reste, c’est lisse comme une piste de bowling, la résolution étant de l’ordre du millième. Pour chaque filtre, on peut régler le suivi de clavier sur la fréquence, le volume et le panoramique, via les menus. L’écran affiche de manière très fluide les courbes de réponse des filtres en temps réel ; il permet également de visualiser le routage des différents composants sonores, oscillateurs, filtres, ampli, effets… c’est aussi beau que didactique !
Module de traitements numériques
Passons maintenant à la section DF, placée en série ou en parallèle des filtres, comme nous l’avons déjà dit. Elle est capable de produire des effets Drive, Bit Crusher ou filtres numériques élaborés. En façade, on peut directement régler le type d’effet et deux paramètres suivant le contexte ; le reste se fait à l’écran. Il y a différents modèles de circuits de Drive : transistor, lampe, microélectrostatique, diode, Crunch (un Waveshaper à base de FM) et Cuff (une modélisation de pédale vintage des 70’s, on pense à l’EHX Big Muff). On trouve ensuite un algorithme de gain avec phase inversable. Viennent ensuite deux filtres en peigne (positif et négatif), dont on peut régler la fréquence et la réinjection. On continue avec le Bit Crusher, qui joue sur la résolution et la fréquence d’échantillonnage en temps réel, avant de passer au Ring Mod avec réglages de fréquence et profondeur.
Puis c’est le tour d’une série complète de filtres tirés des synthés de la marque, déclinés en modes passe-bas, passe-bande, passe-haut et réjection, en 2 ou 4 pôles : ceux du Nave (assurant ainsi la compatibilité avec cette machine) et ceux du Largo. On trouve aussi les filtres passe-bas 2 et 4 pôles du PPG Wave 3.V (modélisation des PPG Wave) et un filtre à variables d’état passe-bas/passe-bande/passe-haut 2 et 4 pôles. Pour tous les filtres, on peut contrôler, depuis la façade, la fréquence de coupure et la résonance ; via le menu, on accède à des paramètres supplémentaires (toujours avec une précision diabolique, que ce soit re-re-redit !), tels que la configuration filtres-DF et le routage des oscillateurs, comme dans le menu des filtres, puisque les deux modules de filtrage sont concernés. La qualité sonore de ces filtres est excellente, limpide, colorée et variée ; un excellent complément numérique à la section analogique, un ensemble qui constitue un gros point fort du Quantum MK2, décidément une machine bien à part.
Modulations abyssales
Le Quantum MK2 est abyssal au rayon modulations. On commence par un petit Glide, dont on peut régler l’activation, le temps et le mode de déclenchement (permanent ou pour les notes liées) en façade. Le temps étant une destination de la matrice de modulation, on peut générer des effets complexes de portamento et par exemple pallier l’absence d’Autobend dans le séquenceur. On poursuit par les 6 LFO, tous identiques. En façade, on peut modifier la forme d’onde (sinus, triangle, carré, dent de scie, rampe, S&H), la fréquence (de 4 minutes à 100 Hz, donc dans l’audio, avec possibilité de synchronisation à l’horloge) et la quantité d’action pour les trois premiers LFO. Les autres paramètres et LFO sont accessibles via le menu, avec système d’onglets pour chaque LFO ; les formes d’onde sont affichées graphiquement en temps réel et on peut les éditer par tirer-déplacer (fréquence, Warp). Warp déforme l’onde de manière continue, en fonction de sa forme : compression pour le sinus, morphing sur le triangle, largeur d’impulsion du carré, repliement pour les ondes dent de scie/rampe, déformation des bords pour le S&H ; puissant ! Les LFO disposent aussi d’un fondu d’entrée, d’un fondu de sortie, d’une possibilité de synchronisation entre les cycles de toutes les voix, d’un lissage de forme d’onde, d’un réglage de phase et d’un délai. Un bouton Target permet de définir immédiatement les destinations affectées par le LFO en cours.
Plus fort, le modulateur complexe (Komplex Modulator dans la langue de Goethe) est une sorte de super LFO à deux formes d’ondes simultanées distinctes, source de modulation idéale pour les pads et les drones. On peut directement régler la fréquence, le mélange des deux courbes, la modulation des formes d’onde, la quantité de modulation, l’enveloppe de modulation et l’entropie (modulation aléatoire à chaque cycle) ; l’écran affiche la courbe obtenue. Là aussi, on peut synchroniser la modulation à l’horloge, synchroniser les voix, régler la phase, lisser la courbe et ajouter du délai. Les courbes de modulation peuvent être choisies parmi des Presets (et sauvegardées) ou éditées précisément sur 32 pas (à l’encodeur ou en tirer-déplacer à l’écran) : pour chaque pas, on définit le niveau et la courbe qui le lie au pas suivant (linéaire, saut discret, cosinus, dent de scie). Là encore, on accède à la définition des destinations de modulation via un bouton Target.
Passons aux enveloppes, au nombre de six. Les trois premières sont accessibles directement en façade ; elles sont assignées aux deux filtres et au VCA, mais peuvent moduler tout ce qu’on veut ou presque. On peut directement contrôler en façade les paramètres ADSR, l’influence de la vélocité sur l’enveloppe et la quantité de modulation bipolaire (uniquement pour les deux fréquences de coupure des filtres, le VCA étant connecté en direct à son enveloppe). Les autres paramètres et les trois autres enveloppes sont accessibles par le menu, toujours très clair, via six onglets : délai, variation de phase (pour simuler un synthé analogique), courbe d’attaque (exponentiel, RC pour simuler une enveloppe analogique, linéaire), courbe de déclin, courbe de relâchement, bouclage (AD ou ADSR) et redéclenchement (simple, multiple). Là encore, l’écran affiche la courbe d’enveloppe en temps réel, on peut agir dessus au doigt, on voit chaque voix la parcourir, ludique et pédagogique ! Les temps vont de 0 à 60 secondes, c’est hyper confortable. Sans oublier le bouton Target qui permet d’assigner les enveloppes à différentes destinations via la matrice dont nous allons parler tout de suite.
Matrice de modulation
Cette dernière de relier 48 sources à 196 destinations via 40 cordons virtuels. Chaque cordon comprend 5 paramètres : source, destination, quantité de modulation bipolaire, contrôleur latéral de modulation et quantité d’action du contrôleur. L’ergonomie de cette section est très bien pensée. On peut créer des assignations de différentes manières : la première se fait avec les commandes directes en façade : on appuie sur Mod, on choisit la destination parmi les commandes dont la diode s’allume en bleu en tournant son potentiomètre, on choisit la source parmi les commandes dont la diode est allumée en jaune, la quantité de modulation est directement définie avec le potentiomètre ; l’écran affiche alors tous les paramètres en jeu, que l’on peut alors éditer. La seconde manière est de passer directement par la page de la matrice de modulation : elle affiche les connexions par liste déroulante et les quantités de modulation sous forme de barres rouges/vertes ; on choisit le cordon virtuel à éditer et on modifie les paramètres avec les six encodeurs contextuels. On peut désactiver/activer, copier/coller ou supprimer un cordon à tout instant. Simplissime !
Nous n’allons pas lister ici toutes les sources et destinations disponibles, mais les principales. Parmi les sources : les 6 LFO, les 6 enveloppes, le modulateur complexe, les différents contrôleurs physiques, les CC Midi 22 à 31, l’axe Y MPE, le numéro de note, la vélocité, la pression polyphonique (yeah !), le numéro de voix, le générateur aléatoire, une valeur constante, le pad virtuel sur l’écran (X/Y) et les 8 lignes de modulation du séquenceur. Parmi les destinations : le pitch global, le pitch de chaque oscillateur, le niveau de chaque oscillateur, les paramètres de synthèse de chaque table d’ondes/onde variable/grain/résonateur/noyau, les paramètres des filtres (y compris les niveaux et panoramiques), le volume, le panoramique, les segments de chaque enveloppe, la vitesse de chaque LFO, le gain de chaque LFO, les paramètres du modulateur complexe, le temps de Glide, certains paramètres d’effet (2 à 5 suivant le cas), certains paramètres de l’arpégiateur et les paramètres du séquenceur. Quand on disait abyssal !
Quintettes doubles
Chacun des deux canaux d’un programme dispose d’une chaine de 5 multieffets arrangés suivant 7 types de configurations en série et/ou parallèle. Ces configurations offrent de 1 à 3 chemins distincts pour le signal, dont on peut régler le niveau et le panoramique. La seule limitation concerne le fait qu’il n’y a qu’une seule instance possible par type d’effet dans les 5 blocs (on ne peut pas avoir deux délais, par exemple). En façade, on peut directement éditer deux paramètres pour les trois premiers effets. Cela aurait été sympa de faire évoluer la façade pour fournir des commandes directes pour les cinq effets, il y avait la place d’ajouter quatre pauvres potentiomètres, par exemple en déplaçant ceux du compresseur et du volume à droite de la section. À chacun des 5 blocs d’effet x 2 canaux sonore, on peut assigner un des algorithmes suivants, avec la limitation susmentionnée : trémolo (différentes formes d’onde, avec décalage de phase et synchro au tempo), phaser (différents types dont ceux du Nave et du PPG Wave 3. V, de 2 à 16 étages), chorus (2 à 8 étages), flanger, délai stéréo (avec synchro au tempo), réverbe (différentes couleurs), EQ paramétrique (4 bandes), Drive (modélisation de transistor, lampe, micro électrostatique, diode, distorsion FM bien crade et simulation d’une pédale vintage EHX Big Muff des 70’s) et compresseur (très complet, avec mode automatique et tous les paramètres souhaitables pour ce type d’effet, à part la chaine latérale). L’écran, très précieux, affiche les blocs d’effets et leur routage.
La plupart du temps, on a 10 paramètres programmables sous la main ; ces paramètres sont bien souvent des destinations de la matrice de modulation, bravo ! Pour ne pas partir de zéro, on peut charger et sauvegarder des Presets pour chaque type d’effet. Nous avons beaucoup apprécié le chorus, profond, ample, épaississant, ainsi que la réverbe, très clean, précise, généreuse sur les temps très longs. Le Phaser en version PPG est très sympa, un peu plus discret en version Nave. La saturation modélisée sur la Bif Muff gronde à merveille, bien crade comme on aime. En sortie, on peut router chacun des deux canaux vers les sorties de son choix (globale, directe ou les deux en même temps), avec leurs blocs d’effets indépendants. Sympa ! Uniquement sur la sortie principale, on trouve un compresseur global non mémorisable, utile pour renforcer les basses ou créer une forme de Ducking entre deux canaux séparés. Il n’a qu’un seul réglage : un potentiomètre d’action. Il ne faut pas en abuser toutefois, car il peut être très étouffant ou pompant ; autant utiliser un compresseur dans les blocs d’effets séparés pour être plus précis.
Arpèges et séquences
Chaque couche offre un arpège ou une séquence à pas. Commençons par le premier. On peut l’enclencher directement (touche Arp), puis maintenir les accords (touche Chord) et même ajouter des notes à l’accord en cours de maintien (touche Latch). Dans ce dernier mode, appuyer sur une note déjà maintenue la retire de l’accord. Les paramètres disponibles sont le tempo, la division temporelle, le swing, le motif (à choisir parmi 31 présélections internes, avec différentes accentuations), la durée avant redéclenchement, le Gate de relâchement, le sens de lecture (haut, bas, haut & bas, haut & bas avec répétition, bas & haut, bas & haut avec répétition, aléatoire), l’octave (1 à 4), le tri des notes (désactivé, croissant ou décroissant suivant la hauteur de note, croissant ou décroissant suivant la vélocité, accord), le mode de restitution de la vélocité jouée… de quoi se concocter un bon paquet de motifs !
Pour ceux qui préfèrent les motifs programmés aux arpèges, le Quantum MK2 offre un séquenceur monodique à 32 pas. Pour chaque pas, on définit la note, la longueur, la vélocité et 8 lignes de modulation, assignables comme sources multiples via la matrice de modulation. La programmation peut se faire directement à l’écran, en dessinant le motif à la main et en l’éditant ensuite avec précision. On peut activer un pas, le muter (le rendre inactif sans l’effacer) ou doubler sa longueur (il mange le pas suivant, sans le détruire de la programmation). Par contre, on ne peut pas lier deux pas ou créer des effets d’Autobend façon TB-303, sauf à programmer des évolutions de temps de Glide par pas via une ligne de modulation. Pour faciliter la tâche, l’écran peut afficher les pas 1–32 (pour une vision globale), 1–16 ou 17–32 (pour une édition précise), malin ! On peut aussi entrer les notes directement au clavier, pas par pas, en mode d’enregistrement. Là encore, le Quantum MK2 permet de sauvegarder et charger des Presets de séquences. Le sens de lecture est modifiable : avant, arrière, ping-pong, alterné (comme ping-pong mais avec répétition des notes extrêmes) et coup unique. De même, on peut définir à quel endroit la séquence commence quand on appuie sur une nouvelle note : au début, en cours, à un pas aléatoire. Les séquences sont directement transposables au clavier. Il est même possible de choisir un tempérament parmi une longue liste et une note racine, sympa de changer d’échelle en temps réel ! Les autres paramètres globaux (tempo, division temporelle, swing…) sont communs à ceux de l’arpégiateur. Signalons que les notes arpégées ou séquencées sont transmises en Midi/USB, si l’option Midi Out est activée dans les réglages globaux. Un séquenceur quasi idéal, mais toujours monodique.
Toujours plus loin
Nous avons passé un merveilleux moment avec le Quantum MK2. C’est un instrument exceptionnel dans le design, la qualité des matériaux et l’interface utilisateur. Les commandes directes relayées par l’écran tactile graphique hyper réactif apportent une expérience de jeu et de programmation sans équivalent. L’écran est un lieu privilégié d’édition directe et de pédagogie, au service d’un synthé complexe mais pas compliqué. Le nouveau clavier à pression polyphonique vient apporter une expressivité accrue permettant des subtilités uniques dans le jeu. Le Quantum MK2 est également exceptionnel au plan de la puissance de synthèse et de l’originalité, avec ses moteurs hors norme : tables d’ondes poussées à l’extrême dans le raffinement, formes d’onde à clones multiples, synthèse granulaire capable d’importer des échantillons, résonateurs très évolués et synthèse à noyau capable de faire interagir des générateurs en réseau dans le domaine audio. Ces différentes sources sont mixées en stéréo et injectées vers différents filtres analogiques et numériques routables très complémentaires, avant de passer dans une grosse section effets. On peut même doubler la polyphonie en arrangeant les filtres. N’oublions pas les modulations abyssales, via la matrice surpuissante, le modulateur complexe, l’arpégiateur ou le séquenceur à pas.
De toute cette puissance alliée à cette facilité de programmation, on tire des résultats sonores originaux, très variés, allant parfois jusqu’à chatouiller les textures analogiques classiques, sans pour autant remplacer la chaleur et le punch d’un pur synthé analo. Mais c’est surtout dans les nappes, les atmosphères, les ambiances évolutives que le Quantum MK2 excelle. Que peut-on alors lui reprocher, à part une multitimbralité limitée à deux parties ? La section effets gagnerait à ne pas limiter l’utilisation d’un seul type d’effet dans un même bloc. Avec la polyphonie, le séquenceur à pas atteindrait la perfection. De même, un mode Compare parachèverait l’ergonomie par ailleurs excellente. Enfin, l’audio via USB aurait été la cerise sur le gâteau. De la même classe que le Wave, le Quantum MK2 est un concentré d’idées brillantes, tant au plan ergonomique que cosmétique, pour le plus grand plaisir des musiciens fortunés et exigeants. Pour les propriétaires de Mk1, il ne nous semble pas indispensable de passer au MK2. Le précédent Quantum était déjà un instrument exceptionnel, le Quantum MK2 apporte essentiellement un brin d’expressivité supplémentaire grâce à son nouveau clavier à pression polyphonique et une mémoire étendue pour traiter d’énormes multiéchantillons. Il repart logiquement avec un Award Valeur Sûre.